Castrat

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Modèle:Homophone Un castrat est un chanteur de sexe masculin ayant subi la castration avant sa puberté, dans le but de conserver le registre aigu de sa voix enfantine, tout en bénéficiant du volume sonore produit par la capacité thoracique d'un adulte. Le phénomène musical des castrats apparaît dans la deuxième moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle en Occident. Il se développe principalement en Italie et disparaît entre la fin du Modèle:S mini et le début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. Les historiens rapportent que les meilleurs castrats pouvaient rivaliser en puissance, technique et hauteur avec une petite trompette. Le mot désigne également le type de voix obtenu au moyen de cette opération.

Histoire

Les premiers chanteurs castrés apparaissent dans l'Empire byzantin<ref name="R146">Rosselli, Modèle:P.146.</ref>. En Occident, les premiers castrats connus chantent dans la chapelle du duc de Ferrare à la fin des années 1550 ; le duc évoque le recours aux castrats comme s'agissant d'un phénomène classique. À la même époque, Guillaume de Gonzague, troisième duc de Mantoue, emploie dans sa chapelle personnelle des « petits chanteurs français » (« cantoretti francesi »), qui sont peut-être des castrats<ref>Richard Sherr, « Guglielmo Gonzaga and the Castrati », Renaissance Quarterly 33 (1980), Modèle:P.35 [33-56].</ref>. Le premier castrat, d'origine espagnole, entre dès 1582 dans les effectifs du chœur de la chapelle Sixtine, c'est-à-dire la chapelle privée du pape, qui avait déjà recruté des falsettistes espagnols auparavant. Cette importance des Espagnols parmi les premiers castrats a de quoi surprendre, car l'Espagne n'est pas un centre connu de production de castrats. On a suggéré que la pratique trouvait son origine chez les Maures espagnols, mais sans élément pour appuyer cette thèse<ref name="R146" />. En 1589, le pape Sixte Quint autorise formellement l'emploi de castrats dans le chœur de la chapelle Giulia de la basilique Saint-Pierre par la bulle Cum pro nostro pastorali munere et en 1599, on trouve officiellement deux chanteurs, prêtres oratoriens, qualifiés de eunuchi<ref>Milner, Modèle:P.250.</ref>.

Fichier:Bartolomeo Nazari - Portrait of Farinelli 1734 - Royal College of Music London.jpg
Farinelli (1705-1782), le plus célèbre des castrats.

Au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, on retrouve des castrats au service de tous les princes dirigeants italiens, que ce soit pour la musique sacrée ou profane ; le phénomène se développe également dans les cours allemandes. Tous ces chanteurs sont italiens, ou du moins ont été castrés et formés en Italie ; à quelques exceptions près, ce principe restera vrai tout au long de l'histoire des castrats<ref name="R147">Rosselli, Modèle:P.147.</ref>. Leur développement ne s'explique pas par l'essor de l'opéra : le recours aux castrats devient courant d'abord dans les chapelles et inversement, il faut attendre au moins le milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle pour que l'habitude se prenne d'attribuer à un castrat le rôle-titre d'un opéra.

L'interdiction à Rome pour les femmes de chanter sur scène n'est pas non plus une explication suffisante. D'abord, elle n'est pas réellement respectée avant la fin des années 1670. Ensuite, elle aurait pu conduire à préférer les jeunes garçons ou les falsettistes pour chanter dans les registres aigus. Cependant, les garçons présentent le défaut de muer peu de temps après la fin de leur formation, alors que le timbre des falsettistes est considéré comme frêle et peu satisfaisant par rapport à celui des castrats. Quand on en trouve dans une partie soprano, cela semble s'expliquer par la difficulté de trouver un castrat ou par le coût trop élevé de ce dernier. On trouve cependant des falsettistes au pupitre alto : curieusement, plusieurs papes interdisent à des castrats de tenir cette partie, alors qu'ils les acceptent comme sopranos<ref name="R148">Rosselli, Modèle:P.148.</ref>.

Le phénomène des castrats s'explique peut-être par la prééminence accordée aux voix les plus aiguës : quand l'opéra prend son essor, dans le deuxième quart du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les sopranos, castrats ou femmes, sont mieux payés que les ténors et les basses. Dans les chœurs religieux également, et sous réserve de l'ancienneté, les castrats et les ténors obtiennent de meilleurs émoluments que les basses. Parmi les castrats eux-mêmes, ceux qui chantent des rôles d'altos de temps à autre semblent être moins estimés que ceux qui se cantonnent aux rôles sopranos. Parallèlement, le développement de la voix solo exige des interprètes plus professionnels, ayant reçu une formation plus poussée. Or les filles ne peuvent pas être entraînées avant que leur voix ne mueModèle:Source insuffisante, alors que les garçons castrés peuvent débuter jeunes la formation, à un âge où ils sont plus malléables, et peuvent commencer à travailler plus tôt.

En France

Le castrat règne sur l'Europe du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, en particulier l'Italie où les contreténors sont délaissés, mais également en Angleterre, apprécié tout particulièrement de Henry PurcellModèle:Sfn. En revanche, la France n'a jamais vraiment accepté les castratsModèle:Sfn,<ref name=":2">Modèle:Lien web</ref>. Le cardinal Jules Mazarin tente de les imposer sur les scènes du pays, qu'il fait notamment venir d'Italie au début des années 1640 pour jouer des opéras italiens, notamment Orfeo de Luigi Rossi pour sa création en 1647 au théâtre du Palais-Royal, tels que Marc'Antonio Pasqualini<ref name=":0">Modèle:Article</ref>. Après que Louis XIV accède pleinement au pouvoir, les castrats sont progressivement destitués des rôles principaux jusqu'à être virtuellement prohibés, qui ne peuvent de fait plus jouer sur les scènes lyriques du royaume car les partitions des ouvrages ne les inclut pas, les excluant ainsi de toutes les tragédies lyriques qu'il fait créer avec Jean-Baptiste Lully. Déjà en 1660, les personnages des ouvrages lyriques représentant le roi sur scène ne sont pas attribués à des castrats, réduisant ainsi la hauteur de la tessiture du chanteur, pour mieux convenir au statut royal, jusqu'à être totalement absent des distributions<ref name=":0" />. L'état de santé et la mort du cardinal Mazarin en 1661 achève de faire tomber les castrats en disgrâce<ref name=":0" />. La seule exception à cette interdiction tacite est qu'il les autorise à rejoindre la Chapelle royale à partir de 1680. Le rejet du castrat en France est associé aussi bien à la teneur de la voix du chanteur et aux potentielles répercussions que produit la castration<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref> qu'à la préséance progressive de l'art français sur l'opéra italien, témoin de l'affaiblissement de son influence dans le royaume, et procédant ainsi à une francisation de l'art lyrique<ref name=":0" />. De plus, la tragédie lyrique, ne comprenant de grands airs virtuoses propres à mettre en avant ces chanteurs, ne laissaient pas de place aux castrats<ref name=":2" />. Les enjeux culturels et politiques, à mesure que le roi prend de l'âge, prennent le pas sur la valeur artistique du castrat<ref name=":0" />. Par ailleurs, les femmes, qui ne sont pas autorisées à monter sur les planches en Italie, montre progressivement sur scène pour chanter des rôles qui leur sont dévolus<ref name=":0" />. Les castrats sont régulièrement conspués et sont l'objet d'une très mauvais réputation dans le pays dans les siècles qui suivent, au point que les chanteurs contreténors, voire simplement ténors légers, des siècles suivants précisent en amont des concerts qu'ils sont pères de familles<ref name=":1" />.

La castration

L'opération elle-même est mal connue. Un Traité des eunuques publié par Charles Ancillon en 1707 décrit plusieurs méthodes : une castration vraie ou une section du cordon spermatique. L'enfant, généralement âgé de 6 à 8 ans<ref>Milner, Modèle:P.251.</ref>, est le plus souvent endormi à l'aide d'un somnifère (on utilisait souvent de l'opium) pendant l'opération, puis plongé dans un bain très chaud qui conduit les testicules à se flétrir puis disparaître quand ils n'ont pas été coupés. En aucun cas on ne procède à une ablation du pénis. Aucun décès n'est signalé à la suite de l'opération, ce qui n'implique pas qu'il n'y en ait pas eu, mais laisse penser que le taux de décès restait dans la norme de l'époque<ref name="R152">Rosselli, Modèle:P.152.</ref>.

Dans l'ensemble, l'opération semble relativement bénigne : à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, un chirurgien spécialisé estime à 13 jours le temps nécessaire à l'opération et à la convalescence<ref>Rosselli, Modèle:P.151.</ref>. On a connaissance d'opérations ratées : un jeune chanteur soprano de Saint-Jean-de-Latran n'est castré que d'un côté et sa voix mue quand il atteint 13 ans<ref name="R152" />.

Contrairement aux individus émasculés avant ou après la puberté – eunuques de harem, esclaves, mystiques auto-mutilés (hijras en Inde, skoptzys en Russie…) – les castrats pouvaient aussi subir la castration par « l’ablation ou l’écrasement des testicules », mais conservent la verge<ref>Physiologie du castrat par Bernard Schreuders (extrait d'un dossier : Les castrats, le corps du délit ou la beauté qui dérange) sur forumopera.com</ref>.

La castration ne fait pas l'objet d'une pudibonderie particulière au {{#switch: e

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   Modèle:S mini-{{#ifeq: e|-| – | e }}Modèle:S mini- siècleXVIII

}} : elle est évoquée sans détours par les familles qui sollicitent une aide financière pour la payer, ou qui contractent avec un professeur de chant qui prendra la charge de leur fils<ref name="R152" />. Les lettres sont parfois rédigées au nom de l'enfant, qui demande à être castré pour éviter que sa voix ne mue. C'est seulement par la suite que la castration est présentée comme la conséquence médicale d'une maladie ou d'un accident, comme une chute de cheval dans le cas de Farinelli<ref>Rapporté par le premier biographe de Farinelli, Giovenale Sacchi.</ref>,<ref name="ros155">Rosselli, Modèle:P.155.</ref>,<ref>Katherine Bergeron, « The Castrato as History », Cambridge Opera Journal Modèle:Vol.8, Modèle:N°2 (juillet 1996), Modèle:P.171 [167-184].</ref> ou, plus curieusement, une morsure de cygne ou de sanglier. Au milieu du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, ces derniers sont présentés comme les responsables du sort de tous les castrats de la chapelle Sixtine<ref name="ros155" />.

Voix

Modèle:Encadré texte Le mot désigne également le type de voix obtenu au moyen de cette opération. La voix du castrat possédait une tessiture, généralement très étendue, s'apparentant plus ou moins à celle d'un mezzo-soprano coloratura, mais dont le timbre était, dit-on, tout à fait incomparable. Selon la hauteur relative de son ambitus vocal, un castrat pouvait cependant être classé soprano ou contralto.

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les partitions allaient rarement au-delà du sol 4. Progressivement les compositeurs poussèrent les castrats dans l'aigu, voire le suraigu. Cusanino passait du do 3 au do 5, Farinelli du do 2 au do 5 tandis que Domenico Annibali atteignait le fa suraigu<ref>Histoire des castrats, Patrick Barbier, Grasset, 1989 p. 100.</ref>.

Les castrats étaient très en vogue pendant la période baroque et le développement de leur technique vocale est indissociable des progrès accomplis dans le domaine du bel canto. Ils étaient capables d'interpréter différentes œuvres lyriques normalement hors de la portée d'une voix d'homme adulte. Farinelli fut l'un des plus célèbres.

La pratique de la castration dans le but d'obtenir ce type de voix ayant été interdite par le pape Clément XIV à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les castrats ont disparu au cours du siècle suivant. Il nous reste un enregistrement sur cylindre de cire du dernier castrat, Alessandro Moreschi, qui était en fin de carrière et dont la voix est assez chevrotante.

Quelques exemples bien connus de rôles écrits à l'origine pour voix de castrat :

De nos jours, en l'absence de castrats, le répertoire destiné à ce genre de voix est habituellement interprété, soit par des contreténors, soit par des mezzo-sopranos, possédant une voix particulièrement agile et étendue.

Physiologie

Conséquences sur la voix

L'absence de sécrétion de testostérone empêche la mue vocale. Le larynx ne descend pas et reste ainsi proche des cavités de résonance, contrairement à l'homme ou à la femme, quoiqu'à un degré moindre pour celle-ci. Cette position, ainsi que l'absence de la pomme d'Adam, donne à la voix davantage de clarté et joue sur la brillance des harmoniques<ref name="Barbier">Histoire des castrats, Patrick Barbier, Grasset, 1989, p. 20/25.</ref>. L'entraînement permettait au castrat de développer la musculature des cordes vocales, donc d'avoir une voix plus puissante.

Le développement de la cage thoracique rajoutait à la caisse de résonance au service des cordes vocales.

Autres conséquences

L'opération entraînait des mutations morphologiques tels que l'absence de pomme d'Adam ou de pilosité, encore que les sécrétions restantes des glandes surrénales permettaient de conserver une pilosité pubienne<ref name="Barbier"/>. Les castrats pouvaient avoir des relations sexuelles (à l'exception de la production de spermatozoïdes). La suractivation des hormones féminines pouvait donner des caractères plus féminins aux castrats, notamment une tendance à l'obésité par les dépôts graisseux sur les cuisses et les hanches ou au développement des seins.

La taille parfois plus élevée que la moyenne était due à une suractivation de l'hormone de croissance (activité hypophysaire) non compensée par la testostérone<ref name="Barbier"/>. L'ossification des cartilages était également retardée par l'absence de mue, permettant un allongement relatif des os longs.

Enfin, la neurasthénie était fréquente chez les castrats, marqués par le traumatisme de leur mutilation<ref>S. Tomasella, Le Chant des songes, Persée, 2010.</ref> mais aussi du au manque de testostérone provoquant une fatigue hormonale, parfois accompagnée d'un état dépressif ou d'irritabilité. Il s'agit aussi d'effets liés à leur position sociale : couverts de gloire et adulés, ils n'en souffraient pas moins d'une certaine solitude.

Castrats célèbres

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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Liens externes


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