Hilotes

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Dans la Grèce antique, les Hilotes ou Ilotes (en grec ancien Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue) sont une population autochtone de Laconie et de Messénie asservie aux Spartiates, qu'ils font vivre. Leur statut s'apparente à celui des serfs du Moyen Âge : attachés à la terre, ils sont la propriété de l'État lacédémonien. Ils ne sont donc pas des esclaves-marchandises, qui existent par ailleurs mais qui sont plutôt rares. L'hilotisme se rencontre également dans d'autres sociétés grecques, comme la Thessalie, la Crète ou la Sicile<ref>Moses Finley, « Sparte » dans Jean-Pierre Vernant (s. dir.), Problèmes de la guerre en Grèce ancienne, 1999 (Modèle:1re 1968), Modèle:P.208.</ref>.

Origine des hilotes

Le nom viendrait, selon une partie de la tradition<ref>Hellanicos, frag. 188 J.</ref>, de la bourgade d'Hélos (Modèle:Grec ancien), située au sud de Sparte. Pausanias déclare ainsi : Modèle:Citation<ref>Modèle:Méta-modèle source{{#if: |Modèle:Espace« {{{référence}}} »|}}, III, 20, 16.</ref>. Le nom aurait donc désigné, à l'origine, une simple tribu de l'ethnie dorienne, mais cette explication est peu plausible sur le plan historique, et impossible sur le plan phonétique<ref>Modèle:DicChan, Modèle:S.v.Modèle:Grec ancien, Modèle:P..</ref>. On a donc proposé de rattacher le mot à Modèle:Grec ancien, infinitif de Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue, Modèle:Citation, et d'ailleurs certains auteurs antiques ne considèrent pas le mot comme un simple ethnonyme, mais bien comme un nom commun à connotation servile. Antiochos de Syracuse écrit ainsi : Modèle:Citation<ref>Frag. 13, conservé par Modèle:Méta-modèle source, VI, 3, 2.</ref>, tandis que Théopompe note : Modèle:Citation<ref>Frag. 122, conservé par Modèle:AthDei, VI, 265 b–c.</ref>. Cette explication est là encore douteuse : le nom est sans étymologie sûre<ref>Pierre Chantraine, ibid., approuvé par Ducat [1990], p. 10.</ref>.

Il est certain qu'une partie de l'hilotisme est issu de la conquête : c'est le cas des Messéniens, réduits au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle par les guerres de Messénie. Hérodote, d'ailleurs, appelle les hilotes « Messéniens ».

Pour ce qui est des premiers hilotes, la situation est moins claire. Selon la tradition (Théopompe), ils seraient les descendants des habitants initiaux, Achéens, que l'arrivée des Doriens a soumis. Mais tous les Achéens n'ont pas été réduits à l'hilotisme : ainsi, la ville d'Amyclées, théâtre des Hyacinthies, jouit d'un statut privilégié. D'autres auteurs antiques proposent des théories alternatives : selon Antiochos de Syracuse, les hilotes sont à l'origine les Lacédémoniens qui n'ont pas participé aux guerres de Messénie. Pour Éphore de Cumes, ce sont des périèques de Hélos, révoltés puis réduits à l'esclavage. L'historiographie moderne privilégie la thèse d'Antiochos de Syracuse.

Le système hilotique

Statut

Le statut juridique des hilotes est complexe. Ils ne sont pas libres et ne possèdent aucun droit politique : ils sont donc comparables de ce fait aux esclaves-marchandises, auxquels le reste de la Grèce recourt abondamment. Au reste, nombreux sont les auteurs antiques, Grecs ou Romains, qui appellent simplement douloi ou servi les hilotes, sans se montrer toujours bien conscients de leur statut particulier. En effet, les hilotes sont attachés à une terre, ce qui les rapproche du serf médiéval.

En théorie, ils appartiennent à l'État et sont attachés à un lot de terre, le Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue (« lot, héritage »). Le citoyen à qui ce kleros est dévolu ne peut ni affranchir les hilotes qui y sont attachés, ni les vendre à l'étranger. Néanmoins, il existe une forme de propriété individuelle : les citoyens se prêtent entre eux les hilotes pour dépanner, par exemple à la chasse, au même titre qu'on se prêterait chiens ou chevaux — « pour ainsi dire comme des biens propres », comme le dit Aristote<ref>Politique, II, 5, 1263 a 35-37.</ref>. On peut dire que la cité a la nue-propriété des hilotes, tandis que le citoyen en a l'usufruit.

Hilotes et kleros

Le kleros, portion de terre allouée à chaque Spartiate et cultivée par les hilotes, devait permettre à chaque citoyen de payer son écot. S'il s'en révélait incapable, il était exclu de la syssitie<ref>Aristote, Politique, II, 9.</ref> et perdait donc la citoyenneté.

Les hilotes sont attribués à des citoyens pour effectuer le travail du kléros attribué à ce citoyen, ou encore les tâches domestiques. Les sources évoquent en effet souvent les serviteurs accompagnant tel ou tel Spartiate. Plutarque<ref>Modèle:Méta-modèle source{{#if: |Modèle:Espace« {{{référence}}} »|}}, Vie d'Agésilas, III, 1.</ref> montre Timaïa, femme du roi Agis II, conversant avec des femmes hilotes, ses servantes. Visiblement, elle leur accorde une certaine confiance, puisqu'elle leur confie, alors qu'elle est enceinte, que le père de l'enfant est son amant Alcibiade, et non son mari légitime. Au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, les citoyens emploient également des esclaves-marchandises à cette fin. Certains hilotes servent également comme serviteurs des jeunes Spartiates, pendant l'éducation spartiate. Ce sont les Modèle:Grec ancien / móthônes (cf. ci-après). Les hilotes peuvent être artisans.

Ils doivent donner une part de leurs récoltes (Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue). Ce montant est, selon Plutarque, de 70 médimnes (19 qx) d'orge pour un homme, 12 médimmes pour une femme, ainsi que de l'huile et du vin, ce qui correspond à une part raisonnable pour entretenir un guerrier et sa famille, ou une veuve. Un passage de Tyrtée, cité par Pausanias<ref>Modèle:Méta-modèle source{{#if: |Modèle:Espace« {{{référence}}} »|}} IV, 14, 4–5.</ref>, conteste l'existence de l’apophora, et parle de la moitié des revenus de la terre reversée aux maîtres. Il s'agit cependant de la situation peu de temps après la première guerre de Messénie, ce qui explique sans doute des conditions plus sévères.

Après paiement du tribut, il reste souvent à l'hilote de quoi vivre correctement : les terres de Laconie et de Messénie sont très fertiles, et permettent souvent deux récoltes. Certains peuvent même arriver à une forme d'aisance : en 223 av. J.-C., 6 000 hilotes achètent leur liberté contre Modèle:Nobr drachmes chacunModèle:Source insuffisante, somme assez considérable. Cependant, des mesures sont prises par les Spartiates pour éviter que leurs hilotes ne s'enrichissent.

Démographie

Les hilotes vivent en famille et ne peuvent contracter d'union qu'entre eux. Ceci constitue déjà un réel avantage par rapport aux esclaves-marchandises, dont ni le mariage ni les liens de famille ne sont reconnus légalement. Les hilotes sont donc beaucoup moins susceptibles de voir leur famille séparée. En conséquence, les hilotes peuvent se reproduire, contrairement au reste des esclaves dans l'Antiquité. Leur nombre, probablement assez important au départ, va donc en augmentant — et ce, malgré la kryptie et autres massacres d'hilotes, ou les pertes dues à la guerre. Parallèlement, la population des pairs (citoyens spartiates), elle, ne cesse de régresser.

L'absence de recensement ne permet pas de connaître leur nombre de manière certaine, mais des estimations sont possibles. Selon Hérodote<ref>Modèle:HérEnq, IX, 28–29.</ref>, les hilotes sont sept fois plus nombreux que les Spartiates lors de la bataille de Platées, en 479. Au moment de la conspiration de Cinadon, au tout début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, on peut compter sur l'agora Modèle:Nobr pairs sur un total de 4 000 personnes<ref>Modèle:Méta-modèle source, III, 3, 5.</ref>. À ce moment-là, la population totale des hilotes est estimée entre 170 000 et 224 000 personnes, femmes comprises<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} P. Cartledge, Agesilaos and the Crisis of Sparta, Johns Hopkins University, Londres, 1994, Modèle:P..</ref>.

Attendu que la population des hilotes ne peut croître de manière exogène (par l'achat ou la prise de guerre), elle ne peut compter que sur sa propre reproduction. Les hilotes y sont incités par les Spartiates eux-mêmes, qui mettent en œuvre pour leurs esclaves un eugénisme comparable à celui qu'ils s'imposent à eux-mêmes. En effet, selon la croyance grecque de l'époque, les caractères acquis sont hérités de même que les caractères héréditaires. Lors de la kryptie, les hilotes les plus forts constituent la cible première des kryptes : il s'agit de sélectionner les hilotes les plus mous, donc jugés les plus dociles.

Qui plus est, les Spartiates utilisent les femmes hilotes comme un moyen de subvenir aux besoins de l'État en ressources humaines : les bâtards (nothoi) issus de père spartiate et de mère hilote possèdent un rang intermédiaire dans la société lacédémonienne (les mothakes et môthones) et grossissent les rangs de l'armée civile. Il est difficile de savoir si ces naissances résultent de liaisons volontaires (au moins de la part du père) ou d'un programme mis en œuvre par l'État. Néanmoins, il est probable que les filles issues de telles unions, ne servant aucun but militaire, aient été exposées à la naissance<ref>J. Tregaro, « Les bâtards spartiates », in Mélanges Pierre Lévêque, 1993.</ref>.

Affranchissement

Selon Myron de Priène<ref>Cité par Modèle:AthDei, VI, 271 f.</ref>, l'affranchissement d'hilotes est « fréquent » (Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue). Le texte suggère qu'il s'agit de libération à la suite d'un service dans l'armée. La première référence explicite à ce recours aux hilotes figure chez Thucydide<ref>La Guerre du Péloponnèse, IV, 26, 5.</ref>, à l'occasion des événements de Sphactérie, alors que Sparte doit ravitailler ses hoplites assiégés sur l'île par les Athéniens : Modèle:Citation bloc

Selon Thucydide, l'appel reçoit un certain succès auprès des hilotes, qui parviennent effectivement à faire passer des vivres aux assiégés. Néanmoins, il ne précise pas si les Spartiates tiennent ou non parole. Il est possible que certains des hilotes exécutés ensuite aient fait partie des volontaires de Sphactérie.

Le second appel est proclamé pendant l'invasion de la Laconie par les Thébains. D'après Xénophon<ref>Les Helléniques, VI, 5, 28.</ref>, les autorités s'engagent à affranchir tout hilote acceptant d'être incorporé. Il estime à 6 000 le nombre de ceux qui acceptent, et précise que ce nombre a plongé les Spartiates dans l'embarras.

De même, en 424, les Modèle:Nobr hilotes qui ont servi Brasidas en Chalcidique sont affranchis. On les appelle alors les « Brasidéiens ». Il est aussi possible de devenir libre en achetant sa liberté, ou encore en subissant l'éducation spartiate. De manière générale, les hilotes affranchis portent le nom de « néodamodes » (Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue) : ceux-ci rejoignent le Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue des Périèques.

Moses Finley souligne que le recours aux hilotes pour servir d'hoplites constitue un grave défaut du système. En effet, la base du système hoplitique est un entraînement strict afin de maintenir les rangs dans la phalange. Les Spartiates eux-mêmes sont des hoplites renommés en raison de leur habileté manœuvrière, résultat d'un entraînement permanent. Outre cet aspect militaire, le fait de servir comme hoplite est caractéristique du citoyen grec. Introduire des hilotes dans la phalange ne peut donc qu'engendrer des troubles sociaux.

Un cas à part : les mothakes et les mothônes

Phylarque<ref>Cité par Athénée, VI, 271 e.</ref> évoque une classe d'hommes, à la fois libres et non-citoyens : les Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue, ayant pour caractéristique d'avoir subi l’agôgè, l'éducation spartiate. L'historiographie classique s'accorde à reconnaître que les hilotes formaient une grande partie de ces mothakes. Cependant, cette catégorie pose de nombreux problèmes, au premier rang duquel le vocabulaire.

Les auteurs antiques emploient plusieurs noms pour évoquer une réalité qui semble similaire :

La situation est compliquée par une glose d'Hésychios d'Alexandrie affirmant que les mothakes sont des enfants esclaves (Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue) élevés en même temps que les fils des citoyens. Les philologues résolvent le problème de deux façons :

Quoi qu'il en soit, il semble que la conclusion doive être prudente :

  • les mothônes sont les jeunes serviteurs chargés d'accomplir les tâches domestiques pour les jeunes Spartiates au cours de leur éducation (Aristote, Politique, I, 633 c), ils restent esclaves une fois devenus adultes ;
  • les mothakes sont un groupe de naissance libre indépendant des hilotes.

Peur et humiliations

« Le mépris des hilotes »

Fichier:Musée des Augustins - 2016-12-18 - L'Education à Sparte - 3411.jpg
Hilote ivre. Luigi Mussini, L’Éducation à Sparte, 1869, Musée Ingres.

Cette expression de Jean Ducat traduit l'autre grande originalité des hilotes, parmi les populations serviles grecques : ils sont maltraités de manière rituelle. Les sources sur ce point sont abondantes, et détaillées.

Myron de Priène<ref>Cité par Modèle:AthDei, XIV, 657 d.</ref> détaille les humiliations auxquelles ils sont soumis : ils doivent porter une casquette en peau de chien (Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue) et une peau de mouton (Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue) pour les distinguer des autres. On sait la symbolique que le chien avait chez les Grecs : un animal servile et veule. Tous les ans, les hilotes sont rituellement fouettés, sans autre raison que leur rappeler leur servitude — il semble néanmoins que seule une petite partie d'entre eux, représentant symboliquement l'ensemble, était fouettée.

Plutarque<ref>Vie de Lycurgue, 28, 8-10.</ref> indique également qu'on les forçait à boire du vin pur (considéré alors comme dangereux) pour s'enivrer, et à danser de manière grotesque devant les jeunes Spartiates, lors des syssities (banquets obligatoires). Inversement, les Thébains demandèrent à un groupe d'hilotes prisonniers de réciter des vers héroïques des poètes nationaux, Alcman et Terpandre : les hilotes refusèrent, déclarant que leurs maîtres ne le leur permettraient pas.

Qui plus est, quand les éphores entrent en fonction, c'est-à-dire tous les ans, ils déclarent systématiquement la guerre aux hilotes<ref>Aristote cité par Plutarque, Vie de Lycurgue 28, 7.</ref>, ce qui permet aux Spartiates de tuer ces derniers sans encourir de souillure religieuse. La plupart du temps, on utilise pour ce faire les kryptes, les jeunes qui passent la difficile épreuve de la kryptie. En 425 av. J.-C., 2 000 hilotes sont ainsi massacrés au terme d'une mise en scène soigneusement préparée. Thucydide<ref>La Guerre du Péloponnèse, IV, 80.</ref> écrit ainsi : Modèle:Citation bloc

Myron de Priène indique également que les hilotes devenus trop gras étaient mis à mort, et que leurs maîtres étaient frappés d'une amende pour les avoir laissé grossir.

Nuances

L'image que suggèrent les textes est unanime : les hilotes sont rituellement humiliés et torturés psychologiquement. Néanmoins, ce tableau mérite quelques nuances.

D'abord, l'habillement : la diphthera était de manière générale un vêtement de travailleur pauvre porté également par des hommes libres à Athènes. Ainsi, dans Les Nuées d'Aristophane, c'est le vêtement de Strepsiade. De même, le mot [[Kunée|Modèle:Grec ancien]] / Modèle:Langue est utilisé dans la littérature grecque, spécialement chez Homère dans l'Iliade, pour désigner un casque. À Athènes, ou dans l’Odyssée<ref>Modèle:Méta-modèle source, XXIV, 231.</ref>, il désigne aussi un bonnet de cuir ou de peau.

Ensuite, l'obligation faite aux maîtres d'empêcher leurs hilotes de grossir paraît assez inapplicable : les Homoioi vivant à part, comment auraient-ils pu contrôler l'alimentation de ces derniers ? En outre, les hilotes étant utilisés pour leur force de travail (par exemple pour porter les armes de leur maître à la guerre), ils devaient sans doute être correctement nourris. Nous savons par Thucydide<ref>La Guerre du Péloponnèse, IV, 6, 1.</ref> la teneur des rations alimentaires que les Spartiates firent parvenir à leurs hoplites assiégés sur Sphactérie : deux chélices de farine d'orge, deux kotyles de vin et une quantité non précisée de viande. Nous savons également que les hilotes percevaient quant à eux une demi-ration. Sachant qu'un chélice attique correspond à Modèle:Nobr g, des calculs<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} L. Foxhall et H. A. Forbes, « Sitometria: The Role of Grain as a Staple Food in Classical Antiquity », in Chiron no 12, 1982, Modèle:P..</ref> ont montré qu'une telle quantité de farine d'orge est loin d'être misérable : elle correspond à 81 % des besoins nutritionnels d'un homme moyennement actif, suivant les normes de la FAO. Sachant que les combats avaient cessé au moment décrit par Thucydide, et que la farine était complétée par un peu de viande et de vin, la ration était donc à peu près normale<ref>Ducat [1990], Modèle:P..</ref>. Qui plus est, le fait même de prévoir une sanction pour les maîtres n'empêchant pas leurs hilotes de grossir laisse supposer que la chose était possible<ref>Lévy, op. cit., Modèle:P..</ref>.

Mesures de sécurité

Cette haine des Spartiates pour leurs hilotes vient en fait d'une peur réciproque : les Spartiates, en petit nombre par rapport à leur population servile, craignent que les hilotes ne cherchent à les détruire, c'est pour cela qu'ils les maltraitent. Selon la tradition, les Égaux se déplacent toujours avec leur lance, défont chez eux la courroie de leur bouclier de peur qu'un hilote ne s'en empare, et s'enferment dans leur maison<ref>Critias, frag. B37.</ref>. Thucydide résume ainsi cette situation : Modèle:Citation<ref>La Guerre du Péloponnèse, IV, 80, 3. Traduction de Jean Ducat.</ref>.

Les révoltes hilotiques

Les hilotes ne sont pas résignés à leur sort et constituent ainsi, par leur nombre, un facteur d’insécurité pour les Spartiates. Mais malgré les vicissitudes dont ils sont victimes, les hilotes, tout au long de leur histoire, se sont rarement révoltés.

Le complot de Pausanias

La première tentative de révolte des hilotes rapportée de manière historique par Thucydide, est celle suscitée par le général Pausanias au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle : Modèle:Citation bloc

Ces intrigues ne poussent pourtant pas les hilotes à la révolte : Thucydide rapporte même, au contraire, que quelques-uns dénoncent Pausanias. Sans doute les promesses de Pausanias sont-elles trop généreuses pour être crédibles. Brasidas, lui, ne s'était engagé qu'à affranchir les hilotes volontaires, et non à en faire des citoyens.

Le massacre du Ténare

Le massacre du cap Ténare, à l'extrémité du Taygète, est également rapporté par Thucydide<ref>La Guerre du Péloponnèse, I, 128, 1.</ref> : Modèle:Citation bloc

Cette affaire, évoquée par les Athéniens en réponse à une demande par Sparte de bannir l'Alcméonide Périclès, n'est pas datée. Nous savons seulement qu'elle survient avant le terrible tremblement de terre de 464 av. J.-C.. Thucydide est ici le seul à évoquer des hilotes : Pausanias<ref>Description de la Grèce, IV, 24, 5.</ref> parle plutôt de Lacédémoniens condamnés à mort. Le texte ne permet pas de conclure à un soulèvement hilotique ayant mal tourné, mais plutôt à des hilotes en fuite. En outre, une révolte d'hilotes de Laconie est peu probable, et des Messéniens ne se seraient pas réfugiés au cap Ténare.

Le tremblement de terre

Le soulèvement à l'occasion du tremblement de terre de 464 av. J.-C. est en revanche solidement attesté. Les historiens grecs ne s'accordent cependant pas sur son interprétation.

Selon Thucydide<ref>La Guerre du Péloponnèse, I, 101, 2.</ref>, les hilotes et des périèques de Thouria et d'Aithaia profitent du séisme pour se révolter et se retrancher sur l'Ithômé. Il précise que la plupart de ces révoltés sont d'anciens Messéniens, ce que confirme le recours à l'Ithômé, lieu historique de la résistance messénienne, et la précision sur les périèques de Thouria, ville située en Messénie. Inversement, nous pouvons en déduire qu'une minorité est constituée d'hilotes de Laconie : le tremblement de terre aurait donc suscité chez les hilotes laconiens la seule et unique révolte de leur histoire. Des commentateurs comme Étienne de Byzance suggèrent au reste qu'Aithia se trouve en Laconie, ce qui pourrait signifier une révolte de grande ampleur de cette région. Pausanias donne une version de l'événement similaire à celle de Thucydide.

Diodore de Sicile<ref>Modèle:Méta-modèle source, XI, 63,4 - 64,1.</ref>, probablement inspiré par Éphore de Cymé, attribue le soulèvement à parts égales aux Messéniens et aux hilotes. Cette version des faits est soutenue par Plutarque<ref>Vie de Lycurgue, 28, 12.</ref>.

Enfin, certains auteurs attribuent la responsabilité du soulèvement aux hilotes de Laconie. C'est le cas de Plutarque<ref>Vie de Cimon, 17, 8.</ref> : les hilotes de la vallée de l'Eurotas veulent profiter du séisme pour attaquer des Spartiates qu'ils pensent désarmés. L'intervention d'Archidamos II, qui fait se rassembler en armes les Lacédémoniens, les sauve à la fois du tremblement de terre et de l'attaque des hilotes. Les hilotes se replient alors et commencent une guerre ouverte, rejoints en cela par les Messéniens.

Il est difficile de trancher entre ces auteurs. Il est clair dans tous les récits, néanmoins, que la révolte de 464 constitue un traumatisme majeur pour les Spartiates. Plutarque indique même que c'est après cette révolte que sont institués la kryptie et les autres mauvais traitements à l'égard des hilotes. Si ces affirmations sont douteuses, elles témoignent du choc ressenti alors. La réaction de Sparte est immédiate : elle organise un réseau d’alliances, la Confédération péloponnésienne, pour mener la guerre, réseau dont fait partie même Athènes, qui sera son ennemie plus tard pendant la guerre du Péloponnèse.

Les avant-postes athéniens

Durant cette même guerre et après la reddition des Spartiates assiégés dans Sphactérie, les Athéniens installent à Pylos une garnison composée de Messéniens venus de Naupacte. Thucydide<ref>La Guerre du Péloponnèse, IV, 41, 2-3.</ref> souligne qu'ils espèrent exploiter le patriotisme de ces derniers pour jeter le trouble dans la région. Si les Messéniens ne déclenchent pas de guérilla, ils pillent la région et incitent des hilotes à la désertion. Sparte devra immobiliser une garnison pour contrôler leur activité. C'est le premier des Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue (« les remparts »), les avant-postes implantés par Athènes en territoire ennemi.

Le second avant-poste est implanté à Cythère. Cette fois, les Athéniens visent les hilotes de Laconie. Encore une fois, pillages et désertions surviennent, mais dans des proportions bien moindres que ne l'espèrent les Athéniens et ne le redoutent les Spartiates : il n'y a pas de soulèvement comparable à celui du tremblement de terre.

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Bibliographie

  • Modèle:Ouvrage.
  • Jean Ducat :
    • Modèle:Article
    • « Aspects de l'hilotisme », dans Ancient Society, no 9 (1978), p. 5-46,
    • Les Hilotes. Athènes : École française d'Athènes, Bulletin de correspondance hellénique, suppl. XX, 1990 Modèle:Lire en ligne Modèle:ISBN.
  • Moses Finley, « Sparte et la société spartiate », Économie et société en Grèce ancienne, Seuil, coll. « Points Histoire », 1984 Modèle:ISBN.
  • Yvon Garlan :
    • « Les Esclaves grecs en temps de guerre », in Actes du Colloque d'histoire, Besançon, 1970,
    • Les Esclaves en Grèce ancienne, La Découverte, coll. « Textes à l'appui », Paris, 1995 Modèle:ISBN.
  • Modèle:Ouvrage.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Pavel Oliva, Sparta and her Social Problems, Academia, Prague, 1971.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Sarah B. Pomeroy, Spartan Women, Oxford University Press, Oxford, 2002 Modèle:ISBN.

Articles connexes

Liens externes

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