Modernité
L'École d'Athènes, fresque réalisée au Vatican par Raphaël entre 1508 et 1512.
La modernité est un concept désignant l’idée d'agir en conformité avec son temps et non plus en fonction de valeurs, considérées de facto comme « dépassées ». Les philosophes, anthropologues et sociologues traitent principalement de ce concept<ref>Bruno Karsenti, Sociologie, philosophie : la modernité en question, Archives de Philosophie, 2013/4, tome 76, p. 547-551.</ref> mais aussi les historiens, quand ils qualifient de « moderne » une des époques qu'ils étudient. Si bien que l'adjectif « moderne » est entré dans le langage usuel.
Très liée aux idées d'Modèle:Page h', de croissance, d'Modèle:Page h', de progrès et d'innovation, le concept de modernité constitue l’opposé non seulement des idées d'immobilisme et de Modèle:Page h' mais des idées d'attachement au passé (tradition, conservatisme…) : « être moderne », c'est d'abord « être tourné vers l'avenir ». En cela, le concept de modernité constitue ce que le sociologue Max Weber appelle un idéal-type, voire la base d'une idéologie<ref>Stéphane Haber, L’idéologie de la modernité (à propos du livre de Marcel Gauchet, L’Avènement de la démocratie, tome IV, La Vie des idées, 28 février 2018.</ref>.
En France, le mot n'émerge qu'au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle mais certains philosophes Modèle:Incise font remonter le concept au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle autour de la figure de Machiavel, pour exprimer l’idée que les humains conçoivent la politique en fonction de critères rationnels (économiques, démographiques…) et non plus, comme par le passé, en fonction de considérations religieuses ou théologiques. D'autres intellectuels, plus rares, font remonter les origines du concept de modernité à l'Antiquité grecque<ref>Jean-Marc Narbonne, Antiquité critique et modernité : Essai sur le rôle de la pensée critique en Occident, Les Belles Lettres, 2016</ref>. Le thème de la modernité, comme celui du progrès, constitue l'un des principaux fondements de la pensée dite "humaniste".
À partir de la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, ce concept est de plus en plus fréquemment remis en cause par les intellectuels, considéré comme arbitraire, car indexé à l'idéologie du progrès. Mais le débat reste confus, les tenants d'une Modèle:Citation s'opposant notamment à ceux d'une Modèle:Citation. Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les avis demeurent partagés mais tous évoquent l'idée d'une Modèle:Citation<ref>Barbara Koehn, La Crise de la modernité européenne, Presses universitaires de Rennes, 2001</ref> : le philosophe Marc Halévy, conclut à Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>, le sociologue Olivier Bobineau estime que Modèle:Citation<ref>Olivier Bobineau, La troisième modernité, ou « l'individualisme confinitaire », Sociologies, 6 juillet 2011</ref> et son confrère allemand Hartmut Rosa parle d'une Modèle:Citation<ref>Laurent Jeanpierre, La fuite en avant de la modernité (recension du livre d'Hartmut Rosa, L'Accélération), Le Monde, 15 avril 2010</ref>.
Autre sujet de débat : alors que la question de la modernité est le plus souvent circonscrite à l'Occident, certains intellectuels estiment que l'on peut considérer que l'Extrême-Orient a été "plus moderne" que l'Occident ou "plus tôt". Les publications se multiplient également quant au rapport de l'islam à la modernité.
Le thème de la modernité traverse plusieurs siècles et il est abordé dans de nombreux domaines (philosophie, sociologie, histoire ; mais aussi art, science, technique…). De nombreux livres et de nombreux articles lui sont consacrés. De surcroît, il ne cesse d'être ponctué de controverses, voire de polémiques. Différents penseurs recommandent d'éviter de l'hypostasier et d'engager en revanche une approche à la fois diachronique et transversale : réexaminer son sens en fonction des contextes tout en croisant les approches (philosophie, sociologie, histoire, histoire de l'art…). En France, une des analyses les plus significatives de cette approche transversale est celle du philosophe Jacques Bidet. Il voit dans la modernité, une Modèle:Citation, une Modèle:Citation, au sens d'un présupposé à la fois économique, juridique, politique et idéologique, dont le point de départ serait le marché ; celui-ci étant considéré sous toutes ses formes : au sein du capitalisme mais aussi Modèle:Incise au sein du « capitalisme d'État » qu'est le communisme<ref>Jacques Bidet, Théorie de la modernité, Presses Universitaires de France, 1990</ref>,<ref>Christian Delacroix, « Illusion d'otique » (recension du livre de Jacques Bidet), Espace Temps, n°49-50, 1992, p. 137-138</ref>.
Origines
Le mot
Le mot "modernité" vient de l'adjectif "moderne", lui-même issu du latin tardif modernus Modèle:Incise et de l'adverbe modo - qui signifie "à l'instant" ou "il y a peu"<ref>Ernst Robert Curtius, La Littérature européenne et le Moyen Âge latin, 1956, chap. 14, §2. ouvrage réédité aux PUF en 1986.</ref>,<ref name=rey>Alain Rey (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaire Robert, 1995, p. 1258</ref>. Selon Jürgen Habermas, ce serait à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle que le terme « moderne » aurait été utilisé pour la première fois<ref>Jürgen Habermas, Discours philosophique de la modernité, Gallimard, 1988. Cité par Nicolas Duvoux, Les grammaires de la modernité, Le Philosophoire, 2005/2, n° 25, page 136</ref>.
L’adjectif modernus commence à être employé systématiquement à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, pour désigner à la fois une nouvelle forme de dévotion et une nouvelle manière de philosopher : la devotio moderna et la via moderna<ref name="guillaud">Modèle:Article.</ref>. D'après l'Oxford Encyclopedia Dictionnary, le terme modernity entre dans la langue anglaise en 1627 pour signifier "temps présent". Et en 1782, l'écrivain anglais Horace Walpole l'emploie dans sa Lettre sur la poésie de Thomas Chatterton.
En France, "modernité" apparait pour la première fois en 1822 dans un article de critique littéraire de Balzac<ref>Marion Moreau, Balzac et la modernité, Fabula, 2012</ref>,<ref>Roland Chollet, Balzac critique littéraire en 1822, L'Année balzacienne, 2012/1, n° 13, p.231-242</ref>, dans lequel celui-ci entend indiquer "ce qui est moderne en littérature"<ref name="rey" />. Baudelaire l'emploie en 1859 dans sa critique du peintre Constantin Guys, intitulée Le Peintre de la vie moderne, qui sera publiée dans Le Figaro en 1863. En Allemagne, le mot "modernité" apparaît en 1886 quand Eugen Wolff prononce une conférence sur la littérature où il affirme : « Notre idéal suprême en art n’est plus le modèle antique mais le modèle moderne ». Et en 1889, on retrouve "modernisme" avec le sens de "goût prononcé pour les idées rompant avec la tradition et la recherche de tout ce qui est moderne"<ref>Jean Rivière, Pour l'histoire du terme « modernisme », Revue des Sciences religieuses, 1928, 8-3, p. 398-421</ref>.
Le concept
Si le mot "modernité" n'émerge qu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le concept qu'il recouvre est plus ancien.
Selon l'historien Pierre Chaunu, il remonte au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à travers deux expressions nouvelles Modèle:Incise et renvoie à un nouveau type de relation de l'homme avec le temps, consécutivement à l'apparition des premières horloges mécaniques à la fin du siècle précédent : cette relation n'est plus exclusivement qualitative, elle est aussi quantitative et elle va le devenir de plus en plus : Modèle:Citation<ref name=chaunu>Modèle:Lien web.</ref>.
L'usage de l'adjectif "moderne", tel qu'on l'entend habituellement aujourd'hui Modèle:Incise, remonte au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Ainsi par exemple quand le tout premier historien de l'art, Giorgio Vasari, qualifie de maniera moderna la manière de peindre de Léonard de Vinci<ref>Giorgio Vasari, Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, première édition en 1550.</ref>. On doit également à Vasari, un peu plus tard (en 1568) le terme « Rinascita » (Renaissance), pour décrire l'ensemble de la rupture stylistique qui s'opère à l'époque sous ses yeux dans le domaine artistique.
Ce n'est toutefois qu'à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle que la sociologie, science alors naissante, s'empare véritablement du concept pour en faire un objet de recherche à part entière. On mentionne alors généralement les écrits d'Émile Durkheim, Georg Simmel et Max Weber<ref>Danilo Martuccelli, Sociologies de la modernité, Gallimard, Modèle:Coll., 1999.
Recension par Pierre-Olivier Monteil, Autres Temps, 2000, n°65, p. 106-108.</ref>.
La principale idée véhiculée et promue par le concept de modernité est l'idée d'autodétermination : Modèle:Citation bloc
En 1983, l'historien Jean Chesneaux estime que Modèle:Citation<ref>Jean Chesneaux, De la modernité, La Découverte, 1983. Introduction, p. 5-9.</ref>. Commentant ce propos, le théoricien du langage, Henri Meschonnic s'en démarque vigoureusement et met en garde contre la tentation de « diviser la modernité, ce qui arrive quand on prend pour une évidence que l’urbanisme et l’économie, dans leurs conséquences quotidiennes, n’ont rien à voir » avec ce que célébraient les artistes et les intellectuels du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Considérer ainsi la modernité, c’est se retrancher dans Modèle:Citation et perdre ainsi de vue la globalité de tout un processus<ref>Henri Meschonnic, Modernité, modernité, Verdier, 1988 ; réed. Gallimard, Modèle:Coll., 1994, p. 48-49.</ref>.
La pertinence
Régulièrement, des intellectuels de disciplines différentes contestent la pertinence du terme « modernité » car ils objectent que, pris au sens littéral, il ne veut pas dire grand chose. Citons deux exemples.
En 1928, le psychiatre suisse Carl Gustav Jung affirme que la question essentielle n'est pas le concept de modernité mais la psychologie des humains quand ils se prétendent "modernes" : Modèle:Citation bloc
En 1974, l'historien de la littérature Hans Robert Jauss écrit : Modèle:Citation bloc
Comme l'écrivait déjà La Bruyère à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:Citation<ref>Jean de La Bruyère, Discours sur Théophraste, Michallet, 1688 ; in Les Caractères, dernière édition, Flammarion, 2013</ref>. Alors, pourquoi toute cette littérature sur "la modernité" ? Et pourquoi, à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, de nouveaux vocables se multiplient-ils, comme autant de surenchères (« postmodernité », « hypermodernité », etc.) ?
Le mot « modernité » n'est plus qu'un poncif<ref>Christian Wasselin, « Modernité. Un poncif de notre temps », Le Débat, 2001</ref> et Modèle:Citation<ref>Yves Vadé (dir.), « Ce que modernité veut dire », Presses universitaires de Bordeaux, 1994</ref>. Pour autant, on va le voir, le thème continue d'absorber les réflexions des intellectuels comme « une crise d'adolescence de l'humanité qui s'éternise »<ref>Frédéric Guillaud, La modernité : crise d'adolescence de l'humanité ? Le Philosophoire n° 25, 2005, p. 77-88</ref>.
Quelques définitions liminaires
Bien que la pertinence du terme "modernité" soit régulièrement contestée, le concept "modernité", lui, est à l'origine d'un très grand nombre d'analyses. Se pose alors la difficulté de définir celui-ci. Selon l'universitaire Alexis Nouss, cette difficulté vient du fait qu'il repose sur deux socles distincts : d'une part la science historique, d'autre part la philosophie morale et les disciplines dérivées. Modèle:Citation bloc
De fait, on retrouve cette bipolarité dans la quasi-totalité des définitions du terme<ref group="n">Lire Yves Bonny, Sociologie du temps présent. Modernité avancée ou postmodernité ? Armand Colin, 2004. réed. 2007. p.30-31</ref>.
Encyclopedia Universalis (1985)
Dictionnaire des sciences humaines (2004)
Revue Le Philosophoire (2005)
En Modèle:Date-, la revue Le Philosophoire consacre un numéro spécial au concept de modernité. En ouverture, Vincent Citot, son directeur, écrit : Modèle:Citation bloc
Thierry Ménissier (2009)
Introduisant son cours « Qu'est-ce que la modernité ? » (à l'université Grenoble-Alpes en 2009), l'universitaire Thierry Ménissier écrit : Modèle:Citation bloc
Les valeurs de la modernité
Selon le sociologue suédois Modèle:Lien, Modèle:Citation<ref>Göran Therborn, Les valeurs de la modernité contemporaine, Les Sociétés d’Europe du {{#switch: au
| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: XXI|-| – | XXI }}Modèle:S mini- siècle
| Modèle:S mini-{{#ifeq: au|-| – | au }}Modèle:S mini- siècle
}}, 2009, p. 257-286</ref>. D'autres intellectuels adoptent des critères supplémentaires, tels Jacques Attali, selon qui Modèle:Citation<ref>Jacques Attali, Histoire de la modernité, Champs/Essais, 2015, p. 14</ref>.
En consultant la littérature sur le sujet, on peut esquisser une typologie de la modernité.
Philosophie, temps et histoire
Modèle:Article détaillé Certains intellectuels identifient l'émergence du concept de modernité avec la naissance de la philosophie en tant qu'exercice de l'esprit critique et du libre examen : la pratique philosophique est ce par quoi les humains pensent par eux-mêmes, au moyen de la raison, du fait que celle-ci est à la fois réflexive et discriminante (le mot "critique" vient du grec krinein, qui signifie "trier")<ref>Jean-Marc Narbonne, Antiquité critique et modernité : Essai sur le rôle de la pensée critique en Occident, Les Belles Lettres, 2016</ref> : en posant l'exigence de se connaître soi-même, Socrate serait donc en quelque sorte le "premier moderne"<ref>Volker Gerhardt, Les Temps modernes commencent avec Socrate, Revue germanique internationale n°11, 1999</ref>. "Connaissance de soi" signifiant "approche de soi dans la durée" (naissance et mort étant posés comme les deux bornes de l'existence), la prise en considération du facteur temps constitue l'un des grands axes de la posture philosophique. Ainsi pour bon nombre de commentateurs, la conception du temps et la philosophie de l'histoire orientent et structurent avant tout le concept de modernité<ref>Alain Touraine, Critique de la modernité, Fayard, 1992. Première partie, chapitre 3 : Le sens de l'histoire.</ref>.
Les historiens estiment que la conception moderne de l'histoire a émergé à la fin du Moyen Âge. L'Allemand Friedrich Ohly situe l'amorce du processus à la "Renaissance du XIIe siècle" en France. Mais alors que l'on associe traditionnellement la modernité à tout ce qui s'oppose à la tradition, Ohly considère que ce qui se manifeste chez les intellectuels de l'époque, c'est une volonté de la dépasser ; ceci en concevant le temps non plus sur le mode cyclique du retour au même mais sur celui de la succession typologique : Modèle:Citation ; conception que résume l'adage de Bernard de Chartres, Des nains sur des épaules de géants : quiconque a une ambition intellectuelle doit s'appuyer sur les travaux des penseurs du passé. De ce désir de connaître les Anciens naîtront, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les premières universités.
Pour beaucoup, la modernité se construit en tension avec le Moyen Âge : ne dit-on pas, souvent, que les temps modernes débutent Modèle:Citation du Moyen Âge ? C'est sur cette base que des sociologues des Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècles, tels que Jacob Burckhardt (par les liens d'un individu avec le spirituel ou la communauté), Ferdinand Tönnies (par l'importance de l'argent), Georg Simmel (destruction de cercles d'intérêts), ou Émile Durkheim (absence de règles de la vie moderne), expliquent l'apparition de la modernité. Cependant cette approche se montre vite limitée : par exemple, alors que Jacob Burckhardt avait commencé à penser la modernité comme un progrès par rapport au Moyen Âge, il change radicalement d'opinion à la fin de sa vie pour considérer que la modernité est au contraire un déclin par rapport au Moyen Âge. Max Weber insiste au contraire sur la continuité qui existe entre les deux périodes, en affirmant que c'est au Moyen Âge que se construit le monde moderne. Selon lui, si l'on considère les groupes sociaux sous l'angle de la rationalité des personnes qui les constituent, on s'aperçoit qu'ils développent une qualité d'ordre, qui dépassent, dès l'origine, les supposés ordres établis de la société moyennageuse qu'étaient les religieux, les nobles et les travailleurs. En fait, pour lui, le Moyen Âge constituait, déjà, une société moderne<ref name=":0" />.
Estimant que toute conception du temps dépend des instruments de mesure, Pierre Chaunu situe l'émergence de la notion de modernité au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, quand les premières horloges mécaniques sont installées en haut des clochers d'églises. Cette notion Modèle:Citation. C'est ainsi, avance Chaunu, que les humains se focalisent alors sur les faits récents ou actuels et sont amenés à se projeter dans le futur. Et, dès lors que les instruments de mesure se perfectionnent, les échelles de temps sont plus longues : on ne pense plus seulement en fonction du lendemain ou de la saison prochaine mais des années suivantes. Ainsi la conception du temps prend-elle au fil des siècles une signification plus concrète (plus matérialiste) tandis que, simultanément, les humains intègrent le sens du temps long. Et ainsi se forge une philosophie de l'histoire ayant valeur collective : le progrès.
L'expression « philosophie de l'histoire » apparaît chez Voltaire en 1765 <ref group="n"><On doit à l'historien italien Giambattista Vico d'avoir ouvert la voie quarante ans plus tôt, en 1725, avec ses Principes d'une science nouvelle relative à la nature commune des nations. L'ouvrage ne sera traduit en français qu'un siècle plus tard - en 1827 par Jules Michelet sous le titre « Principes de la philosophie de l'histoire » - et sera alors abondamment commenté.</ref>. Mais c'est au prussien Emmanuel Kant que revient en 1784 l'initiative de justifier cette approche (Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique). Considérant l'histoire comme une masse hétérogène de faits (non seulement les événements politiques mais aussi ceux qui ponctuent la vie quotidienne), il s'efforce de retirer un sens de cette hétérogénéité même. Plaçant l’homme au centre du monde, "comme Copernic avait situé le soleil au centre de l'univers"<ref>Dominique Pradelle, Par-delà la révolution copernicienne. Sujet transcendantal et facultés chez Kant et Husserl, Presses universitaires de France, 2012</ref>, il considère qu'il est libre, « autonome », et qu'il puise cette liberté précisément dans l'exercice de sa raison. Mais partant de l'hypothèse que l'existence d'un individu est trop courte pour lui permettre de faire toutes les expériences nécessaires à son développement, Kant estime que le fil directeur de l’histoire est l'inscription progressive de la raison dans les institutions, grâce à la transmission du savoir d'une génération à l'autre. C'est donc sur l’humanité tout entière, plus exactement sur sa capacité à capitaliser la rationalité du savoir au fil du temps, que repose selon lui le « progrès » de l'humanité.
Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, sous l'influence Modèle:Incise des futuristes italiens, l'accroissement de la vitesse devient un symbole de modernité, rendu possible par toutes sortes de machines. Et de fait, à la fin du siècle, de nombreux sociologues pensent que l'une des principales caractéristiques de l'époque est la mise en place de dispositifs permettant aux humains de gagner sans cesse et toujours plus de temps : les TGV, les fast-foods, le speed dating, le just-in-time, l'augmentation de la fréquence des cycles de production, la banalisation des procédures d'urgences<ref>Nicole Aubert, Le culte de l'urgence : La société malade du temps, Flammarion, 2009</ref>,<ref>Gilles Finchelstein, La Dictature de l'urgence, Fayard, 2011</ref>… Ce phénomène connait une accélération foudroyante avec l'invention du microprocesseur dans les années 1970 : l'ingénieur Gordon Moore prédit alors que les équipements électroniques vont devenir de plus en plus rapides bien que de plus en plus petits et de moins en moins coûteux (Loi de Moore).
Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, ce développement exponentiel de l'électronique, couplé à l'apparition d'internet, conduit certains philosophes à reconsidérer le concept de modernité : Modèle:Citation (Peter Conrad)<ref>Peter Conrad, Modern Times, Modern Places, New York, Knopf, 1999, p.9</ref> ; Modèle:Citation (Thomas Eriksen)<ref>Thomas Eriksen, Tyranny of the moment, Londres, Pluto Press, 2001, p.159</ref> ; Modèle:Citation (Hartmut Rosa)<ref>Hartmut Rosa, Accélération, La Découverte, 2013, p.35</ref>…
L'État, expression de la providence
Modèle:Article détaillé Pour certains historiens Modèle:Incise les origines de l'État moderne remontent à la fin du Moyen Âge<ref>Yves Déloye, Genèse(s) de l’État moderne, Sociologie historique du politique, 2017, p. 19-44</ref>. Jean-Philippe Genet retient principalement trois facteurs : le développement du féodalisme ; le rôle nouveau de l'Église dans l'Europe latine, Modèle:Citation ; l'essor de l'économie européenne et singulièrement celui des villes (au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), lequel Modèle:Citation<ref>Jean-Philippe Genet, La genèse de l'État moderne, Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 118, juin 1997, p. 6.</ref>. S'opposant ouvertement aux États pontificaux, l'Empire germanique se fait appeler Saint Empire à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : le souverain n'est plus adoubé par le pape mais il est admis que son autorité lui vient directement de Dieu (monarchie de droit divin).
Ce n'est toutefois que durant la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, quand Louis XI unifie le royaume de France, qu'émerge véritablement l'État moderne : l'État-nation. Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle le Florentin Machiavel formule les premières théories justifiant son existence et ses modes de fonctionnement. Au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'Anglais Thomas Hobbes contribue à renforcer cette légitimité (Le Léviathan, 1651), inaugurant ainsi la philosophie politique comme discipline. Assimilant la religion à de la superstition, il estime qu'il convient de désacraliser la personne du monarque. L'appareil d'État démontre à ses yeux la capacité des humains à administrer leurs territoires selon leur libre-arbitre et leurs intérêts propres. Le rôle de l'État est de sauvegarder leurs droits, dits « naturels ».
Le concept hobbesien de contrat social irrigue toute la philosophie des Lumières, à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et porte l'idéal révolutionnaire, en France comme aux États-Unis. Grand admirateur de la Révolution, l'Allemand Hegel se livre au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à une véritable apologie de l'État : plus qu'un simple organe institutionnel, il est selon lui « la forme suprême de l'existence », « le produit final de l'évolution de l'humanité », « la réalité en acte de la liberté concrète », le « rationnel en soi et pour soi »<ref>Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Principes de la philosophie du droit, Gallimard/Tel, 1989</ref>.
Quelques penseurs, dont Tocqueville, s'inquiètent de cette soudaine montée en puissance de l'État et les anarchistes protestent vigoureusement mais leurs vues restent minoritaires. Lorsqu'éclate la Révolution russe, en 1917, l'Allemand Max Weber voit dans l’État une structure parvenue Modèle:Citation. Selon lui, ce fait constitue l'un des premiers fondements du concept de "modernité"<ref>Patrick Watier, Max Weber : analyste et critique de la modernité, Sociétés, 2008/2, n° 100, p. 15-30</ref> car il Modèle:Citation<ref>Marian Eabrasu, Les états de la définition wébérienne de l'État, Raisons politiques, 2012/1, n° 45, p. 187-209</ref>.
En Union soviétique, le communisme est encadré par un solide appareil bureaucratique, lui-même encensé par un vaste dispositif de propagande. Le psychanalyste suisse C.G. Jung dira plus tard que Modèle:Citation. Et en 1922, quelques années avant d'adhérer au parti nazi, le philosophe Carl Schmitt affirme lui-même que Modèle:Citation<ref>Carl Schmitt, Politische Theologie, 1922. Trad. fr. Théologie politique, Gallimard, 1988</ref>.
Même au sein des démocraties dites libérales, l'État joue un rôle majeur, notamment au travers des politiques keynésiennes à partir de la Seconde Guerre : en 1942, le rapport Beveridge préconise la mise en place de l'État-providence en Grande-Bretagne et, deux ans plus tard, le Français Raymond Aron qualifie la politique de « religion séculière ».
De fait, les états "modernes" encadrent toutes les activités humaines : non seulement ils assurent les fonctions régaliennes (défense, justice…) mais ils prennent en charge le confort matériel (santé, culture…), au point que certains évoquent les institutions de la modernité<ref>Jean Nizet, Les institutions de la modernité, La Sociologie de Anthony Giddens, 2007, p. 49-62</ref>. Un certain nombre d'intellectuels remettent en cause le caractère totalitaire de l'État, à commencer par les défenseurs du libéralisme économique et les tenants de l'anarchisme. Mais d'autres également, pour des raisons totalement étrangères à l'économie ou à la politique mais relatives à l'éthique. C'est le cas du Français Jacques Ellul : Modèle:Citation<ref>Jacques Ellul, Autopsie de la révolution, 1969 ; rééd. La Table ronde, 2008, p. 196</ref>. (…) Ce n'est pas l'État qui nous asservit, même policier et centralisateur, c'est sa transfiguration sacrale<ref>Jacques Ellul, Les Nouveaux Possédés, 1973 ; réed. Mille et une nuits/Fayard, 2003, p. 316</ref>.
Du Nouveau monde à la mondialisation
Modèle:Article détaillé L'année 1492, date de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, sert fréquemment de référence aux historiens comme amorce des temps modernes. De fait, en explorant puis en conquérant le "Nouveau Monde", les Européens ne vont avoir de cesse de découvrir d'autres mondes puis "le" monde dans sa globalité : En 1517, l'équipage de Magellan effectue le premier tour de la Terre, qu'il achève en 1522, trente ans seulement après l'exploit de Colomb.
L'Astronome, tableau de Johannes Vermeer (1668)
Par l'intermédiaire des explorateurs, mais également des astronomes Modèle:Incise l'ensemble de l'humanité se forge une nouvelle conception du monde qui, elle-même, sert en retour de justification à l'esprit de conquête<ref>Oury Goldman, Finir le Moyen Âge, ouvrir le Nouveau Monde ? Humanisme et célébration de la découverte au tournant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Questes, Revue pluridisciplinaire d'études médiévales n°33, 2016, p.63-79</ref>, voire plus tard au colonialisme<ref>Agustí Nicolau, La modernité et le colonialisme, Le Devoir, 27 février 2014</ref> et à la "conquête de l'espace", celui-ci étant désormais compris comme une nouvelle frontière.
Pour autant que la notion de mobilité est associée à celle de modernité, faut-il y voir nécessairement la marque de l'esprit de conquête et du volontarisme ? Pas forcément, répond Bernard Vincent, directeur d'études à l'EHESS : Modèle:Citation bloc
Selon André-Jean Arnaud, directeur de recherche émérite au CNRS, ce qu'on entend par "mondialisation" n'est rien d'autre que l'imposition forcée à l'ensemble du monde des valeurs de "la modernité" : Modèle:Citation De fait, on entend généralement par "occidentalisation" le fait que, depuis 1492 jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001, à New York, la société occidentale s'impose auprès du reste du monde comme un véritable modèle<ref>Philippe Richardot, Le modèle occidental. Naissance et remise en cause, 1492-2001, Economica, 2007</ref> (lire plus bas).
La Réforme : les individus seuls face à Dieu
En 1517, le moine Martin Luther initie le mouvement de la Réforme, dont les conséquences vont être considérables. Le protestantisme, en effet, n'est pas seulement une nouveauté sur le plan théologique :
- d'une part, il va modifier en profondeur le paysage politique en Europe (car en désacralisant le pouvoir de l'Église, et au prix d'affrontements meurtriers, notamment en France, il va peu à peu contribuer à légitimer celui des États ; lire supra) ;
- d'autre part, du fait qu'il valorise le libre-arbitre des individus en privilégiant la relation de face-à face de l'homme avec Dieu, au détriment de la relation de médiation défendue par les catholiques, il va bouleverser les mentalités bien au delà de sa sphère d'influence directe<ref>Jean Baubérot, Réforme et protestantisme, Histoire du protestantisme, 2013, p. 3-14</ref>.
De fait, les protestants contribuent nolens volens à l'émergence de l'individualisme (lire infra), voire de l'esprit d'entreprise. C'est du moins la thèse du sociologue Max Weber, en 1905, dans un ouvrage qui fera ensuite référence : L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme <ref>Max Weber, L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme, 1904-1905. Trad. fr. Plon, 1964. Réed. Pocket, 1991</ref>. Ami personnel de Weber, le théologien Ernst Troeltsch souscrit globalement à cette thèse <ref>Ernst Troeltsch, Protestantisme et modernité, recueil d'articles traduits en français chez Gallimard, 1991</ref> de même que la plupart des théologiens du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Olivier Abel, Protestantisme et modernité en crise, Autres Temps n°54, p. 71-79</ref>,<ref>Pierre-Olivier Monteil, Le protestantisme a-t-il quelque chose à dire à la modernité ? Autres Temps n° 64, 1999, p. 77-86</ref>,<ref>André Gounelle, Protestantisme et modernité, 2010</ref>, même si l'idée d'une filiation "protestantisme-modernité" est parfois contestée<ref>Adrien Boniteau, Protestantisme et modernité : pour en finir avec le mythe, PhiLitt, 27 octobre 2017</ref>.
Selon l'universitaire Michel Grandjean, Modèle:Citation<ref>Michel Grandjean, La Réforme et le matin du monde moderne, Cabedita, 2016</ref> et, bien que Modèle:Citation<ref>Michel Grandjean, « La Réforme a fécondé la modernité », Écho Magazine, 30 octobre 2017</ref>.
La liberté : l'universalisme et l'individualisme
Modèle:Article détaillé Selon le philosophe Vincent Citot, « l'esprit de la modernité », c'est la liberté : Modèle:Citation bloc
Mais, poursuit Citot, la liberté Modèle:Incise suppose d'une part l'affirmation du collectif (la société, la culture, l'État…) qui, seul, est apte à l'institutionnaliser ; d'autre part la mise en avant de l'individuel qui, Modèle:Incise peut la concrétiser. Pas de liberté, par conséquent, sans universalisme et sans individualisme. Comment ses deux pôles, a priori antagonistes, peuvent-ils s'articuler ? Citot propose cette réponse : Modèle:Citation bloc
De la rationalité à la quête d'efficacité maximale
Se référant au Discours de la Méthode de Descartes (publié en 1637), en particulier à la célèbre formule « nous pourrions nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature », Thierry Ménissier estime qu'Modèle:Citation<ref>Thierry Ménissier, Op. cit.</ref>.
Cet exercice intensif de la raison s'exprime essentiellement de deux façons :
- d'une part sur la pensée elle-même, notamment à partir de la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle dans le champ de la philosophie, sous l'influence de Kant : c'est le criticisme ;
- d'autre part sur le réel objectif (l'environnement naturel), en premier lieu au cours du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle à la suite du processus d'industrialisation, c'est la rationalisation.
- Modèle:Citation<ref>Zeev Sternhell, La modernité et ses ennemis, introduction de De la révolte contre les Lumières au rejet de la démocratie, L’éternel retour, 1994, p.9-37</ref>.
- Modèle:Citation<ref>Sociologie de la modernité selon Max Weber, Lumni, 2019</ref>,<ref>Patrick Watier, Max Weber : analyste et critique de la modernité, Sociétés, 2008/2, n° 100, p. 15-30</ref>.
En 1905, dans L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme, puis en 1919, dans Le Savant et le Politique, Weber voit dans la rationalisation le fondement par excellence de l'idée de modernité<ref>Françoise Mazuir, Le processus de rationalisation chez Max Weber, Sociétés n°86, 2004/4, p.119-124</ref> : Modèle:Citation bloc
Selon Weber, c'est dans le système capitaliste que le sens de la rationalisation se déploie de la façon la plus explicite. Mais, précise t-il, le capitalisme lui-même ne découle pas tant d'une quête de profit, comme les marxistes se plaisent à le penser, que d'une éthique héritière du protestantisme<ref>Max Weber, L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme</ref>. Commentant cette analyse, Jacques Ellul écrit : Modèle:Citation bloc
Ellul précise que selon lui, les humains sont tellement portés par cet esprit de rationalisation qu'ils multiplient et améliorent sans cesse les techniques, au point que celles-ci constituent désormais un nouvel environnement, au même titre qu'autrefois la nature. Selon lui, ce que Weber appelle « désenchantement du monde » ne correspond en réalité qu'à une « désacralisation de la nature » et c'est l'ensemble des techniques Modèle:Incise qui est désormais sacralisé. Ellul définit "la Technique" comme Modèle:Citation<ref>Jacques Ellul, La Technique ou l'Enjeu du siècle, 1954. Rééd. Economica, 2008, p. 18.</ref>.
Bonheur, travail, technique : la triade du progrès
Modèle:Article détaillé Modèle:Section vide ou incomplète
Changement, innovation, développement, croissance
Modèle:Article détaillé En 1985, Jean Baudrillard qualifie la modernité de Modèle:Citation<ref name="a1" />.
De fait, dans les milieux institutionnels, le goût du changement est souvent présenté comme une valeur de la modernité : « moderniser, c'est adapter l'action publique à la société de demain », estime par exemple Laure de La Bretèche, secrétaire générale pour la modernisation de l’action publique en 2017, évoquant « l'esprit de modernité » et la nécessité Modèle:Incise de le « rendre désirable »<ref>Laure de La Bretèche, « Rendre désirables l'esprit de modernité, le changement et la réforme », Le portail de la modernisation de l'action publique, 26 janvier 2017</ref>.
La même tendance s'observe dans le milieu du management. Selon certains observateurs, une entreprise, quelle que soit sa taille, est "moderne" dès lors qu'elle innove : Modèle:Citation<ref>Michel Marchesnay, L'hypofirme, vivier et creuset de l'innovation hypermoderne, Innovations, 2008/1, n° 27, p.147-161</ref>.
On retrouve enfin le thème de la modernité dans la plupart des grands débats sur le thème du développement, parfois sous la forme de questionnements : Modèle:Citation<ref>Emile Kenmogne (dir.), Le Développement et la question de la modernité, L'Harmattan, 2010</ref>. Les réponses à ces questions sont partagées : alors que l'économiste Jean-Paul Karsenty n'hésite pas à associer les concepts de "modernité" et de "développement durable"<ref>Jean-Paul Karsenty, Un développement durable, oui, mais moderne et humain ! Médiapart, 22 juin 2008</ref>, d'autres, partant de l'idée que "la modernité" est une idéologie, se demandent, inquiets, si le concept de développement durable n'en est pas une nouvelle figure<ref>Xavier Arnauld de Sartre et Vincent Berdoulay, Le développement durable : une inflexion de la modernité ? Des politiques territoriales durables ?, 2011, p. 15-31</ref>,<ref>Sylvie Brunel, La fin de l'idéologie du développement, Le Développement durable, 2012, p. 7-18</ref>.
D'un point de vue économique, le concept de modernité trouve sa justification dans les objectifs de croissance<ref>Mathieu Flonneau, Modernité(s) matérielle(s) : reflet d’une Europe en croissance, Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe, non daté.</ref>.
Le confort matériel : première justification du productivisme
Modèle:Article détaillé Le concept de modernité est très souvent associé au processus d'anthropisation, transformation physique de l’environnement terrestre sous l’effet des systèmes techniques de l’humanité, résultat du processus d'industrialisation amorcé au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Dominique Bourg, Modernité et appartenance à la nature, revue Esprit, n° 222, juin 1996, p. 55-80</ref>. En vue d'analyser les soubassements éthiques de ce processus, différents intellectuels estiment que l'idéal de modernité est fondé sur l'alliance de deux termes en apparence antagonistes : le bonheur et le travail (lire supra).
Mais alors que pour certains Modèle:Citation, pour d'autres, le bonheur tel qu'il est promu par les Lumières ne s'apparente pas seulement à la connaissance des lois de la nature mais à l'assujettissement pur et simple de la nature : tout d'abord par le biais du travail humain puis, dans un second temps, au moyen de toutes sortes de techniques de production nées à la fois de l'essor du machinisme et d'un plaisir immodéré de "consommer" les produits rendus possibles par le "progrès technique" ("société de consommation").
C'est ainsi qu'au milieu des années 1960 Modèle:Incise quelques intellectuels considèrent que, sous l'effet du consumérisme, "bonheur" et "confort matériel" sont devenus des termes interchangeables.
- En 1965, dans son roman Les Choses, l'écrivain Georges Pérec pose un regard critique sur le matérialisme porté par la société de consommation. Interrogé peu après sur ses intentions, il répond : « il y a une espèce de bonheur de la modernité, même dans l’impossibilité ou la déception. Oui, c’est cela le bonheur dans la modernité. »<ref>Georges Pérec, « Le bonheur dans la modernité » [Entretien avec Jean Duvignaud], Le Nouvel Observateur, n° 57, 15-21 décembre 1965, p. 32-33.</ref>.
- Deux ans plus tard, dans Métamorphose du bourgeois, Jacques Ellul écrit : Modèle:Citation<ref>Jacques Ellul, Métamorphose du bourgeois, 1967. Réed. éd. La Table Ronde, coll. « La petite vermillon », 1998, p. 93 et 294</ref>.
Par la suite, les analyses mettant en lien "l'idéologie du bonheur" et l'exigence de productivité par des moyens techniques sont plus rarement reprises. Ainsi en 1993, le sociologue Olivier Le Goff estime que « le confort n'est plus uniquement à comprendre comme une valeur emblématique de la modernité, autrement dit comme l'un de ses modes privilégiés de représentation et de légitimation, mais comme l'une de ses instances productrices de son sens<ref>Olivier Le Goff, L'invention du confort. Naissance d'une forme sociale, Presses Universitaires de Lyon, 1994. Lire en particulier le chapitre 4 : « Confort, modernité et fin de siècle »</ref>». Selon lui, Modèle:Citation<ref>Op. cit. pages de conclusion.</ref>.
Les contextes de la modernité et les premières interrogations
Né au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avec Hegel, le concept de modernité s'est ensuite développé dans le contexte particulier d'une mutation sans précédent de la société occidentale, résultant de l'industrialisation et de l'urbanisation.
Durant la seconde moitié du siècle, Karl Marx en est sans conteste le premier critique. Estimant que l'économie constitue l'élément déterminant de la société, il estime que les principaux ingrédients en sont les structures du capitalisme.
D'autres penseurs vont lui emboîter le pas, depuis des analyses très différentes mais avec pour point commun la dénonciation des prétentions de la raison à pouvoir penser et changer le monde : Nietzsche à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et Freud au tout début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
Également à cette époque, Max Weber considère que les valeurs de la modernité s'inscrivent directement dans le sillage de celles auxquelles elles prétendent s'opposer, à savoir celles du christianisme. Après lui, d'autres penseurs (notamment Carl Schmitt et Karl Löwith) estimeront que le discours sur la modernité constitue la transposition sécularisée d'une vision de l'histoire élaborée par le christianisme, approche qui sera par la suite parfois contestée.
Si l'on a longtemps opposé l'analyse de Marx et celle de Weber, certains s'efforcent sinon de les concilier, au moins les articuler, dont Löwith lui-même<ref>Karl Löwith, Max Weber et Karl Marx, Payot, 2009.</ref>.
Marx, Nietzsche, Freud et la philosophie du soupçon
Selon le philosophe Paul Ricoeur, Marx, Nietzsche et Freud ont fortement contribué à remettre en question l'ensemble des discours sur la modernité car ils sont à l'origine d'une « perte de confiance » dans la capacité de la raison à interpréter le monde, contrairement à ce que l'on supposait depuis la théorie kantienne de la connaissance, selon laquelle toute l'évolution de l'humanité repose sur la primauté du sujet connaissant. Ricoeur voit en eux les maîtres du soupçon<ref>Paul Ricoeur, De l'interprétation, Le Seuil, 1965. Réed. 1995</ref>.
- Pour Marx, il n'y a pas de nature humaine ou d'essence de l'homme : l’histoire de l'humanité se résume à des rapports de force entre classes sociales en fonction de leurs intérêts respectifs. Dès 1848, il écrit : Modèle:Citation<ref>Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, 1848</ref>. Selon Marx, la notion de sujet doit être indexée à celle du mode de production : toute marchandise est l'expression d'un rapport social entre des hommes, ce que la classe bourgeoise s'efforce d'occulter<ref>Andrés Barreda Marín, Karl Marx, critique de la modernité bourgeoise, Période, 4 février 2019</ref>. Analysant en 1990 la pensée de Marx, le philosophe Jacques Bidet dépasse les considérations économiques auxquelles, dit-il, on réduit souvent les rapports marchands. Selon lui, ceux-ci sont relativement autonomes et cette autonomie caractérise précisément ce qu'on appelle "modernité", ce que Marx n'a pas perçu à son époque<ref>Jean-Marie Vincent, Marx, la religion du quotidien et de la modernité, Multitudes, non daté</ref>.
- Depuis la publication en 1874 de De l’utilité et de l’inconvénient des études historiques pour la vie, où il posait la question Modèle:Citation, Nietzsche est unanimement considéré comme le premier véritable critique de la modernité<ref>Pierre Macherey, Nietzsche et la critique de la modernité, La philosophie au sens large, 5 octobre 2005</ref>. Selon lui, Modèle:Citation n'est qu'un mythe car les humains ne peuvent s'empêcher de vivre en "troupeaux" et de se conformer à des règles morales arbitraires, contraignantes et aucunement émancipatrices. Modèle:Citation<ref>Brigitte Krulic, Nietzsche et la critique de la modernité démocratique, Archives de philosophie, 2001/2, tome 64, p. 301-321</ref>.
- En 1917, en pleine Première Guerre mondiale, Freud formule dans son Introduction à la psychanalyse sa théorie de l'inconscient. Son diagnostic est implacable : Modèle:Citation<ref>Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse, cours professés entre 1915 et 1917. Première traduction en français, 1921</ref> car il est sans cesse assailli de l'intérieur par les pulsions (le ça) et de l'extérieur par toutes sortes de convenances bourgeoises (le surmoi). Certains commentateurs de Freud estiment toutefois qu'en partant de ce constat, il jette les bases d'une « seconde modernité »<ref>Pierre Fossion, La psychanalyse, corde tendue entre la modernité et la post-modernité, Freud à l'aube du XXIe siècle, 2004, p. 151-172</ref>,<ref>Marie-Jean Sauret, Sujet, lien social, seconde modernité et psychanalyse, Essaim, n° 25, 2010/2, p. 43-56</ref>.
En France à partir de la fin des années 1960, les héritiers de ces trois penseurs seront considérés comme les fondateurs de la philosophie postmoderne. Citons Althusser, Derrida, Deleuze et Guattari pour Marx ; Foucault, pour Nietzsche ; Lacan, pour Freud.
Urbanisation, massification et politique-spectacle
L'évolution de l'urbanisme fait partie intégrante de la problématique de la modernité<ref>Daniel Pinson, Architecture et modernité, Flammarion, 1997</ref>,<ref>Daniel Pinson, Ville, architecture et modernité, 1998</ref>. C'est du moins ce qu'ont affirmé deux pionniers de la sociologie : Georg Simmel au début des années 1900, avec Les grandes villes et la vie de l'esprit<ref>Georg Simmel, Les grandes villes et la vie de l'esprit (conférence donnée en 1902 et publiée l’année suivante), Payot/poche, 2013 ; recension. Lire également : Jean Remy, Georg Simmel : Ville et modernité, L'Harmattan, 2000</ref>, puis Max Weber, à la fin des années 1910, avec son essai La ville<ref>Max Weber, La ville (fragment non daté de Wirtschaft und GesellschaftModèle:Incise, ouvrage paru en 1921, un an après la mort de Weber), Aubier/Montaigne, 1982. Nouvelle traduction : La Découverte, coll. « Politique et sociétés », 2014 ; recension</ref>.
De nombreux débats existent quant au spectaculaire développement des villes au cours des deux derniers siècles mais les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 1900, 15 % de la population mondiale habite en ville contre 3,4 % seulement en 1800. Cette progression est devenue exponentielle au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle puisqu'en 2007, le seuil des 50 % a été atteint et que le chiffre continue d'évoluer depuisModèle:Référence nécessaire. Retenons que le processus d'industrialisation entamé à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle a enclenché un exode rural gigantesque et continu : l'ensemble des sociétés s'est massifié.
Dès la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les premiers sociologues se sont penchés sur cette soudaine évolution. En 1893, Émile Durkheim s'est interrogé sur ses conséquences sur la cohésion sociale, du fait du processus croissant de la division du travail et de la production en série<ref>Émile Durkheim, De la division du travail social, thèse, 1893.</ref>. Deux ans plus tard, dans son livre Psychologie des foules, Gustave Le Bon (pionnier de la psychologie sociale) a observé comment le comportement d'un individu peut différer selon qu'il est isolé ou immergé dans une foule<ref>Gustave Le Bon, Psychologie des foules, Alcan 1895. Rééd. Hachette Livre BNF, 2012</ref>.
Aux lendemains de la Première Guerre mondiale, le premier conflit où sont utilisées des armes "modernes" (tanks, avions, gaz asphyxiants…) mais aussi le plus meurtrier de l'histoire, une interrogation revient, récurrente : "est-il finalement bon que l'homme soit devenu moderne ?"<ref>Michel Raimond, Éloge et critique de la modernité. De la Première à la Deuxième Guerre mondiale, Presses Universitaires de France, 2000</ref>,<ref>Emilio Gentile, L'Apocalypse de la modernité. La Grande Guerre et l'homme nouveau, Aubier, 2011</ref>.
Et bien qu'infiniment moins violente en apparence, la massification de la société suscite également de vives inquiétudes de par le monde. Citons l'Autrichien Sigmund Freud (Psychologie des masses et analyse du moi, 1921), l'Américain Walter Lippmann (Public Opinion, 1922), l'Allemand Siegfried Kracauer (L'ornement de la masse, 1927)<ref>Lire : Nia Perivolaropoulou et Philippe Despoix (dir.), Culture de masse et modernité. Siegfried Kracauer sociologue, critique, écrivain, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, Paris, 2001</ref> et l'Espagnol José Ortega y Gasset (La Révolte des masses, 1929), lequel en vient à dénoncer les "ravages de la démocratie".
La critique de la démocratie, quoique marginale, n'est pas nouvelle : alors que les philosophes des Lumières, en premier lieu Rousseau, avaient pensé le système de la démocratie représentative comme un fleuron de la modernité, les critiques de ce système ont afflué dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, en premier lieu chez Tocqueville, qui a dénoncé en 1835 la "tyrannie de la majorité" puis surtout chez Nietzsche, qui l'a associée à une "morale de troupeau" et qui, en 1886 dans Par delà le bien et le mal, a raillé "l'imbécilité parlementaire" et n'a vu dans l'État qu'un "monstre froid"<ref>Brigitte Krulic, Nietzsche et la critique de la modernité démocratique, Archives de Philosophie, 2001/2, tome 64, p. 301-321</ref>.
Bon nombre commentateurs soulignent combien l'évolution de la politique constitue un paramètre essentiel du concept de "modernité"<ref>Monique Boireau-Rouillé, « La modernité contre la démocratie ? » Réfractions, 17 novembre 2005</ref>,<ref>Yves Couture, Stéphane Vibert et Marc Chevrier (dir.), Démocratie et modernité, Presses universitaires de Rennes, 2015</ref>,<ref>Jean-Pierre Bernajuzan, « Quel est le rapport entre la démocratie et la modernité ? » Mediapart, 6 décembre 2018</ref>. Dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, le sociologue belge Henri Janne retient essentiellement cinq dérives : Modèle:Citation bloc
Ces différentes critiques seront par la suite maintes fois développées, donnant lieu à l'émergence d'un nouveau concept : la « politique spectacle ».
Laïcisation, sécularisation, désenchantement
À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les philosophes des Lumières ont largement axé leurs discours sur un affranchissement de la pensée vis-à-vis de toutes les doctrines d'ordre ou d'origine théologique. Toutes les prises de position qui s'en inspirent ensuite se réclament ouvertement d'un esprit de laïcité.
Différents signes toutefois laissent penser que celui-ci n'est pas exempt de religiosité. Ainsi, en 1793, pendant la Révolution française, les hébertistes transforment différentes églises en "temples de la Raison" et célèbrent le culte de la Raison en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Trente ans plus tard Hegel (pourtant considéré comme un inspirateur de l'idée de modernité<ref>Charles Taylor, Hegel and modern Society, Cambridge University Press, 1979. Tr. fr. Hegel et la société moderne, Éditions du Cerf, 1998</ref>) affirme que « l’État, c’est la marche de Dieu dans le monde »<ref>Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Principes de la philosophie du droit (publiés en 1820), Gallimard/Tel, 1989</ref>. Également durant la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle émerge l'idée d'État-providence…
Le premier à émettre la thèse d'un transfert de religiosité dans le "monde moderne" est le sociologue Max Weber, en 1904-1905, dans un essai depuis devenu célèbre, L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme<ref>Max Weber, L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Plon, 1964; Gallimard, 2004 ; Pocket/Plon, collection Agora, 2010</ref>. Tout en reconnaissant que le capitalisme se concrétise par une recherche de profit, il considère que celle-ci n'est pas portée par un esprit d'avidité mais au contraire par une éthique. Le capitalisme étant principalement l’œuvre de protestants pratiquant une forme d'ascétisme, "l'Esprit du capitalisme", selon Weber est d'origine religieuse.
Cette thèse sera d'autant plus commentée par la suite que Weber lui-même défend par ailleurs l'idée que le concept de modernité s'appuie tout entier sur celui de "désenchantement du monde" et sur la relativisation de tous les récits religieux. Or différents auteurs vont Modèle:Incise accréditer la théorie selon laquelle toutes les prises de position visant à relativiser, voire discréditer les religions traditionnelles sont elles-mêmes empreintes de religiosité.
On doit au philosophe Carl Schmitt d'ouvrir en 1922 le débat sur la sécularisation par cette petite phrase : Modèle:Citation<ref>Carl Schmitt, Politische Theologie, 1922. Trad. fr. Théologie politique, Gallimard/NRF, 1988</ref>,<ref>Catherine Halpern, La modernité, fille de la théologie ? Sciences humaines, décembre 2004</ref>. En 1938, Eric Voegelin introduit la notion de "religion politique"<ref>Eric Voegelin, Die politischen Religionen, 1938 ; trad. fr. Les religions politiques, Le Cerf, 1994.</ref> et en 1944, c'est au tour du Français Raymond Aron, fervent lecteur de philosophie allemande, de formuler le concept de « religion séculière », en deux articles parus dans La France libre.
En 1949, Karl Löwith avance la thèse selon laquelle « la philosophie de l'histoire est une transposition de la doctrine chrétienne du salut (eschatologie) »<ref>Karl Löwith, Meaning in History: The Theological Implications of the Philosophy of History, University of Chicago Press., 1949. Trad. fr. Histoire et salut. Les Présupposés théologiques de la philosophie de l'histoire, Gallimard, 2002</ref>.
Commentant en 1957 le phénomène de la société de masse et les prises de position selon lesquelles celle-ci deviendrait "individualiste" et "non-religieuse", Carl Gustav Jung écrit : Modèle:Citation bloc
En France, l'analyse selon laquelle le discours moderniste serait empreint de religiosité n'est guère relayée. En 1973, toutefois, Jacques Ellul consacre tout un ouvrage à ce sujet, Les nouveaux possédés : Modèle:Citation bloc
En Modèle:Date-, Myriam Revault d'Allonnes et Michaël Fœssel organisent à la Sorbonne un colloque intitulé « Modernité et sécularisation ». Professeur de philosophie à Ottawa et spécialiste de Schmitt, Daniel Tanguay indique que, selon lui, l'épuisement du concept de modernité par le post-modernisme est à l'origine du présentisme contemporain et que celui-ci, Modèle:Citation<ref>Propos cité par Catherine Halpern, « La modernité, fille de la théologie ? », Sciences humaines, décembre 2004</ref>.
De l'individualisme au narcissisme
On a vu que le concept de modernité s'est développé dans le sillage de la théorie kantienne de la connaissance, selon laquelle toute l'évolution de l'humanité repose sur la primauté du sujet connaissant : l'individu. Et l'on a vu également que l'individualisme Modèle:Incise a été remis en cause par Freud, selon qui Modèle:Citation, car étant la proie d'une part de toutes sortes de pulsions (le ça), d'autre part d'un grand nombre de contraintes sociales (le surmoi).
Disciple dissident de Freud, Carl Gustav Jung affirme que l'on ne naît pas individu, on le devient : l'individuation est Modèle:Citation<ref>Carl Gustav Jung, Ma Vie, p.457</ref> mais ce processus lui-même n'a cours qu'au prix d'une longue et difficile dialectique du moi et de l'inconscient : faute de s'y consacrer, un grand nombre d'humains succombent au Zeitgeist et aux lieux communs véhiculés par la société de masse : Modèle:Citation<ref>Carl Gustav Jung, Gegenwart und Zukunft, 1957. Trad. fr. Présent et avenir, Buchet-Chastel, 1962 Modèle:P.</ref>.
Inspiré à la fois par les théories de Jung<ref>Christopher Lasch, La Révolte des élites et la trahison de la démocratie, troisième partie, « L'âme dans sa nuit obscure », Champs/Essais, 1996</ref> et par celles, plus récentes, du Français Guy Debord (La Société du spectacle, 1967), l'Américain Christopher Lasch affirme en 1979 que, confrontés à la culture de masse et faute d'un capital culturel minimal, un grand nombre de sujets sont incapables de mener la moindre introspection, faire preuve du moindre esprit critique réflexif ; ils ne peuvent se supporter eux-mêmes qu'en se mentant constamment, en (se) donnant une image d'eux-mêmes à la fois superficielle et fausse. En définitive, affirme t-il, ce que l'on appelle "individualisme contemporain" doit être qualifié de "narcissisme"<ref>Christopher Lasch, The Culture of narcissism, 1979. Trad. fr. La culture du narcissisme, Climats, 2008 ; The Minimal Self, 1984. Trad. fr. Le moi assiégé. Essai sur l'érosion de la personnalité, Climats, 2008.</ref>. Modèle:Citation<ref>Anne-Claude Thériault, Survivre à la modernité (commentaire du Moi assiégé), Spirale n°230, janvier-février 2010</ref>.
Après Lasch, d'autres penseurs étudient la modernité sous le prisme de l'homme centré sur lui-même<ref>Le narcissisme et la culture moderne, France Culture, 6 décembre 2013</ref> ; citons Gilles Lipovetsky en 1983<ref>Gilles Lipovetsky, L'Ère du vide : essais sur l'individualisme contemporain, Gallimard, 1983 ; rééd. 1989, « NRF Essais</ref>, Charles Taylor en 1989<ref>Charles Taylor, Sources of the Self: The Making of the Modern Identity, 1989. Trad. fr. Les sources du moi : La formation de l'identité moderne, Le Seuil, 1998 </ref>, Alain Ehrenberg en 1998<ref>Alain Ehrenberg, La Fatigue d'être soi, Odile Jacob, 1998. Fiches de lecture : Philippe Fabry ; Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot</ref> et les cercles psychanalytiques<ref>Grandeur et misère du narcissisme, ouvrage collectif, Cahiers de l'Association lacanienne internationale, 2004</ref>.
Les domaines de la modernité
"La modernité" s'exprime au fil du temps de manières différentes : par les arts, la science et la technique, l'évolution des idées (notamment en philosophie et en politique) mais aussi dans le cadre de la vie quotidienne. Un regard d'ensemble sur ces différentes "modernités" permet d'évaluer ce qu'elles ont en commun.
Littérature et poésie
Modèle:Article détaillé À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle est née au sein de l’Académie française une polémique connue sous l'appellation Querelle des Anciens et des Modernes qui connaîtra des prolongements au siècle suivant, quand Marivaux inaugurera un genre tout à fait nouveau de théâtre et que Diderot définira le genre du drame bourgeois. Et c'est un poète du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Charles Baudelaire, qui ouvre le débat sur "la modernité" bien au delà des cercles littéraires<ref>Modernisme et modernité. Baudelaire face à son époque, Gérald Froidevaux, Littérature n°63, 1986, p. 90-103</ref>, quand, en 1863, il publie dans Le Figaro un article qui sera par la suite très largement commenté : Le Peintre de la vie moderne. Dix ans plus tard, dans Une saison en enfer, Arthur Rimbaud lance cette injonction : "il faut être absolument moderne".
Art et architecture
Au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le tout premier historien de l'art, Giorgio Vasari, qualifie de maniera moderna la manière de peindre de Leonard de Vinci.
L'adjectif "moderne" revient ensuite régulièrement dans les domaines de l'art et de la littérature pour désigner la capacité des artistes et des écrivains de s'émanciper des codes esthétiques en vigueur, voire à les transgresser de façon plus ou moins radicale.
Philosophie
Modèle:Article détaillé Comme il est signalé plus haut, Descartes introduit explicitement le concept de modernité en philosophie par son Discours de la méthode en 1637, en affirmant qu'un individu ne peut se dire "homme" que dès lors qu'il procède à un usage systématique de sa raison : c'est le fameux "Je pense, donc je suis". Au fil de son siècle, le premier champ d'application de cette approche est celui des sciences. Mais à la fin du siècle suivant, dit "Siècle des Lumières", plus précisément durant sa seconde moitié, l'ensemble des philosophes européens se mobilisent pour appliquer le principe de la rationalité à tous les champs de l'existence.
Sous l'impulsion de deux d'entre eux, Diderot et d'Alembert, ils élaborent durant plusieurs années un corpus dont l'objectif est de recenser l'ensemble sur des connaissances dans tous les domaines : l'Encyclopédie. Cette entreprise les conduit à prendre conscience du caractère relatif des connaissances : leurs contenus et les méthodes pour les acquérir varient sensiblement non seulement selon les régions du globe mais aussi, pour ce qui concerne la leur Modèle:Incise au fil du temps. C'est ainsi que "le sens de l'histoire", l'historicité, va constituer peu à peu l'axe premier du concept de modernité et que va prendre son essor ce que l'on appelle la "philosophie de l'histoire".
Un des postulats des théoriciens de la modernité et du progrès repose sur l'idée que les individus sont non seulement « autonomes » par rapport au processus historique mais que chacun d'eux dispose de la capacité d'en infléchir le cours en exerçant ses responsabilités. C'est pourquoi une certaine « philosophie de l'action » va peu à peu se retrouver au coeur même du concept de modernitéModèle:Référence nécessaire.
Histoire
Modèle:Article détaillé Modèle:Section vide ou incomplète
Science
Modèle:Article détaillé Modèle:Section vide ou incomplète
Technique
Modèle:Article détaillé Comme déjà précisé plus haut, Pierre Chaunu associe l'idée de modernité avec l'histoire des instruments de mesure du temps. Et selon lui, cette histoire remonte au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, quand se développent les premières horloges mécaniques. Déjà en 1934, l'historien américain Lewis Mumford écrivait : Modèle:Citation bloc
Selon Chaunu, l'idée de modernité s'inscrit vraiment dans les esprits au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, en 1609 exactement, quand Galilée utilise une lunette Modèle:Incise pour observer le ciel et quand, l'année suivante, il écrit : Modèle:Citation
A l'époque, Galilée ignorait ce que la théorie de la relativité permettrait de comprendre, trois siècles plus tard, que plus on regarde loin dans l'espace, grâce à un télescope, et plus on regarde l'univers tel qu'il était dans le passé. Selon Chaunu, l'idée de modernité devient prégnante au fur et à mesure que se développent les instruments de mesure, qu'il appelle "multiplicateurs sensoriels". Grâce à eux, dit-il, et grâce aux nouvelles techniques en navigation, autorisant la découverte des continents lointains, les humains accèdent à une approche de leur géographie et de leur histoire qui, non seulement dépasse les limites de leur échelle d'individus (ce qu'ils pouvaient déjà ressentir auparavant avec le sentiment d'éternité) mais qu'ils sont cette fois en mesure d'analyser, mesurer, dater, quantifier, objectiver<ref name=chaunu/>.
Économie
Modèle:Article détaillé Modèle:Section vide ou incomplète
Vie politique
Les discours des Lumières, au fil du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Incise ont constitué le socle idéologique de la Révolution française et fondé ce que le politologue Maurice Barbier appelle la « modernité politique » : Modèle:Citation bloc
Le débat sur la question de la modernité se focalise sur la figure sur de l'État<ref>Laurent Cournarie, L’Etat ou la modernité politique en question, Philopsis, 17 juillet 2016</ref>.
Vie quotidienne
Modèle:Section vide ou incomplète Modèle:Citation<ref>Xavier Molénat, Georg Simmel : L'ambivalence de la modernité, revue Sciences humaines, n° 217, juillet 2010</ref>.
Les lieux de la modernité
Europe et Occident
Modèle:Article détaillé Le capitalisme est né en Europe au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, précisément au moment où le mot capital entrait en usage pour désigner une quantité d'argent à faire fructifier<ref>Fernand Braudel, La Dynamique du capitalisme, 1985, p.232</ref>. C'est donc à cette époque et à cet endroit que s'est développé le discours justifiant les principes et les méthodes du capitalisme. Et dès lors que celui-ci s'incarnait dans la figure de l'entrepreneur et qu'il allait sans cesse prendre de l'ascendant par rapport à l'homme d'Église et l'homme d'État, le concept de modernité ne pouvait qu'être exporté dans l'ensemble du monde.
De fait, au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, l'image la plus connue de l'entrepreneur est celle du conquistador : l'homme qui, précisément quitte l'Europe pour découvrir et annexer, coloniser, de nouveaux territoires ; et qui, ce faisant, va y exporter ses propres valeurs et références : le christianisme et l'esprit d'entreprendre. C'est ainsi que peu à peu, le monde entier s'est "européanisé" et que l'on parle alors d'occidentalisation du monde. Comme l'avance en 1985 l'ethnologue Georges Balandier, Modèle:Citation<ref>Georges Balandier, Le Détour. Pouvoir et modernité, Paris, Fayard, 1985, p. 220</ref>.
Sur l'aspect du capital qui représente une certaine quantité d'argent, le sociologue Ferdinand Tönnies, à la fin du XIXème siècle, soutient que l'argent est le marqueur le plus significatif de la modernité. Par lui, l'humanité découvrirait la réalité, le concret, l'historique. L'argent représente le mouvement de l'univers aussi bien que l'instantané. Avec lui, les lois propres des choses s'imposent, et les dégagent des d'opinions personnelles des uns et des autres. Ainsi, de l'argent, découlerait, à cette époque, une relation nouvelle entre la liberté et la dépendance. L'argent donnerait tout à la fois une indépendance à chaque personne, mais dans le même mouvement leur égalisation, leur nivellement, leur inclusion dans des cercles sociaux toujours plus grand<ref name=":0">Modèle:Article</ref>.
Le mythe de l'Occident
Modèle:Section vide ou incomplète
De la ville à la masse
Jacques Attali avance que c'est d'abord parce qu'ils sont les "inventeurs de la ville", ou plus exactement de la Cité-État, que les Grecs figurent parmi les premiers grands "modernes" européens<ref>Jacques Attali, Histoire de la modernité, op. cit. p. 27</ref> : pas de modernité sans contradiction, sans débat démocratique, sans agora, voire sans multitude.
Ainsi, Londres, Paris, Berlin, Vienne… les capitales européennes les plus peuplées durant la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle colportent la réputation d'être les principaux "foyers de modernité", ainsi que le soulignent dès cette époque les premiers grands sociologues, notamment Georg Simmel<ref>Georg Simmel, « Die Großstädte und das Geistesleben », 1903. Trad. Jean-Louis Vieillard-Baron, « Les grandes villes et la vie de l’esprit », in Geog Simmel, Philosophie de la modernité, Paris, Payot, 1989, p. 233-264.</ref>,<ref>Céline Bonicco, La ville comme forme de la vie moderne, Cahiers philosophiques, 2009/2, n° 118, p.48-58</ref>car, de par leur dimension cosmopolitique, ils constituent les lieux de confrontation d'idées par excellence.
Les époques de la modernité
L'épineuse question des origines
Il est parfois d'usage de qualifier l'homo sapiens (apparu il y a 200 000 ans) d'homme moderne<ref>Encyclopedia Universalis</ref>,<ref>Pour la science, 30 novembre 1999</ref> et par conséquent de faire remonter la question de la modernité aux origines mêmes de l'humanité<ref>La modernité, une notion qui fait débat, Léa Galanopoulo, CNRS, 20 novembre 2018</ref>. Selon l'essayiste Jacques Attali, il est toutefois préférable de réserver le qualificatif de "moderne" aux moments où les humains se montrent sensiblement plus ouverts au changement que par le passé : Modèle:Citation blocLes origines du concept de modernité sont donc extrêmement floues dans la mesure où les critères pour le définir sont variables :
- grandes mutations biologiques puis psychosociales survenues durant la préhistoire : capacité de se tenir debout et de manipuler des objets ; structuration du langage ; capacité de concevoir et fabriquer des objets (le feu, les vêtements, la roue, autres techniques…) ; domestication de l'environnement (agriculture, élevage d'animaux, création de routes et de ponts…) ; développement de la "pensée magique" (proto-religions)…
- débuts de l'histoire : invention de l'écriture, premières villes, premières civilisations…
- débuts de la réflexivité : judaïsme et christianisme, premières "religions du livre" ; naissance de la philosophie en Grèce (capacité à penser la condition humaine par l'usage exclusif de la raison) ; naissance des sciences (approches théoriques du réel, là encore au moyen exclusif de la raison) ; invention de la démocratie ; naissance de l'histoire en tant que science (Hérodote, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle), donc de l'historicité (conscience du temps qui passe et des rapports de causalité entre les faits, qu'ils soient provoqués par la nature ou par les hommes, conduisant à l'émergence d'un véritable sens "sens de l'histoire" (le mot "sens" étant pris dans sa double acception : "déroulement" et "signification").
Dans la pratique, la plupart des intellectuels s'accordent à faire coïncider l'apparition du concept de modernité avec la naissance de ce que l'on appelle généralement l'humanisme. Là encore, toutefois, les points de vue divergent : à quand faire remonter l'humanisme ? Certains, tels Levant Yilmaz, situent son orée au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, quand Dante et Pétrarque abandonnent le latin Modèle:Incise pour s'exprimer dans une langue vernaculaire, en l'occurrence le toscan<ref>Levent Yilmaz, Le Temps moderne. Variations sur les Anciens et les contemporains, Gallimard, 2004</ref>. En définitive, le moment suscitant le plus grand consensus est le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, siècle de la Réforme protestante, prélude de ce que le philosophe Marcel Gauchet appelle "la sortie de la religion"<ref>Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion, Gallimard, 1985.</ref>, c'est-à-dire celui de la prétention des hommes à s'autodéterminer, interpréter et conduire leur propre histoire sans se référer aucunement à la moindre autorité transcendante, voire en niant tout principe de transcendance (athéisme).
L'émancipation humaniste (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle)
Comme bon nombre d'intellectuels, Jürgen Habermas estime que les véritables origines du concept de modernité se situent autour de 1500, soit aux moments de la découverte du nouveau monde, de la Renaissance italienne et de la Réforme, premier grand mouvement de contestation de l'Église catholique<ref>Jürgen Habermas, Discours philosophique de la modernité, Gallimard, 1988, p. 6</ref>.
Célèbre pour son ouvrage Le Prince, paru en 1532 et qui constitue une première ébauche de la philosophie politique, le Florentin Nicolas Machiavel est fréquemment considéré comme l'un des initiateurs du concept de modernité en Europe<ref>Machiavel et la modernité, Encyclopedia Universalis</ref>.
Dans un essai intitulé Les Trois Vagues de la modernité et paru en 1975 Modèle:Incise le philosophe Leo Strauss voit en lui "la première vague de la modernité" : Modèle:Citation bloc
L'essor des sciences et du rationalisme (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle)
Vers 1620, l'Anglais Francis Bacon développe une théorie de la connaissance basée sur l'expérience<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. En fondant la pensée scientifique sur l'empirisme, il inaugure une toute nouvelle façon de penser le monde.
Quelques années plus tard, en 1637, le Français René Descartes se fait l'apologue du rationalisme dans son célèbre Discours de la Méthode. Son célèbre "Cogito ergo sum" introduit le subjectivisme dans le champ de la philosophie et c'est à ce titre qu'il est régulièrement considéré comme un "fondateur de la modernité"<ref>Alexis Bertel, Fondation du cogito cartésien : subjectivisme et entrée en modernité, PhiLitt, 20 avril 2015</ref>,<ref>Bertrand Vergely, Descartes ou l'héroïsme de la modernité, Éditions Milan, 2008</ref>.
Rompant l'un et l'autre avec la pensée scolastique, qui a irrigué tout le Moyen Âge, ces deux philosophes contribuent à répandre un nouveau paradigme en Europe : le matérialisme. Du moins contribuent-ils à diffuser l'idée que l'homme est désormais apte à penser par lui-même le monde et sa propre condition, et non plus dans une optique religieuse, ni même aristotélicienne<ref>Élodie Cassan (dir.), Bacon et Descartes. Genèse de la modernité philosophique, Ecole Normale Supérieure, 2014. Recension</ref>.
Les libertés politiques et économiques (fin Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle)
Modèle:Section vide ou incomplète Selon Strauss, Modèle:Citation
Le capitalisme et l'idéologie du progrès (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle)
Modèle:Section vide ou incomplète
La crise de la modernité (fin Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle - Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle)
Non seulement le thème de la « crise de la modernité » est devenu récurrent dans les sciences humaines tout au long du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle mais aussi, plus largement, celui de « crise ». Selon Edgar Morin, Modèle:Citation<ref>Edgar Morin, « Pour une crisologie », Communications, n° 25, 1976, p. 149-163.</ref>.)
En entend par « crise de la modernité » l'ensemble des interrogations, voire le désarroi, d'un grand nombre de philosophes, constatant dès la fin Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle que leurs idées non seulement sont sans effet sur le contrôle du réel (projet des Lumières) mais sur sa compréhension<ref>Léo Freuler, La crise de la philosophie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Vrin, 1997</ref>.
Strauss situe l'amorce de cette crise à la pensée de Nietzsche<ref name=strauss/>.
Le regain via la libéralisation des mœurs (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle)
Modèle:Section vide ou incomplète
Quelques regards contemporains sur l'évolution du concept
Progressisme et modernisme : un même paradigme
Modèle:Section vide ou incomplète
Désenchantement du monde ou sacralisation de la technique
Modèle:Article détaillé Le perfectionnement des techniques de guerre constitue une cause principale de l'étendue du désastre de la Première Guerre mondiale (plus de 40 millions de morts). à la même époque, le taylorisme et le fordisme se répandent de plus en plus dans les usines aux États-Unis. Le thème de la machine entre alors dans les préoccupations d'un certain nombre de philosophes et de sociologues mais aussi d'auteurs de fiction tels le Tchèque Karel Čapek qui, en 1920, dans son roman d'anticipation R. U. R., imagine un monde façonné par des machines androïdes qui, dénuées de toute sensibilité, finissent par anéantir l'humanité (le mot « robot » est à cette occasion utilisé pour la première fois).
Différents questionnements émergent durant l'entre-deux-guerres : les humains ne sont-ils pas sur le point de sacrifier leurs vies aux machines ? Consciemment ou pas, n'en viennent-ils pas à les valoriser à l'excès ? Si tel est le cas, la thèse weberienne du désenchantement du monde est-elle vraiment pertinente ? Et si ce n'est pas le cas, le désenchantement du monde ne s'accompagne t-il d'un "désenchantement de l'humanité" dans sa globalité, une déperdition de sens ?
Recevant en 1927 le prix Nobel de littérature, le philosophe Henri Bergson prononce ces mots : Modèle:Citation<ref>Propos cité par Caterina Zanzi, « La machine dans la philosophie de Bergson », in Annales bergsonniennes, VI, PUF, 2014, p. 292. Texte accessible en ligne</ref>.
De même, en 1930, dans La rançon du machinisme, l'écrivaine italienne Gina Lombroso voit dans l’industrialisation Modèle:Citation. L'année suivante, le philosophe Oswald Spengler estime que Modèle:Citation<ref>Oswald Spengler, L'homme et la technique, 1931</ref>. Toujours en 1931, dans De la destination de l’homme. Essai d’éthique paradoxale, Nicolas Berdiaev écrit : Modèle:Citation<ref>Nicolas Berdiaev, De la destination de l'homme. Essai d’éthique paradoxale. Édition originale : 1931. Dernière édition en français : L'Âge d'homme, 2010</ref>,<ref>Elkorg projects</ref>.
Introduite dès la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (lire plus haut), l'idée de « crise de la modernité » se généralise au point que le terme « crise » se répand dans l'ensemble des sciences humaines. En 1935, deux ans après l'accession au pouvoir d'Hitler en Allemagne et quatre ans avant que n'éclate la Seconde Guerre mondiale, Edmund Husserl rédige une série d'essais qui ne seront publiés qu'après sa mort, en 1954, sous le titre La Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale et connus sous le diminutif Krisis<ref>Edmund Husserl, Krisis der europäischen Wissenschaften und die transzendantale Phaenomenologie, La Haye, 1954. Trad. fr. La Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, Gallimard, 1989. Résumé : Les Philosophes.</ref>. Dans ces textes, il formule l'idée que toute l'Europe de l'Ouest traverse une gigantesque crise morale et que celle-ci repose sur l’abandon progressif de l’idéal grec de la philosophie au profit d’une science étroitement objectiviste et matérialiste.
« Post-modernité » et « hypermodernité », avatars de la modernité
Modèle:Article détaillé Modèle:Section vide ou incomplète
La collapsologie, « fuite en avant » de la modernité
Modèle:Article détaillé Modèle:Section vide ou incomplète
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
XVIe - XIXe siècles
Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
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- Khaldoun Nabwani, L'Ambivalence de la modernité. Habermas vis-à-vis de Derrida, L'Harmattan, 2017
- Pierre Le Vigan, Écrire contre la modernité, Independently published, 2017
- Alain Touraine, Défense de la modernité, Seuil, 2018 Modèle:ISBN
- David Bergeron, Occident, modernité, illusion et repositionnement ontologique et vital, L'Harmattan, 2018
- Bertrand Buffon, Vulgarité et modernité, Gallimard, coll. « Le débat », 2019
- Jérôme Meizoz, Absolument modernes !, Zoé, Genève, 2019, 160 pages.
Articles
- Jürgen Habermas, « La modernité : un projet inachevé », Critique, n° 413 (Vingt ans de pensée allemande), Éditions de Minuit, Modèle:Date-
- Richard Rorty, « Habermas, Lyotard et la postmodernité », Critique, n° 442, Éditions de Minuit, p. 195-197, Modèle:Date-
- Jean Baudrillard, « Modernité », Encyclopedia Universalis, 1985
- Yves-Jean Harder, « Le sujet de la modernité », in René Heyer (dir.), L'ancien et le nouveau, Presses universitaires de Strasbourg, 1996
- Gérard Raulet, « La tradition et la modernité ? », in Encyclopédie philosophique universelle, tome 4 (Agora philosophique), Paris, PUF, 1998
- Georges Balandier, « Tradition et modernité », in Sylvie Mesure et Patrick Savidian (dir.), Le dictionnaire des sciences humaines, PUF, 2007
- Stéphane Haber, « Modernité, postmodernité et surmodernité », in Sylvie Mesure et Patrick Savidian (dir.), Le dictionnaire des sciences humaines, PUF, 2007
- Joël Decarsin, « Entre modernité fluide et modernité rigide » in Étudier en liberté les mondes méditerranéens, Leyla Dakhli et Vincent Lemire (dir.), Publications de la Sorbonne, 2016, pp. 461-473
Colloques et séminaires
- L'individu hypermoderne, École supérieure de commerce de Paris et Laboratoire de changement social de l'université Paris-VII, 8-Modèle:Date-
- Modernité et sécularisation (colloque organisé par Myriam Revault d'Allonnes et Michaël Fœssel), Université Paris-I-Sorbonne, 8-Modèle:Date-. Compte rendu.
- Vivre au 3e millénaire dans un immeuble emblématique de la modernité (également sur le concept de modernité en architecture), Université de Saint-Etienne, 2006
- Penser la modernité politique, Séminaire Cerphi-Sophiapo, février-Modèle:Date-
- Moderne / modernisme. Qu'est ce que la modernité en art ? École Nationale Supérieure de Lyon, 25-Modèle:Date-
- Les fondements d’une autre modernité. Les philosophies alternatives du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, École nationale smupérieure de Lyon, 17-Modèle:Date-
- Conjuguer la modernité (sur le concept de modernité en architecture), ENSA Normandie, 21-Modèle:Date-
- L'Observatoire de la modernité / "Qu’est-ce que le peuple ?", Collège des Bernardins, série de sept conférences, du Modèle:Date- au Modèle:Date-
- Paradoxes de la modernité. Un dialogue entre sociologues et historiens, École normale supérieure, du Modèle:Date- au Modèle:Date-
Depuis 2009, le Collège des Bernardins, à Paris, réunit chaque année des intellectuels de disciplines différentes dans une structure appelée "Observatoire de la modernité", dont le but est de « questionner le concept sous différents angles, en croisant le regard des sciences humaines et de la théologie ».
Liens internes
Généralités Modèle:Colonnes Particularités Modèle:Colonnes
Liens externes
Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
- Culture et Modernité, Georges Bastide, Littératures, 1958, n°6, p. 7-20
- Modernité et révolution, Perry Anderson, L'Homme et la société, 1984, n°73-74, p. 117-138
- Rationalisation, modernité et avenir de la religion chez Max Weber, Jean Séguy, Archives de Sciences Sociales des Religions, 1986, 61-1, p. 127-138
- L’idéologie de la modernité ou le fantasme du nouveau, Michel Coutu, Université de Québec, Montréal, 1986
- Le temps de la modernité, Jean Chesneaux, L'Homme et la société, 1988, n°90, p. 92-104
- La modernité comme culture et idéologie, Jean Chesneaux, Modernité-monde, 1989, p. 86-102
- À propos de « Modernité publique », Frederik Mispelblom et Richard Roche, Raison présente, 1990, n°95, p. 83-99
- Modernité et postmodernité: un enjeu politique ? André Berten, Revue Philosophique de Louvain n°81, 1991, p. 84-112
- La modernité : vérité universelle ? Gérald Berthoud, Vers une anthropologie générale, 1992, p. 77-89
- Les « Thèses de Walter Benjamin. Une critique moderne de la modernité, Michael Löwy, Études, 1992/11 (tome 377), p. 503-514
- Trois idéologies ou une seule ? La problématique de la modernité, Immanuel Wallerstein, Genèses. Sciences sociales et histoire, 1992/9, p. 7-24
- La modernité en question, Yves Bonny, Sociologie du travail 38-1, 1996, p. 101-108
- Théologie et modernité, Jean Ladrière, Revue Théologique de Louvain, 1996, n°27-2, p. 174-199
- Sociologie religieuse et modernité politique chez Max Weber, Jean Martin Ouédraogo, Revue européenne des sciences sociales, tome 34, n° 106, 1996, p. 25-49
- "Modernité" et "modernisation" (définitions), Dominique Wolton, CNRS, 1997
- La modernité, chaotique et inévitable, Alain B. L. Gérard, Le cadre d’une nouvelle éthique, 1998, p. 11-44
- Des lieux communs de la modernité, Jean-Paul Resweber, Le Portique, 1998
- La modernité maintenant, René Ménil, Homme, 1998, n°145, p. 137-142
- Max Weber et la modernité (recension du livre "Max Weber ou la démocratie inachevée", de Jean-Marie Vincent), L'Humanité, Modèle:Date-, 1998
- Crise des Lumières, crise de la modernité ? David J. Denby, Dix-Huitième Siècle, 1998, n°30, p. 257-270
Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
- Modernité. Un poncif de notre temps, Christian Wasselin, Le Débat, 2001/3 (n° 115), p. 177-181
- La modernité et sa critique. Problèmes de l'universalisme et du particularisme, Naoki Sakai, Multitudes n° 6 2001/3, p.86-98
- Modernisation de l’islam ou islamisation de la modernité ? Jocelyne Cesari, Civilisations, n° 48, 2001, p. 139-144
- Modernité et individualisme, Alain Cugno, Revue Projet, 2002/3 (n° 271), p. 37-44
- La modernité philosophique et le projet moderne, Martin Godon, Cégep du Vieux Montréal, 2003
- La modernité faite mythe, Margaret Manale, Les Temps modernes 2003/4 (n° 625), p. 196-215
- La fin de la modernité ?, Patrick Schmoll, La violence politique, 2003, p. 47-53
- La modernité multiple comme défi à la sociologie, Shmuel Eisenstadt, Revue du MAUSS, 2004/2, n° 24, p. 189-204
- La modernité, fille de la théologie ? Catherine Halpern, Sciences humaines, Modèle:Date-
- La face obscure de la modernité, Jackie Assayag, L'homme, Revue française d’anthropologie, 2004
- Revue Le Philosophoire, 2005/2, n° 25
- Le processus historique de la Modernité, Vincent Citot, p. 35-76
- La modernité : crise d'adolescence de l'humanité ? Frédéric Guillaud, p. 77-88
- Le « public » contre le « peuple » : une structure de la modernité, Christian Ruby, p. 89-104
- Les grammaires de la modernité, Nicolas Duvoux, p. 135-152
- Les trois vagues de la modernité, Léo Strauss (traduit de l'anglais par Michael Nafi), p. 167-180
- La modernité et son devenir contemporain. Notices bibliographiques sur quelques parutions récentes, Vincent Citot, p. 153-162
- Première modernité, seconde modernité : de Rousseau à Hegel, Étienne Balibar, Université de Paris X Nanterre, 2006
- Heidegger, penseur de la modernité, de la technique et de l’éthique, Françoise Dastur, Poésie, 2006/1, n°115, p.34-41
- Tradition-modernité : un clivage persistant des sociétés européennes, Olivier Galland et Yannick Lemel, Revue française de sociologie, 2006/4 (vol. 47), p. 687-724
- Religion(s) et modernité(s). Anciens débats, enjeux présents, nouvelles perspectives, Lionel Obadia, Socio-anthropologie, 17-18, 2006
- Fin de la modernité ?, Ahmed Henni, Les Temps Modernes, 2006/6 (n° 640), p. 190-212
- Les avatars de la modernité, Jacqueline Barus-Michel, Le politique entre les pulsions et la loi, 2007, p. 161-178
- L'islam aujourd'hui face à la modernité, Abdelmajid Charfi, Le Monde, Modèle:Date-
- Simmel et Benjamin, détecteurs de la modernité, Marc Sagnol, Le choc des métropoles, 2008, pp. 191-206
- Modernité et sociologie, Uta Gerhardt, Sociétés, 2008/3 (n° 101), p. 35-47
- Max Weber : analyste et critique de la modernité, Patrick Watier, Sociétés, 2008/2, n° 100, p. 15-30
- Article "Modernité", Dominique Wolton, CNRS, 2009
- La ville comme forme de la vie moderne. L'étranger et le passant dans la philosophie de Georg Simmel, Céline Bonicco, Cahiers philosophiques, 2009/2, n° 118, pages 48 à 58
- De la société du risque à la seconde modernité, Xavier Molénat, La sociologie, 2009, p. 191-193
- Les valeurs de la modernité contemporaine, Göran Therborn, Les sociétés d’Europe du XXe au XXIe siècle, 2009, p. 257-286
- Approches théoriques de la modernité (plan de cours), Université de Genève, 2009
- Qu’est-ce qu’une sociologie de l’individu moderne ? Danilo Martuccelli, Érudit, 2009
- Qu'est-ce que la modernité ?, Thierry Ménissier, Université Pierre Mendès-France, 2009
- Castoriadis - Habermas : Le projet de la modernité, Clément Serniclay, collectif Lieux communs, 2009
- La fuite en avant de la modernité (sur un livre de Hartmut Rosa), Laurent Jeanpierre, Le Monde, Modèle:Date-
- L’essence de la modernité selon Heidegger : la représentation, Marta Hernandez, Appareil, 2010
- Les postmodernismes philosophiques en question, Claire Pagès, Tumultes, 2010/1, n° 34, p. 115-134
- Laïcité et modernité triomphante, Jean Baubérot, Les laïcités dans le monde, 2010, p. 45-62
- La modernité n'est plus ce qu'elle était, Jean-François Simon et Laurent Le Gall, Ethnologie française, 2012/4 (vol. 42), p. 629-634
- Modernité, postmodernité, hypermodernité, Claude Tapia, Connexions, 2012/1, n° 97, p. 15-25
- L'avènement de la modernité, Florence Hulak, Archives de Philosophie, 2013/4 (tome 76), p. 553-569
- Tradition et modernité, Georges Balandier, Anthropologie politique, 2013, p. 193-226
- Sociologie, philosophie : la modernité en question, Bruno Karsenti, Archives de philosophie, 2013/4, tome 76, p. 547-551
- Tradition et modernité, Éric Deschavanne, L'École des parents, 2014/4 (n° 609), p. 5-11
- René Guénon : le monde moderne et le choc des civilisations, Hyppolithe Doyen, PhiLitt, Modèle:Date-
- La postmodernité selon Milan Kundera et Witold Gombrowicz, Annelliese Salin, La Revue des ressources, 2014
- La modernité dans le rétroviseur, Patrick Tacussel, Sociétés, 2015/1 (n° 127), p. 41-48
- Makram Abbès, Islam et modernité : le faux débat, Les Temps Modernes, 2015/2, n° 683, p. 160-177
- Paul Claval, La dynamique de la modernité à l’épreuve de la mondialisation, L'aventure occidentale, 2016, p. 71-85
- La modernité occidentale est incapable de penser ce qui n’est pas elle (propos de Marcel Gauchet recueillis par Martin Brésis), Le Monde des religions, Modèle:Date-
- La modernité tragique de Michel Foucault, Robin Touillon, PhiLitt, Modèle:Date-
- Comment rouvrir la question de la modernité ? Pablo Blitstein et Cyril Lemieux, Politix, 2018/3, n° 123, p. 7-3
- L’idéologie de la modernité (commentaire d'un livre de Marcel Gauchet), Stéphane Habert, La Vie des idées, Modèle:Date-
- La modernité, une notion qui fait débat, Léa Galanopoulo, CNRS, Modèle:Date-
- Habermas et Derrida : modernité, justice et religion, Peter Dews, (traduit par Jean-Marc Durand-Gasselin), Cités, 2019/2, n° 78, p. 89-101