Satyricon
Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Redirect Modèle:Infobox Livre
Le Modèle:Terme défini, également orthographié Modèle:Terme défini, dont la forme au pluriel « les Satyrica » est préférable, est un roman satirique écrit en latin attribué, sans certitude absolue, à Pétrone. Le roman, considéré comme l'un des premiers de la littérature mondiale, mêle vers et prose, latin classique et vulgaire. Il est constitué par un récit-cadre (titré généralement les « Aventures d'Encolpe ») et trois récits enchâssés : L'Éphèbe de Pergame, La Matrone d'Éphèse et le Festin chez Trimalcion, autant d'intrigues à la vaste postérité littéraire.
Le récit conte les aventures, dans une Rome décadente (très certainement avant la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), de deux jeunes gens, Encolpe et Ascylte, ainsi que du jeune amant du premier, l'adolescent Giton. Encolpe a été frappé d'impuissance par le dieu Priape alors que son ami et rival, Ascylte, convoite l'amour de Giton. Au cours de leurs pérégrinations, ils sont invités à un splendide festin organisé par un riche affranchi, Trimalcion, de chez qui ils parviennent à s'enfuir. Après une nouvelle dispute entre Encolpe et Ascylte au sujet de Giton, ils se séparent. Giton part avec Ascylte, mais retrouve ensuite Encolpe qui a alors rencontré le poète Eumolpe. Ils embarquent et font naufrage, à la suite d'une tempête, près de Crotone. Encolpe fait ensuite la rencontre de Circé, une habitante de Crotone, mais, frappé de nouveau d'impuissance, il décide d'aller se faire soigner chez Œnothéa, prêtresse de Priape. Le récit est suivi de plusieurs fragments, de tailles inégales.
L'identité de l'auteur du Satyricon demeure l'objet de polémiques. Tour à tour identifié à un proche de Néron, au secrétaire de Pline le Jeune ou à un Massaliote, voire à plusieurs auteurs différents, l'autorité de Pétrone sur le Satyricon est remise en cause par l'étude du contexte social et politique du roman. Puisant aux sources de la tradition romanesque grecque, et notamment dans le genre milésien, le Satyricon préfigure le roman picaresque. Il constitue une innovation littéraire pour l'Antiquité, si bien qu'il a pu être considéré comme le premier roman européen. L'histoire du texte est complexe : le Satyricon actuel est issu de plusieurs manuscrits dont les cheminements sont encore obscurs. L'[[édition princeps|édition Modèle:Langue]] du Satyricon est publiée, sous le nom d'auteur de « Petronius Arbiter », à Milan en 1482, mais la première édition complète du roman est publiée à Amsterdam en 1669.
L'identification générique, et l'héritage de Pétrone, se reconnaîssent dans le titre du roman. Celui-ci est en effet une dérivation du latin Modèle:Langue, qui signifie « mélange, pot-pourri », mais qui qualifie aussi des histoires de satyres. Le double sens fait à la fois du Satyricon un roman de la débauche sexuelle et morale et le réceptacle de récits enchâssés qui préfigure le roman moderne. En dépit de plusieurs incohérences narratives, le Satyricon est écrit dans un latin populaire qui témoigne de la recherche esthétique et sociologique de Pétrone.
L'intrigue est essentiellement fondée sur la fuite et l'errance des personnages. Ces derniers, et en particulier le trio des protagonistes, sont dépeints comme des jeunes marginaux, objets de la violence de la société et des femmes. Roman de l'homosexualité également, les détails que fournit Pétrone ont permis de mieux comprendre les mœurs romaines. Le Satyricon est pensé comme un message à la civilisation : par la description de la décadence et de la vie en marge, son auteur témoigne de la déshérence de la jeunesse romaine, en proie à la violence et à la duplicité. Considéré également comme le roman des affranchis, l'observation satirique se double d'une parodie constante faite aux grands textes classiques gréco-romains, et notamment à l'Odyssée.
Pétrone décrit le monde, les comportements et la vie quotidienne romaine à la manière d'un naturaliste. Ses personnages surtout, dans leurs psychologies et leurs relations interpersonnelles, atteignent une dimension moderne. Plusieurs traductions existent, et, parmi elles, celle, classique, de Louis de Langle ou celle, plus triviale, de Laurent Tailhade font autorité. Le Satyricon a profondément influencé la littérature mondiale et a été adapté au cinéma, notamment par le réalisateur italien Federico Fellini en 1969, en bande dessinée et à l'opéra.
Résumé et organisation
Résumé
L'histoire du Satyricon, plus précisément de sa version éditée, peut se diviser, selon Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille<ref name="Zehnacker, 2005,p.248"/>, en cinq parties qui scandent le récit.
Les « premières aventures » (chapitres I à XXVI) découvrent une action se passant d'abord dans une ville côtière de la Campanie, peut-être Pouzzoles. Après avoir écouté le rhéteur Agamemnon, tenant divers propos sur l'éloquence et l'éducation, le narrateur, Encolpe, s'égare dans un lupanar, puis se retrouve dans une caupona crapuleuse où il retrouve Ascylte, avec qui il se bat pour la propriété exclusive du jeune Giton. Encolpe et Ascylte, qui ont volé un manteau, essayent de le revendre au marché. Ils aperçoivent entre les mains d’un des marchands une vieille tunique qu’ils avaient perdue auparavant et dans la doublure de laquelle ils ont dissimulé leurs pièces d’or. Ils tentent alors d'échanger le manteau contre la tunique. Par mégarde, ils interrompent ensuite l'esclave de la prêtresse de Priape<ref group="note">Le dieu Priape (Modèle:Langue en latin) est représenté généralement sous la forme d’une borne avec un sexe en érection peint en rouge (dit « ithyphallique »), surmontée d’une tête barbue et qui est utilisée pour écarter le mauvais œil mais aussi pour protéger les cultures agricoles.</ref> en train d'exécuter un sacrifice. De retour chez eux, où Giton les attend pour souper, Psyché, la servante de la prêtresse de Priape Quartilla, vient les accuser d’avoir troublé le sacrifice que sa maîtresse avait offert à Priape et, ainsi, d'avoir offensé le dieu. Quartilla se présente ensuite et demande réparation. Elle les fait fouetter en leur faisant jurer de taire les mystères qu'ils ont surpris dans le temple du dieu. Elle oblige alors Giton à déflorer une jeune fille de sept ans du nom de Pannychis, sous ses yeux, et sur un tapis posé à même le sol par sa servante<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le trio d'amis parvient à s'échapper puis un esclave d’Agamemnon vient leur rappeler qu’ils sont invités à dîner chez Trimalcion.
Vient ensuite le « festin chez Trimalcion » (Cena Trimalcionis, chapitres XXVII à LXXVIII) : le trio se retrouve invité chez le Syrien affranchi Trimalcion, qui possède une somptueuse demeure, décrite en détail par le narrateur. Le repas est également minutieusement décrit, à la fois les différents plats et les propos de leur hôte et des convives. Plusieurs divertissements égayent la soirée : des danses, des équilibristes et des lectures de récits divers se succèdent. Lorsque le marbrier Habinnas fait son entrée, toute la salle est ivre. Après l'arrivée des esclaves, Trimalcion fait la lecture de son testament et décrit son monument funéraire. Puis, tous les convives se retrouvent au bain, où Trimalcion fait le récit de sa vie d'ancien esclave devenu affranchi. Ascylte profite du sommeil d'Encolpe pour sodomiser Giton, et parvient à le décider de partir avec lui. Se rendant compte de la disparition de Giton, Encolpe quitte lui aussi la demeure de Trimalcion<ref name="Quignard,p.151">Modèle:Harvsp.</ref>.
Le troisième mouvement du récit relate l'« infidélité et le retour de Giton » (chapitres LXXIX à XCIX) : Giton accompagne Ascylte ce qui provoque le désespoir d'Encolpe. Ce dernier fait la rencontre, dans une galerie de tableaux (Modèle:Langue) du poète de bas étage Eumolpe. Ils s'entretiennent à propos de certains tableaux dont le sens lui échappe. Le poète lui rétorque des discours surannés et pessimistes, puis lui récite un poème sur la prise de Troie. Encolpe retrouve Giton, et, avec Eumolpe, ils embarquent sur le premier navire en partance<ref name="Quignard,p.151"/>.
Lors de la quatrième partie du texte, « la navigation » (chapitres C à CXXV), les trois amis apprennent que le navire appartient à Lichas, l'ancien maître d'Encolpe et de Giton. La femme du capitaine, Tryphèma, s'empare de Giton et en fait son amant. Giton veut s'émasculer et alors que Lichas, le capitaine du navire, discourt sur les illusions du monde et la doctrine d'Épicure, ils tentent donc de lui échapper mais sont repris. Après une bagarre générale, tous font la paix. Ils écoutent la fable de La Matrone d'Éphèse narrée par Eumolpe. Mais bientôt une tempête éclate et le navire fait naufrage. Les trois amis sont rejetés sur une plage près de la ville de Crotone. Ils apprennent que les captateurs de testaments y sévissent. Intéressés par ce moyen aisé de gagner de l'argent, ils décident d'en apprendre davantage. Eumolpe récite par la suite un poème sur la guerre civile romaine<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
La dernière partie raconte les aventures d'Encolpe et de Circé. Pour gagner sa vie à Crotone, Encolpe se prostitue. Il fait la rencontre d'une patricienne et habitante de Crotone, Circé (chapitres CXXVI à CXLI) : leurs entrevues amoureuses sont décrites en détail, ainsi que la défaillance sexuelle d'Encolpe et les reproches de Circé. Croyant être victime d'un sortilège de la part de Priape, Encolpe demande conseil à Prosélénos, prêtresse de ce dieu. Elle le bat avec son balai après avoir récité une litanie mais le charme ne se rompt pas. Encolpe décide ensuite d'aller se faire soigner chez Œnothéa, également prêtresse de Priape. Cette dernière lui enfonce dans l'anus un Modèle:Langue<ref group="note">Le Modèle:Langue est une amulette phalloïde qui était accrochée au cou des enfants pour les protéger des sorts.</ref> en cuir enduit d'huile et de poivre puis elle bat son sexe avec une botte d'orties vertes. Encolpe voit son sexe de nouveau revigoré<ref name="Quignard,p.153">Modèle:Harvsp.</ref>.
Des fragments, très décousus, font suite à ces aventures et reviennent sur l'épisode des captateurs de testaments, à Crotone. On ignore cependant de quelle manière se termine le roman<ref name="Quignard,p.153"/>.
Organisation
Le Satyricon constitue un Modèle:Citation Selon Louis de Langle, le texte que nous possédons se compose de trois parties : la première et la dernière racontent les aventures d'Encolpe et de ses amis, la seconde, qui est Modèle:Citation en quelque sorte, décrit un banquet donné par l'affranchi Trimalcion<ref name="Langle,p.9"/>. Cependant, note Pierre Grimal, le texte édité aujourd'hui sous le nom de Satyricon Modèle:Citation Le plus considérable de ces fragments est le festin chez Trimalcion (ou Trimalchion), qui suffit seul à fonder la réputation de Pétrone<ref name="Grimal,notice">Modèle:Harvsp.</ref>.
Le récit se passe d'abord en Campanie, dans une ville non identifiée près de Naples, peut-être Pompéi ou Oplontis, voire Herculanum, puis à Cumes et enfin à Crotone<ref name="Quignard,p.149"/>.
Auteur
Modèle:Article connexe La « quaestio Petroniana » (c'est-à-dire le débat sur l'identité de Pétrone et sur l'attribution à celui-ci du Satyricon) a produit nombre d'hypothèses. Selon André Daviault, les recherches tendent en majorité à montrer que le Pétrone auteur du Satyricon est bien Titus Petronius Niger. Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille soulignent le fait que Modèle:Citation Deux hypothèses majoritaires existent à ce propos : une première situe Pétrone, auteur du Satyricon, sous le règne de Néron, alors que la seconde le place après cet empereur, soit sous l'époque flavienne (69-96), soit sous celle des Antonins. L'édition révisée du Gaffiot distingue, dans sa rubrique « Auteurs et ouvrages cités en abrégé », entre Titus Pétronius, courtisan de Néron et Pétrone Arbiter, auteur du Satyricon<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Pétrone de l'époque néronienne
Plusieurs personnes de prestige du nom de « Pétrone » existent au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle dans l'empire romain, époque de rédaction supposée du roman. Il semble toutefois que l'écrivain, qui signe son texte du nom de « Petronius Arbiter », soit très probablement un certain Caius (ou Titus parfois) Petronius Niger (ou même : Gaïus Petronius selon Jean-Claude Féray<ref name="Féray,p.10">Modèle:Harvsp.</ref>), gouverneur de Bithynie, puis consul suffect en 61 ou 62, selon Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille. Pétrone Arbiter est cité chez Tacite (Annales, livre XVI, 18-19) qui le dépeint comme un personnage Modèle:Citation ; devenu l'ami et le protégé de Néron, il passe à la cour pour un Modèle:Citation, Modèle:Langue en latin. L'expression signale une personnalité esthète. Toujours selon Tacite, il semble que, par la suite, Pétrone ait été disgracié auprès de Néron par un rival, le préfet du prétoire Tigellin, jaloux de lui. Après avoir dicté, lors d'un voyage de Néron en Campanie, un récit des débauches de l'empereur, Pétrone semble s'être suicidé à Cumes, en 67, en adoptant une attitude désinvolte et ce, fidèlement à sa réputation. Il passe pour s'être ouvert les veines dans son bain, après avoir fait parvenir son récit satirique à Néron<ref name="Quignard,p.149">Modèle:Harvsp.</ref>. Selon Tacite en effet, avant de mourir, Pétrone a composé une description fleurie des débauches de Néron et la lui a envoyée sous pli cacheté. L'identité entre ce personnage historique et l'auteur du Satyricon est présentée comme une certitude au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par Pierre Pithou<ref name="Féray,p.10"/> et reste l'hypothèse défendue par la majorité des spécialistes modernes. Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille considèrent que Pétrone a bien vécu sous les Julio-Claudiens et que le Satyricon a été rédigé à la fin du règne de l'empereur Néron<ref name="Zehnacker, 2005,p.247">Modèle:Harvsp.</ref>. Pierre Grimal soutient lui aussi cette hypothèse : Modèle:Citation Il ajoute que, selon toute vraisemblance, l'ouvrage a dû être mis à l'Index et qu'il était de fait inaccessible au temps de Tacite. Il pourrait être une satire des mœurs du prince Néron censurée sous son règne<ref name="Grimal,notice"/>.
Pétrone de l'époque flavienne
L'hypothèse de René Martin (suivie et confortée par S. Ratti), qui veut que l'auteur ait vécu après l'époque néronienne, se présente comme sérieuse<ref name="Daviault, 2001,p.327"/> car elle se fonde sur les éléments romanesques présents dans le Satyricon. Ses récits, et surtout le Satyricon, en raison du contexte social et politique qu'il présente, sont en outre les seules preuves de son existence. Pour lui, le Satyricon pourrait vraisemblablement être une parodie de Silius Italicus (26-101), auteur des Punica, thèse cependant rejetée par François Ripoll<ref name="Martin, 2006,p.607-608">Modèle:Harvsp.</ref>. En étudiant les éléments métriques constituant le poème du Modèle:Langue du Satyricon, Wei-jong Yeh a en effet montré que Pétrone est l'héritier de Silius ; il situe donc le roman à l'époque de Domitien<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pétrone récupère la tendance littéraire de l'épopée flavienne et en premier lieu celle des Punica de Silius<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cette hypothèse permettrait de dater sa rédaction du milieu voire de la fin de l'époque flavienne. Selon Martin toujours, Pétrone aurait vécu sous les Flaviens, et il aurait été un affranchi, ou le fils d'un personnage consulaire, lui-même ancien affranchi. Le Satyricon se déroule en effet sous Claude ou Néron, mais il n'atteste toutefois pas que Pétrone ait été un écrivain de cette période de l'histoire romaine, l'époque du récit pouvant être différente de celle de sa rédaction.
Autres hypothèses
Le débat sur l'identité de l'auteur est lié à d'autres controverses, à savoir : celle portant sur la période décrite dans le roman, celle liée à la date de rédaction et de sa publication<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon René Martin, le Satyricon pose plus de questions qu'il n'en résout, si bien que le critique littéraire, ainsi que le lecteur, doivent être prudents vis-à-vis de ce texte<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. L'un des premiers traducteurs français de Pétrone, Jean-Nicolas-Marie Deguerle, a par exemple intitulé le commentaire qu'il lui consacre : « Recherches sceptiques sur le Satyricon et sur son auteur »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. René Martin émet en 1975 l'hypothèse que la rédaction du récit est issue du contexte flavien, et plus précisément faite sous Domitien<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. On trouve déjà chez Voltaire des doutes à ce propos<ref name="Féray,p.10"/>.
D'autres hypothèses, plus marginales, existent<ref>La liste des identités prêtées à l'auteur du Satyricon est non exhaustive, voir : Modèle:Harvsp.</ref>. Celui qui signe le roman du nom de « Petronius Arbiter » ne serait qu'un anonyme, et non Petronius Niger. Les partisans de la thèse selon laquelle l'auteur n'est pas Pétrone s'appuient aussi sur plusieurs éléments historiques ou littéraires. D'une part, le récit se déroulant sous le règne de Néron, il semble que Pétrone ait disparu depuis plus de cinquante ans. Le portrait de l'auteur éventuel, d'après ses apparitions fugitives dans le roman, est celui d'un homme bien introduit dans le monde littéraire de cette époque mais probablement d'origine servile (ou alors un affranchi) car il utilise un langage familier et a des préoccupations propres à cette catégorie sociale. Il est possible qu'il s'agisse d'un de ces affranchis qui servent de Modèle:Langue (« lecteur », « secrétaire » d'un maître) aux personnages importants de Rome. Une hypothèse récente, proposée par René Martin et reprise par l'historien Maurice Sartre, considère que l'auteur du Satyricon est le secrétaire de Pline le Jeune (environ 61-114), décrit par ce dernier comme une personne à la fois sérieuse et fantaisiste. Le Modèle:Langue de Pline s'appelle en effet, et curieusement, Encolpe, comme le narrateur du Satyricon, nom pour le moins assez rare à cette époque. Il est donc possible que le véritable auteur du Satyricon soit cet Encolpe, affranchi au service de Pline le Jeune<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Une autre thèse élaborée par Sidoine Apollinaire, auteur du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, fait de l'auteur un habitant de Marseille, un Massaliote. Modèle:Citation, et le récit semble y prendre cadre. Jean-Claude Féray y voit l'hypothèse la plus plausible quant à l'identité de l'auteur du Satyricon<ref name="Féray,p.11">Modèle:Harvsp.</ref>. Cette thèse est également soutenue par l'un des traducteurs de Pétrone en français, Louis de Langle : à partir du cadre géographique du récit et notamment celui d'un Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Louis de Langle va cependant plus loin : le Satyricon, ensemble de fragments que l'histoire a rapprochés, serait l'œuvre de plusieurs auteurs différents. Il identifie au moins trois instances auctoriales, en particulier dans les « aventures d'Encolpe », qui présentent des Modèle:Citation ; les chapitres relatifs au culte de Priape, à l'histoire de Quartilla, et peut-être celle de la prêtresse Œnothéa seraient d'un auteur relativement récent<ref name="Langle,p.20-21">Modèle:Harvsp.</ref>.
Poétique
Inspiration milésienne
Avec le Satyricon de Pétrone, Modèle:Citation expliquent Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille<ref name="Zehnacker, 2005.p.250"/>. Les cinq romans grecs conservés jusqu'à aujourd'hui (Chéréas et Callirhoé de Chariton, Les Éphésiaques de Xénophon d'Éphèse, Daphnis et Chloé de Longus, Les Éthiopiques d'Héliodore d'Émèse, et Les Aventures de Leucippe et Clitophon d'Achille Tatius, parmi les principaux conservés<ref>Modèle:Harvsp.</ref>) sont de dates voisines à celle supposée au Satyricon — voire postérieurs à l’œuvre de Pétrone<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Toutefois, les plus anciens papyrus d'un roman grec (à savoir les quatre fragments du Roman de Ninos) sont datés du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle de notre ère<ref>Voir Alain Billault, Les personnages du Roman de Ninos, Modèle:Quoi, Modèle:P. et n. 1-7.</ref>. Le fondateur de la lignée est considéré être l'écrivain grec Aristide de Milet (environ 100 av. J.-C.), auteur des Fables milésiennes (Modèle:Langue), traduites en latin par Sisenna (peut-être l'historien Lucius Cornelius Sisenna). Pétrone tirerait ainsi son idée d'enchâsser des récits (comme La Matrone d'Éphèse) directement de l'ouvrage d'Aristide<ref name="Zehnacker, 2005,p.247"/>. Le caractère pornographique de certains épisodes tiendrait quant à lui de la tradition des Modèle:Langue, poèmes latins consacrés à Priape, dieu qui apparaît en effet dans le roman<ref name="Dubuisson,p.5"/>. Aldo Setaioli mentionne la possibilité que le fragment, découvert en 2009, nommé « Le Roman d’Iolaos » soit un Modèle:Citation auquel Pétrone se serait référé<ref name="Setaioli,p.2">Modèle:Harvsp.</ref>.
André Daviault a montré en quoi l'auteur du Satyricon a assimilé la tradition milésienne ; le texte est en effet Modèle:Citation<ref>Modèle:Chapitre.</ref>. Maryline Parca parle de la Modèle:Citation. À partir de ce trait, elle considère que le roman est l'héritier de plusieurs traditions littéraires. Ainsi, les contes de L'Éphèbe de Pergame et de La Matrone d'Éphèse permettent d'établir un lien entre le récit de Pétrone et le modèle dit « milésien », dont les Fables milésiennes (Modèle:Grec ancien) forment le prototype<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le Satyricon fournit les traits génériques propres au modèle d'inspiration grecque : l'intérêt pour le populaire, le goût des aventures érotiques, la brièveté de la forme et la finalité exclusivement comique<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le modèle milésien lui-même est parodique : il se plaît à détourner certains épisodes des Métamorphoses d'Ovide, sous la forme de petits contes immoraux et salaces, caractéristique qui se retrouve également chez Apulée. Macrobe compare d'ailleurs Pétrone à Apulée<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Maryline Parca conclut que l'influence de ce modèle sur Pétrone tient surtout dans l'absence, dans le cours du récit, de préoccupation morale. Dans son Modèle:Citation, le Satyricon est l'héritier de la tradition du roman d'amour grec<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Roman antique
Le Satyricon tient au genre littéraire que Macrobe paraphrase par l'expression : Modèle:Citation étrangère (Modèle:Citation, dans son Commentaire au Songe de Scipion, 1, 2, 8). Il s'agit donc d'un roman mêlant aventures et passades. Cependant, la dénomination de « roman » est, note Michel Dubuisson, anachronique puisque Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon Aldo Setaioli, il serait plus pertinent de nommer ce genre la Modèle:Citation<ref name="Setaioli,p.2"/>. Plusieurs éléments, en plus de sa filiation milésienne, laissent cependant penser à un roman authentique, quoiqu'ancien. Le Satyricon, et notamment la scène du festin chez Trimalcion, préfigure, selon Paul Thomas, le roman picaresque<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Erich Auerbach, en analysant le concept de représentation de la réalité dans la littérature gréco-latine, considère Pétrone comme Modèle:Citation. Il cite particulièrement l'épisode du festin chez Trimalcion, moment de la littérature antique le plus proche de la représentation moderne de la réalité selon ses mots<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. A contrario, Florence Dupont considère que l'esthétique du Satyricon est une réécriture du Banquet de Platon, sur un mode fantastique et même Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Enfin, la mise en scène de personnages de condition extrêmement modeste et la langue utilisée, très populaire, fait aussi songer au genre grec du mime tel qu'il apparaît dans les Mimiambes d’Hérondas, aux thèmes proches de ceux de Pétrone<ref name="Dubuisson,p.5"/>.
La poétique du Satyricon se fonde sur les thèmes typiquement romanesques de l'errance et de la perte de repères. La maison de Trimalcion, qui est assimilée à un labyrinthe<ref name="Grimaud, p.2"/>, semble par exemple fonctionner dans le roman comme la métaphore de l’œuvre entière, comme le dédale dans lequel Modèle:Citation. Pétrone Modèle:Citation car aucune morale de rechange n'est proposée. Le héros Encolpe ne permet pas l'identification minimale du lecteur et tout est fait pour ne proposer aucun accompagnement au lecteur type<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cette image implicite du supposé Pétrone, G. B. Conte l'appelle l'Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon Eugen Cizek, le Satyricon n'est pas seulement la synthèse d'expériences structurales précédentes, il en est aussi le dépassement ; il constitue en ce sens une innovation littéraire de l'Antiquité romaine<ref>Modèle:Article.</ref>. D’après André Daviault, Pétrone pourrait être considéré comme le premier romancier européen<ref name="Le Ber,p.160">Modèle:Harvsp.</ref>.
Forgerie : parodie et dépassement
Pour les auteurs antiques, le récit narratif était désigné comme appartenant au roman d'amour. À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Richard Heinze (Modèle:Langue, 1899) voit dans le Satyricon une parodie des romans érotiques grecs. Selon lui, Pétrone cherchait à désacraliser les thèmes et topoï grecs. Il en vient à supposer l’existence d’un roman parodique grec précédant Pétrone et à partir duquel ce dernier aurait structuré le Satyricon<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Macrobe, comme l'empereur Julien, font en effet des écrits de Pétrone et d'Apulée des romans d'amour. La définition de Macrobe a été Modèle:Citation rappelle Aldo Setaioli<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pétrone a sans doute puisé aux sources grecques et latines le précédant, mais il a forgé une œuvre inédite, remettant en question la poétique traditionnelle. Le roman de Pétrone est donc bien plus qu’une simple parodie ; il est Modèle:Citation, affirmation cependant à nuancer<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La parodie du genre narratif est clairement reconnaissable dans le Satyricon, mais la dégradation des modèles de la grande littérature (tragédie et épopée, dans le sens aristotélicien) en est inséparable<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Plusieurs scènes le laissent à penser, mais c'est surtout l'amour homosexuel des deux protagonistes, qui Modèle:Citation qui permet à Aldo Setaioli de faire du roman d’amour grec Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Texte : évolution et caractéristiques
Genèse du texte
Œuvre fragmentaire
L'œuvre de Pétrone est longtemps restée ignorée<ref name="Zehnacker, 2005.p.250"/>. Le texte entier n'est plus lu intégralement depuis Isidore de Séville mais de larges extraits ont circulé au Moyen-ÂgeModèle:Sfn. Plusieurs manuscrits indiquent que les segments ayant survécu constituaient les livres Modèle:XIV à Modèle:XVI, ce qui permet de supposer que le Satyricon était une œuvre plutôt vasteModèle:Sfn. Modèle:Lien réplique que les indications des manuscrits sont tardives et sont invérifiables mais reconnaît que le roman devait être d'une longueur sans précédent<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Pierre Grimal suppose même que l'œuvre de Pétrone comptait Modèle:XXIV livres, en référence à l'Odyssée d'Homère souvent reprise, ce qui fait que seul un huitième de l'ouvrage est conservéModèle:Sfn. Le texte publié est donc constitué d'extraits plus ou moins substantiels. La partie nommée le « festin chez Trimalcion » n'a été découverte, dans sa version complète, qu'en 1650, grâce à un manuscrit retrouvé à Trau en Dalmatie (actuelle Trogir, en Croatie), conservé depuis 2011 à la Bibliothèque nationale de France<ref name="Zehnacker, 2005,p.248"/>. L'histoire du texte et de ses manuscrits et éditions est complexe mais ses grandes lignes peuvent être tracées assez précisément<ref name="JCF-143-148">Modèle:Harvsp.</ref>. Avec Modèle:Citation. Ainsi, le conte de La Matrone d'Éphèse a fait l'objet de plusieurs éditions différentes de même que le récit du festin chez Trimalcion, alors que le poème sur la guerre civile a été publié isolément à Leipzig en 1500 et en France par l'abbé Marolles en 1654 puis par Jean Bouhiers en 1737<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le Satyricon est donc une œuvre composite, dont les fragments ont été rapprochés en raison de leurs correspondances thématiques et stylistiques.
Sources et cheminement des textes
Tous les manuscrits existants dérivent d'un codex appelé « ω », attesté au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle au monastère d'Auxerre, en pleine renaissance carolingienne. Ce codex, aujourd'hui disparu, a donné lieu à quatre traditions philologiques : « O », « L », « H » et « φ ». Le codex Bernensis 357 B (source « O ») est de la main du moine Heiric d'Auxerre († vers 876), et il a été retrouvé au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Dans ce document, c'est la première fois que le nom de Pétrone est cité au Moyen Âge<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. La source désignée « L » a préservé les aventures d'Encolpe en haute mer alors que celle nommée « H » conserve le festin chez Trimalcion. Le [[Florilegium Gallicum|Modèle:Langue]] (φ) compilé à Orléans à la moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle a quant à lui conservé la majeure partie de l'intrigue. Parallèlement à ces quatre traditions, et de manière indépendante, le conte de La Matrone d'Éphèse ainsi que le poème sur la guerre civile Modèle:Langue ont circulé. Après le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le statut du texte de Pétrone devient confus. L'humaniste Jean de Salisbury l'évoque dans sa Polycraticus, et il semble avoir connaissance des traditions « O », « L » et « H », notamment de la CenaModèle:Sfn. Un manuscrit du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle apparaît, de la main d'Elias Rubeus de Thriplow ; il est conservé au Trinity College de Dublin. Puis les copistes ont ensuite ajouté, retranché, interpolé et honoré d'apocryphes l'ouvrage<ref name="Montherlant,p.8"/>. En 1420, Poggio Bracciolini, un collectionneur de la Renaissance passionné de littérature érotique, fait parvenir à son correspondant, en Angleterre, du nom de Niccolo Niccoli, un long fragment du Satyricon, désigné « σ » et qui semble de tradition « O ». En 1423, à Cologne, il présente un autre fragment contenant l'épisode du Festin chez Trimalcion, de tradition « H ». C'est le manuscrit de Bracciolini, copié à Florence en 1423 et 1425, qui permet la diffusion de nombreuses versions publiées, à savoir : l'édition princeps du Satyricon, publiée à Milan en 1482 par Francesco dal Pozzo, celle de Venise en 1499 et celle de Paris en 1520. Le manuscrit retrouvé à Trau en 1650 en est issu<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le premier fragment du Satyricon, publié en français, est La Matrone d'Éphèse traduit par un moine en 1475.
Dès lors, le texte du Satyricon entre dans la littérature connue. Jacques Cujas le mentionne en 1562, puis Adrien Turnèbe (1512–1565), dans son Modèle:Langue, explique que Henri de Mesmes le tient sous clé en raison de l'obscénité de son auteur. Joseph Justus Scaliger (1540–1609) et Jean Detourne (1539–1615), en réunissant les traditions « O » et « L », présentent des éditions qui en doublent la longueur<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En 1603, le franco-écossais<ref>Modèle:Chapitre.</ref> John Barclay publie son Euphormionis Satyricon, roman satirique en latin, au succès important. Il n'a cependant pas emprunté à Pétrone<ref name="Zehnacker, 2005.p.250"/> bien qu'il ait eu connaissance du texte. En 1650, c'est le juriste et savant Marino Statileo qui découvre le manuscrit dit de Trau (référencé « Codex Parisenus lat. 7989 olim Traguriensis »). Cette découverte du texte du festin chez Trimalcion en entier permet la réunification de toutes les traditions philologiques selon H. F. Carver, dans l'édition de Paolo Frambotto publiée à Padoue, en 1664. La première édition complète, mais encore peu fiable, du Satyricon est celle publiée à Amsterdam en 1669 par Ioan Blæu et Michel HadriandesModèle:Sfn. John Dryden, dans son Modèle:Langue (1693) loue cette version complète de l'œuvre de Petronius Arbiter, dont il compare la verve satirique à celle de Varron. D'autres éditions voient le jour par la suite : celle de Pierre Linage en 1673 et surtout celle de François Nodot en 1691 (il publia une Traduction entière de Pétrone en 1693), qui intègre de nouveaux fragments qu'il aurait découvert en 1688 à Belgrade<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cependant, bien que souvent reprise postérieurement, jusqu'à la traduction de Tailhade, le style médiocre, les impropriétés linguistiques ainsi que les gallicismes trahissent selon plusieurs observateurs, dont Leibniz (Epist. XIX), une supercherie littéraire et un faussaireModèle:Sfn. En 1862, Bücheler publie deux éditions critiques qui sont considérées comme les premières valables<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le philologue classique suisse Konrad Müller analyse dans différents ouvrage la filiation de la plupart des traductions actuelles<ref name=":0">Pétrone et Konrad Müller (éditeur), Petronii Arbitri Satyricon, München, Heimeran, 1961.</ref>,<ref name=":1">Pétrone (trad. Konrad Müller), Satyrica = Schelmengeschichten, München, Ernst Hermann, 1965.</ref>,<ref name=":2">Pétrone (trad. Konrad Müller), Cena Trimalchionis = Gastmahl bei Trimalchio, München, Deutscher Taschenbuch Verl., 1979.</ref>.
Censure
Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle surtout, en France, le Satyricon subit la censure<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Accusé d'immoralité, d'Modèle:Citation, le sort du roman illustre les attaques répétées que la bourgeoisie assène à la philologie naissante et à son travail de redécouverte. En 1800, La Porte du Theil accepte que sa traduction soit détruite. En 1823, Modèle:Monarque interdit qu'elle soit reprise au sein de la Modèle:Langue élaborée par N.-E Lemaire. La Réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale de France en conserve cependant un exemplaire<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon Dominique Lanni, à travers la condamnation du Satyricon et de sa traduction par La Porte du Thiel, c'est la condamnation d'une méthode, d'une conception de l'érudition en plus de celle d'une vision de la romanité qui transparaît<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Rédaction
Les interrogations subsistent quant à la période de rédaction du Satyricon. Il existe de nombreux parallèles entre le texte de Pétrone et des auteurs tels Martial, Tacite et Pline le Jeune, qui rédigent tous leurs œuvres sous les Flaviens ou au début de la dynastie des Antonins. Or Martial cite généralement ses modèles et ne mentionne à aucune reprise Pétrone et le Satyricon. Il paraît aussi difficile de croire que des écrivains comme Tacite ou Pline aient copié des passages d'un récit aussi salace. Il est par conséquent plus que probable que c'est le Satyricon qui parodie ces divers auteurs et non l'inverse. En revanche, en 120, c'est Juvenal qui pastiche à son tour le Satyricon (au livre 3 de ses Satires), ce qu'il ne fait pas dans les deux premiers livres parus en 116. Cela donne comme période de rédaction probable les années allant de 116 à 120<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pour Nicole Fick cependant, le roman a été écrit entre la fin du règne de Néron (en 68) et le début du règne de Domitien (vers 90)<ref>Modèle:Harvsp.</ref> alors que Michel Dubuisson localise sa rédaction plus précisément. La référence au populisme de Néron qui s'appuyait sur les basses classes, ainsi que celle faite à l’épicurisme de l’époque où Sénèque est écarté des affaires, vers la fin du règne de l'empereur, permettent de laisser penser, selon lui, que le Satyricon ait été destiné à être lu à la cour de Néron dans l'année 63 ou 64<ref name="Dubuisson1993,p.7"/>. Pour René Martin, étant donné la longueur et l'érudition du Satyricon, sa rédaction aurait pu prendre de nombreuses années ; elle aurait commencé sous les Flaviens et se serait achevée sous les Antonins<ref name="Martin, 2006,p.607-608"/>.
Les réécritures constantes, ainsi que la méthode comparative avec d'autres textes dont les dates sont mal établies font que pour Jean-Claude Féray, le Satyricon est impossible à dater sans analyser son originalité littéraire<ref name="Féray,p.10"/>. L'étude de cette dernière montre sa proximité avec les romans grecs parvenus à ce jour. Les patronymes grecs des personnages, le cadre hellénique, les motifs de tradition littéraire grecque (navigation en mer, description des tempêtes, scène de rencontre au sein de lieux de culte et épisodes de prémonition, entre autres), et enfin les techniques narratives utilisées (comme les analepses de récits introduites au sein de déclamations ou de monologues) sont autant d'indices qui font que le Satyricon est issu d'un Modèle:Citation repris par un voire plusieurs auteurs latins<ref name="Féray,p.13">Modèle:Harvsp.</ref>. Ces éléments conduisent Michel Dubuisson à voir dans le Satyricon une œuvre iconoclaste, originale et inclassable, formée d'une Modèle:Citation<ref name="Dubuisson,p.2">Modèle:Harvsp.</ref>. Michel Dubuisson parle d'Modèle:Citation ; il classe par conséquent le Satyricon dans le genre de la paralittérature<ref name="Dubuisson,p.12"/>.
Époque et lieux du récit
Le temps du roman semble se situer à l'époque des Flaviens selon l'universitaire René Martin, donc bien après la mort de Néron et de Pétrone. Quelques détails vont en effet en ce sens. L'allusion, lors du banquet de Trimalcion, à sa fortune amassée dans une période passée alors que le marché du vin est au plus haut de son cours permet de rapprocher l'action du roman au règne de Néron mais aussi de celui des Flaviens. La mention faite au personnage de Scaurus est également un indice car il s'agit d'un proche de Pline le Jeune qui a vécu sous Domitien et Trajan<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. C'est la référence au contexte politique, au chapitre XLVII surtout, qui laisse à penser que le récit se déroule avant la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, avant le règne de Caracalla, et plus précisément avant l'édit (212) qui porte son nom et qui permet à un esclave d'acheter son affranchissement. Le chapitre CXVIII, qui présente le poème d'Eumolpe sur la guerre civile entre César et Pompée est un autre indice contextuel en faveur de cette hypothèse : cette allusion renverrait, selon René Martin, aux Puniques de Silius Italicus (26-101)<ref name="Arciniega,p.288"/>.
Le récit se passe d'abord en Campanie, dans une ville souvent identifiée au port de Pouzzoles, dans la baie de Naples, peut-être Pompéi ou Oplontis, voire Herculanum, ensuite en mer sur le bateau de Lichas puis le long de la côte à l'entrée du golfe de Tarente ou Cumes et enfin à Crotone<ref name="Quignard,p.149"/>. Plusieurs analepses relatent des épisodes antérieurs perdus qui ont pour cadre la ville de Rome et la station balnéaire de Baïes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Selon André Daviault, le roman a d'abord pour cadre la cité de Marseille<ref>Modèle:Article.</ref>.
Titre
Le titre de l'œuvre est un génitif pluriel en latin<ref group="note">La terminaison « -icon », plus précisément « -icōn », qui vient du suffixe grec Modèle:Grec ancien désigne en latin « quelque chose qui est relatif à » et qui en est son génitif pluriel pour s’accorder au mot Modèle:Langue ou Modèle:Langue que l’on ajoute souvent aux titres des œuvres latines.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ; il s'agit donc de « Modèle:Langue », c'est-à-dire d'histoires satiriques ou d'histoires de satyres car les deux significations sont présentes en filigrane dans le mot<ref name="Zehnacker, 2005,p.248">Modèle:Harvsp.</ref>. Intituler le roman les « Satirica » au lieu du « Satyricon » est de plus en plus établi au sein du milieu de la recherche<ref name="Daviault, 2001,p.327"/>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les deux étymologies, qui conditionnent les graphies des éditions (« Satyricon » ou « Satiricon ») ouvrent un débat quant à la finalité du texte attribué à Pétrone. La graphie « Satyricon » fait toutefois l'unanimité aujourd'hui ; elle sous-entend le mot « Modèle:Langue » (Modèle:Langue donc), soit : « livre des Satyriques »<ref name="JCF-143-148" /> ou « les Satiriques »<ref name="Dubuisson,p.5">Modèle:Harvsp.</ref>. La première hypothèse concernant le sens du titre le rapproche d'autres ouvrages romains inspirés d'ouvrages grecs : de même que les Bucoliques sont un livre relatif aux bergers (Modèle:Grec ancien en grec) et que les Géorgiques sont un livre relatif aux cultivateurs (Modèle:Grec ancien), le Satyricon serait un ouvrage sur les satyres (Modèle:Grec ancien), allusion mythologique désignant en réalité les comportements licencieux des personnages<ref name="Martin,p.16-19">Modèle:Harvsp.</ref>.
Dans le cas de la graphie concurrente (« Satiricon »), l'allusion à la Modèle:Langue<ref group="note">La Modèle:Langue est un genre poétique latin, à l'origine une pièce en vers mêlant des mètres variés, une sorte de farce tournant en dérision une personne ou une situation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.</ref> (ou Modèle:Langue) est toutefois une autre piste de lecture. La Modèle:Langue est, chez les Romains, une recette culinaire caractérisée par le mélange des denrées, traduite par « Pot-pourri » ou « macédoine », et dont le nom est également utilisé pour désigner un bassin rituel rempli de toutes sortes de fruits, chez Horace notamment<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Par analogie, la Modèle:Langue caractérise un Modèle:Citation selon Géraldine Puccini<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. L’adjectif « Modèle:Langue », donnant le français « satirique », n’apparaît en latin qu’au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, chez l’écrivain chrétien Lactance ; il est donc très peu vraisemblable qu’une forme hellénisée de ce mot ait pu servir de titre à une œuvre du Modèle:S mini- ou Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, sauf si Pétrone fut le pionnier et que nous n’en avons pas de traces Modèle:Incise. L'hypothèse selon laquelle le titre proviendrait du mot Modèle:Langue (Modèle:Langue), cité dans le roman (chapitre VIII), et désignant une drogue aphrodisiaque, est peu probable<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.
Langue
Le Satyricon n'est pas une œuvre écrite dans un style élevé, au contraire : le texte est rédigé dans le style de la satura. Ces personnages parlent en effet un latin familier, empreint de barbarismes, adapté à leurs cultures et aux circonstances ; cependant, Pétrone en exploite habilement les ressources. Certaines parties, surtout celles en vers, utilisent une langue plus noble mais Modèle:Citation (celle des écoles, précisent Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille). Plusieurs groupes de personnages représentent le passage d'un style à un autre : Agamemnon, Eumolpe et Circé parlent par exemple un latin quotidien, de conversation courante alors que Trimalcion adopte un langage plus familier, d'autres personnages, comme ses convives, sont quant à eux vulgaires<ref name="Zehnacker, 2005.p.250">Modèle:Harvsp.</ref>. Les dialogues sont caractéristiques de deux groupes sociaux : les affranchis et les personnages cultivés<ref>Modèle:Article.</ref>. La tirade du chapitre CXIII est particulièrement travaillée. Encolpe y déclare sa jalousie et annonce ne pas savoir in petto qui préférer, entre Triphène ou Giton. L'auteur semble l'avoir composée par pure volonté stylistique, autour d'une antimétabole<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Longtemps qualifiée de « vulgaire », car étant celle de la classe des affranchis, la langue du Satyricon paraît au contraire une innovation antique. Elle contient en effet de nombreux hapax, c’est-à-dire des termes qui ne sont attestés qu’une fois et dont, par conséquent, le sens exact est parfois difficile à déterminer. Ces hapax sont si nombreux qu'ils ont fait l'objet d'une étude spécifique menée par Giovanni Alessio<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, à tel point que Michel Dubuisson parle de Pétrone comme d'un Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Nombre de traducteurs ont tenté de restituer au mieux l'inventivité de Pétrone en matière lexicale.
Incohérences
Le traducteur Louis de Langle, dans sa préface du Satyricon de 1923, explique que Modèle:Citation Il ajoute : Modèle:Citation En plus de l'identité de son auteur et de sa date de rédaction, de nombreuses incohérences inhérentes au récit interrogent les spécialistes, si bien qu'Émile Thomas a pu parler de Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Plusieurs indices laissent à penser que le texte original a été enrichi et poursuivi par d'autres auteurs que le premier. La déchéance du personnage de Giton, pourtant central au début, à partir du chapitre C, et l'attitude soudainement bisexuelle d'Encolpe dévoilent selon Jean-Claude Féray une incohérence narrative manifeste. Celle-ci est maximale au chapitre CXL dans lequel la description pornographique constitue une interpolation du goût romain<ref name="Féray,p.19"/>. C'est cet épisode du naufrage qui marque l'interruption du roman grec perdu depuis, récupéré par l'auteur présumé et continué par la suite, dans une mentalité romaine. Le travail des copistes a également pu participer à la constitution du texte actuel. Certaines incohérences de style, Modèle:Citation note Louis de Langle<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Les contes insérés
Le Satyricon, dans son édition actuelle, présente trois passages insérés dans le récit-cadre des « aventures d'Encolpe ». Louis Callebat les nomme des Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, typiques de la tradition des romans grecs. Le Satyricon présente toutefois d'autres exemples de récits Modèle:Citation L’insertion dans cette intrigue d’excursus, comme le discours sur la décadence et l’éloquence, d'histoires à tiroirs (à la façon, plus tard, du Don Quichotte ou des Mille et une Nuits) et même d'un passage en vers hexamètres à propos de la guerre civile entre César et Pompée sont autant d'éléments romanesques<ref name="Dubuisson,p.3">Modèle:Harvsp.</ref>.
L'Éphèbe de Pergame
Cette histoire, insérée au sein du récit au moyen d'une rencontre hasardeuse, présente Modèle:Citation et semble constituer une illustration des malheurs d'Encolpe. Elle présente donc un lien avec l'épisode précédent mais, surtout, elle annonce Modèle:Citation<ref name="Parca,p.100">Modèle:Harvsp.</ref>. Il semble que ce conte soit un emprunt littéraire à une source grecque non identifiée<ref name="Féray,p.19">Modèle:Harvsp.</ref>. Selon Aldo Setaioli toutefois, Pétrone parodie une histoire racontée chez Achille Tatius en se centrant non sur le couple principal du roman, mais sur le cousin de Clitophon, héros du roman de Tatius, Clinias. L'histoire Modèle:Citation Le peintre érotique Gaston Goor a illustré le récit dans son édition moderne de Modèle:Unité en couleurs.
La Matrone d'Éphèse
La Matrone d'Éphèse est un conte licencieux qui narre l'histoire d'une jeune veuve qui succombe finalement, malgré la période de deuil, à la tentation de la chair. Elle va même jusqu'à sacrifier le corps de son époux pour sauver son amant. Selon Louis de Langle il Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cette histoire existait avant Pétrone, étant donné qu’elle apparaît dans une des fables de Phèdre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le conte connaît plusieurs reprises aux {{#switch: e
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}} en France. La pièce Phèdre et quelques textes de Saint-Évremond y font allusion. Antoine Houdar de La Motte s'en inspire dans La Matronne d'Éphèse ainsi que Fatouville dans Arlequin Grapignan (1682). Le conte a été également repris par Jean de La Fontaine au Modèle:Nobr romains des Fables ([[La Matrone d'Éphèse (La Fontaine)|Modèle:Nobr]]). Dans l'économie générale du récit, Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Dans ce roman (le récit de la Matrone d'Éphèse selon Gaston Boissier) Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La Matrone d'Éphèse donne lieu à de multiples adaptations théâtrales si bien que selon Dominique Lanni le succès de Pétrone se situe d'abord, pour la période moderne, sur les planches<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Festin chez Trimalcion
L'épisode des agapes lors du festin chez Trimalcion est le cœur de l'œuvre ; son récit représente un tiers de l'ouvrage. Cet épisode, nommé aussi le « Banquet chez Trimalcion », vient Modèle:Citation les aventures d'Encolpe et constitue Modèle:Citation signale Louis de Langle<ref name="Langle,p.9">Modèle:Harvsp.</ref>. Il met en lumière les mécanismes sociaux de la société romaine de l'époque. L'ancien Modèle:Langue (« maître ») de Trimalcion, auquel ce dernier est reconnaissant, a voulu faire de son ancien esclave un Modèle:Langue, un homme parmi les hommes. Or pour Antonio Gonzalès, l'affranchissement d'esclaves était exceptionnel à cette époque, ce qui fait de l'histoire du personnage de Trimalcion une Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref> même si sa réussite est permise par ses compétences sexuelles surtout selon Paul Veyne<ref>Modèle:Article.</ref>. Selon Nicole Fick, tout dans ce festin est excessif : Modèle:Citation Par cet épisode, Pétrone joue sur les contrastes et révèle ainsi le décalage entre la culture romaine et le monde des affranchis<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Pour Erich Auerbach, l'épisode chez Trimalcion représente un cas unique de réalisme au sein de la littérature antique. Il compare même Pétrone à Émile Zola : Modèle:Citation et l'épisode du festin chez Trimalcion est Modèle:Citation L'auteur a en effet, en plus de l'effet de réel cherché dans la présentation des convives et de leur relation entre eux, à imiter, par cette scène, l'exercice rhétorique de la Modèle:Langue, qui consistait en des lectures publiques. Un calcul a montré que cette Modèle:Langue (ce « repas ») lue à voix haute dure en effet environ une heure, soit la durée normale d’une Modèle:Langue<ref name="Dubuisson,p.7"/>.
Thèmes et personnages
Intrigue
La jalousie d'Encolpe, personnage-narrateur du récit en fournit le ressort dramatique. Les motifs centraux du roman grec à l'origine du Satyricon semblent être la possessivité et la jalousie pédérastique<ref name="Féray,p.23"/>. Bien plus, ce sont les relations amoureuses et sexuelles des personnages entre eux qui constituent la diégèse du Satyricon car toutes les actions en dépendent. L'embarquement sur un navire, par exemple, puis la fuite devant la vengeance de Lichas s'expliquent par le comportement passé d'Encolpe, jadis amant de Lichas, et qu'il a déshonoré en devenant celui de sa femme, Triphène<ref name="Féray,p.20">Modèle:Harvsp.</ref>. Les fuites constantes des personnages font du Satyricon le Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon Danielle Van Mal-Maeder, Modèle:Citation, ce qui procure au roman un caractère à la fois édifiant et ambivalent.
La diégèse est destinée à plaire au lecteur : selon Jean-Claude Féray, les Modèle:Citation Deux rivaux successifs se présentent : Ascylte puis Eumolpe<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le rythme de l'intrigue s'articule autour de trois temps forts, qui vont crescendo, au sein de l'histoire du trio de personnages. D'abord, Ascylte tente de violer Giton, ce qui contraint Encolpe ensuite à essayer de le fuir et de rompre toutes relations avec son ancien amant. Le paroxysme est constitué par la décision prise par Giton de suivre Ascylte de son plein gré<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les épisodes sont autant d'atellanes (petites pièces bouffes latines) insérées dans le récit principal, celui des aventures d'Encolpe précise Henry de Montherlant<ref name="Montherlant,p.10">Modèle:Harvsp.</ref>. Modèle:Citation, son sens se dérobe<ref name="Dubuisson,p.2"/>.
Personnages
Les personnages principaux de Pétrone n'appartiennent pas à la bonne société romaine. Par exemple, Trimalcion et ses invités sont des affranchis (Modèle:Langue) d'origine orientale ou punique, représentés comme de Modèle:Citation. La fortune de Trimalcion s'explique en effet par le fait que son maître, avant de mourir, lui a légué tous ses biens, en plus d'en faire un homme libre<ref name="Gonzalès,p.280">Modèle:Harvsp.</ref>. Sous l'Modèle:Citation D'autres personnages sont des marginaux ; c'est le cas d'Encolpe, Giton et Ascylte, caractérisés par leurs mœurs douteuses, alors qu'Agamemnon et Eumolpe sont respectivement un rhéteur et un poète de bas étage<ref name="Zehnacker, 2005.p.250"/>. Encolpe est le narrateur du récit principal ; son éducation et la culture en font, par moments, le représentant ou l'égal de Pétrone selon Paul-Marie Veyne<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Polyaeanos (en grec Modèle:Grec ancien / Modèle:Langue : « très digne d'éloges ») est le nom qu'il prend dès le chapitre CXXVI<ref name="Arciniega,p.289"/>. Eumolpe représente l'antithèse d'Encolpe : il croit en le détachement des âmes (c'est le sens du récit de L'Éphèbe de Pergame), face à la souffrance sentimentale d'Encolpe. Le poète fait figure de vieux sage, d'épicurien détaché de la maladie d'amour, et capable de la transformer en un langage poétique édifiant<ref name="Féray,p.23"/>.
Chacun porte un message mais les couples de personnages révèlent davantage la finalité de l'auteur. Ainsi, lors de sa première apparition, le poète Eumolpe condamne un monde dominé par l'argent et ne témoignant aucun intérêt pour ce qu'il nomme le « génie » ; il est alors dépeint comme un Modèle:Citation selon Maryline Parca<ref name="Parca,p.98">Modèle:Harvsp.</ref>. Or, cette prise de position d'Eumolpe sur la poésie fait écho à l'opinion d'Agamemnon quant aux causes de la décadence de la rhétorique. Les deux personnages condamnent Modèle:Citation Les personnages deviennent par conséquent des symboles de la façon de mener son existence dans un monde décadent et, tandis qu'Agamemnon est prêt à faire des concessions, Eumolpe s'accroche à ses convictions morales et à son amour de la poésie<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ils évoluent dans Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. De manière schématique, la structure actantielle, de facture classique, est distribuée autour du trio des personnages principaux : Encolpe, Ascylte et Giton, les deux premiers s'opposant pour la personne de Giton, objet des relations interviriles entre eux. Le schéma classique est cependant parodié : l’ami fidèle, qui est également un personnage traditionnel du roman grec, représenté par Ascylte Modèle:Citation<ref name="Setaioli,p.18"/>. Subsidiairement apparaît parfois une autre structure, celle formée autour du couple amant/maîtresse, symbolisant le couple amour/haine<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le motif triangulaire oblige les personnages à vivre leur relation sur le mode agonique et, de fait, Modèle:Citation
Relations sexuelles
Le Satyricon est considéré comme un roman pornographique et pédérastique<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, dès ses débuts. Jean-Claude Féray montre que le texte a toutefois été édulcoré par les versions et éditions successives et qu'il faut remonter à la traduction de François Galaud de Chasteuil (1625–1678), conservée à la Bibliothèque nationale de France, pour lire celle qui est la plus respectueuse de l'original<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il est par ailleurs envisageable que le texte actuel Modèle:Citation Cette expansion serait en revanche parodique ; le topos du couple des amants se comporte, par exemple, à l’inverse du couple des héros des romans érotiques grecs traditionnels<ref name="Setaioli,p.18">Modèle:Harvsp.</ref>.
Plusieurs indices laissent à penser que le texte relate les aventures de jeunes homosexuels romains. Le trio des personnages principaux est significatif : Encolpe aime Giton, également apprécié d'Ascylte, ancien compagnon du premier. Encolpe accuse son rival Ascylte d'être un Modèle:Langue (un « entremetteur » de jeunes personnes) et le qualifie de Modèle:Langue (« très savant ») car il joue une part active dans la séduction<ref name="Parca,p.98"/>. Les personnages, et en particulier Eumolpe et Encolpe, appartiennent donc à une communauté exclusivement homosexuelle<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Les trois personnages, et surtout Encolpe, dévoilent une peur des femmes, in Modèle:Harvsp.</ref> ou sont clairement bisexuels selon René Martin<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le personnage de Giton, qui passe pour être un adolescent de seize ans, est ambivalent. Selon Jean-Claude Féray, il est beaucoup plus jeune et les incohérences relevées à son propos s'expliquent par des manipulations du texte au fil des siècles, à partir d'un original grec plus cru<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le Satyricon Modèle:Citation Pour John Patrick Sullivan enfin, dans Modèle:Langue (1877), le récit contient des éléments sexuels qui peuvent, dans une optique psychanalytique, être apparentés à une Modèle:Citation<ref name="bibliography of Petronius,p.35"/>.
Peinture de la quotidienneté
Le Satyricon fournit un ensemble d'informations sur la vie quotidienne à Rome, entre le Modèle:S mini- et Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècles — période supposée de rédaction du texte. La nourriture offerte par Trimalcion, lors du banquet qu'il organise chez lui, les gestes superstitieux des convives ou les scènes de magie ont intéressé les historiens de la cuisine romaine<ref name="Zehnacker, 2005.p.250"/>. Le « Modèle:Langue » (mise en garde qu'un chien protège la demeure) que découvre Encolpe à son entrée chez Trimalcion est semblable à celui représenté sur une mosaïque de Pompéi<ref name="Dubuisson,p.7">Modèle:Article.</ref>, même si, dans le roman, il s'agit davantage d'une peinture en trompe-l'œil<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. L'étude des objets, des peintures, de l'organisation de la demeure et de sa statuaire ont permis d'en savoir davantage sur la vie quotidienne à cette époque. Par conséquent, Modèle:Citation Ainsi, selon Gaston Boissier, Modèle:Citation
Décadence et marginalité
L'Éphèbe de Pergame, inséré au sein du récit, Modèle:Citation Ce passage semble à relier à l'invective du chapitre LXXXVIII, qui présente une large critique de l'art, de la morale, de la politique et de la religion<ref name="Parca,p.98"/>. Le Satyricon est donc, pour Louis de Langle, Modèle:Citation mais l'œuvre primitive dont il est inspiré Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon G. B. Conte, Modèle:Citation, ceux de l’épopée et de la tragédie<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cette marginalité des personnages se manifeste par le fait qu’ils sont sans domicile fixe et qu’ils errent tout le long du récit. Modèle:Citation<ref name="Grimaud, p.2"/>. Cette décadence se manifeste surtout par la maîtrise de la duplicité de la part des personnages principaux, en particulier lors de l’épisode sur le bateau de Lichas et Triphène<ref name="Grimaud, p.7-8"/>. Pétrone présente également comme cause de la décadence l'abandon de l'éloquence au sein de la scolarité romaine. Il reprend par là la thèse de Messalla, rapportée dans le Dialogue des orateurs de Tacite. Modèle:Citation selon Danielle Van Mal-Maeder<ref name="Van Mal-Maeder,p.4"/>.
Pour Émile Thomas, les petites gens (Modèle:Langue) sont omniprésents dans le Satyricon, roman de la Modèle:Langue (« société des pauvres »). Cette couche de la population est composée par beaucoup d'anciens esclaves affranchis qui mettent en scène, lors de banquets grandioses, l'opulence de leurs anciens maîtres. En effet, l'argent ne leur procure pas les mêmes droits civiques que les Modèle:Langue, et ces fêtes sont Modèle:Citation, représentant une sorte de saturnales même<ref>Modèle:Ouvrage, cité in Modèle:Harvsp.</ref>. Pétrone dépeint par ce roman les ravages d'une Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le réalisme lui sert pour représenter cette décadence et cette instabilité du cosmos. Pour Pétrone Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Jeunesse et violence
Johana Grimaud fait remarquer que les trois jeunes protagonistes ne sont pas du même âge, mais qu'ils appartiennent tous les trois à la catégorie plus globale de la Modèle:Langue (la « jeunesse »). Modèle:Citation René Martin présente quant à lui les principaux personnages du roman comme des jeunes, Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, qui traduisent une crise plus profonde au sein de la société romaine, crise que plusieurs passages illustrent particulièrement. Par exemple, le poème inséré dans le récit, le Modèle:Langue chanté par Eumolpe, Modèle:Citation La jeunesse, le mot même, est en effet absent de l'œuvre de Pétrone, et cela à deux niveaux : Modèle:Citation, trio formé d'un Modèle:Langue (Giton), d'un Modèle:Langue (Encolpe) et d'un Modèle:Langue (Ascylte), mais la jeunesse disparaît aussi en tant que groupe social, possédant un rôle sur la scène politique, puisque Modèle:Citation<ref name="Grimaud, p.2">Modèle:Harvsp.</ref>.
Le mélange du quotidien le plus trivial et grotesque, vécu par des jeunes personnages en marge, et qui adoptent un comportement érudit mais en décalage constant avec leur situation tragique Modèle:Citation<ref name="Grimaud, p.4">Modèle:Harvsp.</ref>. La violence constitue leur rapport au monde et celle-ci est avant tout sexuelle. Les relations des personnages principaux avec les femmes Modèle:Citation. En effet, la femme est souvent la Modèle:Langue (« femme dure »), motif récurrent chez Properce. Modèle:Citation : Quartilla, prêtresse de Priape, Circé dans l’épisode de Crotone, la sorcière Prosélénos et enfin Œnothéa, prêtresse de Priape également. Pour Johana Grimaud, Modèle:Citation et ce dernier Modèle:Citation, suscitant la colère des femmes<ref name="Grimaud, p.5">Modèle:Harvsp.</ref>.
Roman idéologique
Le primat de l'argent dans l'affirmation de la liberté des affranchis et dans les relations entre Modèle:Langue (ceux nés libres) et Modèle:Langue (les affranchis) est au cœur des tensions qui traversent les personnages du Satyricon. Encolpe, le narrateur, est l'envers de la société fantasmatique que représente Trimalcion. Ce dernier symbolise l'exagération et l'hyperbole sociale alors qu'Encolpe, les couches les plus démunies de la société romaine. L'auteur a le projet de représenter la marginalité et la pauvreté qui contrastent avec l'économie globalisée de l'Empire romain de son époque<ref name="Gonzalès,p.276">Modèle:Harvsp.</ref>. Les thèmes visés par la critique de Pétrone sont nombreux et, outre l'économie et le social, la rhétorique est la cible de sa plume. Les personnages, dans leurs comportements, constituent en effet une critique de l'éducation classique romaine. Selon G. B. Conte, Encolpe, par exemple, porte sur ses aventures un regard de Modèle:Langue pétri de rhétorique romaine mais il déclame ses discours appris plus qu’il ne les raconte<ref>Modèle:Chapitre</ref>. Ils Modèle:Citation pour Johana Grimaud<ref name="Grimaud, p.3"/>.
Pour Alberto Pietro Arciniega, la finalité du Satyricon est nettement idéologique : il s'agit de montrer, par la peinture du comportement public peu édifiant des affranchis, que la raison est toujours détenue par leurs anciens maîtres. L'affranchissement ne retire pas aux maîtres romains leur pouvoir, Modèle:Langue. Ainsi, le Satyricon est Modèle:Citation. La scène où le plat principal, un sanglier coiffé d'un bonnet d'affranchi (Modèle:Langue), est présenté aux convives marque le meilleur exemple de l'idéologie du récit selon lui<ref name="Arciniega,p.289"/>. Le festin chez Trimalcion témoigne de la difficulté qu'éprouve la société romaine d'absorber ses affranchis notamment. Modèle:Citation
Satyricon et évangile selon Marc
Venant après d'autres, les recherches de littérature comparée du professeur italien Ilaria Ramelli montrent que le Satyricon de Petrone, écrit selon elle vers 64–65, contient une parodie de l'histoire de Jésus, en particulier de la scène que les chrétiens appellent souvent « l'onction de Béthanie » (Nouveau Testament, Évangile selon Marc, 14, 1-9). Dans celle-ci, une femme, souvent identifiée à Marie la magdaléenne ou à « la femme adultère », casse une fiole et verse sur la tête de Jésus le précieux parfum qui y était contenu, puis Jésus justifie son acte en disant qu'elle a préparé son embaumement et il annonce donc sa mort quelques jours après. De la même façon, dans le passage cité du Satyricon, Trimalcion fait porter par ses serviteurs une fiole de nard (un précieux onguent) dont il asperge ses commensaux et il les exhorte à faire comme s’ils avaient été invités à ses funérailles<ref name="Ramelli_Congrès">Ilaria Ramelli, Indices de la connaissance du Nouveau Testament chez les romanciers de l’Antiquité et autres auteurs païens du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Intervention au congrès sur « La Contribution des Sciences Historiques à l’Étude du Nouveau Testament », (Rome, 2-6 octobre 2002), traduction: Nouvelles de l’Association Jean Carmignac.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>.
L'expression Modèle:Citation étrangère (au chapitre LXXVIII,3) se retrouve telle quelle dans l'une des plus anciennes versions latines de l'évangile selon Marc, le Modèle:Langue, du {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:| }} }}, qui reproduit la Modèle:Langue, une ancienne version des évangiles en latin. Il y a d'autres points de contact entre le banquet de Trimalcion et l'évangile, comme le chant du coq (chapitre LXXIV, 1-3) qui annonce un mauvais présage. l'allusion à la résurrection dans le récit de la matrone d'Éphèse (CXI, 5-6) qui parle du cadavre d'un crucifié enlevé après sa mort. Au chapitre CXLI, l'un des protagonistes du roman promet qu'il laisse tout son patrimoine à ceux qui mangent sa chair, ce qui constitue selon Ramelli une raillerie de l'eucharistie. Cette dernière en tire la conclusion que l'évangile selon Marc a été écrit avant 64 et que sa langue initiale était le latin<ref group="note">Preuschen, qui au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle avait déjà noté quelques analogies significatives, entre le passage de l’Évangile de Marc qui relate « l’onction de Béthanie » et une scène du dîner de Trimalcion (LXXVII – LXXVIII), estimait au contraire que la ressemblance entre les deux descriptions est due au fait que le texte de Marc dépend de celui de Pétrone.</ref>. Cela est vivement rejeté par l'ensemble des spécialistes car l'évangile attribué à Marc, comme les trois autres évangiles canoniques ont été écrits en grec. De plus, le processus d'écriture de l'évangile selon Marc commence peut-être, au plus tôt, vers 65, mais certains estiment qu'il aurait pu s'étaler sur plusieurs décennies pouvant aller jusqu'à 115<ref name="Ramelli_Congrès"/>.
Stylistique
Observation satirique
Modèle:Citation selon Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille. La minutie satirique de son regard se retrouve, par exemple, dans la description faite de la demeure de Trimalcion, qui est comparable à celles communes à Pompéi et qui est fidèle à l'esthétique et aux habitudes domestiques de la fin du règne d'Auguste. Au temps de Pétrone, une telle description avait donc vocation à provoquer le ridicule<ref name="Zehnacker, 2005.p.250"/>. Certains passages présentent une critique sociale quant à l'ouverture du monde romain vers les étrangers qui s'enrichissent. Cette xénophobie se double d'un sentiment d'infériorité, présent de manière constante en filigrane du Satyricon<ref name="Gonzalès,p.276"/>. Selon Antonio Gonzalès, ce que la satire nous montre dans le Satyricon c'est un condensé des divers pans de la société des affranchis à Rome. Le Satyricon est donc le drame de cette soudaine liberté obtenue à la suite de l'affranchissement<ref name="Gonzalès,p.280"/>.
Le Satyricon est un mélange de prose et de vers et, en ce sens, il se rattache à l'une des Modèle:Langue romaine, spécifiquement à celle des Satires Ménippées de Varron et de l'Apocoloquintose de Sénèque. Selon Pascal Quignard, la Modèle:Langue est à l'origine liée aux vers fescennins, du nom du poète Avienus et aux Modèle:Langue<ref group="note">Le mot « Modèle:Langue » désigne en latin la moquerie, la risée ou encore la farce<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.</ref> qui ont cours lors des jeux sarcastiques qui accompagnent la procession du Modèle:Langue<ref group="note">Le mot « Modèle:Langue » désigne en latin le charme, le sortilège<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.</ref> de Modèle:Langue, commémorations à caractère pornographique par conséquent<ref name="Quignard,p.153"/>. L'intention parodique, les thèmes et la teneur pornographique du texte le rattachent en effet à cette tradition littéraire. Les situations et notamment la scène de l'auberge (chapitre XCIX) sont exagérées Modèle:Citation, ce qui a pour finalité et pour résultat de mettre à distance la violence des relations interpersonnelles. Le comique accentue par conséquent la matérialité du monde représenté<ref name="Grimaud, p.6">Modèle:Harvsp.</ref>. Cette manifestation de la violence des relations humaines Modèle:Citation
Descriptions
Selon Jean-Christian Dumont, lors de l'épisode du festin chez Trimalcion, Pétrone dépeint une Modèle:Citation ; en effet : Modèle:Citation. Par l'intermédiaire de la narration à la première personne, la description semble, tout au long du roman, une déambulation qui sélectionne les détails caractéristiques. Le narrateur, Encolpe, emploie par exemple de manière systématique le verbe latin Modèle:Langue (« remarquer, noter »)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cependant, ces descriptions sont le fruit d'une subjectivité, celle d'Encolpe, narrateur du récit principal. Le lecteur est donc Modèle:Citation que sont ses descriptions du monde alentour<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il faut donc, et c'est là un message de l'œuvre, Modèle:Citation explique Nicole Fick<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
L'espace textuel du Satyricon est très marqué par l'urbanité. Selon Joël Thomas, Modèle:Citation des personnages<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Pour Johana Grimaud la ville métaphorise l'univers de l’artifice, prédominant, si bien que le Satyricon puisse être qualifié de Modèle:Citation. Laissant peu de place à la nature, Modèle:Citation<ref name="Grimaud, p.7-8">Modèle:Harvsp.</ref>. Il s'agirait peut-être du Modèle:Citation, l’ancêtre du Modèle:Langue en somme<ref name="Dubuisson,p.12"/>.
Procédés
Pétrone use de nombreux procédés littéraires destinés à rendre davantage vivantes les scènes du Satyricon. Lors du festin chez Trimalcion, il recourt par exemple au récit indirect. Ce procédé est visible lorsque Encolpe, pour se faire expliquer une scène qu’il ne comprend pas, s’adresse à son voisin ce qui permet, par conséquent, Modèle:Citation. Pétrone joue constamment sur les lieux communs de la culture gréco-latine. En effet, la majorité des topoï littéraires du roman d'amour grec, modèle sérieux supposé du Satyricon, s'y retrouvent parodiés : tentatives de suicide, tempête en mer et naufrage, procès, rivaux amoureux, mort apparente, monologues, ekphrasis, sentences, assemblées populaires, double songe et seconde rencontre entre personnages<ref>Christoph Stöcker, Modèle:Langue, Diss. Erlangen-Nürnberg, 1969, cité in Modèle:Harvsp.</ref>.
D’une certaine manière, le Satyricon est, selon Michel Dubuisson, un roman à clé<ref name="Dubuisson1993,p.7"/>,<ref group="note">Le roman à clés décrit des personnages et des événements réels sous des noms fictifs et des circonstances modifiées. Ils sont cependant reconnaissables pour un public d'initiés, et ce grâce à certains indices<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.</ref>. Il ajoute : Modèle:Citation
La stylistique de Pétrone procède surtout par contrastes. La critique du style déclamatoire portée par le personnage d'Encolpe (face au professeur de rhétorique qu'est Agamemnon notamment) a pour but de faire ressentir le Modèle:Citation<ref name="Van Mal-Maeder,p.4">Modèle:Harvsp.</ref>. La composante théâtrale occupe une place éminente dans le Satyricon, comme l’a montré Costas Panayotakis ; les termes théâtraux y sont utilisés pour indiquer la fiction et l’illusion<ref>C. Panayotakis, Modèle:Langue, Leiden, 1995, cité in Modèle:Harvsp.</ref>.
Les jeux de mots constituent également une ressource stylistique innovante chez Pétrone. De nombreux mots, existant auparavant dans la langue ou hapax forgés par l'auteur parsèment le Satyricon, tissant un réseau sémantique riche en échos. Par exemple, le terme Modèle:Langue est un mot grec qui ne semble être attesté que chez Pétrone ; le jeu de mots serait peut-être : « celui sur lequel on se couche, qui sert de couche », allusion au succube, et désignant dans l'espace textuel le « débauché », le « mignon ». Le terme Modèle:Langue (cinède) signifie « efféminé », « débauché » et qui renvoie à un univers culturel et social complexe<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Intertextualité
Allusions culturelles et littéraires
Les allusions sont courantes dans le Satyricon. Le poème sur la prise de Troie reprend en sénaires iambiques le sujet traité auparavant par Virgile au second livre de l'Énéide. Le second poème, portant sur la guerre civile, fait écho quant à lui à celui du livre I de la Pharsale de Lucain<ref name="Zehnacker, 2005,p.249"/>. Les plats inventifs lors du festin chez Trimalcion sont aussi des allusions mythologiques<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Plusieurs épisodes sont des parallèles mythologiques : par exemple, la disparition de Giton, par la manœuvre d'Ascylte, est décrite par Encolpe comme l'enlèvement d’Europe ou celui de Ganymède<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le roman renferme aussi des allusions à la culture sémitique à travers le personnage de Trimalcion, si bien que c'est dans le Satyricon Modèle:Citation explique Michel Dubuisson<ref name="Dubuisson,p.12">Modèle:Harvsp.</ref>. Il est par conséquent plus que certain que le public auquel s'adresse Pétrone est un public cultivé et connaisseur en allusions culturelles et littéraires<ref name="Arciniega,p.288">Modèle:Harvsp.</ref>. Entre autres exemples, le récit du festin chez Trimalcion prolonge sur un mode ironique la tradition issue du Banquet de Platon<ref name="Zehnacker, 2005,p.249"/>. Cette ironie du texte Modèle:Citation selon G. B. Conte<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Les parallèles littéraires, nombreux, visent un message social et politique. Les poèmes insérés dans le court du récit sont en particulier explicites sur ce point : Modèle:Vers
L'auteur vise par ce court poème la justice corrompue, lieu commun de la littérature latine. Danielle Van Mal-Maeder a montré qu'il fait référence, pour le thème de la corruption et de la vénalité de la justice, aux textes de Varron, Juvénal et Martial<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le Satyricon fait enfin allusion à divers auteurs de la philosophie romaine, et en premier lieu à Sénèque. Des passages des Lettres à Lucilius sont en effet repris et parodiés. L'objectif de l'auteur est de porter un regard critique sur la société romaine de son temps, même s'il demeure difficile de comprendre la motivation réelle de Pétrone : le Satyricon Modèle:Citation, commente Michel Dubuisson<ref name="Dubuisson1993,p.7">Modèle:Harvsp.</ref>.
Parodie de l'Odyssée
Pour Olivier Sers, comme pour René Martin, le Satyricon serait une parodie homérique, ce qui leur permet de supposer de la longueur originelle du texte, qui aurait été composé de vingt-quatre livres au totalModèle:Sfn. Huit livres ont été conservés à ce jour, dont six de manière incomplète, soit un quart du texte intégral supposé parodiant l'Odyssée. Selon Olivier Sers, le Satyricon est vraisemblablement plus long que le texte des Métamorphoses d'Apulée<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Plusieurs éléments renvoient à l'épopée d'Homère. D'abord, le style satirique de l'auteur rabaisse ses personnages principaux au statut d'anti-héros. Contrairement au rusé Ulysse, Encolpe est un fuyard pleutre. L'intrigue principale est une parodie directe de celle de l'Odyssée : de même que Poséidon poursuit Ulysse, dans le Satyricon c'est Priape qui traque Encolpe (toutefois, selon Aldo Setaioli, le rôle central de Priape dans le Satyricon a été mis en doute par divers savants<ref>Modèle:Harvsp.</ref>). L'allusion à la magicienne Circé est également explicite<ref name="Arciniega,p.289">Modèle:Harvsp.</ref>. Plusieurs épisodes tournent en dérision les péripéties d'Ulysse : celui de la tempête est ainsi une parodie du chant V d'Homère<ref name="Zehnacker, 2005,p.249">Modèle:Harvsp.</ref>. La signification et la visée des allusions est en somme souvent satirique et iconoclaste. Les scènes homériques peintes sur les murs de la demeure lors de l'épisode du festin chez Trimalcion contribuent en effet Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, de même que certains épisodes comme celui où Ascylte arrive à l’auberge, à la recherche de Giton. Pour lui échapper, celui-ci se cache sous le lit et s’accroche au sommier pour éviter d'être découvert (allusion directe à la manière dont Ulysse sort de la caverne du Cyclope, suspendu de même à un mouton, au chant IX)<ref name="Dubuisson,p.4"/>.
Désacralisation et innovation
Aldo Setaioli voit dans le Satyricon une entreprise de désacralisation de la veine des romans d'amour grecs sérieux. Plusieurs scènes parodiques le laissent à penser. L'usage parodique de l’épisode de Didon (repris de celui de l'Énéide) au chapitre CXXXII et l’histoire de la veuve d’Éphèse (CXI et CXI), sont davantage que de simples allusions. Il en est de même de la composition poétique entière située dans l’épisode de Circé (chapitre XXXIV), qui est une désacralisation d'un épisode du livre XIV de l’Iliade (la scène d’amour entre Zeus et Héra sur le mont Ida). Autre exemple : en mentionnant les personnages tragiques qui s’adressent à leurs propres yeux, Pétrone, au chapitre CXXXII ridiculise l'Œdipe roi de Sophocle mais Modèle:Citation Si les éléments parodiés sont réels, et s'ils participent à une remise en cause des modèles traditionnels, il semble que Pétrone ait cependant aussi voulu donner à son Satyricon une tournure sérieuse. Le Satyricon ne peut reposer uniquement sur la simple imitation humoristique ; Pétrone fait parvenir un message inédit pour l'Antiquité. Le thème qui ne semble pas parodié chez Pétrone est Modèle:Citation Il en est de même pour les tentatives théâtrales de suicide et pour l'amour homosexuel des personnages principaux, autant d'éléments qui font que Modèle:Citation
Psychologie des personnages
La description psychologique des personnages est fine, à tel point que l'on peut parler à ce propos d'éthopées<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La description de la jalousie d'Encolpe est particulièrement notable. Celle-ci est dépeinte au chapitre XCIII, sur fond de farouche rivalité entre Encolpe et Ascylte pour l'amour de Giton. Le chapitre abrite un monologue intérieur qui signale l'introspection d'Encolpe quant à son sentiment jaloux<ref name="Féray,p.23">Modèle:Harvsp.</ref>. Les patronymes des principaux personnages éclairent leurs psychologies ; ils ont en effet une signification en grec ancien selon Louis de Langle : Modèle:Citation, Tryphène signifie « vie de délices » c'est-à-dire débauchée, Aenothea vient du mot « vin »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Michel Dubuisson explique que le nom de Giton fait plutôt référence au « mignon » en argot (il a d'ailleurs donné par antonomase, le mot français giton) alors qu'Encolpos signifie, en grec, « enculé »<ref name="Dubuisson,p.2"/>. Le mélange des langues des personnages marque non seulement leurs origines (ethniques ou sociales) mais aussi leurs psychologies (hétéroglossie) et notamment pour caractériser chaque convive lors du festin chez Trimalcion<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ce sont donc des personnages ambigus et difficiles à définir. Contrairement aux personnages héroïques comme Achille, Ulysse ou Énée, la description des personnages du Satyricon Modèle:Citation<ref name="Dubuisson1993,p.9">Modèle:Harvsp.</ref>.
Selon Johana Grimaud, la fuite caractérise le trio des personnages principaux ; Modèle:Citation Par conséquent, Modèle:Citation, comme c'est le cas dans l’épisode du manteau volé, ou celui de Crotone. Par ailleurs, ils n’ont pas d’état civil. Seule leur sexualité ou leurs déboires passés les caractérisent : Encolpe aurait été gladiateur (il est qualifié de Modèle:Langue) et il aurait commis un crime alors qu'Ascylte est dépeint comme un Modèle:Citation, autant de classes sociales infâmes dans la société romaine<ref name="Grimaud, p.3">Modèle:Harvsp.</ref>. Peter George considère que les deux amants Encolpe et Ascylte sont des personnages Modèle:Citation étrangère, c'est-à-dire qu'ils manifestent une tendance quasi-pathologique à la dramatisation et à la théâtralisation des réactions<ref>Modèle:Article.</ref>. Cette caractérisation psychologique des personnages a semble-t-il influencé la tradition littéraire du héros et Encolpe, par exemple, a pu servir de modèle aux modernes Gil-Blas et Figaro d'après l'historien Gabriel de La Porte du Theil<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Roman moraliste
Des critiques contemporains dénient à Pétrone le statut de moraliste, dans le sens où ce dernier décrirait une réalité pour détourner les lecteurs du vice. Pour Henry de Montherlant, Modèle:Citation<ref name="Montherlant,p.9"/>. Au contraire de Varron dans ses Satires Ménippées, Pétrone paraît en effet dissimuler la nature de ses intentions. Certains voient dans le Satyricon une entreprise de dérision et de subversion des valeurs romaines, une critique de la Modèle:Langue (la « noblesse ») aussi, alors que d'autres font de l'ouvrage un Modèle:Citation<ref name="Zehnacker, 2005,p.249"/>. Pour Pascal Quignard, le Satyricon est le récit des débauches (Modèle:Langue) de Néron et de sa cour<ref name="Quignard,p.149"/>. Pétrone s'y amuserait à exercer ses détournements de la langue latine. Cependant, la Modèle:Langue en prose étant peu connue encore, et mal documentée historiographiquement, il n'est pas possible de conclure clairement sur ce point. Pour Gaston Boissier, Pétrone marque Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pour l'érudit du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Burmann, Pétrone est, a contrario, Modèle:Citation<ref name="Montherlant,p.10"/>.
Les aventures d'Encolpe, partie la plus longue du texte, paraît Modèle:Citation, alors que le festin chez Trimalcion semble être le travail d'Modèle:Citation<ref name="Langle,p.18">Modèle:Harvsp.</ref>. Dans les deux contes insérés (L'Éphèbe de Pergame et La Matrone d'Éphèse), Modèle:Citation, ce qui laisse sous-entendre, pour Maryline Parca, que Pétrone les utilise pour mieux tourner en dérision certains principes moraux. Elle conclut en signalant que l'auteur Modèle:Citation Bien plus, Pétrone se jouerait de cette ambivalence. Pour Pierre Grimal en effet, Modèle:Citation<ref>Modèle:Chapitre.</ref>,<ref name="Dubuisson1993,p.7"/>.
Traductions, éditions illustrées et apocryphes
Traductions françaises
Le Satyricon donne lieu tout au long du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à de multiples traductions et commentaires érudits : d'abord par Burmann en 1709, puis par son fils en 1743, par Conrad Anton en 1781 et par Bipontine en 1790. La Porte du Theil a pour but de produire une traduction savante et pour cela, il effectue un Modèle:Citation qui se voit cependant censuré<ref name="Lanni,p.208">Modèle:Harvsp.</ref>. En 1677 Michel de Marolles publie, sous anonymat, la première traduction intégrale du Satyricon<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
En 1910, Laurent Tailhade, journaliste et homme de lettres libertaire, traduit le Satyricon en respectant la langue familière de l'original. Celle-ci, qui repose sur la lecture d'une version du Satyricon enrichie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, inclut en effet les solécismes et impropriétés et, même, invente des néologismes tels : « mérétrice », « engeigner » ou « vérécondie ». Il a également ajouté ou retiré des termes latins et employé des tournures archaïques dérivées du latin mais en usage dans la littérature fin-de-siècle moderne, si bien que l'on peut parler d'une traduction fondée sur un Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. En raison de ce travail de redécouverte, la traduction de Tailhade a été la plus reproduite.
Louis de Langle produit également une traduction notable, en 1923. Selon lui, la traduction du Festin chez Trimalcion a été la plus difficile parce que ce texte Modèle:Citation alors que les aventures d'Encolpe sont écrites dans une langue Modèle:Citation
Jean-Claude Féray propose, en 2000, une traduction différente dans Encolpe et Giton. Refusant d'y inclure le Festin chez Trimalcion, il met l'accent sur le langage truculent et populaire des personnages. Il reproduit également, à la fin de l'ouvrage, une traduction anonyme et inédite de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Éditions illustrées
En français
En 1910, l'éditeur Louis Conard publie à faible tirage (171 exemplaires) une nouvelle édition de la traduction de Tailhade, contenant quatre illustrations de Georges-Antoine Rochegrosse. Le texte est orné d'encadrements baroques en couleurs à toutes les pages.
Une édition du Satyricon de 1941 et reprenant la traduction de Tailhade, chez Émile Chamontin, présente dix planches gravées en couleurs coloriées au pochoir de la main de Georges Lepape, affichiste et graveur des années 1930, renommé pour ses dessins de mode et ses couvertures de Vogue<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Toujours avec la même traduction, le Club français du livre publie une édition illustrée de dessins d'André Derain<ref>Préface de Jacques de Boisjolin, maquettes de Jacques Daniel, 1959, (c) 1923 by Éditions Fasquelle.</ref>.
En anglais
La traduction de W. C. Firebaugh (1922) est illustrée par Norman Lindsay.
Autres traductions et recherches
Le Satyricon a été traduit dans la majorité des langues officielles<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En langue anglaise, la première traduction est opérée par William Burnaby en 1694 ; elle a été révisée de nombreuses fois et ce jusqu'en 1964. Celle de Walter R. Kelly (1854) est également notable. Oscar Wilde passe pour avoir traduit le Satyricon dans l'édition de Charles Carrington (1902) sous le pseudonyme de Sebastian Melmoth. Cependant cette attribution a été mise en doute<ref>Modèle:Article.</ref>.
De nombreuses autres traductions en anglais se succèdent et, parmi elles, la plus fidèle au texte d'origine demeure celle de J. P. Sullivan, en 1965 chez Modèle:Langue<ref>Modèle:Langue, in Modèle:Ouvrage.</ref>. En allemand, Franz Bücheler propose une traduction fidèle et annotée, en 1862. Le travail critique du philologue classique suisse Konrad Müller<ref name=":0" />,<ref name=":1" />,<ref name=":2" /> est également notable. En italien, le latiniste Ettore Paratore a traduit fidèlement le Satyricon en 1933 ; Federico Fellini s'est notamment appuyé sur son travail. Une autre traduction, de G. A. Cesareo, revue et commentée par Nicola Terzaghi, en 1950, existe également. On signale aussi une traduction italienne du XVIIe siècle (anonyme), transmise en forme manuscrite et en toute vraisemblance destinée à la circulation clandestine<ref>Modèle:Article.</ref>.
Pour continuer à étudier le cheminement des manuscrits du Satyricon, Schmeling fonde en 1969 la Modèle:Langue, qui publie une Modèle:Langue<ref name="bibliography of Petronius,p.35">Modèle:Harvsp.</ref>. Elle édite des articles et des séminaires sur Pétrone et le Satyricon.
Apocryphes
Nombre d'auteurs ont écrit des suites au Satyricon, afin d'en achever l'intrigue.
José Antonio González de Salas (1588–1654) publie une édition du Satyricon en 1629, republiée en 1643 et incluant un portrait. Salas a comblé les lacunes originelles en insérant des passages qu'il dit tenir d'une édition parisienne. Ces passages sont des pseudépigraphes, actuellement disponibles dans la traduction de W. C. Firebaugh (1922).
En 1690, le Français François Nodot, dit tenir d'un certain Du Pin, officier français, un manuscrit inédit achevant le Satyricon, retrouvé lors du sac de Belgrade en 1688. Publiée en 1693, la version proviendrait de Pieter Burmann le Jeune. L'Espagnol José Marchena Ruiz de Cueto, attaché à l'armée napoléonienne, pour les besoins de son étude sur la sexualité antique, a fabriqué un faux supplément au Satyricon, en latin. Il le traduit en français sous le titre Modèle:Langue (1800).
L'Allemand H. C. Schnur publie en 1968 un apocryphe directement traduit. Ellery David Nest publie une édition du Satyricon contenant de nouveaux épisodes prétendument retrouvés à Morazla par Reinhardt Struch de l'université d'Oberhausen et intitulée : Modèle:Langue (2003). Enfin, Andrew Dalby a édité un épilogue du Satyricon constituant en un récit d'un banquet se déroulant à Massilia vingt années après la fin originelle du texte de Pétrone<ref>Modèle:Article.</ref>.
Réception et postérité
Réception
Les réceptions du texte attribué à Pétrone sont diverses. Ainsi, l'abbé Marchena, en 1800, a critiqué le Modèle:Citation qui transparaît à travers le Satyricon ainsi que celui des ecclésiastiques chrétiens qui ont conservé, en dépit de son immoralisme, le texte malgré sa débauche. Pour Menendez y Pelayo, en 1875, le Satyricon porte les abominations de la société<ref name="Arciniega,p.288"/>. Jean Racine cite souvent le Satyricon dans sa correspondance. Gaston Boissier mentionne par exemple cette remarque du dramaturge, élogieuse pour Pétrone : Modèle:Citation<ref>Racine cité dans Modèle:Harvsp.</ref>. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le critique et romancier français Edmond de Goncourt avoue aimer le caractère décousu du texte ainsi que sa filiation obscure<ref>Modèle:Harvsp.</ref> alors que Gustave Flaubert dit n'avoir rien éprouvé à sa lecture, mais en recommande la lecture et prédit un regain d'attention du romanModèle:Note. L'éditeur de Charles Baudelaire a proposé au poète, grand admirateur de Pétrone, de traduire le Satyricon, mais le projet n'a jamais vu le jour<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Oscar Wilde évoque le roman dans Le Portrait de Dorian Gray (1890)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Joris-Karl Huysmans, dans son roman À rebours (1884) évoque longuement le roman de Pétrone, Modèle:Citation selon lui<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Ernest Renan dans L'Antéchrist y voit un Mérimée antique, au ton froid et exquis, miroir du temps de NéronModèle:Sfn. Le poète T. S. Eliot, pourtant conservateur chrétien, est un admirateur de l'œuvre de Pétrone<ref>Modèle:Article.</ref> ; son poème The Waste Land porte en préface une citation de Trimalcion à propos de la Sibylle de Cumes<ref>Modèle:Article.</ref>.
Selon Henry de Montherlant, Modèle:Citation Ce dernier cite, dans l'histoire, deux personnalités fascinées par Pétrone et son Satyricon : Louis II de Bourbon-Condé, qui a pensionné un lecteur spécialement chargé de lui lire et relire le texte, et l'abbé de Rancé qui a commencé à le traduire, de concert avec Bussy-Rabutin mais qui s'en est finalement détourné pour fonder la Trappe<ref name="Montherlant,p.9">Modèle:Harvsp.</ref>.
Postérité
Le thème du banquet chez un riche affranchi apparaît dans d'autres œuvres de la littérature romaine, sans doute inspirées du Satyricon. Horace (Satires : 2, 8) décrit le banquet de Nasidène, parvenu riche mais ignorant alors que Juvénal (Satires : 24, 29) présente l'agape de Vierron au cours duquel clients et affranchis se querellent. Sénèque (Épîtres : 27, 5) fait le portrait du riche mais ignorant Calvitius<ref name="Arciniega,p.291">Modèle:Harvsp.</ref>.
L'abbé Marchena est l'auteur d'un pastiche du Satyricon intitulé Modèle:Langue (1800)<ref>Modèle:Harvsp.</ref> et dans lequel il accentue les descriptions pornographiques ainsi que le langage cru des personnages, et insère un chapitre de son invention ; c'est donc un faux littéraire<ref name="Féray,p.19"/>. Le texte inspire le roman de Fernand Kolney : Le Salon de Madame Truphot, ou Le moderne satyricon publié en 1927. Les réécritures sont multiples, en particulier les contes insérés. Henryk Sienkiewicz, dans son roman Quo vadis ? (1895) fait apparaître Pétrone et lui fait rencontrer les pères de l'Église, Paul et Pierre<ref>Modèle:Chapitre.</ref>. Philippe Mudry note que Modèle:Citation<ref name="Le Ber,p.160"/>. Ainsi, L'École des veuves de Cocteau (1936) Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Dans son roman Gatsby le Magnifique (1925), F. Scott Fitzgerald caractérise explicitement son personnage principal éponyme sous les traits de Trimalcion (au chapitre VII notamment). L'édition de Cambridge est même sous-titrée : « Modèle:Langue »<ref>Modèle:Article.</ref>.
L'esthétique de Pétrone et en particulier celle du Satyricon a influencé nombre d'écrivains tels : Henry de Montherlant<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, Laurence Sterne (Tristam Shandy, 1760), l'auteur de romans picaresques Tobias Smollett et Henry Fielding<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. La veine littéraire du roman comique du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, certains romans du Modèle:S mini- comme Joseph Andrews ou Histoire de Tom Jones, enfant trouvé de Fielding, la satire critique de Jean Barclay, ou encore l'Histoire amoureuse des Gaules (1665) de Roger de Bussy-Rabutin sont les héritiers de l'esthétique du Satyricon<ref name="Daviault, 2001,p.327">Modèle:Harvsp.</ref>.
Uderzo et Goscinny, dans Astérix chez les Helvètes mettent en scène une orgie à la première case de la page 7 qui est une allusion parodique au festin chez Trimalcion<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Adaptations
Arts graphiques
La bande dessinée Péplum de Blutch, datant de 1996, est librement inspirée du Satyricon de Pétrone. Plusieurs éléments du texte original (le personnage de Giton et le thème de l'impuissance sexuelle) sont exploités, autour d'une trame différente cependant : l'histoire d'amour entre un homme et une femme prise dans les glaces, empruntée à un ballet de Roland Petit.
Dans la série Murena, scénarisée par Dufaux et dessinée par Delaby puis Theo, Pétrone est un ami du héros (fictif) éponyme. Le début du tome 10, intitulé Le Banquet (2017), se réfère explicitement au Satyricon : lors d'un festin chez Trimalcion, Pétrone a une relation avec un éphèbe nommé Encolpe qui, venant lui-même d'écrire un texte qui est une citation du Satyricon, conseille au poète d'immortaliser de genre d'orgie.
Films
Satyricon de Polidoro
Modèle:Article détaillé Le Satyricon a été adapté à l'écran par Gian Luigi Polidoro en 1968<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Wikidata}}/{{#if:||reference}} {{#if:||Satyricon de Polidoro (1969)}} sur l’Modèle:Lang.</ref>. Le film est beaucoup plus fidèle au texte de Pétrone que celui de Fellini mais il présente une esthétique mélancolique. En dépit de certains scènes obscènes censurées qui gênent sa distribution, le film réalise des entrées appréciables<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Polidoro a acheté les droits de l'œuvre de Pétrone, ce qui explique que Fellini, qui commence le tournage la même année, a intitulé son film Fellini-Satyricon, non sans avoir entraîné une querelle juridique entre les deux hommes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Satyricon de Fellini
Federico Fellini en 1969 adapte le Satyricon au cinéma<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Wikidata}}/{{#if:||reference}} {{#if:||Satyricon de Fellini(1969)}} sur l’Modèle:Lang.</ref>. Selon Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille<ref name="Zehnacker, 2005.p.250"/>, ce film révèle les fantasmes du cinéaste (goût du monstrueux et du morbide) plutôt que l'esthétique de Pétrone. Fellini dit avoir lu le Satyricon alors qu'il était au lycée ; il raconte avoir été marqué par les illustrations chastes de l'édition qu'il possédait. Lors de la réalisation de son film, Fellini (qui a utilisé la traduction latine de Ettore Paratore, 1933) a comblé les lacunes du texte en inventant des scènes. Il a aussi tenu à travailler une esthétique dénuée de mentalité chrétienne notamment la représentation du péché. Cependant, le film a une finalité réfléchie : Fellini affirme que son Satyricon (dont le titre original italien est Fellini Satyricon) est une œuvre préchrétienne pour l'ère post-chrétienne. Son scénariste, Bernardino Zapponi, considère le Satyricon comme étant une histoire de science-fiction pour son époque<ref name="Arciniega,p.293">Modèle:Harvsp.</ref>. Dans son film, Fellini présente une Antiquité dans laquelle toutes les valeurs se sont écroulées et où plus personne ne se comprend. La sexualité y est le seul moteur existentiel, si bien que l'on peut y voir une critique de la société de consommation contemporaine. Le réalisateur a cependant adapté très largement l'histoire originale. Par exemple, il choisit comme cadre Rome et non la Grèce, remplace Encolpe par Agammemnon lors du festin chez Trimalcion, invente une longue scène chez Habinnas et, même, insère des éléments anachroniques<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Opéra
Le Satyricon de Pétrone a également inspiré à Bruno Maderna un opéra en un acte intitulé Satyricon, inachevé, et qui a fait l'objet de trois versions (la création au Festival de Scheveningen en 1973, la version télévisée et celle radiophonique). Maderna a souhaité respecter scrupuleusement le texte original mais il en compose le livret à partir de la scène du Festin chez Trimalcion, scène qui détermine l'unité d'action, de lieu et de temps et auquel il adjoint cependant des éléments extérieurs ou inventés comme : le récit de La Matrone d'Éphèse par Habinna, le dialogue entre Fortunata (la femme de Trimalcion) et Eumolpe, et enfin un passage sur l'argent extrait des fragments du roman. L'opéra de Maderna ne suit pas la chronologie du roman de Pétrone ; il cherche à établir des relations entre différents fragments du texte, relations qui n'existent pas dans le roman original. L'esthétique réaliste ainsi que la satire du monde social sont conservées, même si Maderna porte un regard bienveillant sur le personnage de Trimalcion<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.
Notes et références
Notes
Références
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Modèle:Bases
- Modèle:Dictionnaires
- Texte intégral du Satyricon par Louis de Langle (1923)
- Texte intégral, en français et en latin, du Satyricon par Louis de Langle (1923)
- Le « festin chez Trimalcion », traduction de Nisard, collection des auteurs latins, Dubochet (1842)
- Modèle:Vidéo « L’Antiquité au cinéma. Formes, Histoire, Représentations » (3/4) : « Figures de l’Antiquité latine chez Fellini et dans Fellini-Satyricon », France Culture, avril 2011 (durée : 48 min 58 s)
Bibliographie
Éditions du Satyricon en français
La traduction utilisée (par qui ?) est celle de Charles Héguin de Guerle (1861).
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- Modèle:Ouvrage Réédité À l'enseigne du pot cassé, Collection Bibliotheca Magna, illustré par Raphaël Drouart, 1938.
- Modèle:Ouvrage Modèle:Commentaire biblio
Monographies et usuels
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Articles
Sur le Satyricon
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- Modèle:Article
- Stéphane Ratti, « Le monde du Satyricon et la maison de Pline le Jeune », Anabases, 13 | 2011, 79-94 (lire en ligne).
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Sur le contexte historique et littéraire
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