LSD
Modèle:En-tête label Modèle:Sous-titre Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Chimie
Le diéthyllysergamide, connu sous l'abréviation LSD ou LSD-25 (de l'allemand Modèle:Lang<ref name="Eyrolles"> Modèle:Ouvrage.</ref> Modèle:MSAPI <templatestyles src="Prononciation/styles.css" />{{#invoke:Prononciation|prononciation}} ; littéralement « acide lysergique diéthylamide »), est un psychédélique hallucinogène et psychostimulant d'origine hémisynthétique.
C'est un composé de la famille des lysergamides, dérivé de composés issus de l'ergot du seigle (Claviceps purpurea), un champignon ascomycète qui affecte l’épi des céréales comme le seigle ou le blé<ref>Modèle:Chapitre</ref>,<ref name="Pharmacognosie_Bruneton">Modèle:Ouvrage.</ref>.
Agoniste des récepteurs à la sérotonine 5-HT2A, et doué de propriétés dopaminergiques excitatrices, il provoque de puissants effets psychédéliques, de pseudo-hallucinations et une stimulation extrême du cerveau.
Il est synthétisé à partir d'autres dérivés de l'ergot de seigle en 1938 puis en 1943 par Albert Hofmann et Arthur Stoll chez Sandoz à Bâle en Suisse. Ces derniers découvrent alors ses propriétés psychotropes et les décennies suivantes voient l'essor de sa consommation dans les milieux intellectuels et dans le milieu médical<ref name="L’émergence des psychothérapies assistées au LSD (1950-1970)">Modèle:Article</ref>.
Associée très tôt aux mouvements contestataires et, notamment, à la contre-culture dans un contexte d'opposition à la guerre du Vietnam aux États-Unis et d'émergence du mouvement hippie, le LSD est interdit pour la première fois en juin 1966 en France<ref name="Dubus2022p36">Modèle:Article.</ref>, puis en octobre de la même année en Californie, avant d'être progressivement banni et classé comme stupéfiant à travers le monde.
Le renouveau de l'expérimentation médicale sur le LSD au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle semble le réintroduire et en faire un traitement potentiel pour des pathologies mentales particulières comme les addictions ou le trouble de stress post-traumatique ou comme aide à la psychothérapie<ref name=":1" />,<ref>Modèle:Article</ref>, malgré des risques psychiques et des défis éthiques importants<ref name=":1">Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.
Vendu depuis les années 1960 sur le marché noir, le LSD est utilisé comme drogue récréative, notamment en milieu festif liés au mouvement psytrance, mais aussi dans les milieux artistiques plus largement ; il se présente alors le plus souvent sous la forme de petits morceaux de papier buvard (souvent illustrés) imprégnés de la substance. Il peut également prendre la forme d’un minuscule comprimé (appelé « micropointe »). Il peut être plus rarement vendu sous forme liquide ou sous forme de gélatine<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Histoire
Le syndrome consécutif à l’absorption d'ergot de seigle est nommé l'ergotisme. Connu depuis l'Antiquité puis le haut Moyen Âge sous le nom de Modèle:Citation ou Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>, il se présente sous la forme de délires hallucinatoires assez différents de ceux du LSD, de tremblements, de convulsions, mais aussi de gangrènes caractérisant une forme particulière, gangréneuse. Les toxines de l'ergot de seigle comme l'ergométrine ou l'acide lysergique se retrouvaient alors dans le pain via la farine des céréales et contaminaient des villages entiers. De telles épidémies auraient même eu une influence sur la fertilité des populations au Moyen Âge et sur des vents de panique à type de révolte<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Des usages médicaux de l'ergot existaient également : faciliter l'accouchement ou soulager de violentes céphalées<ref>Cornière, Audrey. Les alcaloïdes de l'ergot : mycotoxines réémergentes ? Toxinogénèse et toxicité pour l'homme et les animaux. Thèse d'exercice, Médecine vétérinaire, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse - ENVT, 2014, 99 p.</ref>.
Des plantes de la famille des Convolvulaceae comme l'Ipomoea tricolor dont les graines renferment des alcaloïdes dérivés de l'ergoline comme l'ergine (LSA) étaient également utilisées dans un cadre rituel sur le continent sud-américain par des populations précolombiennes<ref name="Pharmacognosie_Bruneton" />.
Synthèse
Le LSD est synthétisé pour la première fois en 1938 par les chimistes suisses Arthur Stoll et Albert Hofmann à Bâle. Ce dernier travaille alors dans le laboratoire dirigé par le Professeur Arthur Stoll<ref>Modèle:Lien web.</ref> au sein de l'entreprise pharmaceutique Sandoz (Novartis depuis 1996). Les deux chimistes travaillent sur les applications thérapeutiques possibles de l'ergot du seigle (Claviceps purpurea). Ils utilisent la méthode qui leur servit à synthétiser l'ergométrine. Dans leur plan d'étude, le LSD est le vingt-cinquième dérivé de l'ergot de seigle qu'ils étudient, d'où le nom LSD-25<ref name="larousse">Modèle:Ouvrage.</ref>. Ils espèrent obtenir un analeptique, stimulant le système respiratoire mais, lors des expérimentations, on note seulement une activité utéro-constrictive correspondant à 70 % de celle de l'ergométrine et une agitation des animaux lors de la narcose<ref>sommeil artificiel induit par le produit</ref>. La molécule n'éveille aucun intérêt et les expérimentations sont arrêtées<ref name="hofmann">Modèle:Ouvrage.</ref>. Malgré le classement sans suite des études sur le LSD, Hofmann revient sur leurs recherches en 1943. Le Modèle:Date-, il expérimente accidentellement les effets psychotropes de la molécule lors de la phase finale de la synthèse<ref name="hofmann"/>. Hofmann décide alors d'expérimenter véritablement sur lui-même la substance le Modèle:Date- par une prise de Modèle:Unité/2<ref name="hofmann"/> par voie orale. Lors de cette expérience, il doit rentrer chez lui à bicyclette (du fait de la guerre, les voitures sont réquisitionnées ; cette course est aussi connue et commémorée chaque année sous le nom de Modèle:Lang<ref>Modèle:Lien web</ref>). Se croyant empoisonné, il consomme près de 3 litres de lait, réputé être un anti-poison. Finalement son médecin, appelé au secours, le rassure sur son état. Dans son autobiographie parue en 1980, Albert Hofmann raconte cette première prise volontaire de LSD : ce jour-là, le chimiste bâlois ingère cette substance, qu’il a synthétisée dans son laboratoire chez Sandoz, mais dont il ignore les effets. Il enfourche ensuite un vélo pour regagner son domicile. Il vient d’embarquer pour le premier « trip » de l’histoire du LSD, ouvrant la voie à de nombreuses autres expérimentations psychédéliques et scientifiques. Modèle:Citation Il attribue par la suite ces épisodes angoissants et des sensations de décorporation au surdosage et à l'angoisse suscitée par une situation inconnue. Le médecin qui l'ausculte ne détecte aucun symptôme autre qu'une mydriase (dilatation des pupilles).
Arthur Stoll et Albert Hofmann déposent le brevet pour le d-Lysergic Acid Diethylamide aux États-Unis le Modèle:Date-<ref>Brevet Modèle:Nombre sur erowid.org.</ref> (en Suisse le Modèle:Date-). En 1947<ref name="hofmann"/> sont publiés les premiers résultats d'une expérimentation systématique du LSD chez l'humain par le docteur Werner A. Stoll, publiée dans le Modèle:Lang sous le titre Modèle:Citation. Le professeur Werner A. Stoll est psychiatre et fils du patron des laboratoires Sandoz Arthur Stoll ; il fut le premier psychiatre à tester le LSD sur des patients – bien que chercher à traiter des troubles mentaux avec des produits psychoactifs ne fût pas nouveau. Le LSD apparaît comme une molécule prometteuse. Les laboratoires Sandoz mettent au point une préparation-test du nom de Delysid à la disposition des chercheurs. Le LSD est alors utilisé dans les milieux psychiatriques et en psychologie afin de faciliter l'approche psychothérapeutique : de nombreuses études sont menées à son sujet<ref name="L’émergence des psychothérapies assistées au LSD (1950-1970)" />. Dès 1951, un ancien agent des services secrets américains, Alfred Hubbard, s'intéresse au LSD et le fait découvrir à l'écrivain Aldous Huxley en 1955. Devenu médecin, il ouvre des cliniques de traitement de la toxicomanie par le LSD au Canada<ref name="larousse"/>.
Usage psychédélique
À partir du milieu des années 1950<ref name="hofmann"/>, des publications relatives au LSD suscitent l'intérêt au-delà du milieu médical et sont largement médiatisées et présentées comme des « traitements miraculeux » ou des expériences positives<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Sidney Katz, Modèle:Lang dans le magazine Modèle:Lang.</ref>,<ref>Wilfried Zeller, Une expérience scientifique audacieuse dans le magazine Quick du Modèle:Date-.</ref>,<ref>Un article du magazine Modèle:Lang, Modèle:Lang où l'acteur décrit le sentiment de paix intérieure qu'il a éprouvé grâce à une psychothérapie avec du LSD.</ref>,<ref>Constance A. Newland, Modèle:Lang, 1963.</ref>,<ref>Jane Dunlap, Modèle:Lang, 1961.</ref>. L'auto-expérimentation prend de l'ampleur et sort du cadre scientifique. La consommation de LSD augmente et, avec elle, les récits de Modèle:Lang commencent à se multiplier<ref>Ainsi, au début de l'année 1967, l'hôpital général de San Francisco reçoit en moyenne quatre personnes par jour en Modèle:Lang. informations complémentaires sur le Time</ref>. Le LSD est alors fortement lié à la contre-culture américaine – Modèle:Lang d'abord, puis hippie dans les années 1960-70. Le développement des acuités sensorielles et cérébrales qu'il favoriserait permettrait de dépasser une vision restrictive de soi-même et de son environnement. Des personnalités en vue de l'époque (Allen Ginsberg, Aldous Huxley, Anaïs Nin<ref name="Anaïs Nin and the Vocabulary of the Psychedelic Experience">Modèle:Article</ref>, Cary Grant, Timothy Leary, Ken Kesey…) en consomment et prônent son usage. Leary s'installe à Millbrook, dans l'État de New York, où il délivre des prises contrôlées de LSD. Kesey s'installe à La Honda en Californie. Il fonde les Merry Pranksters (« joyeux lurons ») avec qui il sillonne les États-Unis dans un bus décoré par leurs soins afin d'organiser des « Modèle:Lang ». De nombreuses communautés urbaines et rurales de cette mouvance psychédélique sont créées, en même temps que de nombreux jeunes sympathisants de cette mouvance se regroupent et s'installent dans certains quartiers comme Haight-Ashbury à San Francisco ou l'East Village à New York<ref name="larousse"/>. C'est à cette époque que commence à être signalé l'usage du LSD sous forme de buvard<ref name="synthese"/>. En 1963, Sandoz perd les derniers brevets du LSD. Les années 1964 à 1966 voient une multiplication d'articles de presse sur le produit, certains alarmants<ref>En Modèle:Date-, le Modèle:Lang publie une étude de William Frosch, un psychiatre du Modèle:Lang de New York. Elle conclut notamment au fait qu'un tiers des usagers de LSD admis dans cet établissement le sont dans un état psychotique grave.</ref>,<ref>En Modèle:Date-, la FDA, bientôt suivie par les départements de police, ouvre ses archives aux journalistes.</ref>,<ref name="kessler" group=n>L'histoire la plus retentissante est celle de Stephen Kessler qui poignarde sa belle-mère de Modèle:Nobr de couteau puis prétend avoir été sous LSD. Cette défense reste controversée car la haute accoutumance à court terme du LSD ne permet pas les trois jours de Modèle:Lang qu'il décrit. Modèle:Cf. Modèle:Lang article du Modèle:Lang du 22 avril 1966.</ref>, d'autres laudateurs. Sandoz décide d'en arrêter la distribution en avril 1966<ref name="hofmann"/>. Cet arrêt met fin aux protocoles d'expériences en cours qui doivent alors demander des nouvelles autorisations, qu'ils n'obtiennent pas, auprès de la FDA. L'essor des communautés hippies inquiète les autorités. L'État de Californie, dont le gouverneur est le républicain Ronald Reagan, interdit l'usage du LSD le Modèle:Date-, décision rapidement suivie par les autres États de l'Union. L'image populaire du LSD change et devient celle d'un produit dangereux<ref name="larousse"/>.
La convention unique sur les stupéfiants de 1961 ne réglemente pas les nouvelles substances synthétiques psychédéliques. Mais la culture hippie et, avec elle, la consommation de substances psychédéliques concernent peu à peu l'ensemble du monde occidental<ref name="avent"/>. Une nouvelle convention sur les stupéfiants est organisée en 1971. le LSD y est classé, dès sa mise en place (et son application dans les pays signataires), dans le Modèle:Nobr qui liste Modèle:Citation Pourtant, la consommation privée de LSD ne baisse que plus tard, au milieu des Modèle:Nobr<ref name="hohauser">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang Modèle:Pdf.</ref>.
Depuis, en fonction de la législation des différents pays, la fabrication, la possession et l'utilisation peuvent être sanctionnées par des peines pouvant aller jusqu'à la prison. Malgré cette interdiction, la CIA utilise le LSD dans le cadre d'expérimentations illégales sur des sujets humains au Canada et aux États-Unis dans le cadre du projet MK-Ultra<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le LSD a une énorme influence culturelle dans les années 1960 et 1970 notamment dans les milieux rock, pop, cinématographique et même plus généralement dans le milieu artistique. La CIA envisage à cette époque d'introduire du LSD dans la nourriture de Fidel Castro afin de provoquer chez lui un comportement irrationnel qui le couvrirait de ridicule. Il est également envisagé d’arroser de LSD une station de radio d'où le président cubain devait intervenir<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Affaire de Pont-Saint-Esprit
L'affaire du pain maudit est une série d'intoxications alimentaires qui frappe la France pendant l'été [1951], dont la plus sérieuse à partir du Modèle:Date- à Pont-Saint-Esprit (Gard) où elle fera cinq, voire sept morts, cinquante personnes internées dans des hôpitaux psychiatriques et deux cent cinquante personnes atteintes de symptômes plus ou moins graves ou durables. Soixante-dix ans après les événements de Pont-Saint-Esprit, on ne sait toujours pas à quoi les attribuer. Cliniquement, les symptômes étaient ceux d'une forme mixte d'ergotisme, mais ce diagnostic n'a pu être prouvé. Pour la justice, la cause est une farine avariée. Mais des témoignages datant de 2009 pointent une implication de la CIA<ref name="9mars2010_www.nouvelobs.com">Modèle:Lien web.</ref>.
Chimie
Le LSD est un dérivé d'alcaloïde, pouvant être obtenu à partir de l'ergoline. Il possède un noyau hétérocyclique aromatique de type indole. Dans sa forme pure, c'est un solide cristallin incolore ou légèrement blanc, inodore, faiblement amer et soluble dans l'eau<ref name="Eyrolles" />. Plus le cristal est sombre, moins il est pur et plus il est dégradé<ref name="fas-manufacture">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Article sur la production de LSD aux États-Unis sur le site du FAS.</ref>. À l'inverse, un cristal pur émet de petits flashs blancs quand il est secoué dans l'obscurité<ref name="tihkal"/>. De plus, quelle que soit sa forme (cristal, poudre, en solution), le LSD est fluorescent sous lumière noire<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang, erowid.org.</ref>. C'est une molécule instable, légèrement basique. Il existe sous quatre stéréoisomères, dont trois n'ont pas d'effets psychotropes.
Nomenclature
Modèle:Citation est un terme du langage courant auquel correspondent plusieurs désignations plus ou moins exactes. Lorsqu'Albert Hofmann le découvre pour la première fois, il le note Modèle:Lang et le raccourcit en LSD-25, ce qui signifie que c'est la vingt-cinquième substance (un diéthylamide en l'occurrence) qu'il dérive de l'acide lysergique (Modèle:Lang). L'allemand moderne écrit Modèle:Lang. Le terme LSD vient donc de la langue allemande, dont Hofmann était un locuteur maternel. La dénomination commune internationale est Modèle:Citation, mais le nom prête à confusion puisque ce n'est pas un acide carboxylique (avec un groupement -COOH). Parfois, on trouve la francisation Modèle:Citation. Selon l'IUPAC c'est Modèle:Citation qui décrit bien le fait que c'est un lysergamide. Le terme Modèle:Citation est également utilisé, notamment comme psychotrope inclus dans le Modèle:Nobr de la convention sur les substances psychotropes de 1971.
Structure et stabilité
Le LSD est une molécule chirale qui possède deux carbones asymétriques au niveau des Modèle:Nobr (voir le schéma). Il existe quatre stéréoisomères du LSD, seul le (+)-D-LSD, de configuration absolue (5R, 8R) est psychoactif. Le L-LSD n'est pas obtenu facilement et n'est pas habituellement formé lors de la synthèse du LSD. Par contre, on passe facilement du LSD au iso-LSD sous l'action d'une base. Le LSD est légèrement basique : il possède un groupe fonctionnel amine tertiaire, avec un pKa de 7,8<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:LangModèle:Pdf mars 2000, Modèle:Nobr.</ref>. Le LSD est une molécule particulièrement instable par rapport à diverses voies de dégradation<ref name="tihkal">Chapitre sur le LSD dans Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>.
Sous forme de sel ou dilué dans de l'eau distillée, le LSD peut rester stable indéfiniment s'il est conservé à basse température, protégé de l'air et de la lumière.
Son instabilité est due à deux aspects de sa structure. L'attachement du carboxamide en C8 est affecté par les solutions basiques qui le transforment par épimèrisation en iso-LSD (N,N-diéthylamide de l'acide isolysergique), biologiquement inactif<ref name="tihkal" />. D'autre part, la liaison covalente entre le carbone en « 8 » et le noyau aromatique est fragile. En présence d'oxydants forts, d'eau du robinet (contenant du dichlore en solution) ou d'éthanol ; ce phénomène s'accentue en présence de lumière, notamment la lumière du soleil, du fait des UV. Cette liaison s'altère pour former du lumi-LSD (10-hydroxy-9, 10-dihydro-(+)-acide lysergique diéthylamide<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang, Modèle:Vol., Modèle:Pp.Modèle:Pdf Modèle:Nobr.</ref>), inactif chez l'homme<ref name="tihkal" />. Le LSD est ainsi sensible au dioxygène, aux ultraviolets, au dichlore (particulièrement en solution) et à la chaleur. Ainsi les buvards de LSD se dégradent relativement vite<ref name="fas-manufacture" />.
Synthèse
Le LSD est synthétisé à partir d'acide lysergique activé et de diéthylamine<ref name="Eyrolles" />. L'acide lysergique n'existe pas naturellement. Il est généralement obtenu par hydrolyse de lysergamides plus ou moins complexes, comme l'ergotamine (un anti-migraineux obtenu naturellement à partir de l'ergot) ou l'ergine. La synthèse du LSD est ensuite une synthèse d'amide à partir de l'acide lysergique auquel on veut attacher la diéthylamine. On active l'acide lysergique avec du trichlorure de phosphoryle (Modèle:Fchim) ou divers agents activants dans la synthèse des peptides<ref name="synthèse">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Hoffman-AJ, Nichols. Modèle:Lang, Modèle:Lang. 28:1252-1255, 1985.</ref>. Les étapes nécessaires sont relativement peu nombreuses pour un composé aussi complexe mais prennent du temps : en laboratoire, il faut entre deux et trois jours pour produire entre Modèle:Unité/2<ref name="fas-manufacture" />. De plus, comme le LSD est sensible à l'oxygène (présent dans l'air) et à la lumière, sa synthèse doit être effectuée sous un flux continu de diazote sous une lumière contrôlée (sans UV) et nécessite donc du matériel et des connaissances spécifiques en chimie expérimentale.
Le LSD synthétisé n'est généralement pas stéréoisomériquement pur mais est un mélange de LSD et de iso-LSD. Les deux composés peuvent être séparés par chromatographie chirale. Il est possible d'obtenir du LSD pur à plus de 95 %, mais des analyses effectuées sur des saisies de LSD cristallisé montrent des puretés d'environ 60 %<ref name="fas-manufacture" />.
On peut également synthétiser le LSD à partir de médicaments dérivés de l'ergot de seigle comme l'ergotamine ou la bromocriptine.
Pharmacologie
Le LSD est un psychotrope de la classe des perturbateurs ou psychodysleptiques. Il est classé parmi les psychédéliques classiques, c'est-à-dire la famille de la psilocybine et de la DMT et induit ainsi des troubles de l'humeur, de la pensée et de la perception. Ces troubles ne se rencontrent habituellement que dans des états comme le rêve, la transe mystique ou la méditation. Il est considéré comme l'une des drogues les plus puissantes : une dose de Modèle:Nombre<ref>Dosage d'une dragée de Delysid.</ref> est souvent suffisante pour amener un effet pharmacologique<ref name="Eyrolles"/>. L'état hallucinatoire (hallucinations, altération des perceptions) apparaît avec des doses dépassant Modèle:Nombre<ref name="synthese"/>. La dose efficace chez l'humain est de Modèle:Unité/2 par kilogramme de poids<ref name="hofmann"/>. Il n'entraîne cependant aucune dépendance physique<ref name="ofdt">Modèle:Ouvrage.</ref>. Son arrêt n'occasionne aucune manifestation somatique.
Il ne conduit pas non plus à une accoutumance<ref name="ofdt" /> à long terme même si elle est importante à court terme. Cette accoutumance disparaît progressivement au fil du temps, d'où son qualificatif de cyclique.
Elle est croisée<ref>Ainsi un usager accoutumé au LSD le sera aussi pour ces produits.</ref> avec d'autres hallucinogènes (souvent de type indoles) comme la mescaline, le LSA ou la psilocybine<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. Les phénomènes d'accoutumance croisée ont conduit à penser que ces hallucinogènes ont des modes d'action similaires.
Son dépistage<ref>Modèle:Lien web.</ref> est délicat car les doses sont infimes et les traces disparaissent rapidement dans le sang. Le N-desméthyl-LSD<ref group="n">Le seuil de détection est de Modèle:Unité. C'est une molécule de LSD sans le groupement méthyle (-CH3) sur l'azote.</ref> est recherché via les urines où il peut être présent de quelques heures jusqu'à deux jours après l'ingestion<ref>Modèle:Lien web.</ref>. De nouvelles voies de recherches s'ouvrent avec l'identification d'un métabolite du LSD, le 2-oxo-3-hydroxy-LSD (O-H-LSD), dont la concentration est Modèle:Unité/2 supérieure à celle du LSD<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang, ncbi.nlm.nih.gov.</ref> dans les urines<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang, ncbi.nlm.nih.gov.</ref>.
Mécanisme d'action
Il agit sur les connexions entre les neurones (synapses) qui régulent l'information dans le système nerveux central<ref name="hofmann"/>. Il agit simultanément dans la régulation de plusieurs neurotransmetteurs<ref name="docu">Hallucinogènes et ecstasy, l'alchimie de la conscience, un documentaire de la série Drogue et cerveau réalisé par Christine Carrière, Stéphane Horel et Jean-Pierre Lentin, Arte France et NovaProd, 2005.</ref>.
Le LSD présente une affinité pour un grand nombre de récepteurs différents dans le cerveau, et sa pharmacologie est encore mal comprise même si des progrès importants ont été réalisés dans la décennie précédente. C'est un agoniste des récepteurs à la sérotonine 5-HT1A , 5-HT1B, mais surtout 5-HT2A<ref name=":2">Modèle:Article</ref>.
Sa fixation sur les sous-types 5-HT1 va contribuer à diminuer l'activité des neurones dopaminergiques<ref name=":3">Modèle:Article</ref>, tandis que sa fixation sur le sous-type 5-HT2A va provoquer des effets psychédéliques<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. En effet, les effets psychédéliques du LSD sont bloqués par des antagonistes du récepteur 2A. L'affinité du LSD sur d'autres sous-types comme les 5-HT5, 6 et 7 est avérée mais ses implications cliniques sont encore mal connues et sont discutées.
Il se fixe également sur le récepteur TAAR1 (Trace Amine Associated Receptor-1), impliqué dans les phénomènes d'addiction, dans la régulation du poids corporel, etc. et par cette activation, vient influencer négativement l'activité des neurones dopaminergiques<ref name=":2" />,<ref name=":3" />.
Pharmacocinétique
Administré par voie orale<ref name="hofmann"/>, sa résorption est totale et rapide dans le tube gastro-intestinal. Après administration par voie intraveineuse<ref name="hofmann"/>, il sort du compartiment sanguin en quelques minutes pour aller se fixer aux tissus et atteindre une concentration maximale en Modèle:Unité/2<ref>Mis à part l'intestin grêle qui atteint sa concentration maximale en deux heures.</ref>. L'expérimentation n'a pas mis en évidence de différence d'effets entre les deux modalités d'usage hormis un temps de latence légèrement diminué en intraveineuse<ref name="hofmann"/>. Il est ensuite oxydé à 80 %<ref name="hofmann"/> par le foie en 2-oxy-LSD inactif qui est éliminé par voie biliaire.
Effets
Le LSD induit un état modifié de conscience. Du fait de son caractère hallucinogène, les effets du LSD peuvent varier en fonction de nombreux facteurs tels que les expériences passées, l'état d'esprit<ref>Le LSD a tendance à accentuer l'état psychique au moment de la prise.</ref>, la personnalité<ref>Une étude de 1966 de l'institut neuropsychiatrique de UCLA suggère que les introvertis seraient prédisposés au Modèle:Lang. Journal.</ref> et l'environnement au moment de la prise, ainsi que la puissance de la dose<ref name="hofmann"/>. Il peut être considéré comme enthéogène du fait de la récurrence de récits d'expériences mystiques de la part d'usagers. Le LSD est un hallucinogène, dans le sens où il perturbe l'ensemble des cinq sens et n'engendre pas nécessairement des hallucinations visuelles mais plutôt des illusions : déformation des motifs géométriques en mouvement, couleurs plus lumineuses, traînées colorées derrière les objets en déplacement, mauvaise appréciation des distancesModèle:Etc. Il engendre donc des modifications sensorielles dans leur ensemble. Du fait du caractère psychoactif du LSD, les effets peuvent parfois se transformer en Modèle:Lang. Les crises sous LSD ressemblent à des crises psychotiques de caractère maniaque, caractérisées par une hyperactivité et un sentiment de toute-puissance, ou dépressif<ref name="hofmann"/>. Cette expérience peut avoir des effets psychologiques négatifs à long terme, tels que la paranoïa et la dépression.
Les premiers effets du LSD surviennent généralement entre trente minutes<ref name="amine">Modèle:Ouvrage.</ref> et quatre-vingt-dix minutes<ref name="notice"/> après l'ingestion, bien que certains usagers puissent ressentir les premiers effets après dix minutes seulement. L'usager novice peut ne pas se sentir partir. La période active peut durer de cinq<ref name="notice"/> à dix heures<ref name="amine"/>, voire douze heures<ref name="larousse"/>. La montée s'effectue par « paliers » et l'utilisateur peut croire, par moments, retrouver sa lucidité.
Effets à court terme
À court terme, il entraîne euphorie avec fous rires, crampes musculaires, tremblements, incoordination, modification de la sensation de pesanteur, troubles du rythme cardiaque, hypotension, vasoconstriction artériolaire, hyperthermie dont transpiration, dilatation de la pupille, pilo-érection (érection des poils), hyper-salivation, hyperglycémie, nausées, vomissements<ref name="Eyrolles"/>,<ref name="synthese"/>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang.</ref>. Chez la femme enceinte, il entraîne des contractions utérines pouvant provoquer un avortement ou un accouchement avant terme<ref name="larousse"/>.
Les effets psychiques incluent des perceptions visuelles de type pseudo-hallucinatoire (l'usager sait que la perception n'est pas réelle), des distorsions spatio-temporelles (perte de la notion du temps), des perceptions déformées du corps<ref name="synthese"/>, une confusion des sens<ref name="synthese"/> (ou synesthésie, sensation de voir les sons et d'entendre les couleurs), ainsi que des troubles des affects, des phénomènes de dépersonnalisation et une prise de conscience d'événements refoulés<ref name="notice"/>. Les effets psychoactifs du LSD s'interprètent du point de vue de la psychiatrie comme une perte des frontières de l'ego. Cette perte de frontière induit notamment deux états majeurs et extrêmes. D'un côté, le Modèle:Lang qui se caractérise par une suractivation du thalamus et une sous-activation du cortex. Et de l'autre, l’Modèle:Lang (extase mystique) qui se caractérise par une grande activité de plusieurs zones du cortex et une mise en veilleuse de l'amygdale<ref name="docu"/>.
L'ivresse liée au LSD est caractérisée pour l'usager par un souvenir précis de l'expérience<ref name="hofmann"/>.
Conséquences et dangers
La descente de LSD peut engendrer un état dépressif dans les heures qui suivent la prise<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Contrairement aux légendes urbaines, le LSD ne provoque pas de trouble mental durable, son utilisation est plutôt associée à une diminution des troubles mentaux et des risques suicidaires<ref>Modèle:Lien web</ref>, ce qui explique qu'il soit de plus en plus présenté comme un espoir thérapeutique par le mouvement de la « renaissance psychédélique » en psychiatrie<ref>Modèle:Lien web</ref>. En revanche, il est susceptible de générer sur le court terme des angoisses, des phobies, ou des états confusionnels<ref name="hofmann" />, voire des bouffées délirantes aiguës, notamment en cas de mélange. Il peut aussi amorcer des manifestations de la schizophrénie chez les personnes affectées par cette maladie<ref name="larousse" />. L'ensemble des troubles mentaux susceptibles d'être déclenchés par une prise de LSD sont décrits dans le [[Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux|DSM-Modèle:IV]] sous le chapitre Troubles induits par une substance (Modèle:Lang)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang, psychiatryonline.com.</ref> au titre Troubles liés aux hallucinogènes, troubles dus à l'usage d'hallucinogènes. Ces troubles sont aussi décrits dans le CIM-10 sous le titre Troubles mentaux et du comportement liés à l'utilisation de substances psychoactives (F10-F19)<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Ils sont traités à l'aide de benzodiazépines<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang, ncbi.nlm.nih.gov.</ref>. Les accidents psychiatriques susceptibles d'être déclenchés par une prise de LSD sont souvent dus à des problèmes psychiques latents, présents ou passés.
Le risque le plus courant du LSD est le syndrome post-hallucinatoire persistant (HPPD en anglais, Modèle:Anglais), ou, dans l'argot de la drogue, les Modèle:Lang ou Modèle:Citation (aussi appelés « effet retour » ou « effet d'écho », qui se caractérisent par des effets principalement visuels). Il est mentionné pour la première fois dans une étude menée en 1965 dans son service par William Frosch, un psychiatre du Modèle:Lang de New York. Selon ses observations, certains usagers prennent du LSD sans problème mais manifestent plusieurs mois après des troubles similaires à ceux induits par la prise du produit<ref name="storm" />. En particulier, la consommation de cannabis provoque de façon constante de tels flash-back<ref>Modèle:Article.</ref>. Dans le [[Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux|DSM-Modèle:IV]], ces troubles particuliers appartiennent aux troubles post-hallucinatoires persistants et aux troubles résiduels ou psychotiques de survenue tardive dans la CIM-10. Les spécialistes différencient les HPPD du Modèle:Lang selon leur durée. Le Modèle:Lang est un épisode bref et souvent unique alors que le HPPD peut s'étendre sur plusieurs mois. Ils replacent brièvement l'usager dans l'état engendré par la consommation de LSD, et ce plusieurs mois après la dernière prise. Leur caractère épisodique et bref les différencie d'un état psychotique.
D'autres effets à moyen ou long terme sont pressentis mais il n'existe pas d'études à grande échelle permettant de les confirmer. Une étude de 1982<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang, National Center for Biotechnology Information.</ref> suggère que certains usagers pourraient développer un affaiblissement important voire définitif de la différenciation des couleurs. Trois cas de tératogenèse oculaire liée à l'ingestion de LSD par leur mère lors du premier trimestre de grossesse auraient été mis en évidence dans les années 1970<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang, National Center for Biotechnology Information.</ref>. Certains cas de mort par surdose ont été rapportés par des journaux généralistes<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>, malgré le manque de documentation scientifique sur le sujet. Son usage peut également avoir entraîné des morts par accident ou suicide. En effet, il provoque une labilité psychique qui favorise les actes impulsifs<ref name="notice" />. Même si on manque d'études sur le sujet, certains estiment que la dose létale orale chez l'homme se situe entre Modèle:Unité/2 et plus de Modèle:Unité/2<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}Modèle:Lang par Haddad Winchester, 1998.</ref>.
Usages
Usage médical
À partir de la fin des années 1940, le LSD est distribué par Sandoz sous la forme d'une préparation-test du nom de Delysid. Selon la notice<ref name="notice"/>, Modèle:Citation et l'antidote préconisé est la chlorpromazine administrée en intra-musculaire. Il est utilisé comme auxiliaire médicamenteux pour optimiser et réduire la durée des traitements dans le cadre de psychothérapie ou psychanalyse. Les premiers à l'utiliser dans ce cadre sont les psychiatres A. K. Busch et W. C. Johnson en 1950<ref>Modèle:Lien web, 1963.</ref>. Cette utilisation se base sur deux caractéristiques de la substance<ref name="hofmann"/>. La détente psychique qu'il procure qui rend le sujet plus disponible, et la capacité qu'il a de permettre une reviviscence de souvenirs oubliés ou refoulés. Il est alors utilisé selon deux méthodes différentes<ref name="L’émergence des psychothérapies assistées au LSD (1950-1970)" />. La première, la thérapie psycholytique<ref>Ronald A. Sandison est un thérapeute anglais considéré comme le pionnier de cette thérapie.</ref>, surtout mise en œuvre en Europe, qui consiste à administrer des doses moyennes de LSD sur plusieurs jours à intervalles de temps réguliers. Les expériences vécues sous LSD servent comme moyen d'expression thérapeutique dans le cadre de discussions collectives. La deuxième, la thérapie psychédélique, surtout utilisée aux États-Unis, consiste à préparer le sujet avant une administration unique et importante de LSD. Cette expérience doit déclencher un choc qui sert ensuite de point de départ à une restructuration de la personnalité. La première clinique basant ses soins sur l'application du LSD ouvre ses portes aux États-Unis en 1952. Alfred Matthew Hubbard y utilise notamment le LSD pour le traitement de dépressions et de l'alcoolisme<ref>Modèle:Article.</ref>,tout comme Humphry Osmond et Abram Hoffer au Canada. C'est par l'intermédiaire de ces derniers que Bill W, fondateur des Alcooliques anonymes y recourt en 1956, puis à plusieurs reprises, et revit une expérience similaire à celle qu'il a vécue vingt-cinq ans auparavent, alors qu'il était hospitalisé pour un sevrage de l'alcool, et qui a été le début d'une abstinence jusqu'à la fin de sa vie. Il est aussi utilisé dans certaines études comme adjuvant des psychothérapies<ref name="synthese">Modèle:Ouvrage.</ref>. Des expériences visant à tester l'usage dans le cadre de thérapie de conversion ont aussi été fait en France vers la fin des années 1950<ref>Modèle:Article.</ref>
Le LSD trouve aussi d'autres applications médicales plus accessoires<ref name="hofmann"/>. Sandoz<ref name="notice">Notice fournie avec le Delysid, reproduite Modèle:P. de LSD mon enfant terrible de Hofmann.</ref> le préconise dans les recherches expérimentales sur la nature des psychoses afin d'étudier les déviations du psychisme. Ainsi, avec la découverte des neuroleptiques, il est étudié en psychiatrie puisqu'il est censé induire une psychose artificielle permettant des recherches sur les mécanismes neurochimiques des psychoses naturelles (schizophrénies par exemple). Les recherches sur le LSD ont mis en évidence le rôle de la sérotonine dans la schizophrénie, notamment par le chercheur J.H. Gaddum. De nombreux psychiatres l'ont par ailleurs expérimenté sur leurs patients voire aussi sur eux-mêmes , afin de découvrir des voies meilleures pour des traitements efficaces. Des observations cliniques américaines<ref>St. Grof et J. Halifax, La rencontre de l'homme avec la mort, édition du rocher, 1982.</ref> sur des patients en fin de vie ont montré que le LSD permettait d'amoindrir des douleurs résistantes aux antalgiques traditionnels ; c'est ainsi que l'écrivain Aldous Huxley choisit de mourir sous LSD. De plus, dans certains cas, l'introspection provoquée par le LSD a permis d'apaiser certains patients. Dans quelques services aux États-Unis, la substance fut ainsi utilisée dans le cadre des soins palliatifs<ref>Modèle:Article</ref>.
En France cependant, une « panique morale », en provenance de l'Amérique du Nord, frappe durement les recherches menées sur la substance en 1966 : le pays est le premier à classer les psychédéliques dans le tableau des stupéfiants<ref name="Dubus2022p36" />. Ce contexte médiatique, aggravé par l'évolution du paradigme scientifique dans l'évaluation de l'efficacité des médicaments<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, cause la fin des recherches scientifiques et médicales sur le LSD<ref>Modèle:Article.</ref>. Celui-ci ne peut en effet pas être évalué en « double aveugle », le nouveau standard qui se met alors en place afin de démontrer l'intérêt thérapeutique d'un médicament.
Avec le classement du LSD comme psychotrope par l'ONU, les expérimentations s'arrêtent, pour reprendre à partir du milieu des années 1980. En 1988, la Suisse autorise des thérapeutes à l'utiliser pour traiter des troubles du comportement alimentaire et des états dépressifs (recherches interrompues en 1993)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang, maps.org.</ref>. En 1991, la Food and Drug Administration (FDA) autorise, pour la première fois depuis les années 1970, un protocole d'essai avec des psychédéliques pour un traitement des addictions<ref name="synthese" />. Les recherches à venir concernent<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang, maps.org.</ref> : le mode d'action des lysergamides pour tenter d'expliquer la différence d'effets entre le LSD et les autres ; le potentiel thérapeutique du LSD et de la psilocybine dans le traitement des algies vasculaires de la face ; le potentiel du LSD dans les thérapies pour des troubles majeurs de l'anxiété<ref>Modèle:Article</ref>. En 2007, il n'existe aucun pays en possession de médicaments utilisant le LSD qui soit autorisé ou commercialisé, même si d'autres dérivés de l'ergot du seigle non psychotropes ont trouvé des applications médicales. Depuis 2014, le LSD commence à être étudié de nouveau chez l'humain et le nombre d'études cliniques ne cesse de croître depuis. En 2012, une méta-analyse, qui porte sur six études regroupant Modèle:Nombre, met en évidence un lien entre une prise unique de LSD et la baisse d'abus d'alcool chez des alcooliques<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Teri S Krebs & Pål-Ørjan Johansen (2012) Modèle:Lang, Modèle:Lang 26(3). Modèle:Doi.</ref>.
En 2021 une étude de l'université McGill met en avant le LSD comme une option envisageable dans le traitement de certaines maladies mentales ou l'amélioration de certains symptômes de l'autisme<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Arme de soumission chimique
Certaines armées ont tenté de l'utiliser comme arme chimique incapacitante<ref name="docu"/>. Ainsi, à la fin des années 1950, l'armée américaine mène ses propres études pour observer le comportement des soldats sous LSD dans diverses situations : en laboratoire, en opération ou lors d'un interrogatoire. Ces observations suggèrent que le LSD pourrait devenir une arme incapacitante mais l'impossibilité de le répandre à grande échelle rend cette application difficile<ref name="dream"/>. Les expérimentations sur LSD les plus documentées sont celles des services secrets américains, car elles ont fait l'objet de procès ; mais d'autres services comme le MI6 ont fait le même genre de recherche. Entre 1953 et 1954, le MI6 mène un programme de recherche pour découvrir un sérum de vérité<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang, guardian.co.uk.</ref>. Dans ce programme, certains soldats prendront du LSD à leur insu. Dès les années 1940<ref name="dream"> Modèle:Ouvrage.</ref>, les services fédéraux américains commencent à travailler sur un sérum de vérité efficace notamment avec l'aide de chercheurs issus de l'opération Paperclip (dont Kurt Ploetner, un médecin SS qui travailla à Dachau et fit des expérimentations à la mescaline sur des détenus<ref>Christian Pross Le gang nazi des blouses blanches, Le Monde, 20 février 1991, mis à jour le 20 juin 2005.</ref>). Les études sur les psychotropes appartiennent au Modèle:Citation. C'est un projet de contrôle mental et de recherche sur les méthodes d'interrogatoires. Le Modèle:Citation devient ensuite le Modèle:Citation.
Le premier document de la CIA concernant le LSD date du Modèle:Date-<ref name="larousse"/>. Il s'agit d'une étude du « projet Artichoke » sur les effets de différents produits chimiques, elle recommande des recherches plus poussées sur le LSD. Pourtant les recherches sur un sérum de vérité efficace avec le LSD rencontrent vite les limites des effets, à faible dose, il induit une anxiété qui n'est pas propice à l'interrogatoire et à haute dose les hallucinations rendent impossible la communication malgré son réel caractère à induire le discours. Mais le LSD présente la plupart des propriétés que recherche la CIA : actif à faible dose, sans goût, inodore, incoloreModèle:Etc. C'est pourquoi les recherches sur les applications du produit continuent. Il est ensuite envisagé comme substance anti-interrogatoire où les agents secrets l'avaleraient pour se rendre incapables de répondre aux questions. Mais cette idée s'avère irréaliste<ref name="dream"/>. L'intérêt de la CIA pour le LSD lui laisse à penser que les autres agences d'espionnage l'utilisent et une sorte de campagne de vaccination au LSD a lieu à partir de Modèle:Date- sur certains agents de terrain<ref name="dream"/>.
Les recherches repartent<ref name="dream"/> donc sur la base que si le LSD n'est pas un sérum de vérité, il induit un état psychologique fragile qui peut être exploité utilement dans un interrogatoire. En Modèle:Date- est lancé le plus important programme de recherche américaine de la guerre froide sur le contrôle mental : le « projet MK-Ultra » qui, bien qu'issu du Modèle:Citation, s'en affranchit rapidement. Pour étudier le potentiel du LSD, ce projet s'attache à observer des prises involontaires de LSD d'abord en laboratoire puis dans des situations de la vie quotidienne ce qui mènera à l'« [[Opération Midnight Climax|opération Modèle:Lang]] », en 1955. Tandis qu'en 1954, la CIA s'affranchit de Sandoz (jusqu'alors seul producteur) et se tourne secrètement vers Eli Lilly<ref name="larousse"/>. Ces expériences se poursuivent dans des conditions discutables sur le plan éthique<ref name="larousse"/> pour s'arrêter vers 1963. D'autres recherches sont aussi menées quant aux possibilités d'utiliser le LSD pour de la reprogrammation mentale (lavage de cerveau), notamment sous la direction du docteur Donald Ewen Cameron<ref name="dream"/>.
Usage en tant que drogue
Quand il est utilisé en tant que drogue, le LSD est souvent déposé sous forme de gouttes sur de petits carrés de papier prédécoupés plus ou moins épais (buvard, en référence au côté absorbant de ce type de papier), imprimés ou non. Les motifs imprimés servent souvent à désigner le genre ; par exemple, des Modèle:Citation pour des petits carrés imprimés avec un dessin de Panoramix, le druide à la fameuse potion magique dans Astérix, ou Modèle:CitationModèle:Lequel, représentant le bon docteur testant son produit à bicyclette sur fond de montagne (ces deux modèles sont encore produits régulièrement actuellement en France). Ils peuvent aussi porter des noms chargés de référence culturelle comme [[Purple Haze (marijuana)|Modèle:Lang]], le titre d'une chanson de Jimi Hendrix. Un carré prédécoupé est considéré comme une dose unique (certains usagers coupent le carré prédécoupé en demi ou en quart pour le consommer, ou au contraire prennent plusieurs carrés à la fois dans le but d'absorber une dose élevée). Plus exceptionnellement<ref>Septième rapport du dispositif français Trend Modèle:Pdf, drogues.gouv.fr.</ref>, il se présente sous forme liquide, vendu en goutte, déposée sur un sucre, de Modèle:Citation (petite goutte de LSD dans une enveloppe gastrosoluble dont l'apparence peut rappeler celle d'un bout de mine de crayon), voire de gélatine (aussi appelée Modèle:Citation, la goutte de LSD est déposée sur de la gélatine). Il se consomme généralement par voie orale en avalant rapidement, avec ou sans eau, à la manière d'un médicament. Quelques récits font état de consommation par absorption oculaire<ref name="Eyrolles"/> (le LSD - quelle que soit sa forme - est placé sous la paupière) ou de consommation par injection intraveineuse<ref name="amine"/>.
Dans la pratique, il est fréquent que ce qui est vendu comme étant du LSD n'en contienne en fait pas (selon les sources dans plus de 50 % des cas, d'après des tests effectués sur des saisies en 2000 en France par l'OFDT<ref name="OFDT-2002">Rapport 2002 de l'OFDT Modèle:Pdf, drogues.gouv.fr.</ref>, ou dans un tiers des cas selon un rapport de la Trend<ref>Cinquième rapport du dispositif français Trend, Phénomènes émergents liés aux drogues en 2003Modèle:Pdf, drogues.gouv.fr.</ref>). Les doses varient donc entre Modèle:Unité<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. La dose hallucinogène se situe, elle, entre Modèle:Unité/2<ref name="larousse"/>. Il existe une méthode artisanale pour tester la présence de LSD sur un buvard<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang, erowid.org.</ref>. Elle consiste à extraire le LSD par dilution dans quelques gouttes d'éthanol. La solution est mise à sécher sur un papier-filtre préalablement imprégné de 4-(diméthylamino)-benzaldéhyde. Une fois sec, une goutte d'acide chlorhydrique permet une coloration violette à bleue en présence de LSD.
Les usagers de LSD et plus généralement d'hallucinogènes recherchent<ref name="Eyrolles"/> des sensations de l'ordre du développement personnel, comme une meilleure compréhension d'eux-mêmes, un aiguisement des sens, une sensation de liberté et d'harmonie, voire des révélations mystiques. Plus rarement, ils recherchent une désinhibition ou une euphorie. La consommation de LSD concerne surtout les adolescents ou les jeunes adultes majoritairement masculins<ref name="ispa"/>,<ref name="tend"/>,<ref name="conso"/>. Il est surtout consommé en Asie de l'Est et Asie du Sud-Est. Partout ailleurs sa consommation passe pour devenir anecdotique<ref name="oics"/>. En Europe, la consommation de LSD dépasse rarement 1 % de la population<ref name="ispa">Modèle:Lien web de l'IPSA.</ref>,<ref name="tend">Chiffres 2003 et 2005Modèle:Pdf de la MILDT, sur drogues.gouv.fr.</ref>. En France, en 2010, parmi les personnes âgées de Modèle:Unité/2, 1,7 % déclarent avoir déjà consommé du LSD au cours de leur vie, mais seulement 0,1 % l’a fait au cours de l’année (usage actuel). Comme pour la plupart des autres drogues illicites, les hommes sont plus nombreux à avoir expérimenté le LSD (2,6 % contre 0,8 % des femmes)<ref>Modèle:Article.</ref>.
Conservation
L'expérience de Nicholas SandModèle:Référence souhaitée a prouvé une diminution des effets après Modèle:Nobr de conservation au froid (Modèle:Tmp) et Modèle:Nobr en congélation (Modèle:Tmp). Les résultats peuvent varier selon le dosage en microgrammes, néanmoins l'expérience montre que les effets restent présents pendant en moyenne Modèle:Nobr. C'est donc un produit fabriqué à flux tendu, tendant à faciliter les échanges du fabricant au consommateur, la vente devant être rapide ceci étant dû à l'instabilité moléculaire du produit.
Société
Drogue propre à une génération, le LSD a marqué son époque. Lors de la publication des rapports scientifiques sur le LSD, la mention de ses effets psychiques attire l'attention des intellectuels ou des artistes - de la [[beat Generation|Modèle:Lang]] d'abord puis hippies. Sensibilisés par les récits des expériences d'Aldous Huxley avec la mescaline en 1953, ils se livrent à des auto-expérimentations. En 1959, le poète Allen Ginsberg prend du LSD au Modèle:Lang de Palo Alto sous la houlette de l'anthropologue Gregory Bateson<ref name="larousse"/>. L'écrivaine Anaïs Nin en consomme sous la surveillance du psychiatre Oscar Janiger<ref name="Anaïs Nin and the Vocabulary of the Psychedelic Experience" />. Timothy Leary, alors conférencier en psychologie à l'Université Harvard, est un ami d'Allen Ginsberg. Il est initié au LSD en 1961<ref name="miles">Modèle:Ouvrage.</ref>. L'expérience vécue sous LSD (mais aussi d'autres substances psychédéliques) est utilisée comme source d'inspiration, ce qui donne naissance à un nouveau genre artistique, le psychédélisme. Cependant, il est rare qu'une œuvre soit directement née sous l'emprise du LSD et dans ce cas, elle possède généralement un caractère rudimentaire<ref name="hofmann"/>.
Leary comprend qu'une substance aussi puissante court un fort risque d'être déclarée illégale. Il prend donc soin d'orienter un débat public à son avantage où il cible des personnalités influentes. Dès 1962, il organise des séances de prise contrôlée de LSD qu'il continuera ensuite à Millbrook. En 1963, Timothy Leary et son collègue Richard Alpert fondent l'Modèle:Lang (IF-IF). Ils réunissent intellectuels et divers membres anonymes autour d'un projet utopique largement inspiré des sources mystiques que le LSD aurait révélées aux hommes. Ce projet fondera la contre-culture américaine des années 1960 et 1970<ref name="larousse"/>. Ainsi, en 1964, à Millbrook, Leary et les écrivains Jack Kerouac, Allen Ginsberg, William S. Burroughs déclarent commencée la « révolution psychédélique », ou « révolution chimique », où la prise de substance psychédélique va permettre l'avènement d'une nouvelle ère pour l'humanité. L'écrivain Alan Watts parle de Modèle:Citation<ref name="avent"/>. Puis en 1967, c'est la Ligue pour la découverte spirituelle que Leary fonde. On le désigne alors comme Modèle:Citation<ref name="hofmann"/> ou le Modèle:Citation<ref name="avent">Modèle:Ouvrage.</ref>. Les médias le désignent comme responsable du fait que Modèle:Nombre de personnes, selon les estimations, aient consommé du LSD<ref>Chiffre fourni par la FDA sur une extrapolation à partir de Modèle:Nombre.</ref>. La philosophie de Leary se résume par Modèle:Citation étrangère (s'ouvrir, s'accorder, s'évader). L'usage du LSD change la perception de la vie et permet donc de changer de vie. Leary donne une dimension spirituelle, individuelle et contemplative à la consommation de LSD afin de permettre la Modèle:Citation En cela, il rejoint ceux qui relancent le débat et les recherches sur les expériences mystiques ou religieuses. Ainsi, Aldous Huxley considère les drogues psychédéliques – dont le LSD – comme des adjuvants de l'apparition d'un vécu visionnaire<ref name="hofmann"/>. Pour Art Kleps, théologien de la Modèle:Citation : Modèle:Citation Pour les plus pragmatiques, le LSD a une spiritualité certaine mais pas nécessairement déiste<ref name="miles"/>.
Parallèlement, l'écrivain Ken Kesey<ref group="n">Ken Kesey consomme pour la première fois du LSD en 1960, dans le cadre d'une expérience où il est volontaire, menée au Modèle:Lang de Modèle:Lang.</ref> fonde une communauté, les Modèle:Lang (joyeux lurons). En 1964, ils achètent un bus qu'ils aménagent : il est sonorisé intérieurement et extérieurement, et conçu pour recevoir des passagers sur le toit. À l'avant du bus est écrit Modèle:Citation étrangère, d'abord écrit avec une faute Modèle:Citation par Roy Seburn. Les Modèle:Lang, qui partent à 14, sillonnent les États-Unis avec ce bus, en organisant des Modèle:Lang où le LSD est généralement fourni par le chimiste Augustus Owsley Stanley. Ils établissent leur camp de base à La Honda où ils organisent, dès 1965, de grandes fêtes tous les samedis : du LSD est saupoudré partout, les bois sont sonorisés et agrémentés de sculptures, une scène accueille des jeux de lumière et les Modèle:Lang courent déguisés et maquillés. Les Modèle:Lang sont des shows multimédia qui accueillent généralement de Modèle:Unité/2 invités par un [[tract|Modèle:Lang]] où s'inscrit Modèle:Citation : le groupe Modèle:Lang joue, Neal Cassady, le chauffeur du bus des Modèle:Lang, parle à n'en plus finir dans le micro, Allen Ginsberg psalmodie des mantras, une baignoire pleine de punch au LSD est installée au milieu de la salle, parfois il y a des projections de films<ref name="miles"/>. Ces premiers spectacles globaux visent à accompagner au mieux le voyage sous LSD en jouant sur un maximum de stimuli. Le plus grand des Modèle:Lang se tient sur trois jours à San Francisco en Modèle:Date- sous le nom Modèle:Citation étrangère C'est là qu'apparaît la différence fondamentale entre Leary et les Modèle:Lang. Là où Leary espère du calme et de la contemplation, les Modèle:Lang cherchent volontairement des situations fantaisistes pour pousser leurs propres limites. Pour eux, le LSD est comme un sport extrême, une sorte de test d'endurance réservé aux seuls initiés<ref name="miles"/> dont ils excluent tout rapport mystique à la différence de Leary<ref name="larousse"/>. C'est en 1965 qu'Augustus Owsley Stanley rejoint les Modèle:Lang. Il prend pour la première fois du LSD à la fin de ses études de chimie à Berkeley<ref name="storm"/>. En 1966, Augustus Owsley Stanley installe un labo dans la région de la baie de San Francisco, pour tenter de fabriquer du LSD le plus pur possible puis de le distribuer à bas prix (mission qu'il croit avoir reçue à la suite de sa première expérience sous LSD). Il crée des lots de couleurs différentes pour éviter les contrefaçons de la concurrence. Il s'amuse des rumeurs qui accompagnent les effets supposés de telle ou telle couleur. Il crée un lot de LSD à cinq couleurs différentes afin de vérifier l'aspect infondé de ces rumeurs. Ensuite, il fait connaître la couleur des nouveaux lots en distribuant des échantillons gratuits (parfois via des groupes comme avec Modèle:Lang pour le Modèle:Lang) et le bouche à oreille fait le reste. Maître du marché, il fixe les prix – le LSD est encore légal – à Modèle:Unité le comprimé de Modèle:Nombre. D'autres chimistes marquent l'histoire du LSD comme Tim Scully, l'assistant d'Owsley ou Nick Sand, le chimiste de Millbrook<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Mais le Modèle:Date-, le LSD devient illégal en Californie. Ken Kesey prévoit un dernier événement pour Halloween : le Modèle:Lang avec remise de diplômes à certains Modèle:Lang. Ce sera le dernier Modèle:Lang. Le dernier grand festival fourni en LSD par Augustus Owsley Stanley a lieu le Modèle:Date- à San Francisco, lors du Human Be-In<ref name="miles"/>,<ref>Modèle:Nombre de LSD auraient été distribuées selon le Modèle:Lang.</ref>.
L'apparition contemporaine de la contre-culture américaine est historiquement liée à la popularisation du LSD. Des auteurs comme Hofmann<ref name="hofmann"/> notent que c'est son association à ce mouvement qui lui vaut une interdiction rapide aux États-Unis où, par delà le produit, c'est l'idéologie qui lui est associée qui est proscrite. Les hippies associent au LSD des valeurs en rupture avec les mouvements qu'ils perçoivent comme centraux dans la société - le matérialisme et l'insatisfaction qu'il crée ; l'urbanisation et la perte de contact avec la nature qu'elle engendre ; l'industrialisation et le manque de perspectives qu'elle génère. En revendiquant une liberté totale jusqu'à la libre consommation des drogues, ils prônent notamment l'usage de LSD<ref group="n">cité lors d'un sondage de 1969 comme Modèle:Citation du Modèle:Citation (Modèle:Lang, New York : Viking, 1979).</ref>,<ref>Modèle:Citation, Harry Monroe dans Le livre rose du hippy.</ref> pour ses effets psychiques.
De nombreux artistes ont consommé du LSD, notamment Jim Morrison du groupe Modèle:Lang, Syd Barrett<ref group="n">Il prend du LSD pour la première fois en 1966 et le Modèle:Date-, il doit quitter le groupe. Sa consommation de LSD est incompatible avec la scène où il peut plaquer le même accord durant tout un concert, jouer avec les cordes volontairement détenduesModèle:Etc.</ref>,<ref name="miles"/>, membre fondateur du groupe anglais Modèle:Lang, les [[The Beatles|Modèle:Lang]]<ref group="n">En 1965, John Lennon et George Harrison prennent du LSD pour la première fois avec un dentiste.</ref>,<ref name="miles"/>, Bob Dylan<ref name="dream"/> ou encore Jimi Hendrix et les Modèle:Lang. Ainsi, il a été influent dans la création musicale dès la fin des années 1960, notamment dans la création et le développement du rock psychédélique, de la pop psychédélique et des différents styles d'[[Acid rock|Modèle:Lang]]. Un phénomène d'une telle importance influence aussi le cinéma. Dès 1963, un documentaire italien Modèle:Lang (kaléidoscope d'images sur le thème du sang et du sexe) lance un nouveau genre aussitôt suivi par Modèle:Lien de Robert Cohen (sur le thème des Modèle:Lang) puis par Peter Perry avec Mondo Mod (évoquant les émeutes et le LSD)<ref name="miles"/>.
Steve Jobs également, cofondateur d'Apple et souvent qualifié de visionnaire, a toujours affirmé que le LSD lui avait ouvert l'esprit et avait eu une influence sur ses capacités intuitives et sa créativité<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
De nombreux films s'inspirent aussi du LSD ou de sa culture<ref name="miles"/>, en 1966 : Les Anges sauvages (de Roger Corman avec Peter Fonda, Nancy Sinatra, censuré dès sa sortie aux États-Unis), Chappaqua (le riche Conrad Rooks se paye un casting impressionnant avec la plupart des figures de la contre-culture, désireux de réaliser LE film hip) ; en 1967 : Modèle:Lang (qui présente une séance de LSD vue par un publicitaire avec Peter Fonda et Dennis Hopper sur un scénario de Jack Nicholson, réalisé par Roger Corman) ; en 1968 : [[Head (film)|Modèle:Lang]] (sur un scénario de Bob Rafelson et Jack Nicholson), Modèle:Lang (de Richard Rush avec Jack Nicholson dont une partie se déroule à Haight-Ashbury), [[Wonderwall (film)|Modèle:Lang]] (de Joe Massot), [[Rosemary's Baby (film)|Modèle:Lang]] (Roman Polanski dit s'être inspiré de ses propres Modèle:Lang pour les scènes choc du film) ; en 1969 : Modèle:Lang (avec une scène de Modèle:Lang entre Dennis Hopper et Peter Fonda), Modèle:Lang (de Modèle:Lien où Lana Turner prend du LSD), Skido (de Otto Preminger où Groucho Marx prend du LSD). Mais outre les films traditionnels, d'autres films, au nom souvent évocateur, issus de production de série Z, émergent, ce qui créera un genre à part entière<ref name="avent"/>. On peut citer notamment Modèle:Lang (de John Donne en 1969), Modèle:Lang (de Edward Mann en 1966), Modèle:Lang (d'Albert Zugsmith en 1966) ou Modèle:Lang (de Robert Ground où les hippies prennent le pouvoir et internent en camps les plus de Modèle:Nombre en les forçant à avaler du LSD jusqu'à ce que mort s'ensuive).
D'autres contre-cultures se sont aussi liées au LSD. Le cyberpunk dénonce l'illégalité du LSD qui est un obstacle à leur souhait de libre information<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>La recette de fabrication du LSD est notamment répandue via la diffusion de l'ouvrage Modèle:Lang.</ref> et s'intéresse parallèlement à la capacité de générer une sorte de réalité virtuelle. De la même manière, le taux de prévalence du LSD (et des hallucinogènes, en général) est plus élevé dans les milieux festifs techno<ref>Hallucinogènes : consommationModèle:Pdf par l'OFDT, données 2007.</ref>, notamment alternatifs où ses effets rejoignent des revendications de liberté proches de celles des années 1970.
Perception
Selon la large médiatisation positive des années 1950, il suffirait de prendre du LSD pour provoquer en soi des effets prodigieux, d'où son qualificatif d'Modèle:Citation<ref name="storm">Modèle:Ouvrage.</ref>. À l'inverse dans les années 1960, l'augmentation de la consommation hors d'un cadre scientifique génère de nombreux Modèle:Lang<ref group="n">Lors d'un Modèle:Lang dans la banlieue de Watts, en Modèle:Date-, par erreur le Kool-aid (boisson instantanée) au LSD est Modèle:Nombre plus dosé que prévu : sept hospitalisations.</ref>, quelques suicides<ref group="n">Selon Sidney Cohen, un psychiatre de l'hôpital neuropsychiatrique de Los Angeles, l'effet du LSD induit plus facilement un suicide qu'un meurtre.</ref>, et de très rares actes criminels<ref name="kessler" group="n" />, qui lui donnent une image de Modèle:Citation ou de Modèle:Citation à l'origine de son interdiction<ref name="hofmann"/>. Cette image négative persiste chez les non-usagers<ref>Modèle:Lien web.</ref>, alors que son image est plutôt bonne parmi les consommateurs. Il bénéficie d'une sorte d'aura mythique due à sa réputation de produit accessible uniquement aux initiés capables d'en maîtriser les effets et de substance phare de la contre-culture des Modèle:Nobr et 1970<ref name="conso">Modèle:Lien web.</ref>.
Argot
Les usagers utilisent des termes identiques à ceux utilisés par les usagers de drogue par voie orale notamment l'ecstasy par exemple :
- « gober » : action d'avaler un buvard ou pilule de LSD ;
- « montée »<ref name="hofmann"/> : le début des effets ;
- « perché » : le fait d'être sous l'effet du LSD ;
- « descente »<ref name="hofmann"/> : la fin des effets.
Le terme Modèle:Citation servait originellement à désigner exclusivement les effets du LSD, référence à Modèle:Lang qui signifie Modèle:Citation en anglais (un Modèle:Lang est quand les effets deviennent désagréables). Les termes Modèle:Citation ou Modèle:Citation<ref name="ofdt"/> sont utilisés pour décrire les usagers chez qui les effets persistent durablement. Les termes Modèle:Citation, Modèle:Citation, Modèle:Citation ou Modèle:Citation désignent un petit morceau de papier pré-découpé imbibé d'une goutte (ou deux) de LSD pour être consommé. Il peut aussi être consommé sous forme liquide (une goutte à avaler).
Le terme Modèle:Citation étrangère<ref name="avent"/> désigne les usagers ayant pris plusieurs fois du LSD. En effet, l'expérience sous LSD peut changer la vie de façon si radicale que certains se contentent d'une seule prise, refusant d'affronter ce type de transformation encore une fois. Le terme Modèle:Citation étrangère<ref name="miles"/> désigne le fait de faire consommer du LSD à une personne à son insu. Cette méthode découle de l'idée que la consommation de LSD est bénéfique car elle entraîne des modifications définitives mais nécessaires de la personnalité. Elle est contraire à la vision de Hofmann qui considère que la prise de LSD est quelque chose qui se prépare en amont. Cette pratique était très prisée des Modèle:Lang ; elle fut aussi courante au Modèle:Lang où les sandwichs à la dinde étaient saupoudrés de LSD.
Production et trafic
Avant son interdiction par l’Organisation des Nations unies<ref>Convention sur les substances psychotropes de 1971.</ref>, la firme suisse Sandoz le distribue légalement sous la forme d’une préparation-test (Delysid) de la fin des années 1940 à 1966. Il est disponible pour les chercheurs en laboratoire ou en clinique qui en font la demande. Dans son communiqué de presse annonçant l’arrêt de la production, Sandoz nie toute implication dans le marché noir lié au LSD et dénonce la facilité à se procurer des précurseurs. Depuis son interdiction, comme pour la plupart des « drogues de synthèse », la production s’effectue près des lieux de consommation grâce à des laboratoires clandestins mobiles<ref name="oics">Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) dans son rapport du Modèle:Date-.</ref>. Il semble que les produits nécessaires à sa fabrication soient sortis de manière plus ou moins légale — en fonction de la législation du pays en question — des laboratoires les fabriquant<ref name="illicit">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang.</ref>. En effet, avec de bonnes conditions de production, il suffit d’une quantité relativement faible — donc facilement transportable — de précurseurs (quelques kilogrammes) pour obtenir une importante quantité de doses de LSD<ref name="fas-manufacture" />.
D’après l’Organe international de contrôle des stupéfiants dans son rapport du Modèle:Date-, le LSD fait l’objet d’un trafic anecdotique qui ne dépasse généralement pas le cadre local. Globalement, il existe deux types de producteurs de LSD<ref name="DEA">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Rapport sur le site de la DEA.</ref>,<ref name="fas-manufacture" /> : un nombre réduit de producteurs organisés à grande échelle, écoulent le LSD sur un grand territoire. Ce sont des chimistes expérimentés, sans doute les mêmes depuis les années 1960 ; un nombre beaucoup plus important de petits trafiquants, eux-mêmes consommateurs, écoulent leur production sur un territoire réduit, notamment à un cercle d’habitués ; son prix à l'unité (buvard ou micro-pointe) varie en général de Modèle:Unité/2. Au plus haut niveau de la chaîne du trafic, le LSD est vendu sous forme cristallisée. Il est ensuite conditionné sous forme liquide. La solution de LSD est finalement utilisée par le plus bas niveau de la chaîne pour fabriquer les buvards (ou les autres formes sous lesquelles le LSD est vendu). Comme le LSD est un composé peu stable (voir la partie chimie) il est généralement conditionné sous sa forme finale le plus tard possible pour éviter au maximum de laisser se dégrader la molécule<ref name="illicit" />. Contrairement à d’autres trafics de stupéfiants, où le bénéfice est un facteur essentiel de motivation, le trafic de LSD comporte un aspect idéologique<ref name="illicit"/>. Les prix restent donc stables<ref>Modèle:Lien web.</ref>, et relativement bas comparativement à d’autres drogues de synthèse du même type<ref name="illicit" />,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Tableau de prix de drogues de synthèse sur le site de l’EMCDDA.</ref>. Bien que le marché soit restreint, on peut observer une dimension marketing, notamment une émulation dans la diversité des logos et des motifs mettant en valeur les buvards de LSD<ref name="larousse"/>.
Molécules similaires
Molécules naturelles
Il existe d'autres molécules proches du LSD autant par leurs effets psychiques que par leur structure chimique. Elles appartiennent souvent au groupe des indoles<ref name="hofmann"/> et sont dérivées de la tryptamine. Quelques molécules n'appartiennent pas au groupe des indoles (comme la mescaline) et sont de la classe des phényléthylamines. C'est le cas de la psilocybine et de la psilocine qui sont deux tryptamines toutes deux isolées par Hofmann du Psilocybe mexicana, un champignon considéré comme sacré et connaissant un usage rituel<ref name="hofmann"/>. Selon Hofmann, elles procurent des visions moins colorées que le LSD. Hofmann considère aussi que ces molécules procurent des hallucinations moins lumineuses que le LSD<ref name="hofmann"/>.
Il est souvent comparé au LSA (acide d-lysergique amide) dont la structure et les effets sont proches<ref name="hofmann"/>. Synthétisé pour la première fois par Albert Hofmann au cours de ses recherches sur le LSD, il le retrouve quinze ans plus tard en analysant des graines d’ololiuqui. Selon Hofmann, il est dix fois moins psychoactif que le LSD et l'effet hallucinogène comporte une composante narcotique. Les publications de Hofmann confirmant la présence d'un dérivé proche du LSD dans les graines d’Ipomoea tricolor sont connues à un moment où il devient difficile de se procurer du LSD. Les ventes de graines connaissent alors un vif envol qui cesse cependant rapidement car l'effet est moindre que celui du LSD. Le LSA est naturellement présent dans certaines plantes d'usage rituel comme Rivea corymbosa (ololiuqui), Argyreia nervosa (Modèle:Lang ou liane d'argent) et Ipomoea violacea (tlitliltzin ou Modèle:Lang).
Molécules synthétiques
Des molécules apparentées au LSD par leur structure chimique (lysergamides) et leurs effets sont apparues Modèle:Quand sur le récent marché des nouveaux produits de synthèse (NPS, ou « Modèle:Lang »). On peut citer notamment :
- l'Modèle:Lien, ou N-acétyl-LSD ;
- l'Modèle:Lien, ou 6-allyl-6-nor-LSD ;
- l'Modèle:Lien, ou 6-éthyl-6-nor-LSD ;
- le Modèle:Lien, ou N-morpholinyllysergamide ;
- le Modèle:Lien ou acide 2,4-diméthylazétidide lysergique ;
- le Modèle:Lien, ou 6-propyl-6-nor-LSD ;
- le Modèle:Lien, ou acide 1-propionyldiéthylamide lysergique.
- le Modèle:Lien, ou acide 1-propionyl-6-éthyl-6-nor-diéthylamide lysergique.
Cependant, si les effets physiques et psychiques du LSD sont aujourd'hui relativement documentés, les risques liés aux NPS sont encore mal connus, du fait de la faible documentation scientifique les concernant.
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ayelet Waldman, Modèle:Lang, Modèle:Éd. Modèle:Lang, 2017
- Michael Pollan, Voyage aux confins de l'esprit. Ce que le LSD et la psilocybine nous apprennent sur nous-mêmes, la conscience, la mort, les addictions et la dépression, Lausanne, Quanto, 2019 Modèle:Isbn
Articles connexes
- Augustus Owsley Stanley (Chimiste)
- Ayelet Waldman (Ecrivain)
- Humphry Osmond (Psychiatre)
- Stanislav Grof (Psychiatre)
- Timothy Leary (Psychologue)
- Affaire du pain maudit
- Modèle:Lang
- Psychotrope au cinéma et à la télévision
- Projet Bluebird (1949-1951)
- Projet Artichoke (1951-1953)
- Projet MK-Ultra (1953-)
- Modèle:Lang
- Modèle:Lang
Liens externes
Autres liens
- {« LSD : une invention stupéfiante », Eurêka ! , France Culture, 25 août 2022.
- {L'histoire du LSD-25Modèle:Pdf dans Sandoz journal des sciences médicales, 1955.
- {Vidéo de la TSR (1966) où des volontaires prennent du LSD sous contrôle médical
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Chapitre sur le LSD dans TiHKAL de Alexander Shulgin et Ann Shulgin.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ressources Erowid sur le LSD
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ressources Lycaeum sur le LSD
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ressources Modèle:Lang sur le LSD
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ressources Modèle:Lang sur le LSD
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ressources PubMed sur le LSD