Les Sept Boules de cristal

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Modèle:En-tête label Modèle:Infobox Bande dessinée

Modèle:Article audio

Les Sept Boules de cristal est le treizième album de la série de bande dessinée Les Aventures de Tintin, créée par le dessinateur belge Hergé. L'histoire constitue la première partie d'un diptyque qui s'achève avec Le Temple du Soleil.

Une première partie de l'histoire est prépubliée sous son titre définitif du Modèle:Date au Modèle:Date en noir et blanc dans les pages du quotidien Le Soir. Après une interruption de deux ans, la seconde partie paraît en couleurs dans les pages du journal Tintin à partir du 26 septembre 1946, fusionnée avec l'histoire suivante sous le titre Le Temple du Soleil. Enfin, Les Sept Boules de cristal paraît en 1948 sous forme d'un album en couleurs de soixante-deux planches.

La prépublication du récit démarre donc durant l'occupation allemande de la Belgique, et ce, au sein d'un journal, Le Soir, pour lequel Hergé travaille depuis Modèle:Date- et qui est passé sous la direction de collaborateurs à l'Allemagne nazie. Elle est d'abord interrompue à cause d'une dépression de son auteur, puis par la libération du pays et l'interdiction qui est temporairement faite à Hergé d'exercer son activité professionnelle.

Pour créer cette aventure, Hergé s'adjoint la collaboration de son complice de longue date, Jacques Van Melkebeke, qui apporte de nombreuses références culturelles propres à développer le projet. Il reçoit surtout l'aide d'Edgar P. Jacobs qu'il embauche pour la mise en couleurs et la création des décors. Bien plus, dépassant ce rôle au niveau graphique, ce dernier apporte certaines idées, puisqu'il est même à l'origine de celle des boules de cristal ainsi que du titre mystérieux de l'œuvre.

Les Sept Boules de cristal apparaît dans son aspect graphique, son intrigue et sa narration comme une œuvre offrant une évolution notable voire une œuvre de maturité. S'observent ainsi un souci nouveau du détail et un meilleur rendu des décors. Quant au récit, les passages entre les différents formats de prépublication puis de publication imposent des contraintes qui obligent Hergé à plus de concision et d'efficacité.

Enfin, Hergé déploie des thèmes qui lui sont chers. Il convoque d'abord les civilisations anciennes que sont l'Égypte antique et la civilisation inca, ce qui permet d'inscrire l'histoire dans une lignée formée par Les Cigares du pharaon et L'Oreille cassée. Mais surtout, le fantastique, qui constitue un centre d'intérêt majeur pour l'auteur, fait le cœur du récit plus que dans toute autre aventure de Tintin et ce, sous l'influence certaine de Jacobs.

L'histoire

Résumé

Modèle:Commentaire biblio

Malgré les efforts de Tintin pour les protéger, six des membres d'une expédition scientifique consacrée à la civilisation inca sont victimes, les uns après les autres, d'une malédiction et plongés dans une profonde léthargie<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr.</ref> de laquelle les médecins sont impuissants à les sortir<ref group="7BC">Modèle:Citation in Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>. La malédiction touche ainsi successivement le cinéaste Clairmont<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>, le professeur Sanders-Hardmuth<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>, le professeur Laubépin<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>, le professeur Cantonneau<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>, l'explorateur Marc Charlet<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref> et le professeur Hornet<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>.

Un dernier membre de l'expédition reste indemne : il s'agit du professeur Bergamotte, qui se trouve être un ami d'études du professeur Tournesol<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>. Tintin, le capitaine Haddock et Tournesol se rendent chez lui afin de lui porter assistance<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr.</ref>. Ils ne sont pas les seuls car sa maison est sous étroite protection policière<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>. La momie de Rascar Capac, rapportée du Pérou, s'y trouve également, entreposée à l'intérieur d'une vitrine en verre<ref group="7BC" name="case 2">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>.

Gravure montrant quatre hommes attablés et surpris par l'irruption d'une boule de feu dans la pièce, par la fenêtre ouverte.
Le phénomène de foudre en boule illustré par le graveur Louis Poyet en 1901.

En cours de journée, Tintin, le capitaine Haddock et le professeur Tournesol sont empêchés de repartir à cause d'un problème de voiture et doivent se résoudre à dormir sur place<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>. Durant la soirée, un orage éclate. Une sphère lumineuse, semblable à de la foudre en boule, s'introduit par la cheminée et fait disparaître la momie<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>. Affolé, le professeur Bergamotte dévoile à ses invités la teneur de la malédiction telle qu'il l'avait relevée sur les murs du tombeau de Rascar Capac. Or celle-ci correspond à la succession des évènements qui se sont déroulés jusqu'à présent<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr puis Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>. Chacun va néanmoins se coucher. Alors que tous les personnages font un cauchemar identique dans lequel la momie est vivante<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>, le professeur Bergamotte est victime à son tour de la malédiction<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>. Le lendemain, Tournesol est enlevé après s'être paré du bracelet de la momie, trouvé dans le jardin<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr et Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>.

Tintin et Haddock se lancent à sa recherche et, après avoir observé dans une clinique un phénomène de transe de possession collective touchant les sept explorateurs<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>, ils prennent la direction du Pérou<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>.

L'histoire continue dans l'album Le Temple du Soleil.

Personnages principaux

Tintin, Milou et le capitaine Haddock représentés descendant un escalier sur un mur de la ville de Bruxelles.
Tintin, Milou et le capitaine Haddock sur la façade d'un mur à Bruxelles.

C'est la deuxième apparition du professeur Tournesol dans la série, immédiatement après Le Trésor de Rackham le Rouge. Il est désormais logé au château de Moulinsart, qu'il a permis au capitaine Haddock de racheter à la fin de l'album précédent grâce à l'argent reçu pour le brevet de son sous-marin de pocheModèle:Sfn. Tournesol est le véritable catalyseur de l'aventureModèle:Sfn : à l'issue d'une nuit agitée chez son ami Hippolyte Bergamotte, il part se promener au jardin où, guidé par son pendule, il découvre le bracelet de Rascar Capac. En le portant à son poignet, il commet pour les Incas le sacrilège qui conduit à son enlèvementModèle:Sfn.

Pour Tintin, il ne s'agit plus de s'engager dans les évènements de son siècle, l'aventure appartenant désormais à sa sphère privéeModèle:Sfn, ce qui lui permet d'accéder selon Jean-Marie Apostolidès Modèle:CitationModèle:Sfn. C'est ainsi que, par exemple, l'occupation allemande n'apparaît d'aucune façon<ref name="occupation" group="h"/>. Le capitaine Haddock, désormais devenu un personnage central de la série, achève sa transformation : il n'est plus Modèle:Citation qu'il était dans Le Crabe aux pinces d'orModèle:Sfn mais un homme respectable qui se conduit comme un nouveau riche depuis son installation au châteauModèle:Sfn. Pour autant, mal à l'aise dans ces nouveaux habits, Haddock les abandonne vite pour son habituelle tenue de marin, dès lors qu'il s'agit de retrouver son ami. La colère puis le désespoir qui l'envahissent après la disparition du professeur témoignent des sentiments que le capitaine éprouve désormais à son égardModèle:Sfn.

Si Milou se montre moins loquace que dans les premières aventures<ref name="milou" group="g"/>,Modèle:Sfn, il contribue néanmoins à faire avancer l'intrigue : c'est lui qui trouve le chapeau de Tournesol sur les quais de La Rochelle, offrant ainsi une piste aux deux héros<ref group="7BC" name=p60>Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr.</ref>.

Les Sept Boules de cristal fait intervenir une série de personnages secondaires déjà rencontrés dans de précédents albums. En premier lieu, le professeur Paul Cantonneau, membre de l'expédition Sanders-Hardmuth, faisait déjà partie de l'expédition arctique dans L'Étoile mystérieuse<ref name="Cantonneau" />. Le capitaine Chester, rencontré dans le même album, n'apparaît pas cette fois directement, mais la proposition de Tintin à Haddock d'aller le saluer relance leur enquêteModèle:Sfn. La cantatrice Bianca Castafiore, déjà présente dans Le Sceptre d'Ottokar, déclenche les hurlements de Milou en se produisant sur la scène du music-hallModèle:Sfn, où Tintin retrouve le général Alcazar, rencontré dans L'Oreille cassée. Chassé du pouvoir, il s'est reconverti en lanceur de poignards dans les salles de spectacles européennes sous le nom de « Ramon Zarate »Modèle:Sfn. Enfin, Dupond et Dupont, présents depuis Les Cigares du pharaon<ref group="Note">Ils apparaissent dans Tintin au Congo qui lui est antérieur, mais seulement dans la version en couleur datant de 1946. Ils ne figuraient pas dans l'édition originale en noir et blanc de cet album, datant de 1931.</ref>, tentent en vain de percer le mystère du mal qui frappe soudainement les membres de l'expédition Sanders-HardmuthModèle:Sfn. Par ce retour de personnages déjà plus ou moins installés dans son œuvre, le but poursuivi par Hergé est d'installer une cohésion forte entre les différents récits, ce que Pierre Assouline traduit comme la volonté que ses récits aient Modèle:Citation<ref name="retours" group="c"/>.

À l'inverse, certains personnages font leur seule apparition dans ce diptyque. C'est le cas de la plupart des membres de l'expédition ethnographique, de Rupac Inca Huaco, qui se produit sous le nom de « Chiquito » dans le numéro du général Alcazar au music-hall et que Tintin soupçonne, à juste titre comme il le découvrira dans Le Temple du Soleil, d'être la main armée de la vengeance incaModèle:Sfn, et de Rascar CapacModèle:Sfn. Ce souverain inca dont la momie, rapportée par les membres de l'expédition et enfermée dans une vitrine chez le professeur Bergamotte, hante les cauchemars de Tintin, du capitaine Haddock et du professeur Tournesol. Cette Modèle:Citation qui pourrait le faire qualifier de « mort-vivant » peut constituer une source de frayeur chez les lecteurs<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv (Modèle:Heure).</ref>. Objet de culte pour les uns, la momie de Rascar Capac se transforme pour les autres en instrument de vengeance : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Lieux visités

Photo d'une place d'une grande ville.
La place de Brouckère à Bruxelles, où se trouve l'hôtel Métropole que l'on aperçoit lorsque Marc Charlet se rend en taxi chez Tintin.

L'histoire se déroule en Belgique et plus particulièrement à Bruxelles<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv (Modèle:Heure).</ref>, bien que l'auteur ait procédé à un certain Modèle:Citation pour faciliter l'exportation de son aventure<ref name="masson mythe"/>. Ainsi, le théâtre dans lequel se déroule la séquence du music-hall est probablement inspiré du Théâtre royal des Galeries où Hergé avait assisté quelques années auparavant aux répétitions des pièces de théâtre dont Tintin était le héros, respectivement Le Mystère du diamant bleu et Monsieur Boullock a disparuModèle:Sfn. De même, la célèbre place de Brouckère apparaît lors du déplacement de l'explorateur Marc Charlet qui se rend en taxi chez TintinModèle:Sfn.

Vers la fin de l'album, le capitaine Haddock et Tintin se rendent en France, à Saint-Nazaire puis à La Rochelle, à la poursuite des ravisseurs du professeur Tournesol<ref group="Note">Une visite en six étapes et autant de reproductions géantes de cases représentant la ville est proposée au port de Saint-Nazaire. Voir Modèle:Harvsp.</ref>. Or il apparaît dans les strips non publiés du Soir, comme le remarque le journaliste Marcel Wilmet, qu'ils se rendaient initialement sur la côte belge, à Zeebruges ou plus probablement à Ostende<ref name="wilmet">Modèle:Article.</ref>. Mais durant le temps d'interdiction de publication qui le frappe, Hergé a tout loisir de réaliser que ces deux ports ne possèdent pas de ligne maritime avec l'Amérique du Sud : il se décide alors pour les ports français<ref name="wilmet"/>,<ref>Modèle:Chapitre.</ref>. Néanmoins, il conserve les décors déjà créés, ce qui fait que le trajet vers la ville de Saint-Nazaire est représenté avec des décors correspondant à la côte belge<ref group="h">Ce fait est présenté à la Modèle:Nobr du Modèle:Harvsp : Modèle:Citation Le récit est complété de photos anciennes montrant des paysages de polders, asséchés par un moulin à vent, comme celui visible dans le décor de la version initiale.</ref>,<ref name="wilmet"/>.

Création de l'œuvre

Contexte d'écriture

Page de une d'un journal.
Le Soir (ici du Modèle:Date-) dans lequel est quotidiennement prépubliée l'histoire des Sept Boules de cristal.

Depuis le Modèle:Date-, la Belgique subit l'occupation de son territoire par les troupes du Troisième Reich. D'un point de vue artistique, ce contexte de guerre et d'occupation constitue paradoxalement une forme importante de stimulation, à tel point que certains commentateurs voient dans cette période un Modèle:Citation de la création que Modèle:Citation des artistes d'alors révèlent particulièrementModèle:Sfn. Ceci s'expliquerait notamment par le besoin de la population de se divertir afin d'oublier les malheurs du momentModèle:Sfn. L'œuvre d'Hergé n'échappe pas à cette règleModèle:Sfn, et pour beaucoup d'artistes comme lui, c'est le temps de Modèle:Citation qui commenceModèle:Sfn. Sollicité par Raymond De Becker, rédacteur en chef du Soir, Hergé en intègre l'équipe à partir du Modèle:Date-. Le dessinateur, qui ne cache pas son enthousiasme, y voit un moyen de s'assurer des revenus réguliers et de ne pas se faire oublier du grand publicModèle:Sfn.

À cette époque, ce journal est alors surnommé par la population Le Soir volé car, en violation de la volonté de ses propriétaires, sa publication est poursuivie sous l'Occupation allemande par des journalistes collaborateursModèle:Sfn. L'attitude adoptée par Hergé pendant les trois ans où il travaille au Soir est par la suite considérée comme ambiguë : l'auteur peut apparaître comme un homme prêt à subordonner toute éthique au succès et au rayonnement de ses créations artistiques, et en particulier des « aventures de Tintin »<ref group="c">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref group="c">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Benoît Peeters souligne également une certaine indifférence d'Hergé envers les événements de son époque, occupé qu'il est par la création de son œuvre, à laquelle il consacre au moins douze heures de travail par jourModèle:Sfn. Néanmoins, mis à part quelques contacts avec l'occupant pour développer ses projets, notamment pour obtenir le supplément de papier que son éditeur Casterman réclame aux autoritésModèle:Sfn, il évite prudemment tout geste qui pourrait s'apparenter à de la collaboration, comme l'explique Pierre Assouline : Modèle:Citation De même reste-t-il à l'écart de l'expression franche d'idées extrémistes, à part peut-être dans sa contribution à un recueil de fables dont l'auteur est Robert du Bois de Vroylanden et qui présente certaines caricatures antisémites dont il n'est pas l'auteur<ref group="c">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Surtout, ses représentations de commerçants juifs dans L'Étoile mystérieuse peuvent elles-mêmes être considérées comme antisémitesModèle:Sfn, mais elles restent les seules de ce genre<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv (24 min).</ref> et comme le souligne Pierre Assouline, cette aventure est le seul récit engagé de toute sa production pendant l'OccupationModèle:Sfn.

Néanmoins, ce n'est qu'à partir du diptyque formé par Le Secret de La Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge (prépublié en noir et blanc à partir du Modèle:Date-) qu'il choisit franchement la fuite littéraire en exilant son héros en dehors de l'Europe occupée, ce qui peut être vu comme le moyen pour lui Modèle:Citation<ref name="delcroix">Modèle:Chapitre.</ref>. L'auteur poursuit dans cette veine avec Les Sept Boules de cristal<ref group="Note">Continuation certes du point de vue de l'intention d'une fuite littéraire, mais Les Sept Boules de cristal n'en constitue pas moins une rupture thématique avec ses prédécesseurs puisqu'il ne s'agit plus là de conduire ses personnages sur l'océan, ce que Philippe Goddin résume par : Modèle:Citation, in Modèle:Harvsp.</ref> : alors même que Tintin ne quitte pas la Belgique, la présence et les interdictions de l'occupant sont niées, comme le souligne Philippe Goddin qui note comme exemple le plus révélateur le fait que le véhicule qu'empruntent Tintin et le capitaine de retour du music-hall roule tous phares allumés<ref group="MBC">strip H52 in Modèle:Harvsp</ref>, en contravention avec les prescriptions très strictes des autorités militaires allemandes<ref name="occupation" group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.

Page ouverte d'une brochure présentant une photo d'identité et un texte dactylographié.
Brochure publiée par le réseau de Résistance belge, L'Insoumis, qui dénonce Hergé (sous le nom de Remy Georges) comme collaborateur.

C'est dans ce contexte que l'histoire paraît dans le journal Le Soir à partir du jeudi Modèle:Date-. Mais la libération du pays, le Modèle:Date-, provoque l'arrêt de la publication du quotidien et donc celle de l'histoireModèle:Sfn. Cette période est également marquée par la brève arrestation d'Hergé pour faits de collaboration, ce qui constitue selon Pierre Assouline une nouvelle Modèle:Citation dans la vie de l'auteurModèle:Sfn,<ref group="Note">Dans sa biographie, Pierre Assouline évoque deux ruptures précédentes dans la vie d'Hergé : d'abord sa rencontre avec Tchang en 1934 (Modèle:Citation Modèle:Harv) ; puis sa rencontre avec Edgar P. Jacobs en avril 1941 lors de la première de sa pièce Tintin aux Indes (Modèle:Citation Modèle:Harv).</ref>. D'ailleurs, quelques mois plus tôt, Hergé anticipe sans doute de futurs ennuis avec la Libération qui se rapproche et songe aux longues listes d'« inciviques » qui sont déjà préparées à LondresModèle:Sfn. Il écrit ainsi dans une lettre datée du Modèle:Date- : Modèle:Citation C'est durant cette période, du printemps à l'été 1944, que se manifestent chez lui les signes d'un profond syndrome dépressif<ref name="dépression" group="d">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Fin 1944, Hergé est alors interdit de publication et, l'expression des rancœurs à l'encontre des collaborateurs aidant, il peut craindre pour sa sécurité : quelques années plus tard, il raconte ainsi un épisode de 1945 (qu'il situe Modèle:Citation) où Edgar P. Jacobs se rend chez lui armé d'un gourdin afin de le protéger d'éventuels mouvements hostiles de la foule qui pourraient le viser<ref>Hergé en fait un récit détaillé dans Modèle:Harvsp.</ref>,<ref group="Note">Jacobs se serait plaint auprès de Jacques Martin qu'Hergé n'aurait pas agi ainsi dans le cas contraire : Modèle:Citation estimant certainement dissymétriques les rapports qui les unissaient (voir dans Modèle:Harvsp).</ref>.

Finalement, le Modèle:Date-, la justice choisit de n'entamer aucune poursuite à l'encontre de l'auteur et son dossier fait l'objet d'un classement sans suiteModèle:Sfn alors que d'autres journalistes qui ne sont pas plus impliqués que lui ne bénéficient pas d'autant d'indulgence. De lourdes peines sont réclamées par exemple à l'encontre de journalistes sportifs ou de critiques musicaux pour « trahison et intelligence avec l'ennemi »Modèle:Sfn. Plusieurs éléments expliquent cette mansuétude. D'abord, il bénéficie de l'aide de certaines de ses relations, et notamment de l'éditeur de presse et résistant Raymond Leblanc<ref name="delcroix"/>. Mais, selon Pierre Assouline, il doit surtout son salut à Modèle:CitationModèle:Sfn, acquise grâce à la création de son héros, ce que le même Pierre Assouline résume par : Modèle:CitationModèle:Sfn. Il s'en sort donc de justesse parce qu'en l'attaquant, et selon les mots qu'il rapporte et qui vont constituer la Modèle:CitationModèle:Sfn, la justice Modèle:CitationModèle:Sfn, une affirmation que réfute Pierre AssoulineModèle:Sfn. Cet épisode passé, Hergé obtient son « certificat de civisme » et peut donc lancer son support, le journal Tintin<ref name="delcroix"/>, dans lequel il reprend la prépublication des Sept Boules de cristal en Modèle:Date- à partir de là où elle s'était arrêtée<ref name="delcroix"/>.

Écriture du scénario

Photographie en noir et blanc d'un homme se tenant debout et montrant une collection d'objet d'art à un autre homme.
Jacques Van Melkebeke dans les Modèle:Nobr.

Les Sept Boules de cristal peut être considéré comme une œuvre collective dans la mesure où Hergé s'appuie largement sur ses amis Jacques Van Melkebeke, rédacteur du Soir-Jeunesse et co-auteur de deux pièces de théâtre avec lui<ref name="van melk"/>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, et Edgar P. Jacobs, qu'il engage pour travailler à la colorisation de ses premiers albumsModèle:Sfn mais qu'il finit par associer à la préparation de sa nouvelle histoire, tant leur complicité est grandeModèle:Sfn,<ref group="Note">Les liens d'amitié entre Hergé et Edgar P. Jacobs sont tels que les observateurs les comparent volontiers à ceux qui unissaient Hergé à Tchang, comme l'indique Benoît Peeters : Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.

Si la trame générale du scénario est bel et bien écrite par Hergé, l'intrigue est donc largement développée par les échanges entre l'auteur et ses amis. Dans un témoignage à la mort d'Hergé en 1983, Jacobs revendique l'importance de ses apports en affirmant qu'ils avaient eu Modèle:CitationModèle:Sfn, à tel point qu'il affirme être l'auteur de plusieurs éléments significatifs de l'intrigue, notamment l'idée des boules de cristal, voire le titre de l'album<ref group="d">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. C'est pour cette raison que Philippe Goddin affirme : Modèle:CitationModèle:Sfn. De façon plus globale, cette collaboration fait évoluer le scénario d'Hergé vers une approche plus fantastique que ses précédentes productions, dont le contenu était beaucoup plus réaliste<ref name="fantastique">Modèle:Citation in Modèle:Lien web.</ref>.

L'influence de Jacques Van Melkebeke est elle aussi manifeste. Certains observateurs, comme Frédéric Soumois, voient la pièce qu'il co-écrit avec Hergé en 1941, Tintin aux Indes : Le Mystère du diamant bleu, comme une source d'inspiration des Sept Boules de cristal pour son atmosphère générale, relativement sombre, et pour certains épisodes qui la constituent, comme la séquence où un fakir fait une démonstration d'hypnose<ref name="soumois" group="e"/>. Mais sa contribution apparaît surtout dans l'insertion de certaines références culturelles et religieuses : ainsi, ce serait Jacques Van Melkebeke qui aurait suggéré à Hergé l'idée de la transformation de l'eau en vin par le prestidigitateur dans la séquence du music-hall, ce qui constitue une référence à l'épisode des Noces de Cana du Nouveau TestamentModèle:Sfn,<ref group="Note">Des références théologiques apparaissent également dans Le Secret de La Licorne, un album pour lequel l'apport de Van Melkebeke est fondamental, au point que Benoît Peeters le considère comme le véritable coscénariste de l'aventure. Ces références sont absentes des premières aventures de la série. Voir Modèle:Harvsp.</ref>. Comme le rappelle Benoît Peeters, il semble qu'Hergé ne possédait pas un bagage culturel suffisant dans ce domaine pour qu'on puisse lui attribuer l'idée de cette allusion : Modèle:Citation. Si la Modèle:Citation se retrouve dans l'ensemble de la série, c'est bien dans cet album que le nombre de situations et d'allusions évoquant des scènes bibliques est le plus important<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.

Sources et inspirations

Les Incas, la malédiction

Corps momifié d'une personne apparaissant en position recroquevillée.
Momie inca qui a pu servir de modèle à celle de Rascar Capac.

Les sources d'inspiration utilisées par Hergé sont très nombreuses et éclectiques<ref name="sources d'inspiration">Modèle:Citation Modèle:Harv (12 min 15 s).</ref>. L'auteur inscrit son œuvre dans la trame de l'histoire mondiale. Son premier centre d'intérêt est l'Égypte pharaonique, source d'inspiration qui apparaît dès les premières cases des Sept Boules de cristal, par le biais du voyageur assis à côté de Tintin dans le train<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr.</ref>. Vingt ans auparavant, le Modèle:Date-, l'archéologue britannique Howard Carter découvre la sépulture du pharaon Toutânkhamon, et ravive en Europe un intérêt certain pour les mystères de l'Égypte antique<ref name="Toutânkhamon" group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref> : ainsi, par exemple, dès 1923, l'écrivaine anglaise Agatha Christie se saisit de ce thème pour écrire L'Aventure du tombeau égyptien<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Or l'allusion aux déboires de l'équipe des découvreurs de cette tombe apparaît dès l'ouverture des Sept Boules de cristal<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.

Une carte représentant une partie de l'Amérique du Sud.
Carte représentant l'expansion maximale atteinte par l'empire inca.

Hergé choisit de croiser cette source d'inspiration avec une seconde, qui constitue l'axe scénaristique principal du diptyque : la civilisation inca<ref group ="Note">Se reporter au chapitre « Sur les traces des Incas », in Modèle:Harvsp.</ref>. Le principal représentant de cette civilisation dans la bande dessinée est la momie d'un roi inca, Rascar Capac, dont l'évocation dès la première planche<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref> puis l'apparition chez le professeur Bergamotte<ref group="7BC" name="case 2"/> constituent le cœur de l'histoire. Or les recherches conduisent à penser qu'Hergé a pu prendre pour modèle une momie rapportée du Pérou en Belgique avec deux autres spécimens vers 1840<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. En effet, il est probable que le dessinateur se rende en 1926 à une exposition consacrée à l'art précolombien où cette momie est présentée<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Elle est, en 2015, exposée dans la section Cinquantenaire des musées royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles dont le conservateur confirme que Modèle:Citation et que sa datation remonte Modèle:Citation<ref>Citations audio de Modèle:Lien web Modèle:Vidéo (durée : Modèle:Heure) : Modèle:Citation</ref>.

Les recherches du conservateur et archéologue Serge Lemaitre et de l'archéologue Caroline Tilleux du Musée Art et Histoire de Bruxelles démontrent qu'il s'agit d'un homme de Modèle:Unité-Modèle:Unité, chasseur d'otaries à crinière, dont l'âge est compris entre 30 et Modèle:Unité. La datation au carbone 14 situe la momification entre 1480 et 1560 et la localise à Arica, dans la région chilienne d'Arica et Parinacota<ref group="Note">Ces recherches font l'objet d'un documentaire, Tintin et le mystère de la momie Rascar Capac, écrit par Philippe Molins et Frédéric Cordier, réalisé par F. Cordier, produit par Un Film à la Patte, Panoramique Terre, Moulinsart, Arte GEIE et la RTBF en 2019.</ref>,<ref name="doc momie1">Modèle:Lien web.</ref>,<ref name="doc momie2">Modèle:Lien web.</ref>.

Tableau d'un homme portant une tiare et un sceptre et tenant dans la main un rayon de soleil.
Manco Cápac, premier empereur inca de l'histoire dont le nom est à l'origine de celui de Rascar Capac.

Concernant ses sources bibliographiques, Hergé s'appuie principalement sur l'ouvrage Pérou et Bolivie, écrit par l'explorateur Charles Wiener, paru en 1880 et dont, pourtant, il y a tout lieu de considérer qu'il est déjà dépassé en 1943 par des recherches plus récentes<ref name="Wiener" group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.

Par ailleurs, Hergé recycle certains des documents utilisés par Edgar P. Jacobs pour la création de son Rayon U, paru durant la même période : quelques erreurs dues à Jacobs se glissent ainsi chez Hergé, comme la représentation d'un Rascar Capac nu alors que les momies incas étaient habillées<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Mais la plus grande partie de la documentation d'Hergé provient de recherches effectuées par ce même Jacobs dans la section du Cinquantenaire des Musées royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles sur les civilisations inca et péruvienne où il l'a envoyé<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,Modèle:Sfn. Dans la bibliothèque du musée, son assistant découvre plusieurs ouvrages illustrés dans lesquels il effectue un important travail de décalque<ref name="recherches" group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref> : outre celui de Charles Wiener, il trouve L'Empire du Soleil de Conrad de Meyendorff<ref>Modèle:Chapitre.</ref>, un ouvrage en allemand, Kunst und Kultur von Peru (1929) par Modèle:Lien, un autre en anglais, Dress and Ornaments in Ancient Peru (1929) par Modèle:Lien et un dernier ouvrage en italien, Vecchio Peru (1933) par Giuseppe BazzocchiModèle:Sfn.

Ainsi, c'est de cette documentation que provient le nom du roi inca dont la momie des Sept Boules de cristal est rapportée en Europe : le nom de Rascar Capac serait composé à partir de ceux du premier (Manco Cápac) et du dernier (Huascar) des rois incas identifiés dans les recherches d'Hergé<ref group="Note">Voir la liste des rois incas établie par Hergé et l'explication qu'en fait Philippe Goddin dans Modèle:Harvsp.</ref>. Néanmoins, les recherches dont Jacobs communique les résultats à Hergé sont dans un tel état de désordre, notamment à cause d'une volonté d'économiser le papier calque, qu'elles sont difficilement exploitables en l'état : cela obligera à des recherches ultérieures dans les mêmes ouvrages<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.

Sources littéraires

Une page d'un journal des années 1920 présentant le titre du feuilleton et surplombé par des Indiens d'Amérique du Sud regardant le lecteur.
Première page de L'Épouse du Soleil de Gaston Leroux, paru dans le journal Je sais tout daté du Modèle:Date-.

Hergé ne s'inspire pas que d'ouvrages documentaires pour concevoir son histoire. Marqué dans son adolescence par la lecture de L'Épouse du Soleil, roman de Gaston Leroux paru en 1912, qui est également l'une des lectures préférées de Jacques Van Melkebeke<ref name="van melk"/>, l'auteur s'en est souvenu lors de la réalisation de son histoire<ref group="MBC">Modèle:Citation, in Modèle:Harvsp.</ref>. Ainsi, dans les deux œuvres, un proche du héros se fait enlever par des descendants des Incas qui le conduisent dans un site reculé où ils vivent cachés, au Pérou, afin d'être sacrifiés au soleil. Hergé reprend également le détail du bracelet d'or qui désigne l'héroïne du roman comme l'épouse du soleil pour en faire la pièce qui condamne le professeur Tournesol au sacrificeModèle:Sfn. De même, trois crânes vivants font irruption dans la chambre de l'héroïne du roman, par sa fenêtre, et l'enlèvent, ce qui rappelle la scène où la momie de Rascar Capac pénètre de manière cauchemardesque dans les chambres de Tintin, Haddock et TournesolModèle:Sfn. À la suite de cet évènement, l'héroïne tombe endormie, puis elle est maintenue dans cet état de sommeil tout le long de son transport à l'aide d'un parfum redoutable, des éléments auquel fait écho le sommeil léthargique des membres de l'expédition Sanders-Hardmuth dans la bande dessinéeModèle:Sfn.

Si l'influence du roman de Gaston Leroux est attestée, une autre œuvre littéraire a pu influencer la rédaction du scénario des Sept Boules de cristal. Dans une thèse sur la représentation du paranormal dans les Aventures de Tintin, Vanessa Labelle établit plusieurs similitudes entre l'intrigue de la bande dessinée et le roman Modèle:Lien de Bram Stoker, publié en 1903Modèle:Sfn. Cet ouvrage, qui regorge de références à l'égyptologie, met en scène une malédiction millénaire qui entraine une série de morts mystérieuses. Le père de l'héroïne, l'égyptologue Abel Trelawny, est retrouvé étendu sur le sol au milieu de la nuit, frappé de léthargie et portant un bracelet au poignet. La chambre du savant est remplie d'objets d'arts issus de ses voyages, comme l'est le salon du professeur Bergamotte dans Les Sept Boules de cristal. Abel Trelawny est en fait frappé de la malédiction qui touche tous les membres de l'expédition ayant pénétré dans le tombeau de la reine Tera, dont la sépulture était gardée par un avertissement semblable à la prophétie incaModèle:Sfn. Pour Vanessa Labelle, qui met aussi en avant la ressemblance entre les deux titres, qui contiennent le chiffre sept, Modèle:Citation.

Elle relève cependant des différences notables entre les deux œuvres. Dans la bande dessinée d'Hergé, les membres de l'expédition ne meurent pas, dans la mesure où l'album s'adresse avant tout à un jeune public. De même, le roman de Bram Stoker contient une visée argumentative, et l'auteur utilise les phénomènes paranormaux comme prétexte pour exploiter des questionnements plus profonds et mener une réflexion sur les sciences occultes et leur maitrise par les civilisations anciennesModèle:Sfn.

Autres éléments de décor

Hergé inscrit également son aventure dans un contexte historique proche. Par exemple, il fait appel à un sujet qui a un certain retentissement à la fin de cette première moitié du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle : Modèle:Citation<ref name="maricq">Modèle:Article.</ref>. Ainsi, lorsqu'il choisit de faire intervenir le fakir Ragdalam dans la séquence où le capitaine et Tintin se rendent au music-hall, c'est en fait à un fakir ayant exercé ses talents au milieu des années 1920, Tahra-Bey, qu'il fait référence, comme il le fera par la suite en 1957 dans La Vallée des Cobras, un épisode des Aventures de Jo, Zette et Jocko, avec un personnage nommé Mahra Bey qu'il tourne en dérision<ref name="maricq"/>. Cette référence apparaît nettement dans des notes préparatoires aux Sept Boules de cristal présentées par le tintinologue Dominique Maricq pour la revue Hergé, dans lesquelles le dessinateur fait mention du Modèle:Citation en le qualifiant de Modèle:Citation<ref name="maricq"/>.

Par ailleurs, Hergé intègre très facilement dans son histoire des éléments de grande proximité qui l'entourent : c'est ainsi que la maison du professeur Bergamotte est inspirée d'une bâtisse voisine de sa maison à Boitsfort<ref name="jacobs"/>,<ref>Modèle:Chapitre.</ref>. Quand il s'agit d'objets du quotidien, la première source de documentation d'Hergé est le Nouveau Larousse illustré qu'il Modèle:CitationModèle:Sfn pour représenter des pièces de mobilier (chez le professeur Bergamotte par exempleModèle:Sfn), des éléments de décor comme ceux qui agrémentent le fronton du château de MoulinsartModèle:Sfn, ou encore des représentations d'animaux comme dans le bureau du professeur HornetModèle:Sfn. Hergé s'inspire donc de modèles réels, comme pour les voitures. Abonné à la Revue Ford, à laquelle il a également collaboré, il en extrait des images qu'il conserve dans sa documentation pour représenter ensuite certains modèlesModèle:Sfn. Ainsi, la voiture du capitaine, avec laquelle il se rend à Saint-Nazaire puis La Rochelle en compagnie de Tintin, est une Lincoln-Zephyr de couleur jauneModèle:Sfn. Il est à noter, par ailleurs, que cette voiture apparaît dans Modèle:Unité de l'album, ce qui en fait le véhicule le plus représenté de la sérieModèle:Sfn. Le taxi emprunté par l'explorateur Marc Charlet est quant à lui une copie d'un modèle Modèle:Nobr de 1937Modèle:Sfn. De même, l'hydravion emprunté par Haddock et Tintin pour rejoindre le Pérou à la fin de l'aventure est une copie d'un Short S.25 Sunderland<ref>Modèle:Chapitre.</ref>. La scène du music-hall est également nourrie de croquis pris sur le vif par Hergé et Jacobs dans la salle du Théâtre royal des Galeries<ref name="jacobs">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Image d'art précolombien en couleurs.
Scène de la Modèle:Nobr du codex Borbonicus exposée sur un mur du salon du professeur Bergamotte.

Concevoir la décoration de la demeure du professeur Bergamotte, l'américaniste a été pour Hergé l'occasion d'y mêler des objets d'art provenant de régions variées de l'Amérique. Ainsi, dans la case le montrant pour la première fois au lecteur, on découvre une salle ornée de deux têtes sculptées surmontant des portes. Celle de droite, la tête d'un rapace, évoque les masques des Amérindiens de la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord, tandis que celle de gauche rappelle la tête du serpent à plumes, ornant la pyramide de Quetzalcoatl à Teotihuacan au Mexique<ref group="h">« Le responsable de ce rapprochement hasardeux est connu : il n'est autre qu'Edgar P. Jacobs, qui s'occupe notamment des décors du récit en cours. Abonné, comme Hergé, au National Geographic Magazine, il y a trouvé les photos de qualité qui lui avaient permis récemment d'établir dan son propre récit, Le Rayon U, un rapprochement encore plus flagrant de ces deux pièces sculptées. », in Modèle:Harvsp.</ref>. Sur le mur derrière la vitrine de la momie, est suspendue une peinture représentant un extrait du codex Borbonicus, un codex mésoaméricain réalisé par les Aztèques dans les années 1510 et conservé au Palais Bourbon. L'extrait provient de la Modèle:Nobr, représentant le dieu Xipe Totec, « Notre seigneur l'écorché », qui incarne le printemps et le renouveau de la végétation. L'auteur a toutefois pris la liberté de l'encadrer d'une frise à trianglesModèle:Sfn.

Hergé présente également une collection d'objets issus des arts premiers dans l'appartement de Marc Charlet et qui évoquent, parmi d'autres souvenirs de voyage, les objets exposés au Musée ethnographique dans la première planche de L'Oreille cassée<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.

Autres références et clins d'œil

Références à des albums précédents

Statue en bois.
Statue chimú représentée dans L'Oreille cassée et qui témoigne de l'attrait précoce d'Hergé pour les cultures précolombiennes.

Hergé éprouve le besoin d'introduire des éléments de cohérence entre ses albums afin de les constituer en œuvre. Or, un moyen pour renforcer cette cohérence tient dans la référence à de précédents albums. C'est pourquoi, à la manière des auteurs de la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, il choisit de convoquer les personnages de précédentes histoires<ref name="retours" group="c">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Ainsi, outre ses deux héros, Tintin et Milou, et ceux qui sont désormais devenus récurrents, c'est-à-dire le capitaine Haddock et les détectives Dupond et Dupont, Hergé fait appel à des personnages plus ou moins installés dans son œuvre et en tous cas déjà rencontrés : le professeur Tournesol, présent pour la deuxième fois depuis Le Trésor de Rackham le Rouge, le général Alcazar, déjà rencontré dans L'Oreille cassée<ref group="7BC">D'après le témoignage de Tintin qui explique au capitaine Haddock : Modèle:Citation in Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref> et la cantatrice Bianca Castafiore, déjà vue dans Le Sceptre d'Ottokar<ref group="7BC">D'après le témoignage de Tintin qui explique au capitaine Haddock : Modèle:Citation in Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>. Ces trois personnages sont en effet destinés à revenir plusieurs fois dans la série des Aventures de Tintin. Enfin, on retrouve également le professeur Paul Cantonneau déjà présent dans L'Étoile mystérieuse et que l'on retrouvera une dernière fois dans Le Temple du Soleil<ref name="Cantonneau">Modèle:Citation in Modèle:Article</ref>, et le capitaine Chester, que l'on avait déjà vu dans l'album L'Étoile mystérieuse, est mentionnéModèle:Sfn.

Par ailleurs, certains éléments de scénario des Sept Boules de cristal en eux-mêmes constituent autant de renvois plus ou moins évidents à de précédents albums. Ainsi, en convoquant cette idée de la malédiction liée à la découverte d'un tombeau dans un pays étranger, Hergé choisit une base déjà éprouvée dans Les Cigares du pharaon<ref>Modèle:Chapitre.</ref>,<ref name="delcroix"/>. De plus, en évoquant le continent sud-américain, Hergé fait un renvoi clair à l'album L'Oreille cassée, datant de 1935, dans lequel le jeune reporter part dans le pays imaginaire du San Theodoros à la poursuite de trafiquants d'art. Le fétiche arumbaya (inspiré d'une statuette Chimú<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>) et le masque inca qui y apparaissent soulignent tout l'intérêt qu'Hergé porte déjà à la culture andine<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.

Apparitions et clins d'œil

Hergé a pris l'habitude de représenter des proches parmi les personnages qui peuplent ses albums. Ainsi, dans Les Sept Boules de cristal, il représente son assistant Edgar P. Jacobs, arborant son légendaire nœud papillon, parmi les spectateurs d'une scène de music-hall (Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, dans un balcon, au milieu à gauche)<ref name="tintin off">Modèle:Lien web.</ref>. De même, il représente son ami Jacques Van Melkebeke, derrière le général Alcazar alors que celui-ci va s'embarquer vers son pays<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>,<ref>Modèle:Citation in page Les Sept Boules de cristal, Modèle:Lien web.</ref>.

Sous les traits du professeur Tournesol, il est possible de reconnaître le physicien suisse Auguste Piccard (1884-1962) avec qui, hormis sa taille plus petite que son modèle, il offre une ressemblance frappanteModèle:Sfn,<ref>Modèle:Article.</ref>. Sous ceux du professeur Bergamotte, il est possible de reconnaître l'égyptologue belge Jean Capart (1877-1947) que beaucoup considèrent comme le père de l'égyptologie belge, confirmant en cela l'importance de l'inspiration qu'offre le domaine dans la création de l'œuvre<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Enfin, les chercheurs pensent que pour le professeur Paul Cantonneau, Hergé se serait inspiré de l'homme politique suisse et fondateur de l’université de Fribourg Georges Python en souvenir de ses vacances passées dans cette ville quelques années auparavant<ref>Modèle:Citation in Modèle:Article.</ref>.

Personnes ayant existé et ayant servi de modèle à Hergé
pour créer certains de ses personnages présents dans Les Sept Boules de cristal.

Parution

Prépublication dans Le Soir puis Tintin

Photo en noir et blanc de la place d'une ville sur laquelle la foule en liesse salue le passage d'un véhicule militaire.
Libération de Bruxelles par les Britanniques le 4 septembre 1944.

L'histoire paraît initialement en feuilleton quotidien dans Le Soir. Le Modèle:Date-, le journal annonce en une le prochain retour de Tintin. Quatre autres annonces suivent jusqu'à la parution du premier Modèle:Lang, numéroté H1, le Modèle:Date- suivantModèle:Sfn. Chaque épisode adopte la forme d'une bande d'environ Modèle:Unité, qui représente approximativement le tiers d'une planche d'album, en noir et blanc. Hergé référence chacune de ces bandes en bas à droite de la dernière case en inscrivant un H suivi de son numéro d'ordreModèle:Sfn.

La publication dans Le Soir est parsemée d'embûches. Elle est provisoirement interrompue entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date- en raison de la dépression dont souffre Hergé<ref name="dépression" group="d"/>, même si l'auteur a toujours pris soin de conserver une avance d'une dizaine de Modèle:Lang sur la publicationModèle:Sfn, ce qui lui permet par exemple de prendre des vacances en Modèle:Date-Modèle:Sfn. Le Modèle:Date-, Hergé fait paraître une bande de quatre cases qui résumé les épisodes passés. Le récit reprend finalement le lendemain, mais n'est publié qu'un jour sur deux entre le 8 et le Modèle:Date-Modèle:Sfn.

L'histoire est de nouveau interrompue, pour une période de deux ans cette fois, le dimanche Modèle:Date-, à la suite de la suspension des activités du journal du fait de l'entrée des armées alliées dans Bruxelles : cette suspension se fait au strip H152, ce qui correspond à une cinquantaine de planches sur les 62 du futur album<ref name="delcroix"/>,Modèle:Sfn, au moment où Tintin entraîne le général Alcazar au poste de police<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Quatre bandes demeurent inédites et ne sont découvertes qu'à la fin des Modèle:Nobr lors de leur rachat par la Fondation Hergé<ref>Modèle:Article.</ref>.

La publication de l'aventure ne peut continuer durant les deux années qui suivent car les journalistes ayant exercé sous l'occupation allemande se voient empêchés de poursuivre leur activité professionnelle<ref>En vertu d'une décision du haut-commandement allié : Modèle:Citation (cité par Modèle:Harvsp).</ref>. Dans ce contexte, Modèle:Citation, Hergé se consacre presque exclusivement à la refonte de ses albums d'avant-guerre, aidé dans cette tâche par Edgar P. JacobsModèle:Sfn.

Logo en couleur avec à gauche les personnages de Tintin et Milou, à droite le nom Tintin avec le sous-titre Chaque jeudi.
Logo du Journal de Tintin à sa création.

Ce n'est qu'en 1946 qu'Hergé peut reprendre son histoire, ce qu'il fait dans le premier numéro de l'hebdomadaire Tintin, qui paraît le Modèle:Date-Modèle:Sfn sous la forme d'une planche complète occupant les deux pages centrales du journal dans un format « à l'italienne » et en couleurs<ref>L'Œuvre Intégrale d'Hergé, tome 7, Éditions Rombaldi, Modèle:P..</ref>. Cette prépublication dure treize semaines entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date-<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref group="Note">Une observation des sources primaires suivantes permet également d'arriver à une telle conclusion : Modèle:Harvsp (Modèle:Nobr), Modèle:Harvsp (Modèle:Nobr) et Modèle:Harvsp.</ref>, mais cette fois sous le titre « Le Temple du Soleil »Modèle:Sfn, lors même que cette nouvelle aventure ne débute réellement qu'à l'arrivée de Tintin et Haddock au PérouModèle:Sfn.

Parution en album, rééditions et nouvelles publications en Belgique

La première publication des Sept Boules de cristal sous forme d'album en couleurs a lieu en 1948 aux éditions Casterman<ref name="trad"/>. Comme à son habitude, Hergé retravaille son histoire pour l'adapter à ce format de publication : ainsi, Modèle:Unité sont modifiées ou supprimées entre les deux versionsModèle:Sfn. L'album est régulièrement réédité depuis<ref name="trad">Modèle:Article.</ref>,<ref name="bedetheque"/>.

Dans les années qui suivent cette parution, l'aventure est de nouveau publiée en Belgique dans différents périodiquesModèle:Sfn. C'est d'abord le quotidien démocrate-chrétien La Cité qui diffuse la série entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date-. Cette même année 1959, Les Sept Boules de cristal paraît dans Le Courrier de l'Escaut et La Métropole, d'Modèle:Date- à Modèle:Date- dans Le Rappel et Le Journal de Mons, puis dans la Gazette de Liége en 1961. L'aventure est également publiée dans le quotidien de langue allemande Grenz-Echo du Modèle:Date- au Modèle:Date-, et dans le quotidien néerlandophone Modèle:Lang en 1960Modèle:Sfn.

La version en noir et blanc, qui correspond à la publication sous forme de feuilleton tel qu'il est paru quotidiennement dans Le Soir, est publiée en Modèle:Date- en un album de Modèle:Unité édité par Le Soir<ref name="bedetheque">Modèle:Lien web.</ref>. Enfin, une autre édition de la même version en noir et blanc paraît en Modèle:Date- sous le titre La Malédiction de Rascar Capac, qui rassemble les deux aventures du diptyque inca<ref>Modèle:Lien web.</ref>. L'histoire des Sept Boules de cristal en constitue le premier tome, avec pour sous-titre Tome 1 : Le Mystère des boules de cristal, sous la forme d'un album cartonné à l'italienne<ref>Modèle:Citation Modèle:Citation Modèle:Harv (Modèle:Heure).</ref>.

Publications étrangères et traductions

Comme les aventures précédentes, Les Sept Boules de cristal est diffusé en France dans les colonnes de l'hebdomadaire catholique destiné à la jeunesse Cœurs vaillants. Sa parution s'étale du Modèle:Date- au Modèle:Date-Modèle:Sfn. Dans les années qui suivent, l'aventure est de nouveau sérialisée dans différents magazines ou journaux régionaux comme La Voix du Nord (1959), Ouest-France (1959-1961), Le Dauphiné libéré et Dernières Nouvelles d'Alsace (1960), Nord Éclair (1962), La Vie (1962-1963), Le Méridional (1964), Le Bien public et L'Yonne républicaine (1965), Télé (Actualité) Magazine (1966), Agri 7 Jours (1970), L'Éclair (1981) et Le Maine libre (1982)Modèle:Sfn.

En Suisse, L'Écho illustré, qui détient les droits de publication de Tintin depuis sa première aventure, propose Les Sept Boules de cristal du Modèle:Date- au Modèle:Date-. Comme en France, l'aventure paraît ensuite dans plusieurs magazines comme Rataplan entre Modèle:Date- et Modèle:Date-, ou l'hebdomadaire suisse de langue allemande Modèle:Lang entre 1955 et 1957Modèle:Sfn.

Par ailleurs, l'aventure fait l'objet de nombreuses traductions et paraît dans des périodiques du monde entier dont il semble impossible de dresser, avec précision, la liste exhaustiveModèle:Sfn. Le tableau suivant présente les dates des premières parutions de l'aventure dans des journaux et magazines étrangers.

Inventaire des premières publications des Sept Boules de cristal dans les périodiques du monde entier
Pays Périodique Titre Date
AllemagneModèle:Sfn Modèle:Lang Modèle:Lang du Modèle:Date- au Modèle:Date-
AustralieModèle:Sfn Modèle:Lang Modèle:Lang du Modèle:Date- au Modèle:Date-
BrésilModèle:Sfn Modèle:Lang Modèle:Lang du Modèle:Date- au Modèle:Date-
DanemarkModèle:Sfn Kong Kylie Modèle:Lang du Modèle:Date- au Modèle:Date-
ÉgypteModèle:Sfn Samir du Modèle:Date- au Modèle:Date-
États-UnisModèle:Sfn Modèle:Lang Modèle:Lang de janvier à Modèle:Date-
FinlandeModèle:Sfn Modèle:Lang Modèle:Lang du Modèle:Date- au Modèle:Date-
GrèceModèle:Sfn Tenten Modèle:Lang 1969
IndeModèle:Sfn Andamela (Modèle:Lang) Modèle:Lang de Modèle:Date- au Modèle:Date-
IrlandeModèle:Sfn Modèle:Lang Modèle:Lang du Modèle:Date- au Modèle:Date-
KoweïtModèle:Sfn Saad 1979
Pays-BasModèle:Sfn Modèle:Lang Modèle:Lang du Modèle:1er au Modèle:Date-
PortugalModèle:Sfn Modèle:Lang Modèle:Lang du Modèle:Date- au Modèle:Date-
République démocratique du CongoModèle:Sfn Zaïre du Modèle:Date- au Modèle:Date-
Royaume-UniModèle:Sfn Modèle:Lang Modèle:Lang du Modèle:Date- au Modèle:Date-
SuèdeModèle:Sfn Modèle:Lang Modèle:Lang du Modèle:Date- au Modèle:Date-
ThaïlandeModèle:Sfn Viratham du Modèle:Date- au Modèle:Date-
TurquieModèle:Sfn Modèle:Lang Modèle:Lang à partir de Modèle:Date-

L'album connaît lui aussi de nombreuses traductions<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 1961, il est traduit en espagnol et édité par Juventud, puis l'année suivante, les éditions Methuen prennent en charge l'édition de l'aventure au Royaume-Uni<ref name="trad"/>. Des éditions en langues régionales sont également proposées<ref>Modèle:Lien web.</ref>, comme en charentais en 2013<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Chronologie de la création des Sept Boules de cristal

<timeline> ImageSize = width:780 height:420 PlotArea = width:700 height:340 left:30 bottom:40 DateFormat = dd/mm/yyyy Period = from:01/01/1942 till:01/01/1949 TimeAxis = orientation:horizontal Legend = orientation:vertical left:100 top:20 columns:3 columnwidth:200

  1. Les 3 axes d'étude

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bar:epoque
barset:Hergé
bar:7Boules
bar:3
  1. Belgique

Colors=

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id:red value:red legend:Contexte_historique
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id:green value:green legend:Création_des_7_Boules_de_cristal
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PlotData=

bar:epoque color:coral width:40 mark:(line,white) fontsize:S textcolor:red 
from:start till:03/09/1944 shift:(-100,-5) text:"Occupation de la Belgique par l'Allemagne"
bar:epoque Color:j width:40 mark:(line,white) fontsize:S
from:04/09/1944 till:30/11/1944 shift:(-50,30) text:"Libération de la Belgique"
bar:epoque color:grid2 width:40 mark:(line,white) fontsize:S
from:30/11/1944 till:01/01/1949 shift:(-50,-5) text:"Belgique d'après-guerre"

BackgroundColors = canvas:canvas bars:canvas

  1. Sept Boules de cristal

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id:j value:rgb(1,0.7,0.7) # light red legend:Vie_d'Hergé
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from:01/03/1943 till:15/12/1943 shift:(0,0) text:Écriture~ du scénario
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from:16/12/1943 till:06/05/1944 align:right shift:(20,32) text:Prépublication dans~Le Soir
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from:06/05/1944 till:06/07/1944 shift:(0,-35) text:Prépublication~interrompue
bar:7Boules align:center textcolor:teal fontsize:8 mark:(line,black) width:40 color:green
from:06/07/1944 till:03/09/1944 align:Left shift:(0,32) text:Prépublication dans~Le Soir
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from:03/09/1944 till:26/09/1946 shift:(0,0) text:Prépublication interrompue
bar:7Boules align:left textcolor:teal fontsize:8 mark:(line,black) width:40 color:green
from:26/09/1946 till:19/12/1946 shift:(-10,-35) text:Prépublication dans~Le Journal Tintin
bar:7Boules color:blue align:Left textcolor:teal fontsize:8 shift:(5,0) width:40 
at: 01/01/1948 text:1948~Publication sous~forme d'album
  1. Hergé
    1. 1ère série d'évènements
barset:Hergé color:blue align:Left textcolor:oceanblue fontsize:8 shift:(5,7) width:30 
at: 09/02/1942 text:9 février 1942~1ère proposition d'embauche~de Jacobs
barset:Hergé color:blue align:Left textcolor:oceanblue fontsize:8 shift:(5,7) width:30 
at:01/01/1943 text:courant 1943~Jacobs participe~à la refonte d'anciens albums
barset:Hergé color:blue textcolor:oceanblue fontsize:8 shift:(5,7) width:30 
at: 01/01/1944 align:Left text:1er janvier 1944~Jacobs est officiellement embauché~comme coloriste et pour les décors
    1. 2è série d'évènements
barset:break
barset:Hergé color:skyblue align:center textcolor:blue fontsize:8 width:30
from:03/09/1944 till:01/05/1946 shift:(0,0) text:Hergé interdit~ de publication
barset:Hergé color:blue align:Left textcolor:oceanblue fontsize:8 shift:(5,7) width:30 
at: 22/12/1945 text:22 décembre 1945~Abandon des poursuites~pour collaboration
barset:Hergé color:blue align:Left textcolor:oceanblue fontsize:8 shift:(5,7) width:30 
at: 01/05/1946 text:mai 1946~Obtention d'un~certificat de civisme
barset:Hergé color:blue align:Left textcolor:oceanblue fontsize:8 shift:(5,7) width:30 
at: 26/09/1946 text:26 septembre 1946~Parution du 1er~numéro du journal de Tintin
</timeline>

Analyse

Analyse critique

Photographie d'un homme portant des lunettes et lisant des documents étalés devant lui.
Pierre Sterckx considère l'album comme Modèle:Citation.

L'universitaire Philippe Marion affirme qu'avec cette aventure, Modèle:Citation, et souligne que Modèle:Citation. Pierre Assouline considère que Modèle:CitationModèle:Sfn. De nombreux spécialistes sur la place essentielle qu'occupe cette aventure dans l'œuvre d'Hergé : ainsi, l'écrivain et critique d'art Pierre Sterckx l'inscrit parmi Modèle:Citation de l'auteurModèle:Sfn, tandis que l'écrivain Jan Baetens considère qu'Hergé atteint dans cet album une perfection au niveau du dessin<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Pour Vanessa Labelle, qui rédige une thèse sur l'introduction du paranormal dans Les Aventures de Tintin, la collaboration entre Hergé, Edgar P. Jacobs et Jacques Van Melkebeke autour de cet album est d'autant plus fructueuse que Modèle:Citation. Les Aventures de Tintin deviennent Modèle:Citation dont la dimension romanesque s'accroit, notamment par la Modèle:Citation que leur apporte Van MelkebekeModèle:Sfn. Pour Benoît Peeters, Modèle:Citation pour aboutir à Modèle:CitationModèle:Sfn. Le sémiologue Pierre Fresnault-Deruelle, pour qui Hergé livre un Modèle:CitationModèle:Sfn, considère la séquence de l'apparition nocturne de la momie de Rascar Capac comme l'une des plus célèbres de la bande dessinéeModèle:Sfn.

Style graphique

Évolution du style et apport d'Edgar P. Jacobs

Sur le plan graphique, ce nouvel album marque une évolution notable. Pour Benoît Peeters, l'image se fait plus fouillée et comporte des décors et des détails plus complexes que dans les albums précédents : Modèle:CitationModèle:Sfn. Il attribue cette évolution à l'influence d'Edgar P. Jacobs qui travaille comme coloriste pour Hergé et participe à la refonte des précédentes aventures. Jacobs apporte son perfectionnisme et son souci du détail dans la réalistion des décors, chaque séquence faisant l'objet de recherches minutieuses et parfois de repérage sur le terrainModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Pour l'essayiste Jean-Marie Apostolidès, cette accentuation des détails a pour conséquence de faire passer pour vrai, au premier coup d'œil, l'univers purement fictif du dessinateurModèle:Sfn. Pour ses portraits et ses rendus d'attitudes, Hergé, qui a l'habitude d'utiliser ses collaborateurs comme modèles pour réaliser des esquisses sur le vif<ref name="beaux arts1"/>, fait essentiellement appel à Jacobs pour ses croquis préparatoires : en effet, son assistant ayant été quelques années plus tôt figurant et chanteur d'opéra, celui-ci possède toutes les compétences pour mimer des attitudes particulièrement expressives quand la simple mémoire visuelle du dessinateur ne suffit pasModèle:Sfn.

L'apport de Jacobs est aussi déterminant dans le travail de colorisation. Selon Pierre Sterckx, à partir de cet album, Hergé Modèle:CitationModèle:Sfn, ce que confirme Pierre Fresnault-Deruelle, pour qui Modèle:CitationModèle:Sfn.

De façon paradoxale, parallèlement à cette complexification, Hergé procède à une simplification extrême dans certaines de ses cases, telles ces Modèle:Citation, Modèle:Citation<ref name="onomatopées" group="g">Modèle:Chapitre.</ref> : ainsi Jérôme Dupuis pointe comme vignette représentative cette case où l'éclair en boule explose contre la momie de Rascar Capac et qui est composée uniquement d'une boule jaune entourée d'étoiles, dans laquelle est inséré un énorme « BANG »<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>,<ref name="onomatopées" group="g"/>.

Cadrage et mouvement

Comme le souligne Jean-Marie Apostolidès, Hergé fait preuve d'une grande maîtrise dans l'usage de la perspective et la grande variété de cadrages qu'il emploie, largement influencés par le cinéma, et qui créent selon lui Modèle:CitationModèle:Sfn. La séquence où Tintin et Haddock retrouvent le général Alcazar au port de Saint-Nazaire (planches 56 et 57) donne un parfait exemple de cette construction cinématographique. Les personnages sont systématiquement présentés en buste et de trois quarts face pour les dialogues, mais quand Tintin et Haddock se dirigent vers le paquebot, ils sont dessinés en pied, puis de dos, avec de basculer sur un plan large lorsque Tintin se met à courir pour rejoindre le général qui embarque. Quand la discussion s'engage entre eux, c'est de nouveau le plan rapproché qui est utilisé<ref>Modèle:Article.</ref>.

Des informations importantes sur le plan narratif se cachent parfois dans certains détails d'apparence insignifiante et que le dessinateur exploite par sa science du cadrage. Ainsi dans la Modèle:46e, l'interrogatoire d'un automobiliste à un barrage routier n'apporte, à première vue, aucune information, si bien que le lecteur poursuit sa lecture Modèle:Citation, selon l'expression de Pierre Fresnault-DeruelleModèle:Sfn. Or, deux planches plus loin, le gendarme qui discute avec Tintin se remémore ce bref interrogatoire en portant son attention sur le passager de la voiture, un étranger au visage osseux dont le héros comprend qu'il s'agit de Chiquito, le ravisseur de Tournesol. Pierre Fresnault-Deruelle voit cet épisode comme une invitation à se replonger dans la première case, dans laquelle Hergé avait pris soin de dessiner un passager en partie caché par le bord de la portière aux côtés d'un conducteur sans intérêt particulier. De fait, la présence de Chiquito, en partie masqué, ne relève pas de la simple figuration mais Modèle:CitationModèle:Sfn.

Par ailleurs, les critiques relèvent dans Les Sept Boules de cristal un art consommé dans la représentation du mouvement. Il n'est certes pas spécifique à cet album mais il comporte certains exemples représentatifs : ainsi, dans une étude du général Alcazar lançant un couteau lors du spectacle de music-hall<ref group="7BC">Voir le rendu final, in Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>, Modèle:Citation<ref name="beaux arts1">Modèle:Chapitre.</ref>. La maîtrise du dessinateur se révèle par la présence d'un petit détail qui permet d'amplifier la perception du mouvement, comme l'écharpe que le lanceur de couteau porte en ceinture, accessoire insignifiant qui Modèle:Citation<ref name="beaux arts1"/>. Par ailleurs, Hergé reprend plusieurs fois le thème des escaliers dans cet album, un procédé fréquent dans la série pour rendre l'impression de mouvementModèle:Sfn.

Sur un autre plan, Hergé joue parfois avec la fixité de l'image et contourne la règle selon laquelle chaque vignette doit constituer Modèle:CitationModèle:Sfn. Une séquence qui figure dans la Modèle:53e est édifiante à ce titreModèle:Sfn. Le capitaine Haddock, inconsolable, lève un verre de whisky à la mémoire de Tournesol devant l'effigie peinte de son ami disparu<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>. Dans les deux cases suivantes, le capitaine est surpris de voir Tournesol sortir du cadre pour s'adresser à lui, avant qu'il ne retrouve sa position première<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>. Comprenant que l'alcool est responsable de son hallucination, le capitaine se décide à jeter sa bouteille et passe alors devant un autre tableau<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>. Selon Pierre Fresnault-Deruelle, ce second tableau, coupé par le cadre de la vignette, est bien plus qu'un décor. Le regard de l'homme représenté, probablement un dignitaire du siècle de Modèle:Souverain2 portant la perruque, semble juger avec sévérité le capitaine, comme pour illustrer la mauvaise conscience de ce dernier. Par ailleurs, il peut s'agir d'un signe envoyé au lecteur pour rappeler que Modèle:CitationModèle:Sfn.

Enfin, Les Sept Boules de cristal offre un bon exemple de la Modèle:Citation qui s'applique à la représentation des voitures dans les Aventures de Tintin. Ainsi, comme le remarque Charles-Henri de Choiseul Praslin, quand une voiture est représentée se déplaçant de la gauche vers la droite, c'est-à-dire dans le sens de la lecture, c'est qu'elle est conduite par un héros positif ou que le récit avance. À l'inverse, les véhicules conduits par des méchants, ou quand les héros rencontrent un obstacle, la voiture est souvent représentée de la droite vers la gaucheModèle:Sfn. C'est le cas dans cet album : dans neuf vignettes qui racontent que Tintin et le capitaine font avancer l'action, le véhicule se déplace de la gauche vers la droite, tandis que dans trois autres, le véhicule est représenté en sens inverse, à chaque fois quand les deux héros sont bloqués dans leur marche en avantModèle:Sfn.

Les images recyclées

Image en couleur créée à partir d'une retouche d'une photographie d'ensemble du château de Cheverny.
Le château de Moulinsart (vue d'artiste).

Comme à son habitude, Hergé utilise dans cet album ce que Pierre Fresnault-Deruelle appelle des Modèle:Citation, au premier rang desquelles figure le motif récurrent de l'entrée à MoulinsartModèle:Sfn. Au début de l'aventure, Tintin, accompagné de Milou, arrive au château. Il est représenté dans l'axe de l'allée centrale, sa mèche alignée sur le clocheton du château. Cette image rappelle la séquence finale du Trésor de Rackham le Rouge, qui apparaît comme une Modèle:Citation. Dans les deux cases suivantes, Tintin qui a franchi le perron sonne à la droite du porche, puis Nestor apparaît, engageant la discussion avec le héros<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>.

Si la séquence n'apporte aucune information décisive au lecteur, elle fait écho à une autre séquence qui figure à la fin de l'aventure, quarante-huit planches plus loin : les trois images sont presque reprises à l'identique, à l'exception des paroles échangées par Nestor et Tintin, et du fait que Milou est dessiné symétriquement à sa position dans la première séquenceModèle:Sfn.

Erreurs et approximations

La profusion des sources utilisées combinée à l'état de désordre des recherches communiquées par Edgar P. Jacobs explique en partie pourquoi Hergé commet quelques erreurs dans la première version parue dans Le Soir. Ainsi, dans son récit introductif présenté sous la forme d'un article de journal, il situe l'Empire inca en Amazonie<ref group="MBC">Modèle:Citation, strip H1 in Modèle:Harvsp.</ref>, ce qui constitue une contre-vérité historique<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. De même, il parle d'une écriture inca<ref group="h">Modèle:Citation, in Modèle:Harvsp.</ref> alors que cette civilisation n'en possédait pas<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. C'est seulement lorsqu'il remanie ses strips en 1945 pour la publication des Sept Boules de cristal en album qu'il peut véritablement bénéficier des recherches de Jacobs, et ce, même s'il juge cette documentation insuffisante au point de devoir s'en ouvrir à son éditeur. Ainsi, dans un courrier du 26 mars 1946 adressé à Charles Lesne, son correspondant à Casterman, il regrette encore ce manque : Modèle:Citation

Ce n'est qu'à partir de ce moment qu'il peut compléter ou corriger ses illustrations pour les rapprocher de la réalité<ref name="recherches" group="h"/>, comme il le fait notamment avec la parure de Rascar Capac qu'il modifie considérablement<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Hergé met aussi à profit ce passage en album pour corriger son erreur géographique en écrivant cette fois que Modèle:Citation<ref group="7BC" name="case 3">Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Harvsp.</ref>. En revanche, il choisit de maintenir son assertion sur les Modèle:Citation dont il parlait précédemment : d'abord dans l'article introduisant l'histoire<ref group="7BC" name="case 3" />, mais aussi lors de la soirée chez le professeur Bergamotte, quand celui-ci présente aux héros la traduction d'une partie des inscriptions qui se trouvaient gravées sur les murs du tombeau de Rascar Capac. Cette erreur vient sans doute d'une autre commise par l'explorateur Charles Wiener, comme l'explique Philippe Goddin : Modèle:Citation

De même, Hergé supprime dans la version en album la médaille qui accompagne les débris de boule présentés par les Dupondt à Tintin après les deux premières agressions, notamment parce que les dessins qui y figurent ne sont pas réalistesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. D'après Philippe Goddin, il pouvait s'agir de symboles mayas ou mochicasModèle:Sfn. Malgré sa volonté de représenter les bijoux de manière réaliste, le dessinateur commet là aussi quelques erreurs. D'abord, contrairement à ce que laisse croire l'article de journal qui introduit l'histoire, le « borla » (ou « puyllu ») n'est pas un « diadème royal en or massif », mais un cordon à franges de laine rouge formant un serre-tête retombant sur les yeux du souverainModèle:Sfn. Il en va de même pour le bracelet en or massif provenant de la momie, que ramasse le Professeur Tournesol. S'inspirant visiblement des bijoux conçus par les Chancays, ces artéfacts sont normalement plus légers et ne comportent aucune pièce mobileModèle:Sfn.

Style narratif

Une narration contrainte

Du point de vue narratif, le format de la prépublication puis celui de la publication créent de fortes contraintes sur la manière qu'a Hergé de raconter son histoire. Malgré cela, Les Sept Boules de cristal est souvent perçu par les critiques comme offrant une grande cohérence entre son aspect narratif et son aspect visuel. Ainsi, pour Pierre Assouline, Modèle:Citation<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le premier format que doit adopter l'auteur consiste en une bande formée d'un ensemble de 3 ou Modèle:Nobr, un Modèle:Lang, en raison du manque de place disponible dans Le Soir, le journal dans lequel le récit paraît sous la forme d'un feuilleton quotidien : les journaux souffrent en effet de la pénurie de papier consécutive aux conditions de guerre. Ce format de publication a pour conséquence d'astreindre Hergé à plus d'efficacité et de concision dans sa manière de raconter. Pour l'écrivain Numa Sadoul, auquel Hergé accorde plusieurs entretiens, cette contrainte se révèle pour le dessinateur comme Modèle:CitationModèle:Sfn. De plus, comme pour tout feuilleton, ce format impose à l'auteur d'achever chaque strip par un effet de surprise ou un questionnement, afin de maintenir le lecteur en haleineModèle:Sfn, ce qui fait dire à Philippe Goddin qu'Modèle:Citation

De la même manière, le passage de ce format par strips au format par planches au sein d'un album a des conséquences sur la narration<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv (Modèle:Heure).</ref>. Â cette occasion, Hergé opère une série de modifications qui peuvent être significatives, tant pour le dessin que sur le plan du récit<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref>Modèle:Citation Modèle:Citation Modèle:Harv (3 min 30 s).</ref>. Ainsi, certaines cases sont modifiées : l'intérieur de l'appartement de l'explorateur Marc Charlet fait simultanément l'objet d'un recadrage arrière et d'un élargissement, ce qui fait qu'une case occupe désormais l'équivalent de deux<ref group="7BC">Comparer Modèle:Harvsp et Modèle:Harvsp.</ref>,<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Par ailleurs, des séquences entières sont retranchées : la mésaventure de Milou tombant dans une mare en chemin vers Moulinsart disparaît tout simplement<ref group="7BC">Comparer les strips H3 et H4 de Modèle:Harvsp et Modèle:Harvsp.</ref>. De même, dans la première version, une médaille était déposée auprès de chaque victime en même temps que la boule de cristal, comme pour accentuer la dimension religieuse de la vengeance inca. Ce détail est supprimé dans la version finale afin de maintenir le suspense et de renforcer le côté romanesque de l'aventureModèle:Sfn. Plus rarement enfin, des séquences sont ajoutées : lorsque Tintin, accompagné de Haddock et de Tournesol, se présente à la grille de la maison du professeur Bergamotte<ref group="MBC">strip H83 in Modèle:Harvsp</ref>, deux cases sont ajoutées<ref group="7BC">Modèle:Nobr, Modèle:Nobr in Modèle:Harvsp.</ref> afin d'amplifier la présence policière assurant la sécurité de ce dernier<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.

De fait, Hergé cherche à tirer profit de ce changement de format pour encore dynamiser ou mieux expliciter son récit. Il crée par exemple de grandes cases spectaculaires<ref group="h">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref> : la case de l'album la plus emblématique de ce changement, et que Philippe Goddin qualifie de Modèle:CitationModèle:Sfn, est celle où le capitaine Haddock apparaît sur scène au milieu de la représentation du numéro de l'illusionniste Bruno. Elle occupe désormais l'équivalent d'une demi-planche<ref group="7BC">Modèle:Harvsp.</ref> alors qu'elle n'occupait précédemment que l'espace d'une case de taille normale dans le Modèle:Nobr<ref group="MBC">Modèle:Harvsp.</ref>. Par ce procédé purement graphique, l'Modèle:Citation est alors proprement Modèle:CitationModèle:Sfn.

Par ailleurs, Hergé procède à un certain Modèle:Citation entre les deux versions pour donner à son héros un caractère plus international. Ainsi, dans la version originale, le taxi de l'explorateur Marc Charlet passe devant le Métropole, un des plus prestigieux palaces bruxellois, dont le nom est finalement effacé dans la version définitive<ref name="masson mythe">Modèle:Chapitre.</ref>.

Procédés narratifs récurrents

Ce nouveau récit est en continuité avec le style des précédents albums jusque dans ses tics narratifs, qui sont autant de facilités : ainsi, Hergé entame son histoire par un résumé au moyen d'une coupure de presse, un procédé que Pierre Assouline qualifie de Modèle:CitationModèle:Sfn. Il s'agit d'un procédé largement utilisé par l'auteur dans ses œuvres, Assouline soulignant Modèle:Citation, que ce soit en tant qu'introduction à son récit, comme dans Le Secret de La Licorne<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, ou afin de le relancer, comme dans Le Trésor de Rackham le Rouge, pour expliquer la venue de prétendus descendants du pirate<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Dans L'Oreille cassée, la coupure de journal est même remplacée par un poste de radio<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Ce parti-pris d'Hergé en faveur de l'importance de l'information, qui fait souvent progresser l'action, se retrouve donc dans la plupart des albums<ref>Modèle:Article.</ref> : jeune reporter qui n'écrit jamais, Tintin n'en est pas moins un journaliste au sens de l'information affûté. Ainsi la focalisation sur un article de journal en pleine vignette permet d'opérer la soudure narrative entre deux séquences du récit, tout en renforçant sa dramaturgie. Dans la première vignette de la Modèle:22e, l'assemblage graphique de plusieurs titres à la une de journaux, appuyé par la brève radiophonique entendue par le capitaine Haddock dans la case suivante, accélère le rythme du récit tout en accentuant son réalisme<ref name="porret">Modèle:Article.</ref>. Les phénomènes médiumniques, relativement présents dans les Aventures de Tintin, répondent au même objectif. Ainsi, en annonçant que les membres de l'expédition Sanders-Hardmuth sont sous le coup d'une malédiction, la voyante, Madame Yamilah, fait le récit d'une situation contemporaine à l'action mais inaccessible dans un régime de communication sensoriel normal, tout autant qu'elle permet une certaine Modèle:Citation<ref name="rime">Modèle:Article.</ref>.

Plus largement, la première planche des Sept Boules de cristal suit la même construction que celle de la plupart des autres albums de la série : Tintin mène une activité banale, en l'occurrence un voyage en train pour rendre visite au capitaine Haddock à Moulinsart, avant d'être soudainement détourné de cette activité par l'apparition d'un élément imprévu et chargé de mystère, dans ce cas la prophétie du passager anonyme quant à l'éventuelle malédiction des membres de l'expédition Sanders-Hardmuth<ref name="kovaliv">Modèle:Ouvrage.</ref>. Pour autant, l'auteur varie ses habitudes dans la mesure où cet élément mystérieux n'entraine pas de modification immédiate dans le comportement du héros<ref name="kovaliv"/> : Tintin poursuit son voyage et il faut attendre la Modèle:17e pour qu'il soit enfin confronté à l'étrange épidémie qui figure au cœur de l'intrigue<ref name="marion">Modèle:Article.</ref>. De même, la dernière case de la planche ne s'achève par aucun questionnement ni effet de surprise : elle ne suscite aucune attente spécifique et ne contient aucun indice qui permette au lecteur d'envisager la suite du récit.

Enfin, dans la continuité du Secret de La Licorne et du Trésor de Rackham le Rouge, Hergé conçoit un nouveau diptyque : Les Sept Boules de cristal constituent le premier volet d'un récit qui s'étale sur deux albums et trouve son prolongement dans Le Temple du Soleil. D'une part, ce procédé lui permet de Modèle:Citation, selon l'expression de Benoît PeetersModèle:Sfn, tout en étant un moyen de contourner les exigences de son éditeur quant au format contraint de la publication en albumModèle:Sfn. Une nuance apparaît néanmoins entre ces deux diptyques. Si Le Secret de La Licorne forme un tout cohérent et homogène, au terme duquel le lecteur peut accepter d'en rester là car de nombreux éléments sont résolus bien que les fils de l'intrigue ne soient pas définitivement dénouée, le récit des Sept Boules de cristal laisse tout en suspens. À la fin de l'album, Tintin et le capitaine savent où est retenu le professeur Tournesol, mais, comme le lecteur, ils ignorent encore qui le retient, par quels moyens, et dans quel but. Plus encore que dans le diptyque précédent, cette fin qui n'en est pas une apparaît comme une franche invitation au lecteur<ref name="kovaliv"/>.

L'humour pour faire retomber la tension

L'album offre un côté mystérieux et inquiétant prononcé. Aussi Hergé l'émaille-t-il de gags dans le but de tempérer la tension du lecteur, comme le souligne le journaliste Tristan Savin : Modèle:Citation L'humour est donc présent dès le début du récit.

Fresques montrant plusieurs personnages des Aventures de Tintin sur les murs d'une gare de métro.
Nestor rattrapant le contenu de son plateau, sur un mur de la station Stockel (métro de Bruxelles) du métro bruxellois.

L'apparition du capitaine Haddock sur la deuxième planche est l'occasion d'un gag en deux temps appartenant au domaine du burlesque<ref group="g">Modèle:Chapitre.</ref>. Après avoir annoncé à Tintin que Modèle:Citation, Nestor confirme à la case suivante, tandis que l'animal se présente seul, Modèle:Citation, pour constater finalement avec flegme, Modèle:Citation, tandis que Haddock arrive à pied, visiblement commotionné par une chute<ref group="7BC">Gag présent des Modèle:Nobr de la Modèle:Nobr, Modèle:Nobr in Modèle:Harvsp.</ref>. Plus loin, l'entrée de Tintin, Milou et Haddock au château est l'occasion d'un nouveau gag, Modèle:Citation, qui appartient au domaine du « comique visuel » et dont Tristan Savin salue le Modèle:Citation<ref name="comique visuel" group="g"/>. Nestor, qui porte un plateau chargé de boissons, est bousculé par la poursuite entre Milou et le chat de la maison. Il effectue sur plusieurs cases un numéro d'acrobate, contrarié par le retour final de Milou qui fait chuter au sol le contenu du plateau<ref group="7BC">Modèle:Nobr in Modèle:Harvsp.</ref>. Hergé emprunte en fait ce gag à une histoire parue quelques années plus tôt dans l'hebdomadaire Le Blé qui lève, une publication de l'Association Catholique de la Jeunesse Belge, qui montrait un majordome tombant dans un escalier tout en réussissant à sauvegarder le contenu de son plateau. Hergé y ajoute néanmoins la chute finale de NestorModèle:Sfn.

Le parterre d'une salle de théâtre vue de la scène.
Le Théâtre royal des Galeries, modèle du music-hall dans lequel se joue une série de gags dont le capitaine Haddock est le plus souvent la victime.

Bien d'autres gags sont présents dans l'album, qui font le plus souvent intervenir le capitaine, comme lorsqu'il ouvre la porte sur le nez de Nestor qui regardait par le trou de la serrure<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr Modèle:Nobr Modèle:Nobr.</ref>, ou lorsque, victime d'une hallucination, conséquence de son ivresse, il croit voir le portrait peint de Tournesol s'animer<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr.</ref>. Les nombreuses insultes qu'il profère tout au long de l'album enrichissent également le registre comique du récit<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr Modèle:Nobr Modèle:Nobr.</ref>, tout comme la séquence des coulisses du music-hall, quand Haddock et Tintin cherchent à regagner leur place, l'une des plus hilarantes de l'album selon l'historien de la bande dessinée Thierry Groensteen, et qui rappelle les scènes du film Silence, on tourne ! de Clyde Bruckman et Harold Lloyd, sorti en 1932Modèle:Sfn. Ainsi, Hergé déploie toute une palette de formes d'humour : non-sens britannique, quiproquo ou encore jeux de mots<ref group="g">Modèle:Chapitre.</ref>. Il se plait parfois à rabaisser le capitaine, quand le verre d'aguardiente proposé par Alcazar s'avère trop fort pour lui Modèle:Incise, de même que quelques planches plus loin la poignée de main du professeur Bergamotte est trop serréeModèle:Sfn.

Une comparaison de l'album avec la prépublication sous forme de strips fait néanmoins apparaître qu'Hergé a procédé au retrait d'un certain nombre de scènes comiques de son histoire entre les deux versions. Ainsi, la scène de voyance au music-hall est incomplète dans l'album car à l'origine, la voyante Yamilah révélait que le capitaine possédait une bouteille de whisky dans une de ses poches et une réserve de monocles dans l'autre<ref group="MBC">strip H28 in Modèle:Harvsp.</ref>, et celui-ci s'en trouvait ridiculisé devant l'hilarité de la salle<ref name="gags oubliés" group="g">Modèle:Chapitre.</ref>.

De même, un gag où l'on voyait un policier dresser un procès-verbal à Tintin qui avait marché sur la pelouse en poursuivant un bandit<ref group="MBC">strip H76 in Modèle:Harvsp.</ref> disparaît de l'album car certainement Modèle:Citation, selon l'analyse de Daniel Couvreur<ref name="gags oubliés" group="g"/>. Ce dernier en conclut que Modèle:Citation sur la comédie, Hergé souhaitant probablement Modèle:Citation, bien que ceci doive se faire au détriment de l'humour<ref name="gags oubliés" group="g"/>.

Le fantastique au cœur du récit

Hergé et le paranormal

Tableau montrant un groupe de personnes s'affairant autour d'une femme plongée en état hypnotique.
Une séance d'hypnose sur un tableau de Richard Bergh, en 1887.

Une des caractéristiques des Sept Boules de cristal est que le fantastique constitue le cœur du récit<ref name="delcroix"/>. L'album concentre en effet les phénomènes paranormaux : voyance, hypnose, malédiction, envoûtement ou encore radiesthésieModèle:Sfn. Il ne s'agit pourtant pas d'une nouveauté dans l'œuvre d'Hergé, comme le souligne le critique Frédéric Soumois, qui indique que l'auteur intègre Modèle:Citation<ref name="soumois" group="e">Modèle:Chapitre.</ref>. Pour Philippe Marion, cette part d'hésitation répond bien à la définition du fantastique avancée par Tzvetan Todorov dans son Introduction à la littérature fantastique<ref name="marion"/>,<ref group="Note">Tzvetan Todorov distingue le fantastique du merveilleux par l'hésitation qu'il produit entre le surnaturel et le naturel, le possible ou l'impossible et parfois entre le logique et l'illogique.</ref>. Ainsi le genre est déjà présent dans les albums précédents, à travers la « prédiction » faite à Tintin par le khouttar dans Les Cigares du pharaon, les tours de fakirs dans ce dernier album puis dans Le Lotus bleu, les mutations que subissent les êtres vivants au contact d'un métal extra-terrestre dans L'Étoile mystérieuse, l'utilisation d'un pendule par le professeur Tournesol dans Le Trésor de Rackham le Rouge ou même les diablotins emportant les ennemis morts de Tintin dans L'Oreille cassée, pour ne citer qu'eux<ref name="soumois" group="e"/>. Des auteurs comme le critique littéraire François Rivière insistent sur un certain Modèle:Citation qui serait propre à l'œuvre d'Hergé<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, et certains observateurs décrivent un intérêt profond de la part du dessinateur pour ce domaine<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, intérêt parfois même qualifié d'Modèle:Citation par François Rivière<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.

De fait, l'introduction du fantastique dans Les Sept Boules de cristal est au service d'interrogations intimes que l'auteur se pose. La première porterait, selon Harry Thompson, sur Modèle:CitationModèle:Sfn qui tiendrait de façon immédiate au contexte de guerre mondiale et dont l'apparition nocturne de Rascar Capac chez le professeur Bergamotte serait un symbole manifeste<ref name="embs" group="e">Modèle:Chapitre.</ref>. Mais d'après François Rivière, c'est également sa place de mortel dans le monde qu'Hergé interrogerait : Modèle:Citation. Sur ce dernier point, Hergé évoque ainsi un souvenir d'enfance remontant au décès de son grand-père maternel et qui le hante au point d'en avoir réalisé une esquisse : le dessinateur est persuadé d'avoir aperçu une tête de mort à la fenêtre lors de la veillée mortuaire<ref name="goddin" group="e">Modèle:Chapitre.</ref>. Plusieurs chercheurs, comme Philippe Goddin, s'accordent à penser que cet évènement aurait pu être le véritable élément fondateur de l'histoire des Sept Boules de cristal<ref name="grand-père">Modèle:Citation Modèle:Harv (Modèle:Heure).</ref>,<ref name="goddin" group="e"/>.

Une immersion progressive au long de l'album

Gravure en noir et blanc présentant un intérieur du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle dans lequel circule une boule de feu à la vue d'une famille affolée.
Une gravure de 1886 illustrant le phénomène de foudre en boule, comme celui qui frappe la momie de Rascar Capac.

La spécificité des Sept Boules de cristal est que l'auteur verse plus franchement qu'il ne l'a jamais fait vers le fantastique, probablement du fait de l'influence d'Edgar P. Jacobs et de Jacques Van Melkebeke dans l'écriture du scénario<ref name="fantastique" />. De fait, l'ouvrage est volontiers décrit comme le Modèle:Citation<ref name="delcroix"/>.

Le thème du fantastique fait l'objet d'une lente progression dans l'album, accumulant les péripéties étranges pour atteindre un sommet lors d'un épisode de cauchemar collectif. En effet, l'étrange est convoqué dès la première ligne de la première planche, comme le remarque l'historien Jean-Marie Embs : Modèle:Citation Ce voyageur met en garde Tintin et dénonce les fouilles entreprises par l'expédition Sanders-Hardmuth au Pérou, évoquant pour cela les mystérieuses morts parmi les découvreurs du tombeau de Toutânkhamon<ref name="Toutânkhamon" group="h"/> : Modèle:Citation<ref group="7BC">Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr Modèle:Harv.</ref>. Plus loin, Hergé fait retomber la pression en mêlant l'étrange et le ridicule lorsque le capitaine Haddock se propose de transformer de l'eau en vin, voulant ainsi reproduire la prestation d'un prestidigitateur<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.

Mais peu après, le récit dépasse l'étrange pour tomber du côté du fantastique lors d'une séquence au music-hall : une voyante, Madame Yamilah, maintenue en état d'hypnose par le fakir Ragdalam, annonce que les membres de l'expédition ethnographique sont sous le coup d'une malédiction, en premier lieu le cinéaste Clairmont dont la femme est présente dans la salle, ce qui provoque l'émoi du public<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr.</ref>. Dès lors, le récit bascule vers le paranormal et ne le quittera plus<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Selon Frédéric Soumois, Modèle:Citation. Pour le philosophe Jean-Luc Marion, le music-hall et le temple du Soleil dans le deuxième album se répondent comme deux lieux clos où l'obscurité Modèle:Citation, de sorte que naît la confusion entre le monde illusoire et le monde réel<ref>Modèle:Article.</ref>. Par ailleurs, le thème de l'hypnose, lancé à ce moment par Hergé, traverse finalement l'histoire puisqu'il réapparaît plus tard avec la léthargie dont souffrent les membres de l'expédition et dont ils ne sont libérés qu'à la fin du Temple du Soleil<ref name="langlois" group="e">Modèle:Chapitre.</ref>.

La tension s'accroît donc au fil du récit, en même temps que s'intensifient les phénomènes étranges. Elle atteint un sommet lors de l'épisode chez le professeur Bergamotte, dans une séquence qui est selon Jacques Langlois Modèle:Citation L'épisode suit une progression : plus la nuit approche, plus la peur s'amplifie chez les protagonistes et en particulier chez le professeur Bergamotte : Modèle:Citation En effet, lui qui riait d'un rire tonitruant devant la momie<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref> finit par se liquéfier sur son siège sous l'effet de la peur après que celle-ci s'est volatilisée<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>. Enfin, le dernier élément fantastique de l'épisode, et dont on ne sait finalement s'il s'agit de cauchemar ou de réalité, réside en une séquence clairement inspirée des œuvres de Gaston Leroux ou de l'écrivain belge Jean Ray, spécialisé dans le fantastique<ref name="embs2" group="e"/> : l'apparition dans le rêve de ses victimes de la momie de Rascar Capac qui, après avoir Modèle:Citation<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.</ref>, se meut et projette des boules de cristal sur eux. Pour Jean-Marie Embs, Hergé dépasse ici le fantastique pour Modèle:Citation<ref name="embs2" group="e"/>.

Pour Philippe Marion, la séquence des cauchemars Modèle:Citation et Modèle:Citation<ref name="marion"/>. Elle est d'autant plus troublante que le dessinateur se plait à leurrer son lecteur et à susciter chez lui une sorte d'hésitation : rien n'indique qu'il s'agit réellement d'un cauchemar dans la mesure où Hergé n'apporte aucun indice qui permette au lecteur de dépasser le premier degré de lecture<ref name="marion"/>. En guise de conclusion, Philippe Marion affirme que l'album Modèle:Citation. En ce sens, il affirme, comme d'autres spécialistes, que Les Sept Boules de cristal est le récit le plus fantastique de l'auteur car Modèle:Citation<ref name="marion"/>.

Le regard, vecteur du fantastique ?

Dans le cadre d'une étude sur la place de la bande dessinée dans la production fantastique belge, le professeur d'université Benoît Grevisse pose la question du regard comme vecteur du fantastique à travers le récit. Il décèle dans Les Sept Boules de cristal tout un travail sur ce thème, à travers le monocle du capitaine Haddock, la séance d'hypnose du fakir au music-hall ou encore le regard inexistant de la momie de Rascar Capac lors de ses inquiétantes apparitions. Pour Grevisse, dans la mesure où la ligne claire fait l'économie de nombreux traits, la présence du narrateur est particulièrement faible dans le visage des héros, ce qui laisse une forte possibilité d'investissement pour l'imaginaire du lecteur. Ainsi, la sobriété de l'expression des visages, et, partant, de leur regard, apparaît comme un terrain idéal pour le développement du fantastique<ref name="grevisse">Modèle:Article.</ref>.

Autres thèmes abordés

Thèmes récurrents et nouveautés

Le lecteur retrouve dans Les Sept Boules de cristal plusieurs thèmes communs aux autres albums de la série. Par exemple, Hergé recycle le thème de la malédiction déjà traité dans Les Cigares du pharaonModèle:Sfn, puis il inaugure à la fin de l'aventure, et plus encore dans son prolongement, Le Temple du Soleil, le mobile de la disparition d'un proche pour lancer son héros dans l'aventure. Ce thème est repris plus tard dans L'Affaire Tournesol, où le professeur est au centre d'une lutte entre des agents bordures et syldaves, puis dans Tintin au Tibet, quand le héros part à la recherche de Tchang<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. De même, il est notable que depuis Le Secret de La Licorne, Tintin délaisse l'engagement politique et l'intérêt collectif pour des enjeux d'ordre privéModèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> : l'Occupation allemande de la Belgique pousse l'auteur à s'éloigner du Modèle:Citation où se situait ses premières aventures. Le scénario des Sept Boules de cristal s'inscrit dans cette logique<ref name="van melk">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Sur un autre plan, Philippe Marion reconnaît dans la construction de l'intrigue Modèle:Citation, ce qu'il appelle Modèle:Citation, en référence au roman policier d'Agatha Christie<ref name="marion"/>. Ces éliminations successives créent une tension dramatique sur le sort de l'ultime rescapé, le professeur Bergamotte, que Tintin va tenter de préserver, en vain. Pour Philippe Marion, cette séquence narrative constitue le climax de l'intrigue<ref name="marion"/>. Hergé est le premier à introduire ce thème dans la bande dessinée, avant qu'il soit repris par certains de ses confrères de l'école de Bruxelles : Edgar P. Jacobs le développe avec la vengeance du Modèle:Dr dans La Marque jaune, et Jacques Martin le reprend à travers le châtiment de cinq généraux romains dans La Griffe noire<ref name="masson mythe"/>.

Pour Jean-Marie Apostolidès, l'album marque une évolution importante dans la série : Modèle:CitationModèle:Sfn. Il considère que les albums d'Hergé développent désormais leurs propres mémoires, et c'est ainsi que l'auteur convoque des personnages secondaires des précédentes aventures, comme le général Alcazar, Bianca Castafiore ou le professeur Cantonneau, un procédé qui permet de refermer l'univers de la série sur lui-même en lui apportant plus de cohérenceModèle:Sfn. Une double chronologie structure dorénavant les Aventures de Tintin : dorénavant, la chronologie propre à chaque album est ceinte dans la chronologie générale des épisodesModèle:Sfn.

Un récit initiatique

Selon Vanessa Labelle, qui étudie la représentation des phénomènes paranormaux dans l'œuvre d'Hergé, Les Sept Boules de cristal marque un tournant dans la série, dans la mesure où le fantastique, que l'auteur utilisait jusqu'alors à des fins scénaristiques et pour détendre ou captiver son lecteur, ajoute ici Modèle:CitationModèle:Sfn. Jean-Marie Apostolidès partage le même constat : si, selon lui, chaque aventure de Tintin peut être lue comme un roman initiatique, ce diptyque en est l'exemple le plus aboutiModèle:Sfn. Le climat de terreur mis en place tout au long du récit est propice à la Modèle:Citation du lecteur tant par son identification aux héros que par la peur qui, selon le psychanalyste Bruno Bettelheim, est formatrice pour le jeune lecteur<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,Modèle:Sfn.

En ce sens, la séquence nocturne dans la villa du professeur Bergamotte est édifiante : après l'orage et l'apparition de la boule de feu qui volatilise la momie de Rascar Capac, puis le cauchemar collectif des protagonistes, les personnages sont terrifiés, à l'image du capitaine Haddock qui en tombe de son lit ou du professeur Tournesol qui tremble de peur. Cette atmosphère noire, renforcée par le caractère onirique des évènements, est absente des albums précédents, si bien que le contenu macabre et mystérieux des Sept Boules de cristal, prolongé dans Le Temple du Soleil permet aux lecteurs d'en ressortir transformésModèle:Sfn.

Jean-Marie Apostolidès situe la première étape du voyage initiatique dans la séquence du music-hall. Tintin et Haddock Modèle:Citation et franchir pour cela plusieurs entrées interdites dans les coulisses. Le capitaine cherche à guider Tintin dans ces méandres mais il n'y parvient pas, et Modèle:Citation. Dans cet Modèle:Citation, le héros doit Modèle:Citation, et c'est à ce stade qu'il renoue avec le général Alcazar, ce dernier lui révélant plus tard la double identité de son partenaire ChiquitoModèle:Sfn. Apostolidès place la deuxième étape dans la séquence des boules de feu qui pénètrent dans la villa du professeur Bergamotte et marquent les héros, les désignant à l'aventure future, celle du Temple du Soleil où leur initiation se poursuitModèle:Sfn.

Le profane et le sacré

L'essayiste Jean-Marie Apostolidès considère que le diptyque formé par Les Sept Boules de cristal et Le Temple du Soleil est bâti sur l'opposition entre deux sociétés : l'une, celle des Incas, étant fondée sur le sacré et le refus du monde contemporain, l'autre, celle des Européens, sur le profane et l'ouverture au mondeModèle:Sfn. Le sémiologue Pierre Fresnault-Deruelle partage ce constat et voit la présence dans ce récit du phénomène du Modèle:Citation, dans la mesure où l'intrigue se réfère Modèle:Citation et pour lequel Modèle:CitationModèle:Sfn.

Apostolidès précise que Modèle:Citation, dont Modèle:Citation. Or, l'équilibre de cette société est rompu quand sept savants européens violent la sépulture de l'empereur Modèle:Nobr et en subtilisent la momie. De ce point de vue, Jean-Marie Apostolidès considère que les bijoux de la momie jouent le même rôle que le sceptre d'Ottokar dans l'album éponymeModèle:Sfn. Pour Pierre Fresnault-Deruelle, Modèle:CitationModèle:Sfn.

Un groupe de fidèles est donc chargé de retrouver la momie en Europe et d'accomplir la vengeance inscrite dans la prophétie inca pour rétablir l'équilibre. Pour le philosophe François Flahault, qui voit dans les boules de cristal Modèle:Citation et l'instrument du châtiment suprême, Modèle:Citation<ref name="flahault">Modèle:Article.</ref>. En agissant de la sorte, les vengeurs incas opèrent dans l'intérêt de leur camp, de même que les membres de l'expédition Sanders-Hardmuth pensent agir pour le bien et la connaissance. Pour Jean-Marie Apostolidès, Hergé semble choisir son camp : Modèle:Citation.

Mais au contact de la foudre, mis devant le fait accompli, le professeur Bergamotte abandonne ses réticences et finit vaincu par un mystère que ses connaissances seules ne peuvent expliquer. En ce sens, la fin du récit des Sept Boules de cristal apparaît comme Modèle:Citation, la magie des prêtres incas se montrant supérieure aux connaissances des scientifiques européens. C'est à cet univers que Tintin et le capitaine devront se confronter pour retrouver leur dans le deuxième volet du diptyqueModèle:Sfn.

Évolution des personnages

Visages de Tintin et Milou reproduit sur une enseigne.
Tintin et Milou sur l'enseigne du siège des éditions Le Lombard, à Bruxelles.

Dans cette aventure, Tintin Modèle:Citation, selon l'essayiste Jean-Marie Apostolidès qui précise que ce statut n'est possible qu'à condition que le héros évolue au sein d'un univers détaché de Modèle:CitationModèle:Sfn. Son fidèle compagnon, Milou, reste un personnage important qui contribue à faire avancer l'intrigue, comme lorsqu'il rapporte envers et contre tout le vieux chapeau trouvé sur les quais de La Rochelle et qui se révèle être celui de Tournesol<ref group="7BC" name="p60" />. De même, il fait l'objet de courtes séquences au sein de l'histoire, comme lorsque, fidèle à sa gourmandise légendaireModèle:Sfn, il va chercher un os malgré les balles qui fusent autour de lui<ref group="7BC">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr.</ref>, ou quand il se bat avec le chat du capitaine dans le hall du châteauModèle:Sfn, mais il perd tout de même une grande partie de son interaction avec Tintin, avec qui il n'a plus les échanges langagiers des premiers albums. Le critique et auteur de bande dessinée François Rivière remarque qu'Modèle:Citation<ref name="milou" group="g">Modèle:Chapitre.</ref>. Milou tend donc à devenir un chien comme un autre<ref>Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère) Modèle:Harv.</ref> qui, mis en concurrence avec HaddockModèle:Sfn, est devenu Modèle:Citation<ref name="milou" group="g"/>.

Photographie d'un monocle sur fond blanc.
Un monocle du début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Apparu plus tardivement dans la série, le capitaine tend à devenir un personnage central de la série. Les Sept Boules de cristal marque l'achèvement de sa mue, entre l'alcoolique pathétique qu'il était lors de sa rencontre avec Tintin dans Le Crabe aux pinces d'or et l'ami fiable et fidèle qu'il est devenu<ref>Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère) Modèle:Harv.</ref>. Son installation au château de Moulinsart à la fin de l'aventure précédente modifie profondément son style de vieModèle:Sfn. Tel que Tintin le rencontre au début de l'album, Haddock se rêve en châtelain et se conduit en nouveau richeModèle:Sfn : il porte désormais le monocle et des costumes élégants, monte à cheval et possède une belle voitureModèle:Sfn. De même, il remplace sa vieille pipe par des havanes, préfère un cocktail préparé par Nestor plutôt que son habituel whisky, et s'adresse à Tintin avec un certain snobisme, lui donnant du Modèle:Citation et l'invitant au music-hallModèle:Sfn. Mais pour Jean-Marie Apostolidès, ce changement est trop éloigné du personnage pour être crédible et le capitaine n'est pas à l'aise dans le rôle qu'il se donne : incapable de rester en selle sur son cheval, il ne cesse de briser son monocle, ce qui oblige son domestique Nestor à en posséder une réserveModèle:Sfn. Au reste, il n'a pas besoin, de toute évidence, de ce monocle, mais il affecte pourtant de ne pas reconnaître Tintin avant d'en avoir chaussé un de rechange : ces grands airs sonnent faux, et prêtent avant tout à rireModèle:Sfn. Aussi, dès qu'il s'agit de sauver son ami le professeur, Haddock abandonne ses nouveaux attributs pour retrouver son élément originel et sa vieille tenue du marinModèle:Sfn.

Sur un autre plan, l'animalité du capitaine est questionnée dans cet album<ref name="bourion">Modèle:Article.</ref>, et la fusion entre l'humain et l'animal prend tout son sens dans la séquence du music-hall. Pénétrant dans les coulisses, le capitaine et Tintin cherchent à regagner leurs sièges avant le spectacle de Bruno l'illusionniste, dont Haddock veut percer le mystère. Le capitaine déclenche alors une série de catastrophes à la suite desquelles il s'effondre dans la fosse d'orchestre, coiffé d'une tête de vache. Sous ce masque, il apparaît tel le Minotaure et opère ainsi une régression jusqu'au stade animal, selon l'expression de Jean-Marie ApostolidèsModèle:Sfn. Pour la chercheuse Sylveline Bourion, l'ensemble de cette scène à la limite du surréalisme révèle la personnalité du capitaine, à l'image du mur de briques qu'il heurte violemment en ouvrant une fausse porte indiquant la buvette et qui agit comme un renvoi à sa dépendance alcoolique dont il ne peut guérir<ref name="bourion"/>. Une fois transformé en Minotaure, Haddock se lance dans une course folle qui met en lumière ses principaux traits de caractère : la brutalité, l'impulsivité et le manque de contrôle<ref name="bourion"/>. Sa volonté de répéter le miracle de Bruno l'illusionniste, capable de changer l'eau en vin, apparaît comme un rêve de toute-puissance : Modèle:Citation.

Le professeur Tournesol acquiert dans cet épisode une fonction qu'il ne possédait pas dans l'album précédent, celle de Modèle:Citation<ref group="Note">C'est la seconde aventure de Tintin où apparaît le professeur Tournesol après Le Trésor de Rackham le Rouge. Ce rôle de catalyseur culminera par la suite dans l'album L'Affaire Tournesol.</ref> qu'il remplit en étant la cible de la vengeance inca. Pour François Rivière, Modèle:Citation. Par ailleurs, Jean-Marie Apostolidès considère l'enlèvement du professeur comme un Modèle:Citation qui lui permet à terme d'appartenir au cercle familial formé par Tintin, Milou et le capitaine HaddockModèle:Sfn.

Enfin, le général Alcazar effectue son retour dans la série, bien des années après L'Oreille cassée. Chassé du pouvoir et contraint à l'exil, il en est réduit à gagner sa vie comme artiste : Modèle:Citation.

Adaptations et postérité

Hommages

Photographie d'une place avec des installations portuaires à l'arrière-plan.
Une des vignettes géantes, installée sur le quai du Commerce à Saint-Nazaire.

Un circuit en sept étapes, issu d'un projet lancé par l'association « Les 7 soleils » et son président Jean-Claude Chemin en 1992<ref>Modèle:Lien web.</ref>, rend hommage aux Sept Boules de cristal à travers la ville de Saint-Nazaire, où Hergé situe une partie de son intrigue<ref name="st naz">Modèle:Chapitre.</ref>. Six vignettes géantes, extraites de l'album et reproduites sur du métal émaillé, sont disposées dans différents lieux, principalement autour des quais. Une table d'orientation, conçue par le plasticien nazairien Jérôme Besseau et installée près du phare du vieux Môle, montre les directions des différents ports et autres lieux maritimes visités par Tintin au cours de ses aventures<ref name="st naz"/>.

De Modèle:Date- à Modèle:Date-, le Musée du Cinquantenaire à Bruxelles accueille l'exposition « Au Pérou avec Tintin » qui propose aux visiteurs un parcours présentant les vestiges archéologiques et les objets d'art qui ont inspiré Hergé dans la création du diptyque inca, en particulier la momie qui sert de modèle à celle de Rascar Capac<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Cette même exposition se tient au Musée de la civilisation de Québec entre Modèle:Date- et Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Une partie des objets présentés lors de ces deux expositions le sont aussi au Musée d'ethnologie de Leyde, aux Pays-Bas, qui accueille une exposition consacrée au diptyque inca de Modèle:Date- à Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

En 2019, Frédéric Cordier réalise le documentaire intitulé Tintin et le mystère de la momie Rascar Capac, co-écrit par Philippe Molins et diffusé sur Arte et la RTBF. Le film montre l'enquête menée par Serge Lemaitre, conservateur de la collection « Amérique » du Musée Art et Histoire de Bruxelles, et par l'archéologue Caroline Tilleux pour tenter de retrouver l'identité de la momie qui a inspiré celle de Rascar Capac<ref name="documentaire">Modèle:Lien web.</ref>. Co-produit par Un film à la patte, Panoramique Terre Productions, Moulinsart, Arte et la RTBF, avec le soutien du Centre national du cinéma et de l'image animée, de la région Grand Est et de la Procirep, ce documentaire intègre la sélection de plusieurs festivals et reçoit le Prix Jules Verne du Festival du film d'archéologie d'Amiens en 2020<ref name="documentaire"/>. Bien qu'il montre l'ensemble du travail d'investigation archéologico-médico-légale mené par les deux spécialistes, le réalisateur ne s'attarde pas en revanche sur le processus de création de l'œuvre d'Hergé<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Radio

Entre 1959 et 1963, la radiodiffusion-télévision française présente un feuilleton radiophonique des Aventures de Tintin de près de Modèle:Unité, produit par Nicole Strauss et Jacques Langeais et proposé à l'écoute sur la station de radio France II-Régional<ref group="Note">Chaîne de radio dont la fusion avec France I entre octobre et décembre 1963 aboutit à la création de la station France Inter.</ref>. La diffusion des Sept Boules de cristal s'étale sur Modèle:Unité d'une dizaine de minutes et débute le Modèle:Date- pour prendre fin le Modèle:Date- suivant<ref name="ina">Modèle:Lien web.</ref>. Dans cette adaptation réalisée par Jean-Jacques Vierne, sur une musique de Vincent Vial, Maurice Sarfati intervient dans le rôle de Tintin, Jacques Hilling interprète le capitaine Haddock, tandis que Jacques Dufilho prête sa voix au professeur Tournesol, Henri Virlogeux à Nestor, Caroline Cler à la voyante et à Bianca Castafiore, Jean Carmet et Jean Bellanger aux Dupondt. Cette adaptation est ensuite distribuée sous la forme d'un disque 33 tours aux éditions Pathé Marconi<ref>Lire la présentation sur Modèle:Lien web.</ref> puis rediffusée en Modèle:Date- sur France Culture dans le cadre de la « Nuit spéciale Tintin »<ref>dont la présentation est disponible sur Modèle:Lien web.</ref>.

En 2017, une nouvelle adaptation radiophonique est enregistrée puis diffusée par France Culture, en coproduction avec la Comédie-Française et la société Moulinsart. L'adaptation en quatre épisodes est signée par Katell Guillou et réalisée par Benjamin Abitan sur une musique d'Olivier Daviaud, orchestrée par Didier Benetti pour l'Orchestre national de France. Tintin est interprété par Noam Morgensztern, le capitaine Haddock par Thierry Hancisse et le professeur Tournesol par Denis Podalydès, tandis que Sophie Bissantz et Élodie Fiat assurent les bruitages<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Cinéma et télévision

Photographie de l'acteur en smoking.
Jean Reno est pressenti pour incarner le capitaine Haddock dans une adaptation cinématographique en 1995, un projet finalement avorté.

Il existe plusieurs adaptations animées de l'album. En 1969, les studios Belvision produisent un long métrage d'animation, Tintin et le Temple du Soleil, qui reprend la trame de cet album et du suivant. Réalisé par Eddie Lateste, il fait intervenir Philippe Ogouz dans le rôle de Tintin, Claude Bertrand dans celui du capitaine Haddock, Alfred Pasquali dans celui du professeur Tournesol ou encore André Valmy dans celui du professeur Bergamotte<ref name="mag tintino">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 1992, une nouvelle série animée est produite en collaboration par le studio français Ellipse et la société d'animation canadienne Nelvana<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref name="mag tintino"/>. Réalisée par Stéphane Bernasconi, cette série est diffusée sur France 3 à partir du Modèle:Date- et rencontre un certain succès d'audience. Comme la plupart des aventures adaptées dans cette série, l'histoire des Sept Boules de cristal s'étale sur deux épisodes<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

En 1995, le producteur Claude Berri et le réalisateur Alain Berberian, qui a connu le succès avec son film La Cité de la peur, cherchent à monter une superproduction française adaptée du diptyque Les Sept Boules de cristal-Le Temple du Soleil et destinée à rivaliser avec le cinéma américain. Le projet, validé par les ayants droit de la série, s'appuie sur un large budget de Modèle:Nombre (environ Modèle:Nombre en Modèle:PREVIOUSYEARModèle:Inflation-info)<ref name="AdaptationsLive">Modèle:Lien web.</ref>. Jean Reno est pressenti pour le rôle du capitaine Haddock, Darry Cowl pour celui du professeur Tournesol et Sami Frey en roi des Incas<ref name="AdaptationsLive"/>. Le projet finit par être abandonné car Berri et Berberian sont en désaccord sur leur choix de Tintin, le premier réclamant une vedette trentenaire tandis que le second désire un jeune inconnu entre dix-sept et vingt ans, qu'ils n'ont de toute façon pas trouvé malgré de très nombreuses auditions<ref name="AdaptationsLive"/>. Claude Berri s'oriente finalement sur la première adaptation en prise de vues réelles d’Astérix, Astérix et Obélix contre César, qui sort en 1999<ref name="AdaptationsLive"/>.

En 2011, lors de la sortie du film Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne, réalisé par Steven Spielberg, le scénariste Anthony Horowitz annonce que le deuxième film de la « trilogie Tintin » doit reprendre la trame de ce diptyque, une affirmation cependant réfutée quelques semaines plus tard<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 2015, l'acteur Jamie Bell, qui incarne Tintin dans le premier volet, affirme que ce « Tintin 2 » est encore en projet et que le tournage pourrait débuter à la fin de l'année 2016<ref>Modèle:Lien web.</ref>, un tournage cependant repoussé. En 2019, Benoît Mouchart, directeur éditorial de Casterman, annonce qu'un deuxième volet doit bien être réalisé par Peter Jackson, mais confirme que l'adaptation du diptyque inca n'est plus d'actualité<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Autres adaptations

Photographie d'un homme portant un costume brillant.
Vincent Heden interprète Tintin dans une comédie musicale inspirée en partie de cet album.

Par ailleurs, le diptyque inca fait l'objet en 1997 d'une adaptation en jeu vidéo sous le titre Tintin : Le Temple du Soleil. Le jeu, édité par Infogrames, est jouable sur Windows, Game Boy, Super Nintendo et Game Boy Color<ref>Modèle:Lien web.</ref>. L'adaptation est plutôt fidèle et le scénario suit la trame des deux histoires<ref name="jeu vidéo">Modèle:Lien web.</ref>. Il s'agit d'un jeu de plates-formes puisque le joueur déplace Tintin au sein de différents tableaux correspondant à certains épisodes de l'album, ces phases étant entrecoupées de séquences animées qui permettent au joueur de se situer au sein du scénario<ref name="jeu vidéo"/>. Le jeu fait l'objet d'une critique assez positive de la part de la presse spécialisée, la rédaction de Jeuxvideo.com lui attribuant la note de 14/20<ref name="jeu vidéo"/>.

En 2001, Les Sept Boules de cristal et Le Temple du Soleil font l'objet d'une adaptation sous forme d'une comédie musicale, Tintin : Le Temple du Soleil, d'abord présentée dans sa version néerlandaise sous le titre Modèle:Lang, au Modèle:Lang d'Anvers en Belgique<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref name="comédie musicale">Modèle:Lien web.</ref>, puis dans sa version francophone au Palais des Beaux-Arts de Charleroi au début de l'année suivante<ref name="comédie musicale"/>, sur un texte de Didier van Cauwelaert. La mise en scène du spectacle est assuré par Frank Van Laecke, sur une musique orchestrée par Dirk Brossé<ref name="comédie musicale"/>.

Dans sa version néerlandophone, le rôle de Tintin est interprété par Tom Van Landuyt, tandis qu'il est joué par Vincent Heden dans la version française<ref name="comédie musicale"/>. Le spectacle reçoit un accueil positif de la part de la presse comme du public, les représentations anversoises attirant au total Modèle:Unité<ref name="comédie musicale"/>. Frédéric Seront, journaliste du quotidien La Dernière Heure, le journaliste de La Dernière Heure, le présente comme Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Le spectacle, qui devait également être produit en France est finalement annulé<ref>Modèle:Lien web.</ref> après plusieurs reports pour des raisons financières et techniques<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Notes et références

Notes

<references group="Note" />

Références

  • Vanessa Labelle, La représentation du paranormal dans les Aventures de Tintin, 2014 :

Modèle:Références

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Modèle:Références

  • Tintin et les forces obscures, 2013 :

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  • Le rire de Tintin, les secrets du génie comique d'Hergé, 2014 :

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Modèle:Références

  • Geoffroy Kursner, Hergé et la presse, 2021 :

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  • Cyrille Mozgovine, De Abdallah à Zorrino, Dictionnaire des noms propres de Tintin, 1992 :

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  • Autres références :

Modèle:Références

Renvois aux albums d'Hergé

  • Version de prépublication des Sept Boules de cristal, citée dans Modèle:Harvsp :

Modèle:Références

  • Version en album des Sept Boules de cristal :

Modèle:Références

Annexes

Modèle:Article audio

Bibliographie

Albums d'Hergé et ouvrages consacrés aux Sept Boules de cristal

Ouvrages sur l'œuvre d'Hergé

Ouvrages sur Hergé

Autres supports de documentation

Lien externe

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