Djizîa

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Fichier:Jizya document Chokmanovo 1615.jpg
Document imposant la djiizîa pour les villageois dhimmis de Chokmanovo à Smolyan (Bulgarie) dans l'ancien empire ottoman, 1615

La jizîa, djizîa ou djizîat<ref>arabe : Modèle:Lang, capitation, tribut, taxe.</ref>, suivant les transcriptions (Modèle:Lang-ar Modèle:Transl Modèle:API-ar ; turc ottoman : cizye), est dans le monde musulman un impôt annuel de capitation évoqué dans le Coran et collecté sur les hommes pubères non musulmans (dhimmis) en âge d'effectuer le service militaire<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref> contre leur protection - en principe<ref name=":6">Yadh Ben Achour,« Violence et politique en islam », CAIRN, éd. Hazan, 1995/2 n° 25, pp. 159 à 173, ISSN 0988-5226, Modèle:ISBN. Lire en ligne </ref>,<ref name=":7">Modèle:Ouvrage</ref>. Certains dhimmis en sont théoriquement exemptés : les femmes, les enfants, les personnes âgées, les infirmes, les esclaves, les moines, les anachorètes, et les déments<ref name="waelhallaq">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref name="Islamic Law 1250">Modèle:ArticleTraduction : Modèle:Citation bloc</ref>,<ref name="Disability in Islamic law">Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc Traduction : Modèle:Citation bloc </ref>. En sont également exemptés ceux des dhimmis qui sont autorisés à porter les armes pour effectuer un service militaire<ref name="Abdel-Haleem2010">Modèle:Ouvrage.</ref>,Modèle:Sfn,<ref name="Mapel,Nardin">Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc</ref>,<ref name="ArnoldPoI" />,Modèle:Sfn, tout comme ceux qui n'ont pas les moyens de la payer, selon certaines sourcesModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn

Le montant de la djizîa, habituellement fixe et annuel, dépend de la capacité financière du redevable, mais connaît des variations<ref>Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc Traduction : Modèle:Citation bloc</ref>,<ref name="iwt738" />.

Cette taxe n'est plus imposée actuellement par les États-nations dans le monde musulman<ref name="iwt738">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="HarperOne1">Modèle:Ouvrage.</ref>, même s'il existe des rapports de cas d’organisations comme les talibans pakistanais et Daesh qui essayent de faire revivre la pratique dans les territoires qu'ils contrôlent<ref name="ipt-p283">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref name=":9">Coming home to Orakzai ABDUL SAMI PARACHA, Dawn.com (JAN 05, 2010). Modèle:Citation</ref>,<ref name="raqqa">Modèle:Lien web</ref>,<ref name=":10">Modèle:Lien web</ref> ou encore d'autres cas en Égypte<ref name=":2">« Égypte : La pratique de la Jizya », DIDR/OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides), République française, 3 juillet 2015</ref>,<ref name=":3">Mary Abdelmassih, « Deux coptes tués en Égypte pour avoir refusé de payer la Jizya », AINA News (Assyrian International News Agency), 13/09/2013</ref>,<ref name=":4">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Jessica Chasmar, « Egypt’s Muslim Brotherhood to Coptic Christians: Convert to Islam, or pay ‘jizya’ tax », « The Washington Times », 10 septembre 2013</ref> ou dans certaines prisons occidentales<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref>.

D'après Khaled Abou El Fadl, la majorité des musulmans rejettent actuellement le système de la dhimma, qui inclut la djizîa, et le considèrent comme étant inapproprié à l'âge des États-nations et des démocraties<ref name="HarperOne1"/>.

Étymologie et signification

Les orientalistes « retiennent avec incertitude une origine araméo-syriaque du mot gzîthâ, mot lui-même très vraisemblablement emprunté au pehlevi gazidag, vocable qui sous les Sassanides désignait une taxe par tête ». La domination perse sur l’Arabie du Sud laisse supposer « que ce mot ait pu transiter vers l’arabe hedjazien via le sud arabique ». Cependant, l’origine arabe du terme jizya est plus probable. « Du point de vue étymologique, l’on peut... supposer que le terme « jizya » ait eu à l’origine le sens de tribut en fonction de la racine arabe jazâ puis que lorsque l’islam post-coranique en fit une taxe de capitation à appliquer aux Gens du Livre, il prit fonction et sens empruntés au gazidag sassanide »<ref name=":0" />.

Les commentateurs et orientalistes divergent donc sur la définition et l'étymologie du mot djizîa :

 | e | er | = 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: X|-| – | X }}Modèle:S mini- siècle
 | 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: -|-| – | - }}Modèle:S mini- siècle

}}s, l'historien al-Tabari relate que certains membres de la communauté chrétienne auraient demandé à Omar ibn al-Khattâb, compagnon de Mahomet, s'ils pouvaient référer à la djizîa par le terme sadaqah, qui veut dire littéralement « charité », une demande qu'Omar a acceptéeModèle:Sfn,<ref name="Buti1">Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc Traduction : Modèle:Citation bloc</ref>,<ref name="ArnoldPoI044">Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc Traduction : Modèle:Citation bloc (lire en ligne).</ref>.

  • Pour l'historien contemporain Arthur Stanley Tritton, la djizîa en Occident et kharâj dans l'Ouest arabique signifiaient Modèle:Citation. Elle était aussi nommée jawali à JérusalemModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Selon Shemesh, Abu Yusuf, Abu Ubayd, Qudama, Khatib et Yahya ont utilisé les termes jizya, kharaj, ushr et tasq comme synonymes<ref>A Ben Shemesh (1967), Taxation in Islam, Vol. 1, Netherlands: Brill Academic, p. 6.</ref>.

Fondements

Fichier:Coran-en-francais.jpg
Coran en français

Le Coran évoque la jizya en un seul et unique verset (sourate 9 verset 29), selon la traduction standard<ref>Le Saint Coran et la traduction en langue française du sens de ses versets, version bilingue arabe-français, Presses du Roi Fahd, Médine, première édition 1989</ref> :

« Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation/al–jizya par leurs propres mains, après s’être humiliés »<ref name=":0" />.

Pour la majorité des juristes et savants musulmans, la djizîa est un impôt spécial perçu à charge de certains non-musulmans en échange de la responsabilité de protection assumée par les musulmans contre toute forme d’agressionModèle:Sfn,<ref name="Hilmi1">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="ArnoldPoI3" />,Modèle:Sfn,<ref name="Muhibbudin119">Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> et pour exempter les non-musulmans du service militaire<ref name="Hilmi1" />,Modèle:Sfn,<ref name="ArnoldPoI3">Modèle:OuvrageModèle:Début citationThis tax was not imposed on the Christians, as some would have us think, as a penalty for their refusal to accept the Muslim faith, but was paid by them in common with the other Modèle:Soulignerimmīs or non-Muslim subjects of the state whose religion precluded them from serving in the army, in return for the protection secured for them by the arms of the Musalmans.Modèle:Fin citation Traduction : Modèle:Citation bloc (lire en ligne)</ref>,<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Citation étrangère</ref>,<ref name="Imara">Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc

Traduction : Modèle:Citation bloc</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,<ref>Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc Traduction : Modèle:Citation bloc</ref> mais aussi pour l'aide financière accordée aux pauvres<ref name="AbuZahra">Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc Traduction : Modèle:Citation bloc</ref>.

Dans un traité conclu par le général Khalid ibn al-Walid, compagnon de Mahomet, avec des villes des environs de Hira, il est stipulé : Modèle:Citation<ref name="ArnoldPoI444">Modèle:OuvrageModèle:Début citationAgain, in the treaty made by Modèle:Soulignerālid with some towns in the neighborhood of Hīrah, he writes : “If we protect you, then jizyah is due to us; but if we do not, then it is not due.”Modèle:Fin citation Traduction : Modèle:Citation bloc</ref>,<ref name="HasanShah2202">Modèle:Article.</ref> : Modèle:Citation bloc

L'orientaliste Thomas Walker Arnold donne l'exemple de la tribu d'al-Jurajima, une tribu chrétienne au bord d'Antioche qui a Modèle:Citation<ref name="ArnoldPoI">Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc Traduction : Modèle:Citation bloc (lire en ligne).</ref>. Il ajoute que même les musulmans ont été contraints de payer une taxe s'ils étaient exemptés du service militaire, tout comme les non-musulmans<ref name="ArnoldPoI0001">Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc Traduction : Modèle:Citation bloc</ref>,<ref name="NasimShah221">Modèle:Article.</ref>.

La djizîa est légiférée au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle à travers le statut de dhimmi contenu dans ce qu'on appelle le pacte d'Omar « qui assujettissait juifs et chrétiens à l’autorité musulmane mais leur garantissait un traitement meilleur qu’aux autres ennemis de l’islam... (en les protégeant) des masses musulmanes qui avaient interdiction de porter atteinte à leur intégrité physique »<ref name=":11">Tarek Oubrou, Ce que vous ne savez pas sur l'islam : Répondre aux préjugés des Musulmans et des non Musulmans, éd. Fayard, 2016, Modèle:ISBN</ref>,<ref>Émission « La Source de vie », France 2, rabbin Josy Eisenberg, 19 février 2017, Visionner en ligne</ref>.

Le paiement du tribut de la djizîa est l’une des trois possibilités offertes à tout ou partie des non-musulmans vivant en terre d'islam : soit le paiement du tribut, soit la conversion à l’islam, soit l’épée avec pour conséquence l’asservissement des prisonniers, des enfants et des femmes, et la mainmise des musulmans sur les biens des vaincus<ref>S. Aldeeb, op. cit., Introduction</ref>.

La djizîa à l’ère classique

Assujettissement et exemption

Si les premiers juristes musulmans Abou Hanifa et Abu Yusuf déclarent qu'il faut exiger la djizîa à tous les non-musulmans sans distinction, d'autres juristes plus extrémistes n'autorisent pas plus tard la djizîa pour les idolâtres vivant en terre d'islam mais leur permettent seulement de choisir entre la conversion à l'islam et la mort<ref>Kishori Lal Saran, « Les conditions politiques des Hindous sous le Khaljis », Actes du Congrès l' histoire indienne . 9 : 232.</ref>.

Outre certains des Samaritains, des Sabéens, des Nazaréens, des zoroastriens (al-majus), les hindous ou les bouddhistes, les dhimmis assujettis à la djizîa en terres musulmanes étaient majoritairement des gens du Livre, juifs et chrétiens<ref name=":13">Bernard Lewis, Juifs en terre d'Islam (trad. J. Carnaud), Paris, 1986</ref>,<ref name=":7" />,<ref>S. Aldeeb, op. cit., p. 16</ref>,<ref>Peter Jackson, The Delhi Sultanate : A Political and Military History, 2003, Cambridge University Press, Modèle:ISBN, p. 282-289. Présentation en ligne</ref>.

Certains juristes musulmans ont exempté de la djizîa les femmes, les enfants, les personnes âgées, les infirmes, les esclaves, les moines, les anachorètes, et les déments<ref name="waelhallaq" />,<ref name="Islamic Law 1250" />,<ref name="Disability in Islamic law" />. Pour le juriste hanbalite Al-Qâdî Abû Ya'lâ, Modèle:Citation<ref>Al-Qâdî Abû Ya'lâ, al-Aḥkām al-Sulṭāniyyah, p. 160.
Extrait : Modèle:Citation bloc Traduction : Modèle:Citation bloc</ref>. Des rapports historiques parlent d'exemptions accordées par le second calife Omar à un vieux Juif pauvre et aveugle ainsi qu'à d'autres dans une situation comparable<ref name="Hilmi1" />,Modèle:Sfn,<ref name="Umar">Modèle:OuvrageModèle:Début citationمرّ عمر بن الخطاب رضي الله عنه بباب قوم وعليه سائل يسأل: شيخ كبير ضرير البصر، فضرب عضده من خلفه وقال: من أي أهل الكتاب أنت؟ قال: يهودي، قال: فما ألجأك إلي ما أرى؟ قال: أسأل الجزية والحاجة والسن، قال: فأخذ عمر بيده وذهب به إلى منزله فرضخ له بشيء من المنزل، ثم أرسل إلى خازن بيت المال فقال: انظر هذا وضرباءه فوالله ما أنصفناه، أن أكلنا شبيبته ثم نخذله عند الهرم Fichier:Ra bracket.pngإِنَّمَا الصَّدَقَاتُ لِلْفُقَرَاءِ وَالْمَسَاكِينِFichier:La bracket.png والفقراء هم المسلمون، وهذا من المساكين من أهل الكتاب، ووضع عنه الجزية وعن ضربائهModèle:Fin citation Traduction : Modèle:Citation bloc </ref>,Modèle:Sfn,<ref name="Tahir-ul-Qadri">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc Traduction : Modèle:Citation bloc</ref>,<ref name="Ihsan2">Modèle:Ouvrage</ref>. Ibn Qayyim écrit au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle que l'opinion apparente de l'imam Ahmad Ibn Hanbal est que les paysans et laboureurs sont aussi exemptés de la djizîa<ref>Ibn Qayyim al-Jawziyya, Ahkam Ahl Al-Dhimma, 1/17. Extrait: «وأما الفلاحون الذين لا يقاتلون والحراثون [...] وظاهر كلام أحمد أنه لا جزية عليهم» Traduction : "En ce qui concerne les paysans qui ne participent point à la guerre ainsi que les laboureurs ... l'opinion apparente des écrits d'Ahmad [ibn Hanbal] est qu'ils sont exemptés de la djizîa."</ref>.

Néanmoins, selon l'islamologue {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Kristen A. Stilt, les sources historiques indiquent qu'en Égypte mamelouke, la pauvreté n'excusait pas nécessairement le dhimmi de payer l'impôt, et les garçons aussi jeunes que neuf ans pouvaient être considérés comme des adultes à des fins fiscales, ce qui rendait la taxe particulièrement lourde pour les familles nombreuses et pauvres, et beaucoup ont dû se cacher pour éviter la prison<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref name=":14">Eliyahu Ashtor & Leah Bornstein-Makovetsky (2008), Encyclopaedia Judaica, 2nd édition, volume 12, Thomson Gale, Article : Kharaj et Jizya.</ref>. Ashtor et Bornstein-Makovetsky déduisent également des documents de la Guéniza du Caire que la djizya a été prélevée en Égypte chez les dhimmis à partir de l'âge de neuf ans au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et même pour des membres décédés de la famille<ref name=":14" />,<ref name=":15" />.

Montant de la djizîa

Au temps de Mahomet, le taux de djizîa était d'un dinar par an imposé aux hommes dhimmis à Médine, La Mecque, Khaybar, au Yémen et à Nejran<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Par la suite, le montant de la djizîa n'a plus été uniforme<ref name="ArnoldPoI03">Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc (lire en ligne)</ref>. Omar, le deuxième des « califes bien guidés » du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, a fixé au cours de son califat des petits montants pour la djizîa : quatre dirhams pour les riches, deux dirhams pour la classe moyenne, et seulement un dirham pour les actifs pauvres : les personnes salariées, ou celles qui fabriquent ou vendent des biens<ref name=":12">Muhammad Shafi Deobandi, Ma‘ārifu’l-Qur’ān 4, p. 364.</ref>. Abû 'Ubayd insiste que les dhimmis ne doivent ni être chargés au-delà de leurs capacités, ni amenés à souffrir<ref>Ahmet Davutoğlu (1994), Alternative paradigms: the impact of Islamic and Western Weltanschauungs on political theory, p. 160. University Press of America.</ref>. Ibn Qudamah dit que l'impôt minimum est bien d'un dinar et que l'imam local doit faire la ijtihad (raisonnement, calcul) pour établir les autres montants mais qu'il n'y a pas de limite supérieure<ref>Ibn Qudaamah, al-Mughni, 13 / 209-10</ref>. À l'opposé, Ibn Khaldun indique que la djizîa a fixé des limites qui ne peuvent pas être dépassées<ref>Ibn Khaldun, traduction : Franz Rosenthal, N. J. Dawood (1969), The Muqaddimah : an introduction to history ; in three volumes 1, p. 230. Princeton University Press.</ref>.  

L'impôt musulman pouvait aussi être versé en nature : bétail, marchandises, effets ménagers (même des aiguilles) étaient acceptés<ref>Nasim Hasan Shah, « The concept of Al-dhimmah and the rights and duties of dhimmis in an Islamic state », Journal of Muslim minority affairs, Éditions Abingdon Carfax, Londres, Taylor & Francis, 1988</ref>,<ref>Thomas Walker Arnold, Preaching of Islam : A History of the Propagation of the Muslim Faith. Constable & Robinson Ltd., p. 60, 1913 : This tax could be paid in kind if desired; cattle, merchandise, household effects, even needles were to be accepted in lieu of specie</ref>.

L'enseignante et essayiste Barbara Lefèvre précise néanmoins que « si la jizya était graduée, elle était aussi exigée des veuves, des orphelins et même des défunts » et qu'encore au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, les dhimmis étaient « exposés à l'arbitraire du calife ou d'un sultan plus autocrate que le précédent (qui) augmentait la djizîa déraisonnablement pour pousser à la conversion », avant son abolition en 1856 par l'empire ottoman<ref name=":15">Modèle:Lien web</ref>.

Répartition

Khâlid b. al-Walîd, compagnon de Mahomet, écrit dans un message adressé aux gens d'Al-Hira : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="islamicfinance2">Modèle:Chapitre.</ref>,<ref>Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc Traduction : Modèle:Citation bloc</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage Extrait: «و جاء في كتاب خالد بن الوليد لأهل الحيرة: و جعلت لهم أيما شيخ ضعف عن العمل، أو أصابته آفة من الآفات، أو كان غنياً فافتقر و سار أهل دينه يتصدقون عليه، طرحت جزيته و عيل من بيت مال المسلمين و عياله.» Traduction : Modèle:Citation</ref>,<ref name="Ihsan1">Modèle:Ouvrage Extrait: «و كان للذميين كذلك نوع من التأمين الاجتماعي ضد العوز و الشيخوخه و المرض، و الدليل على ذلك أن خالداً بن الوليد كتب في عهده لأهل الحيرة المسيحيين بعد فتحها: 《 و جعلت لهم أيما شيخ ضعف عن العمل، أو أصابته آفة من الآفات، أو كان غنياً فافتقر و سار أهل دينه يتصدقون عليه، طرحت جزيته و عيل من بيت مال المسلمين و عياله 》» Traduction : Modèle:Citation</ref>. Selon Hasan ShahModèle:Qui ?, les femmes, enfants et indigents non musulmans sont non seulement exemptés de la djizîa, mais ils ont droit à des pensions du trésor public<ref name="HasanShah2202" />.

Pourtant, sous d'autres autorités, à d'autres époques, l'impossibilité de payer la djizîa pouvait occasionner des châtiments corporels, une peine d'emprisonnement et pis, la réduction en esclavage des dhimmis<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc</ref>.

Cérémonie et collecte

Selon notamment Modèle:Lien, la djizîa islamique devait être payée dans des conditions rituellement humiliantesModèle:Sfn. Au gré des différents pouvoirs musulmans, de nombreuses règles de vexation sont édictées pour humilier le dhimmi lors du paiement de cette taxe, souvent assorti de molestations physiques comme « une gifle ou un coup de bâton pour bien marquer l’inégalité de nature entre celui qui donnait et celui qui recevait »<ref>Robert Assaraf, cité par Nathan Weinstock, Une si longue présence : Comment le monde arabe a perdu ses Juifs, 1947-1967, éd. Plon, 2008, Modèle:ISBN, p.15</ref>,<ref name=":0" />,<ref>Émission « La Source de vie » (La gifle), France 2, rabbin Josy Eisenberg, 19 février 2017, Visionner en ligne </ref>.

Connaissant l'importance que les Juifs accordaient à leur barbe (importance qu'ils partageaient d'ailleurs avec eux), des musulmans pouvaient pratiquer ce cérémonial dégradant que décrit le diplomate Antoine Fattal en se basant sur une source du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle :

« Le Dimmi se présentera le dos courbé et la tête baissée, il posera l'argent dans la balance, tandis que le percepteur le saisira par la barbe et lui administrera un soufflet sur chaque joue »<ref>Antoine Fattal, Le statut légal des non-Musulmans en pays d'Islam, Beyrouth, (première édition 1958), Impr. catholique, p. 287. Edition de 1960 </ref>,<ref>Bernard Lewis, Juifs en terre d'Islam (trad. J. Carnaud), Paris, 1986, p. 30</ref>.

En contraste, le juriste chaféite et exégète des hadiths du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Al-Nawawī, s'exprime sur ceux qui imposent une humiliation lors du payement de la djizîa : « Concernant cette pratique mentionnée, je ne suis au courant d'aucun support sain pour elle dans ce respect, et elle est seulement mentionnée par les savants de Khurasan. La majorité des savants disent que la djizîa est à prendre avec douceur, comme la personne va recevoir une dette. L'opinion fiable et correcte est que cette pratique (d'humiliation) est invalide et ceux qui l'ont conçue doivent être réfutés. Il n'y a point de narration disant que le Prophète ou l'un des caliphes bien guidés a fait quelconque chose comme cela lors de la collection de la djizîa »Modèle:Sfn,<ref name="Nawawi2">Al-Nawawī, Rawdat al-Tālibīn wa ‛Umdat al-Muftīn, vol. 10, pp. 315–6. al-Maktab al-Islamiy. Ed. Zuhayr al-Chawich. Extrait: « قُلْتُ: هَذِهِ الْهَيْئَةُ الْمَذْكُورَةُ أَوَّلًا: لَا نَعْلَمُ لَهَا عَلَى هَذَا الْوَجْهِ أَصْلًا مُعْتَمَدًا، وَإِنَّمَا ذَكَرَهَا طَائِفَةٌ مِنْ أَصْحَابِنَا الخراسَانِيِّينَ، وَقَالَ جُمْهُورٌ الْأَصْحَابِ: تُؤْخَذُ الْجِزْيَةُ بِرِفْقٍ ، كَأَخْذِ الدُّيُونِ . فَالصَّوَابُ الْجَزْمُ بِأَنَّ هَذِهِ الْهَيْئَةَ بَاطِلَةٌ مَرْدُودَةٌ عَلَى مَنِ اخْتَرَعَهَا، وَلَمْ يُنْقَلْ أَنَّ النَّبِيَّ وَلَا أَحَدًا مِنَ الْخُلَفَاءِ الرَّاشِدِينَ فَعَلَ شَيْئًا مِنْهَا ، مَعَ أَخْذِهِمِ الْجِزْيَةَ.» Traduction : "J'ai dit: Concernant cette pratique mentionnée (hay’ah), je ne suis au courant d'aucun support sain pour elle dans ce respect, et elle est seulement mentionné par les savants de Khurasan. La majorité (jumhūr) des savants disent que la djizîa est à prendre avec douceur, comme la personne va recevoir une dette (dayn). L'opinion fiable et correcte est que cette pratique (d'humiliation) est invalide et ceux qui l'ont conçus doivent être réfutés. Il n'y a point de narration disant que le Prophète ou l'un des caliphes bien guidés a fait quelconque chose comme ça lors de la collection de la djizîa."</ref>,<ref name="Buti2">Modèle:Ouvrage</ref>. À la même époque, Ibn Qudama Al-Maqdisi a lui aussi rejeté cette pratique et a noté que Mahomet et les caliphes bien guidés ont encouragé à ce que la djizîa soit collectée avec douceur et gentillesseModèle:Sfn,<ref name="Buti2" />,<ref name="IbnQudamah1">Ibn Qudamah, Al-Mughni, 4:250.</ref>.

Dans les faits

Alors que le paiement de cet impôt spécial qu'est la djizîa était censé octroyer en contre-partie protection aux Gens du Livre (ahl al-kitab), dans les faits, son acquittement n'évitait pas toujours les brimades voire les violences physiques contre ces dhimmis<ref name=":6" />,<ref name=":13" />. « Au Maroc, entre 1862 et 1912, dans les rapports des maîtres d’école de l’Alliance israélite universelle, une litanie d’actes de sadisme emplit des centaines de pages »<ref>Paul B. Fenton & David G. Littman, L’exil au Maghreb, 1148-1912, Presses université Paris-Sorbonne, coll. Religions dans l'Histoire, 792 p., 2010, Modèle:ISBN</ref>.

En effet, l'imam français Tareq Oubrou reconnaît que « Le concept de dhimma visait à l’origine à mettre les juifs, les chrétiens et les autres minorités à l’abri des conversions forcées et à leur garantir la dignité humaine. Malgré son aspect humaniste, en phase avec l’époque, il fut souvent mal interprété et mal appliqué. Ainsi, au cours de l’histoire musulmane, des exactions furent commises à l’égard de ces minorités »<ref name=":11" />.

Coran

Fichier:Sura9.pdf
Sourate 9

Cet impôt de capitation islamique trouve sa source dans la sourate 9,29 du Coran :

Modèle:Citation bloc

Selon le commentaire de ce verset par Abū Ḥayyān : Modèle:CitationModèle:Sfn. Le commentaire de ce verset d'Ahmad Al-Maraghī dit : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage Extrait: «أي قاتلوا من ذكروا حين وجود ما يقتضى القتال كالاعتداء عليكم أو على بلادكم أو اضطهادكم وفتنتكم عن دينكم أو تهديد منكم وسلامتكم كما فعل بكم الروم وكان ذلك سببا لغزوة تبوك» Traduction : Modèle:Citation</ref> Dans tous les cas, il n'y a rien dans le Coran qui stipule que ne pas croire ni en Dieu ni au jour dernier est en soi une raison pour être combattuModèle:Sfn.

Ici ʿan yad (de leurs propres mains), est interprété par certains comme signifiant que les dhimmis doivent payer directement, sans intermédiaire et sans délai. D'autres disent que l'expression réfère à sa réception par les musulmans et veut ainsi dire Modèle:Citation comme dans l'expression Modèle:Citation, car la décision de payer la djizîa est une forme de munificence qui a averti un état de conflit<ref>Seyyed Hossein Nasr (2015), The Study Quran: A New Translation and Commentary, Modèle:ISBN. Extrait: "Here with a willing hand renders ʿan yad (lit. "from/for/at hand"), which some interpret to mean that they should pay directly, without intermediary and without delay (R). Others say that it refers to its reception by Muslims and means "generously" as in "with an open hand", since the taking of the jizyah is a form of munificence that averted a state of conflict (Q,R,Z)."</ref>. M.J. KisterModèle:Qui ? comprend 'an yad comme étant une référence à l’habilité et les moyens suffisants du dhimmi<ref>M.J. Kister "'An yadin (Qur'an IX/29): An Attempt at Interpretation", Arabica 11 (1964):272-278.</ref>. Similairement, l'intellectuel syrien Rashid Rida prend le mot Yad dans un sens métaphorique et lui donne une relation à la capacité financière de la personne redevable du paiementModèle:Sfn. Mohamed Nagib Al-Moti'iModèle:Qui ? définit la soumission "Sirar" (صغار) par « l'obéissance aux lois islamiques »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Selon l'interprétation de l'auteur Abou Nahla Al’Ajamî<ref name=":5" />,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, le combat contre « ceux qui ne croient qui en Dieu, ni au Jour dernier » ne peut concerner les Juifs et les chrétiens car les trois religions monothéistes partagent ces mêmes croyances. L'expression « ceux d'entre les hommes des Écritures » ou « parmi ceux qui ont reçu le Livre » confirme le fait que tous les Juifs et chrétiens en terre musulmane ne peuvent être combattus et concernés par la djizîa mais seulement certains (min) parmi eux. Il précise en outre que la djizia s'inscrit dans le contexte historique du pacte de Ḥudaybiyya (traité de non agression) conclu avec les polythéistes et certaines tribus alliées juives, chrétiennes et même arabes du temps de Mahomet, et que « des manipulations exégétiques dont a fait l’objet (le verset 29) afin de l’asservir à la volonté politique et à la logique d’exploitation financière mises en place bien après le Coran par le pouvoir califal impérial » ont permis sa généralisation<ref name=":0" />,<ref>Moreno al Ajamî, « Le sens littéral, un concept novateur non-interprétatif et non-herméneutique », Les Cahiers de l'Islam, Revue d'études sur l'Islam et le monde musulman, 27 mai 2017, lire en ligne</ref>.

La Sîra (biographie) précise la pensée de Mahomet en mentionnant ses propos : « Celui, en revanche, qui reste juif ou chrétien, on ne peut le contraindre à quitter sa religion. Mais, dans tous les cas, il doit payer un tribut d’un dinar, qu’il soit mâle ou femelle, qu’il soit libre ou esclave. En échange de la jizya, il aura la protection de Dieu et de son Envoyé. Sinon, il sera considéré comme l’ennemi de Dieu et de son envoyé »<ref name=":11" />.

Histoire

La taxation des « Gens du Livre » vivant en terres d’islam aurait été plus vraisemblablement mise en place sous le califat omeyyade que sous l’autorité du « pacte d‘Umar » du début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. « De plus, cette jizya n’a connu sa forme définitive de taxe d’assujettissement qu’en la période abbasside, imposant alors de fait le statut de dhimmi ». Ainsi, la notion de jizya serait « postérieure au Coran et (il) ne s’agit là que d’une interprétation asservie aux besoins de l’Empire islamique ayant de plus en plus de populations chrétiennes et juives sous sa domination »<ref name=":0" />.

Le cas indien

En 1564, l'empereur moghol Akbar, influencé par des idées syncrétiques, supprima la djizîa originellement instaurée par le sultanat de Delhi. Cependant, son arrière-petit-fils Aurangzeb, souhaitant un retour à l'islamisation dans son pays, la rétablit en 1679. Elle était prélevée sur les hindous (ainsi que sur les jaïns, bouddhistes et sikhs), largement majoritaires dans l'empire.

Période contemporaine

La djizîa n'est plus imposée dans les nations musulmanes<ref name=iwt738/>,Modèle:Sfn.

Pour l'érudit musulman pakistanais Sayyid Abul Ala Maududi, la djizîa devait être ré-imposée aux non-musulmans dans les nations musulmanes<ref name="esposito-shahin-149">Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc</ref>. Le qatari Yusuf al-Qaradâwî a lui aussi pris cette position dans les années 1980<ref name="rsp101102">Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc</ref>. Par la suite il a toutefois reconsidéré sa position juridique sur ce point, en expliquant : « de nos jours, alors que la conscription militaire est devenue obligatoire pour tous les citoyens — musulmans et non musulmans — il n'y a plus de place pour tout paiement, que ce soit au nom de la djizîa ou d'autre chose<ref name="Qaradawi">Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc Traduction : Modèle:Citation bloc</ref> ». La majorité des musulmans rejettent le système de dhimma, qui inclut la djizîa, et le considèrent comme étant inapproprié à l'âge des États-nations et des démocraties<ref name="HarperOne1"/>.

Néanmoins, la djizîa est réapparue dans des territoires contrôlés par des Talibans ou Daesh<ref name=":9" />,<ref name="raqqa" />,<ref name=":10" />,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, notamment aussi dans l'Égypte de Mohamed Morsi<ref name=":2" />,<ref name=":3" />,<ref name=":4" />, à travers les déclarations de quelques responsables musulmans<ref name="esposito-shahin-149" /> et même dans certaines prisons occidentales où des détenus musulmans la réclament aux détenus non musulmans sauf s'ils se convertissent<ref name=":1" />.

Notes et références

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Bibliographie

Voir aussi

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