Vol 714 pour Sydney

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Modèle:Infobox Bande dessinée Vol 714 pour Sydney est le vingt-deuxième album de la série de bande dessinée Les Aventures de Tintin, créée par le dessinateur belge Hergé. L'histoire est d'abord pré-publiée du Modèle:Date au Modèle:Date dans les pages du journal Tintin, avant d'être éditée en album aux éditions Casterman en 1968.

Résumé

En route pour un congrès d’astronautique à Sydney, Tintin, son chien Milou, le capitaine Haddock et le professeur Tournesol retrouvent, lors d’une escale sur l'aéroport de Kemayoran à Jakarta, Szut, un pilote estonien qu’ils avaient rencontré dans Coke en stock. Celui-ci leur présente son patron Carreidas, un constructeur d’avions milliardaire (mais ayant également des intérêts dans d’autres secteurs : pétrole, électronique, cola, etc.), qui se rend comme eux à Sydney. Il leur propose de les y amener à bord de son tout nouvel avion d'affaires, le Carreidas 160. Pendant le vol, alors que le capitaine Haddock et Carreidas disputent une partie de bataille navale au cours de laquelle le milliardaire triche de manière éhontée, l’avion est détourné par des hommes armés, infiltrés dans l’entourage du milliardaire : Spalding, le secrétaire de Carreidas ; Paolo Colombani, le copilote de Szut et Hans Boehm, le radio-navigant. Ces trois derniers obligent l’avion à atterrir sur l'île volcanique (imaginaire) de Pulau-Pulau Bompa, fréquentée par des révolutionnaires sondonésiens qui réclament l'indépendance de leur pays (imaginaire lui aussi).

Après un atterrissage délicat, Carreidas est attendu de pied ferme par l'ennemi juré de Tintin, Rastapopoulos (qui s’était fait passer pour mort à la fin de Coke en stock) et Allan Thompson, son bras droit. Rastapopoulos désire obtenir l’accès au compte suisse du richissime industriel, et n’hésite pas à utiliser un « sérum de vérité » administré par le docteur Krollspell qu'il a recruté pour l'occasion. Néanmoins, le sérum ne fonctionne pas comme prévu et Carreidas commence à raconter ses souvenirs d'enfance, disputant à Rastapopoulos le titre de Modèle:Citation. Grâce à l'aide de Milou, les héros réussissent à s’échapper et à libérer Carreidas ; le docteur Krollspell se joint à eux après avoir appris que Rastapopoulos, sous l'emprise du sérum que Krollspell lui a injecté accidentellement au moment où il allait le frapper, avait prévu de l'éliminer.

photo blanc et noir
Une « soucoupe volante ».

Lors de leur fuite, Tintin entend des voix intérieures lui indiquant l'entrée d'une grotte où ils peuvent se réfugier alors qu'ils sont pourchassés par Rastapopoulos et ses hommes. À la vue d'un dessin à l'entrée représentant Modèle:Citation, les Sondonésiens refusent d'y pénétrer. La cavité est en fait l'entrée d'un temple souterrain où ils rencontrent Mik Ezdanitoff, un « initié », pratiquant la télépathie (c'est lui qui indiqua les instructions à Tintin). Le scientifique leur apprend la vraie nature du lieu : un endroit visité par les extraterrestres depuis des millénaires. Allan, envoyé par Rastapopoulos chercher du plastic afin de faire sauter une statue pour pénétrer dans le temple, revient la mâchoire éclatée par les Sondonésiens : ces derniers, effrayés par le volcan, se sont enfuis. Durant leur présence dans le temple, plusieurs séismes se produisent annonçant l'imminence de l'éruption du volcan situé sur l'île. L'explosion provoquée par les bandits accélère l'éruption et précipite l'évacuation des héros à l'aide d'une « soucoupe volante », tandis qu'Allan, Rastapopoulos et leurs complices fuient les coulées de lave jusqu'à ce qu'ils se mettent en sûreté dans le canot pneumatique de l'avion de Carreidas.

À bord de l'engin, Tintin et ses compagnons subissent un effacement de leurs souvenirs pour ne jamais révéler l’existence des extraterrestres et ils sont déposés sur le canot pneumatique du Carreidas 160, au large de l'île. Rastapopoulos, Allan et leurs complices, qui se trouvaient alors sur l'embarcation, sont emmenés par Ezdanitoff dans un endroit tenu secret – tous sauf le docteur Krollspell, qui est retrouvé complètement amnésique près de New Delhi, en Inde. Milou est le seul personnage à avoir conservé tous ses souvenirs. Fataliste, il se dit : Modèle:Citation La dernière vignette de l'album montre Tintin et ses compagnons embarquant à bord du vol 714 (qu'ils auraient dû prendre au début de l'album) pour se rendre à Sydney.

Création de l'œuvre

L'aventure est tardivement baptiséeModèle:Sfn. Hergé hésite entre plusieurs titres, comme Modèle:Citation ou Modèle:Citation, avant de choisir Vol 714 pour SydneyModèle:Sfn. Ce « vol 714 pour Sydney » du titre ne joue pourtant aucun rôle dans l'action : c'est la référence du vol que Tintin, Haddock et Tournesol auraient dû prendre au début de l'histoire (mais n'ont pas pris à la suite de la rencontre avec Carreidas), et prennent une fois le livre fini, pour se rendre au congrès d'aéronautique prévu au début<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Sources d'inspiration

Personnages

Fichier:Dassault, Marcel.jpg
Marcel Dassault, l'une des inspirations de Laszlo Carreidas.

Pour composer le personnage de Lazlo Carreidas, Hergé s’est librement inspiré de Marcel Dassault. Outre le rapport aux avions, le personnage a en commun avec son modèle une allure qui ne laisse pas deviner de prime abord sa nature de pilier du monde des affairesModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Mik Ezdanitoff, de la revue Comète, est quant à lui inspiré de Jacques Bergier, de la revue Planète. Hergé disait à son sujet Modèle:CitationModèle:Sfn. Hergé a aussi envisagé les noms « Jacques Gerbier » ou « Korsakoff »<ref>Mine de plomb recto-verso (54 x 36 cm) préparatoire des planches 45 et 46 de l'album Vol 714 pour Sydney, adjugée Modèle:Unité lors de la vente aux enchères Artcurial le 22 novembre 2008 à Paris.</ref>.

Malgré de très nombreuses demandes de ses admirateurs, Hergé s’est longtemps refusé à représenter l’un d’eux dans une aventure de Tintin. Vol 714 pour Sydney fait exception à cette règle. En effet, Hergé, touché par une lettre d'un lecteur nommé Jean Taussat (qui lui écrit sous le faux nom de Jean Tauré de Bessat), a accepté de représenter ce dernier sous les traits du journaliste qui interroge Tintin et ses compagnons à la fin de l'album<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Invention du Carreidas 160

Fichier:Logo Carreidas.svg
Logo de l'entreprise Carreidas, réunissant les quatre enseignes des jeux de cartes français, soit un carré d'as. Il est visible sur la dérive du jet.

Le Carreidas 160 est un avion triréacteur d’affaires pour quatre hommes d'équipage et dix passagers. À 12 000 mètres d'altitude, sa vitesse est de mach 2. Ses turboréacteurs Rolls-Royce Turbomeca totalisent 8 400 kilos de poussée<ref>Description faite de l'appareil par Laszlo Carreidas à la page 8 de l'album.</ref>. Sa voilure est à géométrie variable<ref>Vol 714 pour Sydney, Modèle:P..</ref>.

C'est à la demande d'Hergé que Roger Leloup, à l’époque collaborateur aux Studios Hergé et futur créateur du personnage de Yoko Tsuno, conçoit l'appareil. Ses premiers projets sont inspirés des jets américains Learjet, Jetstar et Gulfstream. La visite d’un « spécialiste » de l’aviation qui prétendait que l’avenir reposait sur la géométrie variable des ailes influença Hergé qui suggère à Leloup d'insérer cette solution dans son projetModèle:Refconf<ref name=Roger>Modèle:Lien web</ref>.

avions en vol vus du dessus avec le terrain survolé à l'arrière plan
Deux Mirages G, l'un avec les ailes dépliées, l'autre avec les ailes repliées.

La voilure à géométrie variable du Carreidas 160 présente la même solution pour voler à Mach 2 que le Mirage GModèle:Sfn qui effectua son premier vol en 1966<ref name="Modèles">Modèle:Lien web.</ref>. Le train d'atterrissage rappelle celui du Tupolev Tu-134<ref name="Modèles"/>. La propulsion par trois réacteurs évoque le petit Yakovlev Yak-40<ref name="Modèles"/>. Le Carreidas 160 dispose de réacteurs à postcombustion, que seuls le Concorde et le Tupolev Tu-144 ont eu parmi les avions civils<ref name="Modèles"/>. Les buses d'entrées d'air sont similaires à celles du Rockwell B-1 Lancer, un bombardier supersonique, alors en développement, qui possède lui aussi des ailes à géométrie variable<ref name="Modèles"/>. L'empennage en T est proche du Vickers VC10<ref name="Modèles"/>.

Toutefois, le cockpit n'a pas de siège dont le dossier permet de soutenir la nuque. Il est important que les pilotes d'un avion en disposent, à plus forte raison si l'engin est supersonique. Sans cela, ils risquent en cas de choc de subir un coup du lapin. Aussi, par mesure de sécurité, le pilote aurait dû porter des lunettes de soleil et les membres de l'équipage attacher leur ceinture de sécurité<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>.

Szut, qui est borgne, n'aurait pas pu piloter cet avion. En effet, la législation aérienne est très stricte dans le domaine. Un pilote doit avoir une vision normale du relief. Or, cette vision est produite par la juxtaposition de chacune des deux images transmises au cerveau par chaque œil. En effet, ces deux images ne sont pas exactement identiques, car les deux yeux étant séparés d'une dizaine de centimètres<ref name=":1" />.

La piste d’atterrissage de l'île étant trop courte, l'avion utilise un parachute de queue et cette piste est équipée d'une barrière d'arrêt, afin que l'appareil puisse se poser sans trop de dommages. Dans la réalité, ces mêmes barrières sont utilisées dans l'armée et notamment sur les porte-avions, pour la même raison<ref name=":1" />.

Un dessin de Roger Leloup du Carreidas 160 en vue éclatée a été publié dans le journal Tintin en 1967Modèle:Sfn,<ref name="Roger" />.

Dans l'album, l'appareil est présent dans près du tiers des planches.

L'île de Pulau-Pulau Bompa

sculpture en basalte gris qui représente la tête d'un homme d'âge mûr
Une tête colossale olmèque.

Si l'île de Pulau-Pulau Bompa, en Sondonésie, est fictive, on peut toutefois déterminer approximativement sa position, grâce aux renseignements précis fournis par l'album. La radio émettant sur la plage de l'île après l'éruption (p. 59) déclare que celle-ci se situe dans la mer des Célèbes, tristement célèbre pour servir à la piraterie, à laquelle se livrent justement Rastapopoulos et ses complices (piraterie aérienne). Lors du vol Jakarta-Sydney destiné à être détourné vers l'île, l'avion survole d'abord le radio-phare de Mataram (île de Lombok), puis Sumbawa (la suite du plan de vol prévoit qu'il passe par Florès et Timor, p. 12). À partir de là, les pirates échappent à la zone de contrôle de Makassar, dans laquelle ils se trouvaient et, au lieu d'entrer dans celle de Darwin, comme il était prévu initialement (p. 14), ils se posent sur l'île fictive. Celle-ci se trouve donc en Indonésie, dans le pays du monde le plus soumis à l'activité volcanique, ce qui rend plausible l'éruption finale<ref name=":0" />.

Sur cette île, on remarque plusieurs témoignages d'un passé militaire de celle-ci : épaves de navires sur la plage (p. 16 à p. 22, p. 42 et p.59) et vieux bunkers japonais (p. 22 à p. 33). Sans doute ont-ils servi lors de l'occupation de la région par les Japonais et les conflits qu'ils menèrent contre les Américains, durant la Seconde Guerre mondiale, qui se solda par la fin de cette occupation et l'indépendance de l'Indonésie (proclamée en 1945, reconnue en 1949). Quant aux volontés d'indépendance des patriotes sondonésiens vis-à-vis de ce pays, elles pourraient faire écho à celles des habitants du Timor oriental, qui ne l'obtinrent qu'en 2002<ref name=":0" />.

Ces bunkers sont dessinés d'après ceux édifiés par l'armée allemande en 1941 sur les côtes d'Ostende, près du fort Napoléon<ref name="Tordeur">Modèle:Article.</ref>. Par l'entremise de son frère le major Paul Remi, Hergé obtient du Service historique de l'Armée de pouvoir accéder à ces bunkers : il envoie Bob de Moor réaliser des croquis dans ce site fermé de la Force navale<ref name="Tordeur" />. Les décors des Studios Hergé reproduisent notamment en détail la forme particulière des fenêtres et les portes blindées<ref name="Tordeur" />.

Le capitaine Haddock et Tintin croisent sur l'île un varan. Ce gros lézard carnivore est de la famille des sauriens. Il peut atteindre plus de trois mètres de longueur en Indonésie. Quant aux chauves-souris qui effraient le marin, ce sont certainement des roussettes de Malaisie, espèce frugivore. Elles sont plus impressionnantes que leurs cousines européennes et vivent à l'abri de la lumière<ref name=":1" />.

La présence d'un temple extraterrestre sur l'île où Tintin est prisonnier peut faire penser à la théorie des anciens astronautes. Hergé s'inspire en partie d'une photo d'une tête colossale olmèque qui se trouve en couverture du Livre des secrets trahis (1965) de Robert Charroux pour figurer sa tête de cosmonaute dans le temple souterrainModèle:Sfn. Mais il s'inspire aussi, pour les traits du visage, d'un tiki découvert sur l'île d'Hiva Oa, aux Marquises, dont il avait conservé une photographie publiée dans National Geographic<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. C'est d'ailleurs ce même ouvrage de Charroux qui influença l'auteur de par ses théories controversées sur les extraterrestres, celles-ci étant reprises dans l'album<ref name=":0">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Publications

Fichier:Asterix&Obelix Brussels.jpg
Au cours des années 1960, Astérix est devenu un rude concurrent de Tintin.

Vol 714 pour Sydney est pré-publié dans les pages du journal Tintin, à raison d'une planche par semaineModèle:Sfn, du Modèle:Date, numéro marquant d'ailleurs les vingt ans du journal, au Modèle:Date<ref name="écarts" />. Aucune couverture du journal n'est consacrée à la publication de l'album. C'est la dernière fois que la prépublication et l'album bénéficient de colorisations séparéesModèle:Sfn. Les différences entre la prépublication et l'album sont minimes<ref name="écarts">Modèle:Lien web.</ref>. Hergé procède à des modifications du décor en arrière-plan, d'accessoires comme la manière dont est nouée l'écharpe de Carreidas, et surtout à des remaniements des dialogues et onomatopées<ref name="écarts" />.

L'album paraît au printemps 1968. Casterman veut lancer une large promotion autour de l'album, après cinq ans d'absence de Tintin, et organise un grand cocktail promotionnel à Paris le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Les manifestations, grèves et révoltes de mai 68 perturbent lourdement le voyage d'Hergé en France et entravent la réussite de l'évènementModèle:Sfn. Finalement, alors que l'auteur s'inquiétait que le contexte affaiblisse les ventes, l'album est un succès de librairie, avec Modèle:Nombre vendus en un semestreModèle:Sfn. Il établit un record par rapport aux sorties précédentes, néanmoins loin du succès du nouveau concurrent AstérixModèle:Sfn. Tandis que les aventures de Tintin se font de plus en plus sporadiques, son rival français apparaît dans deux histoires par an : l'année de parution de Vol 714 pour Sydney, Le Bouclier arverne se vend à un million d'exemplaire et Astérix aux Jeux olympiques à Modèle:Nombre<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Alors que l'album est déjà paru, Hergé en émet rapidement une deuxième version, modifiant quelques dialogues, dont, à la page 42, une question de Haddock à Tintin dans le souterrain, qui passe de Modèle:Citation à Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>. L'éphémère première version, devenue rare, est recherchée par les collectionneurs et affiche désormais un prix élevé<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Analyse

Place de l'album dans la série

Avec Objectif Lune, On a marché sur la Lune, L’Affaire Tournesol et L’Étoile mystérieuse, Vol 714 pour Sydney est l’un des albums de Tintin qui relèvent de la science-fiction. C’est sans doute celui qui va le plus loin dans le genre (les deux albums lunaires sont davantage proches de la prospective ou de l’anticipation traditionnelle ; L’Affaire Tournesol entre presque dans le genre des romans d’espionnage)Modèle:Refnec. Pour le tintinophile suisse Jean Rime, l'évocation des extraterrestres apparaît comme une Modèle:Citation<ref name="2019_Jeran_RIME">Modèle:Article.</ref>.

Tintin, Haddock, Tournesol et Milou sont invités au congrès d'aéronautique en tant que premiers hommes à être allés sur la Lune, dans On a marché sur la Lune. Il s'agit de l'une des quelques évocations du retentissement mondial de leur exploit, disséminées dans les albums suivant l'aventure lunaire.

Cet album marque la dernière confrontation entre Tintin et Rastapopoulos, du moins dans la série officielle. En effet, Hergé avait envisagé de le faire revenir, sous les traits du faux mage Endaddine Akkas, dans l’album inachevé Tintin et l'Alph-Art. En outre, Tintin l’affronte à nouveau dans le dessin animé Tintin et le Lac aux requins.

Avec Tintin au Tibet, il est le seul album où Dupond et Dupont n'apparaissent pas depuis leur introduction dans Les Cigares du Pharaon. Toutefois les manuscrits de l'album montrent qu'Hergé avait l'intention initiale de les faire participer au côté de Tintin, du capitaine Haddock et du professeur Tournesol au voyage pour Sydney, en leur qualité de premiers hommes à avoir marché sur la Lune.

Il s'agit de l'unique album de la série dont l'action se déroule sur une durée courte (environ 24 heures si l'on excepte l'intervention télévisée des héros dans les dernières pages). Après Tintin et les Picaros, Hergé s'est lancé dans un projet d'album intitulé Un jour d'hiver, dans un aéroport dont l'action se déroule également, comme son titre l'indique, sur une courte durée mais y a finalement renoncé pour se lancer sur un autre projet : Tintin et l'Alph-Art.

Style graphique

Philippe Goddin, s'il salue la qualité des décors, reproche à Hergé Modèle:CitationModèle:Sfn. Sylvain Bouyer explique que, dans les derniers albums, le dessin a Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>.

Déconstruction du monde de Tintin

Les derniers albums des Aventures de Tintin, dont Vol 714 pour Sydney, sont interprétés comme œuvrant à la « déconstruction », au « désenchantement », à la « désacralisation », de la série et de ses personnagesModèle:Sfn. Frédéric Soumois voit dans ces albums finaux un Modèle:Citation par HergéModèle:Sfn. Dans l'album précédent, Les Bijoux de la Castafiore, Modèle:Citation selon Jean Rime<ref name="2010_Jean_RIME">Modèle:Article.</ref> et Hergé Modèle:Citation pour Frédéric SoumoisModèle:Sfn. Dans Vol 714 pour Sydney, cette déconstruction porte sur les personnages de « méchants », qui sont profondément ridiculisés<ref name="2010_Jean_RIME" />,Modèle:Sfn. De plus, Hergé fait éclater la dichotomie « bons » / « mauvais »Modèle:Sfn, avec le personnage de Laszlo Carreidas placé du côté des « bons » sans en avoir les qualités.

Fichier:Portrait of a Proboscis Monkey.jpg
Un singe nasique, par sa ressemblance avec Rastapopoulos, participe à rendre ridicule le méchant.

Hergé s'emploie à ridiculiser les personnages des méchants, Rastapopoulos et Allan, qui apparaissent, l'un comme un être grotesque et immature, l'autre comme un sous-fifre peu éveillé<ref name="Morel">Modèle:Lien web.</ref>. Il déclare à ce sujet : Modèle:CitationModèle:Sfn. Cette démystification se poursuit lorsque, s'étant involontairement fait injecter du sérum de vérité par Krollspell, Rastapopoulos se livre avec Carreidas à un ridicule concours pour déterminer qui des deux mérite le titre de génie du Mal. Il se met alors à livrer lui aussi le récit des pires de ses crimes, révélant au docteur qu'il comptait le trahir. À la fin, Tintin le retrouvera même en larmes, vexé de ne pas se voir reconnaître ce titre. Il en va de même pour Allan qui, voulant chercher des renforts auprès des Sondonésiens, se fait lyncher par eux et perd ainsi son dentier. Il finira donc le reste de l'aventure à zézayer, les vêtements en lambeaux et sans sa casquette, laissant apparaître le sommet de son crâne dégarni. Jusqu'alors, dans Le Crabe aux pinces d'or et Coke en stock, Allan était apparu comme un ennemi à craindre<ref name="Morel"/>.

De par l'histoire, Tintin est passif dans l'aventure, dont il est quasiment Modèle:Citation<ref name="Morel"/>. D'abord, celle-ci lui tombe dessus par hasard, puis il n'en est pas maître, du moins pas totalement<ref name="Morel"/>. Tintin et ses amis se retrouvent dans la prise d'otages de Rastapopoulos par un concours de circonstances, dans lequel le héros n'a pris aucune décision, car le stratagème ne concernait que le seul Laszlo Carreidas<ref name="Morel"/>. S'il mène l'action durant toute la séquence de l'évasion, Tintin ne reste plus maître de l'aventure jusqu'à la fin de l'album, étant guidé par les messages télépathiques de Mik Ezdanitoff<ref name="Morel"/>. Dès lors, ce dernier mène l'action directement : il se charge ensuite de neutraliser les ennemis, de sauver les héros en leur montrant leur trajet et en les faisant monter à bord de la soucoupe volante, puis de mettre tout le monde à sa place finale, leur imposant tout<ref name="Morel"/>. Enfin, Ezdanitoff efface la mémoire de Tintin et donc l'aventure qu'il vient de vivre<ref name="Morel"/>. Yves Morel considère que, Modèle:Citation<ref name="Morel"/>. Il y voit aussi une représentation du structuralisme, courant philosophique en plein essor dans les années 1960, réductible à l'idée que l'Homme ne décide en réalité de rien, toutes ses pensées et sa destinée n'étant que le fruit du contexte dans lequel il vit (historique, scientifique, technique, culturelModèle:Etc)<ref name="Morel"/>.

Yves Morel interprète ces bouleversements comme une manière pour Hergé de rentrer son héros dans son époque, désormais plutôt intéressée par les antihéros : Modèle:Citation<ref name="Morel"/>. Vol 714 pour Sydney est presque une parodie des précédentes aventures classiques, où tout est inversé : ici, Modèle:Citation<ref name="Morel"/>.

Autour de l'album

Adaptation

L'aventure est adaptée dans la série animée de 1992, avec quelques différences.

Dans l'album, à l'arrivée à Djakarta, Tournesol se fâche contre le capitaine, croyant que celui-ci lui a dit qu'ils étaient à Chandernagor et non à Djakarta.

Dans l'album, Spalding passe un coup de fil à Walter dans une cabine téléphonique, lui signalant que Carreidas a embarqué Tintin, Haddock et Tournesol avec lui dans son avion, et que par conséquent le détournement du jet privé doit être annulé. Mais Walter lui répond qu'il est trop tard pour faire marche arrière et que Rastapopoulos ne renonce pas au projet. Dans le dessin animé, c'est Rastapopoulos lui-même qui adresse cette réplique à Spalding.

Dans la version animée, les aviateurs Colombani et Boehm, ainsi que Spalding, participent à l'ensemble de la poursuite contre Tintin et ses compagnons, alors que dans l'album, ils ne viennent en renfort qu'à partir du moment où les révolutionnaires sondonésiens refusent d'entrer dans le mystérieux temple.

Dans l'album, Rastapopoulos, reprenant ses esprits, simule un malaise puis s'enfuit après que Tintin et le capitaine ont été surpris par la présence d'un varan ; dans l'animé, il profite de la fusillade opposant Tintin et Haddock à Allan et ses complices pour s'échapper. À la suite de cela, dans l'album, Tintin libère le docteur Krollspell, d'abord emmené comme otage ; dans l'animé, c'est Haddock qui le libère. Aussi, Allan est indemne dans la série, alors que dans l'album, il est couvert de bleus, perd son dentier, sa casquette de marin et a une tonsure sur le crâne.

Dans l'album, Rastapopoulos, sous l'effet du sérum, une fois obtenu le numéro de compte de Carreidas, prévoit de faire disparaître Krollspell, les Sondonésiens, Spalding et les aviateurs Paolo Colombani et Hans Boehm, alors que dans la série, il ne cherche à supprimer que Krollspell.

Dans la série, après que Carreidas a fait ôter le chapeau de Tournesol, ce dernier le secoue en l'étranglant tandis que dans l'album, Tournesol le tabasse avec tellement de haine, que même Tintin et Haddock ne réussissent pas à le calmer.

Dans la série, pour faire sauter la statue, Rastapopoulos ordonne à ses complices d'aller chercher de la dynamite, dans l'album, il envoie Allan récupérer l'explosif destiné à l'origine aux Sondonésiens.

Dans l'album, quand Allan fait retirer le chapeau de Carreidas sous la statue, il donne accidentellement un coup de coude à l'œil droit de son chef, tandis que dans la série, il lui tombe dessus involontairement.

Dans l'album, lorsqu'ils sont dans le cratère du volcan, Tintin et ses compagnons ne voient pas la soucoupe volante au-dessus d'eux et sont hypnotisés par Ezdanitoff avant de monter à bord de l'astronef, alors que dans l'animé, ils voient l'appareil surgir de la fumée du volcan et sont hypnotisés une fois à bord.

Dans l'album, ils sont recueillis inconscients et sont tous interviewés lors d'une émission télévisée (que regardent Séraphin Lampion et sa famille), dans l'animé, ils sont retrouvés éveillés et sont interrogés par le pilote de l'avion qui les a sauvés ; seuls Tintin et Tournesol passent ensuite à la télévisionModèle:Refnec.

Sauvegarde patrimoniale

Fichier:Kemayoran ATC Old.jpg
La tour de contrôle de l'ancien aéroport de Kemayoran, désormais abandonnée.

Un groupe de tintinophiles indonésiens milite pour sauvegarder la tour de contrôle de l'aéroport de Kemayoran, représentée dans l'album<ref name="Courrier Inter"/>. L'aéroport est fermé depuis 1985, laissant les installations à l'abandon, et la ville de Jakarta s'y est étendue<ref name="Courrier Inter"/>. Les bâtiments restants de l'aéroport, dont la tour de contrôle, sont menacés de destruction pour faire place à un quartier d'affaires<ref name="Courrier Inter">Modèle:Lien web.</ref>.

Notes et références

Principaux ouvrages

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Autres références

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Annexes

Articles connexes

Bibliographie

Sur l'album

Sur l'œuvre de Hergé

Sur Hergé

Liens externes

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