Calque (linguistique)

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Modèle:Voir homonymes

Dans la pratique de la traduction, le terme calque se réfère à la traduction littérale (mot à mot), dont le résultat n’est pas toujours correct selon les normes de la variété standard de la langue cible. En revanche, en linguistique comparée, en linguistique historique et en lexicologie, le calque linguistique est un procédé mixte (interne et externe) d’enrichissement d’une langue, surtout dans le domaine du lexique et de la phraséologie, mais aussi, dans une moindre mesure, dans le domaine de la structure grammaticale. On inclut dans la notion de calque l’emprunt de sens de mots étrangers et la traduction intégrale ou partielle des morphèmes qui constituent certains mots ou d’autres entités linguistiques étrangères, en morphèmes correspondants de la langue réceptrice<ref name="crystal">Crystal 2008, Modèle:P..</ref>.

Calque lexical

Le résultat du calque lexical est un mot. Il peut s’agir de calque sémantique ou de calque de structure morphématique<ref>Termes employés par Hristea 2003 et Constantinescu-Dobridor 1998 (article calc).</ref>.

Calque sémantique

Modèle:Ancre Le calque sémantique consiste en l’adoption du sens d’un mot étranger pour un mot déjà existant dans la langue réceptrice. Dans le cas de calques relativement anciens, il arrive que le mot autochtone ne conserve que le sens emprunté. Exemples :

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Le sens initial du mot write était « égratigner », puis sous l’influence du mot latin scribere « tracer des lignes avec un objet pointu ; écrire », il a pris le deuxième sens de celui-ci et a perdu son premier sens<ref name="bussmann">Bussmann 1998, Modèle:P..</ref>.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Le mot dìng signifiait initialement « fixe ; stable ». Les bouddhistes chinois ont traduit par ce mot le mot sanskrit samādhi, qui dénomme un état de méditation profonde<ref name="eifring">Eifring et Theil 2005, chap. 6, Modèle:P..</ref>.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Le mot lume ne signifiait à l’origine que « lumière », mais a pris au mot slave svĕtŭ « lumière ; monde », le deuxième sens de celui-ci et finalement il est resté seulement avec ce sens<ref name="dobridor">Constantinescu-Dobridor 1998, article calc.</ref>.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Le mot világ « monde » a eu la même évolution, sous l’influence du même mot slave<ref name="gerstner">Gerstner Modèle:P..</ref>.

Dans le cas des calques sémantiques relativement récents, les sens initiaux du mot récepteur se conservent. Par exemple, le mot français réaliser, dont le sens est « rendre réel, effectif », a pris aussi celui de « comprendre » (Il a réalisé la situation) par calque de l’anglais to realize<ref name="dubois">Dubois 2002, Modèle:P..</ref>. De même, le mot roumain cerc « cercle » a reçu des sens figurés du mot français, dont celui de « groupe de gens liés entre eux par des intérêts communs, par des relations de parenté ou d’amitié »<ref>Dexonline], article cerc.</ref>.

Calque de structure morphématique

Par ce type de calque, il résulte dans la langue réceptrice des mots composés ou dérivés, au moyen de la traduction des morphèmes qui composent des mots étrangers, ou par le fait de rendre ainsi des syntagmes étrangers.

Exemples de mots composés obtenus par calque d’après des mots composés :

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} presqu’île < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} paeninsula<ref>Grevisse et Goosse 2007, Modèle:P..</ref> ;
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} crispbread < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Knäckebrot « pain suédois » (litt. « pain croustillant »)<ref name="bussmann"/> ;
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} lán-méi < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} blueberry « myrtille » (litt. « baie bleue ») <ref name="eifring"/> ;
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} bunăstare < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Wohlstand « bien être » (litt. « bon état »)<ref name="dobridor"/> ;
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} zemljopis < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} geographía « géographie » (litt. « description de la Terre »)<ref name="baric">Barić 1997, Modèle:P..</ref>.

Une langue dans laquelle la composition est très productive, comme le hongrois, rend par des mots composés non seulement des mots formés de la même façon dans d’autres langues (ex. anyanyelv < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Muttersprache « langue maternelle »), mais aussi, très souvent, les syntagmes étrangers qu’il traduit : virágvasárnap < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} ou {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Cvetna nedelja « dimanche des Rameaux ».

Les mots dérivés étrangers aussi peuvent être des modèles pour le calque lexical. Des exemples à préfixes sont {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} coraport « rapport complémentaire fait par une autre personne » < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} содоклад (sodoklad)<ref name="dobridor"/>, ou {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} kiküszöböl < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} eliminare « éliminer »<ref name="gerstner"/>.

Exemples à suffixes :

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} brotherhood < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} fraternitas « fraternité »<ref name="bussmann"/> ;
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} întâietate < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} primauté<ref name="dobridor"/> ;
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} nök < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Häuptling « chef »<ref name="gerstner"/>.

Les exemples ci-dessus sont des calques totaux, mais il y en a aussi des partiels, aussi bien des mots composés, que des mots dérivés, dans lesquels l’un des morphèmes est un emprunt proprement dit :

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} dopage < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} doping, {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} supermarché < supermarket<ref name="loubier">Loubier 2011, Modèle:P..</ref> ;
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} triunghi < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} triangle, surprinde < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} surprendre<ref name="dobridor"/> ;
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} agrárkérdés < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Agrarfrage « question agraire », eltussol < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} vertuschen « étouffer » (par exemple un délit)<ref name="gerstner"/>.

Certains calques lexicaux peuvent être appelés internationaux. Le mot allemand Übermensch, par exemple, créé par le philosophe Friedrich Nietzsche a donné en français surhomme, en italien superuomo, en roumain supraom, en anglais superman, en russe сверхчеловек sverkhtchelovek, en croate nadčovjek, etc.<ref name="hristea">Hristea 2003.</ref>.

Il y a aussi des calques imparfaits, par exemple {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Halbinsel litt. « demi-île » < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} paeninsula « presqu’île », exact en français<ref>Lewandowski 1990, cité par Larizgoitia 2010, Modèle:P..</ref>. Le mot anglais skyscraper a donné des calques exacts [{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} gratte-ciel, {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} rascacielos, {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} neboder], mais aussi des calques imparfaits : {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} zgârie-nori, {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} felhőkarcoló, {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} skyskraber, litt. « gratte-nuage(s) ».

Calque phraséologique

On considère en général comme un calque phraséologique celui dont le résultat est une unité phraséologique, y compris une expression idiomatique, soit du type syntagme, soit du type phrase. Ainsi, {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} course contre la montre est un calque sur le syntagme {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} race against the clock, ou bien {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} ce n’est pas ma tasse de thé sur {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} it’s not my cup of tea<ref name="loubier"/>.

Exemples en d’autres langues :

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} accomplished fact < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} fait accompli<ref name="bussmann"/> ;
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} paper tiger « tigre en papier » < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} zhǐ lǎohǔ<ref name="eifring"/> ;
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} power politics « politique de force » < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Machtpolitik<ref name="crystal"/> ;
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} lentes de contacto « lentilles de contact » < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} contact lenses<ref>Gómez Capuz 2009, Modèle:P., cité par Larizgoitia 2010, Modèle:P..</ref> ;
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} golpe de Estado < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} coup d’État<ref>Gómez Capuz 1998, Modèle:P., cité par Larizgoitia 2010, Modèle:P..</ref> ;
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} cultul personalității « culte de la personnalité » < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} культ личности koul't litchnost'i<ref name="dobridor"/> ;
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} să revenim la oile noastre < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} revenons à nos moutons<ref name="dobridor"/>.

Parmi de tels calques aussi il y en a des partiels, par exemple {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} învățământ secundar < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} enseignement secondaire<ref name="dobridor"/>, ou {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} et {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} d̩abal kamrā « chambre double » < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} double room<ref name="eifring"/>.

Il existe également des calques phraséologiques internationaux. Charles-Augustin Sainte-Beuve a créé, en rapport avec Alfred de Vigny, l’expression tour d’ivoire dont on a {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} ivory tower, {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} torre d’avorio, {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} turn de fildeș, {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} башня из слоновой кости bachn'a iz slonovoï kost'i, {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} elefántcsonttorony, etc.<ref name="hristea"/>.

Certains linguistes distinguent des calques lexico-phraséologiques, mais non pas selon les mêmes critères. Selon Larizgoitia 2010, ce sont des calques dont les résultats sont des syntagmes sans verbe (voir plus haut les exemples espagnols). Constantinescu-Dobridor 1998 et Hristea 2003 y voient des calques qui comportent un mot calqué dans une unité phraséologique calquée. Un exemple en est {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} a face anticameră < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} faire antichambre, où anticameră est un calque lexical partiel, l’expression entière étant un calque phraséologique<ref name="hristea"/>.

Calque grammatical

Un exemple de calque morphologique concerne la construction remercier pour quelque chose où le verbe devient pronominal en Alsace (se remercier pour quelque chose), sous l’influence de la construction germanique correspondante, cf. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} sich bedanken für etwas<ref name="grevisse">Grevisse et Goosse 2007, Modèle:P..</ref>. Il y a un phénomène analogue en roumain, ayant eu lieu à l’époque de l’influence slave au Moyen Âge, et qui est devenu standard, à savoir l’emploi pronominal de verbes latins actifs : a se naște « naître » < roditi sę, a se teme « craindre » < bojati sę, a se ruga « prier » < moliti sę<ref name="dobridor"/>.

Le calque syntaxique se manifeste, par exemple, dans nombre de calques phraséologiques. La construction de certains exemples précédents correspond aux standard grammatical de la langue réceptrice, ex. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} accomplished fact (l’épithète avant le nom déterminé) < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} fait accompli (l’épithète après le nom). Il y a cependant des calques lexico-phraséologiques qui adoptent la structure étrangère, par exemple l’ordre des mots du syntagme, étant ainsi des calques grammaticaux également. Il y a ainsi, en français, Nord-Coréen < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} North Korean ou Sud-Africain < {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} South African<ref name="dubois"/>, alors que selon le standard français on devrait avoir Coréen du Nord et Africain du Sud.

Il y a de tels calques syntaxiques au niveau de la phrase aussi :

  • En français du Canada, on trouve, par exemple, des constructions avec des prépositions traduites exactement de l’anglais : être sur l’avion < to be on the plane vs être dans l’avion<ref name="loubier"/>.
  • En roumain, le verbe a sluji « servir » peut être construit avec un complément d'objet direct (a sluji pe cineva « servir quelqu’un, être au service de quelqu’un »), mais aussi avec un complément d'objet indirect, le sens étant le même, (a sluji cuiva litt. « servir à quelqu’un »), sous l’influence de la construction russe служить некому sloujit' n'ekomou<ref name="dobridor"/>.
  • En hongrois standard, le verbe kell « il faut » se construit avec l’infinitif d’un autre verbe, celui-ci pourvu d’un suffixe personnel si l’obligation concerne une certaine personne (ex. el kell mennem « il me faut partir »), mais le standard accepte aussi une construction analogue à celle du français (el kell menjek « il faut que je parte »), apparue en hongrois de Transylvanie sous l’influence de la construction roumaine analogue<ref>Kálmánné Bors et A. Jászó 2007, Modèle:P..</ref>.

Il existe aussi des calques morphologiques et syntaxiques en même temps. Par exemple, en roumain, le verbe a se ruga mentionné plus haut, non seulement est devenu pronominal, mais au sens religieux il se construit avec un complément d’objet indirect, toujours sous influence slave : a se ruga cuiva litt. « se prier à quelqu’un »<ref name="dobridor"/>.

Calque lexico-grammatical

Par ce type de calque, il est apparu quelques formes de gérondifs roumains utilisés en tant qu’adjectifs, sous l’influence d’adjectifs verbaux français, ex. crescând(ă) < croissant(e)<ref name="hristea"/>.

Références

Modèle:Références

Sources bibliographiques

Sources directes

Sources indirectes

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Gómez Capuz, J., « El Préstamo Lingüístico » [« L’emprunt linguistique »], Revista Cuadernos de Filología, {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XIXe{{#if:|  }} }} année, Valence (Espagne), Universitaté de Valence, 1998
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Gómez Capuz, J., « El tratamiento del préstamo lingüístico y el calco en los libros de texto de bachillerato y en las obras divulgativas » [« Traitement de l’emprunt linguistique et le calque dans les manuels pour le lycée et dans les ouvrages de vulgarisation »], Tonos. Revista Electrónica de Estudios Filológicos, Modèle:N°, Universitaté de Murcie, 2009 (consulté le Modèle:Date-)
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Lewandowski, T., Linguistisches Wörterbuch [« Dictionnaire de linguistique »], vol. I-III, Heidelberg, Quelle und Mayer, 1990

Articles connexes

Lien externe

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