Tintin au Congo
Modèle:En-tête label Modèle:Infobox Bande dessinée
Tintin au Congo (initialement intitulé Les Aventures de Tintin, reporter du « Petit Vingtième », au Congo) est le deuxième album de la série de bande dessinée Les Aventures de Tintin, créée par le dessinateur belge Hergé.
Depuis 1928, Hergé est rédacteur en chef du Petit Vingtième, le supplément jeunesse du journal belge Le Vingtième Siècle dans lequel il publie Tintin au pays des Soviets et Quick et Flupke, et connaît un grand succès. Son patron et mentor, l'abbé Norbert Wallez, lui demande alors de dessiner une nouvelle aventure de Tintin qui se déroulera cette fois-ci au Congo, colonie belge depuis 1908. L'histoire est publiée en noir et blanc, de Modèle:Date jusqu'en Modèle:Date, dans les pages du Petit Vingtième. Le succès est à nouveau au rendez-vous. En 1946, dans le cadre de la colorisation des Aventures de Tintin, Hergé s'adjoint les services d'Edgar P. Jacobs, et ils réécrivent ensemble l'album dans un format plus court et en couleurs.
Après la Seconde Guerre mondiale, Tintin s'internationalise mais l'auteur est accusé de véhiculer des préjugés racistes, ce qui amène les éditions Casterman à ne pas rééditer Tintin au Congo, rendant de fait l'album introuvable en librairie dans les années 1960. Sous la pression d'Hergé, son éditeur réimprime finalement l'aventure au début des années 1970. La polémique ne refait surface qu'au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, au moment de l'annonce de la production d'une série de films par Steven Spielberg, dans l'univers de Tintin. Plusieurs librairies anglo-saxonnes déplacent l'album dans le rayon pour adultes, et une plainte est déposée en Belgique pour interdire sa vente — toutefois sans résultat. Il n'en demeure pas moins très populaire au Congo.
Le récit fait aujourd'hui l'objet de nombreuses critiques par des auteurs qui déplorent l'inconsistance du scénario, mais remarquent néanmoins l'amélioration du style d'Hergé. La version en couleurs de 1946 est également critiquée pour son manque de réalisme. Cela n'empêche pas Tintin au Congo d'être l'une des aventures de Tintin les plus populaires auprès des jeunes lecteurs, avec plus de dix millions d'exemplaires vendus dans le monde.
Résumé
La trame de l’histoire se compose de péripéties dans lesquelles Tintin et son chien Milou se tirent de difficultés et de dangers, le tout dans une atmosphère de propagande coloniale<ref group="k" name="Peeters 2006 100">Modèle:Harvsp.</ref>.
Le reporter Tintin se rend en paquebot au Congo belge dans le cadre de son travail<ref group="b" name="Hergé 1974 1">Modèle:Harvsp.</ref>. Le voyage est éprouvant, car Milou est successivement attaqué par un perroquet<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>, par le passager clandestin Tom<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>, futur ennemi de Tintin, et par un requin<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>. Leur arrivée en Afrique est acclamée par la foule<ref group="b" name="Hergé 1974 9">Modèle:Harvsp.</ref>. Une fois repoussées les sollicitations de journaux qui souhaitent lui acheter son reportage, Tintin engage un Modèle:Langue, Coco, pour l'accompagner<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>. Le trajet est loin d'être de tout repos : Tintin sauve Milou d'un crocodile<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>, puis d'un singe<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>, et capture Tom qui essayait de lui voler sa voiture<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>.
Au royaume des Ba Baoro'm, Tintin est emmené par le roi de la tribu à une chasse au lion qui se passe mal, mais cette fois-ci c'est Milou qui sauve Tintin des griffes du fauve<ref group="b" name="Hergé 1974 24">Modèle:Harvsp.</ref>. Se sentant menacé par ce jeune blanc, le sorcier des Ba Baoro'm Muganga, accompagné de Tom, l'accuse de sacrilège, et Tintin est emprisonné<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>. Délivré par Coco, il évente le piège et devient le nouveau grand chef<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>. Le sorcier provoque alors une guerre avec la tribu des m'Hatouvou<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref> et tente de tuer Tintin, sans plus de succès<ref group="b" name="Hergé 1974 31">Modèle:Harvsp.</ref>. Tom capture finalement les héros, abandonne Tintin aux crocodiles<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref> et Milou à un boa<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>, avant qu'un missionnaire ne les sauve de justesse<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>.
Tintin est accueilli dans la Mission, où il donne un cours de mathématiques<ref group="b" name="Hergé 1974 36">Modèle:Harvsp.</ref>, et part à la chasse à l'éléphant<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>. Tom l'intercepte à son retour et le laisse pour mort<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>. Averti par Milou, le missionnaire sauve Tintin<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>. Poursuivi par ce dernier, Tom finit dévoré par les crocodiles<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>. Tintin découvre que Tom avait rendez-vous dans la ville fictive de Kalabelou avec un certain Gibbons. Ce dernier apprend alors au reporter que les hommes voulant sa mort sont des gangsters affiliés à Al Capone qui tentent de prendre le contrôle de la production de diamants au Congo<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>. Après l'arrestation des bandits, Tintin et Milou partent en safari pour filmer des animaux<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>, avant d'être récupérés en avion pour un nouveau reportage en Amérique<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>.
Histoire
Contexte d'écriture
Depuis 1925, Georges Remi — qui signe son travail sous le pseudonyme Hergé — est employé au Vingtième Siècle<ref group="d" name="Assouline 41">Modèle:Harvsp.</ref>. Ce journal de Bruxelles est résolument catholique et conservateur, et surtout proche d'une idéologie fasciste qu'incarne Benito Mussolini en Italie, tenu en haute estime par le rédacteur en chef, l'abbé Norbert Wallez<ref group="d">Modèle:Harvsp.</ref>. Le quotidien se définit d'ailleurs comme un « journal catholique de doctrine et d’information »<ref group="k">Modèle:Harvsp.</ref>. Jusqu'à la fin de l'année 1928, Hergé occupe un poste de reporter-photographe et de dessinateur<ref group="d" name="Assouline 41"/>, mais il gagne avant tout sa place en réalisant des petits travaux graphiques à la demande<ref group="k">Modèle:Harvsp.</ref>. Wallez lui confie alors les clefs d’un supplément pour la jeunesse, Le Petit Vingtième, qui est intégré au Vingtième Siècle<ref group="k" name="Peeters 2006 73-74">Modèle:Harvsp.</ref>. Outre son travail de rédacteur en chef, Hergé y publie en particulier deux nouvelles séries de bande dessinée : Tintin au pays des Soviets, de Modèle:Date<ref group="d">Modèle:Harvsp.</ref> à Modèle:Date<ref group="d">Modèle:Harvsp.</ref>, et Quick et Flupke à partir de Modèle:Date<ref group="d">Modèle:Harvsp.</ref>. Devant la charge de travail qui s'accumule, il demande à son rédacteur en chef d'embaucher des assistants : Eugène Van Nyverseel le rejoint le Modèle:Date, ainsi que Paul Jamin en Modèle:Date<ref group="k">Modèle:Harvsp.</ref>. Il travaille également avec Germaine Kieckens, la secrétaire de Norbert Wallez, dont il est amoureux<ref group="k" name="Peeters 2006 102">Modèle:Harvsp.</ref>. Pendant l'année 1930, il multiplie les approches, en vain<ref group="k" name="Peeters 2006 102"/>. Devant sa persévérance et le soutien de l'abbé pour cette union<ref group="k" name="Peeters 2006 112">Modèle:Harvsp.</ref>, Germaine se décide à l'épouser<ref group="k">Modèle:Harvsp.</ref> en Modèle:Date.
Hergé a Modèle:Nombre. Après le succès retentissant de Tintin au pays des Soviets, il travaille sur une nouvelle aventure de son héros et songe à l'envoyer en Amérique, afin de rencontrer les Peaux-Rouges qui le passionnent depuis son enfance<ref group="d">Modèle:Harvsp.</ref>. Wallez en décide autrement malgré le manque d'enthousiasme de l'auteur<ref group="k" name="Peeters 2006 99">Modèle:Harvsp.</ref>, il choisit le Congo belge comme future destination de Tintin : son espoir est de faire naître une vocation coloniale chez les jeunes lecteurs<ref group="d" name="Assouline 82">Modèle:Harvsp.</ref>. Ce territoire est belge depuis 1908 grâce à l'action d'Henry Morton Stanley et du roi Léopold II de Belgique, qui en a transmis la propriété à son royaume<ref group="k" name="Peeters 2006 98">Modèle:Harvsp.</ref>, et un manque chronique de main-d'œuvre atténue fortement les capacités de production de la colonie (caoutchouc et ivoire par exemple)<ref group="k" name="Peeters 2006 98"/>.
Pour sa documentation, Hergé a l'embarras du choix. L'exposition coloniale de Paris en 1931 connaît un succès colossal<ref group="k" name="Peeters 2006 99"/>. Les journaux font des reportages réguliers sur le Congo, les livres populaires abondent en ce sens, il faut compter en plus l'omniprésence de bulletins de propagande gouvernementale<ref group="d" name="Assouline 83">Modèle:Harvsp.</ref>. Il est donc difficile de dire quelles sont les sources qu'Hergé a utilisées, tant elles baignent son univers<ref group="d" name="Assouline 83"/>. Malgré tout, il recopie une scène de chasse du livre Les Silences du colonel Bramble d'André Maurois<ref group="d" name="Assouline 83"/>,<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>, s'inspire à nouveau des animaux de Benjamin Rabier<ref group="d" name="Assouline 82"/> et puise au Musée colonial de Tervueren quelques représentations d'objets, tels les pirogues et le fameux homme-léopard Aniota de l'album<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref group="k" name="Peeters 2006 99"/>. Lorsque Tintin est conduit en pirogue à la mission, les rameurs chantent Uélé maliba makasi, chanson en langue lingala, évoquant la rivière Uélé<ref>Modèle:Article</ref>. À la fin de l'histoire, on apprend qu'Al Capone désire augmenter ses revenus en contrôlant la production de diamants en Afrique. La production minière, concernant nombre de minerais, fait justement partie des ressources économiques importantes du pays<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Publication de l'album
Le Modèle:Date, trois semaines après la fin de la parution de Tintin au pays des Soviets, Milou annonce dans Le Petit Vingtième son prochain voyage au Congo<ref group="k" name="Peeters 2006 98"/>, et à partir du Modèle:Date<ref group="g" name="Farr 21">Modèle:Harvsp.</ref>, la série est publiée toutes les semaines<ref group="d" name="Assouline 86">Modèle:Harvsp.</ref>, jusqu'en Modèle:Date<ref group="g" name="Farr 27">Modèle:Harvsp.</ref>. La parution ne s'accompagne d'aucune controverse<ref group="d" name="Assouline 86"/>. Le Modèle:Date, Wallez organise, comme pour Tintin au pays des Soviets, le retour du héros à la Gare de Bruxelles-Nord, cette fois sous les traits de Henri Dendoncker coiffé d'un casque colonial, accompagné d'un chien blanc, de jeunes Congolais, Paul Jamin, Hergé et d'enfants déguisés en Quick et Flupke. La foule qui les accompagne et les acclame témoigne du succès de cette nouvelle aventure<ref group="d" name="Assouline 86"/>. C'est un coup d'éclat commercial, les éditions du Petit Vingtième ayant d'ores et déjà proposé l'album à la vente au cours de la manifestation<ref group="k" name="Peeters 101">Modèle:Harvsp.</ref>. Peu après, le journal Cœurs vaillants diffuse à son tour l'histoire en France<ref group="d" name="Assouline 86"/>.
- Mise en scène du retour de Tintin du Congo en gare de Bruxelles, photographies dans Le Petit Vingtième.
Devant les succès de son auteur, Le Vingtième Siècle signe un nouveau contrat avec Hergé : celui-ci gagne désormais Modèle:Unité mensuels, au lieu des 600 qu'il gagnait à ses débuts<ref group="k" name="Peeters 101"/>. En Modèle:Date, il rencontre Alain Saint-Ogan, l'un de ses modèles déclarés, et reçoit ses encouragements à persévérer dans le métier de la bande dessinée<ref group="d">Modèle:Harvsp.</ref>.
Dix mille exemplaires de Tintin au Congo sont vendus en 1931, dont un tirage de tête de Modèle:Unité, numérotés et signés « Tintin » et « Milou » sur la première page de garde de gauche<ref group="o" name="Wilmet 26">Modèle:Harvsp.</ref>. Ce dernier tirage est extrêmement rare, puisqu'on estime que moins de douze exemplaires existent encore dans le monde, l'un d'eux s'étant vendu en 2009 pour la somme de Modèle:Unité<ref>Modèle:Article.</ref>. En 1934, Casterman devient le nouvel éditeur des Aventures de Tintin et réédite l'album en 1937 avec deux modifications majeures : une nouvelle couverture et la suppression des références au Petit Vingtième dans toutes les bulles<ref group="o" name="Wilmet 27">Modèle:Harvsp.</ref>. Le nouvel éditeur propose également de changer le titre, mais Hergé refuse, car il n'a pas d'idée pour un autre titre qui s'imposerait tout seul<ref group="d">Modèle:Harvsp.</ref>, et le public s'y est déjà habitué<ref group="o" name="Wilmet 27"/>. Il y aura d'autres rééditions pendant la Seconde Guerre mondiale<ref group="o">Modèle:Harvsp.</ref>, qui porteront le total des albums vendus avant 1946 (avant la publication des albums en couleurs), à Modèle:Unité exemplaires<ref group="o">Modèle:Harvsp.</ref>.
Nouvelle édition en couleurs
L'arrivée de la Seconde Guerre mondiale bouscule les habitudes. Le Vingtième Siècle a disparu, et le journal Le Soir prépublie dorénavant Les Aventures de Tintin, ce qui permet une plus grande médiatisation du travail d'Hergé et donc une augmentation des ventes<ref group="k" name="Peeters 2006 250">Modèle:Harvsp.</ref>. L'occupation de la Belgique provoque des pénuries de papier, qui conduisent les éditions Casterman à vouloir réduire le nombre de pages des albums<ref group="k" name="Peeters 2006 249">Modèle:Harvsp.</ref>. Le magazine Bravo !, qui commence à paraître en 1940 en quadrichromie et en français, connaît beaucoup de succès. Enfin, l'éditeur remarque qu'il perd des ventes en France et en Suisse à cause du dessin resté en noir et blanc<ref group="k" name="Peeters 2006 249"/>. Pour toutes ces raisons, Louis Casterman travaille avec Hergé à partir de Modèle:Date pour qu'il colorise ses Aventures et diminue le nombre de planches<ref group="k" name="Peeters 2006 249"/>, ce qu'Hergé accepte en Modèle:Date, une fois ses réticences levées<ref group="k" name="Peeters 2006 250"/>. Ces modifications permettent de répondre plus favorablement aux libraires qui réclament plus d'albums à vendre<ref group="k" name="Peeters 2006 250"/>. Le succès à venir de cette décision ne se fait pas attendre<ref group="k">Modèle:Harvsp.</ref>.
Pour l'aider dans sa longue tâche d'écriture des Aventures de Tintin et de réécriture des albums en noir et blanc, Hergé s'adjoint les services d'Edgar P. Jacobs (en particulier pour Tintin au Congo)<ref group="d" name="Assouline 322">Modèle:Harvsp.</ref>. Hergé s'appuie sur le découpage de la version néerlandaise pour Het Laatste Nieuws, publiée en 1940 et 1941 avec de nombreuses retouches, notamment à l'encre de Chine et de nombreuses modifications pour moderniser la BD<ref name="Inrocks" />,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Ensemble, ils redessinent l'aventure, la colorisent et la réduisent de 115 planches à 62. La quasi-totalité des images sont reprises, les décors sont affinés et les dialogues rendus plus vifs, bien qu'ils perdent en force humoristique<ref group="d" name="Assouline 322"/>. L'album est finalement publié dans sa version en couleurs en 1946<ref group="g" name="Farr 21"/>.
Depuis la publication du Lotus bleu en 1934, Hergé se documente beaucoup plus pour chacune de ses histoires. La refonte de Tintin au Congo n'échappe pas à la règle. Il se sert de nombreuses photos d'époque et de cartes géographiques pour reproduire fidèlement des objets dans l'album<ref group="g" name="Farr 25">Modèle:Harvsp.</ref>. Afin de s'émanciper du public belge et de s'ouvrir à d'autres marchés, Hergé gomme les allusions à la Belgique et au statut colonial<ref group="g" name="Farr 25"/> : le nom du navire Thysville disparaît<ref group="b" name="Hergé 1974 1"/>, il n'y a plus d'escale à Boma ni d'arrivée à Matadi, Tintin annonçant simplement Modèle:Citation<ref group="b" name="Hergé 1974 9"/>, et la leçon de géographie que donnait Tintin est remplacée par une leçon de mathématiques plus consensuelle<ref group="b" name="Hergé 1974 36"/>. Ces modifications universalisent l'aventure : Tintin est désormais plus un Européen visitant l'Afrique qu'un citoyen belge passant en revue sa colonie<ref group="d" name="Assouline 322"/>. Il transforme aussi le personnage Jimmy Mac Duff, « directeur du grand cirque américain » et propriétaire noir du léopard que Tintin chasse de sa classe, qui devient un personnage blanc et « fournisseur des plus grands zoos d'Europe »<ref group="g" name="Farr 25"/>,<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>. Enfin, Hergé s'amuse à modifier la scène de départ<ref group="b" name="Hergé 1974 1"/> : Dupond et Dupont font une brève apparition, alors qu'ils n'apparaissent qu'à partir des Cigares du pharaon dans les versions en noir et blanc, Quick et Flupke gardent leur présence discrète, et Hergé se représente lui-même accompagné de ses amis Edgar P. Jacobs et Jacques Van Melkebeke<ref group="g" name="Farr 21"/>.
Réédition en 1970 et controverses
Critiques liées au racisme
Dans les années 1960, Tintin au Congo connaît le même destin que Tintin au pays des Soviets : il est introuvable en librairie, les stocks étant épuisés<ref group="d" name="Assouline 623">Modèle:Harvsp.</ref>. Les éditions Casterman n'ont en effet pas réédité l'album, car elles s'inquiètent d'une potentielle indignation de la part d'intellectuels occidentaux pro-africains<ref group="d" name="Assouline 623"/>, d'autant plus dans le contexte de la décolonisation de l'Afrique et de l'indépendance du Congo<ref group="f" name="Couvreur 7">Modèle:Harvsp.</ref> — la réaction des Africains est moins à craindre finalement, Tintin jouissant d'une excellente popularité en Afrique<ref group="d" name="Assouline 623"/>. Hergé avait accepté cette décision à contrecœur, d'autant plus que Modèle:Unité exemplaires s'étaient vendus depuis 1946<ref group="d" name="Assouline 624">Modèle:Harvsp.</ref>. L'embarras des éditions Casterman est tel qu'elles retirent la vignette de l'album de la quatrième de couverture des Bijoux de la Castafiore, en 1963<ref group="d" name="Assouline 624"/>. Surpris, Hergé invite son éditeur à corriger cette erreur et à réimprimer sans attendre Tintin au Congo partout dans le monde, sauf en Afrique pour ne pas contrarier les Africains<ref group="d" name="Assouline 624"/> — l'album ayant pourtant déjà été réédité par une maison d'édition rwandaise dans une version en swahili, distribué à Modèle:Unité exemplaires<ref group="d" name="Assouline 624"/>.
La situation reste bloquée jusqu'à la fin des années 1960, quand Hergé somme son éditeur de republier Tintin au Congo, d'autant plus que les éditions Rencontre l'ont contacté à ce sujet<ref group="d" name="Assouline 625">Modèle:Harvsp.</ref>. Casterman accède rapidement à sa requête et procède à quelques corrections, par exemple le remplacement de « nègre » par « noir » dans les textes<ref group="d" name="Assouline 625"/>. L'album est à nouveau disponible en Modèle:Date<ref group="k" name="Peeters 2006 541">Modèle:Harvsp.</ref> dans sa version en couleurs, tandis que celle en noir et blanc est rééditée trois ans plus tard au sein des Archives Hergé<ref group="d" name="Assouline 625"/>. Cette longue période d'hésitations est la conséquence d'attaques contre l'œuvre d'Hergé depuis plusieurs années<ref group="k">Modèle:Harvsp.</ref>. En 1960, Le Canard enchaîné invite ses lecteurs à se méfier de :
Modèle:Début citation blocce « héros » pour qui les Blancs sont tout blancs et les Noirs tout noirs. Si vos enfants doivent être sages comme des images, évitez que ces images soient du dessinateur Hergé.Modèle:Fin citation bloc
Plus tard, le magazine Jeune Afrique publie une violente critique de Gabrielle Rolin qui dénonce des albums réactionnaires et un antisémitisme latent :
Modèle:Début citation blocLe nom des « Mauvais » est à lui seul révélateur : Salomon Goldstein, Rastapopoulos, le Cheik Bab el Ehr, le maréchal Plekszy-Gladz ; leur physique ne l'est pas moins : nez crochu des uns, teint coloré des autres (ceux que le capitaine Haddock traite de « coloquintes à la graisse d'anthracite »), pommettes mongoles des troisièmes.Modèle:Fin citation bloc
À l'insu d'Hergé, la réédition colorisée de Tintin au Congo a peut-être été un élément aggravant de ce malaise<ref group="k" name="Peeters 2006 539">Modèle:Harvsp.</ref>. La version de 1931 en noir et blanc est très clairement datée et le style du dessin indique, dès le premier regard, que l'album s'inscrit dans son époque. Au contraire, la version de 1946 en couleurs est dans le même style que le reste des Aventures de Tintin et se déroule dans un cadre plus intemporel, annulant du même coup l'effet de distanciation avec une époque révolue que pourrait avoir le lecteur<ref group="k" name="Peeters 2006 539"/>.
Conscient de ces condamnations pour contenu raciste, Hergé se réfugie derrière les préjugés des années 1930 auxquels il n'a pas su échapper comme pour Tintin au pays des Soviets. Pour lui, Tintin au Congo est rempli de stéréotypes typiques de la vision qu'avaient de l'Afrique les Européens à cette époque, et les personnages de son ouvrage sont Modèle:Citation<ref group="g" name="Farr 22">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Dans une interview donnée à Numa Sadoul, Hergé déclare :
Modèle:Début citation blocToutes les opinions sont libres, y compris celle de prétendre que je suis raciste... Mais enfin, soit ! Il y a eu Tintin au Congo, je le reconnais. C'était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l'époque : « Les nègres sont de grands enfants... Heureusement pour eux que nous sommes là ! etc. » Et je les ai dessinés, ces Africains, d'après ces critères-là, dans le pur esprit paternaliste qui était celui de l'époque, en Belgique.Modèle:Fin citation bloc
Des références aujourd'hui célèbres ont pourtant été ignorées par Hergé, comme le Voyage au Congo d'André Gide et le recueil d'articles Terre d'ébène du reporter Albert Londres Modèle:Incise, ouvrages qui critiquent profondément l'action belge dans sa colonie<ref group="d">Modèle:Harvsp.</ref>. Selon le biographe Pierre Assouline, Hergé est en fait parfaitement en phase avec les préjugés de son époque et de son entourage. Il n'a pas de contradictions, il est d'accord avec les idées coloniales véhiculées par Le Vingtième Siècle et ne les remet pas en question<ref group="d">Modèle:Harvsp.</ref>. L'album suivant, Tintin en Amérique, avait ensuite résumé le précédent à une enquête de Tintin sur un trafic de diamants en Afrique contrôlé par Al Capone, soulignant cette fois un idéal de journalisme d'investigation courageux <ref>"Hergé fils de Tintin", par Benoît Peeters aux Éditions Flammarion en 2016</ref>,<ref name="tintinlm">"Les journalistes d'investigation sont des Tintin de l'info", dans Le Monde le Modèle:Date- [1]</ref>,<ref>"Journalisme d’investigation : mythe ou réalité ?" par Bernard Rappaz pour Géopolitis [2]</ref>, qui s'épanouira plus franchement dans l'épisode américain.
Si la situation en Europe est tendue pour l'auteur, elle l'est beaucoup moins au Zaïre<ref group="d" name="Assouline 626-627">Modèle:Harvsp.</ref>. Tintin y est une partie du patrimoine national, car il est allé au Congo sans même avoir rencontré des cultures majeures comme la Grèce ou le Japon<ref group="d" name="Assouline 626-627"/>. D'après Christophe Cassiau-Haurie, écrivain spécialiste de la bande dessinée africaine, Tintin au Congo Modèle:Citation<ref name="Superstar"/>. Tintin fait partie de l'imaginaire collectif congolais, au point que le dictateur du Zaïre Joseph-Désiré Mobutu félicite Richard Nixon en 1969 pour le succès d'Apollo 11 en rappelant que Tintin et le capitaine Haddock avaient été pionniers dans ce domaine avec l'album On a marché sur la Lune<ref group="d" name="Assouline 626-627"/>. Selon Christophe Cassiau-Haurie, cette popularité contribue à expliquer pourquoi le pays constitue aujourd'hui Modèle:Citation. Les jeunes lecteurs congolais lisent l'œuvre d'Hergé et son style, la fameuse ligne claire, est souvent réutilisé par les dessinateurs locaux<ref>Modèle:Article.</ref>. Peu avant la reparution de Tintin au Congo en couleurs, l'hebdomadaire Zaïre, qui avait réclamé la réédition de l'album<ref name="Superstar">Modèle:Lien web.</ref>, republie celui-ci dans ses pages et écrit un article élogieux :
Modèle:Début citation blocIl y a une chose que les Blancs qui avaient arrêté la circulation de Tintin au Congo n'ont pas comprise. Cette chose, la voici : si certaines images caricaturales du peuple congolais données par Tintin au Congo font sourire les Blancs, elles font rire franchement les Congolais, parce que les Congolais y trouvent matière à se moquer de l'homme blanc « qui les voyait comme cela » !Modèle:Fin citation bloc
La controverse disparaît jusqu'au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref group="f" name="Couvreur 9">Modèle:Harvsp.</ref>, et Hergé croit avoir le mot de la fin en déclarant à propos de Tintin au Congo :
Modèle:Début citation blocCet album est un péché de jeunesse. On sent bien que c'est une fantaisie. J'ai fait ça très légèrement, je dois le dire, en me fiant plutôt à des racontars, à ce que disaient les coloniaux revenus de là-bas, à quelques récits de voyage... Je ne le renie pas mais je le referais très différemment. Pour commencer, j'irais faire un voyage, je me documenterais, j'irais me baigner dans l'atmosphère du Congo.Modèle:Fin citation bloc
Critiques liées à l'écologie
En 1931, les problématiques liées à la conservation de la nature sont encore inconnues d'Hergé (contrairement aux albums suivants), aussi fait-il participer Tintin à plusieurs safaris et chasses<ref group="g" name="Farr 22"/>. Il s'ensuit un « massacre massif et gratuit de la faune »<ref group="g" name="Farr 22"/> : il tue une quinzaine de gazelles<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>, dépèce un singe<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>, chasse le lion<ref group="b" name="Hergé 1974 24"/>, abat un serpent constricteur<ref group="b" name="Hergé 1974 31"/>, donne des coups de pied à un léopard<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>, récupère les défenses d'un éléphant<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>, pulvérise un rhinocéros à la dynamite<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref> et assomme un buffle<ref group="b" name=":0">Modèle:Harvsp.</ref> (ayant donc fait face au fameux Big five cher aux safaris).
Modèle:Début citation blocDes critiques ? Oui, il y en a des quantités à faire ! Et je vois que Tintin là-dedans tue des animaux avec une joie infinie. Pourquoi fait-il ça ? Je suis très étonné de le découvrir aussi cruel.Modèle:Fin citation bloc
En particulier, la scène du dynamitage du rhinocéros pose problème à l'éditeur scandinave qui obtient sa modification en 1975 auprès d'Hergé<ref group="f" name="Couvreur 12"/>. Dans la nouvelle page redessinée pour l'exportation, le rhinocéros s'enfuit effrayé, et sain et sauf, par un coup de fusil qu'il déclenche lui-même. Aujourd'hui, seules les éditions française et néerlandaise conservent la scène initiale, à l'inverse de toutes les autres éditions dans le monde<ref group="f" name="Couvreur 12"/>.
Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et nouvelles polémiques
Lorsque la Fondation Hergé annonce en Modèle:Date- le début de la préproduction d'une série de films produits par Steven Spielberg dans l'univers de Tintin, l'intérêt du Royaume-Uni pour ses Aventures renaît<ref group="f" name="Couvreur 9"/>. Le Modèle:Date-, la Commission britannique pour l'égalité raciale, sur demande de l'avocat David Enright, juge Tintin au Congo raciste et demande son retrait des librairies<ref group="f" name="Couvreur 9"/>. Dans beaucoup de magasins en Angleterre, Australie et Nouvelle-Zélande, l'album quitte le rayon pour enfants et rejoint celui des adultes<ref group="f" name="Couvreur 11">Modèle:Harvsp.</ref>. La bibliothèque publique de Brooklyn à New York le retire aussi de ses rayons<ref group="f" name="Couvreur 11"/>. Des plaintes sont également déposées en Suède et en France, mais sans résultat<ref group="f" name="Couvreur 11"/>. Aujourd'hui, la version anglaise contient une note invitant les lecteurs à se méfier des stéréotypes colonialistes<ref group="f" name="Couvreur 56">Modèle:Harvsp.</ref>. Cette polémique réapparaît en France en Modèle:Date-, quand un groupe de personnes liées au Conseil représentatif des associations noires de France collent des autocollants sur les albums de Tintin au Congo dans une librairie parisienne, pour réclamer la mise en place d'une préface à l'ouvrage, sur le modèle de l'édition en anglais<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Le Modèle:Date-, Bienvenu Mbutu Mondondo, de nationalité congolaise, porte plainte pour racisme à Bruxelles<ref group="f" name="Couvreur 17">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>, demandant soit l'interdiction de vente de Tintin au Congo en Belgique, soit la présence d'un avertissement dans l'album<ref group="f" name="Couvreur 56"/>. Il est débouté par la justice belge<ref name="Le Soir">Modèle:Lien web.</ref>. Une deuxième plainte au civil est déposée en 2010<ref name="Le Soir"/> sans plus de réussite, puisque le Modèle:Date-, la justice estime que Tintin au Congo n'était pas animé d'une intention discriminatoire, étant donné le contexte propre à l'époque. La défense fait également valoir que la loi contre le racisme n'existait pas à l'époque où Hergé a écrit l'album<ref name="Le Soir"/>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
À la fin des années 2000, Tintin au Congo est le deuxième album le plus vendu de toute l'œuvre d'Hergé, avec plus de dix millions d'exemplaires vendus, derrière Tintin en Amérique<ref group="f" name="Couvreur 7"/>. L'album est également le plus populaire de la série auprès des enfants<ref group="f" name="Couvreur 17"/>, et le plus célèbre en Afrique, en particulier dans les régions francophones<ref group="g" name="Farr 27"/>. En république démocratique du Congo, le CD est devenu Modèle:Citation<ref name="Superstar"/>.
Alain Mabanckou et Abdourahman Waberi écrivent dans leur Dictionnaire enjoué des cultures africaines, publié en 2020, que cette œuvre Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Analyse
Style et narration
Benoît Peeters note une amélioration dans les dessins de Tintin au Congo en noir et blanc par rapport à Tintin au pays des Soviets, mais déplore un scénario rachitique où Tintin et Milou passent leur temps à chasser des animaux<ref group="k" name="Peeters 2006 100"/>. Un semblant d'intrigue apparaît toutefois à la fin de l'album quand Tintin apprend que le méchant qu'il poursuit agit en réalité pour le compte d'Al Capone<ref group="g" name="Farr 22"/>. Quant aux dialogues, ils n'ont pas la légèreté des albums suivants, et frisent parfois l'anthologie quand ils se perdent en explications superflues<ref group="k" name="Peeters 2006 100"/>,<ref group="a" name="Hergé 1995 57">Modèle:Harvsp.</ref>. En revanche, Hergé innove en utilisant pour la première fois la méthode de l'ellipse pour raconter l'histoire<ref group="d">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Michael Farr se dit également déçu par la version de 1946 qu'il trouve fade et détachée de la réalité, non seulement dans les couleurs qui sont plus proches de celles de l'Europe que de l'Afrique, mais aussi dans le comportement de Tintin et Milou<ref group="g" name="Farr 22"/>.
Personnages
Mis à part Tintin et Milou, les personnages de l’album sont secondaires. Ils jouent au fil des pages les rôles d'adjuvants ou d'antagonistes, mais leurs personnalités ne sont pas développées.
Tintin
Tintin est dessiné simplement, son visage est neutre et impersonnel, son seul signe distinctif est sa mèche de cheveux caractéristique. Quant à son âge, il n'est pas déterminé, mais il ressemble plutôt à un adolescent. Son caractère se rapproche des valeurs du scoutisme<ref group="d" name="Assouline 64">Modèle:Harvsp.</ref> auquel est ajouté un côté intrépide pour se tirer de tous les genres de situations<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>.
Dans Tintin au Congo, Tintin maîtrise les avatars de la technologie<ref group="c" name="Apostolidès 26-27">Modèle:Harvsp.</ref> : il remporte une guerre à l'aide d'un électroaimant<ref group="a" name="Hergé 1995 57"/>, tue un rhinocéros à l'aide d'un bâton de dynamite et un cordeau Bickford, soigne un malade grâce à un cachet de quinine et projette un film enregistré avec un électrophone<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Comme les Africains eux-mêmes n'ont accès à ces outils que sous une forme inférieure<ref group="c" name="Apostolidès 28">Modèle:Harvsp.</ref>, telle la locomotive que la voiture du héros fait dérailler par sa seule présence<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>, Tintin a tous les traits d'un sorcier à leurs yeux<ref group="c" name="Apostolidès 26-27"/>. Il est d'ailleurs appelé « Boula-Matari », ce qui signifie le « briseur de rochers », comme le surnom donné par les Congolais à l'explorateur Henry Morton Stanley<ref group="g" name="Farr 27"/>. Quand la technologie ne remplit plus son rôle salvateur, des invocations divines deviennent nécessaires<ref group="c" name="Apostolidès 28"/>, par exemple avant d'affronter un léopard dans la salle de classe<ref group="a" name="Hergé 1995 71">Modèle:Harvsp.</ref> ou pour échapper à la mort dans une cascade<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Cette dimension religieuse renforce l'idée que Tintin est au Congo ce que Jeanne d'Arc est à Orléans : il est investi d'une mission divine pour éliminer le Mal<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>.
Tintin se comporte donc comme un modèle pour les Africains<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>. Il leur reproche leur lâcheté de ne pas sauver Milou (Tintin s'exclame : « Et vous n'avez rien fait pour le sauver ??.... Vous allez voir comment on fait lorsqu'on est un homme ! »)<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>, il prend sur lui de protéger ses élèves<ref group="a" name="Hergé 1995 71"/> et fait face à ses ennemis plutôt que de fuir<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Cette supériorité est de plus reconnue par les personnages qu'il rencontre<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref> : outre son surnom, il devient chef des Ba Baoro'm et il fait régner la justice dans son village tel le roi Salomon<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Tintin se préoccupe également de leur éducation, les Noirs étant dessinés comme de grands enfants, à la fois gentils, crédules et couards<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>. Il assiste le missionnaire dans ses tâches<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>, il impose ses nombreux équipements et donne ses ordres et conseils à Coco ou autres subalternes<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. À travers lui, c'est l’État moderne qui s'exprime<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>. Mais finalement, Tintin est le seul à ne rien retirer de son voyage puisqu'il repart avec les mêmes idées qu'à son arrivée, même s'il regrette dans les dernières pages de n'être pas resté plus longtemps<ref group="f" name="Couvreur 26">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>.
Avec plus de recul, des auteurs ont étudié le lien entre les idées politiques d'Hergé (droite traditionnelle) et celles de son héros. Tintin s'oppose d'abord au communisme soviétique dans Tintin au pays des Soviets, puis visite l'empire colonial belge et enfin s'attaque au capitalisme américain dans Tintin en Amérique<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>. C'est un personnage viril, fort, sans émotion apparente, qui rassemble en lui des traits caractéristiques de la jeunesse promue par l'extrême droite des années 1930<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>.
Comme dans ses Aventures qui vont suivre, Tintin lutte contre des sociétés secrètes. Il se bat d'abord contre les Aniotas (hommes-léopards), puis contre le gang d'Al Capone personnifié par le « mauvais blanc » Tom. Tintin s'éloigne alors de son métier de reporter et se rapproche d'un rôle de révolutionnaire pour permettre la modernisation et l'essor du Congo belge<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>.
Milou
Milou est le chien (un fox-terrier à poil dur) de Tintin<ref group="d" name="Assouline 65">Modèle:Harvsp.</ref>. Attaché à lui-même et à son confort, il bataille volontiers aux côtés de son maître quand le besoin s'en fait sentir<ref group="d" name="Assouline 65"/>. Il est un personnage à part entière, en quelque sorte le jeune frère de Tintin, et est doué de la parole, même si son maître est le seul à pouvoir le comprendre<ref group="c" name="Apostolidès 23">Modèle:Harvsp.</ref>. Ainsi, Milou n'est pas corrompu dans son innocence, car seul Tintin, archétype du Bien, fait son éducation<ref group="c" name="Apostolidès 23"/>. Ce dernier donne l'exemple à suivre, et il l'initie aux secrets du monde. En échange, Milou le flatte à chacun de ses succès<ref group="c" name="Apostolidès 23"/> mais fait aussi des commentaires tantôt humoristiques, tantôt moqueurs, comme pour mettre en perspective ses exploits répétés<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>. Le lien qui existe entre Tintin et Milou dans Tintin au Congo est le prototype des liens qui se créeront dans les albums suivants entre Tintin et son entourage : plus tard, c'est le capitaine Haddock, en lieu et place de Milou, qui suivra les ordres de Tintin et qui commentera leurs aventures<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>.
Avec ces deux héros, Hergé s'adresse à deux groupes de lecteurs : les plus âgés s'identifient à Tintin, un personnage volontaire et sûr de sa force, tandis que les plus jeunes se tournent vers Milou, dont les traits humains sont forcés<ref group="c" name="Apostolidès 23"/>. Il reproduit en effet de nombreux gestes humains, par exemple quand il se met debout sur ses pattes arrière<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>, quand il pleure de douleur<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref> ou au moment de son couronnement par les Pygmées<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>.
Utilisation de la science
Hergé mobilise la science à plusieurs reprises au cours de l'histoire, bien que prenant certaines libertés avec elle. Par exemple, Tintin réussit à dévier les projectiles métalliques des guerriers m'Hatouvou en utilisant un électroaimant<ref group="b" name="Hergé 1974 31" />. Cet objet peut dévier les électrons de leur trajectoire grâce à ce qu'on appelle la force de Laplace, agissant sur un courant électrique. Cependant, cette force ne peut pas dévier aussi facilement des objets, tels que les flèches reçues par Tintin. En effet, la force électromagnétique de l'électroaimant est très forte sur un centimètre, mais elle devient faible à Modèle:Unité et négligeable à Modèle:Unité. Ainsi, l'électroaimant utilisé par Tintin n'avait aucune chance de dévier la trajectoire des projectiles reçus<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>.
Plus tard, Tintin se réfugie dans un arbre pour échapper à un éléphant<ref group="b">Modèle:Harvsp</ref>. Le journaliste parvient à le faire fuir grâce à sa loupe. En fait, il s'en sert pour concentrer les rayons du soleil en un seul point (le foyer) du crâne de l'animal, jusqu'à ce que celui-ci ressente une douleur et s'en aille. Cette technique s'appelle la magnification de la lumière solaire, que Tintin réutilisera dans Le Temple du Soleil pour allumer la pipe du capitaine Haddock<ref name=":0" />.
Encore plus tard, afin de neutraliser un buffle<ref name=":0" group="b" />, Tintin entaille deux hévéas, arbres très présents au Congo belge. Il s'en s'écoule deux traînées liquides de latex (substance qui, une fois traitée, donne du caoutchouc), se rejoignant en un même point. Une fois ce matériau solidifié, le journaliste en fait une fronde et utilise cette arme improvisée pour envoyer un rocher sur l'animal. Seulement, dans la réalité, il est impossible de fabriquer une sangle suffisamment élastique à partir de latex non traité. Il aurait d'abord fallu le chauffer avec du soufre. Notons au passage que les hévéas dessinés par Hergé ressemblent plutôt à des conifères par leur stature et à des acacias par leurs feuilles<ref name=":0" />.
Éditions pirates et parodies
Des éditions pirates de Tintin au Congo ont été diffusées en réaction à son indisponibilité en librairie. Malgré les republications dans les années 1970, il faut attendre 1982 et l'édition d'un fac-similé par Casterman pour voir diminuer les prix de ces albums pirates<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
En 1992 paraît une parodie satirique de l'aventure congolaise intitulée Chaud Équateur. Cette histoire met en avant le colonialisme, les liens entre Hergé et Léon Degrelle sont rappelés par un Milou franchement raciste, mais la qualité du dessin est faible<ref name="Tornare 29">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Dans le dessin animé Le Chat du rabbin réalisé en 2011, l'histoire se passe en 1930 avec une apparition à la Modèle:65e d'un Tintin au Congo arborant une attitude paternaliste, et pour le coup, ennuyeuse<ref name="Tornare 30">Modèle:Harvsp.</ref>. En Modèle:Date, la revue d'art Collection publie un détournement de l'album sous le titre Tintin au Congo à poil, qui apporte un unique changement à l'œuvre originale : Tintin est représenté nu (ne conservant que ses chaussures et son chapeau) et sexué durant toute l'aventure<ref name="Tornare 30"/>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Enfin, en 2012, l'écrivain Gordon Zola publie Train-train au Congo au sein de sa série parodique Les aventures de Saint-Tin et son ami Lou en évoquant à nouveau le racisme et l'hécatombe d'animaux<ref name="Tornare 29"/>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
En 2015 sort Tintin Modèle:Langue, une édition conforme de Tintin au Congo, dans une traduction en lingala, une des langues du Congo. L'artiste Ilan Manouach, déjà auteur de Katz, est soupçonné d'être l'auteur de cette édition<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Projet d'adaptation cinématographique
En raison de son sujet controversé, l'album ne fut jamais adapté, que ce soit dans la série animée des années 1960 ou dans celle d'Ellipse de 1991, pourtant fidèle à la bande dessinée<ref name="Inrocks">Modèle:Lien web</ref>.
Après l'acquisition des droits cinématographiques des Aventures de Tintin par Steven Spielberg en 1984, la scénariste américaine Melissa Mathison travaille sur un script inspiré de Tintin au Congo. Roman Polanski est contacté en 1985 pour la réalisation, mais sa préférence va au Sceptre d'Ottokar. Le projet est finalement abandonné<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Notes et références
Bibliographie
Œuvre d'Hergé
Ouvrages
Modèle:Commentaire biblio Modèle:Références
Articles
Autres références
Liens externes
- Page Tintin au Congo sur le site officiel
- Les planches originales parues dans le Petit Vingtième à partir de 1930
- Modèle:Bases BD
- Modèle:Dictionnaires
- Modèle:Autorité
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