Charles Fourier

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2

Charles Fourier, né le Modèle:Date de naissance- à Besançon (Doubs) et mort le Modèle:Date de décès- à Paris, est un philosophe français, fondateur de l’École sociétaire.

Il était considéré par Karl Marx et Friedrich Engels comme une figure du « socialisme critico-utopique », dont un autre représentant fut Robert Owen. Plusieurs communautés utopiques, indirectement inspirées de ses écrits, ont été créées depuis les Modèle:Lnobr.

Biographie

Fichier:Maison natale Fourier.jpg
Maison natale de Fourier à Besançon, dans la Grand-Rue, à l’angle sud de l’ancienne ruelle Baron.

Fils de Marie Muguet<ref name="FVT">Modèle:Ouvrage.</ref>, femme pieuse et peu instruite, issue d’une famille de commerçants bisontins<ref name="SPFCF" /> et d'un notable de Besançon, négociant aisé<ref name="SPFCF">Modèle:Ouvrage.</ref>, possédant un magasin de draps ruelle Baron<ref>Actuellement à l’angle des rues Moncey et Grande-Rue à Besançon. Voir Modèle:Ouvrage.</ref>, mort en 1781. Il fait de bonnes études jusqu’à l’âge de Modèle:Nombre, chez les ecclésiastiques du collège de Besançon<ref name="FVT" />Modèle:Rp, montrant un grand goût pour la géographie, la floriculture et la musique<ref name="FVT" />Modèle:Rp. Désirant intégrer l’École royale du génie de Mézières, il ne peut y parvenir, faute d’être noble<ref name="FVT" />Modèle:Rp. Il fait donc, dès 1791, son apprentissage dans le commerce, à Rouen puis à Lyon<ref name="FVT"/>Modèle:Rp. Revenu à Besançon vers le commencement de 1793<ref name="FVT" />Modèle:Rp, il en part, après quelques mois, pour se rendre à Lyon, où il importera des denrées coloniales<ref name="FVT" />Modèle:Rp. Lors du siège de Lyon qui lui coûtera sa fortune, il combat avec les fédéralistes lyonnais<ref name="FVT" />Modèle:Rp, échappe à l’arrestation et revient à Besançon<ref name="FVT" />Modèle:Rp. Brièvement incarcéré<ref name="FVT" />Modèle:Rp, il est enrôlé, le Modèle:Date républicaine<ref name="FVT" />Modèle:Rp, au moment de la levée en masse<ref name="FVT"/>Modèle:Rp, dans le [[8e régiment de chasseurs à cheval|Modèle:8e de chasseurs à cheval]] pour passer dix-huit mois dans le Palatinat avec l’armée du Rhin. Démobilisé le Modèle:Date républicaine<ref name="FVT" />Modèle:Rp, il est obligé, malgré son aversion pour le commerce, de travailler comme commis-marchand ou commis-voyageur à Lyon sous le Consulat et l’Empire<ref name="FVT" />Modèle:Rp. Michelet a pu dire de lui : Modèle:Citation Cette affirmation se trouve exacte car c’est la ville où la misère ouvrière est la plus visible, et où l’on peut trouver une abondance de sociétés secrètes de réformateurs. Il a eu donc l’occasion d’observer cette réalité et de la détester<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Dans l’hiver de 1815-1816, il quitte Lyon pour se retirer dans le Bugey, chez ses nièces de Rubat, à Talissieu<ref name="FVT" />Modèle:Rp. Après s’être brouillé avec les Rubat, il résidera, de cette période jusqu’à 1820, chez une autre sœur, Modèle:Mme<ref name="FVT" />Modèle:Rp. Pendant ces quelques années, il mûrira sa découverte et élaborera les diverses branches de sa Théorie, la plupart de ses cahiers manuscrits ayant été rédigés dans cet intervalle de temps, aussi bien ceux restés inédits que ceux ayant servi à la composition du Traité de l'Association<ref name="FVT" />Modèle:Rp.

En 1808, il pose, dans son ouvrage Théorie des quatre mouvements et des destinées générales, qu’il poursuivit sous forme d’un grand traité dit de l’Association domestique et agricole<ref name="FVT" />Modèle:Rp, les bases d’une réflexion sur une société communautaire. Bien qu’inachevé, cet ouvrage monumental, auquel il avait consacré les six derniers mois de 1821 et les huit ou neuf premiers de 1822<ref name="FVT" />Modèle:Rp, est publié en 1822<ref name="FVT" />Modèle:Rp. En novembre 1822, il se rend à Paris avec une partie de l’édition de son livre, afin d’en activer la vente et de se tenir à la disposition des personnes qui pourraient avoir l’intention de faire l’essai de sa théorie d’Association industrielle. Cependant, l’ouvrage ne se vendit pas et les journaux n’en voulurent seulement pas faire mention<ref name="FVT" />Modèle:Rp. Pour suppléer à leur silence, qu’il attribuait à l’influence de la cabale philosophique, il se contraint, dans le but d’être mieux compris, à rédiger un résumé de sa théorie, intitulé Le Nouveau Monde industriel et sociétaire, paru en 1829, où il s’attache d’abord à convaincre les différentes classes de l’immense intérêt qu’avait chacune d’elles à l’expérimentation de la Théorie sociétaire, dont il présentait çà et là les aperçus qui lui semblaient les plus propres à faire impression sur les esprits<ref name="FVT" />Modèle:Rp. Il signale ensuite les aberrations de la critique arbitraire, la nécessité de lui donner un contrepoids, d’établir contre elle une institution de garantie dans l’intérêt du public comme dans celui des auteurs<ref name="FVT" />Modèle:Rp.

Un petit groupe de Bisontins s’est constitué autour de lui : Just Muiron dès 1814<ref name="FVT" />Modèle:Rp, Désiré Ordinaire, Adrien Gréa, Aimée et Félix Beuque, Clarisse Vigoureux, Victor Considerant (à partir de 1825). Le groupe des disciples, qui étaient une dizaine à la fin de la Restauration, s’étoffe, sous la monarchie de Juillet, avec par exemple Jules Lechevalier ou Abel Transon, et d’autres transfuges du saint-simonisme<ref name="FVT" />Modèle:Rp. Cette école publie Le Phalanstère<ref>Modèle:Lien web.</ref> en 1832. C’est alors qu’apparaissent les termes « fouriérisme » et « phalanstérien ».

En Modèle:Date, employé comme commis chargé de la correspondance ou de la comptabilité, dans une maison de commerce américaine, temporairement établie en France, il prend la résolution d’habiter désormais la capitale, de préférence à toute autre ville, parce qu’il espère y rencontrer plus aisément des personnes en position d’essayer sa Théorie<ref name="FVT" />Modèle:Rp. En 1826 et 1827, il emploie le temps que lui laissent ses fonctions à écrire l'Abrégé de sa Doctrine, paru deux ans plus tard sous le titre de Nouveau Monde industriel. À l’automne 1827, il quitte sa place et tente, vers la fin de l’automne, l’importation à Paris de vins franc-comtois<ref name="FVT" />Modèle:Rp.

Dans les dernières années de sa vie, Fourier connaît un début de notoriété, mais il reste un homme solitaire. Il collabore cependant à la rédaction du journal Le Phalanstère (1832-1834), et, en Modèle:Date, en réponse au premier écrit politique de Victor Hugo, Étude sur Mirabeau, il écrit : Modèle:Citation. Il publie en 1835 La Fausse Industrie.

De 1825 à 1835, Charles Fourier conviait tous les jeudis d'éventuels mécènes à dîner avec lui, pour leur exposer son projet de phalanstère et les convaincre de le financer. Une anecdote inventée ou propagée par Béranger dit qu'attendant désespérément un riche industriel aussi fortuné qu'enthousiaste, Fourier dîna finalement seul tous ces jeudis pendant dix ans<ref>Les Grands Économistes, Robert L. Heilbroner.</ref>.

Charles Fourier meurt célibataire à Paris le 10 octobre 1837 et est inhumé au cimetière de Montmartre à Paris.

Lieux de vie

Durant son séjour à Paris, de novembre 1822 à fin mars 1825, Charles Fourier loge d'abord 14, rue de Grenelle-Saint-Honoré, chez Monsieur Saussol, puis, en janvier 1823 à l'hôtel Saint-Roch, rue Neuve-Saint-Roch. De retour de Lyon, le 15 décembre 1825, il descend à l'hôtel de Hollande, 45, rue Richelieu où il reprendra un logement en mars ou avril 1829. Au printemps de 1832, il emménage 5, rue Joquelet, où sont établis les bureaux du journal Le Phalanstère. À partir du mois d'avril 1834, il occupe le logement 9, rue Saint-Pierre-Montmartre, où il décède le 10 octobre 1837<ref name="FVT" />.

Pensée

Modèle:Rédaction section

Fichier:Françoise Foliot - Jean Gigoux - Portrait de Charles Fourrier.jpg
Fourier vers la fin de sa vie.

La quête de Fourier est celle d’une harmonie universelle. Il présente sa théorie comme résultant d'une découverte scientifique dans le domaine passionnel, parachevant la théorie de la gravitation d'Isaac Newton dans le domaine matériel. Dans le cadre de cette théorie dite de l’Attraction passionnée, l’univers serait en relation avec les passions humaines, qu’il reflèterait. Ainsi Charles Fourier déclare possible de s'informer sur les situations passionnelles humaines en observant notamment les animaux et les plantes terrestres, et en appliquant à ces observations un raisonnement analogique dont il donne quelques clés.

Dans le cycle de l’humanité de Modèle:Nombre présenté par Charles Fourier, la huitième période qu’il considère comme la première phase d’Harmonie rompt avec le système de domination au profit d’un système d’association domestique et agricole.

Charles Fourier considère que l'attirance naturelle des humains pour l'activité et la vertu est totalement entravée et pervertie par le travail<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il souhaite valoriser le travail et le rendre plus attractif. Il n’est en aucun cas opposé au travail en tant que tel, mais l’est au sens que lui donne la société qu’il critique.

Marx et Engels voient dans sa pensée utopique une critique radicale de la société de leur temps. Sa pensée réside d'abord dans une critique acerbe de la société industrielle qu'il qualifie d'anarchie industrielle, puis celle de la société commerçante : à Marseille, Charles Fourier avait été obligé par son patron de jeter des sacs de riz à la mer afin d'en maintenir le prix.

Charles Fourier promeut plusieurs idées très innovantes dont la création de crèches, l'une des premières tentatives de libération de la femme.Modèle:Citation bloc

Par sa réflexion sur l’organisation du travail, sur les relations entre les sexes, entre l’individu et la société, il apparaît comme un précurseur et du socialisme et du féminisme français. Il est cité dans l'origine des termes féministe et féminisme.

Il crée le concept philosophique de la gastrosophie, une Modèle:Citation selon sa propre définition.

Il est aussi marqué par un certain antisémitisme, proposant par exemple de revenir sur l’émancipation des Juifs et de réglementer leur activité économique<ref>Laurent Joly, « Michel Dreyfus, L'antisémitisme à gauche. Histoire d’un paradoxe, de 1830 à nos jours, Paris, La Découverte, rééd. augmentée 2011, Modèle:Nb p. »., Modèle:ISBN, Revue d'histoire moderne et contemporaine, 2011/4 (Modèle:N°).</ref>.

Théorie de l’attraction passionnée

Il pose les premières bases d'une réflexion critique portant sur la société industrielle naissante et ses défauts les plus criants. Selon lui, pour faire cesser les vices de la société civilisée, il suffit de faire confiance aux indications données par l’Attraction passionnée, cette impulsion donnée par la nature antérieurement à la réflexion et persistante malgré l’opposition du devoir, du préjugéModèle:Etc.

Charles Fourier estime que l’attraction passionnée s’exprime en chaque être humain par l’intermédiaire de douze aiguillons. Il appelle ces aiguillons les douze passions radicales. Le libre essor de celles-ci conduit à satisfaire le besoin d’unité, ou unitéisme, gage de l’harmonie universelle des humains entre eux et avec la nature. Il distingue ainsi :

  • cinq passions sensuelles, tendant à épanouir les cinq sens physiologiques ;
  • quatre passions affectives, tendant à former spontanément des groupes : ambition, amitié, amour, famillisme ;
  • trois passions organisatrices, tendant à harmoniser entre elles les neuf précédentes : cabaliste ou goût de l’intrigue et du calcul, papillonne ou goût du changement, composite ou goût pour l’assemblage des plaisirs des sens et de l’âme qui engendre l’exaltation.

Phalanstère

Un phalanstère<ref>Phalanstère, du grec Modèle:Lang (formation militaire rectangulaire) et Modèle:Lang (solide).</ref> est un ensemble de bâtiments à usage communautaire qui se forme par la libre association et par l'accord affectueux de leurs membres. Pour Charles Fourier, les phalanstères formeront le socle d'un nouvel État.

Dans sa théorie, Modèle:Citation, (les mineurs, pour Fourier, appartiennent à un troisième sexe, un sexe Modèle:Citation).

Constitution

Fourier classe hommes et femmes en Modèle:Nombre. Ces catégories correspondent à autant de passions, sous-passions, sous-sous-passionsModèle:Etc., différentes. Il propose donc ces sociétés idéales composées d'une phalange de Modèle:Nombre de tous âges, nommées phalanstères, où chacun œuvre selon ses affinités, tout en accordant une place particulière à l'agriculture, ainsi qu'aux arts et aux sciences.

Bâtiments

Fichier:Houghton Soc 860.05 - Fugère, phalanstère.jpg
Vue perspective d'un phalanstère.

Le phalanstère est une sorte d'exploitation agricole avec des bâtisses pour le logement et l'amusement, pouvant accueillir Modèle:Nombre au milieu d'un domaine de Modèle:Nombre<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> où l'on cultive les fruits et les fleurs avant tout. Fourier décrira à loisir les couloirs chauffés, les grands réfectoires et les chambres agréables.

Destiné à abriter Modèle:Unité formant une Phalange<ref>Modèle:Article.</ref>, le phalanstère est un bâtiment de très grande taille : une longueur de Modèle:Unité, soit environ Modèle:Unité, à comparer aux Modèle:Unité du château de Versailles ; une surface occupée Modèle:Incise d'environ Modèle:Unité carrés ; des arcades, de grandes galeries facilitant les rencontres et la circulation par tous les temps ; des salles spécialisées de grande dimension (tour-horloge centrale, bourse, opéra, ateliers, cuisines) ; des appartements privés et de nombreuses salles publiques ; des ailes réservées au « caravansérail » et aux activités bruyantes ; une cour d'honneur de Modèle:Dunité, dans laquelle tiendrait la grande galerie du Louvre ; une cour d'hiver de Modèle:Unité de côté (à comparer aux Modèle:Unité de la place des Vosges) plantée d'arbres à feuillage persistant ; des jardins et de multiples bâtiments ruraux…

Voici une description du phalanstère idéal faite par Victor Considerant, l’un des plus fervents disciples de Fourier. Elle est tirée de la brochure « Description du phalanstère et considérations sociales sur l'architectonique »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> publiée en 1846 : Modèle:Citation bloc

Organisation du travail

Modèle:Section à sourcer Chaque individu œuvre dans de multiples groupes fréquentés successivement dans la journée. Les groupes principaux sont appelés des séries, constituées de gens « réunis passionnément par identité de goût pour quelque fonction »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. L'intégration dans le groupe est réalisée en toute liberté et par choix réciproque.

Grâce à l’abondance générée par le libre cours laissé à la productivité naturelle des humains, le Phalanstère est un lieu de vie luxueux, et en même temps l’unité de base de la production. En Harmonie, l’industrie manufacturière est subordonnée à l’agriculture, elle-même réalisée en lien avec les cultures et passions locales. L’ensemble immobilier est ainsi placé dans un décor champêtre bigarré et entrelacé, en raison de la recherche du meilleur terroir pour chaque espèce cultivée. Charles Fourier nomme une telle organisation agricole l’ordre engrené pour le distinguer de l’ordre massif, celui de l’agriculture traditionnelle qui présente cultures et forêts en grandes masses séparées.

Plus loufoques, certaines innovations devaient être réalisées : des hommes chevauchant des poissons pour se déplacer, des fontaines naturelles de limonade…

La planète est librement et constamment parcourue par de grandes bandes composées principalement de jeunes hommes et femmes, accompagnés d’adultes d’âge mûr passionnés d’aventure. Ils assurent les travaux d’ampleur exceptionnelle, et leurs passages successifs dans les phalanstères de la planète suscitent en particulier les intrigues amoureuses qui rendent la vie en harmonie digne d’être vécue. Logés au dernier étage dans les caravansérails, ils sont nourris par les phalanstériens avec les mets et préparations très gastronomiques que l’organisation en séries passionnées permet de produire en grande quantité et sans effort. Les fêtes se succèdent pendant le séjour, avec des spectacles hauts en couleur dont l’excellence est rendue possible par l’importance donnée aux arts de la scène, à la chorégraphie et à la gymnastique dans l’éducation dès le plus jeune âge. À ce sujet, il imagine même qu'à intervalles réguliers, de grands écrivains viendront au monde pour exalter la réussite de cette communauté.

Dans un phalanstère, les journées d’activité sont longues, les nuits sont courtes. Les phalanstériens ne connaissent pas la fatigue due à la monotonie des tâches, au non-respect des rythmes naturels, aux dissensions résultant de l’absence de choix des compagnons de production et à la hiérarchie non fondée sur le talent. Bien au contraire, s’activer successivement dans de nombreux groupes passionnés est une joie de tous les jours, qui conduit la vieillesse à être belle et attirante. Ainsi la considération et l’affection des plus jeunes lui échoient-elles naturellement.

Rétribution

Chacun y est rétribué après répartition des dividendes annuels du phalanstère d'abord entre les séries, puis entre les groupes qui les composent. Vient ensuite la répartition entre les individus. La méthode est identique pour chaque échelle : le montant dépend du rang occupé dans le phalanstère. Ce rang est déterminé selon divers critères, appliqués à l’intérieur de trois classes : nécessité, utilité et agrément. Ce n’est pas la valeur marchande des produits qui entre en ligne de compte, mais leur capacité à susciter le désir de produire, et leur potentiel d'harmonisation du phalanstère (mécanique d'attraction et d'harmonie).

La répartition entre l'intérêt individuel et l'intérêt collectif se réalise équitablement grâce à l’existence d'intérêts croisés, du fait même de la participation de chaque individu à de nombreux groupes (effet du libre essor de la passion du changement, la papillonne). Les dividendes attribués au groupe sont ensuite répartis entre les individus qui le composent, en prenant bien soin de s'appuyer sur la cupidité en premier (accord direct), afin que la générosité (accord indirect) puisse s’exprimer ensuite. Sont ainsi constitués trois lots, 5 à 6/12e pour le travail, 4/12e pour le capital et 2 à 3/12e pour le talent (lot dont sont exclus les novices).

Les dividendes ainsi perçus viennent en positif sur le compte de chaque individu (et non de chaque famille, les enfants étant émancipés dès l'âge de Modèle:Nombre). Sur ce compte sont inscrits en négatif le revenu minimum annuel garanti à chacun dès l'âge de trois ans révolus, et le coût des biens et services qu’il a obtenus du phalanstère au cours de l’année (costumes, repas, autres fournitures et services…). Le solde positif n'est donc distribué qu’en fin d’année, et seulement à leur majorité pour les mineurs.

Les quatre pommes

Fourier voit un jour dans un restaurant parisien un client dont la légende<ref name=":0">Modèle:Ouvrage.</ref> veut qu'il s'agisse du gastronome Brillat-Savarin, son beau-frère<ref name=":1">Modèle:Ouvrage.</ref>, payer une pomme Modèle:Nombre alors qu'à Rouen, d'où lui-même vient d'arriver, cette somme permettait d'en acheter une centaine. Pour lui, une telle distorsion des prix révèle un Modèle:Citation qui condamne toute société fondée sur l'échange monétaire et la concurrence<ref name=":0" />,<ref name=":1" />.

Ce constat lui inspire l'idée des quatre pommes qui jalonnent l'histoire de l'humanité<ref name=":0" /> :

  • celle qu'Ève offrit à Adam ;
  • celle que Pâris offrit à Aphrodite ;
  • celle qu'Isaac Newton reçut sur la tête en dormant ;
  • et la quatrième, la sienne, la pomme de Fourier, qui lui révéla la nocivité du commerce et, en même temps, symbole de l'attraction des passions humaines<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Critique de la Révolution de 1789

Ce précurseur d'un socialisme coopératif ne sera pas un révolutionnaire, détestant tout particulièrement la violence consubstantielle à cette Révolution qu'il rejette en bloc et l'austérité qu'elle a entraînée. Selon lui, le mal est là dès 1789 qui a détruit les liens sociaux en voulant recomposer une révolution d'individus libres et égaux : la liberté n'est qu'un leurre et l'harmonie sociale qui résulte de la diversité est préférable à l'égalité. Il faut ajouter qu’en 1793, lorsque les troupes de la Convention assiègent Lyon, les habitants pillent l’épicerie de Fourier afin de subvenir aux besoins de la ville<ref name="FVT" />Modèle:Rp. Celui ci doit ensuite fuir la ville, car étant soupçonné de sentiments contre-révolutionnaires<ref name="FVT" />Modèle:Rp. Il ne reviendra que quelques années plus tard. Cet épisode a donc nourri sa peur et sa haine de la Révolution<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Cependant, à la différence des traditionalistes, la communauté dont il rêve est le produit de la volonté des hommes, si bien que paradoxalement, il reproche aux révolutionnaires de n'avoir pas été assez radicaux, notamment pour n'avoir pas fondé une religion<ref>Sous la direction de Jean-Clément Martin, Dictionnaire de la Contre-Révolution, Yann Fauchois, « Fourier, Charles », Paris, Perrin, 2011, Modèle:P..</ref>.

Réalisations

Dans sa vie, Charles Fourier lança plusieurs appels au mécénat auxquels personne ne répondit. Les phalanstères qui furent construits après sa mort ne reprirent pas l’ensemble de ses idées, oubliant pour la plupart tout ce qui était contraire à la morale (polygamie, libertinageModèle:Etc.).

Les phalanstères ont fait l'objet de nombreuses tentatives d'application en France et aux États-Unis au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, mais à l'exception notable du familistère de Guise et de celui de Bruxelles, toutes ont échoué plus ou moins rapidement. Mais après 1968, l'idée a stimulé certaines initiatives, notamment la communauté de Longo Maï en Provence.

  • Le premier essai, qui eut lieu trois ans avant la mort de Fourier, en 1833 à Condé-sur-Vesgre se solda par un échec total. C’est le député Baudet Dulary qui, convaincu par Fourier, offrit Modèle:Nombre pour la création d’une communauté. Victor Considerant, l’un des plus fervents disciples de Fourier, organisa la construction de fermes, d’ateliers et de briqueteries et en automne, c’est Modèle:Nombre qui vinrent participer à la communauté. À la fin de l’hiver, il n’en reste plus que 200, les autres étant parties à cause de l’insalubrité des constructions et du froid. Au début de l’année 1834, les lieux sont abandonnés.
  • En Modèle:Date, à Cîteaux, la féministe belge Zoé de Gamond, après avoir écrit Réalisation d’une commune sociétaire d’après la théorie de Charles Fourier et avec l’aide d’Arthur Young, un disciple fortuné, créa une nouvelle communauté. Différentes vagues de colons s’y succédèrent, mais elle sera abandonnée en mars 1846 parce que la production n’assurait pas la survie de tous les copropriétaires.
  • Toujours en 1841, le docteur homéopathe Benoît Jules Mure négocia avec le gouvernement brésilien afin d’obtenir une concession territoriale sur la presqu'île de Saí (anciennement « Sahy »), dans l’État de Santa Catarina, pendant que les ouvriers Jumain et Michel Derrion fondèrent sur la rive nord de la baie de Babitonga, à l'embouchure du canal du Palmital, une nouvelle Union Industrielle. Ces deux tentatives se terminèrent rapidement, faute de moyens et de colons.
  • Le Modèle:Date-, un groupe d’avocats, de médecins, d’ingénieurs et d’officiers fouriéristes de Lyon et de Franche-Comté fondèrent l’Union Agricole d’Afrique à Saint-Denis du Sig, en Algérie. La rigueur militaire du règlement dissuada beaucoup de colons et cet essai se changea rapidement en une société normale basée sur le salariat.
  • Aux États-Unis, c’est Albert Brisbane, un disciple américain de Fourier ayant étudié en Europe<ref>Albert Brisbane a rencontré le philosophe français Victor Cousin à la Sorbonne ou encore le philosophe allemand Hegel à l’université de Berlin.</ref> qui propagea ses théories. Il publia en 1840 à Philadelphie un ouvrage de vulgarisation des théories fouriéristes, Modèle:Lang qui eut beaucoup de succès. Malgré le nombre élevé de Modèle:Lang américaines, il reste peu de documents d’époque. On peut toutefois citer comme d’inspiration fouriériste la communauté agricole de Modèle:Lang fondée par des artisans de Brooklyn en 1842 qui dura quelques mois, la communauté fouriériste évangélique de Northampton fondée par le révérend William Adams en 1843 qui dura six ans, la communauté de Brook Farm fondée en 1841 près de Boston par George Ripley qui dura six ans, la Modèle:Lang fondée en 1843 par Brisbane et Greeley et composée d’environ Modèle:Nombre qui dura treize ans ou encore la communauté Topolobampo, fondée par un ingénieur pennsylvanien dans la baie d’Ogüira sur la côte nord-ouest du Mexique, qui dura jusqu’en 1895.
    Fichier:Familistère-guise.jpg
    Intérieur du familistère, Guise. Carte postale.
  • Après la révolution de 1848, Victor Considerant, qui propageait toujours les théories fouriéristes en Europe, dut s'exiler en Belgique parce qu’il s’était opposé au rétablissement temporel du pouvoir papal. Il rencontra Brisbane qui le décida à fonder en Modèle:Date la communauté Reunion à Dallas, au Texas. Après que Considerant eut publié son appel Au Texas<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, nombre de colons français vinrent s'établir à Reunion. Mais la mauvaise qualité de la terre et le manque d'expérience agricole des colons, artisans pour la plupart, aboutirent à un échec. Victor Considerant déserta la colonie pour s'établir à San Antonio.
  • À Guise (dans l'Aisne), Jean-Baptiste Godin a conduit, dans la seconde partie du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, une expérience de familistère partiellement inspirée du phalanstère.

Hommages

Fichier:Fourrier1.jpg
Émile Derré, Monument à Charles Fourier (1899), Paris, boulevard de Clichy (œuvre détruite).

Monument du boulevard de Clichy

Une souscription populaire permit l'érection du Monument à Charles Fourier, réalisé par Émile Derré (1867-1938). Situé boulevard de Clichy, à Paris, il fut inauguré en Modèle:Date par son disciple Jean-Adolphe Alhaiza<ref>Modèle:Article Article détaillé sur l’événement.</ref>.

La statue en bronze a été envoyée à la fonte par l'occupant allemand sous le régime de Vichy. Seul le piédestal en pierre est resté en place.

Le Modèle:Date-, lors d'une grève générale, une réplique en plâtre de la statue est mise en place par un groupe libertaire et situationniste, les « Enragés », puis enlevée le surlendemain par les services techniques de la préfecture<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Le piédestal a été réutilisé le Modèle:Date- pour l'installation de La Quatrième Pomme, œuvre de Franck Scurti, une sculpture contemporaine en inox représentant la dernière des [[#Les quatre pommes|Modèle:Citation]] selon Fourier, c'est-à-dire la sienne<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Œuvres

Sources

Bibliographie

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Articles connexes

Liens externes

Bases de données et dictionnaires

Modèle:Liens

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