Apostasie dans le christianisme

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}
Révision datée du 15 juin 2023 à 08:53 par >RSVartanian
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Fichier:Giotto-KissofJudas.jpg
Judas trahit Jésus avec un baiser. Judas Iscariote, l'un des douze apôtres, est devenu apostat

L'apostasie dans le christianisme est le rejet du Christ par un chrétien. Le terme apostasie vient du grec apostasia (αποστασία) qui signifie défection, départ, révolte ou rébellion.

L'enseignement biblique

Le nom grec apostasia (rébellion, abandon, état d'apostasie, défection)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Walter Bauder, « Fall, Fall Away, » The New International Dictionary of New Testament Theology, NIDNTT, 1:606.</ref> ne se trouve que deux fois dans le Nouveau Testament (Actes 21:21 ; 2 Thessaloniciens 2:3)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Michael Fink, « Apostasy, » in the Holman Illustrated Bible Dictionary, 87. En Acts 21:21, Modèle:Citation (2 Thessaloniciens 2:2 et suiv.) (D. M. Pratt, « Apostasy », International Standard Bible Encyclopedia, 1:192).</ref>. Cependant, Modèle:Citation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Pratt, International Standard Bible Encyclopedia, 1:192. Holman Treasury of Key Bible Words : Modèle:Citation (« Apostasy, » Carpenter & Comfort, Modèle:P.).</ref>. Le verbe apparenté aphistēmi (s'en aller, se retirer, chuter)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Bauder, NIDNTT, 1:606.</ref> dénote une signification théologique considérable dans trois passages (Luc 8:13 ; 1 Timothée 4:1 ; Hébreux 3:12)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} The Complete Biblical Library: Greek English Dictionary, apostasia, 10:394, et aphistēmi, 10:506. « Dans la LXX cela [aphistēmi] est fréquemment un terme technique pour apostasie (d'envers Dieu), ex: Deut 32:15; Jer 3:14; cf. et aussi 1QS 7:18, 23 » (Exegetical Dictionary of the New Testament, 1:183).</ref>.

L'apostasie dans l'épître aux Hébreux

L'Épître aux Hébreux est le texte classique sur le sujet de l'apostasie dans le Nouveau Testament<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Barnett, Dictionary of the Later New Testament, Modèle:P..</ref>. Scot McKnight, érudit du Nouveau Testament, soutient que les passages d'avertissement (2:1-4; 3:7-4:13; 5:11–6:12; 10:19–39; 12:1–29) devraient être lus et interprétés Modèle:Citation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « The Warning Passages of Hebrews: A Formal Analysis and Theological Conclusions, » Trinity Journal 13.1, 1992, Modèle:P..</ref>. Ces quatre composantes sont Modèle:Citation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « The Warning Passages of Hebrews » Modèle:P..</ref>.

Les théologiens ayant affirmé la possibilité d'apostasie

Augustin (354-430)

Fichier:Saint Augustine Portrait.jpg
Augustin

Augustin croyait Modèle:Citation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} John Jefferson Davis, « The Perseverance of the Saints: A History of the Doctrine », Journal of the Evangelical Theological Society 34:2, juin 1991, Modèle:P..</ref>.

Thomas d'Aquin (1225-1274)

À l'instar d'Augustin, Thomas d'Aquin estima que Modèle:Citation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Davis, « Perseverance of the Saints », Modèle:P..</ref>.

Martin Luther (1483-1546)

Fichier:Lucas Cranach d.Ä. - Martin Luther, 1528 (Veste Coburg).jpg
Martin Luther

A l'instar d'Augustin, Martin Luther croyait que le salut ou Modèle:Citation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Davis, « Perseverance of the Saints », Modèle:P..</ref>. « Mais », a noté le réformateur, Modèle:Citation. Dans son commentaire sur 2 Pierre 2:22, il écrit ce qui suit sur les apostats de l'Église : Modèle:Citation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Davis, « Perseverance of the Saints », Modèle:P..</ref>.

Philippe Mélanchthon (1497-1560)

Fichier:PhilippMelanchthon.jpg
Philippe Mélanchthon.

Philippe Mélanchthon a écrit un commentaire sur Romains en 1540. Sur ce passage particulier : Modèle:Citation (Romains 8:12-13, NEG1979), Mélanchthon appelle cela Modèle:Citation<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Philipp Melanchthon, Commentary on Romans, translated by Fred Kramer, Concordia Publishing House, 2010, Modèle:P..</ref>. Paul donne cet enseignement afin que les gens Modèle:Citation Modèle:Citation<ref name="Melanchthon">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Melanchthon, Commentary on Romans, Modèle:P..</ref>.

Thomas Helwys (1550-1616)

Thomas Helwys fut l'un des cofondateurs de la dénomination baptiste avec John Smyth. Après avoir rompu avec Smyth en 1610, Helwys écrivit A Declaration of Faith of English People Remaining at Amsterdam in Holland in 1611<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Joe Early Jr., The Life and Writings of Thomas Helwys, Modèle:P.. Early déclare que Modèle:Citation. Cette déclaration est Modèle:Citation.</ref>. Helwys communique clairement sa position concernant l'apostasie au point sept de la Déclaration.

John Goodwin (1594-1665)

John Goodwin fut un puritain qui Modèle:Citation. Le travail de Goodwin visait principalement à réfuter la doctrine calviniste de l'expiation limitée, mais il fit une digression de son sujet principal et passa 300 pages à réfuter la doctrine calviniste de la persévérance inconditionnelle<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} John Goodwin, Redemption Redeemed, Modèle:P.. Disponible à partir de : http://evangelicalarminians.org/Goodwin-Redemption-Redeemed.</ref>.

Perspectives théologiques

Église catholique

L'apostasie est, littéralement, une « désertion ». Dans l'Église catholique, le terme est appliqué dans deux domaines différents : l'apostasie dite « de foi » consiste à abandonner la foi chrétienne, éventuellement pour embrasser une autre religion ; l'apostasie « des vœux de religion » consiste, pour un(e) religieux(se) à quitter l'ordre où il (elle) a fait profession. Thomas d'Aquin définissait l'apostasie comme « une certaine façon de s'éloigner de Dieu », et distinguait bien « l'apostasie de la vie religieuse » de « l'apostasie par incroyance » : cette dernière Modèle:Citation<ref>Thomas d'Aquin, Somme Théologique, IIa IIae, q. 12, art. 1 et 2, trad. française : La Somme de théologie (Tome III), Paris, Les Éditions du Cerf, Modèle:P..</ref>.

On peut donc définir l'apostasie comme le reniement de la foi et des principes de la foi catholique, ce qui inclut également les dogmes et des traditions et articles de foi formulés par les papes et les conciles, les enseignements des Pères de l'Église et les enseignements ordinaires du magistère.

Thomas d'Aquin et, à sa suite, les théologiens et canonistes établissaient une distinction très nette entre l'infidèle (celui qui n'a jamais reçu le baptême et qui professe une autre religion que la catholique) et l'apostat : ce dernier était plutôt assimilé à l'hérétique (celui qui dévie du dogme et des enseignements de l'Église). En effet, le sacrement du baptême était considéré comme définitif, du moment que les conditions de validité énoncées par le droit canonique avaient été respectées. De plus, le baptisé devait obéir aux préceptes de l'Église qui, à travers les tribunaux des évêques, exerçait un pouvoir de juridiction sur les fidèles. Le juriste romain Prospero Farinacci (1554-1618) assimilait ainsi l'apostat et l'hérétique : il suivait l'opinion commune des Docteurs car, malgré la nuance entre hérésie et apostasie, les normes et les peines canoniques concernant le crime d'hérésie s'appliquaient également au crime d'apostasie<ref>P. Farinacci, Tractatus de haeresi, Anvers, 1616, question 183, Modèle:P..</ref>. L'apostasie était même considérée comme plus grave, puisqu'il s'agissait d'un abandon total, et pas seulement d'une contestation partielle, de la foi chrétienne par l'individu : or si l'apostat refusait la foi chrétienne, il était toujours considéré comme justiciable des tribunaux d'Église et, en particulier, de l'Inquisition dans les pays où elle était établie.

Un cas spécifique posé aux canonistes et aux évêques était celui des apostasies forcées : les persécutions de chrétiens dans l'Empire romain ou, plus tardivement, la capture de chrétiens par les musulmans en Méditerranée pouvaient conduire à ces reniements sous la contrainte. Sur cette question, canonistes et inquisiteurs ont fini par énoncer une modulation des peines en fonction des circonstances du reniement. Les apostats concernés pouvaient ainsi être réintégrés dans l'Église moyennant une pénitence<ref>Isabelle Poutrin, « L’Église et les consentements arrachés. Violence et peur dans le baptême et l’apostasie (Espagne, {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIe{{#if:|  }} }} et {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIIe{{#if:|  }} }} siècle) », Rivista di Storia del Cristianesimo, 7, 2/2010, Modèle:P..</ref>.

Protestantisme

Dans le protestantisme, notamment dans la période ouverte par le Réveil du début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, et jusqu'aux mouvements fondamentalistes et pentecôtistes du début du [[XXe siècle|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XXe{{#if:|  }} }}]], l'affrontement théologique a été très fort, et cette accusation très fréquente. Il arrive aujourd'hui encore que des Églises fondamentalistes considèrent comme apostates d'autres Églises, accusées d'avoir abandonné les « fondamentaux » de la foi chrétienne.

Pour le sens de l'apostasie individuelle dans le protestantisme, il faut d'abord avoir une définition précise du cadre de l'appartenance au groupe : pour savoir qui est dehors, il faut définir ce qu'est « être dedans ». Dans le christianisme, globalement, appartient à l'Église celui qui appartient au Christ, à savoir, qui reconnaît Jésus-Christ comme son sauveur. Le protestantisme assume globalement cette définition, mais il reste divisé sur les modalités de son application :

  • appartenance par le baptême pour les pédo-baptistes (pratique du baptême des enfants) : appartenance par la naissance (ex. : églises « historique », réformée, luthérienne) ;
  • appartenance par profession personnelle de sa foi : appartenance par choix. ex: beaucoup d'églises protestantes et évangéliques, de pratique baptiste (baptême des adultes).

Ici donc, l'apostasie correspond au rejet ou à la modification de ce principe fondateur du groupe, à savoir, la reconnaissance de Jésus-Christ comme son sauveur et seigneur.

Calvinisme

Selon Jean Calvin (1509-1564), une fois que le Saint-Esprit a amené une personne à la régénération (c'est-à-dire lui a donné la vie spirituelle), cette expérience ne peut être perdue et conduit au salut final avec Dieu<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} John Jefferson Davis, « The Perseverance of the Saints: A History of the Doctrine », Modèle:P..

Arminianisme

Arminius était indécis quant à savoir si un croyant pouvait commettre une apostasie

Un membre croyant de Christ peut devenir paresseux, céder la place au péché et mourir progressivement, cessant d'être membre (Works of Arminius, 3:458). L'alliance de Dieu (Jérémie 23) Modèle:Citation. S'il y a une cohérence dans la position d'Arminius, il ne semble pas nier la possibilité d'un échec (Paul and Apostasy, Modèle:P.).</ref>. Cependant, il a affirmé comme Calvin que les croyants doivent continuellement exercer leur foi afin d'obtenir le salut final avec Dieu.

Autres mouvements religieux

Mormonisme

Selon l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, quand des gens ou des groupes se détournent des principes de l'Évangile, ils sont en état d'apostasie. Lorsque les hommes corrompent les principes de l'Évangile et apportent des modifications non autorisées à l'organisation et aux sacrements de l'Église, l'apostasie est généralisée.

Selon la doctrine mormone, il s'est produit plusieurs périodes d'apostasie générale tout au long de l'histoire du monde. La période appelée la Grande apostasie s'est produite après la mort des apôtres et a duré jusqu'au Rétablissement. Selon la doctrine mormone, il n'y aura pas d'autre apostasie générale avant la seconde venue de Jésus-Christ<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} James E. Talmage, La Grande Apostasie, Salt Lake City, 1909.</ref>.

Condamnation

Modèle:... En 529, l'empereur Justinien interdit l'apostasie sous peine de mort<ref name ="belin">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Notes et références

Modèle:Traduction/Référence Modèle:Références nombreuses

Voir aussi

Bibliographie

  • Modèle:Ouvrage.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Craig D. Atwood, Samuel S. Hill, Frank S Mead, Handbook of Denominations in the United States, Modèle:12th Edition, Nashville, Abingdon Press, 2005.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} David W. Bercot [editor], A Dictionary of Early Christian Beliefs: A Reference Guide to More Than 700 Topics Discussed by the Early Church Fathers, Peabody, Hendrickson Publishers, 1998.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} David W. Bercot, Will the Real Heretics Please Stand Up: A New Look at Today's Evangelical Church in the Light of Early Christianity, Amberson, Scroll Publishing Company, 1989.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Geoffrey W Bromiley [general editor], International Standard Bible Encyclopedia, Grand Rapids, Williams B. Eerdmans Publishing Company, 1979.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Colin Brown [editor], The New International Dictionary of New Testament Theology, 3 Volumes, Grand Rapids, Regency Reference Library/Zondervan, 1975–1978.

Articles connexes

Modèle:Portail