Violette Nozière

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Confusion Modèle:Infobox Biographie2

Violette Nozière, née le Modèle:Date de naissance à Neuvy-sur-Loire (Nièvre) et morte le Modèle:Date de décès au Petit-Quevilly, est une étudiante française qui a défrayé la chronique judiciaire et criminelle dans les années 1930.

Cette jeune parricide de 18 ans est condamnée à mort par la cour d'assises le 12 octobre 1934 à Paris, peine commuée par le président de la République Albert Lebrun en travaux forcés à perpétuité. Le 6 août 1942, le maréchal Philippe Pétain réduit la sentence à 12 ans. Elle est finalement libérée le 29 août 1945, puis graciée par le général de Gaulle le 17 novembre suivant<ref name="Grâce_1945">Modèle:Lien web : décret du 17 novembre 1945, signé du général de Gaulle, accordant remise de son interdiction de séjour à Violette Nozière, condamnée en 1934 pour empoisonnement et parricide. (Référence du dossier de recours en grâce : Modèle:N°).</ref>.

La cour d'appel de Rouen rend un jugement exceptionnel dans les annales de la justice française concernant l'auteur d'un crime de droit commun qui a été condamné à la peine capitale, en prononçant la réhabilitation de Violette Nozière le 13 mars 1963.

Cette affaire criminelle connaît un grand retentissement en France et, en raison de son impact médiatique jusqu'à nos jours, est devenue un fait de société.

Biographie

Enfance et adolescence

Fichier:P1030594 Paris XII rue Montgallet immeuble n°10bis rwk.JPG
L'immeuble au no 10 bis rue Montgallet, où habitent, en 1914, les parents de Violette Nozière.
Fichier:Violette Nozière (1915-1966) (A05).jpg
Violette Nozière au cours de l'année 1933.

Modèle:Article détaillé

Violette Nozière naît le Modèle:Date- à Neuvy-sur-Loire, à quatre heures du soir<ref>Archives municipales : État civil - acte de naissance no 1 - Mairie de Neuvy-sur-Loire. Place de la Mairie 58450 Neuvy-sur-Loire.
Germaine est bien le second prénom de Violette Nozière, et elle est bien née à quatre heures du soir et non à quatre heures du matin.</ref>. Elle est la fille unique de Baptiste Nozière<ref>Baptiste Nozière est né à Prades en Haute-Loire le Modèle:Date-. Source : Archives municipales : État civil - acte de naissance no 2 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.
Un seul prénom dans l'acte de naissance de Baptiste Nozière. Son père, Félix Nozière, 27 ans, est cultivateur et sa mère Marie, Constance Bernard, 19 ans, ménagère. Les professions de Félix Nozière sont successivement : domestique, cultivateur, boulanger, aubergiste.</ref>, mécanicien aux Chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée (PLM), et de Germaine Joséphine Hézard<ref>Germaine Hézard est née à Neuvy-sur-Loire le Modèle:Date-. Source : Archives municipales : État civil - acte de naissance no 17 - Mairie de Neuvy-sur-Loire. Place de la Mairie 58450 Neuvy-sur-Loire.
Ses parents sont Alsime François Hézard, 42 ans, vigneron, et Clémence Philomène Boutron, 38 ans, sans profession.</ref>. Germaine Hézard rencontre au mois de Modèle:Date- Baptiste Nozière. Le couple demeure à Paris, dans le Modèle:12e, au no 10 bis rue Montgallet. Elle est déjà enceinte de quatre mois lorsqu'elle épouse en secondes noces Baptiste, à Paris dans le même arrondissement, le Modèle:Date-<ref name="Mariage_1914">Archives municipales : État civil - acte de mariage no 1173 - [[Mairie du 12e arrondissement de Paris|Mairie du Modèle:12e]]. 130 avenue Daumesnil 75012 Paris.
Les témoins habitent le même arrondissement : Charles Bois, 58 ans, fabricant de meubles, au 3 rue Érard. Antoine Vidal, 45 ans, ébéniste, au 8 rue Chaligny. Talma Portal, 55 ans, employé, au 1 rue Bignon. Fernand Duchesne, 46 ans, employé de commerce, au 7 rue Crozatier.</ref>. Les époux n'ont pas fait de contrat de mariage. Germaine Hézard est mécanicienne<ref name="Mariage_1914"/>, car un certain nombre de femmes remplacent les hommes mobilisés<ref>Chemins de Mémoire : Modèle:Lien web.</ref>. C'est le début de la Première Guerre mondiale<ref name="Guerre mondiale">Chemins de Mémoire : Modèle:Lien web.</ref>. Baptiste Nozière est chauffeur aux chemins de fer et le reste tout au long des hostilités : il effectue la campagne contre l'Allemagne au PLM, du Modèle:Date- au Modèle:Date-, affecté au transport des troupes et du matériel militaire<ref>Archives militaires : état signalétique et des services et registre matricule de recrutement no 1823. Archives départementales de Haute-Loire. Avenue de Tonbridge 43012 Le Puy-en-Velay.</ref>. Pendant toute la guerre, Neuvy-sur-Loire est le lieu de résidence de Baptiste et Germaine Nozière.

À la fin de la « Grande Guerre », Baptiste Nozière revient à Paris, du fait de sa profession. La famille loge au no 9 rue de Madagascar, dans le [[12e arrondissement de Paris|Modèle:12e]], près de la gare de Lyon. Violette va passer toute sa jeunesse dans un simple deux-pièces cuisine, au sixième étage sur cour, où la promiscuité ne laisse que peu de place à l'intimité. Le climat familial devient pour Violette trop étouffant. Bonne élève, Violette obtient le certificat d'études primaires. Elle poursuit sa scolarité à l'école primaire supérieure de jeunes filles Sophie Germain du [[4e arrondissement de Paris|Modèle:4e]], puis au lycée Voltaire, dans le [[11e arrondissement de Paris|Modèle:11e]]. Les parents de Violette inscrivent ensuite leur fille au lycée Fénelon, dans le Quartier latin.

Ces changements d'établissements sont la conséquence de la dégradation des résultats scolaires, mais surtout du comportement de Violette. Un conseil des professeurs rend un avis sans appel : Modèle:Citation<ref name="Jean-Marie Fitère_1975">Modèle:Ouvrage</ref>. La jeune fille paraît plus que son âge ; elle découvre les premiers émois amoureux et compte parmi ses premiers amants Pierre Camus, un étudiant en médecine à Paris, et Jean Guillard, un ami d'enfance qu'elle retrouve pendant les vacances à Neuvy-sur-Loire. Elle recourt à ses premiers mensonges, du fait de retards et d'absences répétés. Violette va acquérir la réputation d'être une « petite coureuse », tout comme sa meilleure amie, Madeleine Georgette Debize (1915-1985), dite Maddy<ref>Maddy, diminutif repris par la presse et l'écrivain Jean-Marie Fitère, ainsi que dans le film Violette Nozière. Mado sera le prénom, noté par le commissaire Marcel Guillaume dans ses mémoires et l'historien Bernard Hautecloque. Madeleine Georgette Debize est la fille de Georges Debize, dessinateur, et d'Armande Clothilde Briault. Elle est née le Modèle:Date dans le [[12e arrondissement de Paris|Modèle:12e]] de Paris.</ref>, qui demeure également dans le Modèle:12e au 7 rue Claude-Decaen. Maddy a une véritable influence sur Violette. Cette génération née pendant la guerre, vivant dans une période de crise économique profonde pense surtout à se divertir et veut se libérer de la tutelle moralisatrice et envahissante de la précédente génération. Les femmes n'ont pas le droit de vote et doivent attendre leur majorité, soit vingt et un ans, pour être autonomes. L'avenir que la société leur réserve est tout tracé : être une bonne mère et une bonne épouse<ref>Bonne mère et bonne épouse, ce que sera effectivement Violette Nozière après sa libération.</ref>. Un lendemain encore bien lointain pour Violette. Le besoin d'indépendance, de liberté, de plaisirs, de changer de vie, est de plus en plus pressant. Pour ses sorties, et pour faire face à ses dépenses comme les toilettes, les restaurants, les bars, les hôtels, les taxis, Violette a besoin d'argent. Commencent alors les vols, au domicile de ses parents ou chez des commerçants. Elle va également recourir à la prostitution occasionnelle<ref>Modèle:Article.
Se reporter au livre de Modèle:Ouvrage. Comme le souligne l'auteur, une centaine d'étudiantes se livraient ainsi à la prostitution d'après les estimations de la police.</ref>, pour subvenir rapidement à ses besoins, ce que Violette nommera pudiquement Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.
Lire également l'article de Modèle:Article</ref>. Elle n'hésite pas non plus à poser nue pour une revue<ref>Modèle:Article. Commentaire de l'article : « Violette Nozière photographiée au cours d'une soirée intime (Collection Romi) ».
Modèle:Article. Commentaire de l'article : « Violette était fière de cette photo « coquine », réalisée par un photographe anonyme « spécialisé » (Collection Romi) ».</ref>. Une lente dérive s'amorce et une double vie s'installe.

Au mois d'Modèle:Date-, Violette apprend, après plusieurs consultations auprès du docteur Henri Déron, à l'hôpital Xavier-Bichat, dans le [[18e arrondissement de Paris|Modèle:18e]] de Paris, qu'elle est syphilitique<ref name="Jean-Marie Fitère_1975"/>. Elle va imaginer une sœur du docteur Déron, une relation flatteuse et au-dessus de tout soupçon, pour justifier ses absences auprès de sa famille. Désœuvrée, Violette passe la majeure partie de son temps dans les cinémas et les brasseries des grands boulevards du [[5e arrondissement de Paris|Modèle:5e]]. Ses préférés sont le bar de la Sorbonne ou le Palais du Café au 31 boulevard Saint-Michel et cet établissement devient son « quartier général ». La fréquentation du monde étudiant, cette classe sociale aisée, amène aussi Violette à mentir sur ses origines, son milieu : son père est devenu ingénieur en chef au PLM et sa mère est « première » chez Paquin. Violette a honte de ses parents, qui sont pourtant bien indulgents avec leur fille. Elle s'en éloigne de plus en plus. Elle confie à ses camarades ses tourments : que son père Modèle:Citation, ou Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref> et qu'il était jaloux de ses amis. Le Modèle:Date-, Violette dérobe un dictionnaire dans une librairie. À la suite de ce méfait, une dispute éclate entre le père et la fille. Le lendemain de l'incident, les parents découvrent un mot de Violette qui leur fait part de son intention de se jeter dans la Seine. Aussitôt, les commissariats voisins sont alertés. Leur fille est retrouvée quai Saint-Michel dans le [[5e arrondissement de Paris|Modèle:5e]], saine et sauve<ref group=note>La source citée est extraite du livre de Jean-Marie Fitère, Violette Nozière, Presses de la Cité, Modèle:3e 1975. Une autre version est celle du journal La France : « L'affaire Nozières - Première menace de suicide », article du Modèle:Date-. La déposition de Violette Nozière devant le juge, le Modèle:Date-, est en effet différente : « Enfin, point important, l'interrogatoire arriva à la tentative de suicide de l'accusée, du Modèle:Date- : Modèle:Citation. Modèle:M. et Modèle:Mme Nozières trouvèrent la lettre le soir et coururent, affolés, dans les commissariats. On leur dit, à celui de l'Odéon, que Violette Nozières, bien connue, venait de quitter le quartier Latin et des amis s'offrirent à aller à sa recherche. Ces derniers devaient trouver, vers 22 heures, la désespérée errant le long des quais. Elle n'avait pas eu le courage de mettre son projet à exécution ».</ref>.

La maladie de Violette s'aggrave, au début du mois de Modèle:Date-, et elle n'a plus d'autre choix que d'informer ses parents de son état de santé, suivant les recommandations de son médecin. Elle amène le docteur Henri Déron à rédiger un faux certificat de virginité. De cette façon, elle rend ses parents responsables de cette maladie contagieuse, l'hérédosyphilis. Le médecin convoque à l'hôpital Baptiste Nozière, le Modèle:Date-. À son retour, le père informe son épouse de cette maladie « héréditaire », dont souffrirait Violette. En résulte une nouvelle dispute entre les parents et leur fille mais, pour Violette, ce sera une dispute de trop.

L'affaire Violette Nozière

Les faits

Fichier:P1030683 Paris XII rue de Madagascar immeuble n°9 rwk.JPG
L'immeuble du no 9 rue de Madagascar.
Fichier:Violette Nozière (1915-1966) scène de crime (1933) (A05).jpg
La scène du crime au Modèle:6e étage. Le commissaire de police, Robert Gueudet, note dans son procès-verbal : Modèle:Citation. Archives de Paris, Identité judiciaire, dossier Nozière Violette, cotes D2 U8 379-380.

L'atmosphère du foyer est délétère et le ressentiment de Violette envers ses proches s'accentue. Elle pense à sa tentative de suicide du mois de décembre et décide d'entraîner sa famille dans la mort. Le Modèle:Date-, Violette achète un tube de Soménal, un somnifère<ref>Le soménal est un somnifère vendu sans ordonnance en pharmacie. Chaque tube acheté par Violette, contient douze comprimés. Ce médicament possède des propriétés identiques au véronal, barbiturique qui se présente sous la forme de petits cristaux solubles.</ref>, en pharmacie. Elle persuade ses parents de prendre ce médicament, que le docteur Déron aurait prescrit afin de les protéger d'une éventuelle contagion. Il s'agit de la première tentative d'empoisonnement. La dose administrée est faible et Violette Nozière ingère également les comprimés<ref>La thèse du suicide est vraisemblable avec le funeste projet de Violette, d'emmener ses parents dans la mort. L'écrivain Bernard Hautecloque dans l'émission de radio « L'Heure du crime » consacrée à Violette Nozière, exprime le même avis. Les raisons ne manquent pas : un mal de vivre, les dérives de Violette et sa maladie, les disputes familiales mais aussi la question de l'inceste.</ref>. Au cours de la nuit, vers deux heures du matin, un début d'incendie se déclare dans l'appartement. Le feu consume le rideau qui sépare le couloir de la chambre<ref>Lors de son procès, Violette Nozière déclare : Modèle:Citation. Source : Modèle:Article.</ref>. Violette alerte ses voisins de palier, Monsieur et Madame Mayeul. Baptiste Nozière revient à lui mais son épouse est admise à l'hôpital Saint-Antoine ([[12e arrondissement de Paris|Modèle:12e]]). L'enquête ne va pas plus loin et établit que les malaises des parents sont dus à l'intoxication par la fumée.

Malgré ces événements, le quotidien reprend son cours normal et Violette continue de mener sa double vie. Un séjour à Prades en Haute-Loire, berceau de la famille Nozière, est décidé pour les fêtes de la Pentecôte au mois de mai<ref>Modèle:Article.</ref> chez le père de Baptiste, Félix Nozière, ancien boulanger et aubergiste. Un différend familial oppose pourtant le fils à son père. La relation qu’entretient Félix Nozière avec sa belle-fille, Marie Michel<ref>La Guerre a pris le second fils de Félix Nozière, Ernest, en 1915. Devenu veuf de Marie Bernard en 1919, Félix Nozière vit maritalement avec sa belle-fille, Marie Michel (1888-1968). Cette seconde union n'eut pas de postérité.</ref>, veuve de son autre fils Ernest Nozière<ref>Biographie d'Ernest Nozière (1887-1915), voir le chapitre : Historique.</ref>, envenime la situation. Mais cela n'empêche pas les parents de Violette de rester quinze jours et leur fille, six semaines. Plus d'une fois, elle échappe à la vigilance de son grand-père pour rejoindre les jeunes gens du pays. Les vacances s'achèvent, Violette revient à Paris le Modèle:Date-.

Violette Nozière rencontre le Modèle:Date- un étudiant en droit, Jean Dabin<ref>Jean Dabin est né à Coutras en Gironde, le 21 novembre 1912.</ref>. C'est un nouvel amant, mais un amant de cœur<ref>amant de cœur : amant de la prostituée ou de la courtisane, ou autre, qui ne paye pas, qui est aimé et souvent entretenu et nourri, pour lequel la prostituée se ruine parfois.</ref>. Violette, comme à son habitude, enchaîne les mensonges concernant la situation professionnelle de ses parents. Quant à Jean Dabin, il est endetté en permanence et vit sans l'ombre du moindre remords aux crochets de Violette, qui lui remet chaque jour Modèle:Unité<ref name="G.A. Zelli_1933">Modèle:Article.</ref>. Mais les racolages de Violette ou les emprunts auprès de ses amis ne suffisent plus pour entretenir son amant<ref name="Garde">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Au début de l'été 1933, la situation professionnelle de Baptiste Nozière s'améliore. Estimé par ses supérieurs hiérarchiques, il voit son salaire augmenté. Le Modèle:Date-, Baptiste est désigné pour conduire le train du président de la République, Albert Lebrun. Le 8 juillet, Baptiste Nozière reçoit la médaille des Chemins de Fer. Mais le 14, en gare de Lyon, il perd l'équilibre et tombe de sa locomotive. Hospitalisé à La Pitié-Salpêtrière, il est de retour parmi les siens le Modèle:Date-. Deux semaines de convalescence sont prescrites à Baptiste, très affaibli.

Ce même 17 août, Jean Dabin doit partir quelques jours voir son oncle à Hennebont dans le Morbihan. Violette souhaite le retrouver en Bretagne et prolonger les vacances avec lui jusqu'aux Sables-d'Olonne, mais en automobile. Un rêve un peu fou se dessine, pourquoi ne pas partir en Bugatti, même d'occasion<ref>Modèle:Ouvrage</ref> ? Il lui faut trouver la somme. Grâce à différentes fouilles menées dans l'appartement, Violette sait à présent que ses parents disposent de Modèle:Unité<ref name="Héritage">Modèle:Article</ref> en titres et en espèces, dans un coffre du Crédit lyonnais<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Comment en disposer et se libérer de la tutelle de sa famille ? Comment se délivrer d'un lourd secret<ref>Modèle:Article</ref> ?

Le Modèle:Date-, Violette renouvelle sa tentative du 23 mars, mais avec une dose beaucoup plus forte de Soménal. Elle en achète trois tubes et rédige une fausse ordonnance émanant du docteur Déron. Les comprimés sont réduits en poudre et celle-ci est répartie dans deux sachets identiques. Un troisième sachet marqué d'une croix contient un dépuratif inoffensif. Pendant ce temps, les parents ne sont pas au bout de leurs surprises. Ils découvrent que de l'argent a disparu et, en cherchant dans les affaires de leur fille, trouvent une lettre de Jean Dabin. Au retour de Violette, c'est une violente dispute. Le climat finit par s'apaiser. Le soir après le dîner, Violette absorbe le contenu du sachet identifié par une croix. Son père sans méfiance, avale la totalité du poison. Par contre sa mère en raison du goût amer, jette la moitié du verre, ce qui lui sauvera la vie. Baptiste s'effondre sur le lit de Violette. Germaine tombe à son tour et se blesse à la tête en heurtant un montant du lit. Violette vole l'argent qui se trouve sur sa mère et prend la paie de son père, en tout Modèle:Unité<ref name="Garde"/>. Elle quitte l'appartement pour y revenir le 23 août à une heure du matin. Violette ouvre le gaz, afin de faire croire que ses parents ont tenté de se suicider par ce moyen et alerte ses voisins, les Mayeul, comme au mois de mars. Alertés, les pompiers arrivent, suivis de la police. Baptiste Nozière est trouvé mort sur un lit<ref>Archives municipales : État-civil - acte de décès no 3255 - Mairie du Modèle:12e. 130 avenue Daumesnil 75012 Paris.
Le décès de Baptiste Nozière est constaté officiellement le Modèle:Date à deux heures quarante au 184 rue du Faubourg-Saint-Antoine (hôpital Saint-Antoine). Décès déclaré le même jour à seize heures dix.</ref>. Dans une autre chambre à côté, son épouse inconsciente respire encore et elle est transportée d'urgence à l'hôpital Saint-Antoine.

L'enquête de la police révèle deux faits importants : l'absence des dépenses inscrites quotidiennement dans un registre tenu par madame Nozière pour la journée du 22 août, et le compteur à gaz dont le relevé démontre que la quantité échappée était insuffisante pour asphyxier le couple.

Le Modèle:Date- à 15 h 00, le commissaire Gueudet emmène Violette à l'hôpital Saint-Antoine, dans l'intention de la confronter à sa mère qui commence à sortir du coma. Le policier va s'enquérir de son état de santé et vouloir poser quelques questions à Germaine Nozière. Il demande à la jeune femme de l'attendre dans le petit bureau de la surveillante<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, attenant à la salle où se trouve sa mère. Selon le médecin, cette dernière n'est pas en état de répondre aux questions du policier mais le commissaire insiste, ce qui l'amène à constater que Violette Nozière s'est enfuie après avoir compris que sa mère en se réveillant allait la dénoncer. Cette fuite est alors considérée comme un aveu de culpabilité. Le 24 août, la mère de Violette peut enfin s'exprimer et donne sa version des faits. Ce même jour, Violette est inculpée pour homicide volontaire et fait l'objet d'un mandat d'amener<ref>« Violette Nozière a empoisonné ses parents - un mandat d'amener est lancé contre la fugitive », Excelsior, samedi Modèle:Date.</ref>. Sa cavale dans Paris dure une semaine. Un témoin dira même que la jeune femme s'est jetée dans la Seine<ref>Paris-Soir : « On ignore toujours ce qu'est devenue Violette Nozière - Ce matin, des recherches ont été opérées dans la Seine où la criminelle, d'après un témoin, se serait peut-être jetée ». Article du 28 août 1933.
Extrait cité également dans Études photographiques, « Le Succès par l'image ? » de Myriam Chermette, page 99, revue no 20, juin 2007.</ref>. La presse se déchaîne : « Le monstre en jupons traqué par la police »<ref>Le journal Paris-Soir du Modèle:1er septembre 1933 emploie les termes « monstre en jupons » et « fleur vénéneuse », à propos de Violette Nozière. Cité par Anne-Emmanuelle Demartini et Agnès Fontvieille : « Le crime du sexe. La justice, l'opinion publique et les surréalistes : regards croisés sur Violette Nozière », dans « Femmes et justice pénale, {{#switch: -

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}} », page 244. Collection Histoire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 20 novembre 2002. Réédition, janvier 2011.</ref>. Le Modèle:Date-, Violette Nozière est arrêtée dans le [[7e arrondissement de Paris|Modèle:7e]] par la brigade criminelle que dirige le commissaire Marcel Guillaume, à la suite de la dénonciation d’un jeune homme de « bonne famille », André de Pinguet<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

La presse, la politique et l'affaire

Aussitôt, la presse s'empare de l'affaire, qui fait la « une » des quotidiens. Elle se demande qui est cette parricide de 18 ans. Dans une revue mensuelle de Modèle:Date-, l'article consacré à Violette se termine ainsi : Modèle:Citation<ref name="G.A. Zelli_1933"/>.

Sur fond de passion, la presse donne le ton : le mythe Violette Nozière est né. Les rédactions envoient leurs équipes de journalistes, qui mènent leurs propres investigations sur le lieu du drame ainsi qu'au 36 quai des Orfèvres, au Palais de Justice, au laboratoire de toxicologie de la préfecture de police où est analysé le poison, à l'Institut médico-légal du quai de la Rapée dans le [[12e arrondissement de Paris|Modèle:12e]] où le corps de Baptiste Nozière a été transporté pour l'autopsie, à l'hôpital Saint-Antoine où se trouve admise la mère de Violette et même jusque dans les départements de la Nièvre et de la Haute-Loire d'où sont originaires les Nozière.

Fichier:Le Petit Parisien 2 septembre 1933.jpg
Modèle:Article

Le lecteur doit tout savoir sur Violette. Une surenchère d'informations les plus diverses sont publiées, où se mêlent les comptes rendus rigoureux et la recherche du sensationnel. Cette affaire, impliquant une femme, grave son empreinte dans la mémoire collective. La presse a bien compris l'impact que ce drame pouvait avoir sur le public. Certains journaux vont même innover, afin d'obtenir un succès commercial rapide<ref>Consulter l'exposition virtuelle sur Violette Nozière et la presse : Collection privée Philippe Zoummeroff.</ref>. Les reportages appuyés par de multiples photographies, tel le déroulement d'un film, avec des titres chocs, interpellent, immergent le lecteur dans l'action, qui participe ainsi indirectement à l'enquête. Le lecteur devient acteur<ref>Lire à ce propos sur l'affaire Violette Nozière et son impact dans la presse, le document de Myriam Chermette : « Le Succès par l'image ? » dans Études photographiques no 20, juin 2007.</ref>. Les tirages des quotidiens augmentent : Violette Nozière fait vendre. L'actualité nationale et internationale est reléguée à un niveau de moindre importance. La foule se déplace en masse sur le passage de Violette lors des convocations du juge d'instruction Edmond Lanoire, des confrontations qui s'ensuivent, devant la prison de la Petite Roquette où Violette est détenue. Les chansonniers prennent le relais. L'opinion publique se divise en deux camps et s'enflamme pour l'affaire Violette Nozière.

Fichier:Affaire Violette Nozière, 9 rue de Madagascar, Paris, 1933.jpg
La reconstitution du crime au 9 rue de Madagascar attire une foule nombreuse. Modèle:Citation écrit Marcel Aymé, dans le journal Marianne le 24 octobre 1934.

L'affaire précisément prend une nouvelle dimension, car l'enquête est confiée à un commissaire de renom : Marcel Guillaume<ref>Marcel, Ludovic Guillaume (né à Épernay le Modèle:Date- - mort à Bayeux le Modèle:Date-), commissaire de police en 1913, puis commissaire divisionnaire depuis 1928, est le chef de la brigade criminelle de 1930 à 1937. Il s'occupe également des enquêtes sur l'affaire Stavisky et l'Affaire du conseiller Prince en 1934. Il était opposé à la peine de mort. Mis à la retraite en 1937, cette grande figure de la police française et le plus célèbre de l'entre-deux-guerres, va inspirer l'écrivain Georges Simenon pour son personnage du commissaire Maigret.</ref>. Le commissaire divisionnaire du 36 quai des Orfèvres est connu pour s'être occupé des crimes de la bande à Bonnot, Landru et l'assassinat du président de la République Paul Doumer. Si le juge d'instruction Edmond Lanoire charge ce haut personnage de mener les investigations sur Violette Nozière, c'est que l'affaire est jugée sérieuse, digne des plus grands criminels. Le magistrat lui-même est redoutable, aguerri par des années d'expérience. Enfin, Violette aura pour avocat Modèle:Me Henri Géraud, un ténor du barreau, qui a défendu Raoul Villain, l'assassin de Jean Jaurès et Paul Gorgulov, le meurtrier du président de la République Paul Doumer. Le second avocat de Violette est Modèle:Me René de Vésinne-Larue (1903-1976)<ref group=note>René Marie Pierre Henri de Vésinne-Larue est né à Marseille dans le quartier de Saint-Barthélémy, le Modèle:Date- (Archives municipales de Marseille : acte de naissance Modèle:N°). Fils de Gaston Henri de Vésinne-Larue, ingénieur, et de Marie Judith Égérie Cambiaggio. Il épouse dans le [[5e arrondissement de Paris|Modèle:5e]] de Paris le Modèle:Date-, Renée Louise Marguerite de Gaalon (Paris Modèle:7e, Modèle:Date- - Chatenay-Malabry, Modèle:Date-). Il est promu Chevalier de la Légion d'honneur (dossier c-344313). René de Vésinne-Larue meurt en son domicile à Paris dans le [[5e arrondissement de Paris|Modèle:5e]], le Modèle:Date- (Archives de Paris, acte de décès Modèle:N°).</ref>. Ce jeune licencié en droit est aussi licencié ès sciences, diplômé d'astronomie et de l'Institut des sciences politiques. Ces personnalités autour de cette jeune parricide, inconnue des services de police, aura un impact considérable sur l'opinion publique et bien évidemment sur la presse. Voici Violette Nozière projetée sur le devant de la scène. Cette soudaine notoriété va dépasser le cadre judiciaire.

Dans le contexte d'affrontement entre droite et gauche, l'affaire est très vite au centre des choix politiques.

La droite fustige en Violette une jeunesse d'après-guerre dévoyée, fait appel à l'ordre moral et au retour des valeurs.

Le commissaire Marcel Guillaume, à la suite de ses recherches, juge crédible la version de Violette Nozière indiquant qu'elle a voulu se libérer de l'inceste paternel. Il exprime ainsi son sentiment personnel après le premier interrogatoire de Violette : Modèle:Citation<ref name="M.Guillaume_1934">Au mois de Modèle:Date-, le commissaire Marcel Guillaume prend sa retraite. Le Modèle:Date-, le quotidien Paris-Soir commence la publication des enquêtes du célèbre policier. L'ensemble des mémoires de Marcel Guillaume paraît dans ce journal jusqu'au 18 avril 1937 en raison d'un article quotidien, soit une cinquantaine d'épisodes. « L'affaire Violette Nozières » est éditée dans Paris-Soir les 21 mars, Modèle:1er et Modèle:Date-. L'écrivain Jean-Marie Fitère va reprendre dans son ouvrage « Violette Nozière » en 1975, les souvenirs de Marcel Guillaume. Les mémoires du commissaire Guillaume sont de nouveau imprimées aux Éditions des Équateurs en 2005 et rééditées en 2010.
Citations de Modèle:Article.
Lire également : Modèle:Ouvrage</ref>. Le commissaire Guillaume sera rejoint par d'autres défenseurs de Violette.

La gauche fait de Violette un symbole de la lutte contre la société et ses dérives. L'amant de Violette, Jean Dabin, celui qui a corrompu Violette en vivant de ses générosités, n'est-il pas un camelot du roi ? Les surréalistes prennent la défense de Violette qui devient leur muse. Louis Aragon signe en 1933 une chronique dans L'Humanité où il la présente comme une victime du patriarcat. Le Modèle:Date-, Marcel Aymé interpelle par son plaidoyer en faveur de Violette Nozière : Modèle:Citation<ref name="Marcel Aymé_241034">Journal Marianne no 105 : Article « Incestes » de Marcel Aymé, le 24 octobre 1934.
Marcel Aymé : Œuvres romanesques complètes, volume II. Article « Incestes », Modèle:P., Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, le 4 septembre 1998.</ref>. L'inceste, sujet tabou dans une société masculine, permet à Paul Éluard d'écrire un poème qui reste dans les mémoires : Modèle:Citation<ref>Extrait du poème de Paul Éluard, dans le Modèle:Ouvrage. Réédition de l'ouvrage des surréalistes (décembre 1933), préfacée par l'écrivain José Pierre (1927-1999).</ref>. Écrivains, poètes, mais également peintres prennent fait et cause pour Violette Nozière. Cette médiatisation de l'affaire influencera les chefs d'État successifs qui eurent, par la suite, à décider du sort de Violette.

Les enquêtes parallèles menées par les journalistes ont également une influence sur celles des autorités. Des lettres de dénonciation parviennent dans les rédactions, à la police judiciaire ou chez le juge d'instruction<ref name="Presse_1933">Se reporter aux études suivantes :
Anne-Emmanuelle Demartini : « L'Affaire Nozière. La parole sur l'inceste et sa réception sociale dans la France des années 1930 ». Revue d'histoire moderne et contemporaine no 56-4, page 190 à 214. Éditions Belin, avril 2009.
Anne-Emmanuelle Demartini : « L'affaire Nozière entre instruction judiciaire et médiatisation ». Revue d'histoire : Le Temps des médias no 15, page 126 à 141. Nouveau Monde Éditions, septembre 2010.</ref>. Le monde étudiant, et le quartier Latin en particulier, font l'objet des attaques de la presse : Modèle:Citation<ref name="G.A. Zelli_1933"/>. Les accusations de Violette Nozière remettent en cause l'institution familiale sur laquelle repose l'autorité du père. La presse évite les termes « inceste » ou « viol », qui relèvent de l'Interdit culturel et pèsent sur le langage. Mais cette affaire permet aussi de libérer la parole des victimes d'inceste. Cette pression médiatique aura des conséquences sur le déroulement futur du procès<ref name="Presse_1933"/>.

Une presse réactionnaire n'hésite pas à désigner les amis de Violette comme étant d'origine étrangère ou avec des termes empreints de racisme : « Le Noir, Louis, François Pierre » dans Le Matin du 3 septembre 1933, « Un témoin coloré », dans la revue mensuelle Drames de Modèle:Date- ou « le musicien nègre » dans le journal Excelsior du Modèle:Date-. Dans ce dernier quotidien sera cité « Jacques Fellous, démarcheur de cercles de jeux, 4 rue de Sèze, est un Tunisien », qui devient algérien dans Le Petit Journal du Modèle:Date-. Pour Le Matin du 9 septembre 1933, voici un autre témoin : « l'Algérien Atlan ». L'Excelsior du 12 septembre 1933 précise le second prénom, non sans une arrière pensée antisémite : « Violette revint donc avec deux amis, Robert Isaac Atlan et l'Italien Adari ». Ces propos dans la presse à caractère xénophobe se situent dans un contexte particulier, celui de la montée du fascisme. Les ligues d'extrême droite souhaitent prendre le pouvoir comme en Allemagne et en Italie. Quelques mois plus tard, les événements vont se précipiter en France avec les émeutes de ces extrémistes, le 6 février 1934. Les écrits publiés dans une certaine presse préfigurent ceux qui paraîtront en France occupée, sous Philippe Pétain.

L'enquête

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Le siège de la police judiciaire de Paris, au 36, quai des Orfèvres.

Le jeudi Modèle:Date-, le docteur Paul, médecin légiste expert auprès du tribunal de la Seine, procède à l'autopsie de Baptiste Nozière<ref>Le Petit Parisien : « Le drame de la rue de Madagascar - Le mécanicien et sa femme ont été victimes d'un empoisonnement criminel ». Article du vendredi 25 août 1933.</ref>, à l'Institut médico-légal du quai de la Rapée dans le Modèle:12e. Le lendemain, le professeur Kohn-Abrest, directeur du laboratoire de toxicologie à la préfecture de police, analyse les sachets ayant contenu le poison, retrouvés au domicile de la famille Nozière. L'empoisonnement par le Soménal est confirmé. D'autre part, la victime présentait des lésions antérieures au crime et son état de santé, fragilisé par l'accident du 14 juillet, a facilité l'action toxique du poison.

Le lundi Modèle:Date-, le commissaire Marcel Guillaume et ses hommes, le brigadier-chef Gripois et l'inspecteur Lelièvre, emmènent Violette Nozière au 36 quai des Orfèvres. Le juge d'instruction chargé de l'affaire, Edmond Lanoire, est prévenu de l'arrestation de la fugitive. Malgré l'interdiction qui lui est faite d'interroger directement Violette Nozière, Marcel Guillaume aura une brève conversation avec la jeune femme et décrit cet entretien dans le quotidien Paris-Soir, en 1937<ref name="M.Guillaume_1934"/> : Modèle:Citation bloc

Fichier:Marcel Guillaume commissaire divisionnaire 1932.jpg
Le commissaire divisionnaire Marcel Guillaume.

Violette Nozière avoue donc son crime à la police judiciaire le lundi Modèle:Date- et renouvelle ses déclarations devant le juge d'instruction, Edmond Lanoire<ref name="M.Guillaume_1934"/>. Elle confirme n'avoir eu aucun complice et assume la responsabilité de ses actes. Violette affirme que son géniteur était seul visé et l'accuse de pratiques incestueuses<ref>Archives judiciaires : Archives de Paris - 18 boulevard Sérurier 75019 Paris. Site officiel : Archives judiciaires de la cour d'assises de la Seine
Procès-verbal de première comparution, cote D2 U8 379. Source : Modèle:Article.</ref> : Modèle:Citation bloc

Le mercredi Modèle:Date-, les avocats Modèle:Me Henri Géraud et Modèle:Me René de Vésinne-Larue sont désignés pour assurer la défense de Violette Nozière.

Le jeudi Modèle:Date-, Baptiste Nozière est inhumé à Neuvy-sur-Loire<ref>« Les obsèques de M. Nozières à Neuvy-sur-Loire », La Tribune Républicaine, samedi 2 septembre 1933.</ref>. Une foule impressionnante assiste aux obsèques : la municipalité, les habitants de Neuvy-sur-Loire, les collègues cheminots de Baptiste Nozière, la famille dont la grand-mère de Violette, Madame Clémence Hézard, 83 ans<ref>Clémence Philomène Boutron, fille de Joseph Boutron et de Louise Barré, veuve de Alsime François Hézard. La grand-mère de Violette meurt à Neuvy-sur-Loire, le 13 février 1934.
Archives municipales : État civil - acte de décès no 5 - Mairie de Neuvy-sur-Loire. Place de la Mairie 58450 Neuvy-sur-Loire.</ref> (née à Neuvy-sur-Loire, le 23 novembre 1849). Elle pose son front sur le cercueil et l'embrasse en demandant, pour Violette sa petite-fille : Modèle:Citation<ref>Yves Dautun, « Les obsèques émouvantes de M. Nozières », Le Petit Parisien, vendredi Modèle:Date-.</ref>.

Le vendredi Modèle:Date- a lieu la confrontation entre Violette et sa mère, toujours hospitalisée à Saint-Antoine. Confrontation des plus douloureuses, où malgré sa demande de pardon, Violette Nozière, prise de crises nerveuses, est rejetée par sa mère qui prononce ces mots : Modèle:Citation<ref>« Une tragique confrontation », La Dépêche, samedi Modèle:Date-.</ref>. Malgré une nouvelle demande de pardon, Germaine Nozière crie à sa fille : Modèle:Citation, tendant le poing vers elle et faisant des efforts pour se soustraire à l'étreinte de ceux qui la maintenaient sur son fauteuil, Modèle:Citation<ref>« Le drame de la rue de Madagascar. Au cours d'une pathétique confrontation, Violette Nozières s'écrie : Pardon, pardon Maman. Maudite par sa mère qui l'adjure de se tuer, la parricide s'évanouit », Le Progrès, samedi 2 septembre 1933.</ref>.

Au cours des interrogatoires, Violette Nozière indique que des gravures pornographiques et des chansons libertines appartenant à son père se trouvent à leur domicile rue de Madagascar, ainsi que le chiffon dont il se servait pour ne pas rendre sa fille enceinte<ref name="A.E. Demartini_2009">Anne-Emmanuelle Demartini, « L'Affaire Nozière. La parole sur l'inceste et sa réception sociale dans la France des années 1930 », Revue d'histoire moderne et contemporaine no 56-4, Modèle:P., Éditions Belin, avril 2009.</ref>. Une perquisition à l'appartement des victimes permet de retrouver ces pièces à conviction. L'étude par le laboratoire d'un échantillon du tissu accrédite la thèse de Violette. Germaine Nozière, interrogée sur la présence de ce morceau d'étoffe dans la chambre à coucher, révèle qu'il permettait de protéger ses rapports avec son mari. Lors d'une confrontation afin d'éclaircir ce point, mère et fille restent sur leurs positions.

Le vendredi 8 septembre, le juge Lanoire se transporte sur le lieu de la première cabane de jardin que possédait Baptiste Nozière, à l'extrémité de la rue de Charenton. Le terrain est concédé par la Ville de Paris, mais il ne subsiste plus rien à la suite de démolitions. Cette cabane disparue, où Baptiste Nozière aurait violenté sa fille, était assez spacieuse pour contenir des outils et une chaise. Le second abri sur le bord de la Seine, porte de Charenton, est exposé aux regards, de dimension modeste et le voisinage n'a rien remarqué d'anormal. Les accusations d'inceste sont réitérées par Violette, le 9 septembre 1933, à la prison de la Petite Roquette où s'est déplacé le juge d'instruction.

Le mercredi 13 septembre, Violette maintient sa version devant le juge Lanoire et précise que sa motivation n'est pas la captation de l'héritage. En effet, un ami lui assurait une aide financière régulière<ref>Journal La France, édition de Bordeaux : « L'affaire Nozières ». Article du vendredi 15 septembre 1933</ref>. Son bienfaiteur est âgé d'une soixantaine d'années, industriel, marié et père de famille. De son identité, Violette ne connaît que le prénom sous la dénomination de « Monsieur Émile ». Le renseignement dont elle dispose pour permettre de retrouver ce témoin est la description de son automobile, de marque Talbot et de couleur bleue. Les recherches des enquêteurs sont restées vaines. Coup de théâtre, le 15 septembre : Germaine Nozière se constitue partie civile contre sa propre fille<ref>Le Quotidien : « Modèle:Mme Nozière s'est constituée partie civile contre sa fille. Elle s'est présentée hier après-midi devant le juge d'instruction ». Article du samedi 16 septembre 1933.</ref>, une première dans les annales judiciaires. Une seconde confrontation aura lieu le 27 septembre entre la mère et la fille. L'instruction se poursuit avec les auditions des témoins, les interrogatoires de Violette, les rapports des médecins psychiatres et les perquisitions. La mise en présence, le 18 octobre, de Violette, de sa mère et de Jean Dabin, provoque une nouvelle surprise. Quel étonnement pour Germaine Nozière de voir que Jean Dabin porte au doigt une bague appartenant à son défunt époux ! Violette avait « offert » cette bague à son amant, qui ignorait son origine. Ce bijou est restitué à Germaine Nozière. Le 19 novembre, a lieu la reconstitution du drame au 9 rue de Madagascar, en présence de Violette Nozière, de sa mère et de M. Mayeul, leur voisin. À la fin du mois de décembre 1933, le juge Edmond Lanoire a terminé son enquête et transmet, le 5 janvier 1934, les pièces du dossier au procureur général. Le 27 février suivant, la Chambre d'accusation de la cour d'appel de Paris renvoie Violette Nozière devant la cour d’assises de la Seine.

Le procès

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Violette Nozière en cour d'assises, en 1934.

Le Modèle:Date-, le procès de Violette Nozière s'ouvre à Paris devant la cour d'assises de la Seine. La veille de ce procès a lieu un attentat à Marseille : le roi de Yougoslavie, [[Alexandre Ier de Yougoslavie|Alexandre {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] est assassiné par des Croates et le ministre français des Affaires étrangères Louis Barthou perd la vie également. Malgré cette tragique actualité, la foule envahit le tribunal. Les charges qui pèsent sur Violette Nozière sont lourdes. Elle est accusée d'avoir Modèle:Citation. La première journée de l'audience est axée sur la personnalité de Violette, ses amis, le milieu familial et les circonstances du drame. Violette perd connaissance lors de l'interrogatoire du président Peyre. La question de l'inceste n'est pas clairement abordée, mais Violette maintient ses accusations contre son père. Les déclarations qui suivent sont celles du docteur Déron - qui va s'abriter derrière le secret professionnel -, des époux Mayeul et des premiers intervenants après le drame : pompiers et policiers. Mais à aucun moment le commissaire Marcel Guillaume n'est appelé à la barre, ce qui est pour le moins inattendu.

Fichier:Germaine Nozière & M.Hézard - 1934.jpg
Madame Nozière à la barre des témoins et son avocat, Modèle:Me Boitel.

Le lendemain a lieu la déposition de Germaine Nozière. La mère de Violette, bien que s'étant constituée partie civile, finit par pardonner à sa fille et implore, en larmes, le jury : Modèle:Citation<ref>L'ami du Peuple : « Modèle:Mme Nozière implore la pitié des jurés pour sa fille », par Marcel Espiau. Article du vendredi 12 octobre 1934, no 2350.
Pendant l'Occupation allemande, le journaliste Marcel Espiau écrit dans Les Nouveaux Temps, quotidien du soir de la presse collaborationniste française. Marcel Espiau est du nombre des cent trente écrivains interdits à la Libération, en septembre 1944.</ref>. Les experts psychiatres concluent à la pleine responsabilité de l'accusée. Modèle:Me de Vésinne-Larue intervient et met en doute les méthodes employées concernant ces expertises et cite l'exemple des sœurs Papin, dont l'une, bien que condamnée à mort, a été reconnue irresponsable quelques mois après. L'avocat général Gaudel lui répond : Modèle:Citation. Modèle:Me de Vésinne-Larue rétorque aussitôt : Modèle:Citation<ref name="Grand Écho_121034">Grand Écho du Nord de la France : « Les témoignages de Modèle:Mme Nozières et de Jean Dabin provoquent des incidents dramatiques », par Saint-Martin. Article du 12 octobre 1934, no 285.</ref>. Viennent ensuite les témoignages des amants et surtout de Jean Dabin. L'avocat général Gaudel devant l'attitude hautaine de ce témoin capital, n'a pas de mots assez durs à son encontre : Modèle:Citation<ref name="Grand Écho_121034"/>. Enfin, ce sont les auditions de l'amie de Violette, Madeleine Debize et des collègues de Baptiste Nozière.

La dernière journée du procès est celle du terrible réquisitoire de l'avocat général qui demande la peine capitale contre l'accusée : « À qui ferait-on croire que la syphilis n'eût point été communiquée au père par la fille, si l'inceste existait ? »<ref>Stéphanie de Saint Marc, Les Grands procès du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.</ref>. L'avocat de la défense, Modèle:Me de Vésinne-Larue, fait venir à la barre un nouveau témoin, à la surprise générale. Les relations incestueuses de Baptiste Nozière sont de nouveau évoquées. Mais curieusement, le viol n'est pas la partie essentielle de la plaidoirie de l'avocat. Même si ce dernier évoque cet enchaînement dramatique, il entend montrer que Violette n'avait aucune raison de souhaiter la mort de sa mère. Mais, pour l'accusation, Violette Nozière n'aurait agi ainsi que pour avoir les Modèle:Unité<ref name="Héritage"/> économisés par ses parents, parents qu'elle avait déjà commencé à voler auparavant, afin de continuer à entretenir son amant. Ce sera cette thèse d'accusation qui sera retenue par les jurés.

La condamnation

Fichier:Avocats Violette Nozière.jpg
Modèle:Mes René de Vésinne-Larue et Henri Géraud, avocats de Violette Nozière.
Fichier:Louis Gaudel.jpg
L'avocat général Louis Gaudel : Modèle:Citation.

Le Modèle:Date- à 19 h 00, après seulement une heure de délibération, Violette Nozière est condamnée à la peine de mort pour parricide et empoisonnement<ref name="Cour d'Appel">Archives judiciaires : Arrêt de la cour d'appel de Rouen en date du 13 mars 1963 - Réhabilitation de Violette Nozière. Document ADSM - Cote 3397 W 229.
Archives départementales de la Seine-Maritime - Hôtel du Département. Quai Jean-Moulin 76100 Rouen</ref>, sans aucune circonstance atténuante<ref name="L'Ami du Peuple_131034">L'Ami du Peuple : « Violette Nozière est condamnée à mort », par Marcel Espiau. Article du samedi 13 octobre 1934, no 2351.</ref> :

Modèle:Citation<ref name="L'Ami du Peuple_131034"/>.

La peine capitale est qualifiée de symbolique par l'avocat général, puisqu'à l'époque on ne guillotinait plus les femmes. Le pourvoi est rejeté le Modèle:Date-, par la Chambre criminelle de la Cour de cassation. Modèle:Me de Vésinne-Larue présente alors un recours en grâce auprès du président de la République. Le Modèle:Date-, Marcel Aymé en appelle au droit : Modèle:Citation<ref>Journal Marianne no 113 : Article « Peine de mort« de Marcel Aymé, le 19 décembre 1934.
Marcel Aymé : Œuvres romanesques complètes, vol. II, article « Peine de mort », Modèle:P.. Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, le 4 septembre 1998.</ref>.

Le président Albert Lebrun accorde la grâce qui commue la peine de mort prononcée contre Violette en celle des travaux forcés à perpétuité, le Modèle:Date-<ref name="Cour d'Appel"/>.

Le commissaire Guillaume, qui dirige la brigade criminelle, exprime son malaise à l'énoncé du verdict<ref>Commissaire Marcel Guillaume - Mémoires - Mes grandes enquêtes criminelles. Violette Nozière : citation page 356, Éditions des Équateurs, octobre 2010.</ref> : Modèle:Citation bloc

La détention et la libération

Fichier:Rennes prison des femmes.JPG
Violette Nozière est emprisonnée à la Centrale de Rennes de 1940 à 1945.

Le Modèle:Date-, Violette part pour la Centrale de Haguenau en Alsace<ref>Aujourd'hui, la Centrale de Haguenau est devenue la Médiathèque au 24 rue du maire André Traband à Haguenau. Vous retrouvez l'historique et les photographies de la prison sur les sites suivants :
Net Comète : « Le lourd passé de la Médiathèque«.
Net Comète : « Autour de la Maison centrale«.
Net Comète : « Album photographique«.</ref> dans un convoi de quatorze femmes, enchaînées les unes aux autres<ref name="Jean-Marie Fitère_1975"/>. L'univers carcéral à Haguenau est très dur. L'isolement est la règle, avec interdiction de se parler entre détenues, de s'entraider ou de partager des colis. Violette Nozière, face aux conditions de détention éprouvantes et à son mauvais état de santé, se tourne vers la religion catholique. Les sœurs de Béthanie, présentes à la prison, soutiennent la captive. La transformation de Violette Nozière et son attitude irréprochable sont citées en exemple. Elle devient une prisonnière modèle et commence sa reconstruction. Violette Nozière n'a désormais plus rien de commun avec celle du quartier Latin.

Au mois d'octobre 1937, deux événements se produisent. Violette Nozière se rétracte quant aux accusations portées contre son père. Cette rétractation tardive, dans une lettre de Violette adressée à sa mère, est reproduite dans toute la presse. Ce qui permet à la mère de Violette d'être soulagée financièrement des frais du procès, jusqu'à maintenant à sa charge<ref name="Jean-Marie Fitère_1975"/>. La réconciliation entre la mère et la fille est enfin scellée.

La nouvelle du décès de Jean Dabin parvient à Violette en ce même mois. Engagé dans l'armée coloniale en 1934, il va contracter en Tunisie une maladie tropicale. Jean Dabin meurt le 27 octobre 1937 à vingt heures trente<ref>Archives municipales : État-civil - acte de décès no 1305 - [[Mairie du 5e arrondissement de Paris|Mairie du Modèle:5e]]. 21 place du Panthéon 75005 Paris.
Le décès de Jean Dabin est déclaré le Modèle:Date- à quinze heures. Jean Dabin était maréchal des Logis au Modèle:123e Régiment du Train. Célibataire, il était domicilié chez ses parents, au 97 Quai de la Gare dans le [[13e arrondissement de Paris|Modèle:13e]] de Paris.</ref>, à un mois de son vingt-cinquième anniversaire, à l'Hôpital militaire du Val-de-Grâce au 277 bis rue Saint-Jacques, dans le [[5e arrondissement de Paris|Modèle:5e]] de Paris. Le Modèle:Date-, le grand-père de Violette, Félix Nozière, meurt à Prades à l'âge de 82 ans<ref>Archives municipales : État civil - acte de décès no 3 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.
La date de naissance inscrite dans l'acte de décès est incorrecte. Félix Nozière est né à Saint-Julien-des-Chazes, le Modèle:Date- et non le Modèle:Date-, comme indiquée par erreur lors de la transcription à Prades.</ref>, sans jamais avoir pardonné à sa petite-fille.

Le Modèle:Date-, face à l'avancée allemande, Violette est transférée à la maison centrale de Rennes en Bretagne<ref>Les dossiers des détenues de la Maison Centrale de Rennes pour la période 1910-1953 sont déposés aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. Celui de Violette Nozière est référencé sous la cote 278 W 395. Archives judiciaires - Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 1 rue Jacques Léonard 35000 Rennes.</ref>. Ses compagnes d'infortune sont emmenées en plusieurs groupes. Deux gendarmes accompagnent Violette Nozière, qui en raison de sa « célébrité », a l'avantage d'un déplacement individuel par le train. L'administration a même réservé un compartiment pour ce voyage. À son arrivée, Violette Nozière est affectée à l'atelier de la lingerie. Comme à Haguenau, elle observe la même détermination spirituelle qui dicte son action. La direction pénitentiaire n'aura jamais le moindre reproche à lui faire. Germaine Nozière entreprend un long voyage depuis la Nièvre pour se rendre à Rennes. Elle informe sa fille que Modèle:Me Vésinne-Larue multiplie les démarches pour obtenir une réduction de sa peine.

La conduite exemplaire de Violette Nozière plaide en sa faveur. Grâce à une intervention de l'Église catholique, le maréchal Philippe Pétain réduit sa peine à 12 ans de travaux forcés à compter de la date de son incarcération en 1933, par un décret du 6 août 1942<ref name="Cour d'Appel"/>. Cette période sombre de l'Histoire française n'est pourtant guère favorable à la clémence, où des prisonnières de droit commun sont à nouveau exécutées<ref group="note">Élisabeth Lamouly veuve Ducourneau, 35 ans, condamnée à mort également pour parricide à Bordeaux le 26 avril 1940, ne bénéficie pas de la grâce du chef de l'État français, Philippe Pétain. Elle est guillotinée le 8 janvier 1941. C'est la première femme exécutée en France depuis Georgette Lebon épouse Thomas, 25 ans, journalière, condamnée à mort avec son mari Sylvain Thomas, 30 ans, journalier, pour parricide, le 24 novembre 1886 à Blois. Les époux sont guillotinés sur la place publique à Romorantin, le 24 janvier 1887<ref>Lire à ce propos sur cette affaire, le journal L'Express : « Les grandes affaires du Loir-et-Cher, mort d'une sorcière solognote ». Édition du 8 décembre 2008.</ref>.
Philippe Pétain a également refusé la remise de la peine capitale, pour quatre autres femmes : Georgette List épouse Monneron, 30 ans, guillotinée à Paris le 6 février 1942. Germaine Besse épouse Legrand, 29 ans, guillotinée à Saintes le 8 juin 1943. Czeslawa Sinska veuve Bilicki, 33 ans, guillotinée à Chalon-sur-Saône le 29 juin 1943. Marie-Louise Lempérière épouse Giraud, 39 ans, blanchisseuse à Cherbourg. Condamnée à mort, pour avortements clandestins le 8 juin 1943 à Paris par un tribunal d’État. C’est un procès et une condamnation politique. Marie-Louise Giraud est guillotinée dans la cour de la prison de la Roquette à Paris, le 30 juillet 1943. Son histoire est reprise par Claude Chabrol pour son film : « Une affaire de femmes » dont l'actrice principale est Isabelle Huppert.
Sous la présidence de Vincent Auriol, avocat de formation, socialiste et républicain, les exécutions de femmes se sont poursuivies : Lucienne Fournier veuve Thioux, 45 ans, guillotinée à Melun le 11 décembre 1947. Madeleine Mouton, guillotinée à Sidi-Bel-Abbès en Algérie française, le 10 avril 1948. Geneviève Danelle épouse Calame, fusillée avec son mari Roger Calame, au Fort de Montrouge le 8 juin 1948. Ils étaient des agents doubles de la Résistance française et travaillaient pour la Gestapo : 144 résistants arrêtés, 46 déportations, 22 exécutions. La dernière femme exécutée en France est Germaine Godefroy, veuve Leloy : 31 ans, commerçante à Baugé. Condamnée à mort pour le meurtre de son mari, Albert Leloy, le 26 novembre 1948 à Angers. Elle est guillotinée dans cette même ville, le 21 avril 1949.</ref>. De nombreuses résistantes sont également incarcérées à la prison des femmes de Rennes et, jusqu'en 1943, vingt-six détenues politiques sont remises aux Allemands pour des attentats contre l'occupant. Cent trois prisonnières politiques arrivées par convoi au début de l'année 1944 se révoltent. Le 6 mars 1944, le directeur de la prison fait appel aux groupes mobiles de réserve (GMR) qui sont reçus à coup de projectiles. Menacées d'être fusillées, les résistantes se rendent et subissent la mise au cachot avec privation de colis, de parloir et de courrier<ref>Modèle:Article.</ref>. Mais les 5 avril, 2 mai et 16 mai 1944, les deux cent quarante-cinq résistantes condamnées par les tribunaux d'exception français et emprisonnées à la Maison Centrale de Rennes sont livrées par le régime de Vichy aux nazis. Elles sont toutes déportées vers le camp de concentration de Ravensbrück<ref>Lire le document de Yves Boivin (janvier 2004) : Les condamnées des Sections Spéciales incarcérées à la Maison Centrale de Rennes. Déportées les 5 avril, 2 mai et 16 mai 1944.</ref>.

L'administration sépare les « politiques » des « droits communs » dès la fin de l'année 1941, à la suite de manifestations organisées par les détenues communistes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Violette Nozière reste donc à l'écart de ces luttes qui sont à l'opposé de ses convictions religieuses. Sa réduction de peine prononcée, elle entre au service du greffier-comptable de la prison, le Modèle:Date-, et reçoit une formation d'aide-comptable. Ce nouveau statut lui permet de se déplacer à l'intérieur de la prison sans surveillance. Une demande de libération conditionnelle est refusée à Violette Nozière le, Modèle:Date-, et elle devra donc finir sa peine à la Centrale. La nouvelle année 1945 comporte deux événements importants pour Violette : celui de sa libération tant attendue et l'arrivée à Rennes, le Modèle:Date- du nouveau greffier-comptable, Eugène Garnier<ref group="note">Eugène Garnier : le véritable nom de famille est modifié. Le pseudonyme cité dans le livre de Jean-Marie Fitère, est repris dans cet article. Bernard Hautecloque prend le nom de Giraud dans son ouvrage<ref>Bernard Hautecloque : « Violette Nozière, la célèbre empoisonneuse des années trente », page 178. Éditions Normant, novembre 2010.</ref> et précise : Modèle:Citation. À propos de la force des liens familiaux, Jean-Marie Fitère écrit<ref>Jean-Marie Fitère : « Violette Nozière - Empoisonnement, parricide, inceste… », page 217. Collection : Jugés coupables . Éditions Acropole, mai 2007.</ref> si justement : Modèle:Citation.</ref>. C'est un homme généreux et profondément humain. Eugène est veuf depuis près d'un an et vivent avec lui cinq de ses enfants. Un des aînés se prénomme Pierre Modèle:Incise séparé de son épouse, Jeanne. Il est cuisinier dans un hôtel-restaurant de Rennes. Avant-guerre, Pierre était en apprentissage dans cette même ville. Violette va très vite s'intégrer à cette famille et se sentir proche de Pierre, qui éprouve les mêmes sentiments à son égard.

Les tourments de la vie n'épargnent pas Eugène Garnier. Après la disparition de sa femme Marguerite, le 7 mai 1944 à l'âge de 48 ans, son fils Jean-Jacques, soldat au Modèle:41e régiment d'infanterie, meurt le 20 février 1945 dans les combats de la Poche de Lorient<ref>Archives municipales de Lorient : Document PDF Lorient dans la guerre.</ref>. Mort pour la France, il venait juste d'avoir vingt ans. Dans ces épreuves douloureuses, Eugène aura des moments de bonheur : le retour de captivité de son cinquième garçon le 29 avril 1945, après deux années passées en camp de concentration<ref group="note">Le 6 août 1941, un des enfants mineurs de la famille Garnier est arrêté à Rennes avec sept autres compagnons, tous employés aux chemins de fer, pour faits de Résistance. Ces jeunes gens, âgés de 19 à 21 ans, sont condamnés par la Cour spéciale de Rennes, le 13 septembre 1941. Emprisonnés, ils sont déportés par la suite de Compiègne vers des camps de concentration, principalement celui de Mauthausen, en Autriche. Un seul parvient à s'évader en août 1941, Louis Coquillet, secrétaire régional des Jeunesses Communistes, mais arrêté à Paris, il est fusillé le 17 avril 1942 au Fort du Mont-Valérien<ref>Louis Coquillet, né le 6 mars 1921, à Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine). Serrurier aux ateliers de la SNCF à Rennes. Arrêté le 3 janvier 1942 à Paris. Condamné à mort, avec 25 autres résistants à la Maison de la Chimie à Paris, le 14 avril 1942. Fusillé le 17 avril 1942 au Fort du Mont-Valérien, à l'âge de 21 ans. Biographie de Louis Coquillet, sur le site Wiki-Rennes métropole.</ref>.</ref> et son fils ainé Henri, officier militaire, est nommé Chevalier de la Légion d'honneur pour faits de guerre, en qualité de Capitaine du Modèle:6e bataillon porté de troupe Nord africaine, le 15 juillet 1945. Dans de tels instants, Violette atteste de sa bienveillance et de son estime pour son futur beau-père.

Violette Nozière est libérée le Modèle:Date-. Le Modèle:Date- de cette même année, le général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire, lève son interdiction de séjour de vingt ans sur le territoire français, par un nouveau décret présidentiel<ref name="Grâce_1945"/>. Violette Nozière a bénéficié des grâces successives de trois chefs d'État, ce qui fait toute la singularité et l'originalité de son dossier judiciaire.

Réhabilitation et fin de vie

Le destin

L'interdiction de séjour supprimée, Violette Nozière retrouve une liberté pleine et entière et vient habiter Paris. Elle emménage au 115 boulevard Jourdan dans le Modèle:14e sous un nom d'emprunt, celui de sa mère, Germaine Hézard. Violette obtient un emploi en tant que secrétaire-comptable à la Fédération chrétienne des étudiants au 24 rue Notre-Dame-de-Lorette, dans le Modèle:9e. Pierre Garnier, le fils du greffier de la maison d'arrêt, abandonne son métier de cuisinier à Rennes pour rejoindre Violette. Il loge à Bagnolet et exploite une petite fonderie. Pierre est en instance de divorce d'avec sa première épouse, Jeanne. Le divorce est prononcé le 5 février 1946, en vertu d'un jugement de la Modèle:19e du tribunal civil de Paris. Dans l'attente de son mariage, Violette se rapproche du domicile de Pierre et déménage pour un nouveau logement, rue Saint-Antoine dans le Modèle:4e. Le mariage entre Pierre Garnier et Violette Nozière a lieu à Neuvy-sur-Loire, le 16 décembre 1946 à dix-sept heures trente<ref>Archives municipales : État-civil - acte de mariage no 10 - Mairie de Neuvy-sur-Loire. Place de la Mairie 58450 Neuvy-sur-Loire.
Témoins au mariage : Auguste Desbouis, retraité et Lucien Lanoux, boulanger, domiciliés à Neuvy-sur-Loire. Le lieu de résidence des époux est déclaré également à Neuvy-sur-Loire. En réalité, Pierre, 27 ans, cuisinier, et Violette, 31 ans, sans profession, demeurent à Paris. L'épouse signe au bas de l'acte : « V. Nozière ».</ref>.

Violette découvre un Neuvy-sur-Loire complètement différent de celui qu'elle a connu dans son enfance. Une commune martyrisée, ravagée par trois bombardements américains en ces journées funestes du lundi 17 juillet, mercredi 2 et lundi 7 août 1944. Les forteresses volantes déversent leurs bombes à plus de Modèle:Unité d'altitude sur des objectifs ferroviaires, mais sans les atteindre. Les Alliés ont semé mort et destruction. Les pertes humaines s'élèvent à près de Modèle:Nombre et plus de Modèle:Nombre<ref>Récit de l’Abbé Châtillon, curé de Neuvy-sur-Loire : « 1944, année terrible, année des bombardements - Neuvy martyrisé«.</ref>. Soixante-dix immeubles de Neuvy-sur-Loire sont détruits et 97 % des maisons sont plus ou moins sinistrées. Les monuments historiques, excepté les édifices religieux, sont anéantis. La mairie a disparu et c'est dans une ancienne école que la cérémonie du mariage est accomplie.

Violette reprend goût à la vie et a cinq enfants, une fille et quatre garçons nés de 1947 à 1959, auxquels elle ne parlera jamais de son passé. En avril 1950, le mari de Violette est heurté par un autobus, alors qu'il se déplace à moto. Il est immobilisé durant de longs mois dans un centre hospitalier à Garches. Une fois rétabli, Pierre, cuisinier de formation, renoue avec son activité première et gère un café-hôtel à Clamart. Violette et sa mère, Germaine, se chargent de l'approvisionnement aux Halles de Paris. Le beau-père de Violette Nozière, Eugène Garnier, 65 ans, meurt tragiquement le 5 juillet 1952, victime lui aussi d'un accident de la circulation sur une route départementale du Maine-et-Loire. Après un bref passage à Pavillons-sous-Bois, Pierre et Violette achètent en juin 1953 l'hôtel de L'Aigle d'Or, rue de Bec Ham à L'Aigle dans l'Orne en Normandie. Germaine Nozière, quant à elle, s'occupe de ses petits-enfants. Quatre ans plus tard, le couple vend le fonds de commerce. Au mois d'avril 1957, Pierre et Violette arrivent dans la Seine-Maritime et acquièrent l'Hôtel de la Forêt, au lieu-dit « La Maison-brûlée »<ref>Site internet de la commune : La Bouille (Seine-Maritime). Voir sur ce site, le chapitre 2 sur « La Maison-brûlée ».</ref>, sur la commune de La Bouille, à vingt kilomètres de Rouen. Le sort s'acharne sur la famille et un nouveau drame survient au cours du mois de juillet 1960. Pierre, au volant de sa voiture, manque un virage, quitte la route et se retourne dans un fossé, dans la côte de Moulineaux, aux environs de Rouen. Après de nombreux séjours en clinique et une ultime opération réussie à Paris, Pierre, âgé de 42 ans, sombre brutalement dans le coma et meurt d'une hémorragie interne, le 30 juin 1961 à trois heures du matin. Violette doit à présent élever seule ses enfants et continue toujours de veiller sur sa mère, Germaine Nozière, qui demeure avec eux.

La réhabilitation

Le 24 février 1953, la Chambre des mises en accusation doit examiner une requête en réhabilitation présentée par Modèle:Me de Vésinne-Larue<ref>Libération : « Vingt ans après sa condamnation à mort, Violette Nozières demande sa réhabilitation ». Article du 23 février 1953.</ref>. Au mois de mars suivant, André Breton, infatigable défenseur de Violette Nozière, écrit<ref>André Breton : Médium-feuille Modèle:N°, revue des surréalistes, Paris, mars 1953.</ref> : Modèle:Citation bloc

Il faudra dix années après la prise de position d'André Breton pour que les efforts de l'avocat de Violette Nozière soient couronnés de succès : Modèle:Citation<ref>Archives judiciaires : Archives départementales de la Seine-Maritime - Hôtel du Département - Quai Jean Moulin 76100 Rouen.
Site officiel : Archives départementales de Seine-Maritime.
Réhabilitation de Violette Nozière : extraits de l'arrêt de la cour d’appel de Rouen en date du 13 mars 1963. Document ADSM - Cote 3397 W 229. Les majuscules du texte original sont respectées. Les dates du 18 mars et du 18 mai 1963, avancées par des ouvrages sont erronées.</ref>.

Le 13 mars 1963, Violette est réhabilitée par la cour d'appel de Rouen, et retrouve donc le plein exercice de ses droits civiques et un casier judiciaire de nouveau vierge. Cette mesure est exceptionnelle dans l'histoire judiciaire française. Grâce à l'opiniâtreté de Modèle:Me de Vésinne-Larue, de la fidélité de l'avocat à sa cliente, c'est l'aboutissement de trente années de combat, qui récompense la réinsertion réussie de Violette Nozière. L'écrivain Jean-Marie Fitère souligne avec raison<ref>Modèle:Ouvrage</ref> : Modèle:Citation bloc

Violette déclare : Modèle:Citation<ref name="Georges Reyer">Paris Match : « Violette Nozière 18 ans, condamnée à la guillotine », article de Georges Reyer, du 10 décembre 1966.</ref>.

Les dernières années

Fichier:Neuvy-sur-Loire (tombe Nozière 1).JPG
Tombeau de Violette Nozière à Neuvy-sur-Loire dans le département de la Nièvre.

Violette Nozière ne pourra guère profiter de cette réhabilitation. En janvier 1963, elle est opérée, à la clinique Saint-Hilaire de Rouen, d'une tumeur cancéreuse au sein gauche. Elle décide de vendre l'Hôtel de la Forêt à « La Maison-Brûlée » en juillet 1963, pour acquérir un café-restaurant « Le Relais » au 62 quai Gaston-Boulet à Rouen. Ce commerce se révèle trop épuisant et la santé de Violette se dégrade. Elle est atteinte de décalcification des vertèbres lombaires. La voici infirme, ne pouvant plus travailler. En janvier 1965, le café-restaurant est vendu. Toute la famille s'installe dans un appartement au 14 avenue des Canadiens au Petit-Quevilly, dans la banlieue de Rouen rive-gauche. Violette apprend une terrible nouvelle. Le mal dont elle souffre est un cancer des os. Elle se sait condamnée. Modèle:Citation<ref name="Georges Reyer"/>.

Violette meurt le 26 novembre 1966<ref>Archives municipales : État civil - acte de décès no 392 - Mairie de Petit-Quevilly. Place Henri-Barbusse 76140 Petit-Quevilly.
Le décès de Violette Nozière est déclaré ce même jour, 26 novembre 1966, à dix heures quinze minutes, par sa fille aînée.</ref> à deux heures trente du matin, en son domicile de Petit-Quevilly, en paix avec elle-même et les siens.

L'année 1968 voit disparaître les deux dernières femmes de la famille portant le nom de Nozière. Sa tante, Marie Véronique Michel, veuve d'Ernest Nozière, domiciliée à Prades, meurt le 7 mars 1968<ref>Archives municipales : État civil - acte de décès no 13 - Mairie de Langeac. Place Favière 43300 Langeac.
Le décès est déclaré par sa demi-sœur Florentine Michel, épouse Chavot, qui demeure dans le département du Rhône.</ref> au monastère des Dominicaines, Sainte-Catherine de Sienne, à Langeac dans la Haute-Loire. La mère de Violette, Germaine Nozière, entourée de ses petits-enfants, meurt le 5 septembre 1968<ref>Archives municipales : État civil - acte de décès no 130 - Mairie de Grand-Quevilly. Esplanade Tony-Larue 76120 Grand-Quevilly.
Des ouvrages mentionnent la date du 4 août 1968. L'origine de cette erreur provient de la retranscription erronée du décès, inscrite en marge de l'acte de naissance de Germaine Nozière à Neuvy-sur-Loire. Le 4 août est le jour de naissance de Germaine Nozière et non celui de son décès. La mairie de Neuvy-sur-Loire procède à la rectification. Le second exemplaire du registre d'État civil, déposé aux Archives départementales de la Nièvre à Nevers, comporte en mention marginale, la date correcte du décès.</ref> à l'âge de 80 ans, chez sa petite-fille Michèle à Grand-Quevilly.

Violette Nozière repose désormais dans le caveau familial à Neuvy-sur-Loire, aux côtés de son mari, de sa mère et de son père<ref>Le nom de Violette Nozière et celui de sa mère, Germaine Hézard, ne sont pas gravés sur le tombeau. En fait, bien des caveaux ne comportent que les noms des familles, ce qui est le cas ici : « Nozière-Hézard ». Le nom de « Nozière Baptiste 1885-1933« est quant à lui, gravé dans le marbre (le prénom est en abrégé). Concession perpétuelle acquise le 30 août 1933, attribuée à Madame Nozière-Hézard.</ref>. Son secret disparaît avec elle : Modèle:Citation<ref>Citation de Jacques Vergès, extraite de son livre : Modèle:Ouvrage</ref>.

Fait divers ou fait de société ?

L'affaire Violette Nozière dépasse le simple qualificatif « fait divers ». Par sa médiatisation et son impact jusqu'à nos jours, les controverses suscitées, la naissance d'un mythe, ce fait divers devient fait de société. L'impact médiatique est tel que l'événement pourrait s'intituler « l'affaire Violette Nozière, sans Violette Nozière ». Anne-Emmanuelle Demartini<ref name="AE Demartini">Site universitaire Paris VII - Diderot : Anne-Emmanuelle Demartini.</ref> de l'Université Paris VII - Diderot, précise Modèle:Citation<ref name="A.E. Demartini_2009"/>. Les surréalistes voient dans cette affaire l'occasion de fustiger la société et soutiennent Violette Nozière. Le réalisateur Claude Chabrol, avec son film « Violette Nozière », perpétue cette image d'égérie se dressant contre une société bourgeoise.

Cette « bonne société » d'avant-guerre a canalisé toutes ses craintes dans cette affaire<ref>Les surréalistes André Breton, René Char, Paul Éluard, Maurice Henry, E. L. T. Mesens, César Moro, Benjamin Péret, Gui Rosey, Salvador Dalí, Yves Tanguy, Max Ernst, Victor Brauner, René Magritte, Marcel Jean, Hans Arp, Alberto Giacometti : Violette Nozières (recueil), éditions Nicolas Flamel, Bruxelles, Modèle:1er décembre 1933.</ref>. Une France coloniale, plongée dans la récession, les crises politiques et les scandales. À croire que face à sa propre faillite et à la corruption de quelques personnalités<ref>Le procès de Violette Nozière en 1934 est précédé par des scandales qui aboutissent à des crises du régime parlementaire, sans précédent. Lire les articles sur l'Affaire Stavisky et l'Affaire du conseiller Prince.</ref>, la « bonne société » a trouvé un dérivatif en rejetant ses propres fautes morales dans l'affaire Violette Nozière. Cette dernière est accusée de tous les maux et, d'après les échos de la presse, menace les fondements mêmes de ladite société. La liste est longue dans cet amalgame : crime, sexe, mensonges, cupidité, immoralité, émancipation féminine, éducation. La dérive médiatique exploite à outrance cette affaire et mise sur l'émotion qu'elle provoque. Le secret de l'instruction est bafoué et la collusion entre la presse et la justice est évidente<ref name="A.E. Demartini_2010">Anne-Emmanuelle Demartini : « L'affaire Nozière entre instruction judiciaire et médiatisation ». Revue d'histoire : Le Temps des médias no 15, pages 126 à 141. Nouveau Monde Éditions, septembre 2010.</ref>. En réalité, Modèle:Citation<ref name="A.E. Demartini_2009"/>. L'accusation d'inceste ignorée, Violette Nozière est condamnée à mort par un jury composé d'hommes, parce qu'une jeune parricide effraie la société et remet en cause toutes ses valeurs<ref>Modèle:Article.</ref>.

Mais Violette Nozière bénéficie des grâces successives de trois chefs d'État, grâces méritées par sa conduite irréprochable en prison. Elle passe du statut de condamnée à mort pour empoisonnement et parricide à celui, après sa libération, de repentie remarquablement réinsérée. Sa réhabilitation en 1963 permet à Violette Nozière de retrouver tous ses droits et prérogatives. Bernard Oudin note à ce propos : Modèle:Citation<ref>Bernard Oudin : « L'affaire Violette Nozière », revue mensuelle Historia no 379. Éditions Librairie Jules Tallandier, pages 93 à 99, juin 1978.</ref>.

L'Ange noir et les surréalistes

Les surréalistes prennent sa défense dans un ouvrage collectif, Violette Nozières<ref>Par une erreur constante, les surréalistes ajoutent systématiquement un « s » à la fin du nom de Violette Nozière. Henri Béhar : André Breton le grand indésirable. Éditions Fayard, Paris septembre 2005, page 299, qui date d'avril 1934 la publication de la plaquette.</ref>, publié en décembre 1933 à Bruxelles aux Éditions Nicolas Flamel dirigées par E. L. T. Mesens. Avec notamment des poèmes d'André Breton, René Char, Paul Éluard, Maurice Henry, César Moro, Gui Rosey, E. L. T. Mesens et Benjamin Péret. Les dessins sont de Salvador Dalí, Yves Tanguy, Max Ernst, Victor Brauner, Marcel Jean, René Magritte, Hans Arp et Alberto Giacometti. La couverture du livre est signée Hans Bellmer et l'auteur de la photographie est Man Ray<ref>Documents, presse, dessins, concernant Violette Nozière sur le site André Breton.</ref>. Violette Nozière, « Ange noir des surréalistes », est devenue leur égérie. L'œuvre du mouvement artistique exprime par la crudité des termes, la violence des mots et la dureté des illustrations, un véritable réquisitoire à l'encontre de la famille, de la bourgeoisie, de l'hypocrisie des défenseurs de l'ordre établi, et dans un sens plus large, de la société elle-même. Les poètes prennent ouvertement position en faveur de Violette Nozière par la provocation<ref>Modèle:Ouvrage
Pour l'écrivain Gérard de Cortanze, le cinéaste Claude Chabrol, est le digne héritier des surréalistes, en dénonçant les vrais coupables, dans son film « Violette Nozière ».</ref>. Cette réalisation collective intègre les poèmes de huit surréalistes, dont les extraits suivants<ref>Extraits des poèmes à partir des ouvrages suivants :
Les surréalistes André Breton, René Char, Paul Éluard, Maurice Henry, E. L. T. Mesens, César Moro, Benjamin Péret, Gui Rosey, Salvador Dalí, Yves Tanguy, Max Ernst, Victor Brauner, René Magritte, Marcel Jean, Hans Arp, Alberto Giacometti : Violette Nozières (recueil), éditions Nicolas Flamel, Bruxelles, Modèle:1er décembre 1933.
Modèle:Ouvrage.
Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref> :

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Les écrivains et artistes engagés dénoncent une injustice et en cela, rejoignent leur illustre prédécesseur Émile Zola et son célèbre « J'accuse…! » lors de l'affaire Dreyfus.

L'ouvrage collectif des surréalistes a été édité en Belgique, par crainte des poursuites judiciaires.

Œuvres inspirées par l'affaire

Cinéma

Son histoire sert de trame au film Violette Nozière, réalisé par Claude Chabrol en 1977. Le rôle-titre est incarné par Isabelle Huppert. Le scénario est d'Odile Barski, Hervé Bromberger et Frédéric Grendel, d'après le roman de Jean-Marie Fitère. Le film sort au cinéma en France le Modèle:Date. À propos de ce long-métrage, voir le chapitre Documentaires.

Le film Violette Nozière, grâce à l'interprétation d'Isabelle Huppert, Stéphane Audran, Jean Carmet et une notable mise en scène du cinéaste, compte parmi les œuvres majeures du réalisateur. Le long métrage a été récompensé par le Prix d'interprétation féminine décerné à Isabelle Huppert et le César de la meilleure actrice dans un second rôle à Stéphane Audran.

Claude Chabrol connaissait « l'affaire Violette Nozière » mais c'est Pierre Brasseur qui lui suggéra de tourner un film sur ce personnage fascinant. Claude Chabrol s'intéresse aux faits divers qui assurent une authenticité, une crédibilité aux comédiens et une bonne base pour un film. Le réalisateur souhaitait Isabelle Huppert pour jouer le rôle de Violette et Jean Carmet dans celui de son père. Ces deux acteurs avaient précédemment joué ensemble dans le film Dupont Lajoie, d'Yves Boisset, dans lequel Jean Carmet violait Isabelle Huppert. Claude Chabrol reconnaît avoir choisi ses acteurs en référence à ce film<ref name="Chabrol_1978">Entretien télévisé du 19 mai 1978 : Claude Chabrol et Isabelle Huppert à propos du film Violette Nozière. Voir également le chapitre Documentaires.</ref>, ce qui lui permettait de suggérer dans l'inconscient du public la relation incestueuse et d'entretenir l'ambiguïté des personnages, même s'il ne croit pas à la version de Violette<ref name="Chabrol_1978"/>.

Claude Chabrol s'évertue à modifier les rôles, distille confusion et incertitude. Les parents, victimes de leur enfant, passent au statut inverse de par leur mentalité étriquée et la médiocrité de leur existence. Le couple entretient une atmosphère pesante, accentuée par un logement exigu où l'intimité est inexistante. Dans ce milieu en vase clos, la moindre attitude déplacée prend des proportions aggravantes. Claude Chabrol emploie le terme de « viol intellectuel » à propos du comportement de Baptiste Nozière envers sa fille. Violette quant à elle, est perçue comme froide et irréelle, inaccessible comme la vérité. Le réalisateur essaie de comprendre ses motivations, sa métamorphose et ce qui l'amène à commettre l'irréversible. L'impression première qui se dégage, est celle de la compassion pour Violette.

Isabelle Huppert donne son sentiment au sujet de Violette Nozière : Modèle:Citation<ref name="Chabrol_1978"/>.

Ce film sur fond d'étude sociale est aussi un réquisitoire contre la peine de mort. Les enfants de Violette Nozière ne souhaitaient pas un film sur l'histoire de leur mère<ref>Consulter à ce propos, le site d'Isabelle Huppert.</ref>. Leur autorisation est nécessaire pour que ce film voie le jour. Claude Chabrol dissipe toute inquiétude et réussit à convaincre les enfants du bien-fondé de son entreprise. Le succès du film a été immédiat, avec plus d'un million d'entrées dans les salles de cinéma. Claude Chabrol cultive la légende et en cela, succède aux surréalistes. L'écrivain Bernard Hautecloque<ref>Modèle:Ouvrage</ref> explique que Modèle:Citation. Avec ce film, le nom de Violette Nozière connaît de nouveau un formidable retentissement. Depuis près de huit décennies, Violette Nozière, « l'Ange Noir », continue d'inspirer et de fasciner.

Télévision

  • Émission Des crimes presque parfaits de Planète+ Justice, diffusée le Modèle:Date : Violette Nozière. La réalisation est de Patrick Schmitt et Pauline Verdu. Ce documentaire est présenté par Danielle Thiéry, ancienne commissaire divisionnaire, avec la participation d'Anne-Emmanuelle Demartini, Jean-Marie Fitère, Bernard Hautecloque et Sylvain Larue.

Cette enquête, dont les sources principales sont issues du livre de Jean-Marie Fitère, n'est pas exempte d'erreurs chronologiques :

  1. Danielle Thiéry évoque le jour de l'empoisonnement à la date du 22 août 1933. En réalité, le crime a lieu le soir du 21 août 1933.
  2. Pierre et Violette ne sont pas restés dix ans dans le département de l'Orne. Le couple tient un hôtel-restaurant dans la ville de L'Aigle pendant quatre ans, de 1953 à 1957. Ils partent par la suite pour la Seine-Maritime.
  3. La date de réhabilitation de Violette Nozière n'a jamais été le 18 mars 1963. La Cour d'appel de Rouen rend son arrêt, le 13 mars 1963.
  4. Le décès de Violette Nozière n'est pas survenu le 28 novembre 1966. Violette meurt à Petit-Quevilly (Seine-Maritime), le 26 novembre 1966.
  5. Germaine Hézard, la mère de Violette, meurt moins de deux ans après sa fille, mais en aucun cas le 4 août 1968. Le 4 août est le jour de sa naissance. Germaine Hézard meurt à Grand-Quevilly (Seine-Maritime), le 5 septembre 1968.
  • Émission Mémoires de Frédérick Gersal dans Télématin sur France 2, présentée par William Leymergie et diffusée le 14 janvier 2013. Le chroniqueur historien évoque le destin de Violette Nozière, née le 11 janvier 1915<ref>La commune de naissance de Violette Nozière est bien Neuvy-sur-Loire, mais le département est celui de la Nièvre, et non celui du Cher.</ref>. L'intérêt de ce documentaire est la brève apparition de Violette Nozière dans l'extrait d'un film d'actualité cinématographique en novembre 1933, lors de la reconstitution du crime<ref>Voir le documentaire Violette Nozière sur France 2</ref>, ainsi que les photographies de l'époque. Deux films d'actualité de la société Pathé sur Violette Nozière sont tournés à ce moment<ref>Lire à ce propos : Modèle:Ouvrage</ref>.

Documentaires

Radio

Complaintes

Les chanteurs des rues en 1933 et 1934, accompagnés par les joueurs ambulants d'orgue de barbarie ou à l'accordéon, interprètent sur fond d'airs connus, l'histoire de Violette Nozière à travers des complaintes populaires. Ils entretiennent la légende dans un climat passionnel<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Des livrets se vendent avec la photographie de Violette, dont l'extrait ci-dessous intitulé : Le Drame dans toute son horreur, chanté sur une musique à la mode de Vincent Scotto : Quand on s'aime bien tous les deux<ref>Modèle:Ouvrage
Voir aussi le site « Chansons perdues, chansons retrouvées », extrait no 214 : Le Drame dans toute son horreur de Vincent Scotto et Marcel-Robert Rousseaux.</ref> :

Elle empoisonna ses parents
La lâche Violette Nozières
Se riant de leur calvaire
Pour leur soutirer de l'argent
Sans pitié pour les blancs cheveux
De ceux qui la mirent au monde

Cette gueuse vagabonde
A commis ce crime monstrueux
Pour aller faire la noce
Danser, boire, changer d'amis
Roulait déjà, fille précoce
Dans les hôtels et boîtes de nuit

La mère râle, le père est mort
Mais elle n'a pas un seul remords
Tue-toi, c'est quand tu seras morte
Qu'alors tu seras pardonnée
Dit la pauvre mère qu'on emporte
Douloureuse et le cœur brisé.

Nous retrouvons dans le film de Claude Chabrol en 1978 la « Complainte de Violette Nozière », d'après Cachan et Vincent Scotto aux éditions Méridian. D'autres versions existent, sur une musique de Théodore Botrel : La Paimpolaise, avec pour titre « Violette, l'empoisonneuse » en sept couplets, paroles de Modèle:Mme Godard, à Paris en 1933<ref>Document galerie virtuelle Violette Nozière de Philippe Zoummeroff.</ref>.

Dominique Desmons chanteur lyrique et auteur-compositeur, cite Violette Nozière dans l'une de ses publications en expliquant que Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Musique

Quatre universitaires de Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime)<ref>Modèle:Lien web.</ref>, prennent le nom de Violette Nozière pour créer un groupe de rock en décembre 1981<ref>Informations complémentaires sur le groupe Violette Nozière sur MySpace.</ref>. Leur carrière est éphémère et se termine en 1984.

Le groupe italien de rock progressif Area a dédié en 1978 l'une de ses chansons Modèle:Lien sur leur album Modèle:Lien. Le compositeur est le chanteur du groupe, Demetrio Stratos<ref>Demetrio Stratos, de son vrai nom Demetriou Efstratios, est né à Alexandrie en Égypte, le 22 avril 1945 et mort à New York, le 13 juin 1979. D'origine grecque, il était parolier, musicien et chanteur d'un groupe de rock italien. Voir l’article Modèle:Lien en italien.</ref>, et le texte est inspiré par les poèmes des surréalistes. Cette chanson est reprise par un autre groupe italien en 1999 : Elio e le Storie Tese, sur l'album Modèle:Lien.

Études

Sarah Maza, professeur d'Histoire à l'Université Northwestern, explique dans son ouvrage Modèle:Langue<ref name="Sarah Maza_2011">Modèle:Ouvrage. Une seconde édition brochée de l'ouvrage est sortie en juin 2012 (Modèle:ISBN).
Pour plus d'informations sur l'auteur, se reporter au document PDF, de l'université.</ref>, les motivations de ce crime et les raisons de sa notoriété. Elle approfondit plusieurs dossiers : une étude de la société française de l'entre-deux-guerres, de la classe ouvrière, des crises politiques et de la montée des extrémismes. Comment les différents courants, de la gauche à la droite, ont utilisé cette affaire. Mais aussi le pouvoir et la presse : une médiatisation qui détourne l'attention de l'opinion face aux événements importants comme la progression d'Adolf Hitler en Allemagne, la crise économique ou les scandales financiers. L'historienne s'attache aussi à comprendre le monde dans lequel Violette Nozière vivait : le Paris des années 1930. Sarah Maza nous propose un nouveau regard sur l'affaire Violette Nozière. L'auteur analyse avec habileté la transformation de Violette, de l'étudiante à l'icône culturelle : un destin hors du commun<ref>Lire à ce propos : Modèle:Article.</ref>. Ce livre comporte des photographies inédites, un index complet, des sources, des références et des notes nombreuses.

Sarah Maza a précédemment écrit un article consacré aux classes sociales et l'affaire : « Violette Nozière : The wounds of class in 1930s Paris »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Sarah Maza, professeur d'Histoire à l'Université Northwestern : Document PDF « Violette Nozière : The wounds of class in 1930s Paris ».</ref>, publié le 25 janvier 2012, dans le cadre d'une conférence qui s'est tenue à l'Université de Princeton dans l'État du New Jersey aux États-Unis, le 14 mars 2012 au Conseil des sciences humaines.

Anne-Emmanuelle Demartini<ref name="AE Demartini"/>, ancienne élève de l'École normale supérieure d'Ulm, agrégée d'histoire, Modèle:Me de conférences en histoire contemporaine à l'Université Paris VII - Diderot, a effectué un travail de recherches sur Violette Nozière et publié quatre études dont deux en collaboration avec Agnès Fontvieille-Cordani, Modèle:Me de conférence en langue française et stylistique à l'Université Lumière Lyon II. Ces analyses éclairent l'aspect médiatique et judiciaire de l'affaire, ainsi que la question de l'inceste<ref>Toutes les citations sont extraites des études d'Anne-Emmanuelle Demartini et Agnès Fontvieille-Cordani, mentionnées dans ce chapitre. Pour des informations complémentaires sur les ouvrages, consulter la Bibliographie.</ref> :

  1. Le Crime du sexe. La justice, l'opinion publique et les surréalistes - regards croisés sur Violette Nozière : Modèle:Citation.
  2. Violette Nozière ou le Fait divers médiatique au miroir surréaliste : Modèle:Citation.
  3. L’Affaire Nozière. La parole sur l'inceste et sa réception sociale dans la France des années 1930 : Modèle:Citation.
  4. L’Affaire Nozière entre instruction judiciaire et médiatisation : Modèle:Citation.

Un colloque international est organisé le vendredi 7 et samedi 8 mars 2008 par l'Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, en partenariat avec l'université Paris VII - Diderot et l'Institut national de l'audiovisuel sur le thème des « Figures de femmes criminelles »<ref>Colloque international à l'université de Paris I Panthéon-Sorbonne : Figures de femmes criminelles</ref> : Modèle:Citation bloc

Lors de ce colloque, Anne-Emmanuelle Demartini, membre du comité scientifique, aborde la figure de l'empoisonneuse à travers les personnalités comme la marquise de Brinvilliers, Marie Lafarge et Violette Nozière. À la suite de cette réunion, les travaux historiques sont édités en 2010, sous le titre « Figures de femmes criminelles, de l'Antiquité à nos jours », aux Publications de la Sorbonne<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

L'affaire Violette Nozière a fait l'objet d'une étude pédagogique dans un collège de l'académie de Créteil : Violette Nozière, un procès remarquable<ref>Consulter la fiche du ministère de l'Éducation nationale et le programme pédagogique.</ref> par Catherine Favier, le 30 novembre 2011. Les thèmes abordés sont principalement : l'État de droit, la justice et l'abolition de la peine de mort<ref>Voir le document Powerpoint Violette Nozière, un procès exceptionnel.</ref>. Les informations de cette étude proviennent notamment du site de l'exposition virtuelle Violette Nozière de Philippe Zoummeroff <ref group="note">Philippe Zoummeroff, industriel aujourd'hui à la retraite, était le directeur de la société Facom, fabricant de l'outillage à main. Son grand-père est le fondateur de cette entreprise : Louis Moses, ingénieur. Grand collectionneur et mécène<ref>Informations concernant Philippe Zoummeroff et son mécénat : document PDF Association Enjeux d'enfants.</ref>, Philippe Zoummeroff est administrateur de la Bibliothèque nationale de France. Il a créé une bourse de réinsertion des détenus avec l'Association française de criminologie<ref>Modèle:Article</ref>. Il met à la disposition d'un large public, une bibliothèque relative à la justice pénale sur un site internet<ref>Site officiel : Collection Philippe Zoummeroff.</ref>. Ce site permet de consulter des manuscrits, livres, journaux, articles, comptes rendus de procès, photographies, dessins et gravures.</ref> (consulter également le chapitre Sources anciennes).

L'histoire de Violette Nozière est également le thème central pour les travaux du lycée Molière<ref>Consulter le programme du lycée Molière de Villanueva de la Cañada : L'affaire Violette Nozière</ref> de la Mission laïque française de Villanueva de la Cañada<ref>Site pédagogique : Lycée Molière de Villanueva de la Cañada</ref> en Espagne, le 22 mai 2013.

Myriam Chermette-Richard, archiviste paléographe, doctorante en histoire à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, conservateur à la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, réalise en juin 2007 une recherche sur l'évolution et l'utilisation photographique dans le monde de la presse et ses effets. L'affaire Violette Nozière est le sujet central de son ouvrage : Le Succès par l'image ? Heurs et malheurs des politiques éditoriales de la presse quotidienne (1920-1940) dans la revue Études photographiques no 20, consacrée à « La trame des images et histoires de l'illustration photographique« (consulter le chapitre Bibliographie). Myriam Chermette cite à ce propos : Modèle:Citation. Elle reçoit le 6 septembre 2007 le Prix Louis-Roederer pour ses travaux d'investigation scientifique dans le domaine de la photographie<ref>Site universitaire de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines : La Bourse de recherche Louis Roederer pour la photographie a été décernée à Myriam Chermette.</ref>.

Littérature

Fichier:André Breton 1924.jpg
Violette Nozière, muse des Surréalistes, devient pour André Breton une légende vivante : Modèle:Citation
Fichier:Marcel Aymé 1929.jpg
L'écrivain Marcel Aymé prend la défense de Violette Nozière : Modèle:Citation
Fichier:Colette 1932 (2).jpg
Colette ne croyait pas au possible rachat de Violette Nozière : Modèle:Citation

Les plus grands noms du surréalisme participent en 1933 à une œuvre commune : Violette Nozières (se reporter au chapitre « Soutien des surréalistes »). Anne-Emmanuelle Demartini souligne que Modèle:Citation<ref name="A.E. Demartini_2010"/>.

Ces institutions qui éludent la relation incestueuse sont dénoncées avec force par l'écrivain Marcel Aymé, dans le journal Marianne du 24 octobre 1934<ref name="Marcel Aymé_241034"/> : Modèle:Citation Marcel Aymé publie dans le même journal, le 19 décembre 1934, un second article contre la peine de mort<ref>Modèle:Ouvrage. Article publié dans Marianne no 113, le 19 décembre 1934.</ref> : Modèle:Citation.

L'affaire amène une nouvelle prise de position dans le monde littéraire avec Louis-Ferdinand Céline sous le pseudonyme de Ferdinand Bardamu, dans La Revue anarchiste<ref>La Revue anarchiste no 18, article de Ferdinand Bardamu, octobre 1933.</ref> : Modèle:Citation.

Pierre Drieu la Rochelle observe attentivement le bouleversement causé par l'affaire Nozière et prend part au débat. Véronique Lesueur-Chalmet cite le romancier controversé dans sa biographie consacrée à Violette<ref>Modèle:Ouvrage</ref> : Modèle:Citation bloc

À l'inverse se manifestent les défenseurs de l'ordre moral : Modèle:Citation<ref>Robert Brasillach : « Notre avant-guerre », Éditions Plon, Modèle:1er janvier 1941. Réédition de l'ouvrage : Éditions Godefroy de Bouillon, 14 mars 1998. Modèle:ISBN.</ref>, s'indigne Robert Brasillach, écrivain d'extrême droite et collaborationniste à venir, tout comme le sera Louis-Ferdinand Céline, ainsi que Pierre Drieu la Rochelle.

Hostile à Violette Nozière, la romancière Colette (1873-1953) lui prête des propos imaginaires dans l'éditorial de L'Intransigeant, grand quotidien du soir d'opinion de droite : Modèle:Citation<ref name="Intransigeant_1934">L'Intransigeant, édition du samedi 13 octobre 1934 : « Violette Nozière va connaître son sort : Je demande un verdict terrible : la peine capitale…, dit l'avocat général ». Lire l'intégralité de l'article « Le drame et le procès vus par Colette ».</ref>.

Au sujet de cet article, une controverse s'engage entre l'écrivain Louis Laloy et Colette. Preuve, s'il en est, des débats passionnés que le procès de Violette Nozière provoque<ref>Citation extraite du Centre d'études Colette - Direction des Affaires culturelles du Conseil général de l'Yonne : « Colette chroniqueuse judiciaire », document Pdf, page 2, juin-décembre 2004, dans le cadre de l'exposition « Colette, de l'autre côté du miroir », au musée Colette.
Le Musée Colette, Le Château 89520 Saint-Sauveur-en-Puisaye : Site internet.
Lire à ce propos, l'ouvrage de Modèle:Ouvrage.</ref> : Modèle:Citation bloc

Plusieurs ouvrages sont consacrés à Violette Nozière (se reporter à la Bibliographie), parmi lesquels on peut citer :

  • Jean-Marie Fitère, Violette Nozière, la biographie la plus complète sur la jeune parricide. Comme le remarque l'éditeur : Modèle:Citation.
  • Véronique Lesueur-Chalmet, Violette Nozières, la fille aux poisons, un livre romancé qui brosse un portrait psychologique en recréant des situations, plus ou moins fictionnelles : Modèle:Citation.
  • Bernard Hautecloque, Violette Nozière, la célèbre empoisonneuse des années trente. L'écrivain présente une Violette Nozière dissemblable et il précise dans son avant-propos : Modèle:Citation.
  • Raphaëlle Riol a consacré à Violette Nozière un roman inventif et impertinent, Ultra Violette (Éditions du Rouergue, 2015), dans lequel elle revisite le mythe en convoquant le personnage à sa table d'écrivain.

Patrick Modiano évoque Violette Nozière et le quartier Latin dans son roman Fleurs de ruine<ref>Modèle:Ouvrage</ref> : Modèle:Citation bloc La trame de l'histoire de Modiano se déroule à Paris en 1933. Un couple se suicide dans son appartement pour de mystérieuses raisons. La cause de ce drame ne sera jamais élucidée complètement. L'auteur mêle personnages de fiction et personnages réels, ce qui donne encore plus d'authenticité au récit.

Bandes dessinées

Violette Nozière inspire également les auteurs et dessinateurs du neuvième art. L'année 2012 voit deux projets de bande dessinée en cours de réalisation, dont l'un est publié le 28 septembre de la même année, avec sa sortie en album : L'Affaire Violette Nozière de Julien Moca et Frank Leclercq. Le début du récit se situe au mois de novembre 1966 et un avocat, Modèle:Me René de Vésinne-Larue, nous raconte l'histoire de la plus célèbre de ses clientes, Violette Nozière.

Modèle:Bibliographie bande dessinée

Le second album, Violette Nozière, d'Eddy Simon et Camille Benyamina<ref>Modèle:Site officiel. Pour suivre le projet, lire en seconde partie le chapitre Modèle:Lien web, et découvrir Modèle:Lien web.</ref>, est sorti le 15 janvier 2014. Les auteurs nous donnent de Violette Nozière, « l'Ange Noir », un portrait empreint de poésie et de mystère…

Modèle:Bibliographie bande dessinée

Généalogie

Événements

Les 18 et 19 mai 2012, la société généalogique de Haute-Loire : GenDep43<ref>Site officiel de l'Association généalogique de Haute-Loire.</ref>, organise sa Modèle:5e dans la salle d'exposition du journal L'Éveil<ref>Modèle:Article.</ref>, place Michelet au Puy-en-Velay. Le thème principal est la généalogie et les grandes affaires criminelles. Les membres de l'association mentionnent Violette dont la famille paternelle est originaire du département : Modèle:Citation, explique Brigitte Dumas<ref name="L'Éveil.fr_190512">Modèle:Article.</ref>, la présidente du GenDep43. La maxime du poète Jean de La Bruyère qui illustre ce salon, se vérifie bien plus souvent qu'on ne le croit : Modèle:Citation<ref name="L'Éveil.fr_190512"/>.

Modèle:Arbre généalogique/début Modèle:Arbre généalogique Modèle:Arbre généalogique Modèle:Arbre généalogique Modèle:Arbre généalogique Modèle:Arbre généalogique Modèle:Arbre généalogique/fin

Historique

Fichier:Neuvy-sur-Loire-58-église-A17.JPG
L'église de Saint-Laurent à Neuvy-sur-Loire. En ce début de l'année 1915, Violette Nozière est le premier enfant baptisé.

La famille Nozière est originaire du département de la Haute-Loire, en Auvergne. L'aïeul paternel de Violette Nozière est Félix Nozière, né à Saint-Julien-des-Chazes le 8 mars 1858<ref>Archives municipales : État civil - acte de naissance no 4 - Mairie de Saint-Julien-des-Chazes. Le Bourg 43300 Saint-Julien-des-Chazes.
Un seul prénom concernant Félix Nozière. La naissance est déclarée quatre jours plus tard, le 12 mars 1858.</ref>, de père inconnu et de Marie Nozière, vingt-deux ans. La naissance de cet enfant naturel a lieu au domicile de son grand-père maternel, Antoine Nozière (1798-1880)<ref>Archives municipales : État civil - Mairie de Saint-Julien-des-Chazes. Le Bourg 43300 Saint-Julien-des-Chazes.
Antoine Nozière, fils d'Antoine Nozière (prénom identique, 1770-1817) et de Marie Lamy. Né le 25 brumaire an VII (15 novembre 1798), marié avec Élisabeth Barthélémy le 23 janvier 1832, décédé le 5 janvier 1880 à Saint-Julien-des-Chazes.</ref>, cultivateur. Marie Nozière, ménagère, va contracter un mariage six ans plus tard, avec un dénommé Baptiste Vigouroux, cultivateur, son aîné de huit ans. La célébration se déroule dans la commune de l'époux à Prades, le 26 mai 1864<ref>Archives municipales : État civil - acte de mariage no 1 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.
Marie Nozière est sans profession, née à Saint-Julien-des-Chazes, le 11 mars 1836.</ref>. Marie Nozière meurt à Prades, à l'âge de 41 ans, le 6 janvier 1878<ref>Archives municipales : État civil - acte de décès no 4 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.
Le nom de famille Nozière dans l'acte de décès est orthographié Naugère et rectifié en mention marginale. Marie Nozière était ménagère. Fille d'Antoine Nozière, cultivateur à Saint-Julien-des-Chazes et de défunte Élisabeth Barthélémy dont le prénom apparaît sous le diminutif Babé.</ref>. Son fils, Félix Nozière, domestique, épouse Marie Constance Bernard, 17 ans, à Prades le 12 janvier 1884<ref>Archives municipales : État civil - acte de mariage no 2 - Mairie de Prades. Le bourg 43300 Prades.
Marie, Constance Bernard, née à Prades le 25 janvier 1866. Fille de François Bernard, cultivateur et de Marie Vigouroux.</ref>. De cette union sont nés trois enfants : Baptiste Nozière le 17 février 1885<ref>Archives municipales : État civil - acte de naissance no 2 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades</ref>, Ernest Félix Nozière le 5 janvier 1887<ref>Archives municipales : État civil - acte de naissance no 1 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.</ref> et Marie Juliette Nozière, le 20 février 1900<ref>Archives municipales : État civil - acte de naissance no 3 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades</ref>. Baptiste quitte très tôt le milieu familial en 1901, apprend la mécanique et entre aux Chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée (PLM) à Paris, comme ajusteur. Ernest est boulanger à Prades, comme son père. Ce dernier tient également une auberge dans le village. Ernest Nozière épouse Marie, Véronique Michel à Prades, le 11 janvier 1913<ref>Archives municipales : État civil - acte de mariage no 2 - Mairie de Prades. Le bourg 43300 Prades.
Marie Véronique Michel est née à Saint-Bérain, le 30 juin 1888. Fille naturelle de Joséphine Michel, 28 ans, dentellière. La naissance a lieu au domicile de son grand-père maternel, Henri Michel, 57 ans, cultivateur. Marie Michel est reconnue, le 22 août 1888 à Saint-Bérain par Jean-Baptiste Michel, 27 ans, cultivateur, lors de son mariage avec la mère de l'enfant, Joséphine Michel (née à Saint-Bérain, le 12 janvier 1860). Les époux portent le même nom de famille. La mère, Joséphine Michel meurt à Saint-Bérain, le 2 novembre 1891 à l'âge de 31 ans. Le père, Jean-Baptiste Michel en 1913, est propriétaire cultivateur et s'est remarié.</ref>. Son frère, Baptiste, mécanicien, est présent à la cérémonie. Un contrat de mariage est établi, les 24 et 25 décembre 1912 par Modèle:Me Plantin, notaire à Saint-Julien-des-Chazes. Le 17 février 1914, naît René Baptiste Nozière à Prades, le premier enfant d'Ernest et Marie Nozière<ref>Archives municipales : État civil - acte de naissance no 2 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.
René Nozière est le seul et unique enfant d'Ernest Nozière et Marie Michel.</ref>.

La vie paisible de la famille Nozière est de courte durée et connaît une succession de drames. La Guerre éclate et désormais plus rien ne sera comme avant. L'horreur de la guerre frappe d'innombrables foyers, meurtris par ce conflit<ref name="Guerre mondiale"/>. Si Baptiste Nozière accomplit son engagement militaire au PLM, il en est autrement pour son frère envoyé sur le front, dans les tranchées. Ernest Nozière est incorporé le 2 août 1914<ref>Archives militaires : état signalétique et des services et registre matricule de recrutement no 1322. Archives départementales de Haute-Loire. Avenue de Tonbridge 43012 Le Puy-en-Velay. Site officiel : Archives départementales de la Haute-Loire.</ref>, en tant que soldat de Modèle:2e au [[299e régiment d'infanterie|Modèle:299e d'infanterie]]<ref>Se reporter au document Pdf sur le [[299e régiment d'infanterie|Modèle:299e d'infanterie]] : Modèle:Lien web.</ref>. Le 3 août 1914, il rejoint son régiment stationné à Sainte-Colombe-lès-Vienne dans le département du Rhône<ref group=note>Les informations sur l'État-civil d'Ernest Nozière transmises à l'Armée au moment de sa mobilisation, sont pour le moins surprenantes. Il est déclaré domicilié à Saint-Julien-des-Chazes, célibataire et son père, Félix Nozière, décédé. Les erreurs sont toujours possibles au vu du contexte de l'époque, en période de conflit. Mais avec trois renseignements erronés, les interrogations demeurent. Les autres données comme l'État-civil de sa mère Marie Constance Bernard, sont correctes. Ernest Nozière meurt sur le front, le 14 octobre 1915. Une mention rectificative du chef du Bureau des Archives administratives du Ministère de la Guerre est donc intervenue, avant la transcription de l'acte de décès à Prades. Félix Nozière et sa belle-fille Marie, Véronique Michel ont une liaison. À quel moment commence cette relation ? Dans quelles circonstances ? Ces fausses déclarations sont-elles une conséquence directe : une façon d'occulter une situation inacceptable ? L'écrivain Jean-Marie Fitère dans sa biographie sur Violette Nozière, donne sa version des faits : Modèle:Citation. Devenue veuve en 1915 et après le décès de sa belle-mère en 1919, Marie Michel choisit de rester avec Félix Nozière.</ref>. Le 11 mars 1915, Ernest Nozière intègre la Modèle:74e Division et la Modèle:147e Brigade du Détachement de l'Armée de Lorraine (DAL). Le 24 juillet 1915, les troupes reçoivent la visite du Président de la République, Raymond Poincaré. Au mois d'octobre 1915, les combats font rage sur le front de Reillon en Meurthe-et-Moselle<ref>Consulter le document Pdf sur le [[299e régiment d'infanterie|Modèle:299e d'infanterie]], extrait de l'historique, chapitre II - page 3 et 4 : Modèle:Lien web.</ref> : Modèle:Citation bloc

Au cours des assauts, Ernest Nozière est pris sous le feu allemand. Le 14 octobre 1915 à 19 h 00, Ernest succombe des suites de ses blessures<ref>Archives municipales : État civil - Transcription de l’acte de décès no 1, en date du 17 février 1916 - Mairie de Prades. Le bourg 43300 Prades.</ref>. Il avait 28 ans<ref>Ernest, Félix Nozière (1887-1915) : Mort pour la France le 14 octobre 1915, aux avant-postes du sous-secteur de Reillon en Meurthe-et-Moselle. Inhumé à la Nécropole nationale de Reillon. Tombe no 834. Consulter l'article de la liste des nécropoles militaires en Lorraine.
Ministère de la Défense - SGA Mémoire des hommes : Modèle:Lien web
Voir également le site MémorialGenWeb - Nécropole nationale de Reillon
Se reporter à la fiche individuelle d'Ernest Nozière sur le même site : MémorialGenWeb - Ernest, Félix Nozière (1887-1915)</ref>. Marie Nozière, veuve de guerre sans ressources avec un enfant<ref>Chemins de Mémoire : Veuves et orphelins de la Première Guerre mondiale.</ref>, est prise en charge par son beau-père, Félix Nozière. L'enfant d'Ernest et Marie Michel, René Nozière, meurt à Modèle:Heure, au matin du 5 mai 1917<ref>Archives municipales : État civil - acte de décès no 3 - Mairie de Saint-Berain. Le Bourg 43300 Saint-Berain.
Marie Véronique Michel, veuve d'Ernest Nozière, et son enfant, sont bien domiciliés à Prades. Le lieu du décès de René Nozière à Saint-Berain, commune de naissance de la mère, est précisé par l'officier d'État civil : Modèle:Citation.</ref>, âgé seulement de trois ans, d'une diphtérie. Marie, Juliette Nozière disparaît<ref group="note">Dans le journal « Le Petit Parisien » du lundi 4 septembre 1933, l'article d'Henri Bibert, « Quand Violette Nozières était en vacances », mentionne Juliette Nozière, la sœur cadette de Baptiste Nozière : Modèle:Citation. Sarah Maza, professeur d'Histoire à l'Université Northwestern aux États-Unis, s'interroge dans son ouvrage Violette Nozière, A Story of Murder in 1930s Paris<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, sur le devenir de Marie, Juliette Nozière : Modèle:Citation. Le journaliste de l'époque commet une erreur. Juliette Nozière était déjà décédée en 1933, depuis quinze ans.
Voici la copie intégrale de l'acte de décès<ref name="Juliette_1918"/> de Juliette Nozière (1900-1918) : Modèle:Citation.</ref> à Prades le 25 août 1918<ref name="Juliette_1918">Archives municipales : État civil - acte de décès no 9 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.</ref>, dans sa dix-neuvième année. L'épouse de Félix Nozière, Marie Bernard meurt à Prades l'année suivante le 4 janvier 1919<ref>Archives municipales : État civil - acte de décès no 1 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.</ref>, moins de cinq mois après leur fille Juliette. Félix Nozière affronte deuils et solitude. Son seul enfant à présent, Baptiste, est éloigné et toujours en déplacement, de par son métier. Le dernier lien familial, est sa belle-fille Marie, qui décide de vivre avec le patriarche. Leur liaison et la grande différence d'âge de trente années du couple, vont alimenter les conversations des habitants de Prades. Cette situation est un sujet de discorde permanent entre Baptiste Nozière et son père, Félix Nozière. Quoi qu'il en soit, Baptiste se rend à Prades chaque année avec sa nouvelle épouse Germaine Hézard. Par ailleurs, Germaine témoigne de l'affection pour son beau-père et ce sentiment est réciproque.

La famille Hézard a ses racines dans le département de la Nièvre en Bourgogne-Franche-Comté. Germaine, Joséphine Hézard est née à Neuvy-sur-Loire, le 4 août 1888<ref>Archives municipales : État civil - acte de naissance no 17 - Mairie de Neuvy-sur-Loire. Place de la Mairie 58450 Neuvy-sur-Loire.</ref>. Elle est la fille de Alsime, François Hézard, 42 ans, vigneron, et de Clémence, Philomène Boutron, 38 ans, sans profession<ref>Alsime, François Hézard et Clémence, Philomène Boutron, se sont mariés à Neuvy-sur-Loire, le 10 novembre 1869.
État civil de Neuvy-sur-Loire - acte de mariage no 23. Archives départementales de la Nièvre : Cote 5Mi20 957.</ref>. Dix-huit années séparent Germaine de sa sœur aînée Philomène Hézard<ref>Clémence, Philomène Hézard est née à Neuvy-sur-Loire, le 7 septembre 1870.
État civil de Neuvy-sur-Loire - acte de naissance no 28. Archives départementales de la Nièvre : Cote 5Mi20 957.</ref>, mariée le 12 novembre 1889 à Neuvy-sur-Loire avec Auguste Desbouis, vigneron<ref>État civil de Neuvy-sur-Loire - acte de mariage no 3. Archives départementales de la Nièvre : Cote 2 Mi EC 357.</ref>. Auguste abandonne très vite le métier familial pour devenir gardien de la paix dans le département de la Seine.

Germaine Hézard, couturière, épouse en premières noces à l'âge de 18 ans, le 5 février 1907 à Neuvy-sur-Loire<ref>Archives municipales : État civil - acte de mariage no 1 - Mairie de Neuvy-sur-Loire. Place de la Mairie 58450 Neuvy-sur-Loire.
Germaine Hézard ne s'est jamais mariée à l'âge de seize ans, contrairement à ce que mentionnent des biographies.</ref>, Louis Pierre Arnal<ref>Louis, Pierre Arnal est né à Neuvy-sur-Loire, le 18 septembre 1881.
Archives municipales : État civil - acte de naissance no 20 - Mairie de Neuvy-sur-Loire. Place de la Mairie 58450 Neuvy-sur-Loire.</ref>, doreur sur papier et domicilié au 83 rue d'Angoulême-du-Temple à Paris, dans le [[mairie du 11e arrondissement de Paris|Modèle:11e]]. Mais Louis Arnal brutalise sa femme Germaine, la trompe et joue aux courses. La séparation est inévitable. Un jugement par défaut intervient, le 8 octobre 1913. Le divorce est prononcé le 22 janvier 1914, au Palais de justice de Paris, par le tribunal civil de première instance du département de la Seine, au profit de Germaine Hézard.

  • Suite de l'historique, voir le chapitre : Biographie.

Bibliographie

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Sources modernes

Sources anciennes

Voir aussi

Articles de l'encyclopédie

Liens externes

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Notes et références

Notes

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Références

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