Abdelkader ibn Muhieddine

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Modèle:Semi-protection longue Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité militaire

Abdelkader ibn Muhieddine (en Modèle:Langue avec nom, aussi connu comme l'émir Abdelkader, ou Abdelkader El Djezairi (Abdelkader l'Algérien), né le Modèle:Date à El Guettana, dans la régence d'Alger, et mort le Modèle:Date à Damas, alors dans l'Empire ottoman et dans l'actuelle Syrie, est un émir, chef religieux et militaire algérien, qui mène une lutte contre la conquête de l'Algérie par la France au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Savant musulman et soufi, il se retrouve de façon inattendue à mener une campagne militaire. Il constitue un groupement de populations de l'ouest algérien qui, pendant de nombreuses années, résistent avec succès contre l'une des armées les plus avancées d'Europe. Son respect constant pour ce qu'on appelle désormais les droits de l'homme, surtout en ce qui concerne ses opposants chrétiens, suscite une admiration généralisée ; son intervention cruciale pour sauver la communauté chrétienne de Damas d'un massacre en 1860 lui amène des honneurs et des récompenses du monde entier. En Algérie, ses efforts pour unifier le pays contre les envahisseurs extérieurs le voient salué et qualifié de Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> et sa capacité à combiner autorité religieuse et politique, le conduit à être acclamé comme Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Nom

Le nom Abdelkader est parfois translittéré « 'Abd al-Qadir », « Abd al-Kader », « Abdul Kader » ou d'autres variantes. Il est souvent désigné simplement comme l'émir Abdelkader (puisque El Djazaïri veut dire « l'Algérien »). « Ibn Mahieddine » signifie « fils de Mahieddine » (prénom de son père) et « El-Hasani » invoque sa descendance d'al-Hassan ibn Ali, le petit-fils de Mahomet. On lui donne souvent, aussi le titre d'émir, signifiant « prince ». C'est durant son exil syrien que lui fut attribué le patronyme Djazaïri et qui a été transmis à ses descendants notamment Driss Djazaïri, un de ses arrière-petits-fils qui fut ambassadeur d'Algérie aux États-Unis d'Amérique<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Biographie

Origines familiales

Fichier:Frères d'Abd-el-Kader.jpg
Frères d'Abd-el-Kader dans les années 1850.

Abdelkader naît près de la ville de Mascara en 1808<ref>La majorité des sources modernes donnent le 6 septembre 1808 ; mais la date précise n'est pas claire. Les premières sources arabes notent sa naissance comme ayant eu lieu entre 1221 et 1223 anno hegiræ (i.e. 1806-1808) avec des travaux biographiques écrits par ses fils, indiquant, Rajab 1222. Pour une discussion complète du problème, voir : Bouyerdene (2012), chapitre 1 ; note 14.</ref>, d'une famille de l'aristocratie religieuse, maraboutique et chérifienne] (descendante du prophète par sa fille Fatima)<ref name=":2">Modèle:Lien web</ref>. Le statut de chérif est contesté par l'historien marocain Abdallah Laroui, pour qui il est simplement membre d'une famille maraboutique<ref name=":2" />. Cette ascendance semble cependant bien authentique et attestée par des documents écrits consultés par Léon Roches<ref name="Boudreyne">Modèle:Ouvrage</ref> . Selon les sources familiales, il tient cette dignité de ses origines de la Seguia el-Hamra, région d'où proviennent l'essentiel des familles de shurafa. Cette parenté fait de lui un descendants des Idrissides. Les annales de sa famille ont également gardé le souvenir d'un ancêtre Abd el Kaoui, qui régna sur Tiaret et Tagdemt. Ce dernier viendrait de Hadj Nasser dans le Djebel El Olan dans la région du Rif<ref name=":2" />. Abdelkader est le fils de Mohieddine, qui est le fils de Mostéfa, qui est le fils de Mohammed El-Moudjahed, qui à son tour est le fils d'El-Mokhtar, fils d'Abd-El-Kader<ref name="Boutaleb55"/>. Mohammed El-Moudjahed était un grand moudjahid et a été enterré dans la région de Béni Amer. Cependant, sa famille souhaitait que ses restes soient transférés sur la terre de ses ancêtres à Ghriss. Malgré leur demande, les Béni Amer, qui le considéraient comme un saint révéré, ont refusé de déplacer son corps. Son ancêtre Abd-El-Kader, connu sous le nom de Sidi Kada, était une figure érudite qui s'est installée dans la plaine de Ghriss vers 1640<ref name="Boutaleb55">Modèle:Ouvrage</ref>. Son mausolée demeure l'un des sites religieux les plus fréquentés de la région<ref name="Cheurfi">Modèle:Ouvrage</ref>.

Abdelkader n'est pas qu'un chérif, mais également un marabout de la confrérie de la Qadiriyya. Son prénom, frequent dans son arbre généalogique, est un hommage à Abdelkader el Jilani, fondateur de la confrérie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à Bagdad. Le prestige d'Abdelkader repose sur une filiation revendiquée au fondateur de cette confrérie et donc à la fois au fondateur d'une confrérie et à sa lignée de chérif. Une généalogie alternative possédée par sa famille le fait descendre directement de Abdelkader el Jilani<ref name="Boudreyne" />. La tribu Hachem à laquelle appartient la famille de l'émir est d'origine berbère, Zénète, laisserait planer un doute sur l'authenticité chérifienne de l'émir. Cette apparente contradiction peut être expliquée par le fait que des familles chérifiennes se sont implantées de tout temps parmi les Sanhadjas et les Zénètes pour enseigner l'islam ou tout simplement comme résidents, ce qui semble être le cas de la famille de l'émir<ref name=":2" />,<ref group="Note">C'est notamment l'hypothèse défendue par l'érudit algérien Abdelharnid Benachenhou.</ref>.

Fichier:Ruines du château à Sidi Kada en 1856.jpg
Ruines d'un château dans les années 1850 à Sidi Kada, où Abdelkader a vécu un certain temps<ref name="Côte">Modèle:Ouvrage</ref>.

Son père, Mahieddine al-Hasani, est un mouqaddam dans une institution religieuse affiliée à la confrérie soufie Qadiriyya<ref name="Bouyerdene">Ahmed Bouyerdene, Emir Abd el-Kader: Hero and Saint of Islam, trad. Gustavo Polit, World Wisdom 2012.</ref>. Ses connaissances en matière religieuse et sa droiture en font un intermédiaire entre le pouvoir du bey et la population<ref name="Ramaoun">Modèle:Ouvrage</ref>. Sa mère, Lalla Zohra, est la fille de Sidi Omar Bendoukha, mokaddem d'une zaouia de Hammam Bou Hadjar. Elle savait lire et écrire et était savante en religion. Cette famille, réputée chérifienne, vit dans la plaine de Ghriss qui constitue, depuis le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, un espace culturel et politique riche et actif, dépassant Tlemcen<ref name="Ramaoun"/>, alors que le bey de l'Ouest s'est installé à Mascara.

Il grandit dans la zaouïa de son père qui, au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, est le centre d'une communauté florissante sur les bords de la rivière de l'Oued el Hammam. Comme les autres étudiants, il reçoit une éducation traditionnelle en théologie, jurisprudence et grammaire ; il est dit qu'il savait lire et écrire à l'âge de cinq ans. Enfant doué, Abdelkader réussit à réciter le Coran par cœur à l'âge de 14 ans, recevant ainsi le titre de hafiz. Un an plus tard, il se rend à Oran pour poursuivre ses études<ref name="Bouyerdene" />. Il rejoint l’école la plus prestigieuse du beylik, celle que tenait Ahmed ben Khodja el Mostaghanmi<ref name="Ramaoun"/>. Il est un bon orateur et peut émerveiller ses pairs par des poésies ou des diatribes religieuses<ref name="EB">Modèle:Article encyclopédique.</ref>.

Fichier:Illustrirte Zeitung (1843) 22 341 2 Abd-el-Kader.png
Abdelkader, gravure de 1843

A l'age de 15 ans, il revient à Guethna, pour se marier à sa cousine Kheira bent Boutaleb. Son père le prépare pour le grand voyage vers l'Est. Mais le bey, méfiant, leur interdit de quitter Oran. Abdelkader en profite, durant deux années, pour poursuivre ses études avec son cousin Mustapha ben Thami, fils du mufti de la ville. Ce dernier, avec l'appui de Badra, la femme du bey, et de certains fonctionnaires, réussit à infléchir la position du bey<ref name="Ramaoun" />.

En 1825, il part avec son père faire le pèlerinage à La Mecque. Il y rencontre l'imam avare Chamil ; les deux discutent longuement de différents sujets. Il se rend également à Damas et à Bagdad, visite les tombes de musulmans notables, tels que Ibn Arabi et Abdelkader al-Jilani, appelé El-Djilali en Algérie (il sera enterré à côté de sa tombe). Cette expérience structure son enthousiasme religieux. C'est dans cette ville qu’il répondit à une question sur sa généalogie :

Modèle:Citation<ref name="Ramaoun" />.

Sur le chemin du retour, il est impressionné par les réformes menées par Méhémet Ali en Égypte. Il revient dans sa patrie en 1829<ref name="Ramaoun" />.

Invasion française et résistance

Premiers succès (1830-1837)

Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'Algérie est un pays affaibli. De nombreuses rébellions sont réprimées dans le sang. De même, les relations avec la France sont conflictuelles et, en 1830, Alger est prise par les troupes françaises. La domination coloniale française sur la régence d'Alger supplante l'autorité des deys d'Alger.

Lorsque l'armée française arrive à Oran en Modèle:Date-, le père d'Abdelkader est chargé de mener une campagne de harcèlement<ref name="EB" />. Mahieddine appelle au jihad, et son fils et lui participent aux premières attaques sous les murs de la ville<ref name="Bouyerdene" />.

Fichier:Traité Desmichels.jpg
Traité Desmichels conclu à Oran le Modèle:Date- entre la France et Abdelkader.

C'est à ce moment qu'Abdelkader, Modèle:Nobr, apparaît au premier plan. Lors d'une réunion des tribus de l'ouest, le Modèle:Date, il est désigné par les tribus comme sultan et Âmir al-Muminin, ou « commandeur des croyants » (à la suite du refus de son père d'occuper ce poste, au motif qu'il est trop vieux)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Cette réunion a lieu dans la plaine d'Eghris. Le titre est confirmé cinq jours plus tard à la grande mosquée de Mascara. Les tribus de l'Ouest répondent de manière contrastée à l'appel du djihad : le vide laissé par la prise d'Alger fait que certaines tribus makhzen et les Kouloughli, lui demandent de reconnaître l'autorité des Turcs du Constantinois, les Maures de Tlemcen privés du Mechouar où sont enfermés les Kouloughli, lui demandent de reconnaître l'autorité du sultan du Maroc alors que les tribus makhzen Douair et Smala, commandées par Moustapha Ben Ismaïl, lui demandent de reconnaître leur convention passée avec la France. Abdelkader accepte toutes les propositions pour se donner le temps de constituer son État mais réprime rapidement les velléités de scission : dès son entrée dans Tlemcen, il change le califat des Maures et fait attaquer la garnison kouloughli<ref name=":0">Modèle:Harvsp</ref>. Ce faisant il se brouille avec Moustapha Ben Ismaïl qui fait appel au Maréchal Clauzel<ref name=":0" />. Le jeune chef se contente du titre d'émir dans ses correspondances avec le sultan du Maroc pour ne pas exciter la jalousie de ce prince duquel il espère un soutien<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Paradoxalement, c'est la guerre et la paix qui feront sa renommée, et ses titres d'âmir al-Muminin et de sultan seront confirmés par les traités qui en feront un souverain local incontesté sur une grande partie de l'Algérie, sans même devoir verser de tribut aux Français<ref name=":0" />.

En un an, grâce à une combinaison de raids punitifs et de politique prudente, Abdelkader réussit à unir les tribus de la région, et à rétablir la sécurité - sa zone d'influence couvre désormais toute la province d'Oran<ref name="Bouyerdene" />.

Le général français Louis Alexis Desmichels, commandant en chef, voit en Abdelkader le représentant principal de la région pendant les négociations de paix et, en 1834, il signe le traité Desmichels qui cède presque complètement le contrôle de la province d'Oran à Abdelkader<ref name="EB" />. Pour les Français, c'est une manière d'établir la paix dans la région tout en confinant Abdelkader à l'ouest ; mais son statut de co-signataire contribue beaucoup à son prestige aux yeux des Berbères et des Français<ref name="Bouyerdene4">Ahmed Bouyerdene, Emir Abd el-Kader: Hero and Saint of Islam, trans. Gustavo Polit, World Wisdom 2012.</ref>.

Utilisant ce traité comme une base de départ, il impose sa domination sur les tribus du Chelif, de Miliana et Médéa<ref name="EB" />. Le haut commandement français, mécontent de ce qu'il considère maintenant comme les termes défavorables du traité de Desmichels, rappelle le général Desmichels et le remplace par le général Trézel, ce qui provoque une reprise des hostilités. Les guerriers tribaux d'Abdelkader rencontrent les forces françaises en Modèle:Date- lors de la bataille de la Macta où les Français subissent une défaite inattendue<ref name="Bouyerdene" />. La France réagit en intensifiant sa campagne de pacification et, sous de nouveaux commandants, les Français remportent plusieurs batailles importantes, dont la bataille de la Sikkak.

En France, la Monarchie de Juillet a supplanté la monarchie légitime. Louis-Philippe Ier a succédé à son cousin Charles X, renversé lors des journées des Trois Glorieuses. L'opinion politique Française éprouve des sentiments ambivalents envers l'Algérie et, lorsque le général français Thomas Robert Bugeaud déploie ses troupes dans la région en Modèle:Date-, il est Modèle:Citation<ref>Service Historique de l’Armée de Terre, Fonds Série 1H46, dossier 2, Province d'Oran, cité dans Bouyerdene (2012).</ref>.Le traité de la Tafna est signé le Modèle:Date. Ce traité, tout en assurant davantage la domination d'Abdelkader sur les parties intérieures de l'Algérie, confirme la souveraineté de la France sur l'Algérie. Tout en étant soumis à la France, Abdelkader prend ainsi le contrôle de tout Oran et étend son influence à la province voisine de Titteri, et au-delà<ref name="EB" />.

Nouvel État

Modèle:Article connexe

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Boudjou algérien

La période de paix qui suit le traité de la Tafna profite aux deux parties et l'émir Abdelkader en profite pour consolider un nouvel État fonctionnel, avec pour capitale Tagdemt. Il minimise son pouvoir politique, refusant à plusieurs reprises le titre de sultan et s'efforçant de se concentrer sur son autorité spirituelle<ref>Bouyerdene (2012), chapitre 3.</ref>. L'État qu'il crée est largement théocratique : la plupart des postes d'autorité sont occupés par des membres de l'aristocratie religieuse, le système juridique et administratif qu'il institue s'inspire fortement de la loi coranique<ref>Modèle:Article</ref>, jusqu'à l'unité principale de la monnaie qui est appelée le muhammadiyya (dit « boudjou d'Abdelkader »), d'après le prophète de l'islam<ref name="Bouyerdene 4">Bouyerdene (2012), chapitre 4.</ref>.

Fichier:Aekstate.png
Carte de l'État d'Abdelkader entre 1836 et 1839.

Sa première action militaire est de se déplacer vers le sud dans le Sahara et at-Tijini. Ensuite, il se déplace vers l'Est jusqu'à la vallée du Chelif et du Titteri mais le bey de Constantine, Hadj Ahmed, lui oppose résistance. En d'autres cas, il fait massacrer les Kouloughlis<ref group="Note">Fils de Turcs et de femmes du pays, les Kouloughlis se trouvent dans une position intermédiaire au sein d’une hiérarchie sociale très marquée. Considérés comme inférieurs aux Turcs, ils constituent pourtant une infanterie à disposition du souverain (voir Marcel Émerit, L’Algérie à l’époque d’Abd-el-Kader, présentation de René Gallissot, Paris, Editions Bouchène, 2002 (1re édition, Paris, Éditions Larose, 1951), pp. 10-12).</ref> de Zouatna pour avoir soutenu les Français<ref name="Assan-10">Valérie Assan, « L’exode des Juifs de Mascara, un épisode de la guerre entre Ald el-Kader et la France », Archives juives, 2005/2, Modèle:N°, Modèle:P..</ref>. À la fin de 1838, son règne s'étend à l'Est jusqu'à la Kabylie, au sud jusqu'à Biskra et à la frontière marocaine<ref name="EB" />. Il continue à se battre à Tijini et assiège sa capitale à Aïn Mahdi pendant six mois, finissant par la détruire.

Un autre aspect d'Abdelkader qui l'aide à diriger son État naissant est sa capacité à trouver et à utiliser de bons talents, indépendamment de sa nationalité. Il emploie des Juifs et des chrétiens sur le chemin de la construction de sa nation. L'un d'eux est le diplomate Léon Roches<ref name="EB" />. Son approche à l'armée est d'avoir une troupe permanente de Modèle:Nombre soutenue par des volontaires des tribus locales. Il place dans les villes de l'intérieur, des arsenaux, des entrepôts et des ateliers où il stocke des objets à vendre pour les achats d'armes venant d'Angleterre. Grâce à sa vie frugale (il vit dans une tente), il enseigne à son peuple la nécessité de l'austérité et à travers l'éducation, il leur enseigne des concepts tels que la nationalité et l'indépendance<ref name="EB" />.

Fin de la nation

Fichier:Portesdefer.jpg
Peinture de l'expédition des portes de fer, en Kabylie.

La paix prend fin lorsque le duc d'Orléans, héritier du trône, ignorant les termes du traité de la Tafna, dirige une force expéditionnaire qui franchit les portes de fer. Le Modèle:Date-, Abdelkader attaque les Français alors qu'ils colonisent les plaines de la Mitidja, et les met en déroute. En réponse, les Français lui déclarent officiellement la guerre le Modèle:Date-<ref name="Bouyerdene 5" />. Les combats s'embourbent jusqu'à ce que le général Thomas Robert Bugeaud retourne en Algérie, cette fois en tant que gouverneur général, en Modèle:Date-. Abdelkader est initialement encouragé à entendre que Bugeaud, le promoteur du Traité de la Tafna, revienne ; mais cette fois, la tactique de Bugeaud est radicalement différente ; son approche est celle de l'annihilation, avec la conquête de l'Algérie comme finalité<ref name="EB" /> :

Fichier:Captivité du trompette Escoffier et de ses camarades chez Abd el-Kader.jpg
Captivité du trompette Escoffier et de ses camarades Briant et Wolff chez Abdelkader en Modèle:Quoi, estampe de 1870<ref>Modèle:Lien web</ref>

Abdelkader pratique une guérilla efficace et, jusqu'en 1842, remporte de nombreuses batailles. Il signe souvent des trêves tactiques avec les Français. Sa base de pouvoir est dans la partie occidentale de l'Algérie, où il réussit à unir les tribus contre les Français.

Modèle:Référence nécessaire.

Le maréchal Bugeaud n'a de cesse de poursuivre Abdelkader, dont il prend la capitale, Mascara, en 1841<ref name = Versailles>Modèle:Lien web</ref>.

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Carte et timbre en l'honneur d'Abdelkader et Bugeaud, 1950

La résistance d'Abdelkader est réprimée par le maréchal Bugeaud, en raison de l'adaptation de Bugeaud à la tactique de guérilla. Si Abdelkader frappe vite et disparaît dans le terrain avec l'infanterie légère, les Français augmentent leur mobilité. Les armées françaises répriment brutalement la population indigène et pratiquent la politique de la terre brûlée.

En 1841, ses fortifications presque détruites, Abdelkader est forcé d'errer à l'intérieur d'Oran. En 1842, il perd le contrôle de Tlemcen et ses lignes de communication avec le Maroc ne sont pas efficaces.

Fichier:HenriEugenePhilippeEmmanueldOrleansWinterhalter1840.jpg
Le duc d'Aumale (1840)
Fichier:Prise de la smalah d Abd-El-Kader a Taguin 16 mai 1843 Horace Vernet.jpg
Prise de la smalah d'Abd-el-Kader à Taguin, 16 mai 1843
Horace Vernet, 1844
Commande du roi Louis-Philippe

La capitale ambulante de l'émir, sa " smalah ", est surprise le 16 mai 1843, à Taguin, par le duc d'Aumale, l'un des fils cadets du roi Louis-Philippe<ref name = Versailles/>.

Abdelkader réussit à passer la frontière au Maroc pour un sursis mais les Français battent les Marocains à la bataille d'Isly<ref name="EB" />. Il quitte le Maroc et peut continuer le combat contre les Français, en prenant Sidi Brahim, à la bataille de Sidi-Brahim en Modèle:Date-<ref name="EB" />. En 1846, il opère sa jonction avec les Kabyles et n'est repoussé vers le Maroc qu'avec de grandes difficultés<ref name="www.larousse.fr_ter" >Modèle:Lien web</ref>.

Capitulation

Fichier:2012-11-10 10-14-36-musee-histoire-belfort.jpg
Représentation artistique de la capitulation d'Abdelkader en 1847.

Abdelkader est en fin de compte contraint de se rendre. Son échec à obtenir le soutien des tribus de l'Est, à l'exception des Berbères de l'ouest de la Kabylie et de la coalition formée par les Ouled Sidi Abid, contribue à l'étouffement de la rébellion, et un décret d'Abd al-Rahman du Maroc, après le traité de Tanger, bannit l'émir de tout son royaume<ref name="Bouyerdene 4" />. Le Modèle:Date-, Abdelkader se rend au général Louis de Lamoricière en échange de la promesse qu'il serait autorisé à aller à Alexandrie ou à Acre<ref name="EB" />. Il a commenté sa propre reddition avec les mots : Modèle:Citation (bien que cela soit probablement apocryphe). Sa demande est acceptée et, deux jours plus tard, sa reddition est rendue officielle au gouverneur général français d'Algérie, Henri d'Orléans, duc d'Aumale, auquel Abdelkader remet symboliquement son cheval de bataille<ref name="Bouyerdene 4" />. En fin de compte, cependant, le gouvernement français refuse d'honorer la promesse du général de Lamoricière : Abdelkader est envoyé en France et, au lieu d'être autorisé à être conduit en Orient, est gardé en captivité<ref name="EB" />,<ref name="Bouyerdene 4" />.

Emprisonnement et exil

Fichier:Monument compagnons abledkader.jpg
Tombe au château d'Amboise, de Modèle:Nobr de la suite d'Abdelkader morts durant son séjour en ce lieu, dont l'une de ses femmes, un de ses frères, et deux de ses enfants.

Abdelkader, sa famille et ses fidèles furent détenus en France, d'abord au fort Lamalgue à Toulon, puis à Pau, et en Modèle:Date-, ils furent transférés au château d'Amboise<ref name="EB" />.

L'humidité du château conduit à la détérioration de la santé ainsi que du moral de l'émir et de ses partisans. Sa vie devient une cause célèbre dans certains cercles littéraires. Plusieurs personnalités, dont Émile de Girardin et Victor Hugo, demandent plus de précisions sur la situation de l'émir. Le futur premier ministre, Émile Ollivier, mène une campagne d'opinion publique pour sensibiliser le public à son sort. Il y a aussi une pression internationale. Lord Londonderry (dit George Vane-Tempest, Modèle:5e marquis de Londonderry) rend visite à Abdelkader à Amboise, et écrit par la suite au président de l'époque, Louis Napoléon Bonaparte (qu'il a connu lors de l'exil de ce dernier en Angleterre) pour faire appel à la libération de l'émir<ref name="Bouyerdene 4" />.

Fichier:Abd-EL-Kader-And-Napoleon-III.jpg
Napoléon Modèle:III rend la liberté à l'émir Abd el-Kader, tableau par Ange Tissier (1861).

Louis-Napoléon Bonaparte (plus tard l'empereur Napoléon III) est un président relativement nouveau, arrivé au pouvoir à la suite de la révolution de 1848 alors qu'Abdelkader est déjà emprisonné. Il tient à rompre avec plusieurs politiques du régime précédent et la cause d'Abdelkader en fait partie<ref name="Bouyerdene 4" />. Finalement, le Modèle:Date-, Abdelkader est libéré par le prince-président et reçoit une pension annuelle de Modèle:Nobr<ref name="Ruedy_65">J. Ruedy, Modern Algiera: The Origins and Development of a Nation, (Bloomington, 2005), Modèle:P. ; Chateaux of the Loire (Casa Editrice Bonechi, 2007) Modèle:P..</ref>, en prêtant serment de ne plus jamais fomenter de troubles en Algérie.

Fichier:Abdel Kader - Inst. Bibl. excudit. LCCN99403468.jpg
Abdel Kader, gravure de 1850

Il s'installe alors à Bursa, aujourd'hui en Turquie, et déménage en 1855 dans le district d'Amara à Damas. Cette année-là, il écrit une Épître aux Français, dans laquelle il déclare :

Modèle:Citation.

Il se consacre de nouveau à la théologie et à la philosophie et compose un traité philosophique dont une traduction française est publiée en 1858 sous le titre de Rappel à l'intelligent. Avis à l'indifférent<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il écrit un article sur le cheval barbe, traitant également de l'origine des Berbères<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Pendant son séjour à Damas, il se lie d'amitié avec Jane Digby, ainsi qu'avec Richard Francis Burton et Isabel Burton. La connaissance du soufisme et les connaissances linguistiques d'Abdelkader lui font gagner le respect et l'amitié de Burton. Sa femme Isabel le décrit comme suit :

Modèle:Citation

Émeutes anti-chrétiennes de 1860

Modèle:Article connexe

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Tableau représentant l'émir Abdelkader, protégeant les chrétiens à Damas en 1860, lors des massacres commis par les Druzes.

En Modèle:Date-, le conflit entre les Druzes et les maronites du mont Liban s'étend à Damas, et les Druzes locaux attaquent le quartier chrétien, tuant plus de Modèle:Nombre. Abdelkader prévient auparavant le consul de France ainsi que le consul de Damas que la violence est imminente ; quand le conflit a finalement éclaté, il abrite un grand nombre de chrétiens, y compris les chefs de plusieurs consulats étrangers ainsi que des groupes religieux tels que les sœurs de la Miséricorde, dans sa maison, en sécurité. Ses fils aînés sont envoyés dans les rues pour offrir à tous les chrétiens un abri contre la menace, sous sa protection, et il est dit par beaucoup de survivants, qu'Abdelkader lui-même a joué un rôle essentiel dans leur sauvetage.

Modèle:Citation

Dernières années

Les rapports publiés en Syrie, alors que les émeutes se sont calmées, soulignent le rôle prééminent d'Abdelkader, suivi d'une reconnaissance internationale considérable.

Fichier:Lincolns-guns-gifted to abdelkader.jpg
Cadeau d'Abraham Lincoln à l'émir Abdelkader.

Le gouvernement français augmente sa pension à Modèle:Unité, et lui confère la grand- croix de la légion d'honneur<ref name="Ruedy_652">J. Ruedy, Modern Algiera: The Origins and Development of a Nation, (Bloomington, 2005), Modèle:P. ; Chateaux of the Loire (Casa Editrice Bonechi, 2007), Modèle:P..</ref> ; il reçoit également de la Grèce, récemment libérée de la domination turque, la grande croix du Sauveur, l'[[Ordre du Médjidié|ordre de la Médjidié Modèle:1re classe]] de Turquie, et l'ordre de Pie IX du Vatican<ref name="Bouyerdene 5">Bouyerdene (2012), chapitre. 5.</ref>. Abraham Lincoln lui envoie une paire de revolvers incrustés (maintenant exposés dans le musée d'Alger) et la Grande-Bretagne, un fusil de chasse incrusté d'or.

En France, l'épisode représente l'aboutissement d'un revirement remarquable, d'être considéré comme un ennemi de la France durant la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et de devenir un Modèle:Citation après être intervenu en faveur des chrétiens persécutés<ref>Modèle:Citation, Jean-Charles Jauffret, La Guerre d'Algérie par les documents, Volume 2, Service historique de l'Armée de terre, 1998, Modèle:P..</ref>,<ref>Modèle:Citation dans Archives diplomatiques : recueil mensuel de diplomatie, d'histoire et de droit international, Numéros 3 à 4, Amyot, 1877, Modèle:P..</ref>,<ref>Mouloud Haddad, Sur les pas d’Abd el-Kader : la hijra des Algériens en Syrie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, dans Ahmed Bouyerdene, Éric Geoffroy et Setty G. Simon-Khedis (dir.), Abd el-Kader, un spirituel dans la modernité, Damas, Presses de l'Ifpo (« Études médiévales, modernes et arabes », no PIFD 237), 2012.</ref>,<ref>John W. Kiser, Commander of the Faithful, the Life and Times of Emir Abd El-Kader: A Story of True Jihad, Monkfish Book Publishing Company, 2008.</ref>,<ref>N. Achrati, Following the Leader: A History and Evolution of the Amir ‘Abd al-Qadir al-Jazairi as Symbol,The Journal of North African Studies Volume 12, Issue 2, 2007 : Modèle:Citation</ref>,<ref>Louis Lataillade, Abd el-Kader, adversaire et ami de la France, Pygmalion, 1984.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Fichier:Fotoreproductie van (vermoedelijk) een getekend portret van Abd-el-Kader, Algerijns vrijheidsstrijder, RP-F-F00674-AG.jpg
Portrait d'abd-el-Kader, entre 1863 et 1880

Le 18 juin 1864, il est initié à la franc-maçonnerie par la loge « Les pyramides d'Égypte » d'Alexandrie, par délégation de la Loge parisienne « Henri IV »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

En 1865, il visite Paris à l'invitation de Napoléon III, et est accueilli avec un respect tant officiel que populaire.

Il est invité à l'inauguration du canal de Suez, le Modèle:Date, du fait de ses liens avec le vice-roi d'Égypte, Ismaïl Pacha, mais également avec Ferdinand de Lesseps dont il avait été, du côté oriental, l'un des plus actifs et pérennes appuis<ref>Christelle Taraud, « Les quatre vies d'Abd el-Kader », LHistoire, N° 467, janvier 2020, p. 64-65</ref>,<ref>Miki Kilali, « Interroger le rôle d'Abd el-Kader dans le percement de l'isthme de Suez, ou comment sa métamorphose permet la construction d'un pont entre l'Orient et l'Occident », Enquêtes, N° 5, septembre 2020, lire en ligne</ref>.

En 1871, lors de la révolte de Mokrani en Algérie, il renie un de ses fils qui a tenté de soulever les tribus autour de Constantine<ref name="EB" />.

Abdelkader meurt à Damas le Modèle:Date-, et est enterré près du grand soufi Ibn Arabi, à Damas.

Son corps est retrouvé en 1965, et repose aujourd'hui au cimetière d'El Alia, à Alger. Afin de cimenter la cohésion nationale, la famille avait donné son autorisation de transférer ses restes de Syrie vers l'Algérie à la condition que son arrière-petit-fils Abder Razak Abdelkader, détenu par le gouvernement algérien, soit libéré ; à cet effet, il est expulsé vers la France<ref name="17août2020_mabatim.info">Modèle:Lien web</ref>. Le transfert des restes de l'émir fait l'objet d'un film, intitulé Poussières de Juillet, réalisé en 1967 par Kateb Yacine et M'hamed Issiakhem<ref>Modèle:Lien web</ref>, unique collaboration entre ces deux figures de la modernité artistique et littéraire algérienne. Ce transfert est controversé, car Abdelkader avait clairement voulu être enterré à Damas, avec son maître Ibn Arabi.

Héritage et image

Fichier:Emir abdelkader1.jpg
La place de l'Émir-Abdelkader, à Alger.

Dès le début de sa carrière, Abdelkader inspire de l'admiration, non seulement de l'intérieur de l'Algérie, mais aussi des Européens, même en combattant contre les forces françaises. La Modèle:Citation qu'il montre à ses prisonniers de guerre est Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, et il prend soin de respecter la religion privée des captifs. En 1843, le maréchal Soult déclare qu'Abdelkader est l'un des trois grands hommes vivants sur terre ; les deux autres, l'Imam Shamil et Méhémet Ali d'Égypte, sont aussi musulmans<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il est actuellement respecté, comme l'un des plus grands de son peuple<ref name="EB" />.

Abd el-Kader fait l’objet d’une véritable construction mythologique au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, en particulier en France. Celle-ci s’observe dans les représentations des artistes au cours de ce siècle. Même si les significations attribuées à Abd el-Kader évoluent en fonction de l’époque, il est le seul chef indigène ainsi valorisé<ref name=":1">Bernarsconi D., « Mythologie d'Abd el-Kader dans l'iconographie française au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle », Gazette des Beaux-Arts, 1224, 1971, p. 5162 et suiv.</ref>.

Iconographie et représentations

À partir de 1843, les représentations et descriptions d'Abd el-Kader sont moins fantaisistes et insistent sur la noblesse du personnage. Les valeurs d’Abd el-Kader (distinction, sobriété, piété…) participent à la mise en place de ce portrait valorisant. Il s’inscrit aussi dans la tradition ancienne de reconnaître un caractère chevaleresque à l’adversaire oriental<ref name=":1" />. Ainsi, Abd el-Kader est déjà une « légende » lors de sa reddition en 1847. Les représentations de cet épisode louent donc conjointement la victoire de la France et la dignité du vaincu. À la fin de la Monarchie de Juillet, l’émir possède une grande renommée et une « extrême popularité »<ref name=":1" />.

Cette popularité se conservera après la chute de la Monarchie. Lorsque le Prince Président le libère en 1852 lors de sa rencontre à St Cloud, il est « l’idole de Paris »<ref name=":1" />. C’est à ce contexte qu’appartiennent le tableau Napoléon, prince-président, recevant l'émir Abd-el-Kader au palais de Saint-Cloud de Gide<ref>Modèle:Lien web</ref> et le relief L’empereur reçoit Abd el-Kader au palais de Saint Cloud de Carpeaux, inspiré de la Mort du Général Marceau par Lemaire<ref>Polletti M., Jean-Baptiste Carpeaux, L’homme qui faisait danser les pierres, 2012, p. 38-42.</ref>. Cette œuvre a pour but de montrer, qu’à la différence de la Monarchie qui emprisonne, Napoléon III libère. L’œuvre rappelle Les Pestiférés de Jaffa et l’attitude des personnages inscrivent cette scène dans la tradition du roi thaumaturge<ref>Wagner A., Jean-Baptiste Carpeaux, 1986, p.187.</ref>.

L’épisode de la protection des chrétiens de Damas renforce son image<ref>Modèle:Article</ref>,<ref name=":3"/> et Abd el-Kader est alors présenté comme un parallèle de Napoléon, deux empereurs vaincus. L’image de ce personnage acquiert aussi une dimension religieuse à cette époque. Si la renommée d’Abd el-Kader baisse à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la IIIe République va reprendre ce symbole et l’inclure dans un discours colonial, faisant d’Abd el-Kader un « chantre du patriotisme français »<ref name=":1" />. Comparé à Jugurtha ou à Vercingétorix, Abd el-Kader est alors présenté comme l’ennemi héroïque vaincu mais justifiant et acceptant la conquête française<ref name=":3">Modèle:Article</ref>.

Dans l’Algérie post-coloniale, Abdelkader va aussi connaître une réutilisation de son image. Alors qu'il est absent des premiers discours des Algériens luttant contre la colonisation (son lien avec la France l’ayant discrédité), il devient une figure nationale à partir de 1964 et sert à justifier l’abandon du système des tribus au bénéfice d’une unité centrale<ref name=":3" />. François Pouillon remarque que dans un ouvrage publié en 1974 par le ministère de l’Information et de la Culture, aucune photographie n’est reproduite. Cela permet de ne conserver que l’image du résistant en omettant la possibilité de connivence avec la France. En effet, les photographies le montrent généralement portant sa Légion d’Honneur, ce qui ne correspond pas à la lecture nationaliste. De même, son appartenance au soufisme a été cachée<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.

Fichier:Lyon 7e - Place Émir Abd El-Kader - Plaque (mai 2019).jpg
Place Émir-Abd-El-Kader à Lyon (France)

Portrait

Fichier:Abd el-Kader by Stanislaw Chlebowski.jpg
Portrait d'Abdelkader peint à Constantinople en 1866 par Stanisław Chlebowski. Huile sur toile, 1866. Musée Condé, Chantilly.

Dès les années 1836-1837, des représentations d’Abd el-Kader apparaissent dans des éditions françaises. Celles-ci sont majoritairement fantaisistes, donnant un aspect rude au personnage. À partir de 1843, un souci d’exactitude dans la représentation apparaît<ref name=":1" />.

Une médaille à l'effigie d'Abdelkader est gravée par Antoine Bovy en 1862. L'effigie du droit est inspirée du portrait peint par Ange Tissier en 1852. Le revers porte l'inscription suivante au pourtour :

Modèle:Citation, et dans le champ :

Modèle:Citation.

Un exemplaire de cette médaille est conservé au musée Carnavalet (ND 0144)<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Noms de lieux ou d'institutions

Fichier:Mosquée An Nour, Emir Abdel kader, Jijel (Algérie).JPG
Mosquée An Nour, El Emir Abdelkader, Jijel

En Algérie, le nom de l'émir Abdelkader est donné à une commune de la wilaya de Aïn Témouchent, et une dans la wilaya de Jijel, une université de Constantine (l'université des sciences islamiques Émir Abdelkader), la mosquée Émir Abdelkader, sa zaouïa, à El Guettana, dans la ville de Mascara, deux places portent le nom Émir-Abdelkader, et à Alger, la place de l'Émir-Abdelkader.

Au Maroc, à la gare de Meknès-Amir Abdelkader, à Meknès.

En Tunisie, une rue Abdel Kader porte son nom à Sfax.

En France, une loge de la Grande Loge de France porte le titre distinctif Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, un paquebot de la Compagnie générale transatlantique, ainsi qu'à Paris, une place de l'Émir-Abdelkader (Modèle:5e), aussi à Lyon (Modèle:7e), à Toulon, et à Amboise. Dans cette même ville, une sculpture de l'artiste Michel Audiard, représentant Abdelkader, est inaugurée en février 2022<ref>Modèle:Lien web</ref>.

La ville d'Elkader dans l'Iowa aux États-Unis porte le nom d'Abdelkader. Les fondateurs de la ville Timothy Davis, John Thompson et Chester Sage ont été impressionnés par son combat contre le pouvoir colonial français, et ont décidé de choisir son nom, pour le nom de leur nouvelle colonie en 1846<ref>Modèle:Article.</ref>.

Au Mexique, une statue de l'émir Abdelkader est réalisée par l'architecte Luis Aguilar en Modèle:Date-<ref>Modèle:Article.</ref>.

Un buste d'Abdelkader est inauguré au siège de la Croix-Rouge, à Genève, en 2013<ref>Modèle:Article.</ref>.

Mémoire

Fichier:L'Emir Abdelkader 0.30DA.jpg
Timbre algérien de 1966 à l'effigie de l'émir.

L'émir est considéré par le FLN depuis 1962, comme le fondateur de l’État algérien moderne<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Une « Maison de l’émir » sera construite à Alger<ref>Modèle:Article.</ref>.

Un film : À la recherche de l'Émir Abd El-Lader est réalisé par Mohamed Latreche, en 2004<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

En 2013, le cinéaste américain Oliver Stone annonce la production prochaine d'un film biographique intitulé The Emir Abd el-Kader, qui sera réalisé par Charles Burnett<ref>Modèle:Article.</ref>, cependant, le projet de réalisation est gelé en 2017<ref>Modèle:Lien web</ref>

La bourse « Abdelkader » est une bourse post-doctorale de l'Institut des hautes études en culture de l'Université de Virginie<ref>Modèle:Article.</ref>.

Descendance

Au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, les fils d'Abdelkader exilés en Syrie, étaient au nombre de neuf, les filles de cinq, mariées à des cousins. Son fils Hachem rentre en Algérie en 1892 et  meurt à Bou Saâda en 1900, laissant deux fils dont l’un, Khaled, qui jouera un rôle politique important en Algérie<ref name="Bardin">Bardin Pierre, « Chapitre II. La famille d’Abdelkader », dans :, Algériens et tunisiens dans l'Empire ottoman de 1848 à 1914. sous la direction de Bardin Pierre. Paris, C.N.R.S. Editions, « Hors collection », 1980, Modèle:P.. URL : https://www.cairn.info/algeriens-et-tunisiens-dans-l-empire-ottoman--9782222024392-page-179.htm</ref>.

Des huit autres fils de l'émir, deux seulement demeurent sujets français dont Omar Abdelkader ben Abdelmalek El-Djazairi qui sera pendu par les Turcs à Damas le 6 mai 1916 officiellement pour trahison envers l’islam de la Sublime Porte (en fait, il avait combattu la colonisation ottomane au Levant)<ref name="www.larousse.fr">Modèle:Lien web.</ref>. Les autres fils prirent la nationalité turque. L’aîné Mohamed et son frère Mahieddine deviennent des sénateurs de l’Empire ottoman<ref name="Bardin"/>.

Son autre fils, Abdelmalek, a eu une carrière mouvementée ; il intègre l’armée ottomane, puis gagne Tanger en 1902. Il rejoint la rébellion de Bouamama en Algérie puis il devient inspecteur général de la police chérifienne à Tanger. Avant de rejoindre en 1915, Raissouli, le chef rebelle, dans le Rif, au milieu des populations hostiles à la France<ref name="Bardin" />.

Le sixième fils d’Abdelkader, Abdallah, est arrêté en 1909 pour complot contre la Constitution ; il échappe à la pendaison grâce à l’intervention de l’ambassade de France et retourne à Damas<ref name="Bardin" />.

L'émir Ali, chef du clan ottoman de la famille est le seul à avoir eu un rôle politique de quelque importance en Syrie ; son influence est considérable à Damas et dans toute la Syrie. Il a épousé la sœur d'Ahmed Izzet Pacha. Il parvient à se rapprocher du gouvernement des Jeunes Turcs et devient Président du comité « Union et Progrès » de Damas. Quand les Italiens en 1911 entreprennent la conquête de la Tripolitaine, la Sublime Porte charge Ali Pacha d’organiser la résistance des tribus arabes. Ensuite, il devient député de Damas en 1913<ref name="Bardin" />. Son fils Saïd, alimente une campagne de presse dans le Raî el Aâm et le Mouhadjir contre la politique française en Afrique du Nord<ref name="Bardin" />.

Après sa mort, ses descendants continuent de percevoir une pension du gouvernement français. En 1979, la Cour des comptes relève que ses descendants perçoivent encore cette rente (Modèle:Unité de francs par an), qui est supprimée depuis<ref>Cyril Guinet, « Le Temps de la conquête » dans GéoHistoire, no 2, avril-mai 2012, Modèle:P..</ref>.

L'émir Khaled commence par une carrière de soldat dans l'armée française, puis entame une carrière politique et milite activement pour l'indépendance de son pays. L'émir Khaled est considéré comme le premier fondateur du nationalisme algérien<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Un des descendants d'Abdelkader est par ailleurs confronté à Lawrence d'Arabie au cours de la révolte arabe de 1916-1918<ref>« Les frères et enfants de l’Émir dans sa continuité », lesoirdalgerie.com.</ref>.

Son petit-fils Muhammad Saïd al-Jazaïri sera gouverneur de Damas pendant la période de transition entre l'armée ottomane et l'entrée des forces arabes à la fin de la Première Guerre mondiale en 1918, chef de gouvernement avant l'entrée des forces britanniques à Damas, et l'un des fondateurs du bloc national contre le mandat français<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. En Palestine, il vend au double de leur prix de nombreuses propriétés au Fonds national juif<ref name="17août2020_mabatim.info" />.

Un de ses arrière-petits fils, Abderrazak Abdelkader (1914-1998), fils de Muhammad Saïd al-Jazaïri, un marxiste anti-nazi et résistant des FFL pendant la guerre, apporte son aide au Palmach en 1948, puis milite au FLN et au PC, et prenant fait et cause pour le sionisme perçu comme un socialisme démocratique porteur de germes de libération, et considérant que les Juifs sont un peuple qui a droit à un pays, il publie deux essais notables sur ce thème chez Maspero ; il épouse une juive israélienne, devient citoyen israélien en 1994<ref>Le 16 février 1994, un nouveau citoyen nommé Dov Golan, né le 13 octobre 1914, est enregistré en Israël sous le numéro d’identification 309656478 avec les noms du père, tels qu’ils figurent sur le certificat, Said, et celui de la mère, Hosnia.</ref> et sera enterré au kibboutz d’Afakim en Israël<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Ses frères ont fait Saint-Cyr et sont devenus officiers supérieurs dans l’Armée française ; l'un d’eux est tué en Indochine<ref name="17août2020_mabatim.info" />.

Œuvre écrite

Éditions en arabe

Fichier:Abd Al Qadir Al Djazairi at Damascus,1862.jpg
Abdelkader à Damas, vers 1862.
  • Dhikrâ el-âqiI, Alger, Rahma.
  • EI-miqràdh eI-hâdd, Alger, Rahma<ref>El Mouradia.</ref>.
  • EI-Sayra eI-dhàtiyya (autobiographie), Alger, Dar-al-Umma.
  • EI-mawâqif (médiations mystiques), Damas et Alger, ENAG, 1996, 3 volumes.
  • Chiʻr al-Chaykh al-Ḥādj ʻAbd al-Qādir wa ḥukm charʻī li-al-ʻAskar al-Muḥammadī, textes publiés par le capitaine Boissonnet, Paris/Alger, Hashit, 1848 (poèmes et textes d'Abdelkader, en arabe ; introduction en français<ref>Ouvrage disponible en France à la bibliothèque de l'université de Paris-BULAC ; à la BNU de Strasbourg.</ref>).

La correspondance d'Abdelkader n'a pas été éditée, selon El Mouradia.

Traductions en français

Notes et références

Notes

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Références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

Travaux universitaires

Expositions

Biographies

  • Ahmed Bouyerdene, Abd el-Kader par ses contemporains. Fragments d'un portrait, Paris, Ibis press, 2008.
  • Modèle:Ouvrage
  • Modèle:Ouvrage
  • Modèle:Ouvrage
  • Modèle:Ouvrage
  • Modèle:Ouvrage
  • Modèle:Ouvrage
  • Alexandre Bellemare, Abd el-Kader : sa vie politique et militaire, Paris, Hachette, 1863 (réédition : Paris, éditions Bouchène, « Bibliothèque d’histoire du Maghreb », 2003 Modèle:ISBN).
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Charles Henry Churchill, Life of Abd el-Kader, Londres, Chapman and Hall, 1867 [traduction en français : La Vie d'Abd el-Kader, Alger, SNED, 1971 (rééditions : 1974, 1981, 1991)].
  • Modèle:Ouvrage
  • M. Cherif, L'Émir Abdelkader. Apôtre de la fraternité, Odile Jacob, 2016.

Notices biographiques

Articles

  • Jacques Frémeaux, « Abd el-Kader, chef de guerre (1832-1847) », dans Revue historique des armées, Modèle:N°, 2008, Modèle:P. 100-107, Modèle:Lire en ligne.
  • « Abd el-Kader », numéro spécial de la revue Le Cheval de Troie, Modèle:Date-, 128 pp. [contributions de Houriyah Abdelouahed, Michel Chodkiewicz, Jean-François Clément, Claudette Dupraz, Bruno Étienne, Fathi Ghlamallah, Karima Hirt ; textes de l'émir].

Film documentaire

  • L'Émir Abd el-Kader à Amboise le prisonnier tant aimé, documentaire historique présenté par Adyl Abdelhafidi (2013).

Romans

  • Abdelkader Djemaï, La Dernière Nuit de l'émir (roman), Paris, Le Seuil, coll. « Cadre rouge », 2012, 154 p. Modèle:ISBN.
  • Claude Diaz, L'espoir des vaincus Soldats perdus d'Abd el-Kader à Sète, L'Harmattan, Collection « Romans historiques Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle », 2013 Modèle:ISBN.
  • Waciny Laredj, Le Livre de l'émir, Actes Sud, 2006.
  • Martine Le Coz, La Couronne de vent, Al Manar, 2009.
  • Martine Le Coz, Le Jardin d'Orient, Michalon, 2008.

Articles connexes

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Liens externes

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