Quiétisme
Le quiétisme est une doctrine mystique consistant en un itinéraire spirituel de « cheminement vers Dieu » caractérisée par une grande passivité spirituelle vis-à-vis de Dieu. Née en Italie, elle se répandit ailleurs aux {{#switch: e
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}}. Parmi les protestants, une doctrine similaire s'observe chez les quakers. Modèle:Passage évasif théologues, elle s'inspire fortement de l'hésychasme orthodoxe, Modèle:Passage évasif et par définition elle en est en quelque sorte l'opposé, car l'hésychasme vise un calme, un repos intérieur, alors que le quiétisme concerne surtout l'absence d'activité extérieure.
Inspiré par les œuvres du prêtre espagnol Miguel de Molinos, le quiétisme vise à la Perfection chrétienne, à un état de quiétude « passive » et confiante. Cet itinéraire passe par un désir continuel de « présence à Dieu », de quiétude et d’union avec Dieu aboutissant au terme du cheminement, à un dépassement mystique des étapes qui ont permis le cheminement lui-même (pratiques ascétiques et respect des contraintes de la vie liturgiques). Pour les quiétistes, l'union à Dieu, bien avant la mort, est le but de la vie chrétienne.
Après un débat théologique, le quiétisme est condamné dès 1687 par l'Église catholique comme hérétique : malgré son abjuration, Miguel de Molinos est condamné à la prison à vie. L'année suivante, la femme de lettres Madame Guyon amène le débat en France en répandant une théorie du Modèle:Citation assez proche du quiétisme déjà condamné. Fénelon est séduit par ces idées et se lance avec Bossuet dans un long affrontement idéologique. Finalement le pape Innocent XII condamne Fénelon ainsi que Madame Guyon en 1699 et cette doctrine est mise au ban de l'Église.
La conséquence du long débat entre Bossuet et Fénelon, et la défaite de ce dernier, sera une crise religieuse et le discrédit du mysticisme chrétien au cours du siècle suivant.
Historique
Quiétisme ou molinisme
Le quiétisme est un courant spirituel rattaché à des traditions plus anciennes dans le christianisme telle que l'hésychasme des Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, ou la devotio moderna des Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref name="theo">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Le Dictionnaire des sciences philosophiques de 1851 (Modèle:Ouvrage) évoque également les Modèle:Citation du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.</ref>.
Le quiétisme prend naissance en Italie vers la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. Il fut prêché par un prêtre et théologien espagnol, Miguel de Molinos (1628-1696), qui expose cette doctrine dans son Guide philosophique (1675). Dans son ouvrage, le père Molinos explique que Modèle:Citation<ref name="theo"/>.
La conséquence de ces thèses serait une mésestime de la structure hiérarchique de l'Église catholique (la contemplation se faisant en dehors de tout cadre d'Église), le refus de tout désir pour soi et de tout acte (prière, remerciement, résistance à la tentation) et l'abandon au péché : le péché sans consentement ne troublant pas la parfaite union avec Dieu<ref>A noter que ces thèses, n'ont été exprimées sous cette forme uniquement dans les documents hostiles aux quiétistes, et ces derniers, sans les renier, se sont défendus de les avoir soutenues sans nuances.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Cette doctrine Modèle:Citation est condamnée par le pape Innocent XI dans la bulle Coelestis Pastor (le pasteur des cieux) en 1687<ref name="theo"/>. Molinos, obligé d'abjurer publiquement, finit sa vie en résidence surveillée dans un couvent.
Relance du quiétisme en France
Après cette condamnation, une jeune mystique française, Jeanne-Marie Bouvier de la Motte, épouse Guyon (1648-1717) répand une théorie du Modèle:Citation assez proche de celle de Molinos. Sa doctrine représente une réaction anti-intellectualiste et anti-activiste voisine du piétisme protestant qui se développe à la même époque en Hollande et en Allemagne. Ses écrits l'amènent, à plusieurs reprises, à être consignée dans un couvent. Fénelon, séduit par les idées de Madame Guyon, s'en fait le promoteur et le défenseur<ref name="theo"/>.
En 1695, une commission est constituée à la demande de Louis XIV (sous l'influence de Madame de Maintenon). Cette commission, présidée par Bossuet, condamne les idées de Madame Guyon. Mais en 1697, Fénelon publie une Explication des maximes des saints sur la vie intérieure où il défend la doctrine du Modèle:Citation en s'appuyant sur les Pères Grecs (Clément d'Alexandrie et Jean Cassien, notamment) et sur de nombreux mystiques chrétiens occidentaux.
Une controverse s'engage entre Fénelon et Bossuet, qui se termine en 1699 par la condamnation de l'ouvrage de Fénelon par le pape Innocent XII<ref>Cette condamnation par Innocent XII aurait eu lieu à la demande de Bossuet, et sur des pressions politiques du roi de France.</ref>. Cette condamnation marque la victoire de Bossuet sur Fénelon<ref> Fénelon se soumet à la décision du pape, quitte la cour et se retire dans son diocèse dont il conserve la charge.</ref>, mais laisse de lourdes conséquences dans la mystique chrétienne<ref name="theo"/>.
Conséquences de cette crise
La Modèle:Citation, violemment combattue par Bossuet, alimente une crise religieuse en France dans les dernières années du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. La victoire de Bossuet sur Fénelon (qui s'inclina devant l'autorité papale) et [[Madame Guyon|Modèle:Mme Guyon]] entraîna la fin du mysticisme chrétien en France, ce que Louis Cognet a appelé Modèle:Citation.
En effet, le mouvement mystique sort discrédité de ce débat, et cette condamnation prépare les réactions anti-mystique des siècles suivants<ref name="theo"/>. Ainsi, de nombreux mystiques, parfois même antérieurs à Molinos, furent considérés par certains auteurs comme « quiétistes ». Ce fut le cas par exemple de Thérèse d'Avila, ce qui poussa certains auteurs à de vibrants plaidoyers pour réfuter ces accusations ; comme le fit Robert Arnauld d'Andilly, dans un préambule d'une de ses publications d'ouvrage thérésien<ref>Son introduction est disponible en ligne Modèle:Lien web.</ref>. De même Jean de la Croix, cité et repris par Fénelon dans son livre Maximes des Saints, se retrouve implicitement discrédité (en France), par la condamnation de Fénelon<ref>Modèle:Article. Voir aussi : Modèle:Ouvrage</ref>. Parmi les protestants, un contemporain de Mme Guyon, Jean de Labadie a été qualifié de quiétiste.
Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
Le mouvement mystique des Âmes Intérieures s'inspire des thèses de Madame Guyon. En Suisse, à Lausanne, le Cercle lausannois des Âmes Intérieures s'est réuni entre 1750 et 1850.
Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
Jean-Paul Sartre écrit à propos du quiétisme : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
René Guénon
En 1945, l'écrivain ésotériste René Guénon, dans un article intitulé Contre le Quiétisme<ref>Publié dans la revue Éditions Traditionnelles, Modèle:N°,décembre 1945, repris dans l'ouvrage posthume Initiation et Réalisation Spirituelle, chapitre XXVI, publié aux Éditions Traditionnelles, 1952 (réédité en 2008), Modèle:ISBN.</ref>, tout en rappelant que le terme « a été créé [...] pour désigner une forme de mysticisme, [...] dont le caractère principal est de pousser à l'extrême la passivité qui [serait] inhérente au mysticisme comme tel », l'utilise dans une acception qui s'applique aux doctrines métaphysiques orientales, dont l'Hindouisme et le Taoïsme. Il relève l'erreur qui — selon lui — consiste à « voir du quiétisme » dans toute doctrine qui met la contemplation au-dessus de l'action, c'est-à-dire dans toute doctrine « traditionnelle ». Ainsi cite-t-il les cas de l'hindouisme et surtout du taoïsme, au sujet duquel certains auteurs seraient enclins à parler de « quiétisme » à cause du rôle qu'y joue la notion du « non-agir » (wou wei), que nombre d'orientalistes (par exemple Marcel Granet<ref>Marcel Granet : voir son ouvrage La Pensée chinoise, publié en 1934 aux Éditions Albin Michel</ref>) font synonyme de « passivité », d'« inactivité » voire d'« inertie » ou d'un « détachement » qui, pour Guénon, ne saurait être comparé à l'indifférence professée par le quiétisme.
Jacques Le Brun, dans Le Pur amour, de Platon à Lacan, met en évidence les liens de continuité qui font du quiétisme une doctrine fondamentale.
Mystique chrétienne, oraison et quiétisme
Si l'Église catholique, dans son catéchisme<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, appelle chaque chrétien à une vie mystique et à l'Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp (lire en ligne).</ref>, elle indique néanmoins plusieurs points de désaccord avec la doctrine prônée par Molinos<ref>Ou du moins telle que celle-ci a été comprise et interprétée à l'époque.</ref> :
- absence d'efforts une fois l'âme unie à Dieu : pour l'Église, l'union à Dieu demande un effort permanent de la volonté et de l'intelligence pour garder Modèle:Citation. Le témoignage des autres chrétiens (les saints) sont une aide importante pour progresser<ref>Modèle:Harvsp (lire en ligne).</ref>.
- inutilité des sacrements : pour l'Église, Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp (lire en ligne).</ref>.
- inutilité de la prière : pour l'Église, la prière est une démarche d'amour vers Dieu, une réponse à la démarche de Dieu vers l'homme. Elle doit donc se poursuivre jusqu'à l'union et même après<ref>Modèle:Harvsp (lire en ligne).</ref>.
De son côté, Thérèse d'Avila qui a longuement parlé de l'oraison dans différents ouvrages, a également mis en garde (les supérieures de ses couvents de carmélites) contre des attitudes proches du quiétisme<ref>Thérèse d'Avila parle de Modèle:Citation, terme qui dans le contexte philosophique de son époque, désignait une attitude proche de celle défendue par Molinos.</ref>. Dans son livre Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, elle recommande dans un premier temps la fermeté : d'exiger l'obéissance<ref>Le vœu d'obéissance, fait partie des vœux prononcés par le religieux lors de son entrée dans le couvent.</ref> des religieuses « mélancoliques » (l'obéissance et l'humilité s'opposent à l'orgueil de la présumée fautive et révèle sa vertu), au besoin leur donner une nourriture plus riche et abondante (pour pallier les faiblesses physiques pouvant être la cause d'illusions-hallucinations), de supprimer temporairement les temps de prières et d'oraison<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pour Thérèse, les vertus croissent avec l'union de l'âme à Dieu, elles sont donc un bon indicateur du cheminement de l'âme vers Dieu, ou non.
Chez les quakers
George Fox, le fondateur du quakerisme, était arrivé à la conclusion que la seule vraie spiritualité ne pouvait être atteinte qu'en se rendant disponible à l'Esprit-saint au travers du silence, et c'est sur cette fondation assez proche du quiétisme qu'il construisit le mouvement quaker. La pensée quiétiste joua également un rôle important parmi les quakers britanniques de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, lorsqu'un pamphlet intitulé « Une foi raisonnable » (Modèle:Lang) fut publié par les quakers William Pollard, Francis Frith et W. E. Turner (en 1884 et 1886) ; cette publication fut à l'origine d'une vive polémique avec l'aile évangélique du mouvement quaker.
Écrivains adeptes de cette doctrine
- François Malaval (1627-1719)
- Madame Guyon (1648-1717)
- Fénelon (1651-1715)
- André Michel Ramsay (1686-1743)
- Jean-Pierre de Caussade (1675-1751)
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage
- Henri Delacroix, Études sur le mysticisme, Paris, 1908.
- Henri Brémond, La Querelle du pur amour au temps de Louis XIII ,1932.
- Henri Brémond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France depuis la fin des guerres de religion jusqu'à nos jours (11 vol.) 1916-1933, t. XI. Le procès des mystiques.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Jeanne-Lydie Goré, La Notion d'indifférence chez Fénelon, PUF, 1956.
- Modèle:Ouvrage.
- Louis Cognet, Crépuscule des Mystiques, Paris: Desclée, 1958.
- Jean Grenier, Écrits sur le quiétisme, Quimper, Calligrammes, 1984.
- Modèle:Ouvrage
- Jacques Le Brun, Le pur amour : de Platon à Lacan, Seuil, Bibliothèque du XXI° siècle, 2002.