Charles le Téméraire
Modèle:Voir homonymes Modèle:Voir homonyme Modèle:Infobox Politicien
Charles de Bourgogne<ref>Michael Depreter, Moult cruaultéz et inhumanitéz y furent faictes. Stratégie, justice et propagande de guerre sous Charles de Bourgogne (1465–1477), Le Moyen Âge, Modèle:Nobr rom, Modèle:P.41-69, 2015</ref>, dit Charles le Hardi ou Charles le Travaillant, plus connu sous son surnom posthume de Charles le Téméraire<ref>Sa généalogie sur le site Medieval Lands.</ref>, né le Modèle:Date<ref>Henri Pirenne, Histoire de Belgique, réédition BiblioBazaar, LLC, 2008, Modèle:Lire en ligne, Modèle:P..</ref>,<ref>Philippe Contamine et Geneviève Contamine, Autour de Marguerite d'Écosse : reines, princesses et dames du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, H. Champion, 1999, Modèle:P..</ref> à Dijon et mort le Modèle:Date de décès près de Nancy, est, après Philippe le Hardi, Jean sans Peur et Philippe le Bon, le quatrième et dernier duc de Bourgogne de la maison de Valois, seigneur et maître d'un ensemble de provinces connu aujourd'hui sous le nom d'État bourguignon<ref>Bertrand Schnerb, L'État bourguignon 1363-1477, Paris, Perrin, 1999.</ref>.
Après s'être illustré, en 1465, lors de la Ligue du Bien public, une coalition formée contre le roi de France, Louis XI, Charles le Téméraire monte sur le trône de Bourgogne en 1467, à la mort de son père. Se considérant comme un souverain de plein droit, son règne est marqué par un affrontement constant avec son cousin Modèle:Souverain2, qui revendique la suzeraineté sur une partie de ses terres, censée relever du royaume de France<ref>Pour plus de détails sur cet affrontement, on peut, entre autres, consulter : https://fr.vikidia.org/wiki/Louis_XI_contre_Charles_le_T%C3%A9m%C3%A9raire</ref>. Dans le même temps, il se rapproche de l'empereur germanique Frédéric III et du roi d'Angleterre Modèle:Souverain2, dont il épouse la sœur. Comme son père avant lui, il est l'un des princes les plus puissants de la chrétienté, grâce notamment à la richesse de ses territoires et au prestige de sa cour.
Après avoir cherché, en vain, à obtenir le titre de « roi des Romains », il s'attelle à la réforme administrative de son État, qu'il consolide en tentant d'en faire une entité géographique et politique continue, par la réunion de ses possessions septentrionales et méridionales (ce qu'il fait par l'acquisition de la Haute-Alsace puis l'annexion de la Lorraine), afin de les ériger à terme en un royaume indépendant, ressuscitant l'ancienne Lotharingie.
Ses ambitions démesurées se heurtent à de nombreuses oppositions en Europe. À la fin de son règne, les guerres de Bourgogne le confrontent aux Confédérés suisses, aux Lorrains et aux Alsaciens. Cette coalition, financièrement soutenue par Modèle:Souverain2, finit par avoir raison de lui à la bataille de Nancy du Modèle:Date, lors de laquelle il est tué.
Il laisse derrière lui une fille unique, Marie, qui, afin de faire face aux prétentions du roi de France, épouse l'archiduc Maximilien d'Autriche, première étape de la rivalité centenaire entre la France et les Habsbourg.
Biographie
Enfance
Né le 10 ou le Modèle:Nobr au palais des ducs de Bourgogne de Dijon, Charles est le troisième fils, devenu aîné après les décès en bas âge des deux premiers, Antoine et Josse, du duc [[Philippe le Bon|Modèle:Souverain- de Bourgogne (Philippe le Bon)]] (1396 – 1467) et de sa troisième épouse Isabelle de Portugal (1397 – 1471), fille du roi Modèle:Souverain2.
Charles reçut le titre de comte de Charolais<ref>Une tour « Charles le Téméraire » à Charolles entretient la mémoire de Charles comme comte de Charolais (Marcel Dazy, « La tour de Charles le Téméraire », revue Images de Saône-et-Loire, n° 7, décembre 1970, p. 7-12).</ref> qui, sous les ducs Valois de Bourgogne, était réservé à l'héritier des États bourguignonsModèle:Sfn,<ref group="N">Philippe le Bon, son père, et Jean sans Peur, son grand-père, avaient porté ce titre avant de devenir duc de Bourgogne.</ref>.
À l'âge de trois semaines, son père l'institua chevalier de la Toison d'or lors du troisième chapitre de l'ordre qui se tint à Dijon le Modèle:Nobr, jour de la Saint-André, patron de la BourgogneModèle:Sfn. Dès sa première année, il eut sa propre maison que dirigeait sa gouvernante, Madame de Villers La Faye<ref group=N>Madame de Villers La Faye demeura huit ans auprès de son jeune maître.</ref>.
Charles est élevé aux Pays-Bas bourguignons, un ensemble de provinces formant la partie septentrionale de l'État bourguignon et correspondant aux pays modernes de Belgique et des Pays-Bas (ainsi qu'au Nord-Pas-de-Calais français).
Les éducateurs de Charles, alors comte de Charolais, sont Modèle:Souverain3<ref>Modèle:Souverain- d’Auxy (né vers 1396, † 1474), seigneur et baron d'Auxy dans l'Artois, seigneur de Fontaine-sur-Somme, Fumechon etc., était maître des arbalétriers de France, chevalier de l'ordre de la Toison d'or.</ref>, ancien soldat de la Guerre de Cent Ans<ref>Il est fait chevalier à la veille de la bataille de Cravant (31 juillet 1423) du côté des chevaliers anglais et bourguignons.</ref>, qui lui apprend l'art de la guerre et Modèle:Lien<ref>Un diplomate bourguignon du XVe siècle : Antoine Haneron (page 286)</ref> qui est choisi comme maître d'école, et lui apprend la gestion du pouvoir, à parler l’anglais ainsi que quelques mots d'italien et de portugais.
Il grandit avec ses cousins et cousines, enfants de sa tante Marie de Bourgogne (morte en 1463), épouse du duc Adolphe de Clèves :
- Modèle:Souverain2, duc de Clèves ;
- Catherine, qui épousera le duc Arnold de Gueldre (duché de Gueldre, aux Pays-Bas).
Premiers pas en politique
En 1452, alors qu'il n'a que dix-neuf ans et n'est encore que comte de Charolais, il réprime avec brutalité le soulèvement des Flamands lors de la rébellion de Gand dans les Pays-Bas bourguignons et se trouve au Modèle:Lien, et à la bataille de Gavere. Un grand tournoi de chevalerie est organisé à Bruxelles<ref>Ce tournoi fut rejoué à l'occasion des 75 ans de la Belgique au Cinquantenaire en juillet 1905.</ref>.
Quelques années plus tard, en Modèle:Nobr, se produit un événement qui aura à terme des conséquences funestes pour Charles comme pour l'État bourguignon : le dauphin de France et futur Modèle:Souverain2, fuyant la vindicte paternelle, cherche refuge en terre bourguignonne. Son cousin Philippe le Bon, à qui il demande asile à Bruxelles, lui alloue une pension annuelle de Modèle:Unité. Il se voit aussi attribuer une résidence au château de Genappe au sud de Bruxelles en Brabant wallonModèle:Sfn.
Le dauphin Louis y demeura jusqu'à la mort de Modèle:Souverain2 (Modèle:Date). Durant ces presque cinq années, Genappe devient Modèle:Citation. Le dauphin en exil observe les intrigues de la cour bourguignonne, sonde les esprits de ceux qui la composent, s'emploie à séduire ceux qui pourront lui être utiles, note discrètement les forces et faiblesses d'un État encore fragile.
Succès initiaux
Alors qu'un Philippe le Bon vieillissant règne sur les riches mais disparates terres composant l'État bourguignon, son fils Charles prend la tête de la ligue du Bien public qui s'est formée contre Modèle:Louis XI, d'une part parce que celui-ci voulait limiter l'indépendance de ses plus puissants vassaux (Bourgogne, Bretagne, Bourbon), et d'autre part pour revendiquer des terres (la Picardie pour le duc de Bourgogne) ou de l'argent (pour le roi René, duc d'Anjou).
Le Modèle:Date-, la bataille de Montlhéry (entre l'armée commandée par Modèle:Louis XI et l'armée bourguignonne du comte de Charolais) s'avère particulièrement désordonnée : tandis que le comte de Saint-Pol (avant-garde bourguignonne), qui, selon le plan initial, devait reculer en cas d'attaque de l'armée royale, refuse de le faire et se fait laminer par celle-ci, les cavaliers du comte du Maine (aile gauche de l'armée royale) s'enfuient tous ensemble juste avant le choc avec le corps d'armée personnellement commandé par Charles qui, se voyant déjà victorieux, se rue à leur poursuite si loin du champ de bataille qu'il ne participe plus vraiment à celle-ci, laquelle tourne à une mêlée confuse entre les troupes d'Antoine de Bourgogne (demi-frère de Charles) et celles du roi. Modèle:Louis XI, un moment donné pour mort, rallie finalement ses troupes et fait reculer les Bourguignons… avant que le soir n'interrompe les combats.
Au lendemain de la journée, chaque camp revendique la victoire<ref group="N">Rappelons qu'au Moyen Âge, la victoire sur le champ de bataille est considérée comme le signe de la reconnaissance divine.</ref> : Charles considère qu'il l'a emporté, car son armée reste maîtresse du champ de bataille ; de son côté, Modèle:Louis XI, qui a jugé préférable de lever le camp pendant la nuit, ramène son armée à Paris sans encombre et s'y fait acclamer comme vainqueur.
Après Montlhéry, le comte de Charolais devient, selon Commynes, si persuadé que sa "victoire" est due à son intelligence tactique, qu'il refuse par la suite tout conseil<ref>Philippe de Commynes, Mémoires.</ref>. Trois jours après la bataille, l'armée bretonne fait enfin sa jonctionModèle:Sfn avec celle du Bourguignon ; d'autres princes ligueurs (dont le duc de Lorraine) les rejoignent ; un mois plus tard, ils assiègent Paris. Mais au bout de quelques semaines, le manque de vivres du côté de la ligue et la prise de la Normandie par le duc de Bourbon pour le compte de Modèle:Louis XI contraignent les deux parties à signer le traité de Conflans le Modèle:Date-Modèle:Sfn, par lequel le duc de Bourgogne récupère les villes de la Somme<ref group="N">Que Modèle:Louis XI lui avait rachetées deux ans auparavant.</ref>, notamment Amiens, Abbeville, Guînes et Saint-Quentin, mais aussi le comté de Boulogne, tandis que la Normandie est officiellement cédée par Modèle:Louis XI en apanage à son frère cadet, Charles, duc de Berry (qui faisait partie des ligueurs).
Le Modèle:Date-, Charles prend d'assaut et brûle DinantModèle:Sfn, en bord de Meuse, en révolte contre le protectorat bourguignon. Il espère ainsi étouffer les velléités d'indépendance de la principauté de Liège, une terre d'Église dont le contrôle est indispensable à l'unification des Pays-Bas bourguignons mais qui conteste l'autorité de celui que Philippe le Bon a placé sur le trône épiscopal : le prince-évêque Louis de Bourbon, son neveu. Les Liégeois semblent entendre la leçon dinantaise puisque, dès le Modèle:Date-, ils reconnaissent par le traité d'Oleye le duc de Bourgogne comme « avoué héréditaire de Liège »Modèle:Sfn, c'est-à-dire comme le seigneur laïc chargé de défendre le temporel de l'évêché. Ainsi ce qui n'était qu'un protectorat devient, de fait, une véritable seigneurie bourguignonne étendue sur Liège et tous les territoires de la principauté.
Maître de l'État bourguignon
Philippe le Bon meurt le Modèle:Date-. Charles hérite du duché de Bourgogne, ainsi que de tous les titres et possessions de son père : duc de Brabant et de Lothier, de Limbourg, de Luxembourg, comte de Flandre, d'Artois, de Bourgogne palatine, de Hainaut, de Hollande, de Zélande, de Namur, marquis du Saint-Empire, seigneur de Frise. Il est premier, et même deux fois, pair de France (pour la Bourgogne et pour la Flandre), mais, en dehors de ses campagnes, il réside à Bruges, Bruxelles et Malines. Il appuie son pouvoir et ses prétentions par une puissante armée de métier, renforcée par des mercenaires issus de tous les pays d'Europe, peu fiables. Charles de Valois-Bourgogne continue la même politique que ses prédécesseurs : volonté d'indépendance souveraine de l'État bourguignon<ref group="N">En droit, Charles avait deux suzerains, tous deux sans supérieur au temporel, le roi de France et l'empereur romain germanique, de qui il tenait ses possessions. il n'était donc pas juridiquement souverain même s'il l'était de fait et chercha à le devenir en droit. Ainsi, il chercha à atteindre la souveraineté, pour ses fiefs français, en déclarant en 1471, conformément à la clause de non-respect du traité de Péronne, que ses sujets ne devaient plus faire appel au parlement de Paris. Et pour ses fiefs impériaux, il tenta de les faire ériger en royaume par l'empereur en 1473 ; cependant, comme son père Philippe le Bon, il bénéficiait sur eux de la souveraineté territoriale, ce qui le rendait quasi indépendant de l'empereur.</ref> vis-à-vis du royaume de France et, pour contrer celui-ci, alliance avec le royaume d'Angleterre dans la guerre de Cent Ans. Son souhait le plus ardent est de joindre en un royaume d'un seul tenant ses terres des deux Bourgognes (ou « pays de par-delà ») et ses possessions du nord : Picardie, Artois, Boulonnais, Flandre et autres Pays-Bas bourguignons (ou « pays de par-deçà »), de recréer un royaume médian entre la France et l'Empire germanique.
Philippe le Bon n'est pas mort depuis trois mois que son fils se voit contraint de mater une révolte des Liégeois. Il les écrase à la bataille de Brustem près de Saint-Trond le Modèle:Date<ref>Joseph Calmette, Les Grands Ducs de Bourgogne (Albin Michel, 1949 et juin 1976) Modèle:P..</ref>.
En Modèle:Date-, craignant une résurrection de la ligue du Bien Public et le débarquement d'une armée anglaise pour la soutenir, Modèle:Louis XI vient à Péronne, alors lieu de résidence du duc, discuter d'un accord de paix. En échange de celle-ci, Charles de Bourgogne souhaite, lui, obtenir une confirmation de la ligne de la Somme et une juridiction souveraine sur ses fiefs françaisModèle:Sfn. Alors que les négociations ne sont pas loin d'aboutir, Charles apprend avec colère que Liège, semble-t-il encouragée par des émissaires français, s'est à nouveau révoltée. Il ferme alors les portes du château et celles de la ville de Péronne et Modèle:Louis XI, captif de fait et craignant pour sa vie, accepte de signer le traité aux conditions bourguignonnes et d'accompagner Charles dans l'expédition punitive que celui-ci lance aussitôt contre la ville révoltée.
Malgré l'attaque surprise des six cents Franchimontois et à la suite de celle-ci, Charles prend Liège sans coup férir le Modèle:Date-<ref>Joseph Calmette, Les Grands Ducs de Bourgogne (Albin Michel, 1949 et juin 1976), Modèle:P..</ref> et Modèle:Incise la livre au pillage et au feu, avant de la faire raser (dans le but de sceller ainsi en un seul bloc<ref>Jean-Louis Kupper et Philippe George, Charles le Téméraire, de la violence et du sacré (Éditions du Perron, juin 2007), Modèle:P..</ref> l'ensemble des « pays de par-deçà »). Cette mise à sac soulève, de la Hollande à l'Alsace, la réprobation des villes rhénanesModèle:Sfn.
En Modèle:Date-, au traité de Saint-Omer, l'impécunieux duc d'Autriche Sigismond de Habsbourg cède en gage au duc de Bourgogne, pour Modèle:Unité du Rhin, ses domaines de Haute-Alsace, du pays de Brisgau et du margraviat de Bade (plus précisément : le landgraviat d'Alsace, le comté de Ferrette, les quatre Waldstetten ou « villes forestières »<ref>c'est-à-dire : Waldshut, Laufenburg, Säckingen et Rheinfelden (cf. Dictionnaire historique de la Suisse, article « Paix perpétuelle (1474) »).</ref>, le Modèle:Lien et la ville de Brisach)<ref>Georges-Henri Dumont, Marie de Bourgogne (Fayard, août. 1982), Modèle:P..</ref>.
À partir de fin octobre 1469, c’est-à-dire un an après la paix jurée au traité de Péronne le Modèle:Date-, les deux signataires de celui-ci se livrent un duel politique à mort : le règne du Téméraire n'est plus qu'une suite presque ininterrompue de guerres contre le roi de France, et ses alliés, soudoyés par le roi de France. Pour résister à Modèle:Louis XI, Charles cherche à s'allier tantôt à l'empereur germanique Modèle:Souverain2, tantôt à Modèle:Souverain3.
En Modèle:Date-, conformément à la Modèle:Citation incluse dans le traité de Péronne (que Modèle:Louis XI a, de son côté, fait annuler un an plus tôt), Charles le Téméraire se déclare affranchi de la suzeraineté du roi de France. Se considérant comme un souverain de droit divin et œuvrant de toutes ses forces pour transformer ses possessions disparates en un État unifié et centralisé, il représente dès lors un défi permanent pour le roi de France. De cette volonté de ne plus être le vassal, même théorique, de celui-ci ou de l'Empereur romain germanique, témoigne (entre autres) le fait que Charles se fit confectionner un diadème en or, orné de saphirs, de rubis balais et surmonté d'une forme de velours jaune brodée de perles, avec à son sommet un énorme rubis enchâssé dans un ornement d'orModèle:Sfn,<ref group=N>Charles ne se fit cependant jamais représenter sur son sceau assis sur un trône. Il utilisa un sceau équestre.</ref>.
Mais son souci obsessionnel de constituer à tout prix (aux dépens de ses voisins allemands, lorrains et autrichiens) le grand royaume rhénan dont il rêve va lui aliéner la sympathie et le soutien de l'empereur germanique Modèle:Souverain- et du roi d'Angleterre Modèle:Souverain-Modèle:Sfn, en même temps que dilapider ses ressources et celles de ses États. Ceux-ci, d'ailleurs, rechignent de plus en plusModèle:Sfn à financer son effort de guerre. Si les bourgeois (riches marchands ou simples artisans) des grandes villes de Flandre et des autres provinces des Pays-Bas bourguignons cessent de le soutenir, ou le soutiennent de moins en moins, c'est que Charles de Bourgogne, tout pétri qu'il est de chevalerie, n'a aucune considérationModèle:Sfn pour eux et qu'il se refuse à admettre le pouvoir grandissant de ces démocrates<ref>J. L. Kupper et Ph. George, Charles le Téméraire, de la violence et du sacré, Éditions du Perron, 2007, Modèle:P..</ref> avant la lettre qui résistent à ses vues. Cette politique le conduira à sa perte.
Montée des périls
Dans les Modèle:Nobr, Charles essuie une série de revers où l'on sent l'influence de Modèle:Louis XI qui, par tous les moyens possibles, inspire, aide et finance les ennemis du duc de Bourgogne.
En 1472, pendant l'été, Charles lance une opération militaire durant laquelle il massacre la population de Nesle mais échoue à prendre Beauvais, vaillamment défendue par ses habitants dont Jeanne Hachette<ref group="N">Le Modèle:Nobr, Philippe de Commynes s'enfuit de la cour de Charles et rejoint Modèle:Louis XI.</ref>, tout en ravageant le Santerre, le Beauvaisis et le pays de Caux.
En 1473, lors de la conférence de Trèves entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date-, l'empereur Modèle:Souverain3 refuse d'aider Charles le Téméraire à se faire élire « roi des Romains » pour en faire son successeur. Il accepte cependant d'ériger en un royaume de Bourgogne indépendant ses possessions en terre d'empire. L'empereur avait accepté également de faire entrer dans la souveraineté de ce royaume de Bourgogne le duché de Lorraine, le duché de Savoie (qui incluait alors le Piémont, la Bresse, le Bugey, l'ouest de l'actuelle Suisse, avec Genève et Lausanne), le duché de Clèves, les évêchés d'Utrecht, Liège, Toul et VerdunModèle:Sfn,<ref>Philippe Contamine, Pays Lorrain, Modèle:N°, « Charles le Téméraire, fossoyeur ou fondateur de l'État bourguignon », Modèle:P..</ref>,<ref group="N">Le Modèle:Date-, Antoine Haneron, prévôt de Saint-Donant de Bruges, adressa au marquis de Rothelin, Rodolphe de Hochberg, une lettre où il détaillait les termes dans lesquels Modèle:Souverain- avait arrêté la constitution du royaume de Bourgogne. Le document publié en latin en 1937 par H. Stein, Bibliothèque de l'École des Chartes, Modèle:Nobr rom, Modèle:P..</ref>. La duchesse de Savoie (Yolande de France) ainsi que le duc de Clèves et les six évêques seraient devenus les vassaux du roi de Bourgogne<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Charles exigea également la souveraineté de la Bourgogne sur les cantons suissesModèle:Sfn. Cependant, l'empereur rompt les pourparlers la veille même du couronnementModèle:Sfn et s'enfuit nuitamment à cheval puis en barque sur la Moselle avec son fils Maximilien qui, dans le cadre de l'accord, devait épouser Marie de Bourgogne.
En Modèle:Date-, Charles renonce au siège de Neuss Modèle:Incise sans succès concluant et avec une armée très affaiblie par dix mois d'un siège éprouvant et vain.
En Modèle:Date-, réunies à Bruges, les provinces constitutives des Pays-Bas bourguignons refusent une nouvelle aide financière à leur souverain.
En Modèle:Date-, Modèle:Souverain3 accepte les offres de paix de Modèle:Louis XI et, pour cinq cent mille écus<ref>Jean Favier. Son intervention-radio du Modèle:Date- à Modèle:Nobr dans l'émission « Au cœur de l'histoire » de Franck Ferrand sur Modèle:Nobr.</ref> versés par celui-ci, signe le traité de Picquigny, à la suite de quoi il réembarque pour l'Angleterre avec son armée (débarquée à Calais deux mois plus tôt pour joindre ses forces à l'armée bourguignonne, laquelle fit alors inexcusablement défaut). Charles, qui avait tenté en 1474 de rallumer la guerre de Cent Ans, en s'alliant formellement avec son beau-frère le roi d'Angleterre et en le convainquant de réenvahir la France, perd ainsi son dernier allié de poids.
Annexion de la Gueldre et de la Lorraine
En dépit de ces revers, Charles de Bourgogne persiste à saisir toute opportunité d'expansion territoriale de ses États. Ainsi, en juillet et Modèle:Date-, il s'empare du duché de Gueldre, situé de part et d'autre du Bas-Rhin, agrandissant ainsi les Pays-Bas bourguignons.
Mais son objectif premier reste, bien sûr, de réunir en un tout géographique et politique les deux morceaux (d'une part les Bourgognes, d'autre part les Pays-Bas bourguignons) constitutifs de ses États. C'est sans doute pourquoi, durant l'été 1475, il détourne l'armée qu'il prévoyait d'utiliser, de concert avec celle nouvellement débarquée d'Modèle:Souverain- d'Angleterre, contre le roi de France et s'en sert plutôt pour conquérir la Lorraine, après que Modèle:Louis XI lui a habilement (au traité de Soleuvre, le Modèle:Date-) laissé les mains libres à ce sujet.
Après un siège d'un mois, Charles entre en vainqueur dans Nancy le Modèle:Date-Modèle:Sfn.
Le Modèle:Date-, il annonce aux Lorrains qu'il fera de cette ville sa capitale, laissant entendre qu'elle sera celle de son royaumeModèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Concernant la conquête de la Lorraine, bien que niant les droits du prince légitime de celle-ci, Charles n'ajouta pas à sa titulature le titre de duc de Lorraine, alors qu'il avait pris celui de duc de Gueldre après l'annexion de ce duché. Probablement, considérait-il que celui de duc de Lothier, adopté par son père après la prise en main du Brabant, rendait compte de sa conquêteModèle:Sfn, car les deux termes de Lothier et Lorraine procèdent tous deux de Lotharingie, le premier désignant la Basse-Lotharingie, le second désignant la Haute-Lotharingie.
La ligue de ses ennemis — essentiellement, la Basse-Union de quatre villes d'Empire de la région du Haut-Rhin : Strasbourg, Bâle, Colmar et Sélestat, Sigismond d'Autriche, Berne<ref>"La bataille de Grandson, son contexte politico-stratégique", note rédigée par le colonel Hervé de Weck https://ashsm.ch/AncienSite/fr/ashsm/documents/CH-1476-Grandson-Site-ASHSM.pdf.</ref> (sous la direction de Niklaus von Diesbach) et les autres Confédérés suisses, enfin, sinon agençant, du moins confortant l'ensemble, Modèle:Louis XI<ref>Georges-Henri Dumont, Marie de Bourgogne, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref> — scellée par le Modèle:Lien (mars-avril et Modèle:Date-), ne lui laissera pas le temps de concrétiser le rêve d'être enfin à la tête d'un royaume.
Révoltes contre la domination bourguignonne
L'Alsace s'est soulevée contre Charles notamment à cause de la mauvaise gestion de son bailli, Pierre von Hagenbach, et aussi de son refus de la revendre à l'archiduc Sigismond d'Autriche pour un prix pourtant supérieur à ce qu'il la lui avait achetée. La mauvaise gestion de Pierre von Hagenbach inclut des abus de pouvoir, des extorsions de fonds, des actes de violence envers la population locale et l'ignorance des coutumes et des droits traditionnels de l'Alsace, provoquant ainsi le mécontentement et le soulèvement contre Charles le Téméraire. C'est ainsi que commence en automne 1474 ce qu'on connaît sous le nom des guerres de Bourgogne.
Berne<ref>Berne, Bâle et Strasbourg ont particulièrement poussé à la guerre, comme l'écrit dans : La bataille de Grandson, son contexte politico-stratégique le Colonel Hervé de Weck Modèle:Lire en ligne.</ref>, Lucerne et les autres membres de la Confédération des cantons suisses, encouragés et financés par Modèle:Louis XI, déclarent la guerre au duc de Bourgogne le Modèle:Date-Modèle:Sfn, puis à son allié Jacques de Savoie (comte de Romont, baron de Vaud et beau-frère de Yolande de France, duchesse-régente de Savoie) le Modèle:Date-.
Les Confédérés suisses enlèvent d'abord quelques villes et places fortes (Cerlier en Savoie, Héricourt et Pontarlier en comté de Bourgogne), puis ils envahissent tout le pays de Vaud. L'une après l'autre, Grandson, Orbe, Blamont, Morat, Estavayer, Yverdon tombent entre leurs mains affaiblissant ainsi le contrôle et l'influence de la Bourgogne dans la région.Modèle:Sfn
Double défaite contre les Suisses
Charles, pour répondre à l'appel de ses alliés et de ses vassaux, décide d'en finir avec les Confédérés et part en guerre contre eux. Il quitte Nancy le Modèle:Date mais, trop sûr de son fait, il commet la double erreur de sous-estimer la valeur guerrière des Suisses et l'effet néfaste des retards de paiement sur l'humeur des mercenaires italiensModèle:Sfn qui composent une bonne partie de ses forces. Il est battu par les confédérés d'abord à Grandson, le Modèle:Nobr de la même année, où ses troupes se débandent, puis surtout à Morat, le Modèle:Nobr suivant, où son armée est taillée en pièces<ref>Jacques Baudoin, La sculpture flamboyante en Bourgogne et Franche-Comté, éditions Créer, 1996, Modèle:Lire en ligne, Modèle:P..</ref>.
Alors installé à Lyon, Modèle:Louis XI y savoure la déroute bourguignonne, laquelle ne lui a coûté aucun homme de ses propres troupes mais beaucoup d'argent : selon le chroniqueur Philippe de Commynes, Louis a, en tout, versé près d'un million de florins du Rhin aux Cantons suissesModèle:Sfn ; pour apprécier l'importance de la somme, il faut la rapporter aux Modèle:Unité pour lesquels Charles le Téméraire obtint la cession de la Haute-Alsace et du Brisgau.
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Écroulement final
Maître de la Chronique scandaleuse, Interpolation de la Chronique de Modèle:Louis XI de Jean de Roye (dite Chronique scandaleuse), Paris, BnF, début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
En Modèle:Date-, avec une armée reconstituée vaille que vaille, Charles le Téméraire qui veut sauver le trait d'union lorrain entre les Bourgognes et ses États du nordModèle:Sfn, remet le siège devant Nancy, ville qui avait été reprise entre-temps par le duc Modèle:Souverain3. Là, refusant de se replier en son duché de Luxembourg, il trouve la mort le Modèle:Date- lors de la bataille qui s'est déroulée au sud de la ville.
Pendant cette bataille, l'écrasante supériorité numérique de la coalition des troupes lorraines et suisses est accentuée par la trahison d'un des lieutenants du Téméraire, Nicolas de Montfort, alias le comte de Campobasso, qui vient de passer à l'ennemi avec ses lances et ses mercenaires. Aussi l'armée bourguignonne est-elle rapidement submergéeModèle:Sfn. Ce qu'il en reste se replie vers le pont de Bouxières-aux-Dames qui devrait lui permettre de fuir vers Metz. Mais Nicolas de Montfort y attend sa vengeance. Croyant que les cavaliers de ce dernier sont restés fidèles à la cause bourguignonne et qu'ils sont là pour leur assurer le libre passage du pont, les Bourguignons se précipitent, confiants, mais Nicolas de Montfort massacre les fuyards et les Suisses qui les poursuivent font de même. En outre, une sortie de la garnison de Nancy achève l'éparpillement des troupes du Téméraire<ref>Marcel Brion, Charles le Téméraire, grand-Duc d'Occident, (Librairie Jules Tallandier, 1977), Marabout Université (1979), Modèle:P..</ref>.
Deux jours après la bataille, le corps du duc Charles est retrouvé, nu, au bord d'un étang marécageux dit « étang Saint-Jean », à l'emplacement actuel de la place de la Croix de Bourgogne à Nancy : il a le crâne fendu jusqu'aux dents par un coup de hallebardeModèle:Sfn et une joue rongée par les loups. Nul ne peut dire avec certitude<ref>« […] des inconnus le tuèrent lors de la bataille de Nancy (5 janvier 1477), où les Confédérés étaient venus à l'aide de leur allié le duc de Lorraine. », Dictionnaire historique de la Suisse (article « Bourgogne, guerres de », fin du paragraphe 1 - déroulement des faits : [1]).</ref> qui, dans la soldatesque anonyme, lui porta le coup fatal mais la tradition relate qu'un obscur soldat nommé Claude de Bauzémont se serait jeté sur lui sans le reconnaître ; Charles aurait crié « Sauvez le duc de Bourgogne ! », mais ce cri, compris comme « Vive le duc de Bourgogne ! » aurait entraîné la mise à mort immédiate de Charles par ce soldatModèle:Sfn. Une simple croix, au centre de cette place, a longtemps marqué l'endroit de sa mort (souvenir remplacé plus tard par un monument édifié à la mémoire du duc Modèle:Souverain3). Ramenée à Nancy, la dépouille mortelle du Téméraire est exposée sur un lit de parade dans la maison de Georges Marqueix, au no 30 de la Grande-Rue<ref group="N">Cette maison n'existe plus aujourd'hui mais son emplacement est signalé par un pavage de granit noir et blanc dessinant une croix de Lorraine et portant la date « 1477 ».</ref>.
Ainsi finit le grand rêve néo-lotharingien : à trop vouloir, Charles a tout perdu<ref>"Charles le Téméraire" de George Minois chez Perrin (5 février 2015)</ref>.
Tombeau
Charles de Valois-Bourgogne fut, selon la volonté du duc René, inhumé dans la nécropole des ducs de Lorraine. Son corps fut déposé dans un cercueil de sapin, dans le sol de la chapelle Saint-Sébastien, de la collégiale Saint-Georges de Nancy (aujourd'hui disparue). Façon pour René de Lorraine de commémorer sa victoire, mais aussi d'empêcher que le corps du Téméraire ne rejoigne la nécropole familiale de Champmol, privant ainsi le duc de ses ancêtres et de la mémoire funéraire dynastique. Le traité de Middelburg (1501) prévoyait la restitution de son corps aux Bourguignons, et Christine de Danemark exécuta cette clause en 1550<ref>Jean-Daniel Pariset, « La Lorraine dans les relations internationales au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle » dans Les Habsbourg et la Lorraine, Études réunies sous la direction de J. P. Bled, E. Faucher, R. Taveneaux Presses Universitaires de Nancy, 1988, Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>, à la demande de Charles QuintModèle:Sfn.
La dépouille fut transférée par Antoine de Beaulaincourt, roi d'armes de la Toison d'Or, à l'église Notre-Dame de Bruges, le Modèle:Date. Elle y repose depuis dans le tombeau que Modèle:Souverain2, fils de Charles Quint, fit élever pour son trisaïeul en 1558. Le tombeau de Marie de Bourgogne, morte en 1482 cinq ans après son père, figure à son côté.
Succession
Modèle:Article détaillé À la mort de Charles, dernier duc de Valois-Bourgogne, le roi Modèle:Louis XI, enfin débarrassé de son puissant rival Modèle:Incise, s'empare de la Picardie, du comté de Boulogne et surtout du duché de Bourgogne<ref>François Pernot, La Franche-Comté espagnole, Presses Univ. Franche-Comté, 2003, Modèle:Lire en ligne, Modèle:P..</ref> pendant la guerre de succession de Bourgogne, une annexion confirmée quelques années plus tard par un nouveau traité d'Arras, celui du Modèle:Date-.
Entre-temps, Marguerite d'York, veuve de Charles le Téméraire et protectrice de la duchesse Marie de Bourgogne pousse celle-ci (fille unique et héritière du Téméraire) à épouser le futur empereur germanique Modèle:Souverain2 (1459-1519). Célébré à Gand le Modèle:Date-, le mariage fait définitivement perdre à la France les Pays-Bas bourguignons et, en fait, toute la partie septentrionale des États bourguignons (belge, luxembourgeoise, allemande ou « romain-germanique ») sur laquelle la couronne de France n'a aucun droit.
En 1493, Modèle:Souverain- ayant décidé de renoncer à Marguerite de Habsbourg, fille de Modèle:Souverain2 pour épouser Anne de Bretagne, l'empereur récupéra au traité de Senlis : la Flandre, l'Artois, la Franche-Comté et le Charolais<ref>Herman Vander Linden, « L'hégémonie européenne- Période italo-espagnole », Modèle:Nobr de l'Histoire du monde, E. de Boccard, 1936, Modèle:P..</ref>.
L'héritage de Charles le Téméraire fut, pendant plusieurs générations, l'objet de nombreuses batailles entre rois de France et maison Habsbourg d'Autriche et d'Espagne. Il faudra attendre deux siècles pour que le comté de Bourgogne Modèle:Incise soit arraché aux Habsbourg d'Autriche et d'Espagne par Modèle:Souverain2 au traité de Nimègue en 1678 et définitivement rattaché à la France.
Personnalité
Selon le chroniqueur flamand Georges Chastelain, le jeune Charles de Bourgogne était pétri de qualités : droit, franc, pieux, généreux dans ses aumônes, fidèle à son épouse, familier et joyeux avec les siens, évitant toujours de faire la moindre injure à qui que ce fûtModèle:Sfn. C'était de fait un homme d'un courage exceptionnelModèle:Sfn,<ref group=N>Dans ses mémoires, Philippe de Commynes témoigna qu'il s'engagea avec bravoure dans les combats et fut blessé lors de la bataille de Montlhéry en Modèle:Nobr.</ref>. C'était aussi un homme très instruit, doté d'une très grande puissance de travailModèle:Sfn. Il jouait de la harpe et composait des chansons et des motets. Il fut le protecteur de l'École bourguignonne qui regroupa des compositeurs, lesquels constituèrent par la suite la fameuse école franco-flamande.
Néanmoins, d'autres traits de caractère se développèrent avec le temps. Il faisait preuve d'un caractère violent et impulsif. Il recourut volontiers à la force et à la guerre pour obtenir ce qu'il voulait mais il l'aimait pour elle-même. Pour Modèle:Louis XI, la guerre n'était rien d'autre qu'une activité prosaïque dépourvue de valeur intrinsèque et destinée à servir des ambitions politiques et à laquelle il préférait d'ailleurs la diplomatie. Pour Charles, la guerre dépassait la mesure d'un mode de conquête pour revêtir un caractère presque sacré et qui s'enrichissait de tous les mythes collectés dans les traditions païennes ou chrétiennes : on connaît sa passion pour le plus grand des conquérants, Alexandre, son enthousiasme pour les Croisades et les combats singuliersModèle:Sfn. Pour Charles, le champ de bataille constituait l'espace privilégié de la prouesse individuelle par laquelle l'homme se transcendait et apprenait, au prix de la souffrance physique ou morale, la maîtrise de son corps et de son espritModèle:Sfn. Philippe de Commynes assure que le duc de Bourgogne, à partir de 1472, donna des témoignages de férocité dont il n'avait pas été coutumier jusqu'alorsModèle:Sfn.
De plus, devenu duc de Bourgogne, il perdit peu à peu le sens du réel et se laissa aller à un grand orgueil qui fut dénoncé par Thomas BasinModèle:Sfn : Modèle:Citation.
De fait, son tempérament hardi et entreprenant transparaît dans sa devise : Modèle:Citation, c'est-à-dire : Modèle:Citation<ref>Jean-Louis Kupper et Philippe George, Charles le Téméraire, de la violence et du sacré, Éditions du Perron, juin 2007, Modèle:P..</ref>. Il adopta cette devise alors que son épouse, Isabelle de Bourbon, le suppliait de renoncer à ses projets martiaux lors de la guerre du Bien publicModèle:Sfn,<ref>Thomas Basin, Histoire de Modèle:Louis XI, éditée et traduite par Charles Samaran, Paris, 1963, tome 1, Modèle:P..</ref>.
Surnom
Modèle:Citation (Vieux dire suisse).
La forte personnalité du duc, que tous les chroniqueurs décrivent comme un personnage austère, vertueux et impitoyable, pieux et chaste, animé d'un sens de l'honneur exacerbéModèle:Sfn, incite ses contemporains Modèle:Incise à lui attribuer des surnoms : ils l'appellent ainsi « le Travaillant », « le Hardi » voire « le Terrible » ou « le Guerrier »Modèle:Sfn, ou encore « le Téméraire », car ce terme est déjà rencontré vers 1484 sous la plume du chroniqueur Thomas Basin, évêque de Lisieux.
Cependant, s'ils mentionnent ces qualificatifs, aucun des chroniqueurs du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ne les emploie de façon systématique et, dans leurs écrits, ce prince apparaît principalement sous le nom de « Charles de BourgogneModèle:Sfn ».
L'adjonction d'un surnom permanent ne s'impose ainsi que fort lentement :
- au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le Grand dictionnaire historique de Louis Moreri consacre une rubrique à « Charles de Bourgogne, surnommé le Guerrier, le Hardi ou le Téméraire » ;
- au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'historien bénédictin dom Plancher le mentionne encore comme « Charles le Hardi » ;
- au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, à l'époque romantique, le surnom « le Téméraire » s'impose enfin en France et en Belgique.
Ascendance
Charles le Téméraire est un prince bourguignon et du sang royal français, descendant et héritier direct de quatrième génération du roi de France Modèle:Souverain3 et du duché de Bourgogne. Par sa mère, il s'enorgueillissait d'être du sang royal de Portugal, le petit-fils du roi Modèle:Souverain3 (le héros d'Aljubarrota) et le neveu de ses fils, les princes héros de la prise de Ceuta<ref group="N">Avec cette conquête, en 1415, de la ville de Ceuta sur le royaume du Maroc, les chrétiens s'installent, pour la première fois, militairement en Afrique. C'est un des plus grands faits chevaleresques du temps dûment registré par les chroniqueurs européens.</ref>. Enfin, par la mère de sa mère (autrement dit, sa grand-mère maternelle) la reine Philippa de Lancastre, il est de sang Plantagenêt, un descendant du roi Modèle:Souverain3, lui-même petit-fils de Modèle:Souverain3, roi de France.
Mariages et descendance
Charles a contracté trois mariages :
- il épouse le Modèle:Nobr Catherine de France (1428-1446), fille du roi Modèle:Souverain3 (et de Marie d'Anjou) ; au mariage, son épouse a douze ans et lui six ; elle meurt à dix-huit ans ;
- il épouse à Lille, le Modèle:Date, Isabelle de Bourbon (1437-1465), fille du duc Modèle:Souverain3 ; Charles le Téméraire aurait préféré épouser Anne d'York (fille du duc Richard d'York, descendant direct du roi Modèle:Souverain3), mais son père lui a rappelé les termes du traité d'Arras, l'obligeant à épouser une princesse du sang de France ; quoi qu'il en soit, le mariage est heureuxModèle:Sfn et il en naît son seul enfant, la future duchesse Marie de Bourgogne le Modèle:Date ;
- il épouse le 2<ref>Archives départementales du Nord, Alexandre Desplanque, Chrétien César Auguste Dehaisnes, Jules Finot, Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, Nord : Modèle:N° à 3665, Imprimerie de L. Danel, 1895, Modèle:P..</ref> ou Modèle:Date<ref>Henri Pirenne, Histoire de Belgique, BiblioBazaar, LLC, 2008, Modèle:P..</ref> Marguerite d'York (1446-1503) ; elle est la fille du duc Richard d'York (à l'origine de la guerre des Deux-Roses) et la sœur d'Modèle:Souverain2, alors roi d'Angleterre ; le mariage est célébré à Damme<ref>Archives départementales du Nord, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>, l'avant-port de Bruges, par l'évêque de Salisbury ; puis suivent pendant dix jours, à Bruges même, des fêtes fastueuses qui constituent une promotion éclatante de l'État bourguignon.
- Les épouses de Charles le Téméraire
-
Catherine de France
-
Isabelle de Bourbon
-
Marguerite d'York
Père de Marie de Bourgogne, Charles est l'arrière-grand-père de l'empereur romain-germanique et roi d'Espagne Charles Quint (1500-1558), donc l'ancêtre des Habsbourg d'Espagne. En effet, Marie de Bourgogne transmit ses possessions héréditaires Modèle:Incise à la maison des Habsbourg d'Autriche, par son mariage avec le futur empereur romain-germanique Modèle:Souverain2 (1459-1519) ; et leur fils Philippe le Beau (1478-1506) épousa Jeanne d'Aragon, qui enfanta Charles Quint.
Charles le Téméraire aurait laissé des enfants naturels, mais les sources manquent<ref>Patrick Van Kerrebrouck, Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, Les Valois, 1990, Modèle:P..</ref>,<ref group=N>Sirjean laisse entendre l'existence d'une famille de Bourgogne, dont le premier auteur connu, est Jean, originaire de Gray, anobli par René duc de Bar en 1464. Il est toutefois contemporain du Téméraire.</ref>.
Titres
Tous portés de 1467 à 1477, sauf indication contraire.
- Duc de Bourgogne
- Duc de Brabant (et souverain régnant de cet État ou « province »)
- Duc de Lothier (titre honorifique qui va de pair avec celui de duc de Brabant)
- Duc de Limbourg (et souverain régnant de cet État ou « province »)
- Duc de Luxembourg (et souverain régnant de cet État ou « province »)
- Duc de Gueldre (1473-1477) (et souverain régnant de cet État ou « province »)
- Comte de Flandre
- Comte d'Artois
- Comte de Bourgogne palatine (la Franche-Comté<ref group=N>Franche parce que, relevant du Saint-Empire romain germanique, elle est exemptée des taxes ou impôts que tout fief rattaché au royaume de France doit lui acquitter.</ref>) (et souverain régnant de cet État ou « province »)
- Comte de Hainaut (et souverain régnant de cet État ou « province »)
- Comte de Hollande (et souverain régnant de cet État ou « province »)
- Comte de Zélande (et souverain régnant de cet État ou « province »)
- Comte de Namur (et souverain régnant de cet État ou « province »)
- Comte de Vermandois
- Comte de Ponthieu
- Comte de Charolais (1433-1477)
- Comte d'Auxerre
- Comte de Mâcon
- Comte de Boulogne
- Comte de Zutphen (1473-1477) (et souverain régnant de cet État ou « province »)
- Marquis d'Anvers (et son souverain régnant)
Autres États sous influence
- Picardie (essentiellement, les villes de la Somme)
- Principauté de Liège
- Comté de Nevers
- Duché de Clèves
- Comté de Rethel
- Duché de Bouillon
- Évêché d'Utrecht
- Trois-Évêchés (Metz, Toul et Verdun)
- Duché de Bar
- Duché de Lorraine
- Comté de Montbéliard
- Principauté épiscopale de Bâle
- Landgraviat de Haute-Alsace (ancien comté de Sundgau)
- Pays de Brisgau
Dans les arts et la culture
Musique
- Le compositeur italien Giovanni Pacini compose son opéra Modèle:Lien en son honneur<ref>Modèle:Lien web</ref>, dont la première représentation a eu lieu le 21 février 1835 à La Fenice de Venise.
Littérature
- Charles le Téméraire de René Kalisky, (1975), Éd. Jacques Antoine
- Walter Scott, Quentin Durward, 1823.
- Walter Scott, Charles le Téméraire ou Anne de Geierstein, la fille du brouillard, 1829.
- Richard Beer-Hofmann s'est librement inspiré de la mort de Charles pour son drame Der Graf von Charolais (1904), porté plus tard à l'écran (1922).
Filmographie
Charles le Téméraire apparaît dans des productions cinématographiques et télévisuelles historiques ou d'aventures :
- 1924 :
- 1927 : L'Étrange Aventure du vagabond poète d'Alan Crosland avec Lawson Butt.
- 1955 : Les Aventures de Quentin Durward de Richard Thorpe avec Alec Clunes.
- 1956 : Le Roi des vagabonds de Michael Curtiz avec Tom Duggan.
- 1961 : Le Miracle des loups d'André Hunebelle avec Roger Hanin.
- 1971 : Quentin Durward de Jacques Sommet avec William Sabatier.
Notes et références
Notes
Références
Annexes
Sources primaires
Bibliographie
- Académie royale de Belgique, « État bourguignon et Lotharingie », dans Bulletin de la classe des lettres et des sciences morales et politiques, Modèle:5e, Modèle:T., 1955, Modèle:P..
- Modèle:Article.
- John Bartier, Charles le Téméraire, Bruxelles, Charles Dessart, 1944. Réédition revue et augmentée : Éditions Arcade, Bruxelles, 1970, Modèle:Lire en ligne.
- John Bartier, Légistes et gens de finances au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : les conseillers des ducs de Bourgogne Philippe le Bon et Charles le Téméraire, Bruxelles, Palais des Académies, coll. « Classe des lettres et des sciences morales et politiques. Mémoires », Modèle:N°50, 2, Modèle:Lire en ligne.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Karl Bittmann, Modèle:Souverain-. und Karl der Kühne, vol. 1, die Memoiren des Philippe de Commynes als historische Quelle, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, coll. « Veröffentlichungen des Max-Planck-Instituts für Geschichte », Modèle:N°9, 1, 1964, 632 p., présentation en ligne.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Karl Bittmann, Modèle:Souverain-. und Karl der Kühne, vol. 1, die Memoiren des Philippe de Commynes als historische Quelle, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, coll. « Veröffentlichungen des Max-Planck-Instituts für Geschichte », Modèle:N°9, 2, 1970, 891 p.
- Paul Bonenfant et Jean Stengers, « Le rôle de Charles le Téméraire dans le gouvernement de l'État bourguignon en 1465-1467 », Annales de Bourgogne, Modèle:T., 1953, Modèle:P..
- Modèle:Ouvrage, Modèle:Lire en ligne.
- Paul Bonenfant, « La persistance des souvenirs lotharingiens », Bulletin de l'Institut Historique Belge de Rome, Modèle:Nobr rom, 1952, Modèle:P..
- Paul Bonenfant, « Les projets d'érection des Pays-Bas en royaume du {{#switch: e
| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: au|-| – | au }}Modèle:S mini- siècle
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}} », Revue de l'Université de Bruxelles, Modèle:Nobr rom, 1935-1936, Modèle:P..
- Modèle:Ouvrage.
- Charles Brusten, « Les campagnes liégeoises de Charles le Téméraire », dans Liège et Bourgogne, Actes du colloque tenu à Liège les 28, 29 et 30 octobre 1968, Liège, Université de Liège, 1972, p. 81-99.
- Charles Brusten, « Charles le Téméraire et le camp de Lausanne, mars-mai 1476 », Publication du Centre européen d’études burgundo-médianes, Modèle:N°14, 1972, p. 71-81.
- Modèle:Article.
- Joseph Calmette, Les Grands Ducs de Bourgogne, Paris, Albin Michel, 1949 (et 1994).
- Modèle:Ouvrage, Modèle:Lire en ligne.
- Modèle:Ouvrage, Modèle:Lire en ligne.
- Modèle:Chapitre.
- Chaume (Abbé), « Le sentiment national bourguignon de Gondebaud à Charles le Téméraire », Mémoires de l'Académie de Dijon, 1922, Modèle:P..
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article.
- Modèle:Chapitre.
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- Modèle:Ouvrage, Modèle:Lire en ligne.
- Modèle:Ouvrage.
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- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
Articles connexes
- Histoire de la Bourgogne
- Maison de Valois-Bourgogne
- État bourguignon
- Guerres de Bourgogne
- Duché de Bourgogne
- Liste des ducs de Bourgogne
Liens externes
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