Épistémologie
L'épistémologie (du grec ancien Modèle:Grec ancien, « connaissance vraie, science » et Modèle:Grec ancien / « discours ») est d'abord l'étude de la connaissance scientifique. Au sens actuel, l'épistémologie désigne également l'étude critique d'une science particulière, quant à son évolution, sa valeur, et sa portée scientifique et philosophique. Dans d'autres langues et notamment en anglais, le terme « épistémologie » (Modèle:Lang) peut aussi renvoyer à la théorie de la connaissance ou à la gnoséologie.
L'introduction en Modèle:Date du mot « épistémologie » en français résulte d'un emprunt à l'anglais Modèle:Lang à l'occasion de la traduction de l' Essai sur les fondements de la géométrie de Bertrand Russell, le mot anglais ayant été lui-même formé pour traduire l'allemand Modèle:Lang (Doctrine de la science).
En matière d'épistémologie, le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle s'interrogerait plutôt sur la rupture ou la continuité entre la connaissance commune et la science. Il reste que, même si elle se constitue en champ disciplinaire autonome au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'épistémologie moderne trouverait son origine au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle dans la philosophie de Kant.
Tandis qu'au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le positivisme d'Auguste Comte s'impose en France, on assiste en Allemagne à une dichotomie entre « sciences naturelles » (Naturwissenschaften) et « sciences de l'esprit » (Geisteswissenschaften) selon Wilhelm Dilthey. Paradoxalement, dans les années 1920, en Autriche, le Cercle de Vienne réaffirme toutefois l'unité des sciences, en donnant naissance à un courant néo-positiviste.
Une épistémologie historique spécifiquement française, qu'illustre entre autres Le nouvel esprit scientifique de Gaston Bachelard, renouvelle l'enseignement rationaliste d'Auguste Comte depuis la nouvelle chaire d'Histoire et de Philosophie des Sciences à la Sorbonne. En Europe centrale, bien qu'il n'ait pas été sans critiquer le positivisme logique, le philosophe des sciences autrichien Karl Popper introduit le critère de réfutabilité d'une théorie pour évaluer sa valeur scientifique, ce qui n'est pas sans faire question pour les sciences humaines.
Histoire du mot
Le terme « épistémologie » vient du grec ancien Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue « connaissance, capacité à faire, art, habileté, compétence professionnelle, science » et Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue « discours ». Le terme se traduit donc littéralement par discours sur la science.
L'introduction du mot « épistémologie » en français est relativement récente (1901) : elle résulte de la traduction de l' Essai sur les fondements de la géométrie de Bertrand Russell<ref name="Rey">Alain Rey (dir.), Le Robert.Dictionnaire historique de la langue française (1e éd. 1992), édition petit format, 1998, réimpression, 2000, tome 1, entrée « Épistémologie », Modèle:P..</ref>. Il s'agit d'un Modèle:Citation<ref name="Rey"/>. Son introduction en français vise à désigner Modèle:Citation, afin de Modèle:Citation<ref name="Rey"/>.
Introduction dans la philosophie anglophone
Une première occurrence du mot en 1847
La première occurrence du néologisme Modèle:Lang date de Modèle:Date : elle se trouve dans un article anonyme sur l'écrivain allemand Jean Paul, paru dans la revue « The English Review »Modèle:Note. Le mot epistemology est alors forgé pour traduire celui de Wissenschaftslehre (Modèle:Lien), du titre de la philosophie de Fichte<ref name="Vető">Modèle:Chapitre : pour Fichte, la « Doctrine de la Science », c'est Modèle:Citation, rappelle Vető.</ref> à laquelle il est fait allusion dans le roman Titan de Jean Paul<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:OuvrageModèle:Commentaire biblio SRL.</ref>,<ref group="note">L'écrivain allemand Jean Paul (Johann Paul Friedrich Richter, 1763-1823) condamne la philosophie idéaliste de Fichte dans son roman Titan (de:Titan (Jean Paul), 1800-1803) par le truchement de Schoppe, l'un des personnages du roman, dont il est dit dans le quatrième volume du roman que la « philosophie de Fichte » (de:Grundlage der gesamten Wissenschaftslehre) lui a troublé l'esprit jusqu'à le faire enfermer comme fou.</ref> :Modèle:Citation bilingue bloc Le lien ou l'influence entre cette première introduction anonyme et la suivante qui sera faite par James Frederick Ferrier, ne sont pas connus<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Introduction d'Epistemology en remplacement de théorie de la connaissance
Le mot Modèle:Lang est ensuite proprement introduit dans la littérature philosophique anglophone par James Frederick Ferrier en 1854, qui l'a utilisé dans ses « Instituts de métaphysique » Modèle:Sfn,Modèle:Sfn : Modèle:Citation bilingue blocDans cet ouvrage, Ferrier présente l’immatérialisme de George Berkeley en le reformulant dans le vocabulaire de l’idéalisme allemand<ref name="Jaffro2">Laurent Jaffro, « Reid said the business, but Berkeley did it. Ferrier interprète de l'immatérialisme », Revue philosophique de la France et de l'étranger, 2010/1 (Tome 135), Modèle:P.. DOI : 10.3917/rphi.101.0135. Modèle:Lire en ligne.</ref> dans la période du néokantisme. Ferrier introduit alors le terme pour transposer le terme Wissenschaftslehre de Fichte<ref>Modèle:Article.</ref>.
Par la suite, le terme epistemology reste assez peu employé pendant plusieurs décennies mais se répand chez des penseurs qui au contraire rejetaient la philosophie romantique allemande, c'est-à-dire celle de Kant et Fichte<ref name="Lecourt20152">Dominique Lecourt, « Le mot d’« épistémologie » », dans : Dominique Lecourt, La philosophie des sciences, Paris, Presses universitaires de France, Modèle:Coll., 2015, Modèle:P.. Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
De Russell à l'introduction du mot « épistémologie » en français
Bertrand Russell emploie epistemology, dans son Essai sur les fondements de la géométrie en 1901, sous la définition d'analyse rigoureuse des discours scientifiques, pour examiner les modes de raisonnement qu'ils mettent en œuvre et décrire la structure formelle de leurs théoriesModèle:Sfn.
La définition de Couturat
C'est comme simple remplacement pour epistemology que le néologisme épistémologie a été utilisé par Russell et Couturat dans les années 1890 dans de leurs correspondanceModèle:Sfn. Russell écrivait ses lettres en français, car Couturat ne maîtrisait pas bien l'anglaisModèle:Sfn. C'est ensuite dans la traduction de l’Essai sur les fondements de la géométrie de Russell qu'épistémologie apparaît officiellement pour la première fois en France en 1901<ref name="Rey"/>,Modèle:Sfn.
À la traduction de l'œuvre de Russell est annexé un Lexique philosophique rédigé par Louis Couturat, qui à l'entrée Épistémologie donne la définition d'une Modèle:Citation<ref>Reproduit in Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Selon Pierre WagnerModèle:Sfn, Couturat introduit ainsi une première confusion entre théorie de la connaissance et philosophie des sciencesModèle:Sfn, cette évolution n'étant pas sans conséquenceModèle:Sfn.
D'après l'article « Épistémologie » du Vocabulaire européen des philosophies, Bertrand Russell emploie en effet le terme epistemology dans un sens très éloigné de la philosophie kantienne<ref name=":1">Catherine Chevalley, « Épistémologie » (article), dans Modèle:Ouvrage.</ref> : tandis que Kant fournit Modèle:Citation, l' epistemology, telle qu'elle a été d'abord définie chez Russell et Moore, s'avère complètement différente dans les débuts du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=":1"/>. Dès lors, Modèle:Citation revêt un caractère en quelque sorte « intraduisible » ou se trouve Modèle:Citation des philosophes des sciences anglo-américains, après 1945<ref name=":1"/>.
Définitions
Dans son cours de Culture scientifique, Jean-Claude Simard avertit son auditoire en ces termes : Modèle:Citation : chez les Anglo-Saxons, dit-il, le mot epistemology Modèle:Citation, tandis qu'en France, Modèle:Citation<ref name="Simard" />. Selon lui, Modèle:Citation<ref name="Simard" />
Selon Pierre Wagner, le terme français est usité tantôt comme synonyme de « philosophie des sciences », tantôt pour désigner la philosophie des sciences « de style français », tantôt pour traduire epistemologyModèle:Sfn.
L'épistémologie, « bien qu'elle en soit l'introduction et l'auxiliaire indispensable », se distingue de la gnoséologie « en ce qu'elle étudie la connaissance dans le détail et a posteriori, dans la diversité des sciences et des objets plutôt que dans l'unité de l'esprit »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Philosophie des sciences ou épistémologie (Meyerson)
Modèle:Article connexe Beaucoup plus rarement, le terme « épistémologie » est utilisé comme synonyme de « philosophie des sciences »Modèle:Sfn. C'est le cas de Hervé Barreau qui considère que l'épistémologie est l'étude des sciences et vient « remplacer l'expression antérieure de philosophie des sciences qu'avaient employée Auguste Comte et Augustin Cournot […] ». Il ajoute : « L'épistémologie se distingue surtout de la théorie de la connaissance, telle qu'elle était entendue par les philosophes des {{#switch: e
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}}, qui s'étaient préoccupés déjà d'élargir, au contact de la science moderne, les anciennes doctrines sur la connaissance humaine »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
À l'entrée « épistémologie » du Vocabulaire technique et critique de la philosophie, une citation de E. Meyerson (dans Identité et réalité) reconnaît que cet ouvrage réfère, par la méthode, au domaine de la philosophie des sciences, ou épistémologie, Modèle:Citation<ref name="Lalandeép">André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, (1e édition : 1926), 3e édition « Quadrige », entrée : « Épistémologie », Paris, PUF, Volume 1 et 2, 1993, Modèle:P..</ref>. Le Dictionnaire historique de la langue française précise qu'Modèle:Citation<ref name="Rey" />.Modèle:Sfn
Comme l'indique effectivement le Dictionnaire historique de la langue française, Modèle:Citation<ref name="Rey" /> Un tel moment Modèle:Citation<ref name="Rey" />.
Dans le sens de théorie de la connaissance
Modèle:Article connexe Pour d'autres auteurs, l'épistémologie est synonyme de théorie de la connaissance<ref name="Godin-2004">Modèle:Harvsp, entrée « épistémologie ».</ref> et peut donc se pencher sur des objets non scientifiques.
Dans ce sens là l'épistémologie est l'exact traduction du mot épistémologie en anglais.
Comme une branche de la philosophie des sciences (Couturat, Lalande)
La plupart des auteurs en privilégient la définition de l'épistémologie comme l'étude critique des sciences<ref name="Robert-1986">Modèle:Harvsp, entrée « épistémologie ».</ref>,<ref name="Simard" /> et de la connaissance scientifique. C'est une branche de la philosophie des sciences qui Modèle:CitationModèle:Sfn.
En distinguant l'épistémologie de la théorie de la connaissance, André Lalande propose qu'on élargisse Modèle:Citation<ref name="Lalandeép" />. Il précise toutefois que la distinction faite en français entre épistémologie et théorie de la connaissance (gnoséologie), si utile qu'elle soit, n'est usuelle ni en italien, ni en anglais<ref name="Lalandeép" />.
D'après Vocabulaire technique et critique de la philosophie en effet, l'épistémologie ne consiste pas Modèle:Citation, c'est Modèle:Citation<ref name="Lalandeép" />. Modèle:Citation bloc
Une épistémologie française : l'épistémologie historique
À partir d'Auguste Comte, il s'instaure Modèle:Citation, analyse Pietro Redondi dans l'article « Sciences » du Dictionnaire des sciences historiques d'André Burguière (dir.) : ce sera, écrit-il, Modèle:Citation<ref name="Redondi">Pierre Redondi, « Sciences », dans André Burguière (dir.), Dictionnaire des sciences historiques, Paris, P.U.F., 1986, Modèle:Isbn, Modèle:P..</ref>. En partant d'une définition actuelle de la connaissance scientifique, il s'agit de valoriser et juger le passé Modèle:Citation<ref name="Redondi" />.
Cette « histoire épistémologique » initiée par Auguste Comte Modèle:Citation, en passant par Henri Berr, Paul Tannery, Pierre Duhem, Abel Rey<ref name="Redondi" />. Successeur de Rey à la Modèle:Citation, Gaston Bachelard se présente comme l'épistémologue du « nouvel esprit scientifique », Modèle:Citation, renouvelant encore une fois par là Modèle:Citation<ref name="Redondi" />.
Gaston Bachelard deviendra la figure emblématique de la « tradition épistémologique française » qui s'incarnera dans l'épistémologie historique<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Georges Canguilhem, quant à lui, confirme cet héritage philosophique par Modèle:Citation<ref name="Redondi" />.
Modèle:Citation de Thomas Kuhn
Les travaux de Thomas Samuel Kuhn vont marquer une rupture fondamentale en philosophie, en histoire et en sociologie des sciences<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il va historiciser la science et rejeter une conception fixiste de la science. Son ouvrage principal en la matière, La Structure des révolutions scientifiques (1962) pose qu'Modèle:Citation.
Modèle:Citation ajoute-t-il, qualifiant ces bases pratiques de paradigmes scientifiques (comme la lumière considérée comme un corpuscule, puis comme une onde, puis enfin comme une particule). Ces Modèle:Citation sont comme des Modèle:Citation (ainsi celles apportées par Isaac Newton, Nicolas Copernic, Lavoisier, ou encore Einstein) : toutes viennent renverser un paradigme dominant. L'état d'une science, des connaissances et du paradigme, à une période donnée, constitue la Modèle:Citation qui est selon Kuhn Modèle:Citation
La science prise pour objet d'étude
L’épistémologie est l'étude critique des sciences<ref name="Simard">Modèle:Lien web</ref>,<ref name="cnrtl">Modèle:Lien web.</ref>,Modèle:Sfn. Selon Jean-Claude Simard, comme elle est à la fois Modèle:Citation<ref name="Simard" />,
Qu'est-ce que la science ?
Au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, on assiste à des variations dans les contenus de l'épistémologie : en essayant de répondre à la question « qu'est-ce que la science ? », l'épistémologie se heurte en effet au Modèle:Citation. Autrement dit, la question pourrait se formuler ainsi : Modèle:Citation<ref name="Rey"/>.
Dans le Dictionnaire historique de la langue française, il est notamment précisé qu'Modèle:Citation<ref name="Rey"/>.
Entre histoire et philosophie
Selon Étienne Anheim, Modèle:Citation<ref name="Anheim">Étienne Anheim, « Philosophie et histoire », dans Christian Delacroix, François Dosse, Patrick Garcia et Nicolas Offenstadt (dir.), Historiographies. Concepts et débats, vol. I, Gallimard, Modèle:Coll., 2010, passage : Modèle:P.(Épistémologie).</ref>.
En France et pour un historien comme Étienne Anheim, l'épistémologie Modèle:Citation (Anheim évoque Paul Lacombe, auteur en 1894 de l'ouvrage De l'histoire considérée comme science, et François Simiand, auteur du Modèle:Citation article « Méthode historique et science sociale », paru en 1903 dans la Revue de synthèse historique)<ref name="Anheim"/>.
En Allemagne, à la même époque, Wilhelm Dilthey ou Max Weber distinguent au contraire les sciences de la nature des sciences de l'esprit, ce qui Modèle:Citation<ref name="Anheim"/>.
D'après Anheim, le philosophe français Bergson exerça une Modèle:Citation<ref name="Anheim"/>. Et L'introduction à la philosophie de l'histoire de Raymond Aron, paru en 1938 Modèle:Citation<ref name="Anheim"/>. D'autres exemples dans l'actualité de la réflexion historique sur le temps (François Hartog, Georges Didi-Huberman) Modèle:Citation<ref name="Anheim"/>.
Étienne Anheim montre ainsi comment : Modèle:Citation bloc
Classification des sciences : tradition française et tradition allemande
Selon Anastasios Brenner, Modèle:Citation, idée dont les origines remonteraient sûrement à Descartes<ref name="Brenner07">Anastasios Brenner, « Le statut de l'épistémologie selon Meyerson », Archives de philosophie, 2007/3 (Tome 70), Modèle:P.. DOI : 10.3917/aphi.703.0375. Modèle:Lire en ligne.</ref>. Même si Ampère a proposé de distinguer Modèle:Citation<ref group="note">Référence TLFi : Modèle:Citation, Modèle:Lire en ligne.</ref>, en quoi il préfigurait Dilthey, Auguste Comte s'y est opposé, de sorte que c'est la classification comtienne des sciences qui l'a emporté, parce qu'elle est apparue Modèle:Citation<ref name="Brenner07"/>. Dès lors, Modèle:Cita<ref name="Brenner07"/>.
Dans la tradition allemande, c'est au contraire Modèle:Citation qui domine<ref name="Brenner07"/>. Et l’influence allemande va conduire à un Modèle:Citation, où l'idée d'une dichotomie s'installe au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Brenner constate là un Modèle:Citation, entre la montée en puissance du positivisme et Modèle:Citation<ref name="Brenner07"/>.
Dans le débat entre les sciences de la nature et les sciences de l'homme, écrit Anastasios Brenner, Modèle:Citation<ref name="Brenner07"/>.
L'épistémologie dans l'histoire des sciences et de la philosophie
L'histoire des sciences et de la philosophie a produit de nombreuses théories quant à la nature et à la portée du phénomène scientifique. Il existe ainsi un ensemble de grands modèles épistémologiques qui prétendent expliquer la spécificité de la science. Le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle a marqué un tournant radical. Très schématiquement, aux premières réflexions purement philosophiques et souvent normatives sont venus s’ajouter des réflexions plus sociologiques et psychologiques, puis des approches sociologiques et anthropologiques dans les années 1980, et enfin des approches fondamentalement hétérogènes à partir des années 1990 avec les Science studies. Le discours sera également interrogé par la psychologie avec le courant du constructivisme.
Pour Bruno Latour dans l'un de ses livres, l'épistémologie s'intéresse à la Modèle:Citation, c'est-à-dire à sa mise en œuvre au quotidien et plus seulement à la nature des questions théoriques qu'elle produit.
Selon Hervé Barreau, l'épistémologie moderne tire son origine du criticisme de Kant au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et du positivisme de Comte aux {{#switch: XX
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}}<ref name=":0"/>. Mais elle puise également à des traditions plus anciennes, dont les traditions antique et cartésienne. C'est au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle que l'épistémologie se constitue en champ disciplinaire autonome.
Toujours selon Hervé Barreau, Modèle:CitationModèle:Sfn.
Antiquité
Modèle:Article détaillé D'après Maurice Sachot, Parménide serait le fondateur de l'épistémologie, en exposant dans la première partie du Poème les règles épistémiques auxquelles toute connaissance du réel doit se soumettre pour prétendre à quelque vérité. Et en présentant dans la seconde partie sa propre conception du monde (sa doxa), proposant un modèle théorique d’interprétation, qu’il nomme diakosmos, « transmonde », et dont la métaphore clé est la reproduction sexuée, il peut aussi être considéré comme le père de la science au sens moderne du mot<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Cartésianisme et rationalisme
Modèle:Article détaillé Le rationalisme est un courant épistémologique, né au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et pour lequel Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Des auteurs comme René Descartes (on parle alors du cartésianisme), ou Leibniz fondent les bases conceptuelles de ce mouvement, qui met en avant le raisonnement en général, et plus particulièrement le raisonnement déductif, dit aussi analytique. Il s'agit donc d'une théorie de la connaissance qui postule le primat de l'intellect. L'expérimentation y a un statut particulier : elle ne sert qu'à valider ou réfuter les hypothèses. En d'autres mots, la raison seule suffit pour départager le vrai du faux dans le raisonnement rationaliste. Les rationalistes prennent ainsi comme exemple le célèbre passage du dialogue de Platon, dans le Ménon, où Socrate prouve qu'un jeune esclave illettré, étape par étape et sans son aide, peut refaire et redémontrer le théorème de Pythagore.
Le rationalisme, surtout moderne, prône le primat des mathématiques sur les autres sciences. Les mathématiques représentent, en effet, le moyen intellectuel démontrant que l'intellect et la raison peuvent parfois se passer de l'observation et de l'expérience. Déjà Galilée, en 1623, suivant la conception cosmologique proposée par Platon dans le Timée, expliquait dans son ouvrage L'essayeur — qui est également une démonstration de logique — : Modèle:Citation bloc
Empirisme
L'empirisme postule que toute connaissance provient essentiellement de l'expérience. Représenté par les philosophes anglais Francis Bacon, John Locke et George Berkeley, ce courant postule que la connaissance se fonde sur l'accumulation d'observations et de faits mesurables, dont on peut extraire des lois par un raisonnement inductif (dit aussi synthétique), allant par conséquent du concret à l'abstrait. L'induction consiste, selon Hume en la généralisation de données de l'expérience pure<ref>Enquête sur l'entendement humain, sections IV et V.</ref>, appelée Modèle:Citation (ensemble des données de l'expérience), qui est ainsi l'objet sur lequel porte la méthode. Néanmoins, Bertrand Russell mentionne dans son ouvrage Science et Religion ce qu’il nomme le Modèle:Citation : cette méthode de raisonnement n'a rien d'universel, en effet, et selon lui les lois admises comme générales par l'induction n'ont été cependant vérifiées que pour un certain nombre de cas expérimentaux. Dans l'empirisme, le raisonnement est secondaire alors que l'observation est première<ref group="note">Y compris en mathématique, où l'on parle de quasi-empirisme : Philosophie et mathématiques : sur le quasi-empirisme de Patrick Peccatte.</ref>. Les travaux d'Isaac Newton témoignent d'une méthode empirique dans la formalisation de la loi gravitationnelle.
L'empirisme se décompose lui-même en sous-courants<ref>Modèle:Harvsp.</ref> : le matérialisme qui explique que seule l'expérience sensible existe ; le sensualisme qui considère que les connaissances proviennent des sensations (c'est la position de Condillac par exemple) ; l'instrumentalisme, qui voit dans la théorie un outil abstrait ne reflétant pas la réalité.
Enfin, l'empirisme aurait percé dans le champ scientifique, selon Robert King Merton (dans Éléments de théorie et de méthode sociologique, 1965) grâce à ses liens étroits avec l'éthique protestante et puritaine. Le développement de la Royal Society de Londres, fondée en 1660 par des protestants, en est ainsi l'expression aboutie : Modèle:Citation, explique Merton.
Par delà l'empirisme et le rationalisme : Francis Bacon
Avec l'ambition de refonder la science, et plus encore de réaffirmer l'esprit scientifique, dans un contexte historique dominé par les doctrines et les théories, Francis Bacon, se proposa de dépasser les écueils de l'empirisme et du rationalisme : Modèle:Citation bloc
Épistémologie kantienne : le criticisme
Pour Roger Verneaux, qui a étudié la pensée de Kant, l'épistémologie est, au suprême degré, et avant tout, « la critique de la connaissance ». C'est la plus noble des entreprises humaines en tant que préalable à toute entreprise scientifique<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Kant offre un changement de perspective radical vis-à-vis de l'empirisme : c'est une véritable révolution épistémologique, qu'il qualifie lui-même par l'expression célèbre de Modèle:Citation. Hume avait déjà placé le sujet au centre de la connaissance. Kant, lui, va jusqu'à affirmer que la véritable origine de la connaissance est dans le sujet et non dans une réalité vis-à-vis de laquelle nous serions passifsModèle:Référence nécessaire.
Il reprend certains principes des empiristes : Modèle:Citation, explique-t-il dans Critique de la raison pure.
Ainsi pour Kant, note Claude Mouchot<ref name=":4">Modèle:Ouvrage.</ref>, Modèle:Citation et Modèle:Citation, et en cela Kant reste très actuel. Selon les termes de Kant (Critique de la raison pure) Modèle:Citation.
Kant reste également très actuel par sa « reconnaissance de l'existence de cadres (spatio-temporels), au travers desquels le réel se présente à nous » écrit encore Claude Mouchot<ref name=":4"/>. Toutefois, le caractère a priori de ces cadres de la mécanique classique (seule existante au temps de Kant) ne peut plus être accepté aujourd'hui, à la suite notamment de la remise en cause de la notion d'espace-temps par la mécanique relativisteModèle:Référence nécessaire. Tout au moins pouvons-nous considérer ces cadres comme étant construits par le sujet, ce qui est le point de vue du constructivisme. Russel fait remonter la filiation de l'épistémologie à Kant :Modèle:Citation bloc
On a considéré à l'époque — peut-être à tort — que la problématique de Fichte était éloignée de la problématique kantienne Modèle:Pertinence contestéeModèle:Sfn, c'est-à-dire portant sur la possibilité de la connaissance et les fondements des sciences particulière.Modèle:Sfn
Subjectivité postkantienne : Idéalisme allemand, « Sciences de l'esprit »
De Kant à Hegel
Alors qu'on a souvent évoqué l'influence qu'auraient exercée Descartes et Rousseau dans la philosophie allemande, notamment dans Modèle:Citation, Bernard Bourgeois considère qu'Modèle:Citation : les problématiques de Descartes d'une part, de Kant et de ses successeurs d'autre part, sont à ses yeux très différentes<ref name="BourgeoisTR">Bernard Bourgeois, intervention dans : Collectif (Présidence / Introduction : André Stanguennec, avec : Bernard Bourgeois, Massimo Ferrari, Jean-Marie Lardic, Claire Marin, Jean-Louis Vieillard-Baron), « Première Table Ronde. La réflexion dans la philosophie allemande et française aux {{#switch: XX
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}} », Revue des sciences philosophiques et théologiques, 2006/1 (Tome 90), Modèle:P.. DOI : 10.3917/rspt.901.0067. Modèle:Lire en ligne.</ref>. Dans le Cogito, la problématique cartésienne est ontologique, elle Modèle:Citation : la problématique de la réflexion y est provisoire, pour laisser la place peu après Modèle:Citation<ref name="BourgeoisTR"/>. Chez Kant et les postkantiens, Modèle:Citation<ref name="BourgeoisTR"/>. Pour le Je pense transcendantal, la question devient celle de savoir Modèle:Citation<ref name="BourgeoisTR"/>.
Dans l'idéalisme allemand, Modèle:Citation. Chez Fichte, Modèle:Citation<ref name="BourgeoisTR"/>. Cette Modèle:Citation, qui n'est en fait pas une Modèle:Citation, Fichte la désigne du terme « intuition » : Modèle:Citation<ref name="BourgeoisTR"/>.
Selon Alexis Philonenko, Fichte, qui trouvait la philosophie de Kant « inachevée », peut être considéré comme « une marche dans l'escalier menant via Schelling de Kant à Hegel »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
En reprenant l'idée kantienne que la subjectivité est un des fondements de toute philosophie, la subjectivité étant le fondement de la « philosophie transcendantale » (cf. §16 de la Critique de la raison pure), Hegel re-développe l'idée d'une subjectivité absolue, au travers du concept de Moi chez Fichte, pour en faire une phénoménologie de l'esprit. Il s'agit aussi pour les penseurs de cette époque de défendre la primauté de l'Esprit sur la nature<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne.</ref>.
D'une « conception encyclopédique de la science » aux sciences de l'esprit (Geisteswissenschaften)
Modèle:Article détaillé Dans les premières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Schelling et surtout Hegel Modèle:Citation<ref name="Bienenstock">Myriam Bienenstock, « Geisteswissenschaften (“sciences de l'esprit”) », dans Dictionnaire du monde germanique sous la direction d'Élisabeth Décultot, Michel Espagne, Jacques Le Rider, Paris, Bayard, 2007, Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>. Cette Modèle:Cita est exposée dans la troisième et dernière partie de l' Encyclopédie des sciences philosophiques (1817, 1820-1830) qui représente Modèle:Citation (la première partie traite de la logique et la seconde partie de la philosophie de la nature)<ref name="Bienenstock"/>.
Selon Myriam Bienenstock, c'est à cette Modèle:Citation, que s'oppose, dans la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, ce que Heinrich Heine a dénommé l'Modèle:Citation. Cette dernière reprend, en la transformant, l'opposition aristotélicienne de la « science » à l'« histoire »<ref name="Bienenstock"/>. Pour ses adeptes en effet, Modèle:Citation<ref name="Bienenstock"/>. À cette raison s'ajoute celle du Modèle:Citation que, dans la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, vont mettre en avant les partisans de l'historicisme. Ou s'y ajoute encore Modèle:Citation<ref name="Bienenstock"/>.
Isabelle Kalinowski rapporte la Modèle:Citation de Wilhelm Dilthey<ref name="KalinowskiC">Modèle:Lien web.</ref> : Modèle:Citation bloc L'opposition de « l’expliquer » (erklären) et du « comprendre » (verstehen) correspond donc au Modèle:Citation : les sciences de la nature s'opposent aux sciences de l’esprit chez Dilthey<ref name="KalinowskiC"/>. Ou autrement dit,Modèle:Citation<ref name="Bienenstock"/>.
D'après Sylvie Mesure, Modèle:Citation<ref name="Mesure">« Dilthey Wilhelm (1833-1911) », Encyclopédie Universalis, site consulté le 7 mars 2020, Modèle:Lire en ligne.</ref>. L'entreprise de Dilthey visait d'une part à Modèle:Citation, d'autre part, et c'est épistémologiquement le plus important, Modèle:Citation. C'est ici que son œuvre est à l'évidence Modèle:Citation<ref name="Mesure"/>.
Pour Myriam Bienenstock, si la « philosophie de la vie » (Lebensphilosophie) fonde la « science de l'esprit » de Dilthey en rendant compte de ses catégories de base, elle est Modèle:Citation<ref name="Bienenstock"/>. Mais en Allemagne, l'influence de Dilthey s'est avérée considérable ; elle s'est exercée notamment en histoire de la littérature et en philosophie, a joué un rôle important dans la formation de la pensée de Heidegger ainsi que dans l'herméneutique de Gadamer, c'est-à-dire Modèle:Citation<ref name="Bienenstock"/>.
Tournant positiviste et positivisme logique en France
Modèle:Article détaillé Modèle:Section à recycler
Auguste Comte distingue trois états historiques :
- dans l'état théologique, l'esprit de l'homme cherche à expliquer les phénomènes naturels par des agents surnaturels.
- dans l'état métaphysique, l'explication se fonde sur des forces naturelles mais encore personnifiées (la théorie de l'éther par exemple).
- avec l'état positif, l'esprit ne cherche plus à expliquer les phénomènes par leurs causes, mais il s'édifie sur des faits constatables et mesurables.
Le personnage de Newton est, pour Comte, révélateur de cette Modèle:Citation<ref>Auguste Comte, Cours de philosophie positive, Ire{{#if:| }} leçon, Modèle:P.22.</ref>.
La science doit ainsi mettre en œuvre des hypothèses, permettant de se passer de l'expérience, et aboutissant à la formation de lois non contradictoires. Comte cite ainsi, comme exemple, la théorie de la chaleur de Joseph Fourier, qu'il a bâtie sans avoir à observer la nature du phénomène. Le positivisme met en avant la qualité prédictive de la science, qui permet de Modèle:Citation selon les mots de Comte, dans ses Discours sur l'ensemble du positivisme (1843). Néanmoins, pour lui, la méthode scientifique culmine dans la mise en pratique, dans l'action : ce que le discours moderne appellera l'application scientifique. L'ingénierie est ainsi la main de la science, caractérisée par le savoir-faire. La science est avec Comte indissociable de l'action : Modèle:Citation bloc
Dans la philosophie de Comte, l'esprit se limite au « comment », et renonce à la recherche du « pourquoi ultime » des choses.
Philosophie contemporaine
Le Cercle de Vienne
Le « cercle de Vienne » (Wiener Kreis) qui se forme à partir de 1923 autour de la personnalité de Moritz Schlick, projette de Modèle:Citation<ref name="Granger/ue">Modèle:Lien web.</ref>. Les thèmes principaux élaborés de concert avec une autre association fondée à Berlin par Hans Reichenbach (cercle de Berlin) vont donner naissance au Modèle:Citation<ref name="Granger/ue"/>. Si l'avènement du nazisme a contraint le groupe viennois à la diaspora vers l'Amérique et l'Angleterre, la plupart de ses membres y ont poursuivi leur carrière, tandis que Modèle:Citation<ref name="Granger/ue"/>.
Pour le philosophe américain Sydney Hook, auquel se réfère Gilles Gaston Granger, le monde philosophique germanique entre les deux guerres se caractériserait en 1930 Modèle:Citation et ferait preuve d'une Modèle:Citation : à l'occasion, on y entendrait dire par exemple Modèle:Citation (S. Hook, Journal of American Philosophy, vol. XXVII, no 6, 1930)<ref name="Granger/ue"/>. Selon Granger, Modèle:Citation<ref name="Granger/ue"/>.
Karl Popper, Modèle:Citation entend parler du Modèle:Citation surtout vers 1926-1927, rapporte la philosophe Mélika Ouelbani : Modèle:Citation<ref name="Ouelbani"> Mélika Ouelbani, « Les critiques du positivisme logique », dans M. Ouelbani, Le cercle de Vienne, Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, « Philosophies », 2006, Modèle:P., Modèle:Lire en ligne</ref>. Selon Ouelbani, Popper aurait en réalité Modèle:Citation<ref name="Ouelbani"/>.
Critiques du positivisme logique
Quine et « l'épistémologie naturalisée »
Modèle:Section à sourcer Avec l'article Deux dogmes de l'empirisme, Willard Van Orman Quine critique deux aspects centraux du positivisme logique. Le premier est la distinction entre vérités analytiques et vérités synthétiques : il y aurait des propositions vraies indépendamment des faits, qui seraient vraies en vertu de leur seule signification. Le second dogme, le réductionnisme, est la théorie selon laquelle les énoncés doués de sens peuvent être reformulés en énoncés portant sur des données de l'expérience immédiate (dans ce cas un énoncé analytique serait un énoncé confirmé par l'expérience dans tous les cas).
Ce texte constitue une attaque en règle contre l'héritage théorique du positivisme logique. Comme le précise Quine lui-même, « Another effect is a shift toward pragmatism » : « Les deux dogmes de l'empirisme » marque le grand retour du pragmatisme dans la philosophie américaine, au sein même du mouvement intellectuel qui l'avait évincé de la scène intellectuelle : la philosophie analytique (sous sa forme empiriste).
Avec l'« épistémologie naturalisée », Quine, dans un point de vue naturaliste, affirme que la philosophie de la connaissance et des sciences constitue elle-même une activité scientifique, corrigée par les autres sciences, et non pas une « philosophie première » fondée sur une métaphysique.
Critique de l'induction de Mach
Inventeur de la mesure de la vitesse de propagation du son, Ernst Mach développa une pensée épistémologique qui influença notamment Albert Einstein. Dans La Mécanique, exposé historique et critique de son développement<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, Mach dévoile la conception mythologique qui sous-tend les représentations mécanistes de son époque et qui aboutissent au conflit des spiritualistes et des matérialistes. Mais la critique de Mach porte surtout sur la méthode de l'induction, pendant de la déduction. Dans La Connaissance et l'erreur (1905), Mach explique que le travail du savant porte avant tout sur les relations des objets étudiés entre eux, et non sur leur classement. La démarche de recherche est avant tout mentale conclut Mach : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Par ailleurs, Mach défend l'idée que la science est symbolique, thèse qu'il reprend chez Karl Pearson dans La Grammaire de la science (1892)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> et qui explique que la science est Modèle:Citation. Mach annonce que seule la méthode empirique est scientifique : Modèle:Citation bloc
Réfutabilité de Karl Popper
Le philosophe autrichien Karl Popper (1902-1994) bouleverse l'épistémologie classique en proposant une nouvelle théorie de la connaissance, dès 1934 avec la Logique de la découverte scientifique. Il donne à l'épistémologie de nouveaux concepts et outils d'examen, comme la réfutabilité (capacité d'une théorie scientifique de se soumettre à une méthode critique sévère) ou l'infaillibilité (qui définit a contrario les théories métaphysiques, psychanalytiques, marxistes, astrologiques). Il propose ainsi de voir dans la réfutabilité le critère permettant de distinguer la science de la non-science. Un énoncé est ainsi Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Néanmoins, Popper admet que les énoncés non réfutables peuvent être heuristiques et avoir un sens (c'est le cas des sciences humaines).
Popper émet par ailleurs une critique de la thèse de l'unicité de la science, notamment dans son ouvrage La Logique de la découverte scientifique. L'idée d'un système de connaissance est futile selon lui : Modèle:Citation L’idéal d’une connaissance absolument certaine et démontrable s’est révélé être une idole. Selon lui, enfin, l'induction n'a aucune valeur scientifique : Modèle:Citation bloc
« Programmes de recherche scientifique » de Imre Lakatos
Modèle:Section à sourcer La pensée d'Imre Lakatos (1922-1974) est en droite file de celle de Popper. Il est le créateur de la notion de Modèle:Citation (P.R.S) qui est un corpus d'hypothèses théoriques lié à un plan de recherche au sein d'un domaine particulier (un Modèle:Citation) comme la métaphysique cartésienne par exemple. Lakatos, bien qu'étant l'élève de Karl Popper, s'oppose à lui sur le point de la réfutabilité. Un programme de recherche est selon lui caractérisé à la fois par une heuristique positive (qui définit ce qu'il faut chercher et quelle méthode utiliser) et une heuristique négative (les hypothèses sont inviolables).
Holisme épistémologique
Modèle:Article détaillé Modèle:Section à sourcer Opposé à toute interprétation matérialiste et réaliste de la chimie et de la physique, Pierre Duhem proposa une conception qu'on qualifiera ensuite d'« instrumentaliste » de la science dans La Théorie physique. Son objet et sa structure (1906). Selon l'instrumentalisme, la science ne décrit pas la réalité au-delà des phénomènes mais n'est qu'un instrument le plus commode de prédiction.
Le holisme épistémologique de Quine ne se limite pas à la physique comme celui de Duhem, ni même aux sciences expérimentales comme celui de Carnap mais s'étend à toute la science, logique et mathématique comprise.
Phénoménologie de Husserl
Pour Edmund Husserl, la phénoménologie prend pour point de départ l'expérience en tant qu'intuition sensible des phénomènes afin d'essayer d'en extraire les dispositions essentielles des expériences ainsi que l'essence de ce dont on fait l'expérience.
Constructivisme et systémique
Le terme constructivisme est né au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avec le mathématicien hollandais Brouwer qui l'utilisa pour caractériser sa position sur la question des fondements en mathématiques comme discipline maîtresse. Mais c'est surtout Jean Piaget qui a su apporter au constructivisme ses lettres de noblesse : avec la publication en 1967 de l'encyclopédie de la Pléiade et notamment du volume XXII : Logique et connaissance scientifique, il opère selon Jean-Louis Le Moigne une Modèle:Citation<ref name="ReferenceA">Jean-Louis Le Moigne, Le Constructivisme, Modèle:T..</ref>. Toutefois, selon Ian Hacking, c'est Kant qui fut le Modèle:Citation<ref>Ian Hacking cité dans Modèle:Harvsp.</ref>.
L'école constructiviste n'accepte comme vrai que ce que le scientifique peut construire, à partir d'idées et d'hypothèses que l'intuition (comme fondement des mathématiques) accepte comme vraies, et qui sont représentables. Le psychologue et épistémologue Jean Piaget expliquera ainsi que le Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. L'expérimentation ne sert alors qu'à vérifier la cohérence interne de la construction (c'est la notion de modèle épistémologique).
Piaget étendra cependant le cadre constructiviste à ce qu'il nomme l'Modèle:Citation qui étudie les conditions de la connaissance et les lois de son accroissement, en lien avec le développement neurologique de l'intelligence. Pour lui, l'épistémologie englobe la théorie de la connaissance et la philosophie des sciences (ce qu'il nomme le Modèle:Citation : chaque science renforce l'édifice des autres sciences). Autrement dit, Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Sans parler de ressemblance totale, les mécanismes, de l'individu au groupe de chercheurs et donc, aux disciplines scientifiques, sont communs (Piaget cite ainsi l'Modèle:Citation).
Refusant l'empirisme, l'épistémologie constructiviste pose que la connaissance se fait au moyen d'une dialectique, du sujet à l'objet et de l'objet au sujet, par un aller et retour expérimental.
Jean Piaget<ref>Cité dans Modèle:Harvsp. Piaget utilise cette expression dans l'introduction de Logique et connaissance scientifique, 1967.</ref> proposait de définir l’épistémologie Modèle:Citation, dénomination qui, selon Jean-Louis Le Moigne, permet de poser les trois grandes questions de la discipline :
- Qu’est ce que la connaissance et quel est son mode d'investigation (c'est la question Modèle:Citation) ?
- Comment la connaissance est-elle constituée ou engendrée (c'est la question méthodologique) ?
- Comment apprécier sa valeur ou sa validité (question de sa scientificité) ?
Ces travaux vont inspirer plusieurs auteurs. Certains, liés à la systémique, sont publiés par Paul Watzlawick en 1980 dans l’ouvrage L’invention de la réalité – Contributions au constructivisme<ref>L'invention de la réalité, Contributions au constructivisme, 1981. Plusieurs auteurs sous la direction de Paul Watzlawick, notamment Ernst von Glasersfeld et Heinz von Foerster, trad. Seuil, 1985 rééd. 1984 et trad. 1988.</ref>. Edgar Morin offre au constructivisme son « discours de la méthode » avec La Méthode<ref name=ReferenceA/>. Herbert Simon renouvelle la classification des sciences avec Les sciences de l’artificiel<ref>The science of the artificial, (1969), MIT Press, traduction et postface par Jean-Louis Le Moigne, La science des systèmes, science de l’artificiel, (1974), EPI éditeurs, Paris. Réédition chez Éd. Dunod en 1991. Réédité en 2004 sous le nom de Les sciences de l'artificiel, Gallimard, coll. « Folio Essais ».</ref>.
Structuralisme
Le structuralisme est un ensemble de courants holistes en épistémologie apparus principalement en sciences humaines et sociales au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, ayant en commun l'utilisation du terme de structure entendue comme modèle théorique (inconscient, ou non empiriquement perceptible) organisant la forme de l'objet étudié pris comme un système, l'accent étant mis moins sur les unités élémentaires de ce système que sur les relations qui les unissent. La référence explicite au terme structure, dont la définition n'est pas unifiée entre les différents courants de pensée concernés, se systématise progressivement avec la construction institutionnelle des sciences humaines et sociales à partir de la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle dans la filiation positiviste ; cependant certains auteurs font remonter bien antérieurement (jusqu'à Aristote) la généalogie du structuralisme.
La définition du structuralisme et de ses frontières disciplinaires est devenue un champ de recherche à part entière, complexe et en évolution rapide. Actuellement, le terme en français tend à désigner deux types de phénomènes :
- dans le sens le plus connu (structuralisme généralisé)<ref>Modèle:Article.</ref>, une période particulière de l'histoire des idées scientifiques, un phénomène transitoire de mode intellectuelle à caractère contestataire ayant eu cours entre la fin des années 1950 et le début des années 1970, essentiellement en France, débordant largement les frontières universitaires pour envahir le champ littéraire, médiatique et politique ; ce « moment structuraliste », inspiré essentiellement de la linguistique saussurienne et très marqué par son formalisme, s'est organisé autour d'un petit nombre de personnalités-phares : Roland Barthes en littérature, Jacques Lacan en psychanalyse, Michel Foucault et Louis Althusser en philosophie ;
- dans son acception épistémologique plus spécialisée<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, un paradigme scientifique proche de la systémique où la notion de structure est centrée sur la genèse dynamique des systèmes de l'esprit et du sens, entendus au sens de la philosophie de la forme, avec une généalogie remontant jusqu'à Aristote ; c'est dans cette lignée naturaliste du structuralisme que s'est situé l'ethnologue Claude Lévi-Strauss, en développant à partir des années 1950 l'anthropologie structurale en rupture avec les courants de l'anthropologie anglo-saxonne de l'époque (évolutionnisme, diffusionnisme, culturalisme, fonctionnalisme).
Michel Foucault
Pour Hervé Barreau<ref name=":2">Modèle:Harvsp.</ref>, « on a désigné [dans le passé] en France par épistémologie l'étude de l’épistémè, c'est-à-dire de ce que Michel Foucault considérait comme un corps de principes, analogues aux “paradigmes” de T. S. Kuhn, qui sont à l’œuvre simultanément dans plusieurs disciplines, et qui varient dans le temps de façon discontinue ». […] C'est pourquoi la conception foucaldienne de l'épistémologie, que son auteur avait bornée du reste aux sciences de la vie et aux sciences de l'homme, ne peut prétendre occuper le terrain de ce qu'on entendait jadis par la philosophie des sciences.
Cette épistémologie foucaldienne est incluse dans l'épistémologie actuelle.
Épistémologie comparative de Gilles Gaston Granger
Introduite par Gilles Gaston Granger, l'Épistémologie comparative a pour objet la comparaison de théories ou de systèmes scientifiques en vue de dégager « l'homologie formelle du fonctionnement de différents concepts dans ces structures »<ref>Définition de Gilles Gaston Granger (Leçon inaugurale, chaire d'Épistémologie comparative, Collège de France, 1987, Modèle:P.).</ref>.
Une chaire d'Épistémologie comparative a été créée au Collège de France en 1987<ref group="note">Voir ou revoir la série télévisuelle de Jacob Bronowski L’évolution de l’homme (The Ascent of Man) de la BBC qui l’a rendu célèbre auprès du grand public cultivé, disponible aussi en francophonie.</ref>.
Épistémologie complexe
Dans ce courant de pensée, l'objet à étudier est considéré comme un système complexe, c'est-à-dire qu'il est fonction d'une multitude de paramètres et inclut des inerties, des non-linéarités, des rétroactions, des récursivités, des seuils, des jeux de fonctionnement, des influences mutuelles de variables, des effets retard, des hystérésis, des émergences, de l'auto-organisation, etc. Il est en relation avec son milieu, qui l'alimente en entrées (par ex. énergie et commandes) et à qui il donne des sorties (par ex. production et déchets).
En France, Henri Poincaré est un précurseur de cette approche<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Edgar Morin et Jean-Louis Le Moigne l'ont développé par leurs travaux, écrits et conférences.
Questions et applications
Modèle:Article détaillé Modèle:Section travail inédit Jean Ladrière donne une définition de la rationalité scientifique : Modèle:CitationModèle:Sfn. L'exigence fondatrice de la rationalité c'est la nécessité de justifier le pourquoi de ses jugements.
Modèle:Citation, nous dit Michel Morange<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
On retrouve dans ces différentes questions des aspects descriptifs et normatifs.
Contexte de découverte et contexte de justification : pendant longtemps, la question de la découverte ne relève pas de l'épistémologie, mais au mieux de la psychologie (recherche des intentions, des pré-pensés… du chercheur).
Les choses ont changé progressivement : l'épistémologie moderne ré-interroge les corpus de connaissances scientifiques acquises et questionne les contextes de découverte, de validation, de communication et d'enseignement de la Science et de la recherche en train de se faire<ref>Julien Gargani, Voyage aux marges du savoir : Ethno-sociologie de la connaissance, L'Harmattan, 2011.</ref>.
Thèmes de l'épistémologie
L'épistémologie est principalement axée sur l'analyse de la spécificité et des conditions d'existence de la connaissance scientifique. Autrement dit, elle se penche sur des questions telles que : qu'est-ce qu'une science et comment la reconnaît-on ? Quelles sont les différences entre une connaissance scientifique et un savoir qui ne l'est pas ?Modèle:Sfn
Sur la méthode scientifique elle-même<ref name=":3">Modèle:Ouvrage.</ref> ont retrouve les questionnement sur l'explication ; la confirmation ; la causalité ; le réalisme scientifique et l'ontologie des objets de la science, donc débarrassée de toute métaphysique.
On trouve ensuite d'autres thèmes : le changement dans la science (nommée la « paradigmatologie » par Edgar Morin), l'impact du concept de l'émergence sur la notion de réduction en science, les approches syntaxiques et sémantiques dans l'analyse des théories scientifiques.
Thèmes des épistémologies des sciences spéciales
L'épistémologie régionale de la science (cas de la biologie par exemple) a conduit à la déclinaison en épistémologies des sciences spéciales. Il peut s'agir<ref name=":3" /> :
- d'un thème général qui a été particularisé par la science spéciale ;
- de l'émergence sur le devant de la scène d'un nouveau thème lié spécifiquement à la science spéciale et qui ne se généralise pas aux autres disciplines.
Par exemple, le thème de l'éthique qui est posée à l'économie dont on ne peut accepter que la science qui la prend pour objet ne s'inquiète pas du sort de populations fragiles (page 109)<ref name=":0" />.
Certains auteurs ont voulu « imposer » à l'épistémologie des processus d'une science spéciale : par exemple l'épistémologie évolutionniste « calque » sur l'épistémologie la théorie évolutionniste des espèces décrite dans la biologie.
Production des connaissances scientifiques
Les questions épistémologiques portent par exemple sur :
- Quelle place accorder à l'intuition, à la créativité, à l'imagination, à l'analogie entre disciplines, à la sérendipité ?
- Quelles méthodes ? La question de la déduction, de l'induction…
- Quelles formes de validations ?… On trouve ici la question de l'explication, de la validation…
- Il y a aussi la question de l'unité de la science ou de production de science dans un contexte pluridisciplinaire/interdisciplinaire<ref>Julien Gargani, Carnet de voyage à Chandigarh : Ethnologie d'une recherche scientifique en Inde, L'Harmattan, 2017.</ref>.
Un exemple volontiers cité<ref group="note">Entre autres dans le volume de la Pléiade consacré à l'épistémologie.</ref> est l'étonnement des mathématiciens grecs devant le fait que la diagonale du carré ne puisse correspondre à aucune fraction irréductible p/q, à une époque où on n'imaginait de nombres que rationnels (l'irrationalité de pi était encore inconnue). En effet, on aurait eu alors (p/q)² = 2, soit p² = 2 q². Cela aurait impliqué que p² soit pair, soit p = 2k ; mais en ce cas p² aurait valu 4k² et la fraction p/q n'aurait pas été irréductible, ce qui était contraire à l'hypothèse.
Déduction
Modèle:Article détaillé La méthode hypothético-déductive est régulièrement considérée comme la production scientifique par excellence, surtout depuis que la science s'inscrit dans le paradigme de la recherche appliquée, qui consiste à travailler à résoudre des problèmes identifiés d'avance, selon la méthode du problem-solving. Cependant, la démarche mise en œuvre par les découvreurs échappe régulièrement à cette approche, très rationaliste.
Induction
Modèle:Article détaillé L'induction consiste à se fonder sur l'observation de cas singuliers pour justifier une théorie générale ; c'est l'opération qui consiste à passer du particulier au général. Le problème est de savoir s'il peut être épistémologiquement valide de croire que les théories universelles sont justifiées voire vérifiées par la seule prise en compte d'un grand nombre d'observations singulières passées. Par exemple, nous avons observé que le soleil, jusqu'ici, se lève le matin. Mais rien ne semble justifier notre croyance au fait qu'il se lèvera encore demain. Ce problème avait été jugé insoluble par Hume, pour lequel notre croyance relevait de l'habitude consistant à voir telle cause susciter tel effet, ce qui ne présume pas que ce soit le cas dans la réalité. Cette position non réaliste fut critiquée par Emmanuel Kant, Karl Popper et Ernest Mach bien que le concept d'induction, tout comme celui de réfutation, regroupent aujourd'hui une variété de théories allant des plus naïves aux plus sophistiquées.
Validation des connaissances scientifiques
Vérification
Modèle:Article détaillé C'est le problème des fondements de la connaissance scientifique :
- la nature de la connaissance : connaissance scientifique ou générale, exclusion de la métaphysique de la Science… C'est notamment la question de la démarcation,
- la validation de la connaissance, de la question du réalisme/antiréalisme, et bien sûr la question du rapport au vrai.
Ce qui mène également à la question du relativisme.
Nature des connaissances
Historiquement, cette question épistémologique concerne plus directement la question de savoir comment identifier ou démarquer les théories scientifiques des théories métaphysiques. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, il y a aussi le tri entre la connaissance en général et la connaissance véritablement scientifique.
Les philosophes positivistes fondateurs du Cercle de Vienne, pensaient que le seul critère de démarcation qui puisse être valide, (afin d'éliminer la métaphysique), était la vérifiabilité des énoncés singuliers, seules données des sens capables de permettre la vérification des théories générales de la science, à la condition qu'elles soient suffisamment nombreuses et bien observées.
Pour Karl Popper, philosophe des sciences du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et adversaire des thèses et du projet du Cercle de Vienne, aucune théorie scientifique générale n'a jamais pu être établie par une quelconque forme d'induction, donc être vérifiée. Il critique le raisonnement par induction : ce dernier a pour lui une valeur psychologique mais pas une valeur logique. De nombreuses observations cohérentes ne suffisent pas à prouver que la théorie qu'on cherche à démontrer soit vraie. Modèle:Langue, une seule observation inattendue suffit à réfuter une théorie. Ainsi, mille cygnes blancs ne suffisent pas à prouver que tous les cygnes sont blancs ; mais un seul cygne noir suffit à prouver que tous les cygnes ne sont pas blancs. Voir Paradoxe de Hempel.
Karl Popper pense que les théories scientifiques ne peuvent pas être justifiées, même sur la base d'un très grand nombre d'observations empiriques, elles peuvent seulement être évaluées à partir de tests dont la logique consiste à tenter de mettre à l'épreuve les connaissances scientifiques (la réfutation). Il en résulte qu'une théorie ne peut être « prouvée » mais seulement considérée comme non invalidée jusqu'à preuve du contraire. Partant de là, on peut distinguer :
- les théories impossibles à réfuter (par l'observation ou l'expérience)
- les théories qui peuvent être invalidées.
D'autre part il pense qu'aucune théorie scientifique n'est logiquement ou même empiriquement vérifiable si l'on admet sous ce terme la notion de certitude ou de vérification avec certitude. Karl Popper soutient même qu'une théorie ne peut être scientifique que si elle est potentiellement fausse (réfutable), et même fausse en comparaison de la vérité certaine à laquelle elle prétendrait se rapprocher. Seules les théories potentiellement réfutables (celles associables à des expériences dont l'échec prouverait l'erreur de la théorie) font partie du domaine scientifique; c'est le « critère de démarcation des sciences ».
Le problème de la démarcation (identifié comme étant le problème de Kant par Karl Popper<ref>Karl Popper, Les deux problèmes fondamentaux de la théorie de la connaissance, Hermann.</ref>) s'articule à celui de la justification des théories :
- soit selon une méthode inductive,
- soit par une méthode hypothético-déductive.
Dans le domaine de la science empirique, la vérification devrait plutôt être assimilable à la corroboration (Karl Popper), c'est-à-dire à une forme relative et non absolue de vérité, toujours dépendante des tests scientifiques qui ont pu être réalisés par une communauté de chercheurs. Ainsi, en science, la vérification des théories seraient donc toujours relative à des tests eux-mêmes relatifs à d'autres tests précédents et toujours améliorables, et jamais absolus.
Réfutation
Rendu célèbre par l'œuvre de Karl Popper, ce terme implique la possibilité d'évaluer empiriquement les énoncés généraux de la science par l'intermédiaire de tests. Seules les théories formulées de manière à pouvoir permettre la déduction logique d'un énoncé particulier capable potentiellement de les réfuter, peuvent, pour Karl Popper, être considérées comme scientifiques et non métaphysiques.
Mais Popper propose qu'il existe deux niveaux de réfutabilité. La réfutabilité « logique » et la réfutabilité « empirique » ; sachant qu'un énoncé réfutable d'un point de vue logique ne l'est peut-être pas d'un point de vue empirique. Par exemple, l'énoncé « tous les hommes sont mortels » est logiquement réfutable, mais empiriquement irréfutable puisque aucun être humain ne pourrait vivre assez vieux pour vérifier qu'un homme est immortel.
Karl Popper a toujours soutenu qu'aucune réfutation empirique ne pouvait être certaine, car il est toujours possible de sauver une théorie d'une réfutation par l'adoption de stratagèmes ad hoc. En conséquence, pour Popper, le critère de démarcation reposant sur la réfutation, doit avant tout être un critère méthodologique puisque tout reposerait, en dernier ressort, sur les décisions de la communauté scientifique, pour accepter ou rejeter la valeur d'un test, d'une réfutation ou d'une corroboration<ref>Karl Popper, Le réalisme et la science, Hermann.</ref>.
Critiques holistes
Relativisme
Modèle:Article détaillé Modèle:Section à sourcer Paul Feyerabend observait à l'exemple de la naissance de la mécanique quantique que souvent l'avancement scientifique ne suit pas de règles strictes. Ainsi, selon lui, le seul principe qui n'empêche pas l'avancement de la science est « a priori tout peut être bon » (ce qui définit l'anarchisme épistémologique - à distinguer de « tout est bon » (anything goes), que Feyerabend lui-même récusait). Il critique donc l'aspect réducteur de la théorie de la réfutabilité et défend le pluralisme méthodologique. Il existe selon lui une très grande variété de méthodes différentes adaptées à des contextes scientifiques et sociaux toujours différents.
De plus, il remet en question la place que la théorie de la réfutabilité accorde à la science, en faisant d'elle l'unique source de savoir légitime et le fondement d'une connaissance universelle qui dépasse les clivages culturels et communautaires. Enfin, Feyerabend critique le manque de pertinence pour décrire correctement la réalité du monde scientifique et des évolutions des discours et pratiques scientifiques.
Son œuvre principale, Contre la méthode. Esquisse d'une théorie anarchiste de la connaissance, fut reçue très négativement par la communauté scientifique, car elle accusait la méthode scientifique d'être un dogme et soulevait la question de savoir si la communauté doit être aussi critique par rapport à la méthode scientifique que par rapport aux théories qui en résultent.
Évolution et dynamique des connaissances
La question épistémologique concerne la nature du processus dynamique du changement scientifique :
- La science avance-t-elle par sauts ? Continuisme et discontinuisme,
- La science progresse-t-elle que de l'intérieur ? ou bien est-ce que les non scientifiques font progresser la Science ? internaliste et externalisme.
- Ce qui renvoie à nouveau au problème du relativisme.
Continuisme et discontinuisme
Bachelard et l'« obstacle épistémologique » : Gaston Bachelard définit ce dernier, en 1934, dans un article intitulé La formation de l'esprit scientifique, comme étant « la rectification du savoir, l'élargissement des cadres de la connaissance ». Pour lui, le scientifique doit se dépouiller de tout ce qui constitue les « obstacles épistémologiques internes », en se soumettant à une préparation intérieure afin que sa recherche progresse vers la vérité. La notion d’« obstacle épistémologique » est ce qui permet de poser le problème de la connaissance scientifique : c'est à partir du moment où celui-ci est surmonté, donnant lieu à une « rupture épistémologique », que l'on atteint le but recherché. Les obstacles sont, pour Bachelard, non seulement inévitables, mais aussi indispensables pour connaître la vérité. Celle-ci en effet n'apparaît jamais par une illumination subite, mais au contraire, après de longs tâtonnements, « une longue histoire d'erreurs et d'errances surmontées ».
Bachelard dénonce l'opinion que laisse l'expérience empirique et son influence sur la connaissance scientifique : « le réel n'est jamais ce que l'on pourrait croire, il est toujours ce qu'on aurait dû penser », dit-il. « La science s'oppose formellement à l'opinion : l'opinion ne pense pas, elle traduit des besoins en connaissances ». La connaissance scientifique consistera à revenir sans arrêt sur le déjà découvert.
Mettant l'accent sur la discontinuité dans le processus de la construction scientifique, Thomas Samuel Kuhn discerne des périodes relativement longues pendant lesquelles la recherche est qualifiée de « normale », c'est-à-dire qu'elle s'inscrit dans la lignée des paradigmes théoriques dominants, périodes pendant lesquelles de brefs et inexplicables changements constituent une véritable « révolution scientifique ». Le choix entre les paradigmes n'est pas fondé rationnellement. Cette posture implique que chaque paradigme permet de résoudre certains problèmes et, de là, les paradigmes seraient incommensurables.
Internalisme et externalisme
La vision internaliste ne prend en compte que l’histoire des idées scientifiques, de découverte en découverte, indépendamment de tout contexte : les savants sont un monde à part, qui progresse indépendamment du reste. La science se nourrit d’elle-même. Il est ainsi possible de comprendre l’histoire des sciences sans se référer au contexte historique, social, culturel. Dans cette vision l’important, ce sont les étapes de progression de l’histoire scientifique.
La vision externaliste rend au contraire la science dépendante de l’économie, de la psychologie, etc. Cela amène à des conséquences différentes suivant le contexte
Applications
Longtemps, l'épistémologie a porté exclusivement sur le contenu de la science, l'histoire de ce contenu, et la généalogie des avancées de ce contenu. La science en tant qu'institution humaine était laissée à d'autres disciplines, notamment à la sociologie. La question de la nature de la science se confondait alors avec celle de la nature de la connaissance scientifique. Mais Hervé Barreau signale que ce contenu de science ne se souciait pas de la différence entre connaissance commune et connaissance scientifique<ref name=":0">Modèle:Harvsp.</ref>. Il a fallu attendre le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle pour que la philosophie et l'épistémologie « manifestent la faiblesse des opinions et des croyances communes »<ref name=":0"/> afin que l'épistémologie se centre véritablement sur la connaissance scientifique.
D'autre part, les premières épistémologies ne posaient pas la question des capacités de la sensibilité et de l'entendement de l'être humain permettant la connaissance, pas plus que de l'origine de ces dites capacités. Hervé Barreau estime que c'est Kant qui est à l'origine de cette question ; Modèle:CitationModèle:Sfn.
Ensuite, est venue la question du passage de la connaissance commune, plus ou moins empirique, à la connaissance scientifique. Hervé Barreau évoque David Hume, mais retient surtout la psychologie du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle comme seule capable d'expliquer ce passage avec « des résultats acceptables ». « Husserl qui est le fondateur du mouvement phénoménologique […] a dénoncé [le fondement idéaliste] de la connaissance scientifique par la psychologie [c'est-à-dire par la subjectivité de l'apprenant] »<ref name=":2"/>. Ce sont les sciences cognitives qui sont actuellement en pointe dans ces explications.
L'épistémologie a ensuite épousé un courant « historique » avec l’avènement de la méthode historico-critique comme méthode directrice. « Les scientifiques commencent à produire des travaux en histoire [des sciences] et en philosophie des sciences [= l'épistémologie] »Modèle:Sfn. C'est cette méthode historico-critique susceptible d'être perpétuellement révisée et perfectionnée qui a été utilisée par Bachelard et CanguilhemModèle:Sfn.
Ces dernières décennies, certains courants de la sociologie (science studies notamment) ont réclamé un « droit de regard » sur ce contenu en analysant le contexte de production de science par la communauté scientifique, d'autre part certains épistémologues jugent nécessaire de porter attention aux dimensions concrètes de l'activité scientifique pour mieux comprendre l'avancement de la connaissance scientifique.
Le progrès des connaissances aidant, le nombre des sciences étudiées et le volume des réponses spécifiques rattachées à certaines sciences n'ont cessé d'augmenter. Une classification s'est mise en place autour d'une discipline « phare » dénommée la science spéciale qui porte les problématiques spécifiques par rapport à la science en général.
Acteurs épistémologues
Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, un double mouvement se dessine<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> :
- les philosophes (ontologues, épistémologues) [des sciences] se doivent de connaître les sciences sur lesquelles et à partir desquelles ils s'expriment,
- les « scientifiques qui ne mettent pas à jour leur philosophie [et l'histoire de leur discipline] contaminent leur science avec des philosophies moribondes ».
Guillaume Lecointre juge aujourd'hui nécessaire de rappeler aux chercheurs les termes du contrat tacite qui conditionne la possibilité de reproductibilité des expériences scientifiques<ref name=":02">Modèle:Ouvrage.</ref> :
- scepticisme initial sur les faits ;
- réalisme de principe ;
- matérialisme méthodologique ;
- rationalité [et logique].
Institutions
En France
En France, l'épistémologie a le statut institutionnel d'une discipline à part, distincte de la philosophie et de l'histoire : elle constitue ainsi la section 72 du CNU. Elle y occupe plusieurs dizaines de laboratoires, dont notamment l'IHPST<ref>Direction : P. Wagner.</ref>, le Centre de recherche en épistémologie appliquée, REHSEIS, le Centre François Viete, les Archives Henri Poincaré, le Centre Georges Canguilhem, l'Institut Jean-Nicod<ref>Direction : R. Casati.</ref>, le Centre Gilles Gaston Granger, l'IRIST, l'unité Savoirs et Textes, le GRS (Groupe de recherche sur les savoirs), qui regroupent des centaines de chercheurs, le CREA (Centre de recherche en épistémologie appliquée)<ref>Le laboratoire du CREA a été fermé en décembre 2011.</ref>, le CEP (Centre d'épistémologie et de physique)<ref>Direction : P. Binant.</ref> ou le Centre de recherches Alexandre-Koyré. Elle intéresse plus d'une vingtaine d'écoles doctorales et des sociétés savantes comme la Société de philosophie des sciences<ref>Présidente : F. Merlin.</ref> (dépendant de l'ENS Ulm) ou la SFHST ou des listes de diffusion comme Theuth. En 1987, une chaire d'Épistémologie comparative est créée au Collège de France pour Gilles Gaston Granger.
Auteurs de référence
Auteurs anciens
Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
Dictionnaires
- Modèle:Ouvrage,
- « Sciences » par Pierre Redondi,
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Catherine Chevalley, « Épistémologie » (article) Modèle:Plume
- Modèle:Ouvrage
- « Geisteswissenschaften (“sciences de l'esprit”) », Myriam Bienenstock, Modèle:P.
- « Philosophie de la nature (Naturphilosophie) », Gilles Marmasse, Modèle:P.
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage. Présentation de l'ouvrage chez l'éditeur Modèle:Lire en ligne
- Modèle:Ouvrage
- Entrée « Épistémologie », Modèle:P.
Articles connexes
Par champ scientifique Modèle:Colonnes
Liens externes
- Introduction à l'épistémologie par Yannis Delmas.
- Métaphore et connaissance par Jean-Jacques Pinto.