YHWH

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Modèle:Confusion

Fichier:Tetragrammaton scripts.svg
Le Tétragramme en phénicien, en araméen ancien et en hébreu carré.
Fichier:Jewish Pendant.jpg
Pendentif en argent avec l'inscription “YHWH” et "Schaddai" (fin du Modèle:S mini). Musée juif de Suisse.

יהוה est le Tétragramme (Modèle:Lang-grc, Modèle:Cita), le théonyme du Dieu d’Israël, composé des lettres yōḏ (Modèle:Lang), (Modèle:Lang), wāw (Modèle:Lang), (Modèle:Lang), et retranscrit YHWH en français.

Apparaissant à un grand nombre de reprises dans la Bible hébraïque et peut-être dérivé des racines sémitiques hwy (« souffler », « tomber ») ou hyh (« être », « devenir »), le Tétragramme est présenté dans le judaïsme comme le « nom propre » de Dieu. Considéré, par cette religion, d’une sainteté suprême, il est déclaré ineffable par interprétation du troisième commandement du Décalogue qui stipule de ne pas le « prononcer en vain » ou « à tort ».

La prohibition énoncée dans le Décalogue de nommer YHWH, avec celle de le représenter, contribue au progressif effacement textuel du nom propre de Dieu et à son remplacement par de simples noms communs qui s'y substituent dans les prières ou la lecture de la Torah, comme Adonaï (Modèle:Lang-he « mon Seigneur »), HaElohim ( Modèle:Langue « le Dieu ») ou HaShem (Modèle:Langue « le Nom ») dans un contexte profane.

Certaines traductions chrétiennes de la Bible l’ont parfois transcrit par « Yahvé », « Yahweh », « Jéhovah » ou « Jéhova ». Depuis la Bible d'Olivétan, parue en 1535, la plupart des traductions protestantes retiennent le terme « l'Éternel ». Certaines traductions catholiques de la Bible utilisent des vocalisations telles que « Yawheh » ou « Yahvé » ; depuis 2001, l’Église catholique préconise de ne plus utiliser de vocalisation mais d’employer dans les langues vernaculaires un mot équivalent au latin Dominus, soit en français « le Seigneur ».

Dans la Bible

Les quatre consonnes

Fichier:YHWH on Mesha Stele.jpg
Le Tétragramme sur la stèle de Mesha (Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle), musée du Louvre.

Dans la Bible hébraïque, le tétragramme YHWH est le seul de tous les noms attribués au dieu d'Israël qui soit présenté comme son nom propreModèle:Sfn.

Ses origines ne sont pas clairement établies et restent l'objet de débatsModèle:Sfn. Les quatre consonnes du tétragramme sont régulièrement associées à la racine sémitique hwy qui peut signifier « tomber », « désirer » ou encore « souffler », ce qui a permis de l'associer à l'image d'un oiseau de proie<ref>Par exemple Modèle:BFR, cité par Modèle:Harvsp.</ref> ou encore à un dieu d'orage tel qu'il est souvent décrit dans le texte biblique<ref>Par exemple Modèle:BFR, cité par Modèle:Harvsp.</ref>. Pour certains chercheurs, le tétragramme correspondrait plutôt à une flexion verbale atypique à la forme causative de l'imparfait hébreu de la racine trilittère hyh (en hébreu : Modèle:Lang) signifiant « être », « devenir », « arriver »…<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Shmuel Bolozky, Modèle:Lang, Modèle:P..</ref> dans le sens de « donner la vie » ou « créer »Modèle:Sfn. L'origine géographique du nom n'est pas plus tranchée même si plusieurs passages peuvent laisser penser que cette origine serait à situer dans la péninsule du Sinaï<ref>Par exemple Modèle:BFR, Modèle:BFR, Modèle:BFR, cités par Modèle:Harvsp</ref> où des traces épigraphiques<ref>Notamment sur le site archéologique de Kuntillet Ajrud, daté du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle; cf.Modèle:Harvsp.</ref> citent un « YWHH de Samarie » ou encore « de Teman »Modèle:Sfn.

Confrontés à l'opacité du nom, les commentateurs ont dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification sièclecherché à l'éclairer à la lumière du récit de l'Exode, ce dont témoigne l'épisode du Buisson ardent qui décrit une multiplicité de noms utilisés pour le dieu unique<ref>Modèle:BFR, Modèle:BFR.</ref> dans une glose savante valorisant le sens du nom le plus important, YHWHModèle:Sfn. Le passage explicite la signification du tétragramme par une phrase composée d'un double verbe au futur : « Je serai qui je serai » (ehyeh asher ehyeh)Modèle:Sfn. Cette interprétation originale explique ainsi YHWY comme une forme au futur du verbe hyh à la troisième personne du singulier (« il sera ») — bien que quand Dieu prononce lui-même son nom, c'est à la première personne (« je serai ») — opérant clairement un choix herméneutique car, sur le plan grammatical, la forme correcte du futur devrait être YHYHModèle:Sfn. Dans la mesure où c'est le Dieu de l'Exil en Égypte qui s'adresse à Moïse en se définissant par un double futur, c'est ainsi à la fois le passé, le présent et l'avenir qui sont rassemblés dans le tétragramme, réunissant les trois dimensions de l'histoire dans les quatre consonnesModèle:Sfn.

La plus ancienne mention épigraphique connue du Tétragramme est un nom théophore, c'est-à-dire « portant [le nom de] Dieu », daté de [[-820|820 Modèle:Av JC]] sur la stèle de Tel Dan. Une inscription plus explicite, datée de [[-810|810 Modèle:Av JC]], a été trouvée sur la stèle de Mesha<ref name="ALYahwismeClio">André Lemaire, « Le yahwisme ancien », 2001.</ref>,<ref>André Lemaire, Naissance du monothéisme : point de vue d'un historien, Bayard, 2003, Modèle:P..</ref>.

Selon la Modèle:Lang (1906), le Tétragramme apparaît Modèle:Nombre dans le Tanakh. Ces occurrences se répartissent ainsi : 1 419 dans la Torah<ref>Soit 153 occurrences dans le Livre de la Genèse, 364 dans le Livre de l'Exode, 285 dans le Lévitique, 387 dans le Livre des Nombres, 330 dans le Deutéronome.</ref>, 2 696 dans les Prophètes (Nevi'im) et 1 295 dans les Écrits (Ketouvim)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Article « Tetragrammaton » in Modèle:Lang, 1906.</ref>. Pour Douglas Knight (2011)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Douglas Knight, Modèle:Lang, New York, HarperOne, 2011.</ref>, le Tétragramme est écrit 6 828 fois dans les éditions de Kittel et de Stuttgart. Le dictionnaire BDB indique quant à lui un total de Modèle:Nombre. La première occurrence explicite du nom à quatre lettres se trouve en Genèse au chapitre 2.

Interdit de prononciation dans le judaïsme

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Feuille d'argent (Modèle:C. 600 AEC) comportant la bénédiction sacerdotale (Modèle:Nobr) : « Que YHWH te bénisse et te garde. »

Les Juifs s’imposent une interdiction de prononcer le Tétragramme en se fondant sur une interprétation du troisième Commandement du Décalogue : « Tu ne prononceras pas à tort le nom du Seigneur, ton Dieu » (Ex 20:7), commandement étroitement lié au précédent (Ex 20,4-5) qui est lui-même à l'origine de la prohibition de représenter le dieu bibliqueModèle:Sfn. Cependant, les textes ne présentent que des interdictions relatives et concernant l'interdiction de ne pas prononcer le nom divin en vain ou à tortModèle:Sfn, il s'agit plutôt à l'origine de prévenir des faux serments<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Ainsi qu'en attestent des découvertes archéologiques, numismatiques épigraphiques...<ref>Modèle:Ouvrage</ref> YHWH a d'ailleurs été régulièrement représenté et son nom de YHWH prononcé et repris par exemple dans certains prénoms juifs à l'instar d'« Isaïe » qui se prononce « Yéshayahou » pour « Yahou sauve », Yahou (HYW) étant une déclinaison de YHWHModèle:Sfn. Il n'en demeure pas moins que la double prohibition de représenter et nommer YHWH est centrale pour le judaïsmeModèle:Sfn et la tradition biblique atteste du progressif effacement du nom propre de Dieu et de son remplacement par de simples nom communs qui se substituent au tétragrammeModèle:Sfn, tel Adonaï (Modèle:Lang) « mon Seigneur »Modèle:Sfn. L'usage du tétragramme tombe ainsi en désuétude, sa prononciation semble cesser dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Ouvrage</ref> et les manuscrits bibliques des Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle après se montrent réticents à son usage au point qu'il est pratiquement absent de la Septante qui, rédigée en grec, lui préfère les termes « Dieu » (Théos) et « Seigneur » (Kyrios)Modèle:Sfn ; ainsi, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle de l'ère commune, avant la chute du Temple en 70, il n'est plus guère prononcé que par le Grand prêtre à l'occasion du yom kippourModèle:Sfn.

Néanmoins, les quatre lettres du tétragramme figurent bel et bien dans les écrits hébraïques mais sont remplacées à la lecture par « Adonaï »Modèle:Sfn, qui devient, suivant la formule d'Emmanuel Levinas — qu'il fonde sur l'usage courant chez les juifs d'appeler Dieu HaShem (« le Nom ») —, « le nom du Nom »Modèle:Sfn. Le lecteur est ainsi invité à différencier ce que voit l'œil de ce que dit la bouche, ce que le Pessahim (50a) souligne ainsi : « Le Saint, bénit soit-il, a dit : “Ce n'est pas comme je suis écrit que je suis invoqué : je suis écrit Yod He (abréviation de YHWH) je suis invoqué Aleph Dalet (abréviation d'Adonaï)” »Modèle:Sfn.

Lorsque le Tétragramme est inscrit dans les Écritures hébraïques, d’autres mots lui sont substitués à l’oral, le plus souvent Adonaï (Modèle:Lang, « mon Seigneur ») mais occasionnellement Eloha ou son pluriel Elohim (« Tout Puissant »)<ref name=":2">Modèle:Ouvrage</ref>. Cette substitution explique les points-voyelles utilisés dans plusieurs transcriptions du Pentateuque selon qu'il faut lire Adonaï ou Elohim. En dehors des services religieux, les juifs religieux euphémisent Adonaï par Adoshem (« le Nom du Maître »), HaShem (« le Nom », Modèle:Cf. Modèle:Nobr) ou, plus rarement HaMakom (« le Lieu »)<ref name=":2" />. Par ailleurs, le h de Eloha/Elohim peut être remplacé par un k ou un q (« Elok/qim ») dans les conversations laïques<ref name=":2" />. Enfin, lors des bénédictions à la synagogue ou à la table familiale, les participants saluent la prononciation d’« Adonaï » par la formule Modèle:Citation étrangère (Modèle:Citation). Le Nom s'écrit au moyen des consonnes, qui sont fixes selon le procédé nommé « Quetiv Quéré »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Les hébraïsants s’appuient, entre autres, sur les noms théophores et sur les chapitres du Pentateuque contenant le Tétragramme et sur un passage couramment appelé « Le songe d’Isaïe » dont la prosodie et les assonances en « O » et « OU » suggèrent une prononciation d'un Nom de substitution phonologiquement voisin, usité à l’époque de la rédaction du texte, avant l’interdiction comme le signalent nombre de nom théophores composés avec le Tétragramme généralement considéré comme l’un des plus anciens du corpus biblique, rédigé vers le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avant l’ère commune<ref>Thomas Römer Modèle:Et al., Introduction à l’Ancien Testament, Labor et Fides.</ref>.

Prononciations dans le christianisme

Fichier:Hastveda altardel.jpg
Le Tétragramme dans une sacristie, en Suède.

Église ancienne

L’interdiction de prononcer le nom propre de Dieu ne concerne pas seulement les juifs mais aussi les premiers chrétiens, qui n’ont peut-être jamais connu sa prononciation. Dans la liturgie chrétienne et dans les copies tardives de la Septante et ensuite dans la Vulgate, le Tétragramme est remplacé par les mots Modèle:Lang (Modèle:Lang en grec), et Modèle:Lang (en latin) « Seigneur ». Toutefois, dans son Modèle:Lang, préface aux livres de Samuel et des Rois, Jérôme de Stridon dit avoir rencontré le Nom en caractères archaïques dans des rouleaux grecs. Jérôme évoque aussi des Grecs ignorants qui ont entrepris de transcrire le nom divin<ref>Épître 25, citée dans la Modèle:Lang (1909), article « Jehovah ». Dans le même article, l'encyclopédie donne quelques exemples de transcriptions, qu'elles soient grecques ou non : Diodore de Sicile (Jao), Irénée de Lyon (Jaoth), les disciples de Valentin (Jao), Clément d'Alexandrie (Jaou), Origène (Jao), les samaritains (Jabe), Jacques d'Édesse (Jehjeh)…</ref> tandis que lui-même le restitue par le latin par Dominus mais aussi par la transcription Adonai<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Moyen Âge et Renaissance

La translittération en « Jéhovah » date de la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle : elle est due au disputateur catalan Raimond Martin, dans son ouvrage Pugio Fidei<ref>Modèle:Lang (en caractères hébreux) Modèle:Lang Modèle:Lang, Modèle:III.2.3., commentaire du Livre des Rois, écrit vers 1270.</ref>, « certains chrétiens qui lisaient la Bible dans sa version originale ont lu YHWH en lui appliquant la vocalisation du terme Adonaï, c’est-à-dire en intercalant ses trois voyelles « ĕ »<ref>le ḥaṭef pataḥ « ă » vocalisant le aleph de ădōnāï est rendu par un shewa « ĕ » lorsqu'il vocalise le yod de YHWH.</ref>, « ō » et « ā », et obtenu ainsi le nom Jéhovah »<ref>Geoffrey Wigoder (dir.), Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, Cerf-Laffont, Modèle:Coll., 1996, article « Dieu, Noms de ». Selon Robert Henry James, « la mauvaise prononciation 'Jehovah' a été introduite par un érudit du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Petrus Galatinus, dans son livre Modèle:Lang, 1518 » (Modèle:Lang, 1899, Modèle:P.).</ref>. Cette hypothèse refait surface dans l'ésotérisme de la Renaissance, lorsque Johannes Reuchlin émet une théorie sur le rapport entre le Tétragramme et le nom de Jésus. Dans son Modèle:Lang, il affirme que le nom de Jésus, retranscrit vers l'hébreu, donne le pentagramme YHSVH ou IHSUH, les quatre lettres du Tétragramme YHVH ou IHUH, au cœur duquel il en a inséré une cinquième, le Sh : Modèle:Lang (shin). Selon cette hypothèse, cette consonne supplémentaire rendrait le nom prononçable. Celui-ci se lirait alors Yehoshuah, c'est-à-dire Jésus<ref>Modèle:Cf. Johannes Reuchlin, Modèle:Lang (Du verbe admirable) (1494), in Sämtliche Werke, Modèle:T., Stuttgart-Bad Cannstatt : Frommann-Holzboog, 1996, Modèle:XV-445Modèle:Nb p., in François Secret, Les Kabbalistes chrétiens de la Renaissance, Dunod, Paris, 1964, rééd. Arma Artis, 1985, Modèle:P..</ref>. Cette théorie n'est pas retenue par les spécialistes de la langue hébraïque. Martin Luther, lui-même traducteur de la Bible, l'avait déjà disqualifiée en expliquant que la prétendue similitude entre Jéhovah et Jéhoshuah aurait nécessité non seulement l'ajout d'une consonne (le shin) à Jéhovah mais aussi la suppression d'une autre (le ayin de Jéhoshuah<ref>Martin Luther, Études sur les Psaumes, Modèle:Éd. Georges Laguarrigue, Labor et Fides, 2001, Modèle:P..</ref>).

Fichier:Tetragrammaton at 5th Chapel of the Palace of Versailles France.jpg
Le Tétragramme, dans la Chapelle royale de Versailles, est présent à deux endroits dans des triangles équilatéraux : sur la porte du tabernacle et au-dessus.

Époque contemporaine

Le mot « Jéhovah », d’apparence scientifique, est réfutée sur les plans historique et théologique. Pour André-Marie Gerard<ref>Dictionnaire de la Bible, Robert Laffont, Modèle:Coll., 1989, article « Noms de Dieu ».</ref>, cette version « n’appartient à aucune langue… si ce n’est celle de Racine et de Victor Hugo ! » Longtemps tombée dans l’oubli, la transcription « Jéhovah » est abandonnée au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle par les spécialistes après les travaux du linguiste allemand Wilhelm Gesenius, qui la remplace par la transcription « Yahweh ».

Position catholique

À la suite de Wilhelm Gesenius, le catholicisme a utilisé de préférence la transcription Yahweh (ou « Yahvé » par francisation) durant tout le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Cette forme a été appliquée dans les éditions de la Bible comme Bible de Jérusalem, La Bible des Peuples (qui utilisent « Yahvé »)<ref>Modèle:Lien web</ref> et la Bible Crampon (qui utilise « Yawheh »)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Le philologue André Lemaire a pu remarquer en 2001 : « On hésite généralement aujourd'hui entre deux vocalisations : Yahwoh et Yahwéh. Avec la plupart des traductions, nous adopterons ici la vocalisation conventionnelle Yahwéh »<ref name="ALYahwismeClio" />.

En 2001, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements préconise dans un document concernant les traditions liturgiques intitulé Liturgiam Authenticam que « le nom de Dieu tout-puissant exprimé en hébreu dans le tétragramme et traduit en latin par le mot Dominus » soit désormais rendu dans les langues vernaculaires par un mot équivalent<ref name="directive Vatican">Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements - De l'usage des langues vernaculaires dans l'édition des livres de la liturgie romaine (Rome 2001), Cinquième instruction « pour la correcte application de la Constitution sur la sainte liturgie » (2001) sur le site du Vatican.</ref>,<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>.

En 2008, dans une directive sur le « Nom de Dieu » publiée dans sa revue Modèle:Lien<ref name=":1">Modèle:Article</ref>, la même Congrégation demande aux conférences épiscopales que la transcription « Yahvé » disparaisse de la liturgie par respect de l'usage de la communauté juive<ref name=":0" /> ; enfin, en octobre 2008 un Synode des évêques sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l'Église, évoquant à la fois « le respect pour le Nom de Dieu, (...) la Tradition de l’Église, (...) le peuple Juif et (...) des raisons philologiques » demande aux catholiques de ne plus prononcer le nom de Dieu en disant « Yavhé » et de lui substituer l'expression équivalent à Dominus, qui se traduit en français par « le Seigneur »<ref name=":1" />. En 2011, dans son livre Jésus de Nazareth, le pape Benoît XVI adopte cet usage en transcrivant le tétragramme sans vocalisation<ref name=":0" />.

Traductions protestantes de la Bible

La plupart des Bibles protestantes francophones rendent le Tétragramme par « l’Éternel », à la suite de Pierre Robert Olivétan (1509-1538), cousin de Jean Calvin, qui fut le premier à traduire la Bible en français à partir des textes originaux hébreux, araméens et grecs. Le raisonnement d'Olivétan a été de rattacher le tétragramme à la racine du verbe « être » (hébreu HWH, devenu HYH), verbe qui est utilisé pour présenter Dieu dans de nombreux passages de la Bible dont le plus connu est le récit de la révélation de Dieu à Moïse auprès du buisson ardent et son « je suis celui qui suis »<ref name="BO1">"Désirant montrer la vraie propriété et signification de ce mot YHWH (...) je l'ai exprimé selon son origine, au plus près qu'il m'a été possible par le mot Éternel. Car YHVH vient de HWH qui veut dire «est». Or, il n'y a que lui qui soit vraiment et qui fasse être toute chose (...) De le nommer comme les Juifs Adonaï c'est-à-dire Seigneur, ce n'est pas remplir et satisfaire à la signification et majesté du mot. Car Adonaï en l’Écriture est communicable, étant aux hommes comme à Dieu. Mais Yahvé est incommunicable, ne se pouvant approprier et attribuer, sinon qu'à Dieu seul selon son essence." Extrait de la préface de la Bible d'Olivétan, cité par Modèle:Lien web.</ref>. Cette « trouvaille » d'Olivétan, ainsi que l'ont surnommée certains commentateurs, est une traduction dynamique qui reflète le sens profond d'un terme hébreu que plusieurs textes de l'Ancien et du Nouveau Testament interprètent de manière convergente<ref>Voir notamment Modèle:Réf Bible, Modèle:Réf Bible, Modèle:Réf Bible, Modèle:Réf Bible, etc. Modèle:Réf Bible, Modèle:Réf Bible, Modèle:Réf Bible, Modèle:Réf Bible, Modèle:Réf Bible, etc., cité par Modèle:Lien web.</ref>. La Bible d'Olivétan, dite « version Olivétan-Synodale », restera le texte de référence dans le protestantisme francophone jusqu'à la parution des Bibles de David Martin (1707), Jean Ostervald (1744), et Louis Segond (1880 et 1910) qui toutes reprennent la « trouvaille d'Olivétan »<ref name="BO1" />.

Traductions œcuméniques de la Bible

Dans la Traduction œcuménique de la Bible (TOB), qui combine l’effort de spécialistes principalement catholiques et protestants, mais aussi orthodoxes (en particulier pour l’Ancien Testament), le Tétragramme est traduit par « le SEIGNEUR », en lettres majuscules.

Le verbe « être »

Modèle:Article détaillé

La révélation du Buisson ardent

Fichier:YHWH on Lakis Letters (no. 2).jpg
Le Tétragramme sur l'un des ostraca de Lakish.

L’explication du Tétragramme est fournie par la Bible en Ex 3:13-14 lors de l'épisode du Buisson ardent, lorsque Moïse demande à Dieu de se nommer. La réponse est donnée en deux temps. Tout d'abord, Dieu répond : « Modèle:Lang », jeu de mots théologique pour lequel il existe plusieurs traductions mais qui contient deux fois le verbe « être ». Puis, devant l'insistance de Moïse, Dieu prononce lui-même le Tétragramme : « YHWH », qui provient du même verbe « être »<ref name="Römer">Thomas Römer, Du nom divin à l'attaque de Moïse. Préparations du récit des plaies, Chaire des Milieux bibliques du Collège de France, 27 mars 2014, Modèle:Heure.</ref>.

Le récit biblique est traduit en ces termes par la Bible de Jérusalem :

[13] « Moïse dit à Dieu : "Voici, je vais trouver les Israélites et je leur dis : “Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous.” Mais s’ils me disent : “Quel est son nom ?”, que leur dirai-je ?" [14] Dieu dit à Moïse : "Je suis celui qui est [Modèle:Lang Modèle:Lang]". Et il dit : "Voici ce que tu diras aux Israélites : Je suis m’a envoyé vers vous." »

C'est au verset suivant (Modèle:Nobr) que Dieu prononce le Tétragramme devant Moïse<ref>Modèle:Réf Bible dans la Bible Segond, Exode 3:15 dans la Bible du Rabbinat.</ref>.

Selon la tradition juive, il s'agit plutôt d'un refus de révélation, dans une conception apophatique. Ce passage biblique prépare le tabou du nom tout en « spéculant » dessus<ref name="Römer"/>.

Approche philosophique

Fichier:The divine name f 58.jpg
Enluminure en forme de feuille avec à l'intérieur trois yod, eux-mêmes stylisés en forme de feuille et utilisés comme contraction du nom de Dieu (Modèle:S mini)

L’expression Modèle:Lang peut être rendue en français par Je suis celui qui est, ou par Je suis celui qui suis (dans la traduction due à Louis Segond, qui traduit aussi par l'Éternel<ref name="BO1" />) ou encore par Je suis qui je serai dans la TOB<ref>Traduction œcuménique de la Bible Modèle:Lien archive, avec l'intégralité des introductions et notes, site des Modèle:Éd. du Cerf.</ref>. La Bible du Rabbinat traduit par Être invariable<ref>Bible du Rabbinat.</ref>, ce que regrette Henri Meschonnic<ref>Henri Meschonnic, Gloires, Desclée de Brouwer, Paris, 2001.</ref>, qui y détecte une contamination du « Theos » grec de la Septante.

L'emploi répétitif du verbe « être » dans cette formule et sa réapparition dans le Tétragramme, ainsi que la diversité des traductions qui en découlent, ne vont pas sans « aimanter » la philosophie elle-même selon Xavier Tilliette<ref name="XTPLB77">Xavier Tilliette, Les philosophes lisent la Bible, Cerf, 2001, Modèle:Nobr, « Le Buisson ardent », Modèle:P..</ref>. Le Modèle:Lang peut être perçu comme « l'étonnante déclaration d'où procède le Nom par excellence, le Nom imprononçable »<ref name="XTPLB77"/>. C'est ici, dans la révélation sur le mont Horeb, que le Dieu d'Abraham rejoint le Dieu des philosophes.

La question de Ex 3:14 se pose depuis le christianisme médiéval jusqu'à la « métaphysique de l'Exode » étudiée par Étienne Gilson et à la « souveraine liberté » divine définie par Luigi Pareyson.

Le thomisme perçoit dans le Modèle:Lang une expression de l'« acte d'être » et traduit par Je suis Celui qui est, ce qui infléchit la formule vers l'ontologie<ref name="XTPLB77"/>. Étienne Gilson, faisant sienne cette traduction, écrit : « Il n'y a qu'un seul Dieu, et ce Dieu est l'Être, telle est la pierre d'angle de toute la philosophie chrétienne, et ce n'est pas Platon, pas même Aristote, mais c'est Moïse qui l'a posée »<ref>Commentaires philosophiques de l'Être, Vrin, 1983, Modèle:P.. Cité par Xavier Tilliette, Les philosophes lisent la Bible, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. À l'inverse, Ernst Bloch, favorable à la traduction Je suis Celui qui sera, propose la vision « utopique » d'une sorte de « Dieu-Exode » cheminant sans cesse, en perpétuel devenir, « coextensif à l'humanité »<ref name="XTPLB77"/>.

Traditions et œuvres liées au Tétragramme

Selon la gematria, la valeur du Tétragramme est 26Modèle:Sfn : 10 (yōḏ) + 5 (hē) + 6 (wāw) + 5 (hē) = 26.

La supputation d’une prononciation exacte du Tétragramme et de ses effets de puissance, voire de ses effets « magiques », a beaucoup alimenté la production littéraire. Le mythe du Golem créé par le Maharal de Prague en est une des nombreuses variantes, popularisée à l’époque moderne par le roman de Gustav Meyrink, Le Golem.

L’Adversaire, roman policier d’Ellery Queen, offre la « lecture » de quatre crimes sur le modèle de la « lecture » du Tétragramme. Dans un registre comparable, « La mort et la boussole », nouvelle de Jorge Luis Borges dans le recueil Fictions, met en scène une série de meurtres conçus en fonction du Tétragramme et ponctués par « La première lettre du Nom a été articulée », « La deuxième lettre du Nom a été articulée »… Chacune des lettres du Tétragramme est assimilée à l'un des quatre points cardinaux. L'Aleph, du même auteur, reprend indirectement les thématiques de la « puissance » du nom divin.

Modèle:Lien est une chanson R&B de James Ingram et Michael McDonald. Elle a été écrite par Ingram, McDonald, Rod Temperton et produit par Quincy Jones. Selon Michael McDonald, le titre original était Modèle:Lang.

Notes et références

Modèle:Références

Bibliographie

Recherche

Essais

Textes anciens

Voir aussi

Articles connexes

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Liens externes

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