Espérance de vie humaine
L'espérance de vie humaine est un des indicateurs statistiques les plus utilisés dans le domaine de la prospective et des projections démographiques<ref>Révision de 2004, Résumé de 17 pages en français, PDF, Nations Unies ; New York, 2005.</ref>,<ref>Révision de 2006, Résumé de 21 pages en français, PDF, Nations Unies ; New York, 2007.</ref>,<ref>Perspectives démographiques mondiales 1950-2050 : révision de 2008 (DAES 2009D), source des estimations et projections démographiques de l’Organisation des Nations Unies. Préparé tous les deux ans par la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (DAES) des Nations Unies, ce rapport intègre les données des registres d’état civil, des recensements de la population et des études démographiques menées au niveau national.</ref>, et pour évaluer le niveau de développement et l'indice de développement humain d'un État ou d'une région du monde.
Elle permet de quantifier les conditions de mortalité à une année donnée : l'espérance de vie à la naissance est égale à la durée de vie moyenne d'une population fictive qui vivrait toute son existence dans les conditions de mortalité de l'année considérée. L'année 2020 a vu sa régression mondiale « pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale ».
Contrairement à ce que le terme « espérance de vie » peut laisser penser, cette statistique n'est pas une prévision des probabilités de décès pour les années ultérieures. Dire par exemple que l'espérance de vie des hommes en 2000 est de soixante-quinze ans signifie que les hommes nés en 2000 vivront en moyenne soixante-quinze ans, mais seulement si les conditions de mortalité qu'ils rencontreront au long de leur vie correspondent à celles de l'année 2000. Si les progrès continuent, les hommes nés en 2000 pourront vivre en moyenne plus de Modèle:Nombre. Inversement, il se peut que les conditions se dégradent, et que la durée de la vie diminue.
Cette statistique est calculée sous l'égide de l'ONU, et publiée par de nombreux organismes, incluant l'OMS.
L'espérance de vie à la naissance se calcule à partir des quotients de mortalité par âge, c'est-à-dire des probabilités de décéder dans l'année pour des personnes qui atteignent un âge donné. À chaque âge le risque de décès est donc mesuré par le quotient par âge observé cette année-là. Elle synthétise donc les conditions de mortalité de l'année, sous forme d'une génération fictive. Elle diffère de la moyenne des âges au moment du décès de toutes les personnes mortes au cours d'une année qui, elle, est sensible à la structure par âge de la population.
Dans la quasi-totalité des pays, l'espérance de vie des femmes est plus importante que celle des hommes.
Les guerres, les catastrophes naturelles et les épidémies la font diminuer, alors que les progrès de la médecine et du niveau de vie (hygiène, vaccins, alimentation...) tendent à l'allonger.
Calcul
Le calcul de l'espérance de vie à un âge donné, pour une année donnée, comporte deux phases<ref name="ined.fr">Modèle:Lien web.</ref> ; le calcul de l'espérance de vie à la naissance est un cas comme un autre de calcul de l'espérance de vie en partant de l'âge 0 :
- Dans un premier temps, les démographes relèvent les proportions de décès selon l'âge (décès à Modèle:Nombre, Modèle:Nombre, etc.) pour l'année choisie. Ils rapportent donc le nombre de personnes décédées à un âge donné au nombre de personnes ayant cet âge dans la population l'année considérée. Par exemple, pour le calcul de l'espérance de vie en 2000 , les démographes ont calculé que cette année-là, 0,4 % des Français sont décédés dans leur première année et que 0,08 % des Français âgés de Modèle:Nombre sont décédés. Ce même calcul est répété pour tous les âges possibles (de 0 à l'âge le plus élevé de la population analysée). Le résultat de cette phase est un ensemble de quotients de mortalité par âge, pour l'année 2000 par exemple.
- Dans un second temps, le calcul se poursuit sur la base d'un millier de personnes, sorte de population fictive représentative, nombre choisi pour la commodité du calcul. Pour le calcul de l'espérance de vie à la naissance, sachant que la mortalité des individus qui ont moins d'un an en 2000 est de Modèle:Unité, Modèle:Nombre sont retirés de l'ensemble initial et il reste par conséquent Modèle:Nombre, celles-ci étant âgées d'un an au moins. Pareillement, le nombre de décès entre Modèle:Nombre est obtenu en appliquant le quotient de mortalité entre Modèle:Nombre au nombre de survivants (996), et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il ne reste aucune personne d'un âge supérieur à celui pour lequel a été calculé la mortalité. L'espérance de vie à la naissance, pour l'année choisie, s'obtient alors simplement en faisant la moyenne des âges de décès des mille personnes.
L'espérance de vie étant un calcul statistique pris à la naissance, la chute de la mortalité infantile au {{#switch: et au début du
| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: XX|-| – | XX }}Modèle:S mini- siècle
| Modèle:S mini-{{#ifeq: et au début du|-| – | et au début du }}Modèle:S mini- siècle
}} explique en grande partie l'augmentation rapide de l'espérance de vie durant cette même période<ref>René Souriac, Histoire de France, 1750-1995: Société, culture, 1750-1995, 1996, Modèle:P..</ref>.
Expression mathématique
L'espérance de vie à la naissance d'une population, selon les statistiques d'une année <math>A</math>, est égale à<ref name="leborgne">Modèle:Lien Web</ref> :
Modèle:Bloc emphase</math>}}
avec <math>p_i</math> la probabilité de survivre à l'âge <math>i</math>, c'est-à-dire la proportion des personnes ayant l’âge <math>i</math> au premier janvier qui sont encore vivantes le 31 décembre. Ces proportions sont calculées à partir des taux de mortalité de l'année <math>A</math> pour les différents âges.
Plus généralement, l'espérance de vie à l'âge <math>a</math> pour l'année <math>A</math> est donné par : <math>\sum_{k=a}^\infty{\prod_{i=a}^k{p_i}}</math>
Modèle:Démonstration = \sum_{k=0}^\infty{\mathbb{P}(X \geq k+1)}</math>.
Or, la probabilité de dépasser l'âge <math>k+1</math> : <math>\mathbb{P}(X \geq k+1)</math> est égale à la somme des probabilité d'avoir l'âge <math>k+1, k+2, ..., \infty</math>, d'où :
<math>\mathbb{E}(X) =\sum_{k=0}^\infty{\sum_{j=k+1}^\infty{\mathbb{P}(X=j)}}</math>
La double somme <math>\sum_{k=0}^\infty{\sum_{j=k+1}^\infty}</math> est égale à <math>\sum_{j=1}^\infty{\sum_{k=0}^{j-1}}</math> (on parcourt exactement les mêmes couples <math>(j,k)</math> dans des ordres différents, ce qui donne tout de même la même somme).
Donc, <math>\mathbb{E}(X) = \sum_{j=1}^\infty{\sum_{k=0}^{j-1}{\mathbb{P}(X=j)}} = \sum_{j=1}^\infty{j \mathbb{P}(X=j)}</math>. CQFD.}}
Statistiques
Évolution
Modèle:Légende | Modèle:Légende |
Monde
Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la philosophe Hannah Arendt considère que l'espérance de vie augmente en Occident uniquement par rapport à la période des débuts de l'industrialisation, dont certains aspects sont nocifs pour la vie humaine. Nous ne possédons pas de statistiques sur les anciens à Rome et en Grèce mais on y voyait communément des vies vécues jusqu'à 70, voire Modèle:Nombre (Diophante, Modèle:Nombre) même si les historiens montrent une espérance de vie en Grèce et à Rome bien inférieure à celle de l'ère contemporaine<ref>Modèle:Lien brisé.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. H. Arendt affirmait dans un ouvrage en 1953 que certains groupes humains traditionnels ont une espérance de vie similaire aux sociétés occidentales sans que cela puisse être attribué à la médecine moderne, comme en Kabylie ou en Arménie<ref>La Condition de l'homme moderne, Hannah Arendt, Modèle:P.183, 1953.</ref>. Et elle était meilleure en 1900 qu'en 1750<ref>Modèle:Lien brisé.</ref>. Cependant, quelques études suggèrent que dans les sociétés industrielles, en raison de l'augmentation de la densité de population, la fréquence des infections et des maladies auto-immunes augmente plutôt qu'elle ne diminue<ref>Edouart Goldsmith, 1994, Le Défi du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:P.261.</ref>. Ces auteurs supposent donc que les progrès scientifiques et techniques résolvent par la médecine des problèmes qu'ils ont eux-mêmes créés par la modernisation des modes de vie<ref>Serge Latouche, 1995, La Mégamachine, raison techno scientifique, raison économique et mythe du progrès, Modèle:P.89).</ref>.
Depuis le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les comportements individuels et collectifs de santé ont un rôle majeur. Avec l'hygiénisme, la prise de conscience de l’importance de la prévention a modelé les comportements : diminution de la consommation d’alcool, hygiène, asepsie, prise de conscience de l’importance de l’activité physique et de là, l'on vit de plus en plus longtemps sans présenter d'incapacités ou de dépendances.
De 1990 à 2013, l’espérance de vie mondiale des deux sexes a augmenté, passant de Modèle:Nombre (65,0 à 65,6) en 1990 à Modèle:Nombre (71,0 à 71,9) en 2013<ref>Modèle:Article.</ref>.
Selon l'OMS (2019), essentiellement grâce à un recul très fort de la mortalité infantile (chez les Modèle:Nombre, notamment en zone subsaharienne), le gain moyen a été de Modèle:Nombre et demi en Modèle:Nombre (de 2000 à 2016, soit un passage de Modèle:Nombre), mais avec des inégalités persistantes entre communautés et pays selon leur niveau de richesse (Modèle:Nombre de différence entre les pays les plus riches et les plus pauvres)<ref name=CommOMS2019ScAv/>. L'espérance de vie en bonne santé à la naissance est à peu près stable pour les pays les plus riches, mais a fortement augmenté dans le monde (passant de Modèle:Nombre en 2000 à Modèle:Nombre en 2016). Ces gains sont aussi liés à la lutte contre le paludisme et le sida. Partout les femmes continuent à avoir une espérance de vie plus longue que les hommes<ref name=CommOMS2019ScAv/>.
L'année 2020 a vu « pour la première fois depuis la Seconde Guerre Mondiale » une régression mondiale de l'espérance de vie à la naissance. L'important excès de mortalité provoqué par la pandémie de Covid-19 dans le monde a causé un retour en arrière de plusieurs années pour de nombreux pays. Les pays développés n'ont pas été épargnés par cet événement avec une partie d'entre eux perdant plus d'un an d'espérance de vie<ref>Modèle:Article</ref>.
Des différences existent selon le genre. Les garçons naissent plus nombreux mais meurent plus tôt : en 2019, environ Modèle:Nombre de garçons devraient ainsi naître dans le monde, contre Modèle:Nombre de filles, mais l'espérance de vie de ces dernières est de Modèle:Nombre, soit nettement supérieure à celle des hommes (Modèle:Nombre). Sur 40 des causes les plus fréquentes de décès, 33 causes impactent plus les hommes que les femmes (ainsi, par exemple en 2016, le risque de mourir entre Modèle:Nombre d'une maladie non transmissible est supérieur de 44 % chez les hommes par rapport aux femmes). Cette différence est en partie biologique, et en partie socio-comportementale : les hommes prennent plus de risques, consultent moins et font moins appel au dépistage ; le taux de mort par suicide en 2016 était de 75 % plus élevé chez les hommes par rapport aux femmes ; ils sont aussi beaucoup plus exposés au risque de mort par homicide (quatre fois plus) et par accidents de la route (deux fois plus après Modèle:Nombre)<ref name=CommOMS2019ScAv>Modèle:Lien web.</ref>.
États-Unis
En 2015, d'après le Centre américain des statistiques de santé, alors que la mortalité infantile (Modèle:Nombre d'enfants pour Modèle:Nombre vivants en 2015, contre 582,1 en 2014, différence statistiquement non significative) a très légèrement augmenté, l'espérance de vie aux États-Unis a diminué pour la première fois depuis Modèle:Nombre (depuis 1993). La perte moyenne d'espérance de vie à la naissance est d'environ un mois de vie par Américain, passant de Modèle:Nombre en 2014 à Modèle:Nombre en 2015<ref name="ref1">Jiaquan Xu, M.D., Sherry L. Murphy, B.S., Kenneth D. Kochanek, M.A., and Elizabeth Arias, Ph.D. (2016) Mortality in the United States, 2015, NCHS Data Brief Modèle:Numéro avec majuscule, décembre 2016 publiée 2016-12-08, consulté 2016-12-10.</ref>.
D'importantes inégalités sociales persistent, par exemple entre les populations blanche et noire (Modèle:Nombre de moins pour les noirs). Les causes de cette régression sont une dégradation de la santé aux États-Unis : les maladies cardiaques (dues notamment à l'obésité) et une augmentation des taux de cancer (principales causes de mortalité aux États-Unis, avec 48 % des décès en 2008). Les maladies respiratoires et la maladie d'Alzheimer (en hausse de 7,5 %), la grippe et les pneumonies (en hausse de 4,9 %), l'hypertension (+4,1 %), les suicides (+2,7 %), et les maladies rénales (+2,1 %) viennent ensuite comme principales explications selon les CDCModèle:Référence nécessaire.
L'espérance de vie recule de nouveau en 2016 et en 2017, soit trois années consécutives après 2015, à cause de la consommation de drogues et des suicides : il s'agit d'une première depuis la fin des années 1910, marquées par la Première Guerre mondiale et la grippe espagnole<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
L'espérance de vie baisse en 2020 et 2021 de deux ans et demi pour s'établir à Modèle:Nombre (estimations provisoires ; femmes : Modèle:Nombre, hommes : Modèle:Nombre)<ref>Arias, Elizabeth ; Tejada-Vera, Betzaida ; Kochanek, Kenneth D. et Ahmad, Farida B. Provisional Life Expectancy Estimates for 2021. U.S. Department of Health and Human Services, Centers for Disease Control and Prevention, National Center for Health Statistics, Vital Statistics Rapid Release Modèle:N°, août 2022, 16 pp. </ref>, soit le niveau le plus bas depuis 1996. Cette baisse est principalement liée à la pandémie de Covid-19 mais aussi encore de la consommation de drogues<ref>Modèle:Article.</ref>.
Canada
Au Canada, en 1901, en tenant compte de la mortalité infantile élevée, une femme « moyenne » née dans le pays pouvait espérer vivre jusqu’à Modèle:Nombre et un homme, jusqu’à Modèle:Nombre. Seuls 44 % des femmes et 38 % des hommes atteignaient Modèle:Nombre. Ceux qui y parvenaient pouvaient encore espérer vivre dix années (en moyenne)<ref>Étude « Une analyse de l’évolution de l’espérance de vie sans dépendance au Canada entre 1986 et 1996 », publiée dans le rapport sur l’état de la population du Canada, 1998-1999, produit no 91-209-XPF au catalogue de Statistique Canada.</ref>. L'espérance de vie en bonne santé ou sans dépendance<ref>Laurent Martel et Alain Bélanger, L’espérance de vie sans dépendance au Canada ; Tendances sociales canadiennes, Automne 2000 ; Statistique Canada — No 11-008 au catalogue (Télécharger l'étude).</ref> s'est améliorée, mais n'a cependant pas évolué au même rythme<ref>L.M. Verbrugge, « Longer Life but Worsening Health? Trends in Health and Mortality of Middle-Aged and Older Persons », Milbank Memorial Fund Quarterly / Health and Society, vol. 62, no 3, 1984, Modèle:P.475 à 519 ; E.M. Crimmins, « Are Americans Healthier as Well as Longer-Lived? », Journal of Insurance Medicine, vol. 22, no 2, 1990, Modèle:P.89 à 92 ; S. J. Olshansky, M.A. Rudberg, B.A. Carnes, C.K. Cassel et J.A. Brody, « Trading Off Longer Life for Worsening Health », Journal of Aging and Health, vol. 3, no 2, 1991, Modèle:P.194 à 216.</ref>. Là encore de fortes différences existent entre hommes et femmes.
Sardaigne
Le type d'alimentation spécifique à l'île de Sardaigne, une des régions d'Italie, et le mode de vie des habitants a contribué à une espérance de vie humaine très élevée dans les secteurs montagneux où se pratiquent le régime méditerranéen et la transhumance en Sardaigne, qui fait depuis le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle l'objet de circuits de randonnée en Sardaigne.
France
Avant 1909
L'espérance de vie à la naissance est mesurée par année pour toute la population de France à partir de 1740. Avant cette date et dans les autres pays à cette époque, les données fiables manquent pour cela. Elle est passée d'une moyenne décennale de Modèle:Nombre pour les hommes et Modèle:Nombre pour les femmes en 1740 à Modèle:Nombre pour les hommes et Modèle:Nombre pour les femmes en 2020. L'espérance de vie s'allonge dès 1749, avec une probable accélération avant 1740, mais non-observée par manque de données de qualité. De 1750 à 1870, d'importantes variations annuelles sont dues aux famines et épidémies. Il y a eu quatre diminutions importantes de l'espérance de vie pour cause de guerres qui ont touché plus les hommes que les femmes : les guerres napoléoniennes (1800-1815), la guerre franco-prussienne (1870), la Première Guerre mondiale (1914-1918), la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). L'espérance de vie à Modèle:Nombre (il s'agit du nombre d'années que les personnes de Modèle:Nombre vivraient en moyenne après leur Modèle:Nombre si la mortalité par âge et sexe restait constante, pas l'âge moyen auquel ils mourraient) est passée de Modèle:Nombre en 1740 à Modèle:Nombre à 1870. L'intense mortalité infantile faisait qu'en 1740 une personne de Modèle:Nombre aurait en moyenne davantage d'années à vivre qu'un nouveau-né (avec les taux de mortalité par âge et sexe de 1740).
L'espérance de vie à Modèle:Nombre des nobles a pu être estimée pour une période antérieure à 1740<ref>Houdaille, Jacques « La noblesse française 1600-1900 » Population, Modèle:44e, Modèle:N°3, 1989, Modèle:P..</ref>. Pour les hommes, elle est passée de 35,6 ans avant 1550 à 40,5 ans entre 1600 et 1649, à 38,0 ans entre 1650 et 1679, à 42,9 ans entre 1770 et 1819. L'espérance de vie à Modèle:Nombre des femmes nobles était inférieure de un à deux ans à celle des hommes. Elle était donc plus élevée pour les nobles que pour la population totale, mais beaucoup plus faible que l'espérance de vie à Modèle:Nombre de 2020 (54,8 ans pour les hommes, 60,6 ans pour les femmes)<ref>Insee Espérances de vie - Bilan démographique 2020 Chiffres détaillés, 29 mars 2021.</ref>. Avec les taux de mortalité par âge et sexe de 1730-1749, 24 % des nobles mais 60 % de la population totale était décédée avant l’âge de Modèle:Nombre. Avec les taux de 1880-1909, ces pourcentages se réduisent à 17 % et 29 %. La mortalité des moins de Modèle:Nombre a donc fortement diminué, surtout chez les non-nobles, mais est demeurée considérablement plus élevée qu’en 2020 (0,99 % pour les femmes, 0,63 % pour les hommes)<ref>Insee Survivants - Bilan démographique 2020 Chiffres détaillés, 29 mars 2021.</ref>.
De 1900 à 2000
Depuis le début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, période où l'espérance de vie des Français était au plus bas avec une moyenne de Modèle:Nombre<ref>François de Closets, 1970, Modèle:P.201.</ref>, celle-ci n'a cessé d'augmenter.
De 1900 à 2000, l’espérance de vie en France (moyenne hommes et femmes) est passée de Modèle:Nombre, soit une hausse de 65 % en un siècle seulement. Cette avancée a été le résultat de nombreux progrès :
- sanitaires : prise en charge de la grossesse et des nourrissons, asepsie, antibiotiques, vaccinations, chirurgie, médecine dentaire, mais aussi campagnes contre le tabac et l’alcoolModèle:Etc.
- sociaux : allègement de la pénibilité du travail, congés payés, diminution du temps de travail, accès aux soins et à la scolarité, hausse du niveau de vie, réduction de l’extrême pauvreté et des carences alimentaires graves qui lui sont associées, accessibilité à la majorité d’un confort autrefois réservé à une élite : eau courante, électricité, chauffage, accès au logementModèle:Etc.
- des normes : politique de sécurité des transports, normes de sécurité dans les entreprises et les bâtiments, conservation des aliments par le froid, matériels de sécurité incendie.
Depuis 2000
En France, l'espérance de vie d'une personne est corrélée à son niveau de revenu, notamment pour les hommes. Ainsi, les 5 % des hommes français les plus riches ont une espérance de vie supérieure de treize ans à celle des 5 % les plus pauvres. L’écart est plus faible pour les femmes avec huit ans de différence<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
2012 : l'espérance de vie a baissé cette année-là (Modèle:Nombre pour les femmes au lieu de Modèle:Nombre en 2011)<ref>« L'espérance de vie a baissé en France en 2012 », Le Figaro, consulté le 8 février 2013.</ref>.
2014 : l’espérance de vie à la naissance atteint Modèle:Nombre pour les hommes et Modèle:Nombre pour les femmes. Au cours des 60 dernières années, hommes et femmes ont gagné Modèle:Nombre de vie en moyenne<ref>L'espérance de vie augmente, l'écart hommes-femmes diminue. 15/01/15.</ref>.
2017 : l'espérance de vie à la naissance est de Modèle:Nombre pour les femmes et de Modèle:Nombre pour les hommes. Après avoir diminué en 2015, l'espérance de vie a de nouveau augmenté en 2016 pour les femmes et les hommes en 2015, phénomène qui se poursuit en 2017 pour les hommes (+ Modèle:Nombre par rapport à 2016) alors que l’espérance de vie des femmes reste stable<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
2019 : l'espérance de vie à la naissance est de Modèle:Nombre pour les femmes et de Modèle:Nombre pour les hommes. En l'espace de dix ans, les hommes ont gagné deux ans d'espérance de vie et les femmes 1,2 an. Ces cinq dernières années, ils ont gagné Modèle:Nombre d’espérance de vie et les femmes Modèle:Nombre<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
2021 : l'espérance de vie à la naissance est de Modèle:Nombre pour les femmes et de 79,4 pour les hommes<ref>Modèle:HDR</ref>.
Statistiques par pays
Modèle:Article détaillé Depuis quelques années, des espérances de vie en bonne santé sont également calculées. Ainsi, l'OMS publie depuis 2001 une statistique appelée espérance de vie en bonne santé, qui ne tient pas compte des années de vie durant lesquelles les individus souffrent de maladies incurables. Eurostat publie annuellement depuis 2004 une statistique appelée espérance de vie en bonne santé, ou espérance de vie sans incapacité (EVSI), basée sur la déclaration des limitations d'activité. Les États-Unis utilisent des indicateurs similaires dans le cadre de leur programme national de promotion de la santé et de prévention des maladies « Healthy People 2010 » (en français, littéralement, « personnes en bonne santé »). De plus en plus de pays utilisent aujourd'hui des espérances de vie en bonne santé pour surveiller la santé de leur population.
Différence entre hommes et femmes
Le fait que l'espérance de vie des hommes soit de plusieurs années inférieure à celle des femmes dans presque tous les pays Modèle:Citation les chercheurs, qui tentent des explications<ref>La nécessaire compréhension entre les sexes, Paul-Edmond Lalancette, Modèle:P.32 à 38, Québec, 2008.</ref>.
Cet écart est paradoxal, les femmes vivant en moyenne dans de moins bonnes conditions sociales que les hommes (inégalité salariale, double journée...)<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref>. On s'accorde généralement à penser, comme le synthétise Shervin Assari, que les facteurs biologiques (testostérone...) jouent un moindre rôle que les facteurs comportementaux (chez les hommes : acceptation plus élevée du risque, qu'il s'agisse de criminalité, de substances nocives, d'accidentologie, et plus généralement de mode de vie)<ref name=":1" />.
Facteurs déterminants
Facteurs comportementaux et alimentaires
Au Royaume-Uni, une équipe de chercheurs de l'université de Cambridge, en partenariat avec le Conseil de la recherche médicale, a mené une enquête sur Modèle:Nombre pendant quatorze ans (entre 1993 et 2007), dont 1 987 sont décédés en cours d'enquête, afin de déterminer l'impact du mode de vie sur l'espérance de vie<ref>Public Library of Medecine, n°de la semaine du 9 janvier 2008, cité dans Le Figaro, 9 janvier 2008, page 12.</ref>. L'étude conclut que le « mode de vie idéal » - absence de tabac, consommation d'alcool égale ou inférieure à un demi verre par jour, consommation de cinq fruits et légumes par jour, exercice physique d'une demi-heure par jour - majore l'espérance de vie de quatorze ans par rapport au cumul de quatre facteurs de risque<ref name="Figaro 2008, page 12">Une vie saine peut accroître la longévité de Modèle:Nombre, dans Le Figaro, 9 janvier 2008, Modèle:P..</ref>. Le cumul des quatre facteurs de risque (tabac, alcool, manque de fruits et légumes et d'exercice physique) multiplie le risque de décès par 4,4, trois facteurs, de 2,5, deux facteurs de près de 2 et 1 facteur de 1,4. Selon le professeur Kay-Tee Khaw, premier signataire de l'étude, Modèle:Citation<ref name="Figaro 2008, page 12"/>.
Liens avec les dépenses de santé
Modèle:Section sans source Selon un rapport de la NRC, en 2010, les États-Unis dépensaient (depuis Modèle:Nombre) plus en soins de santé que toute autre nation, pourtant l'espérance de vie y a progressé moins vite que dans la plupart des autres pays développés (dont Japon et Australie).
De même en Europe, la Suisse dépense-t-elle le plus, avec une espérance de vie qui est importante, mais l'espérance de vie en bonne santé y est moindre qu'en Suède ou même que dans d'autres pays européens plus « pauvres » (Grèce par exemple).
Facteurs économiques et socioéconomiques
Selon une méta-analyse de 2002, un niveau de vie élevé<ref name=Pinquart2002>Pinquart M (2002) Creating and maintaining purpose in life in old age: A meta-analysis. Ageing Int 27:90–114.</ref> donne accès à de l'eau potable, des conditions d'hygiène, une nourriture variée, de qualité et à des diagnostics et soins médicaux plus précoces et poussés, au profit d'une espérance de vie plus élevée. L’espérance moyenne de vie varie donc selon la classe sociale et est influencée par les inégalités économiques<ref>Fletcher, Michael A. (2013). "Research ties economic inequality to gap in life expectancy". Washington Post du 10 mars.</ref>. En effet, Modèle:Cita<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
L'épidémiologiste Richard Wilkinson montre qu'au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le produit intérieur brut (PIB) par habitant n’est que faiblement associé à l’espérance de vie standard<ref name="Poder2011">Modèle:Article.</ref>. L’évolution de l’espérance de vie dans les pays développés est cependant corrélée à l’ampleur de la privation relative, soit le degré d’inégalité de revenu observé entre les individus ; cette corrélation s'observe également à l'échelle infra-nationale<ref name="Poder2011"/>.
Les estimations réalisées en France par A. Mesrine (1999) montrent de très fortes différences de mortalités entre catégories sociales : une différence de plus de six années d’espérance de vie à Modèle:Nombre entre les cadres et les ouvriers, et une différence de près de Modèle:Nombre entre les groupes extrêmes<ref name="Poder2011"/>. Pour la période 2012-2016, l'espérance de vie à la naissance des 5 % des hommes français les plus pauvres (Modèle:Nombre) est de Modèle:Nombre inférieure à celle des 5 % les plus riches (Modèle:Nombre)<ref>Modèle:Lien web</ref>. Chez les femmes françaises, cet écart est plus faible : l’espérance de vie à la naissance des femmes parmi les 5 % de personnes les plus aisées atteint Modèle:Nombre, contre Modèle:Nombre parmi les 5 % les plus modestes, soit Modèle:Nombre d’écart<ref name="INSEE_Espérance">Modèle:Article.</ref>.
Facteur sociopsychologiques
L'espérance de vie et l'espérance de vie en bonne santé sont aussi liés au bien-être physique et social des personnes<ref>VanderWeele TJ (2017) On the promotion of human flourishing. Proc Natl Acad Sci USA 114:8148–8156.</ref>, et notamment des personnes âgées<ref name=Steptoe2019>Andrew Steptoe & Daisy Fancourt (2019) Leading a meaningful life at older ages and its relationship with social engagement, prosperity, health, biology, and time use ; PNAS 22 janvier 2019 116 (4) 1207-1212 URL:https://doi.org/10.1073/pnas.1814723116 </ref>. Elles sont aussi déterminé par la manière dont l'individu perçoit la valeur de la vie, et par là à un éventail de variables psychosociologiques, comportementales et socio-économiques et sanitaires pouvant influencer le sens que chacun donne à sa vie, y compris pour les personnes très âgées. Une fin de vie épanouie et un emploi du temps enrichissant et ayant du sens pour l'individu et le groupe (vie de couple et familiale, moins de temps passé seul, plus d'engagement social, de partenariats, de contacts avec des amis, de sentiment d'utilité...), en complément de facteurs de prospérité (richesse, niveau de vie) et de santé mentale (pas de sentiment de dépression...) physique (moins d'obésité, de difficulté à marcher, sommeil réparateur, absence de douleurs, d'invalidités et de maladies chroniques..) tend à allonger l'espérance de vie et la qualité de vie de la personne âgée<ref>Kim ES, Strecher VJ, Ryff CD (2014) Purpose in life and use of preventive health care services. Proc Natl Acad Sci USA 111:16331–16336 (résumé)</ref>,<ref> Boyle PA, Buchman AS, Bennett DA (2010) Purpose in life is associated with a reduced risk of incident disability among community-dwelling older persons. Am J Geriatr Psychiatry 18:1093–1102 (résumé).</ref>,<ref>Cohen R, Bavishi C, Rozanski A (2016) Purpose in life and its relationship to all-cause mortality and cardiovascular events: A meta-analysis. Psychosom Med 78:122–133 (résumé)</ref>. De nombreuses études (transversales et longitudinales) ont suggéré que le bonheur ou le Modèle:Citation contribue au bien-être ultérieur et à l'épanouissement de la personne âgée. Ce sentiment d'utilité sociale est souvent positivement associé à la richesse des relations sociales, à un engagement social plus large, une prospérité économique, la santé physique et mentale, des biomarqueurs de bonne santé, un emploi du temps riche où la personne est rarement seule et passe peu de temps devant la télévision<ref name=Steptoe2019/>. L'activité physique, la consommation de fruits et légumes, ne pas fumer sont aussi favorables<ref name=Steptoe2019/>. Ces facteurs ont une certaine valeur prédictive pour des aspects sociaux, économiques, sanitaires et comportementaux de la vie, indépendamment des niveaux de référence. selon les analyses de sensibilité, ces associations ne sont pas motivées par des facteurs tels que : prospérité, symptômes de dépression, ni par les niveaux de résultats avant les évaluations. Modèle:Citation<ref name=Steptoe2019/>.
Facteurs environnementaux
Les facteurs environnementaux deviennent de plus en plus importants avec la maîtrise de facteurs sanitaires. Dans le nord de la Chine, de 1981 à 2001, la pollution liée au chauffage gratuit au charbon a diminué de Modèle:Nombre et demi l'espérance de vie<ref>Modèle:Article.</ref>.
Tendances et prospective
Dans la plupart des pays, l'espérance de vie tend à augmenter<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Les projections de l'Insee<ref>Modèle:Lien web</ref> et de l'ONU<ref>Modèle:Lien web.</ref> prévoient une poursuite de cette augmentation.
Une étude scientifique publiée en 2016 par la revue Nature estime qu'il est improbable qu'on vive jamais beaucoup au-delà de Modèle:Nombre<ref>Modèle:Article.</ref>, de sorte que la longévité exceptionnelle de Jeanne Calment pourrait correspondre à une limite pour l’espèce humaine<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Dans le même numéro, la revue publie une analyse critique de cette étude, qui argumente qu'elle mésestime les progrès futurs de la médecine. Cette seconde analyse conclut qu'il est trop tôt pour formuler des conclusions définitives sur la durée limite de la vie humaine<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 2015, une étude du New England Complex Systems Institute observe que l'espérance de vie peut continuer à augmenter sans que l'âge maximal évolue sensiblement, si le nombre de personnes atteignant un âge proche de la limite augmente<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
L'espérance de vie en bonne santé (ou sans incapacité) est plus difficile à prévoir<ref>Cambois E & Robine J.M (2014) Les espérances de vie sans incapacité : un outil de prospective en santé publique. Informations sociales, (3), 106-114.</ref>.
Références
Annexes
Articles connexes
- Espérance de vie
- Liste des pays par espérance de vie
- Prix de la Souris Mathusalem, prix visant à l'accroissement radical de l'espérance de vie humaine
- L'espérance de vie entre dans le calcul de l'indice de développement humain et de l'indice de pauvreté humaine
- Table de mortalité
- Immortalité - Mythe de la fontaine de Jouvence
- Espérance de vie corrigée de l'incapacité (EVCI)
- Longévité
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Modèle:Bases
- Modèle:Dictionnaires
- Durée de vie, une présentation animée de l'INED.
- Estimation de l'espérance de vie dans le monde par pays
- INED : L’espérance de vie en France
- Calcul estimation espérance de vie restante et à la naissance selon le pays et le sexe. Avec carte mondiale
Bibliographie
Perspectives démographiques mondiales 1950-2050 : la révision de 2008 (DAES 2009D) (Source officielle des estimations et des projections démographiques de l’Organisation des Nations unies).