Syndrome de Stockholm

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}
Révision datée du 14 octobre 2023 à 22:27 par 2a02:8428:b0b0:ea01:a82e:ee03:5841:b83b (discussion) (Redirection évitée)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Le syndrome de Stockholm est un phénomène psychologique observé chez des otages ayant vécu durant une période prolongée avec leurs geôliers et qui ont développé une sorte d'empathie, de contagion émotionnelle vis-à-vis de ceux-ci, selon des mécanismes complexes d'identification et de survie. Cette pathologie a été particulièrement médiatisée dans le cas de l'héritière américaine Patricia Hearst.

Le terme « syndrome de Stockholm » doit son nom à l'analyse d'une prise d'otages, ayant eu lieu à Stockholm en 1973, par le psychiatre Nils Bejerot.

Origine

Prise d'otage de 1973 à Stockholm

Fichier:Former Kreditbanken Norrmalmstorg Stockholm Sweden.jpg
L'ancien bâtiment de la Kreditbanken à Stockholm en Suède.

Le Modèle:Date-, un prisonnier récemment libéré, Jan Erik Olsson, tente de commettre un braquage Modèle:Lien du quartier de Norrmalmstorg à Stockholm, à une heure où la succursale vient d'ouvrir et n'a pas encore de clients. Lorsqu'il tire une rafale de pistolet-mitrailleur en l'air, des dizaines d'employés s'enfuient ou se jettent au sol. L'intervention des forces de l'ordre l'incite à se retrancher dans la banque où il relâche le personnel, ne prenant en otage que quatre personnes.

Il demande aux négociateurs Modèle:Nombre de couronnes, des armes, un gilet pare-balles et un avion pour s'enfuir, et obtient la libération de son compagnon de cellule, Clark Olofsson, qui peut le rejoindre. Les deux hommes et leurs otages se retranchent dans la chambre forte de la banque. Curieusement, pendant les six jours de négociation, les employés font confiance à leurs ravisseurs et se méfient des forces de l'ordre.

Le Modèle:Date-, un policier prend l'initiative de fermer la porte de la salle des coffres. Les six personnes sont prises au piège. Malgré le cloisonnement, otages et ravisseurs finissent par développer un sentiment mutuel d'estime et de sympathie. La police perce des trous dans le plafond de la chambre forte et fait usage de gaz anesthésiants, ce qui permet leur libération le Modèle:Date-. Les forces de l'ordre assistent à des scènes surréalistes au moment de cette libération. Les employés refusent d'être secourus mais Kristin, l'une des otages, sténographe dans la banque, exige tout de même que les otages passent devant, de peur que les deux criminels soient abattus par la police. Avant de sortir de la chambre forte, criminels et otages se prennent dans les bras et se disent au revoir chaleureusement. Après l'arrestation des criminels, les otages refusent de témoigner à charge, se cotisent pour assurer les frais de la défense des deux hommes et vont leur rendre visite en prison<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Sur les quatre otages, deux quitteront leur emploi par la suite, l'une devenant infirmière, l'autre assistante sociale. Clark Olofsson et Kristin Enmark ont entretenu une relation amoureuse, et sont restés en bons termes<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Polémique

Les faits survenus lors de la prise d'otage de 1973 auraient été relatés d'une manière biaisée par le psychiatre chargé de l'affaire, Nils Bejerot. La police aurait fait preuve d'un manque de maîtrise de l’évènement, rendant la situation plus dangereuse et instable qu'elle ne l'était déjà. C'est ce qui aurait amené les otages à craindre pour leur vie, non pas à cause des preneurs d'otages, mais des forces de l'ordre.

À la fin de la prise d'otage, les vives critiques émises par Kristin Enmark sur le comportement dangereux de la police et de Bejerot pendant les 6 jours de la prise d’otages ont alors été évaluées par ce dernier comme incohérentes, sous le prétexte d'un syndrome traumatique qu'il venait d'inventer. Cette évaluation psychiatrique étonnante le dédouanant ainsi de toutes critiques dans la gestion de l’événement. Durant sa captivité, Enmark avait demandé à parler avec Bejerot par radio. Il refusa. Enmark dira alors : Modèle:Citation<ref>Jess Hill, See What You Made Me Do: Power, Control and Domestic Abuse, Black Inc, 2019 Modèle:ISBN. Extrait (en anglais)</ref>.

Analyse du syndrome

Trois critères :

  • le développement d'un sentiment de confiance, voire de sympathie des otages vis-à-vis de leurs ravisseurs ;
  • le développement d'un sentiment positif des ravisseurs à l'égard de leurs otages ;
  • l'apparition d'une hostilité des victimes envers les forces de l'ordre.

Pour que ce syndrome puisse apparaître, trois conditions sont nécessaires<ref>Modèle:Article.</ref> :

  • l'agresseur doit être capable d'une conceptualisation idéologique suffisante pour pouvoir justifier son acte aux yeux de ses victimes ;
  • il ne doit exister aucun antagonisme ethnique, aucun racisme, ni aucun sentiment de haine des agresseurs à l'égard des otages ;
  • il est nécessaire que les victimes n'aient pas été préalablement informées de l'existence de ce syndrome (dans certains cas, l'agresseur peut faire preuve d'une conceptualisation idéologique capable de convaincre une victime préalablement informée du syndrome).

Le syndrome de Stockholm peut être vu comme une manifestation inconsciente de survie : le sujet concerné, en s'attirant la sympathie de l'agresseur, peut se croire partiellement hors du danger, voire susceptible d'influencer les émotions de l'agresseur. Si la pacification débouche sur une fraternisation, il peut même imaginer sauver sa vie. C'est en fait surtout de sa propre angoisse que le sujet se protège, car le danger est toujours réel : Modèle:Citation nécessaire.

Le syndrome de Stockholm est un syndrome émergent psychotique comme on en observe parfois dans les situations extrêmes, y compris si le sujet n'a pas une personnalité psychotique.

Dans La Peur de la liberté<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, Erich Fromm énonce en 1940 les bases psychologiques causant ce syndrome, sans le nommer ainsi : il décrit la vénération de l'enfant envers un père despotique et autoritaire ainsi que son identification avec lui, comme un moyen d’échapper à l'angoisse que lui provoquerait la confrontation ainsi que pour éviter le sentiment de culpabilité que lui procurerait le fait de le haïr. Il décrit ce même phénomène dans la relation que le citoyen d'un régime despotique entretient avec le dictateur. L'amour ou la vénération deviennent ainsi des palliatifs qui résolvent « magiquement » toute la complexité conflictuelle de la situation.

Ce même type de relation a été constaté chez certains « collabos » envers les forces d'occupation pendant la guerre.

Paul Roazen explique comment ce phénomène d'adoption de la pensée dominante et d'identification avec leurs représentants, peut se reproduire même dans un contexte démocratique, ou dans le sein d'une communauté dont le sujet n'a pas le courage de contredire les valeurs, ou par nécessité de reconnaissance de la communauté, adoptant le jargon, la tenue vestimentaireModèle:Etc. Ceci n'est pas le syndrome de Stockholm, mais relève des mêmes ressorts psychologiques énoncés par Erich Fromm<ref name="ReferenceA">La place d'Erich Fromm aujourd'hui et sa Peur de la liberté, Paul Roazen, Le Coq-héron 2005/3 (Modèle:N°).</ref>.

Le terme Syndrome de Stockholm sera adopté après l'incident à Stockholm en 1973 pour désigner ce phénomène d'abandon de son identité par crainte de l'autorité. Entretemps, l'expérience de Milgram avait permis de la mettre en évidence expérimentalement.

Pour Saverio Tomasella, le syndrome de Stockholm ne découle pas seulement de la fragilisation de la personne prise en otage, Modèle:Citation, donc étrangement reconnaissante envers son agresseur, Modèle:Citation<ref>Saverio Tomasella, La folie cachée, Albin Michel, 2015, Modèle:P..</ref>.

Cette modalité psychique d'adaptation à toutes sortes de situations traumatiques a été abordée également par Janine Puget<ref>Janine Puget, L. Ricon, M. Vignar, Modèle:Et al., Violence d'état et psychanalyse, Dunod, Modèle:Coll., 1989 Modèle:ISBN.</ref>.

Le comportement, paradoxal et apparemment incompréhensible, des victimes dans le syndrome de Stockholm, qu'on retrouve notamment chez les victimes de prises d'otages, a également été décrit et analysé en 1978 par le psychiatre américain Frank Ochberg<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.

Mécanismes psychologiques similaires

Dans ces trois derniers cas, les individus battus ne se plaignent pas, n'osent pas résister ou dénoncer et, malgré des moments de doute, croient (devoir) éprouver de l'affection pour leur(s) tortionnaire(s), qu'ils idéalisent.

Culture

Musique

Modèle:Colonnes

Films et séries

Modèle:Catégorie principale

Émissions de radio

Autres

  • Un roman de Stephen King, Rage, dans lequel un collégien abat l'un de ses professeurs et prend l'ensemble de la classe en otage ; à la fin du roman, la quasi-totalité des élèves otages prennent fait et cause pour leur camarade qui les séquestre.
  • La bande dessinée Inspecteur Moroni, Modèle:Nobr : Le Syndrome de Stockholm de Guy Delisle sur ce sujet.
  • Un roman de Modèle:Lien dont le titre est Modèle:Lien, dans lequel une jeune fille est enlevée dans un aéroport et écrit une lettre à son ravisseur en y développant les divers sentiments qui la secouent durant son enlèvement.
  • Modèle:Lang y fait allusion dans le jeu vidéo Modèle:Langue en référence à la relation entre Modèle:Langue et le docteur Hal Emmerich.
  • Le roman de George Orwell, 1984 se termine sur l'introspection de Winston, fortement torturé dans les locaux du ministère, puis relâché, et se découvrant alors sincèrement Modèle:Citation.
  • Dans le jeu vidéo Modèle:Nobr, où vous incarnez un braqueur, la compétence Syndrome de Stockholm peut être apprise afin que les otages puissent vous réanimer si vous êtes neutralisé par la police.

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Articles connexes

Modèle:Colonnes

Liens externes

Modèle:Portail