Paul Doumer

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}
Révision datée du 24 septembre 2023 à 17:11 par >Antoine2033
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Modèle:En-tête label

  1. redirect Modèle:Voir homonymes

Modèle:Infobox Personnalité politique

Joseph Athanase Doumer, dit Paul Doumer, né le Modèle:Date de naissance à Aurillac (Cantal) et assassiné le Modèle:Date de décès à Paris, est un homme d'État français. Il est président de la République du Modèle:Date- à sa mort.

Issu d'un milieu modeste, il travaille [[Travail des enfants|dès l'âge de Modèle:Nobr]], comme coursier puis ouvrier graveur. En parallèle, il obtient une licence en mathématiques et devient enseignant. Il est également journaliste dans l'Aisne et à Paris.

Entré en politique comme radical, il s'éloigne de la gauche à partir de la fin des Modèle:Nobr. Il est plusieurs fois élu député entre 1888 et 1910, alternativement pour l'Aisne et l'Yonne.

Partisan de l'Empire colonial français, il occupe de 1897 à 1902 la fonction de gouverneur général de l'Indochine française Modèle:Incise.

Entre 1895 et 1926, il est ministre des Finances à trois reprises. À ce titre, il porte en 1896 un projet de loi visant à instaurer l'impôt sur le revenu, qui se heurte à l'opposition du Sénat, et cherche invariablement à atteindre l'équilibre budgétaire. Élu président de la Chambre des députés en 1905, il se présente sans succès à l'élection présidentielle de l’année suivante face à Armand Fallières. Battu aux élections législatives de 1910, il se consacre au monde des affaires.

Lors de la Grande Guerre, qui coûte la vie à quatre de ses cinq fils, il dirige le cabinet civil du gouvernement militaire de Paris, puis est nommé ministre d'État et membre du comité de guerre. Ministre des Finances après la victoire de 1918, il adopte une attitude intransigeante sur les réparations de guerre dues par l'Allemagne. Sénateur de la Corse à partir de 1912, il est un temps président de la commission des Finances et devient président du Sénat Modèle:Nobr.

Modèle:Nobr, se présentant une nouvelle fois à la présidence de la République, il devance au premier tour le républicain-socialiste et pacifiste Aristide Briand puis l’emporte face à Pierre Marraud, grâce notamment au soutien du centre et de la droite. En tant que chef de l'État, Paul Doumer se montre partisan d'un renforcement de la puissance militaire française, appelle à l'unité nationale et critique l'attitude partisane des partis politiques.

Moins d'un an après le début de son septennat, alors qu'il inaugure un salon d'écrivains anciens combattants, il est assassiné au moyen d’une arme à feu par Paul Gorgulov, un immigré russe aux motivations confuses, qui sera exécuté par la suite.

Modèle:Sommaire

Situation personnelle

Origines modestes et incertaines

Photo en noir et blanc de maisons d’apparence modeste bordant une rivière
 siècle }} }}).

Joseph Athanase Doumer naît le Modèle:Date de naissance- à Aurillac, dans le département du CantalModèle:Note,<ref name="Acte naissance">Modèle:Lien web.</ref>. Au début de sa carrière, il optera pour le prénom de son grand-père paternel, Paul, en raison de sa consonance plus républicaine que ses prénoms d’état civil<ref name="Lorin 16" />,<ref name="Pellier">Modèle:Ouvrage.</ref>. Il est baptisé le jour même de sa naissance en l'église catholique Notre-Dame-aux-Neiges d'Aurillac et a deux sœurs aînées : Renée (née en 1854) et Thérèse (née en 1855)<ref name="Lorin 16">Modèle:Harvsp.</ref>.

S'il est admis que ses parents sont de condition très modeste, les origines et premières années du futur président de la République sont longtemps restées très incertaines. Son acte de naissance indique qu'il est le fils de Jean Doumer, Modèle:Citation, et de Victorine David, Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le couple ne s’est probablement jamais marié, Victorine David ayant précédemment épousé Modèle:Incise un homme qui l'aurait abandonnée et dont elle n'aurait pas divorcé<ref name="Maitron Miel">Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Au début du {{#ifeq:siècle | s | Modèle:Siècle | XXIe{{#if:siècle| siècle }} }}, des recherches menées par Jean-Michel Miel et la généalogiste Béatrice Rousseau indiquent que le père de Paul Doumer est en réalité Jean Doumerg, né en 1821 à Camburat (Lot). Celui-ci travaille comme agent voyer à Castelnau-Montratier jusqu'à sa démission en 1854, puis s’associe à des entrepreneurs dans le secteur des travaux de chemins vicinaux dans le même département.

Contrairement à ce qui est traditionnellement rapporté, le père ne serait pas mort prématurément mais il aurait abandonné sa famille, conduisant Victorine David à déménager en région parisienne avec ses trois jeunes enfants<ref name="Maitron Miel" />. Pour assurer leur survie, celle-ci aurait dès lors travaillé comme femme de ménage et couturière<ref name="Bio Sénat">Modèle:Lien web</ref>.

Ce Jean Doumerg quitte en 1858 le secteur des chemins vicinaux pour aller vivre à Paris comme métreur. En 1873, il est condamné par contumace pour avoir pris part à la Commune de Paris. Revenu dans la capitale après l'amnistie de 1880, il meurt dans le Modèle:17e en 1893. Selon Jean-Michel Miel, Paul Doumer aurait entrepris à l’âge de Modèle:Unité des recherches sur son ascendance et aurait été convaincu par cette thèse ; pendant son parcours politique, il aurait volontairement entretenu le flou sur ses origines familiales, de crainte qu’être vu comme le fils d'un communard ne nuise à sa carrière<ref name="Maitron Miel" />.

Longtemps, la principale hypothèse qui circulait était que le père de Paul Doumer exerçait comme employé itinérant des chemins de fer d'Orléans avant de quitter Aurillac avec sa famille en Modèle:Date- pour s'installer dans la commune de MontmartreModèle:Note puis de mourir le mois suivant, peut-être des suites d’un accident du travail<ref name="Lorin 16" />,<ref name="Maitron Miel" />,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Formation et ascension sociale

Photo d'une plaque gravée apposée sur un mur
Plaque commémorative apposée au collège Roland-Dorgelès (Modèle:Arrondissement).

Paul Doumer est scolarisé à l'école primaire de garçons de la rue Ramey, située dans l'actuel [[18e arrondissement de Paris|Modèle:18e de Paris]]. Il ne bénéficie pas d'une bourse d'études, seules quelque Modèle:Unité y ayant alors droit. Modèle:Refsou, il obtient son certificat d'études primaires (CEP) en 1870<ref name="Pellier" />,<ref>Modèle:Article.</ref>.

À ses douze ans, en raison de la situation financière de sa famille, il doit abandonner ses études pour entrer en apprentissage ; il est alors un des rares adolescents français à bénéficier de ce type de contrat<ref name="Lorin 16" />. Durant six années, il est apprenti en tant que coursier, puis comme ouvrier graveur dans une fabrique parisienne de médailles<ref name="Lorin 16" />.

En parallèle, il poursuit des études gratuites en formation continue au Conservatoire national des arts et métiers<ref name="an">Modèle:Lien web.</ref>. Il s'intéresse notamment aux mathématiques, à la chimie, au latin et au grec<ref name="Lorin 24">Modèle:Harvsp.</ref>. En 1876, il obtient un baccalauréat ès sciences avec félicitations<ref name="Origines Transindochinois">Modèle:Article.</ref>.

À vingt ans, dispensé de service militaire du fait de son statut d'orphelin, Paul Doumer est nommé professeur de mathématiques au collège de Mende (Lozère)<ref name="an"/>. En 1878, il obtient une licence ès mathématiques, condition posée par le père de Blanche Richel, Clément Richel, pour qu'il puisse épouser cette dernière<ref name="Bio Sénat" />,Modèle:Note À partir de 1879, afin d'avoir une rémunération plus importante, il enseigne au collège de Remiremont, dans les Vosges<ref name="Fonds Doumer">Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. Il devient en 1880 secrétaire de la fédération vosgienne de la Ligue de l'enseignement, qui prône le développement de l'instruction pour assurer le renforcement de la Troisième République<ref name="Fonds Doumer" /> ; à ce titre, il organise des conférences sur l'histoire et les valeurs républicaines<ref name="Lorin 24" />. Il quitte l'enseignement en Modèle:Date- en invoquant des problèmes de santé mais étant en réalité vexé par un rapport de l'inspection générale de l'Éducation nationale critique à son égard<ref name="Lorin 24" />.

Dès lors, Paul Doumer s'investit pleinement dans le secteur de la presse, écrivant des articles à l'occasion de séjours à Paris. Par l'intermédiaire de son beau-père, il entre en contact avec plusieurs personnalités républicaines, dont les sénateurs et conseillers généraux de l'Aisne Henri Martin et William Waddington. Avec le soutien de ces derniers, il devient en 1883 rédacteur en chef du journal Le Courrier de l'Aisne, à Laon, où il établit son domicile. À la tête du journal, traditionnellement modéré, il adopte une ligne très radicale et un ton polémique. C'est pourquoi à la mort d'Henri Martin, à la fin de l'année 1883, la direction du journal l'oblige à démissionner. Il figure parmi les élus municipaux laonnois de 1884-1888 et occupe la fonction d’adjoint au maire de Laon. Il est également répétiteur au collège de la commune<ref name="Lorin 37" />.

Après son départ forcé du Courrier de l'Aisne, il fonde, notamment avec Gabriel Hanotaux, La Tribune de l'Aisne, dont il devient le premier directeur et qu'il oriente résolument à gauche. Dans le premier numéro du journal, il écrit : Modèle:Citation bloc

Il travaille également pour les journaux parisiens Le Matin et Le Voltaire<ref name="Portrait Sénat">Modèle:Lien web.</ref>. À l'instar d'autres personnalités, il se sert de ce journal, qui connaît un important succès, comme d'un tremplin électoral<ref name="Lorin 37" />.

Sa carrière politique couronnera sa promotion sociale<ref name="Carrière PetitJournal" />.

Vie privée et familiale

Photo sépia de quatre individus : au premier plan, assis chacun sur un fauteuil, une femme aux cheveux foncés vêtue d'une robe noire, et un homme chauve à la barbe blanche, également habillé en noir, avec cravate et chemise blanche ; à l’arrière-plan se tiennent debout deux femmes plus jeunes, aux cheveux foncés et portant une robe claire
Paul et Blanche Doumer avec leurs filles Hélène et Germaine (1932).

Le Modèle:Date-, à la [[Mairie du 2e arrondissement de Paris|mairie du Modèle:2e de Paris]], il épouse Blanche Richel (1859-1933), de la famille chez laquelle il logeait pendant ses études<ref name="Lorin 24" />,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

De leur mariage naissent Modèle:Nobr :

Ses enfants lui inspirent l'ouvrage de morale Livre de mes fils (1906), dans lequel il écrit : Modèle:Citation L'ouvrage est réédité après la Première Guerre mondiale, qui tue quatre de ses cinq fils (alors qu'il avait la possibilité d'user de ses relations pour écarter ceux-ci des zones de combat)<ref name="Lorin 209" />.

Parcours politique

Débuts comme élu municipal à Laon (1887-1888)

Avec l'appui de son journal, Paul Doumer s'implante dans le département de sa belle-famille, l'Aisne, qu'il qualifie de Modèle:Citation<ref name="Doumer Picardie">Modèle:Article.</ref>. Il fonde et devient secrétaire de l'association républicaine du canton de Laon<ref name="Lorin 37" />.

Il se présente aux élections municipales d'Modèle:Date- à Laon, où la liste sur laquelle il figure obtient la majorité face à celle soutenue par Le Courrier de l'Aisne, dirigé par William Waddington<ref name="Carrière PetitJournal" />. Paul Doumer devient conseiller municipal (républicain radical), étant à Modèle:Nobr le benjamin du nouveau conseil municipal<ref name="Lorin 37">Modèle:Harvsp.</ref>. Deux semaines plus tard, à la suite de la démission du maire de la ville, Jean-François Glatigny, il est élu premier adjoint au nouveau maire, Charles Bonnot<ref name="histoireaisne">Modèle:Ouvrage.</ref>. Pendant son mandat, ce dernier cherche à modérer les positions de son premier adjoint, qu'il juge excessives<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Membre de la commission municipale chargée de l'agriculture, de l'industrie et du commerce, Paul Doumer se montre soucieux de réaliser des investissements tout en s'assurant de l'équilibre du budget municipal. En vertu de la loi Goblet, il exige au plus tôt la laïcisation de l'école communale des garçons. Rapidement, il acquiert une réputation de grand travailleur et de connaisseur des dossiers de la commune, qui compte alors quelque Modèle:Unité<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Sa mesure phare est le lancement de la construction du tramway de Laon, qui permettra de relier la gare à la ville haute : mis en service en 1899, le tramway connaîtra un réel succès et fonctionnera jusqu'en 1971<ref name="Doumer Picardie" />,<ref>Modèle:Article.</ref>.

Première élection à la Chambre des députés (1888-1889)

Photo monochrome d'un homme de profil, aux cheveux et barbe foncés, portant une veste, une chemise, un nœud papillon
Portrait de Paul Doumer par Disdéri (Modèle:Nobr).

En 1888, Paul Doumer est investi par les radicaux pour l'élection législative partielle faisant suite à la mort du député de l'Aisne Ernest Ringuier<ref>Modèle:Article.</ref>. À la tête du Courrier de l'Aisne, Charles Sébline mène alors une intense campagne contre Doumer, dénonçant son manque d'expérience et son parachutage dans le départementModèle:Note. Il doit également faire face à la candidature du populaire général Boulanger, qui fait figure de favori sur ces terres plutôt rurales et conservatrices<ref>Modèle:Article.</ref>. Terminant en deuxième position du premier tour, Paul Doumer bénéficie finalement du désistement de Boulanger, arrivé nettement en tête du scrutin grâce au soutien des paysans et des mineurs<ref>Modèle:Article.</ref>. Le Modèle:Date-, dans un contexte de faible participation, il est élu député avec 47 % des suffrages exprimés, contre 37 % au candidat orléaniste René Jacquemart<ref>Modèle:Article.</ref>. Il démissionne alors de ses mandats à Laon et quitte la rédaction de La Tribune de l'Aisne<ref name="Lorin 489">Modèle:Harvsp.</ref>.

À la Chambre des députés, où ont encore lieu de vifs débats entre partisans de la monarchie et de la république, il fait partie des rares élus issus de la classe ouvrière<ref name="Bécarud députésouvriers" />. Durant ses Modèle:Nobr de mandat, pendant lesquels il siège au sein du groupe de la Gauche radicale, il se montre très actif, rédigeant plusieurs rapports, notamment sur les finances, l'armée et la marine. Il vote contre le projet de loi Lisbonne visant à réduire la liberté de la presse et en faveur de l'abandon du scrutin de liste au profit du scrutin d'arrondissement. Avec le dirigeant radical Léon Bourgeois, il milite pour le développement des sociétés coopératives ouvrières de production afin de réduire l'influence de ses adversaires socialistes, étant rapporteur de la loi sur le sujet<ref name="Lorin 52">Modèle:Harvsp.</ref>. Ses relations avec le général Boulanger se dégradent lorsqu'il se prononce contre la proposition de celui-ci de réviser les lois constitutionnelles, puis lorsqu'il vote pour les poursuites contre le général et trois députés issus de la Ligue des patriotes<ref name="Bio Sénat" />,<ref name="Lorin 52" />.

Candidat à sa réélection lors des élections législatives de 1889 dans la nouvelle [[Deuxième circonscription de Laon (1889-1919)|Modèle:Nobr de Laon]], il est battu dès le premier tour par le candidat boulangiste André Castelin<ref name="histoireaisne" />.

Chef de cabinet de Charles Floquet et député de l'Yonne (1889-1896)

Grâce à son travail législatif et à ses relations au sein de la franc-maçonnerie, Paul Doumer devient chef de cabinet du président de la Chambre des députés, Charles Floquet, en Modèle:Date-<ref name="Lorin 52" />.

En 1891, à la suite de la mort du député René Laffon et avec l'aide de Floquet, il se porte candidat à un scrutin législatif partiel dans la première circonscription d'Auxerre, dans l'Yonne<ref>Modèle:Article.</ref>. Malgré la campagne hostile conduite à son égard par L’Estafette de Jules Ferry, il est élu au second tour avec 59 % des voix exprimées<ref>Modèle:Article.</ref>. Il quitte alors la tête du cabinet de Floquet<ref name="Lorin 54">Modèle:Harvsp.</ref>. Le Modèle:Date-, dans son premier grand discours à la Chambre, il appelle à une augmentation de l'impôt sur les successions et à l'instauration d'un impôt corrélé aux ressources des citoyens, qui sera par la suite appelé impôt sur le revenu. Faisant de cette dernière idée son combat principal dans un système fiscal qu'il juge très inégalitaire, il s'attire les critiques de la droite et d'une partie de la presse, notamment du Figaro<ref name="Lorin 54" />. En Modèle:Date-, aux côtés de Godefroy Cavaignac, il porte une proposition d'impôt progressif sur le revenu qui fait notamment face à l'opposition de Raymond Poincaré : la Chambre repousse le texte par Modèle:Unité contre 236<ref name="Carrière PetitJournal" />,<ref name="Lorin 54" />.

Paul Doumer est réélu aux élections législatives de 1893 dès le premier tour de scrutin avec 56 % des suffrages exprimés<ref name="Lorin 54" />. À l'ouverture de la nouvelle législature, il obtient qu'une séance soit consacrée chaque vendredi au travail et à la condition des ouvriers<ref name="Lorin 54" />. En plus de la fiscalité, il travaille essentiellement sur les colonies, quelques années après le « tournant colonial » pris par la Troisième République. En 1893, il est rapporteur d'une proposition de loi de Joseph Reinach visant à instaurer un ministère des Colonies de plein exercice, ce qui est fait l'année suivante<ref name="Lorin 61">Modèle:Harvsp.</ref>. En tant que rapporteur du budget des Colonies, il intervient en 1895 dans le cadre du projet de loi ayant pour objet le règlement provisoire de la situation financière du protectorat de l'Annam et du Tonkin et des dépenses de l'expédition du Siam ; il est alors pressenti pour remplacer le gouverneur général de l'Indochine française, Armand Rousseau, malade<ref name="Bio Sénat" />.

Premier passage au ministère des Finances (1895-1896)

Modèle:Article connexe Le Modèle:Date-, à Modèle:Nobr, bénéficiant de sa réputation d'expert des questions financières et fiscales, il est nommé ministre des Finances dans le premier gouvernement radical homogène de l'histoire, formé par Léon Bourgeois<ref name="Encyclopædia Britannica">Modèle:Lien web.</ref>.

Cherchant à allier équilibre des finances publiques et justice sociale, Paul Doumer conduit une politique de rigueur, procédant à un plan d'économies et à une augmentation de l'impôt sur les successions. À l'instar des projets qu'il a précédemment défendus en tant que député, il prône la mise en place d'un impôt global et progressif sur le revenu. Devant remplacer la contribution personnelle et mobilière et l'impôt sur les portes et fenêtres, ce projet de prélèvement visant à s'appliquer aux revenus supérieurs à Modèle:Unité suscite l'opposition de la droite et d'une partie de la majorité, effrayées par la personnalisation de la fiscalité directe, la progressivité et la déclaration de revenus. Le ministre des Finances leur répond que le système fiscal français fait davantage reposer l'impôt Modèle:Citation, et que la mesure, déjà adoptée par la Prusse, permettrait d'accroître les rentrées fiscales dans la perspective d'un nouveau conflit militaire<ref name="Lorin 61" />. Avec le soutien des socialistes, le principe de l'impôt sur le revenu est approuvé par la Chambre des députés, ce qui constitue une première, les projets similaires précédents ayant tous été repoussés par l'assemblée<ref name="Lorin 61" />.

Mais Paul Doumer se heurte à l'hostilité du Sénat, plus conservateur que la chambre basse, et doit faire face à des appels de membres de sa majorité à retirer son projet s'il ne veut pas faire chuter le gouvernement. Le ministre des Finances ne renonçant pas, le Sénat contraint le cabinet Bourgeois à la démission, le Modèle:Date-<ref>Modèle:Article.</ref>. Paul Doumer se voit alors tenu pour responsable du renversement du ministère. Redevenu simple député, il propose une nouvelle fois l'établissement de l'impôt sur le revenu en Modèle:Date-<ref name="Lorin 61" />. Cet impôt sera finalement instauré en 1914, en raison de la nécessité d'accroître les recettes de l'État à l'aube de la Première Guerre mondiale<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>.

Gouverneur général de l'Indochine française (1897-1902)

Photo en noir et blanc d'individus dans une cour se prosternant devant des personnes debout sur le perron d'un bâtiment blanc
Paul Doumer aux côtés de Nguyễn Trọng Hợp et Cao Xuân Dục lors d'un concours triennal (Nam-Dinh, 1897, photographie d’André Salles).

À la fin de l'Modèle:Nobr, après la mort d'Armand Rousseau, le président du Conseil, Jules Méline, lui propose de devenir gouverneur général de l'Indochine française<ref name="Origines Transindochinois" />. Paul Doumer répond positivement à l'offre du chef de gouvernement modéré, ce qui est considéré comme une trahison par les radicaux<ref name="Lorin 86">Modèle:Harvsp.</ref>. Les détracteurs de Doumer l'accusent d'avoir accepté la fonction afin de bénéficier d'une rémunération conséquente alors qu'il est de notoriété publique qu'il est endetté<ref name="Lorin 86" />. Il devient gouverneur général le Modèle:Date-, étant remplacé à la Chambre des députés par Jean-Baptiste Bienvenu-Martin<ref name="an"/>.

Doté d'importants pouvoirs, Paul Doumer est chargé de réorganiser l'Indochine française, qui connaît alors une grave crise<ref>Modèle:Article.</ref>. Marquées par l'affaire du Tonkin, l'opinion publique et la classe politique se montrent méfiantes à l'égard du territoire, qui est largement déficitaire et pour lequel d'importantes dépenses sont régulièrement engagées<ref>Modèle:Article.</ref>. Dans ce contexte, pendant les premiers temps de sa fonction, Paul Doumer ne bénéficie pas de nouveaux crédits pour l'Indochine<ref name="Lorin 86" />. Chargé avant tout de redresser cette situation financière, il s'entoure d'un cabinet restreint, composé d'hommes venus avec lui de métropole<ref name="Lorin 86" />. Il réprouve la politique de ses prédécesseurs, qui n'étaient selon lui que de simples Modèle:Citation, adoptant pour leitmotiv Modèle:Citation<ref name="Lorin 96">Modèle:Harvsp.</ref>. À l'inverse des précédents gouverneurs généraux, il se rend régulièrement sur le terrain et bénéficie d'une réputation d'ubiquité<ref name="Lorin 86" />.

L'Indochine française Modèle:Incise doit selon Paul Doumer être gérée par un pouvoir central fort<ref>Modèle:Article.</ref>. Estimant que la conquête coloniale par étapes a conduit à un morcellement et jugeant insuffisante l'Union indochinoise, Paul Doumer entreprend une refonte administrative visant à unifier les différents territoires de l'Indochine. En 1899, sur le modèle de l'Indian Civil Service, il crée un corps unique des services civils dont il confie la surveillance à des inspecteurs chargés de lutter contre la corruption et l'arbitraire<ref name="Lorin 100">Modèle:Harvsp.</ref>. Appelant à un État doté d'un appareil administratif et budgétaire performant, il met en place des organes centralisateurs. Mais rapidement, l'organisation initiée par Paul Doumer Modèle:Incise compte un très grand nombre de fonctionnaires et présente d'importantes rigidités<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Pour renforcer le gouvernement général, il réduit l'influence de la dynastie Nguyễn, et fait supprimer la fonction de kinh luoc, qui maintenait une forme de liaison entre le Tonkin et la cour impériale de Hué, au profit du résident supérieur français<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Jugeant les Européens plus aptes à décider que les indigènes, il affaiblit ainsi considérablement le gouvernement impérial<ref name="Lorin 96" />. Dans un article publié en 1909, il énumère les caractéristiques des races supérieures : propension au travail, patriotisme, amour de la culture, courage et force morale ; dans cette optique, il estime que les Annamites sont supérieurs aux populations voisines en raison de leur intelligence et de leur discipline<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Afin de renforcer la connaissance des Français pour les particularités de cette région d'Asie, il crée l'École française d'Extrême-Orient, qui attire nombre de savants<ref name="Lorin 108">Modèle:Harvsp.</ref>. Sa politique mêle ainsi des éléments d'assimilation et d'association<ref name="Lorin 120">Modèle:Harvsp.</ref>.

Sur le plan financier, confronté aux contraintes budgétaires imposées par la métropole, il renforce la lutte contre la fraude, instaure de nouveaux prélèvements obligatoires et augmente ceux déjà existants. L'institution en 1899 d'un budget général se fait au détriment des budgets locaux et notamment de la Cochinchine, principal moteur économique de l'Indochine étant parvenu jusque-là à conserver une forte indépendance. Cette dernière mesure attire à Paul Doumer de vives critiques de la presse et des figures de la Cochinchine, notamment de Paul Blanchy et Charles Le Myre de Vilers, qui affirment qu'il souhaite faire payer la colonie pour les protectorats<ref name="Lorin 100" />. Grâce notamment aux droits de douane et à la mise en place Modèle:Incise des régies (sur le sel, l'opium que la Régie de l'opium raffine et vend pour le compte de l'état par le biais du service des Douanes jusqu'en 1945 Modèle:Note et l'alcool de riz), le gouvernement général parvient rapidement à dégager des excédents budgétaires<ref name="Lorin 100" />.

Une d'un journal présentant un dessin en couleur sur lequel deux hommes se saluent : l’un est en complet avec une barbe et l’autre porte une moustache et une tenue traditionnelle asiatique
Le Petit Journal faisant état d'une visite de Paul Doumer au Siam (actuelle Thaïlande) et d'une rencontre avec le roi Modèle:Souverain2, en 1899.

Si elles appauvrissent et révoltent les populations indigènes, ces nouvelles recettes permettent à Paul Doumer d'obtenir le soutien de la Banque de l'Indochine et de lancer plusieurs grands projets d'infrastructures (chemins de fer, routes, ponts, portsModèle:Etc.) en utilisant les techniques et le savoir-faire européens<ref>Modèle:Article.</ref>. C'est en particulier le cas à Hanoï, où sont notamment construits le Grand Palais et le pont Paul-Doumer, qui s'étend sur une longueur de Modèle:Unité au-dessus du fleuve Rouge<ref name="LoganBook">Modèle:Ouvrage</ref>. Paul Doumer organise dans la ville une exposition mondiale, qui se déroule en 1902 et 1903, afin de présenter la modernisation en cours en Indochine ; le coût élevé de cet événement, pénalisé par la démission de Doumer, laisse le budget de la ville en déficit pendant une décennie<ref name="hanoicolonial">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref name="LoganBook" />. Il se fait également construire la Villa Blanche Modèle:Incise au cap Saint-Jacques, lieu de villégiature prisé des coloniaux de Cochinchine française<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. En matière agricole, il permet la répartition des terres en faveur des colons et grandes entreprises françaises<ref name="Lorin 100" />.

Considérant que Modèle:Citation, il est un ardent partisan de la construction d'un chemin de fer traversant tout le territoire, le « Transindochinois », dont le plan du réseau avait commencé à être dressé par son prédécesseur, Armand Rousseau<ref name="Origines Transindochinois" />,<ref>Modèle:Article.</ref>. Ce chemin de fer, construit par des Modèle:Citation dans des situations précaires, sera achevé en 1936<ref name="Origines Transindochinois" />. Pour la réalisation de la ligne du Yunnan, il obtient un emprunt de Modèle:Unité de francs-or<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Les services de Paul Doumer font également terminer les travaux du port d'Haïphong<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il transfère le gouvernement à Hanoï, où il fait construire une nouvelle résidence pour les gouverneurs généraux et qu'il désigne comme capitale de l'Indochine en 1902 en remplacement de Saïgon<ref name="Lorin 100" />. En collaboration avec le médecin Alexandre Yersin, il ordonne aussi la construction de la ville de Dalat, afin que les travailleurs européens puissent profiter d'un sanatorium et récupérer ainsi du rude climat de l'Annam<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. À la suite de l'agronome Auguste Chevalier et de l'économiste Henri Brenier, Paul Doumer se montre favorable à l'acclimatation de l'hévéa Modèle:Incise dans les terres récemment conquises de Sumatra<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il est également à l'origine de l'université de médecine de Hanoï<ref name="Lorin 108" />.

Inquiet de l'avancée en Asie de la Russie et du Royaume-Uni, Paul Doumer semble être favorable à une colonisation de la Chine par la France<ref name="Lorin 108" />. Sans en informer Paris, il fait en sorte de créer une situation de fait devant conduire à l'annexion de la prospère province du Yunnan, dans le sud-est du pays<ref name="Lorin 108" />. À ce titre, il visite en Modèle:Date- la capitale de la région, Kunming, où il fait face au refus du vice-roi de satisfaire sa demande d'obtention d'un terrain destiné à construire une gare ferroviaire. Cet incident diplomatique conduit à un soulèvement d'habitants du xian de Mengzi redoutant l'achat de leurs mines d'étain par les Français<ref name="Lorin 108" />. Le ministre français des Affaires étrangères, Théophile Delcassé, assure alors à la Chine et au Royaume-Uni qu'il n'entend pas annexer le Yunnan<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Quelques mois plus tard, éclate contre les colons la révolte des Boxers, lors de laquelle Paul Doumer fait envoyer des troupes d'Indochine pour soutenir les légations étrangères<ref name="Lorin 120" />,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Dans le même temps, ses relations avec l'armée coloniale sont tendues, cette dernière n'acceptant pas l'ingérence du gouvernement général dans ses prérogatives<ref name="Lorin 120" />.

Souhaitant revenir en métropole pour briguer un nouveau mandat de député aux élections législatives, Paul Doumer démissionne de sa fonction de gouverneur général en Modèle:Date-<ref name="Origines Transindochinois" />. Il est remplacé en octobre suivant par Paul Beau, réputé plus consensuel que lui<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Avec ses Modèle:Nobr passées en Indochine, Paul Doumer est l'un des gouverneurs généraux du territoire à la longévité la plus importante, la plupart de ses prédécesseurs ayant occupé le poste pendant un ou Modèle:Nobr<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref name="Au cœur de l'histoire" />. Il est également considéré comme ayant été l'un des gouverneurs les plus actifs<ref name="Encyclopædia Britannica" />. Face aux critiques dont il fait l'objet à son retour en métropole, notamment sur la question indigène, il publie en 1905 un ouvrage de souvenirs d'Indochine, qui servira de référence à plusieurs responsables militaires pendant la guerre d'Indochine<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Ayant permis un redressement de la situation financière et administrative de l'Indochine et renforcé la position de la France face au Royaume-Uni, son action lui servira de tremplin pour la suite de sa carrière politique<ref name="Lorin 352" />. Ses successeurs inscriront d'ailleurs leur politique dans la continuité de celle de Paul Doumer, qui sera classé par le général de Gaulle parmi les meilleurs Modèle:Citation de l'histoire de France<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Retour en France et présidence de la Chambre des députés (1902-1906)

Modèle:Article connexe De retour en métropole le Modèle:Date-, Paul Doumer décide de reprendre une carrière politique dans l'Aisne, et acquiert fin 1904 une vaste propriété à Anizy-le-Château<ref name="histoireaisne" />. Aux élections législatives de 1902, il se présente à nouveau dans la seconde circonscription de Laon, en tant que candidat radical pour le bloc des gauches. Après le désistement d'André Castelin, il l'emporte au premier tour, avec 98 % des suffrages, contre un socialiste indépendant<ref>Modèle:Article.</ref>. Il entre dans le même temps en contact avec l'historien André Lichtenberger, qui devient son assistantModèle:Note.

Photo en noir et blanc d'un homme debout, cheveux et barbe foncés mais grisonnants, portant une longue veste foncée, une chemise blanche et un nœud papillon
Paul Doumer par Eugène Pirou (Modèle:V.1905).

Sous la {{#ifeq:législature | s | Modèle:Siècle | VIIIe{{#if:législature| législature }} }}, il accède en 1903 à la présidence de la commission du Budget de la Chambre, après avoir battu le radical-socialiste Fernand Dubief ; il est réélu en 1904 à une très large majorité<ref name="Bio Sénat" />. À la tête de cette prestigieuse commission, il appelle à la réduction des fonds secrets du ministère de l'Intérieur, qui constituent selon lui un moyen de corruption<ref name="Lorin 132">Modèle:Harvsp.</ref>. Dans le même temps, il continue de prendre ses distances avec sa famille politique d'origine, une évolution qui était déjà perceptible lors de ses responsabilités en Indochine française<ref name="Lorin 126">Modèle:Harvsp.</ref>. Indigné par le rôle de la franc-maçonnerie et du gouvernement Modèle:Incise dans l'affaire des fiches, il dénonce des Modèle:Citation<ref name="Lorin 130">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Dans ce contexte, il s'oppose à la politique anticléricale du cabinet Combes, qu'il qualifie de Modèle:Citation et dont il critique les méthodes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Comme les radicaux modérés Jean-Marie de Lanessan et Édouard Lockroy, il s'oppose également au ministre Camille Pelletan sur la question de la Marine nationale<ref name="Mayeur Combes">Modèle:Ouvrage.</ref>.

En 1904, il est élu conseiller général de l'Aisne dans le canton d'Anizy-le-Château, un mandat qu'il exercera jusqu'à son élection à la présidence de la République : une telle longévité est exceptionnelle pour cette époque, les personnalités de la Troisième République n'accordant qu'une faible importance à l'échelon départemental<ref name="Lorin 126" />. Au conseil général de l'Aisne, dont il prendra la tête par la suite, l'une de ses premières actions est de faire repousser une proposition de motion félicitant le président du Conseil, Émile Combes, pour son action anticléricale<ref name="Lorin 489" />. Pendant ses différents mandats, Paul Doumer s'implique principalement sur les questions de transports : il fait notamment voter, sur le modèle de sa réalisation à Laon, la construction d'un tramway à traction électrique reliant Anizy-le-Château à Tergnier, et porte plusieurs projets de lignes de chemin de fer<ref name="Lorin 126" />.

Lors de l'élection à la présidence de la Chambre des députés du Modèle:Date-, il présente sa candidature, qui reçoit le soutien de députés radicaux dissidents, du centre et de la droite appréciant son opposition au cabinet Combes. Avec Modèle:Unité, il remporte le scrutin face au président sortant, le radical Henri Brisson, qui obtient Modèle:Unité de moins<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. C'est la première fois qu'un candidat est élu à la présidence de la chambre basse grâce à un mélange de voix de gauche et de droite<ref name="Lorin 134" />. Cette élection fragilise le gouvernement et la majorité du bloc des gauches, qui commence à se déliter. Violemment conspué lors de son discours de victoire, Paul Doumer fait l'objet de vives critiques de la presse de gauche ; ainsi, L’Aurore relate l’issue du scrutin de la façon suivante : Modèle:Citation bloc

Au « perchoir », quelques jours après son élection, Paul Doumer est considéré comme le principal responsable de la chute du cabinet Combes, ses adversaires parlant alors à son sujet de Modèle:Citation<ref name="Lorin 134">Modèle:Harvsp.</ref>. À la fin de l'année 1905, conformément à la tradition en vigueur pour le président de la Chambre, il s'abstient lors du vote de la loi de séparation des Églises et de l'État<ref name="Lorin 134" />. S'il est critique envers l'absentéisme des députés et n'hésite pas à multiplier les séances de nuit, il ne se montre pas particulièrement assidu pour présider les débats de l'assemblée<ref name="Lorin 134" />. Le Modèle:Date-, après avoir contribué au rejet d'une résolution prévoyant l'élection du président de la Chambre au scrutin public et non plus secret, il est réélu avec Modèle:Unité contre 269 au candidat présenté par la délégation des gauches et soutenu par la Gauche radicale et le groupe radical-socialiste, Ferdinand Sarrien<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>.

Défaite à l'élection présidentielle et traversée du désert (1906-1912)

Modèle:Article connexe

Dessin en couleur représentant des hommes en costumes trois pièces s’agitant dans un hémicycle
Parlementaires prenant part au scrutin présidentiel de 1906 (gravure du supplément illustré du Petit Journal).

Au début de l'Modèle:Nobr, après avoir publié son Livre de mes fils, Paul Doumer se porte candidat à la présidence de la République pour succéder à Émile Loubet. Soutenu par les cléricaux, il reçoit l'appui financier de commerçants et hommes d'affaires, tandis que Jean Jaurès fait partie de ses plus farouches opposants<ref name="Lorin 134" />. Le Modèle:Date-, avec Modèle:Unité (43,8 %), il est battu au premier tour par le président du Sénat et candidat du bloc des gauches, Armand Fallières, qui réunit Modèle:Unité (52,9 %)<ref>Modèle:Article.</ref>. Plus clivant que son adversaire, Paul Doumer a souffert auprès de la gauche de son rapprochement avec les conservateurs, de sa contribution à la chute du gouvernement Combes et de son souhait de renforcer la fonction présidentielle<ref name="Mayeur Combes" />.

Réélu confortablement député de l'Aisne (63 % des voix au premier tour) aux [[Élections législatives de 1906 dans l'Aisne#Seconde circonscription de Laon|élections législatives de Modèle:Date-]], il ne brigue pas un troisième mandat au « perchoir », Henri Brisson lui succédant après l'ouverture de la Modèle:Nobr<ref>Modèle:Article.</ref>. Évincé du groupe de la Gauche radicale, il siège comme non-inscrit à la Chambre<ref name="Lorin 209" />. Il est rapporteur général du budget, et défend la colonisation et le réarmement du pays<ref name="Lorin 144" />. Le Modèle:Date-, il est reçu à Saint-Pétersbourg par le tsar Modèle:Souverain2, qui souhaite l'interroger sur son action en Indochine, ainsi que sur des questions liées aux finances et aux travaux publics<ref name="Lorin 144" />. En parallèle, Paul Doumer écrit des articles dans le journal Le Petit Parisien<ref name="Lorin 144" />. Lors des élections législatives de 1910, abandonné par la gauche et laissant sceptiques certains conservateurs, il perd son siège de député, recueillant 47 % des voix au second tour face à André Castelin, qui l'avait déjà battu en 1889 et qui se présentait cette fois comme candidat républicain indépendant<ref name="Bio Sénat" />,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Plusieurs commentateurs annoncent alors la fin de la carrière politique de Doumer<ref name="Articles Jaurès" />.

Pendant les deux années qui suivent cet échec, bénéficiant de son parcours politique et de son expertise en matière financière, Paul Doumer se consacre au monde des affaires. Il préside de nombreux conseils d'administration, notamment celui de la Compagnie générale d'électricité (CGE), celui de la Chambre syndicale des fabricants et constructeurs de matériel pour chemins de fer et tramways et celui de l'Union minière et métallurgique de Russie<ref name="Lorin 150">Modèle:Harvsp.</ref>. À la tête de la CGE, à laquelle il accède alors qu'il n'avait aucun lien avec elle, il préside un temps les filiales Compagnie nationale du Rhône et Energía Eléctrica de Cataluña ; il conservera cette fonction à la CGE jusqu'en 1927, démissionnant seulement lors de ses nominations au gouvernement<ref name="Lorin 150" />. Jusqu'en 1914, il est également vice-président de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). Ces multiples fonctions, qui lui assurent de confortables revenus alors qu'il était jusque-là toujours endetté, lui attirent les critiques de la presse et d'opposants, qui le jugent affairiste<ref name="Lorin 150" />.

En 1910, avec André Lichtenberger, il lance l'hebdomadaire L'Opinion : très en vogue à Paris, dirigé par l'homme politique Maurice Colrat, le journal est apprécié de la droite libérale<ref name="Lorin 150" />. Paul Doumer préside en outre l'Office national des universités et écoles françaises, lancé par Léon Bourgeois et Paul Deschanel afin de créer des liens entre les établissements d'enseignement français et étrangers. Il contribue ainsi au lancement et au développement de l'Institut français de Florence et de l'Institut français de Saint-Pétersbourg, avec notamment le soutien de Pierre Loti<ref name="Lorin 150" />.

Élections au Sénat et Première Guerre mondiale (1912-1921)

En 1912, il décide de briguer un siège de sénateur. À cette époque, une entrée au Sénat est considérée comme plus prestigieuse qu'une élection comme député<ref name="Lorin 160">Modèle:Harvsp.</ref>. Alors qu'il est rejeté par les radicaux de l'Aisne, notamment par le député Pascal Ceccaldi, il opte pour une candidature en Corse, après avoir sans succès tenté de se présenter dans son départemental natal du Cantal. Il reçoit alors le soutien du Parti républicain démocratique (PRD), classé au centre droit de l'échiquier politique<ref name="Lorin 160" />. Pendant la campagne des élections sénatoriales, Bastia-Journal le décrit comme un Modèle:Citation<ref name="Lorin 160" />. Malgré l'hostilité des francs-maçons, du gouvernement Caillaux et du Parti radical, il l'emporte au premier tour de scrutin, le Modèle:Date-, avec 59 % des suffrages, ce qui en fait le mieux élu des trois sénateurs du départementModèle:Note,<ref>Modèle:Article.</ref>. Au début de l'Modèle:Nobr, il adhère au groupe de l'Union républicaine, alors que les radicaux se réunissent au sein de la Gauche démocratique radicale et radicale-socialiste<ref name="Lorin 160" />.

Portrait photographique en noir et blanc et de trois-quarts d'un homme à la chevelure et à la barbe grisonnantes, en veston-cravate
Paul Doumer en 1913.

Comme à la chambre basse, Paul Doumer apparaît comme un expert des thématiques financières et militaires : il siège ainsi à la commission des Finances et à celle de l'Armée, dont il est rapporteur alors que le coup d'Agadir laisse présager une nouvelle guerre avec l'Allemagne<ref name="Portrait Sénat" />. Dénonçant depuis des années un manque de préparation de la France face à un éventuel conflit militaire, il fait en sorte d'augmenter les effectifs de l'armée, notamment en accélérant l'adoption du projet de loi consacrant le retour au service militaire de Modèle:Nobr (au lieu de deux), s'opposant ainsi vivement à Édouard Herriot<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il continue de prôner un important réarmement de la France, écrivant dans son ouvrage La Métallurgie du fer (1912) que Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Début 1914, il est nommé membre du Conseil supérieur aéronautique militaire<ref name="Bio Sénat" />.

Lors du déclenchement de la guerre, il décide de rester à Paris alors que les autorités politiques se replient à Bordeaux<ref name="Lorin 177">Modèle:Harvsp.</ref>. À sa demande, il devient chef du cabinet civil du gouvernement militaire de Paris, conduit par le général Gallieni<ref>Modèle:Article.</ref>. Cette nomination rencontre l'opposition du président du Conseil, René Viviani, et d'autres personnalités politiques, qui font circuler la rumeur que Doumer et le général fomentent un coup d'État<ref name="Lorin 177" />. Entre septembre et Modèle:Date-, finalement nommé en raison de l'insistance de Gallieni, Paul Doumer assure la liaison entre l'état-major et le gouvernement Viviani, qui se trouve à Bordeaux. Il travaille sur les travaux de fortifications de Paris Modèle:Incise, mais aussi sur l'acheminement des fabrications de guerre et sur la fourniture des services publics<ref name="Bio Sénat" />,<ref name="Fonds Doumer" />. Alors que l'état de siège est déclaré, il préside la commission chargée d'organiser les secours volontaires, et assiste le général Gallieni dans sa décision de réquisitionner plus d'un millier de taxis parisiens dans le cadre de la bataille de la Marne<ref name="Lorin 177" />. Devenu le parlementaire occupant la position civile la plus élevée, Paul Doumer relègue au second plan le préfet de la Seine et le préfet de police de Paris<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Lors de la reprise des travaux parlementaires, le Modèle:Date-, le cabinet civil du gouvernement militaire est supprimé<ref name="Lorin 186">Modèle:Harvsp.</ref>.

Vice-président de la commission de l'Armée du Sénat à partir de Modèle:Date-, Paul Doumer continue d'appeler à l'augmentation des effectifs militaires et de prôner le refus de tout passe-droit pour les fils issus de familles aisées. Il tente sans relâche d’assurer ses prérogatives de contrôle sur le gouvernement et l'arméeModèle:Note, ce qui engendre des tensions avec le général Joffre et Alexandre Millerand, ministre de la Guerre, une fonction que Doumer est réputé convoiterModèle:Note. Au nom de sa commission, Paul Doumer est rapporteur du projet de ratification des Modèle:Unité relatifs à l’organisation militaire pris entre août et Modèle:Date- par le gouvernement, notamment par le ministre de la Guerre : il juge les textes illégaux car n’ayant pas fait l’objet d’une dérogation législative, mais accepte leur ratification au nom des circonstances exceptionnelles<ref>Modèle:Article.</ref>. En Modèle:Date-, il part en mission à Pétrograd pour négocier avec l'empereur Modèle:Souverain2 l'envoi en France de troupes russes<ref name="Carrière PetitJournal" />.

Photo en noir et blanc d'une maison en grande partie détruite
Maison de la famille Doumer détruite par les Allemands lors de la Première Guerre mondiale (Anizy-le-Château, 1920).

La guerre touche personnellement Paul Doumer, puisqu'elle coûte la vie à quatre de ses fils<ref name="La Montagne fils" />,<ref name="Le Figaro">Modèle:Lien web.</ref>. Sa propriété d'Anizy-le-Château est en outre détruite par les Allemands<ref name="Carrière PetitJournal">Modèle:Article.</ref>,<ref name="Lorin 126" />. Marqué par ces tragédies, Paul Doumer se fera jusqu'à sa mort un ardent défenseur de la cause des anciens combattants<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Pendant le conflit, il tient à effectuer de nombreuses visites sur le front, où il relève des erreurs commises par les autorités, à qui il reproche un manque d'organisation, notamment lors de la bataille du Chemin des Dames<ref name="Lorin 195">Modèle:Harvsp.</ref>. En Modèle:Date-, il se voit refuser l’accès au front de l'Est par Joffre et Millerand, toujours méfiants à l’égard de la volonté de contrôle du Parlement, qui s’en émeut vivement<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Le Modèle:Date-, dans le gouvernement de Paul Painlevé, il devient ministre d'État et membre du Comité de guerre, où siègent également Louis Barthou, Léon Bourgeois et Jean Dupuy<ref name="Archives Doumer">Modèle:Lien web.</ref>. Cette nomination est en partie due à la volonté du nouveau président du Conseil d'apaiser les relations entre le pouvoir exécutif et le Sénat alors que la commission sénatoriale de l'Armée s'est montrée particulièrement virulente à l'égard du précédent gouvernement<ref name="Lorin 195" />. Travaillant avec Léon Bourgeois, Paul Doumer forme un comité économique coordonnant les efforts des finances, du commerce de l'armement, du ravitaillement et des travaux publics<ref name="Fonds Doumer" />,<ref name="Carrière PetitJournal" />. Il fait notamment adopter un projet de loi sur le recrutement de l'intendance militaire<ref name="Lorin 195" />. Mais le cabinet Painlevé tombe le Modèle:Date-, Modèle:Nobr seulement après sa formation<ref>Modèle:Article.</ref>. Nommé chef du gouvernement, Georges Clemenceau ne reconduit pas Paul Doumer, qu'il respecte mais avec qui ses relations sont tendues<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Photo en noir et blanc de six hommes se tenant debout. Parmi eux, quatre jeunes hommes portent chacun un complet ; un homme plus âgé arbore une tenue militaire, avec un homme plus vieux, barbu, s'appuyant sur son épaule
Paul Doumer avec ses Modèle:Nobr, dont quatre mourront pour la France
(Nadar, 1905).

Après l'armistice, bénéficiant d'un grand prestige moral Modèle:Incise en raison de son action et des épreuves qu'il a subies pendant le conflit, Doumer est un temps considéré comme un possible successeur du président de la République, Raymond Poincaré<ref name="Lorin 209" />. Il participe à l'élaboration de la « Charte des sinistrés » et à la mise en place d'une commission d'enquête sur les faits de guerre<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Au conseil général de l'Aisne, il plaide pour que la commune de Coucy-le-Château ne soit pas reconstruite, afin de laisser visible la Modèle:Citation des Allemands<ref name="Lorin 489" />. Toujours impliqué dans les thématiques coloniales, il est membre de la commission du Sénat chargée de procéder à une étude économique sur les moyens d'accroître les efforts de production des colonies françaises, alors que la métropole est détruite. Le sénateur de la Corse continue également de s'intéresser aux questions financières, notamment à l'impôt sur le revenu, et à la refonte du système fiscal pour réduire l'important déficit public de la France<ref name="Lorin 195" />. Élu rapporteur général du budget en Modèle:Date-, il s'oppose sur plusieurs sujets au ministre des Finances Frédéric François-Marsal<ref name="Lorin 220">Modèle:Harvsp.</ref>. Il est alors vu comme ayant davantage d'influence qu'un ministre<ref name="Lorin 220" />.

Modèle:Nobr après avoir refusé son parachutage, les radicaux du Cantal lui proposent une investiture aux élections sénatoriales de 1921, mais Paul Doumer décline l'offre<ref name="Lorin 220" />. Proche de l'Alliance républicaine démocratique (ARD), seul représentant de la droite gaviniste, il est réélu sénateur de la Corse au second tour avec 52 % des voix, un score sensiblement inférieur à celui qu'il avait obtenu dès le premier tour en 1912<ref>Modèle:Article.</ref>. Bien qu'il ait utilisé ses relations parisiennes pour améliorer significativement les infrastructures de l'île Modèle:Incise, il a été desservi par les Modèle:Citation qui lui sont prêtées et par son manque de présence sur le terrain pendant son premier mandat<ref name="Lorin 220" />.

Retour au gouvernement et commission des Finances (1921-1926)

Modèle:Article connexe

Photo en noir et blanc avec au premier plan un véhicule apparaissant flou ; deux hommes, avec chapeaux, manteaux et cravates, se trouvent sur les marches d'un bâtiment : l'homme à gauche a les cheveux blancs et une barbe grisonnante tandis que celui de droite a une moustache foncée
Paul Doumer au quai d'Orsay pour la conférence interalliée du Modèle:Date-.

Le Modèle:Date-, Modèle:Nobr après sa première nomination, Paul Doumer retrouve le portefeuille de ministre des Finances, dans le septième gouvernement Briand. Il doit principalement gérer les conséquences de la guerre. Dans un contexte économique difficile, il mène une politique protectionniste en relevant les tarifs douaniers à l'importation, organise les sociétés coopératives de reconstruction et définit les modalités d'indemnisation des dommages de guerre. Lors de la conférence de Londres de 1921, il négocie le montant des réparations dues par l'Allemagne, puis s'oppose au projet de moratoire proposé par Aristide Briand, qui a selon lui Modèle:Citation<ref name="Lorin 235">Modèle:Harvsp.</ref>. Confronté à une baisse des recettes alors qu'il reste attaché au principe d'équilibre budgétaire, il engage une réforme du système fiscal avec la mise en place d'un comité consultatif des impôts et revenus publics. Il fait passer le budget français de 28 à Modèle:Unité de francs, notamment en diminuant les dépenses de fonctionnement de l'État et privilèges des ministères<ref name="Lorin 235" />.

Alors qu'il affiche régulièrement des divergences avec les autres ministres et que plusieurs de ses propositions font polémique ou sont rejetées par la Chambre (en particulier celle d'augmenter la taxe sur le chiffre d'affaires), l'hypothèse de sa démission pour devenir gouverneur général de l'Algérie est envisagée<ref>Modèle:Article.</ref>. Sa politique de diminution des crédits suscite d'importantes oppositions Modèle:Incise et il ne parvient pas à freiner la chute du franc<ref name="Lorin 235" />. Malgré son impopularité, Paul Doumer fait voter le budget pour 1922 avant le début de la nouvelle année, évitant ainsi le recours à la technique dite des « douzièmes provisoires », qui était utilisée depuis Modèle:Nobr<ref name="Lorin 235" />,<ref>Modèle:Article.</ref>. Il demeure finalement ministre jusqu'à la fin du cabinet Briand, en Modèle:Date-, en plein scandale de la Banque industrielle de Chine, que Paul Doumer Modèle:Incise a refusé de faire refinancer par l'État<ref name="Lorin 235" />,<ref>Modèle:Article.</ref>.

Photo en noir et blanc d'un homme à barbe blanche marchant dans une cour, avec un chapeau sur la tête et un parapluie à la main
Paul Doumer à l'hôtel de Lassay (1925).

De retour au Sénat, il quitte en 1924 le groupe de l'Union républicaine pour rejoindre le groupe de la Gauche démocratique radicale et radicale-socialiste, présidé par Jean-Baptiste Bienvenu-Martin. Devenu la même année vice-président de la commission des Finances, il est élu à la présidence de cette commission en Modèle:Date-<ref name="Jean Jolly">Modèle:Lien web.</ref>. Il démissionne de cette fonction à peine Modèle:Nobr plus tard pour intégrer le huitième gouvernement Briand<ref name="Jean Jolly" />.

Il devient ainsi ministre des Finances pour la troisième fois, malgré l'opposition à son égard du cartel des gauches. En allusion au précédent passage de Paul Doumer rue de Rivoli, Briand précise alors que la politique financière ne sera plus Modèle:Citation mais Modèle:Citation<ref name="Lorin 245" />. Dans une période de grande fébrilité des marchés financiers, Paul Doumer tente une nouvelle fois, sans succès, de stopper la chute du franc et de réduire le déficit public. Il instaure une banque d'émission à Madagascar et réorganise le Crédit maritime<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le cabinet est renversé en Modèle:Date-, à la suite d'un vote de la Chambre sur la taxe sur les paiements, et Paul Doumer n'est pas reconduit dans le neuvième ministère Briand<ref>Modèle:Article.</ref>.

Durant l'Modèle:Nobr, le président de la République, Gaston Doumergue, le charge de former un cabinet, mais, ne disposant pas d'une majorité et refusant tout compromis sur la question des réparations de guerre, Paul Doumer renonce à devenir président du Conseil<ref name="Lorin 245" />. Nommé à la tête du gouvernement et aux Finances, Raymond Poincaré mettra finalement en place plusieurs mesures préconisées par Doumer<ref name="Lorin" />. Celui-ci retrouve en Modèle:Date- la présidence de la commission des Finances du Sénat, où il se fait assister par Henry Chéron et Jules Jeanneney<ref name="Lorin 245" />,<ref>Modèle:Article.</ref>. Bien que sénateur de la Corse, il reste conseiller général de l'Aisne, et préside le conseil général du département à deux reprises entre 1924 et 1931<ref>Modèle:Article.</ref> ; les Axonais lui sont notamment reconnaissants d'avoir œuvré à la reconstruction de l'Aisne, qui était le département le plus sinistré du pays à l'issue de la Grande Guerre<ref name="Lorin 220" />.

Président du Sénat et accession à l'Élysée (1927-1931)

Modèle:Article connexe

Photo en noir et blanc d'un hémicycle avec en hauteur un homme, cheveux blancs et barbe blanche, prononçant un discours
 conférence interparlementaire }} }} en tant que président du Sénat français (Modèle:Date-).

Lors des élections sénatoriales de 1927, le président sortant du Sénat, Justin de Selves, est battu dans son département de Tarn-et-Garonne<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Pour lui succéder, le groupe de la Gauche démocratique radicale et radicale-socialiste présente la candidature de Paul Doumer, qui bénéficie des retraits en sa faveur des candidats investis par l'Union républicaine, Albert Lebrun et Henry Chéron<ref name="Lorin 265">Modèle:Harvsp.</ref>. Le Modèle:Date-, sans concurrent après que le groupe socialiste a décidé présenter un candidat, Paul Doumer est élu à la présidence du Sénat par Modèle:Unité pour Modèle:Unité et Modèle:Unité ; avant lui, seul Antonin Dubost avait obtenu un nombre de suffrages aussi important<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. Son chef de cabinet est Gaëtan Pirou<ref name="Lorin 489" />.

Réélu sénateur de la Corse avec Modèle:Nobr de majorité au premier tour en 1929<ref>Modèle:Article.</ref>, Paul Doumer est facilement reconduit à la tête de la chambre haute chaque année jusqu’en 1931, toujours sans concurrent<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. Au « plateau », il appelle à la poursuite de l'Union sacrée et maintient sa volonté de faire payer l'Allemagne pour les réparations de guerre<ref name="Lorin 265" />. À la suite de la mort de Georges Clemenceau, il prononce en tant que président du Sénat un vibrant discours d'hommage à celui-ci, qu'il admirait malgré leurs désaccords politiques<ref name="Lorin 265" />. Continuant son évolution à droite, il quitte en Modèle:Date- le groupe de la Gauche démocratique radicale et radicale-socialiste<ref name="Lorin 245" />.

Candidature à l'élection présidentielle de 1931

Diagramme d’un hémicycle comportant Modèle:Nombre, dont une majorité de violets, une minorité importante de roses, quelques gris et quelques rouges
Second tour de l’élection présidentielle de 1931 : Modèle:Légende/Début Modèle:Legend Modèle:Legend Modèle:Legend Modèle:Legend Modèle:Légende/Fin

À l'approche de la fin de son septennat présidentiel, Gaston Doumergue annonce qu'il n'entend pas briguer un second mandat. Alors que le président du Sénat est par tradition souvent amené à devenir président de la République, Paul Doumer est longtemps donné seul favori pour succéder à Doumergue, Modèle:Nobr après son échec face à Armand Fallières. Mais, considéré comme nationaliste et belliqueux par beaucoup de parlementaires de gauche, il doit faire face à la candidature de dernière minute de l'un des hommes politiques les plus en vue du moment, Aristide Briand, connu pour son pacifisme<ref>Modèle:Article.</ref>.

Le Modèle:Date-, grâce à l'appui du centre et de la droite, Paul Doumer arrive en tête du premier tour avec Modèle:Unité (49,3 %) contre 401 (44,7 %) à Briand, qui se retire aussitôt<ref>Modèle:Article.</ref>. Au second tour, pour remplacer la candidature de ce dernier, les radicaux présentent l'ancien ministre Pierre Marraud. Paul Doumer est élu président de la République avec Modèle:Unité sur Modèle:Nobr exprimés (57,1 %)<ref>Modèle:Article.</ref>. Saluée par la majorité de la presse et des milieux d'affaires, son élection provoque la colère des députés de gauche et d'extrême gauche ; la tension est telle qu'Anatole de Monzie déclare que Modèle:Citation<ref name="Lorin 265" />. Quelques jours avant son entrée à l'Élysée, Paul Doumer quitte ses différents mandats électoraux<ref>Modèle:Article.</ref>.

Président de la République (1931-1932)

Modèle:Article connexe

Photo d’un homme chauve et à la barbe blanche se faisant photographier debout, en tenue officielle de chef de l’État, la main droite sur deux livres posés sur une table
Paul Doumer posant pour les photographies officielles après son investiture à la présidence de la République.

Paul Doumer prend ses fonctions de président de la République le Modèle:Date-<ref>Modèle:Article.</ref>. Il décide de résider au palais de l'Élysée avec une partie de sa famille. Lors de la cérémonie d'investiture, Gaston Doumergue fait l'éloge du patriotisme de son successeur. De son côté, le nouveau président dénonce Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>. Première personnalité issue d'un milieu ouvrier à accéder à une telle fonction, il indique dans son message au Parlement : Modèle:Citation

Fichier:MarqueDoumer.svg
Marque du président de la République française Paul Doumer.

Le jour même de son entrée à l'Élysée, il investit le deuxième gouvernement Laval<ref>Modèle:Article.</ref>. Toujours très critique envers les partis politiques, il doit gérer plusieurs crises ministérielles<ref name="Encyclopædia Britannica" />. En Modèle:Date-, après la chute de Pierre Laval, il fait appel à Paul Painlevé pour la présidence du Conseil, mais celui-ci entend former un cabinet orienté à gauche alors que le président souhaite un gouvernement d'union nationale. À la suite de l'échec de Painlevé, il nomme André Tardieu, qui propose un gouvernement de centre droit, dans la formation duquel le chef de l'État intervient pour faire intégrer Pierre-Étienne Flandin et Pierre Perreau-Pradier aux Finances<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref name="Lorin 307">Modèle:Harvsp.</ref>. Contrairement à la tradition, Paul Doumer essaie ainsi d'influencer de façon significative la composition du ministère<ref name="Lorin 340">Modèle:Harvsp.</ref>.

Homme à barbe blanche portant un haut-de-forme remettant une coupe à un footballeur, avec une foule autour et derrière lui
Paul Doumer remettant la coupe de France de football 1932 au capitaine de l'équipe de Cannes, Louis Cler.

Pour le reste, même s'il est difficile de tirer des conclusions d'une présidence n'ayant duré que Modèle:Nobr, Paul Doumer semble exercer son mandat d'une manière assez peu éloignée de la pratique en vigueur sous la Troisième République : contrairement à l'intention qu'il avait exprimée lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 1906, il n'hésite pas à jouer un rôle honorifique<ref name="Lorin 285">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Lorin 314" />. Il reçoit ainsi des personnalités et délégations, inaugure des expositions et préside des manifestations publiques<ref name="Lorin 285" />. Albert Thibaudet affirme à son sujet qu'il est Modèle:Citation<ref name="Lorin 340" />. Continuant de s'intéresser aux thématiques financières bien qu'il ne puisse prendre position sur ce sujet, qui relève du gouvernement, Paul Doumer réaffirme son attachement au principe d'orthodoxie financière, réduisant les dépenses de fonctionnement et le nombre de réceptions à l'Élysée<ref name="Lorin 298">Modèle:Harvsp.</ref>. Passionné de sciences, il œuvre à la création du parc zoologique du Bois de Vincennes, qui sera inauguré par son successeur<ref name="Lorin 298" />.

Sur les questions de politique extérieure et de défense nationale, qui suscitent son intérêt dans un contexte mondial tendu, il se montre résolument anglophile : s'entretenant à de nombreuses reprises avec l'ambassadeur britannique en France, il défend une alliance avec le Royaume-Uni sur le modèle de l'Entente cordiale, dont il était partisan en 1904. Opposé à toute amitié franco-allemande, il refuse de recevoir des représentants de la république de Weimar au palais de l'Élysée, au nom de ses fils morts pour la France. En prévision d'un nouveau conflit mondial, il appelle régulièrement au renforcement du système de défense français, qu'il juge insuffisant et inadapté par rapport à ceux d'autres pays<ref name="Lorin 298" />. En tant que chef de l'État, il exprime à nouveau son attachement au colonialisme, en particulier à l'occasion de l'Exposition coloniale internationale, qui se tient de mai à Modèle:Date- à Paris. Faisant fi des critiques sur le sujet, il n'évoque jamais une possible réforme de l'Empire colonial français, craignant qu'une telle initiative ne débouche sur une perte d'influence de la France dans le mondeModèle:Note,<ref name="Lorin 298" />.

Durant sa présidence, l'une des plus courtes de l'histoire, Paul Doumer est d'abord perçu comme une personne très austère, mais voit sa popularité augmenter au fil des mois, notamment en raison de sa sobriété et de son patriotisme<ref name="Bio Sénat" />. Après avoir fait état, à l'issue de l'élection présidentielle de 1931, de son intuition qu'il n'achèverait pas son septennat, le président Doumer est victime en Modèle:Date- d'un empoisonnement qui manque de peu de l'emporter<ref name="Lorin 298" />. En Modèle:Date-, en inaugurant une exposition sur l'aviation en Seine-et-Marne, il s'étonne de l'importance du dispositif de sécurité mis à sa disposition, et confie au haut fonctionnaire Léon Noël : Modèle:Citation<ref name="Bio Sénat" />,<ref name="Au cœur de l'histoire" />,<ref name="Lorin 307" />. Malgré les mises en garde des responsables de sa sécurité, le chef de l'État continue de se mêler aux foules lors des manifestations auxquelles il participe<ref name="Lorin 307" />.

Assassinat et funérailles

Modèle:Article détaillé

Attentat du Modèle:Date-

Photo en noir et blanc d’hommes portant un corps et semblant désapprobateurs à la vue de l’objectif des photographes
Paul Doumer évacué de l'hôtel Salomon de Rothschild immédiatement après avoir été atteint par des coups de feu.

Dans l'après-midi du Modèle:Date-, Modèle:Nobr avant le second tour des élections législatives, Paul Doumer se rend à l'hôtel Salomon de Rothschild, à Paris, pour inaugurer le salon annuel des écrivains anciens combattants, organisé par l'Association des écrivains combattants<ref name="Mort Figaro">Modèle:Article.</ref>. Alors qu'il s'entretient avec l'écrivain Claude Farrère en compagnie du ministre François Piétri, il reçoit deux balles d'un pistolet [[Browning M1910|Browning S Modèle:Nobr]]Modèle:Note : une à la base du crâne (sortie au niveau de la pommette droite) et une autre au niveau de l'aisselle droite (sortie derrière l'épaule)<ref name="Mort Figaro" />. Le tireur, Paul Gorgulov, un émigré russe, est déstabilisé par Farrère, lui-même touché au bras. Finalement maîtrisé par les inspecteurs de la sûreté, l'agresseur manque de se faire lyncher par l'assistance<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Mort du président

Après s'être écroulé dans les bras du journaliste et pilote Roger Labric, Paul Doumer est transporté à l'hôpital Beaujon, situé à proximité du lieu de l'attentat<ref>Modèle:Coord.</ref>. Victime d'une importante hémorragie en raison de la section de l'artère axillaire, il est opéré et subit plusieurs transfusions<ref>Modèle:Article.</ref>. Bien qu'aucune des blessures n'ait a priori été susceptible d'être mortelle, les soins reçus par le président de la République semblent mal coordonnés et la ligature de l'artère est pratiquée trop tardivement par l'interne de garde<ref name="Lorin 314">Modèle:Harvsp.</ref>. Ayant repris conscience, Paul Doumer se montre inquiet de savoir si son agresseur est français, mais se voit répondre qu'il a été victime d'un simple accident<ref name="Mort Figaro" />. Le lendemain, il tombe dans le coma et meurt à l’aube, à l'âge de Modèle:Nobr<ref name="PetitJournal assassinat">Modèle:Article.</ref>.

Les circonstances de sa mort suscitent émotion et indignation en France et à l’étranger<ref name="PetitJournal assassinat" />. Les autorités proposent à Blanche Doumer d'inhumer son mari au Panthéon, mais celle-ci s'y oppose en ces termes : Modèle:Citation

Jugé après une instruction de seulement un mois, Paul Gorgulov se montre incohérent et agité, mais voit sa responsabilité pénale retenue ; affirmant avoir agi seul alors que circule avec insistance la thèse d'un complot visant à stopper les projets de remilitarisation défendus par Paul Doumer, Gorgulov donne notamment pour mobile une prétendue complaisance de la France envers les bolcheviks<ref>Modèle:Article.</ref>. Condamné à mort par la cour d'assises de la Seine, il est guillotiné en public le Modèle:Date-<ref>Modèle:Article.</ref>.

Funérailles nationales

Dans l'éloge funèbre qu'il prononce lors des funérailles nationales, le président du Conseil, André Tardieu, souligne : Modèle:Citation

Le corps du président défunt est exposé au palais de l'Élysée pendant quelques jours, et des obsèques nationales sont organisées le Modèle:Date- en la cathédrale Notre-Dame de Paris ainsi qu'au Panthéon<ref>Modèle:Article.</ref>. Paul Doumer est ensuite inhumé dans le caveau familial du cimetière de Vaugirard, situé dans le [[15e arrondissement de Paris|Modèle:15e de Paris]]<ref name="Lorin 314" />.

Idéologie et prises de position

Photo en noir et blanc d’un homme chauve, à la barbe blanche, en tenue officielle, un chapeau dans la main droite
Paul Doumer le jour de son investiture à la présidence de la République.

Personnalité atypique se présentant durant toute sa carrière comme indépendant des partis politiques bien qu'il ne puisse totalement s'en écarter, Paul Doumer est initialement vu davantage comme un Modèle:Citation pragmatique Modèle:Incise que comme un Modèle:Citation ou un théoricien<ref name="Lorin 31" />. Entré en politique comme radical, il s'éloigne progressivement de la gauche pour rejoindre le centre et la droite au début des années 1900<ref name="Berstein">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Tentant de résumer sa doctrine, son biographe Amaury Lorin écrit : Modèle:Citation

Partisan d'une troisième voie

À ses débuts, il se montre favorable à une troisième voie, entre libéralisme économique et socialisme. En tant que radical, il défend le protectionnisme et des mesures sociales (renforcement des droits des travailleurs, création des sociétés coopératives ouvrières de production, développement des systèmes de mutualisme et de prévoyanceModèle:Etc.)<ref name="Lorin 1888" />. D'après lui, Modèle:Citation<ref name="Lorin 307" />. Sa défense de l'impôt sur le revenu l'inscrit pleinement dans la lignée du courant solidariste, théorisé par Léon Bourgeois<ref name="Lorin 61" />. Il se distingue des socialistes en refusant toute nationalisation des moyens de production, et en se posant en soutien de la petite propriété et de l'orthodoxie financière Modèle:Incise<ref name="Lorin" />.

Son passage dans le secteur privé au début des Modèle:Nobr le rapproche des milieux d'affaires, au point que le périodique Le Crapouillot le classe dans les Modèle:Nobr dans sa liste des politiques les plus engagés en faveur de la défense des intérêts du capital<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Amaury Lorin indique à ce sujet : Modèle:Citation

Patriotisme et colonialisme

Dénonçant la recherche perpétuelle des Modèle:Citation, il refuse de considérer uniquement l'économie et le social<ref name="Lorin 209">Modèle:Harvsp.</ref>. En raison notamment de son amitié avec des historiens comme Henri Martin, il se dit résolument patriote et admirateur de Jeanne d'Arc<ref name="Lorin 37" />,<ref name="Lorin 186" />. Spécialiste des questions de défense, il considère la puissance militaire comme le seul moyen de sauvegarde de la sécurité nationale : selon lui, Modèle:Citation<ref name="Lorin 314" />. Il est également un fervent partisan du colonialisme, contribuant à la fondation d'une école coloniale à Paris (1889) et de l'Académie des sciences coloniales (1922), et appartenant au « groupe colonial » de la Chambre, qui invoque la Modèle:Citation de la République française<ref name="Lorin 1895">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il est également président de l'Alliance française, chargée de développer la langue et la culture françaises à l’étranger<ref name="Lorin 265" />.

Rapprochement de la droite

Photo en noir et blanc d'un groupe d'hommes en manteaux et cravates arrivant à l’angle d'une rue
Paul Doumer dans les rues de Paris Modèle:Nobr.

En Indochine, Paul Doumer modère ses opinions et commence à prendre ses distances avec sa famille politique d'origine. Le radical Arthur Ranc déclare ainsi en 1900 : Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. Dès 1902, Paul Doumer noue des alliances avec les modérés. Jean Bepmale réclame alors, sans succès, son exclusion du Parti radical<ref>Le Gaulois, Modèle:Date-, Modèle:P..</ref>. Doumer dénonce la politique anticléricale du gouvernement Combes Modèle:Incise, s'inquiétant d'une possible réduction des libertés publiques et critiquant les gages donnés par le cabinet aux socialistes<ref>Le Gaulois, Modèle:Date-, Modèle:Pp.1-2.</ref>. Il devient ainsi le principal dirigeant des radicaux hostiles au combisme, alors même qu'il s'était montré résolument anticlérical par le passé<ref name="Doumer francmaçon" />. Ayant formellement rompu avec le Parti radical en 1905, Paul Doumer est considéré comme étant le candidat du centre droit à l'élection présidentielle de 1906, où il reçoit l'appui d'une partie du clergé et de l'armée<ref name="Lorin 144">Modèle:Harvsp.</ref>. Sur le plan institutionnel, il semble partisan d'un régime présidentiel en prônant un renforcement des pouvoirs du Parlement, notamment des commissions parlementaires, et de ceux du président de la République<ref name="Lorin 186" />.

En raison de cette évolution, il fait l'objet de vives attaques de l'extrême gauche, des radicaux restés à gauche et des franc-maçons<ref name="Mayeur Combes" />,<ref name="Archives Doumer" />. Ceux-ci le qualifient d'opportuniste, et lui reprochent sa bienveillance à l'égard de l'Église (il vote pour la [[Loi de séparation des Églises et de l'État#Le gouvernement Clemenceau|loi du Modèle:Date-]], qui précise et assouplit celle de 1905) et des anti-dreyfusards (gouverneur général de l'Indochine lors de l'Affaire, il ne prend pas position sur les accusations visant le capitaine)<ref name="Lorin 120" />,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le socialiste Jean Jaurès l'accuse un temps de préparer un coup d'État avec l'aide de militaires et de colonialistes<ref name="Articles Jaurès">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> et Georges Clemenceau le décrit comme le Modèle:Citation à l'occasion de l'élection présidentielle de 1906<ref>Modèle:Article.</ref>. Paul Doumer continue par la suite de se rapprocher de la droite, d'autant plus que le clivage gauche-droite de l'entre-deux-guerres s'organise autour du nationalisme, dont Doumer est un partisan, et des relations avec l'Allemagne, envers laquelle il se montre inflexible. Les élus centristes et de droite lui permettent ainsi d'accéder à la présidence de la République en 1931<ref name="Lorin 245">Modèle:Harvsp.</ref>.

Franc-maçonnerie

Sous la Troisième République, l'appartenance à la franc-maçonnerie est fréquente chez les personnalités politiques, notamment au Parti radical<ref>Modèle:Article.</ref>. Le Modèle:Date-, à Modèle:Nobr, sur recommandation d'Henri Martin et William Waddington, Paul Doumer est initié franc-maçon par la loge parisienne l'Union fraternelle, dont il devient compagnon et maître l'année suivante<ref name="Doumer francmaçon">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Modèle:Images Sur désignation de l'Union fraternelle, il siège au convent de l'obédience libérale le Grand Orient de France (GODF) de 1884 à 1888, puis au conseil de l'ordre de celle-ci, de 1888 à 1895. Il fait partie de ceux qui écartent les francs-maçons s'étant montrés favorables au coup d'État du général Boulanger, et devient secrétaire de l'obédience en 1892<ref name="Doumer francmaçon" />. Contrairement à d'autres hommes politiques, il refuse de se mettre en retrait de la franc-maçonnerie, lorsqu'il devient parlementaire. Il est alors également affilié à deux loges dans l'AisneModèle:Note, à la loge Alsace-Lorraine, ainsi qu'à la loge Voltaire, dont il est cofondateur et « vénérable maître » pendant plusieurs annéesModèle:Note. Devenu parlementaire de l'Yonne en 1891, il rejoint la loge Le Réveil de l'Yonne<ref name="Doumer francmaçon" />.

La franc-maçonnerie lui permet de nouer des relations avec des personnalités politiques, notamment Léon Bourgeois<ref name="Lorin 34-36" />. Favorable à l'intervention de la franc-maçonnerie dans le champ politique, il défend au sein de son obédience un vif patriotisme, l'anticléricalisme et une réforme du système fiscal<ref name="Doumer francmaçon" />,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

En tant que ministre des Finances en 1895-1896, il reprend les travaux effectués au Grand Orient sur l'impôt sur le revenu<ref name="Doumer francmaçon" />. Il entretient par la suite des liens avec des loges présentes en Indochine française, lorsqu'il en est le gouverneur général, mais refuse d'aider celles-ci à entraver l'action des missionnaires chrétiens<ref name="Doumer francmaçon" />. À son retour en métropole, il retrouve un rôle au sein du Grand Orient<ref name="Doumer francmaçon" />.

En 1905, dans le cadre de l'affaire des fiches, il se montre très critique envers son obédience et le gouvernement, qui ont participé au fichage de militaires afin de Modèle:Citation l'armée<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il écrit : Modèle:Citation Il est alors exclu de la loge La Libre Pensée, écarté du GODF, et fait face à l'hostilité des francs-maçons lors de l'élection présidentielle de 1906<ref name="Doumer francmaçon" />. Il est cependant membre honoraire de l'Union fraternelle jusqu'à la fin de sa vie<ref name="Doumer francmaçon" />.

Profil et particularités

Photo en noir et blanc d'un homme dégarni et à la barbe blanche, assis à un bureau, vêtu d'une redingote, d'une chemise blanche et d'une cravate
Paul Doumer dans son bureau Modèle:Nobr.

Interrompu par son assassinat, le parcours politique de Paul Doumer s'étend sur près d'un demi-siècle, ce qui constitue une longévité exceptionnelle sous la République<ref name="Lorin 1" />. Il a en effet accédé très jeune à des responsabilités nationales (député à Modèle:Nobr, ministre à 38, gouverneur général de l'Indochine française à 39)Modèle:Note et a été élu à l’Élysée à l’âge le plus avancé après Adolphe Thiers (Modèle:Nobr)<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Plusieurs fois donnée terminée à la suite de ses différents échecs électoraux, sa carrière politique présente plusieurs originalités. Ainsi, il n'a jamais été président du Conseil ou dirigeant d'un mouvement politique, contrairement à beaucoup de figures de son importance, sans doute du fait d'une intransigeance assumée. Paul Doumer a en outre présidé les deux chambres du Parlement français, ce qui est rare<ref name="Lorin 1" />.

Dans un régime où les parachutages sont mal vus par la population et les changements de départements très peu fréquents, il se fait alternativement élire au Parlement dans l'Aisne, dans l'Yonne et en Corse<ref name="Lorin 54" />. Cette démarche s'inscrit dans le caractère de plus en plus national que présentent les parlementaires français d'alors<ref name="Lorin 1888" />. Cependant, il reste particulièrement attaché à sa première terre d'élection, l'Aisne, dont il est conseiller général pendant Modèle:Nobr (il est plusieurs fois élu dans son canton axonais avec plus de 90 % des voix) et dont il défend activement les intérêts depuis Paris ; c'est d'ailleurs dans ce département qu'il effectue son premier déplacement présidentiel<ref name="Lorin 285" />. Se présentant volontiers comme Modèle:Citation, il se prononce pour la décentralisation territoriale et le principe de subsidiarité : en 1900, il participe ainsi à la fondation du groupe régionaliste<ref name="Lorin 220" />.

L'ascension sociale de Paul Doumer, fils d'ouvrier devenu chef de l’État, n'a aucun équivalent dans l'histoire de France<ref name="Berstein" />. Il est élu à une époque, où il fallait généralement une manne financière personnelle considérable, pour pouvoir faire de la politique<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. En particulier aux débuts de la Troisième République, les hommes s'étant élevés socialement grâce à leurs seules études sont très peu nombreux<ref name="Bécarud députésouvriers">Modèle:Article.</ref>. Albert Thibaudet relève que les enseignants, dont fait partie Paul Doumer, sont quasiment la seule catégorie professionnelle aux revenus limités à s'engager en politique<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. En raison de son parcours, Paul Doumer est ainsi considéré comme l'illustration de l'idée selon laquelle l'instruction et le mérite jouent un rôle déterminant dans la promotion sociale, même s'il a également profité de ses relations franc-maçonnes et coloniales<ref name="Lorin 24" />.

Reconnu pour son importante capacité de travail, dormant peu, il est vu comme un homme modeste et cordial, mais aussi arriviste et parfois autoritaire, notamment lorsqu’il était en poste en Indochine<ref name="Lorin 352" />. Le terme de Modèle:Citation a ainsi pu être utilisé à son sujet par ses adversaires de gauche<ref name="Préface Lorin">Modèle:Harvsp.</ref>. Sa formation en mathématiques le sert indéniablement dans ses fonctions et mandats électoraux, en particulier sur les questions financières et fiscales, dont très peu d'élus sont spécialistes ; cette compétence reconnue lui vaut le respect des parlementaires de tout bord et le conduit à être appelé à trois reprises au ministère des Finances, notamment dans la délicate période de l'entre-deux-guerres<ref name="Lorin 31">Modèle:Harvsp.</ref>.

Détail des mandats et fonctions

À la présidence de la République

Au gouvernement

Portrait photographique d'un homme aux cheveux et à la barbe grisonnants, vêtu d’une chemise blanche, d’un veston, d'une veste et d'une cravate foncés
Portrait de Paul Doumer (Modèle:Nobr).

Au Sénat

À la Chambre des députés

Au niveau local

Autres fonctions

Synthèse des résultats électoraux

Notes :

  • les résultats suivants sont tirés des articles de presse mentionnés en références Modèle:Infra ;
  • sauf précision contraire, les résultats portent sur les suffrages exprimés.

Présidence de la République

Année et assemblée Premier tour Second tour
Voix % Voix %
1906 Réunion plénière Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 29,4
Assemblée nationale Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 43,8
1931 Assemblée nationale Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 49,28 Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 57,08

Présidence de la Chambre

Photo en noir et blanc d’un homme ayant les cheveux blancs, une barbe taillée en pointe et habillé en costume trois pièces, avec un nœud papillon
Le radical Henri Brisson, défait à la présidence de la Chambre des députés par Paul Doumer Modèle:Nobr.
Date Voix % Adversaire
Modèle:Date Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 52,3 Henri Brisson
Modèle:Date Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 51,3 Ferdinand Sarrien

Présidence du Sénat

Date Voix
(/ votants)
%
(des votants)
Adversaire
Modèle:Date Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 87,2 Aucun
Modèle:Date Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 85,3
Modèle:Date Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 94,2
Modèle:Date Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 69,7
Modèle:Date Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 76,6

Élections législatives

Modèle:…

Année Circonscription Voix % Issue
1888 Aisne 42 244 Élu

Élections sénatoriales

Date Circonscription Premier tour Second tour
Voix
(/ votants)
%
(des votants)
Voix
(/ votants)
%
(des votants)
Modèle:Date Corse Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 58,6
[[Élections sénatoriales françaises de 1921|Modèle:Date-]] Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 48,9 Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 52,4
[[Élections sénatoriales françaises de 1929|Modèle:Date-]] Modèle:Infobox Parti politique/Sièges 51,5

Postérité et hommages

Photo en noir et blanc d'un homme taillant un buste blanc
Alexandre Descatoire terminant un buste de Paul Doumer (1932).

Alors qu'il est gouverneur général de l'Indochine, Paul Doumer fait construire un pont à son nom, qui est par la suite renommé « pont Long Biên »<ref>Modèle:Article.</ref>. En 1906, après avoir effectué sa première expédition en Antarctique, son ami l'explorateur Jean-Baptiste Charcot nomme un territoire de l'archipel Palmer « île Doumer »<ref>Modèle:Article.</ref>. En 1915, le commandant Fouquet lui dédie son chant patriotique La Nouvelle France<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Son assassinat lui permet de bénéficier d'une image consensuelle au sein de l'opinion publique française, qui salue son engagement républicain, son patriotisme et son ascension sociale<ref name="Lorin 314" />. Sa disparition marque la fin d'un Modèle:Citation, la présidence de son successeur, Albert Lebrun, voyant la montée de l'antiparlementarisme, l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale et l'instauration du régime de Vichy<ref name="Lorin 340" />. Dans les décennies qui suivent sa mort, Paul Doumer est davantage connu en raison de sa fin tragique Modèle:Incise que de sa carrière politique, pourtant très longue<ref name="Lorin" />. C'est seulement en 2013 qu'une biographie publiée à compte d'éditeur lui est consacrée (Modèle:Ouvrage, premier prix de thèse du Sénat en 2012)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Il fait cependant partie des chefs de l'État les plus honorés en France par le nombre de voies de circulation, établissements scolaires, monuments ou plaques qui lui sont consacrés : selon une estimation de 2007 de l'Association des maires de France, quelque Modèle:Unité de circulation portent ainsi son nom<ref name="Lorin 1">Modèle:Harvsp.</ref>. Une loi promulguée le Modèle:Date- dispose qu'il Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>. L'année suivante, le paquebot à moteurs Le Président-Doumer est lancé à La Ciotat par la Compagnie des messageries maritimes, tandis que l'avenue Paul-Doumer est inaugurée par le président Lebrun dans le [[16e arrondissement de Paris|Modèle:16e de Paris]]<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. En 1934, un monument sculpté par Armand Martial est érigé en son honneur dans sa commune natale d'Aurillac, et un timbre à son effigie est émis par La Poste<ref name="Lorin 340" />. Enfin, pendant plusieurs décennies, l'ancien collaborateur de Paul Doumer à l'Élysée Jean Perreau-Pradier, accompagné d'anciens combattants, organise des événements lui rendant hommage<ref name="Lorin 340" />.

Modèle:Boîte déroulante/début En France :

À l'étranger :

Des rues rendent par ailleurs hommage aux quatre fils du président Doumer morts pour la France :

  • Rue des Frères-Doumer à Anizy-le-Château (Aisne) ;
  • Rue des Quatre-Fils-Doumer à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône), à Cosne-Cours-sur-Loire (Nièvre), à Tergnier (Aisne).

Modèle:Boîte déroulante/fin

Distinctions

Bibliographie

Modèle:Légende plume

Ouvrages de Paul Doumer

Première de couverture d'un livre
Première de couverture du Livre de mes fils (1906).

Si Paul Doumer n'a pas procédé à la rédaction de mémoires et a laissé plusieurs projets à l'état d'ébauche, il a préfacé et rédigé des ouvrages, notamment de morale. Les plus connus sont Livre de mes fils Modèle:Incise et ceux sur son expérience en Indochine française<ref name="Lorin 505" />. Durant sa carrière, il fait publier les ouvrages suivants :

Ouvrages traitant de Paul Doumer

Modèle:Colonnes

Articles consacrés à Paul Doumer

Modèle:Colonnes

Filmographie

Dans le téléfilm La Séparation, réalisé en 2005 par François Hanss, l'acteur Michael Lonsdale interprète Paul Doumer, président de la Chambre des députés lors des débats sur la loi de séparation des Églises et de l'État.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Fichier:Information icon with gradient background.svg Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cet article proviennent de l'ouvrage d'Amaury Lorin Modèle:Ouvrage, premier prix de thèse du Sénat en 2012. Modèle:Références nombreuses

Liens externes

Modèle:Autres projets Modèle:Liens

Modèle:Palette Modèle:Portail Modèle:Méta bandeau{{#ifeq:|| {{#if:||}} |}}{{#if:||{{#switch:158746723

 |oldid=
 |XXXXXX=
 |XXXXXXX=
 |XXXXXXXX=
 |#default={{#if:158746723||}}
 }}

}}