Amin Maalouf
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Amin Maalouf (en arabe : Modèle:Lang ['amīn maʕlūf]), né le Modèle:Date à Beyrouth, est un écrivain franco-libanais. Il reçoit le prix Goncourt en 1993, pour Le Rocher de Tanios, et est élu à l’Académie française en 2011<ref name=Aca/>,<ref name=Obs/>. Le 28 septembre 2023, il est élu secrétaire perpétuel de l'Académie française<ref name=Élu>Modèle:Lien web.</ref>.
Biographie
Amin Maalouf est né à Beyrouth dans une famille d'intellectuels libanais de confession melkite, puis protestante, et issue d'une tribu chrétienne sédentarisée sur les pentes du Mont Liban depuis le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref name=LaVie>Modèle:Lien web</ref>. Il est né d'un père journaliste et musicologue, Rushdi Maalouf<ref name=LaCroix/>, et passe les premières années de son enfance en Égypte, patrie d'adoption de son grand-père maternel, lequel a fait fortune comme entrepreneur<ref name=LaVie/> à Héliopolis. À partir du milieu des années 1930, avant de s'installer en Égypte, sa famille vit la majeure partie de l’année dans le quartier cosmopolite beyrouthin de Badaro<ref>Modèle:Lien web.</ref>, et passe l’été à Machrah, village du Mont Liban dont les Maalouf sont originaires<ref name="Rufin">Modèle:Lien web.</ref>.
Son père, également poète et peintre, descend d'une famille d'enseignants et de directeurs d'école et renonce au protestantisme pour rejoindre l'Église maronite quand il se marie<ref name=LaVie/>. Sa mère, Odette Ghossein, est issue d'une famille francophone et maronite, dont une branche vient d'Istanbul, ville hautement symbolique dans l'imaginaire d'Amin Maalouf, la seule qui soit mentionnée dans ses œuvres<ref name="autobio">Autobiographie sous forme d'interviews, sur le blog officiel de l'écrivain.</ref>.
On retrouve parmi ses ancêtres des catholiques romains, des grecs-catholiques (melkites), des orthodoxes, mais aussi des athées et francs-maçons, et la branche paternelle de sa famille est protestante et anglophone, son arrière-grand-père catholique s'étant converti au protestantisme presbytérien au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref name=LaVie/>.
La culture du nomadisme et du « minoritaire » qui habite son œuvre s'explique sans doute, en partie, par la multiplicité de ses patries d'origine, et par l'impression d'être toujours étranger : chrétien dans le monde arabe, ou arabe en Occident<ref>Modèle:Article.</ref>.
La scolarité d'Amin Maalouf débute près de Beyrouth, dès 1955<ref name=LaCroix/>, dans une école de pères jésuites<ref name=LaCroix/>, le collège Notre-Dame de Jamhour, tandis que ses trois sœurs étudient en France, à l’école des religieuses de Besançon. Ses premières lectures se font en arabe, y compris les classiques de la littérature occidentale ; ses premières tentatives littéraires, secrètes, se font en français, langue qui est alors pour lui la « langue d'ombre », par opposition à la « langue de lumière », l'arabe<ref name="autobio"/>. De retour dans la capitale libanaise, il est reçu pour ses études supérieures à l'université Saint-Joseph, où il étudie la sociologie et les sciences économiques<ref name=LaCroix/>, et rencontre Andrée, éducatrice spécialisée<ref name=LeParisien>Modèle:Lien web</ref>, qu'il épouse en 1971. Il devient peu après journaliste, pour le compte du principal quotidien de Beyrouth, An-Nahar, où il publie des articles de politique internationale<ref name="Rufin"/>.
La guerre civile libanaise éclate en 1975 et oblige le couple Maalouf et leurs enfants à se réfugier en montagne, dans la maison familiale du village de Machrah, au Mont Liban<ref name=LaCroix/>. Amin Maalouf prend la décision de quitter le Liban pour la France le 16 juin 1976<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name=LaCroix>Modèle:Lien web</ref>, sa femme et leurs trois enfants le rejoignant quelques mois plus tard. Il retrouve dès lors en France un emploi de journaliste dans un mensuel d'économie, puis devient rédacteur en chef de Jeune Afrique<ref name=LeParisien/>. Ses premières esquisses littéraires n'aboutiront, à cette époque, à aucune publication.
Ce n'est qu'en 1981 qu'il décroche son premier contrat d'édition, avec l'éditeur Jean-Claude Lattès, pour Les Croisades vues par les Arabes, un essai qui sera publié en 1983. Il arrête alors le journalisme en 1985 pour se consacrer totalement à l'écriture. Il rencontre son premier succès de librairie en 1986, avec le roman Léon l'Africain, et se consacre sans retour à la littérature. Ses romans suivants, Samarcande, sur le poète et savant persan Omar Khayyam, et Les Jardins de lumière, sur Mani, le consacrent comme une figure importante du roman historique d'inspiration orientale<ref name="Rufin"/>. Son roman Le Premier Siècle après Béatrice, publié en 1992 aux éditions Grasset, est un roman d'anticipation atypique, qui porte un regard inquiet sur l'avenir de la civilisation et qui rencontre un écho international<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Il obtient en 1993 le prix Goncourt pour Le Rocher de Tanios, qui a pour décor les montagnes libanaises de son enfance. C'est à cette époque qu'il prend pour habitude de se retirer plusieurs mois par an dans une petite maison de pêcheur, sur l'île d'Yeu, pour y écrire. Dans Les Échelles du Levant, en 1996, il parle pour la première fois de la guerre du Liban qui l'a contraint à quitter son pays d'origine. Le Liban sera à partir de cette époque un thème de plus en plus présent dans son œuvre. Il publie en 1998 son deuxième essai, Les Identités meurtrières, pour lequel il obtient en 1999 le prix européen de l'essai Charles Veillon, dans lequel il traite des questions d'identité et sur la mondialisation.
Il se lance par la suite pour la première fois à l'écriture d'un livret d'opéra, avec L'Amour de loin, pour la compositrice finlandaise Kaija Saariaho. L'opéra est créé en août 2000 au festival de Salzbourg. Il rencontre, lors de sa tournée internationale, un bon accueil du public et de la critique. Sa collaboration avec Kaija Saariaho se poursuit et aboutit à la création de trois autres opéras, dont le dernier, Emilie, a été créé en 2010 à l'opéra de Lyon.
Son roman Le Périple de Baldassare est publié en 2000 et est traduit en anglais, par la traductrice et critique littéraire anglaise Modèle:Lien, et est publié sous le titre Balthasar’s Odyssey. Ce roman est plus tard adapté en bande dessinée par le dessinateur Joël Alessandra, en 2011 (en 3 tomes), et publié aux éditions Casterman.
L'auteur se consacre ensuite à la rédaction d'essais (son ouvrage le plus autobiographique, Origines, publié en 2004, et Le Dérèglement du monde : Quand nos civilisations s'épuisent, publié en 2009.
De 2007 à 2008, il préside, pour la Commission européenne, un groupe de réflexion sur le multilinguisme, qui a produit un rapport intitulé « Un défi salutaire : comment la multiplicité des langues pourrait consolider l'Europe ».
En 2012, il publie un nouveau roman, Les Désorientés.
En 2019, il publie chez Grasset un essai intitulé Le naufrage des civilisations, pour lequel il reçoit en juillet 2021 le prix littéraire des ambassadeurs francophones<ref name=PrixAmbassadeurs>Modèle:Lien web</ref>.
Le 28 septembre 2023, il est élu secrétaire perpétuel de l'Académie française, face à Jean-Christophe Rufin<ref name=Élu/>,<ref>Modèle:Lien web</ref>, par 24 voix contre 8<ref name=Figaro>Modèle:Article</ref> et succède ainsi à Hélène Carrère d'Encausse.
Amin Maalouf est père de trois enfants<ref name=LeParisien/> et est par ailleurs l'oncle du trompettiste et compositeur Ibrahim Maalouf<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Influences et inspirations
L’auteur se dit influencé, entre autres, par les œuvres de Thomas Mann, Albert Camus, Léon Tolstoï, Marguerite Yourcenar, Charles Dickens, Stefan Zweig, ainsi que par Omar Khayyam<ref group=Note>On pourra, notamment, consulter son livre Samarcande : « Et maintenant, promène ton regard sur Samarcande ! / N'est-elle pas reine de la terre ? Fière, au-dessus de / toutes les villes, et dans ses mains leurs destinées ? » (citation d'Edgar Allan Poe).</ref> et la poésie de langue arabe<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="lof">Entretien avec Amin Maalouf, par Sandrine Meslet.</ref>. Dans ses romans, le narrateur est souvent un personnage de l'histoire.
Les romans d'Amin Maalouf sont marqués par ses expériences de la guerre civile et de l’immigration. Ils sont caractérisés (entre autres) par des voyageurs ambulants entre les terres, les langues et les religions. Dans son livre Les Identités meurtrières, il s’indigne des comportements humains lorsque l’affirmation de soi va si souvent de pair avec la négation de l’autre. Humaniste, Amin Maalouf est convaincu que l’on peut rester fidèle aux valeurs dont on est l’héritier, sans pour autant se croire menacé par les valeurs dont d’autres sont porteurs.
Le texte écrit est fortement représenté dans ses œuvres, et fait souvent partie du décor, si ce n'est des personnages :
- Léon l'Africain est petit-fils de libraire, auteur d'un livre sur l'Afrique, mais participe aussi à un dictionnaire multilingue et est amené à écrire bien des poèmes dans le cadre même de ses tâches diplomatiques ;
- dans Samarcande, l'histoire entière tourne autour du manuscrit d'Omar Khayyam qui sera finalement perdu dans le naufrage du Titanic ;
- dans Le Premier Siècle après Béatrice, le héros écrit son histoire sur un cahier, les chapitres partant de la lettre Z pour aller jusqu'à la lettre A ;
- dans Les Échelles du Levant, c'est l'écrivain lui-même qui rencontre le héros du roman et qui va l'interviewer ;
- dans Le Périple de Baldassare, le héros est un libraire qui va écrire son histoire sur quatre manuscrits différents dont trois qu'il va perdre successivement au cours de ses péripéties ;
- dans Les Désorientés, le livre superpose la narration, l'ébauche d'un nouvel ouvrage, d'anciennes correspondances et des échanges de mails ;
- dans Nos frères inattendus, un dessinateur a une romancière pour unique voisine.
Œuvres
Romans
- Léon l'Africain, Paris, Jean-Claude Lattès, 1986<ref>Modèle:Article.</ref> Modèle:ISBN. Biographie romancée de Hassan el-Wazzan, dit Léon l'Africain, commerçant, diplomate et écrivain arabo-andalou.
- Samarcande, Paris, Jean-Claude Lattès, 1988 Modèle:ISBN. Biographie romancée du poète et savant Omar Khayyam.
- Les Jardins de lumière, Paris, Jean-Claude Lattès, 1991 Modèle:ISBN. Biographie romancée du prophète Mani.
- Le Premier Siècle après Béatrice, Paris, Grasset, 1992 Modèle:ISBN
- Le Rocher de Tanios, Paris, Grasset, 1993 Modèle:ISBN
- Les Échelles du Levant, Paris, Grasset, 1996 Modèle:ISBN
- Le Périple de Baldassare, Paris, Grasset, 2000 Modèle:ISBN En 2011, le roman fait l'objet d'une adaptation en bande dessinée par Joël Alessandra.
- Les Désorientés, Paris, Grasset, 2012 Modèle:ISBN
- Nos frères inattendus, Paris, Grasset, 2020 Modèle:ISBN
Essais
- Les Croisades vues par les Arabes, Paris, éditions Jean-Claude Lattès, 1983 Modèle:ISBN
- Les Identités meurtrières, Paris, Grasset, 1998<ref>Modèle:Article.</ref> Modèle:ISBN
- Origines, Paris, Grasset, 2004 Modèle:ISBN
- Le Dérèglement du monde, Paris, Grasset, 2009 Modèle:ISBN
- Un fauteuil sur la Seine : Quatre siècles d'histoire de France, Paris, Grasset, 2016<ref name=":1">Modèle:Lien web.</ref> Modèle:ISBN
- Le naufrage des civilisations, Paris, Grasset, 2019<ref>Modèle:Lien web.</ref> Modèle:ISBN
- Le Labyrinthe des égarés. L’Occident et ses adversaires, Grasset, 2023
Livrets d'opéra
- 2001 : L'Amour de loin de Kaija Saariaho (création en août 2000 au Festival de Salzbourg), Paris, édition Grasset, 2001 Modèle:ISBN
- 2004 : Adriana Mater de Kaija Saariaho (création mondiale en mars 2006 à l'Opéra de la Bastille), Paris, Grasset, 2006 Modèle:ISBN
- 2006 : La Passion de Simone (oratorio de Kaija Saariaho ; création mondiale 2006 à Vienne).
- 2010 : Émilie de Kaija Saariaho (création mondiale 2010 à l'Opéra de Lyon).
Divers
- Discours de réception à l’Académie Française, Paris, Grasset, 2014 Modèle:ISBN
- Un automne à Paris, chanson, avec Louane et Ibrahim Maalouf, 2016, hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015.
Préfaces
- Pour une éducation bilingue : Guide de survie à l'usage des petits européens, Anna Lietti, Payot, Paris, Petite Bibliothèque de Payot, 1981 Modèle:ISBN
- De la divination, Cicéron, Paris, Les Belles Lettres, 1992 Modèle:ISBN
- Le Prophète, Khalil Gibran, Paris, Le Livre de Poche, 1993 Modèle:ISBN
- La Bâtarde d'Istanbul, Elif Shafak, 10-18, 2007 Modèle:ISBN
Distinctions
Amin Maalouf est docteur honoris causa de plusieurs universités, dont l'université catholique de Louvain, l'université américaine de Beyrouth, l'université Rovira i Virgili et l'université d'Évora<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Le Modèle:Date, il est élu, au premier tour de scrutin par 17 voix sur 24 (contre trois à Yves Michaud), au fauteuil 29 de l'Académie française succédant à Claude Lévi-Strauss<ref>« Amin Maalouf dans le fauteuil de Lévi-Strauss » dans Libération du 23 juin 2011.</ref>. Il y est reçu le 14 juin 2012 par Jean-Christophe Rufin<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Le 20 septembre 2023, il est nommé membre du conseil de l'ordre national du Mérite<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Décorations
- Fichier:Legion Honneur Chevalier ribbon.svg Chevalier de la Légion d'honneur (Il est fait chevalier le Modèle:Date)<ref>Modèle:Légifrance.</ref>.
- Modèle:Déco (Il est directement fait officier le Modèle:Date<ref>Modèle:Légifrance.</ref>, avant d'être promu commandeur le Modèle:Date)<ref>Modèle:Légifrance.</ref>.
- Fichier:Ordre des Arts et des Lettres Commandeur ribbon.svg Commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres<ref name="Aca" />.
- Ruban de l'ordre national du Cèdre pour un grand cordon Grand cordon de l’ordre du Cèdre du Liban (le Modèle:Date)<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
- Fichier:FIN Order of the Lion of Finland 4Class BAR.png Chevalier de première classe de l'ordre du Lion de Finlande<ref name="Aca" />.
- Fichier:MON Ordre du Merite Culturel Officier BAR.svg Officier de l'ordre du Mérite culturel de Monaco (le Modèle:Date)<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Prix
- 1986 : Prix de l'amitié franco-arabe pour Léon l'Africain
- 1986 : Prix France-Liban pour Léon l'Africain
- 1987 : Prix Paul-Flat de l’Académie française pour Léon l'Africain
- 1988 : Prix des Maisons de la Presse pour Samarcande
- 1993 : Prix Goncourt pour Le Rocher de Tanios
- 1999 : Prix européen de l'essai Charles Veillon pour Les Identités meurtrières
- 2000 : Prix Jacques Audiberti-ville d’Antibes pour Le Périple de Baldassare
- 2004 : Prix Méditerranée pour Origines
- 2010 : Prix Prince des Asturies des lettres<ref>Modèle:Lien web.</ref>
- 2013 : Prix du public de l'Algue d'Or (Saint-Briac-sur-Mer) pour Les Désorientés<ref>Modèle:Lien web.</ref>
- 2016 : Prix du livre Cheikh Zayed<ref>Modèle:Lien web.</ref>
- 2021 : Prix des Ambassadeurs pour Le naufrage des civilisations<ref name=PrixAmbassadeurs/>
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
- Christian Bouillon, « Amin Maalouf », dans Christiane Chaulet Achour, avec la collaboration de Corinne Blanchaud [sous la dir. de], Dictionnaire des écrivains francophones classiques : Afrique subsaharienne, Caraïbe, Maghreb, Machrek, Océan Indien, Éd. H. Champion, Paris, 2010, Modèle:P. Modèle:ISBN
- Rachel Bouvet et Soundouss El Kettani (dir.), Amin Maalouf : une œuvre à revisiter, Presses de l'Université du Québec, Québec, 2014, 285 p. Modèle:ISBN
- Joseph Maalouf, Amin Maalouf : itinéraire d'un humaniste éclairé, L'Harmattan, Paris, 2014, 247 p. Modèle:ISBN
- Ottmar Ette, « Ma patrie est caravane » : Amin Maalouf, la question de l’exil et le savoir-vivre-ensemble des littératures sans résidence fixe, in: Romanische Studien, no. 2 (2015), pp. 397-434, online: http://romanischestudien.de/index.php/rst/article/view/22
- ARDUA (Association Régionale des Diplômés des Universités d'Aquitaine), Amin Maalouf : Heurs et malheurs de la filiation, Éditions Passiflore, Dax, 2016, 228 p. Modèle:ISBN
Filmographie
- Amin Maalouf : origine, film de Mathieu Pheng, Zeugma Films, 2012, 51 min (DVD)