Robert Walser (écrivain)
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Robert Walser, né le Modèle:Date à Bienne (Suisse) et mort le Modèle:Date à Herisau (Suisse), est un écrivain et poète suisse de langue allemande.
Biographie
Walser est né en 1878 dans la ville bilingue de Bienne, dans la maison (démolie en 1926) sise au 3 de la rue du Général-Dufour<ref>Robert Walser.</ref>, dans le canton de Berne. Il est l'avant-dernier des huit enfants d'Adolf Walser, relieur et commerçant (1833-1914) et d'Elisabeth « Elisa » Marti (1839-1894)<ref name=DHS>Modèle:DHS</ref>. Sa mère décède alors qu'il a quatre ans<ref name=":0">Modèle:Article</ref>.
En 1892, en raison du lent déclin des affaires paternelles et en dépit de ses bons résultats scolaires, Walser quitte l'école et accomplit un apprentissage de commis à la Banque cantonale bernoise. En 1895, à dix-sept ans, il quitte le domicile familial. Il séjourne et travaille à Bâle, puis à Stuttgart. Passionné par le métier d'acteur, il s'essaie sans succès au théâtre. De 1896 à 1905, il mène une vie nomade<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il vit principalement à Zurich, prenant des emplois alimentaires qu'il quitte dès qu'il a suffisamment d'argent pour se consacrer à la création poétique.
De 1905 à 1913, il vit à Berlin, en partie chez son frère Karl. Durant cette période berlinoise, il écrit ses trois premiers romans. Il rentre ensuite en Suisse et s'installe d'abord à Bienne (1913-1921), puis à Berne (1921-1929). En 1919, son frère Hermann se suicide. Durant ces années, sa propre santé mentale se dégrade peu à peu, il se renferme de plus en plus sur lui-même et souffre notamment d'hallucinations auditives et visuelles. Il passe le reste de sa vie en institution psychiatrique, à la Waldau (de 1929 à 1933), puis à Herisau (1933-1956)<ref name=":0" />.
Lors de son séjour à la Waldau, Walser poursuit son activité littéraire, mais sous une forme radicalement différente. Il s'est mis à écrire, sur des supports très divers, des textes très décousus rédigés dans une calligraphie minuscule. Il nomme cette manière d'écrire des «Mikrogramm ». À Herisau, Walser cesse toute activité littéraire et travaille dans les ateliers de l'institution. Il devient de plus en plus mutique et continue de souffrir d'hallucinations auditives, notamment des voix auxquelles il répond. Il refuse à plusieurs reprises la proposition qui lui est faite de quitter l'hôpital psychiatrique d'Herisau pour vivre dans sa parenté<ref name=":0" />.
Écrivain
Modèle:Sans source Ses premiers poèmes paraissent dans le supplément dominical du journal Der Bund en 1898. À la suite de cette publication, Walser, grâce à l'éditeur et linguiste Franz Blei, entre en contact avec les milieux d'avant-garde de Munich autour de la revue Die Insel. Il y publie des poèmes et de brefs drames en vers qu'il nomme des « dramolets ». Ainsi paraissent Poètes en 1900, Blanche-Neige et Cendrillon en 1901, et Les Garçons en 1902. C'est aux éditions Insel, à Leipzig, que sort son premier livre en 1904 – Les Rédactions de Fritz Kocher (Fritz Kochers Aufsätze). L'ouvrage, malgré un accueil critique favorable, est un échec commercial.
En 1905, Walser s'établit à Berlin, où il loge chez son frère aîné Karl Walser, peintre et décorateur de théâtre, qui illustrera plusieurs de ses livres. En septembre 1905, Walser fréquente une école de domestique, puis s'engage d'octobre à décembre comme laquais au château de Dembrau (Haute-Silésie). De retour à Berlin, grâce aux relations de Karl, il se fait en quelques mois un nom dans les milieux artistiques d'avant-garde. Il est brièvement secrétaire de la Sécession berlinoise. Entre 1907 et 1909, il rédige et publie trois romans chez le prestigieux éditeur Bruno Cassirer : Les Enfants Tanner (Geschwister Tanner) en 1907, L' Homme à tout faire (Der Gehülfe) en 1908 et L'Institut Benjamenta (Jakob von Gunten) en 1909. Un recueil des poèmes de jeunesse paraît, également en 1909. Il place régulièrement ses textes dans les revues berlinoises les plus réputées, comme Die Schaubühne, die Neue Rundschau, ou encore Die Zukunft fondée et dirigée par Maximilian Harden. Walser a rassemblé un grand nombre de ces proses dans deux recueils parus en 1913 et 1914: Rédactions (Aufsätze) et Histoires (Geschichten). Quelques-uns des plus grands écrivains de l'époque, Christian Morgenstern, Max Brod, Kurt Tucholsky, Robert Musil et, plus tard, Walter Benjamin, saluent cette œuvre. Le jeune Franz Kafka se dit fasciné, impressionné. Entre 1910 et 1912, les publications se raréfient, Walser se détourne de ses fréquentations et de la vie littéraire, et travaille comme secrétaire auprès de sa logeuse.
Walser fuit Berlin pour s'installer à Bienne en 1913. Les raisons de son retour en Suisse sont mystérieuses. Il l'explique par son besoin de calme et de sérénité pour écrire. Pendant les sept années biennoises, Walser publie neuf livres, essentiellement des recueils de proses brèves ou de nouvelles — Histoires (Geschichten) en 1914, Vie de poète (Poetenleben) en 1917, La Promenade (Der Spaziergang, intégré au recueil Seeland en 1920). En 1921, Robert Walser s'installe à Berne. Même s'il vit en marge de la société en général et de la vie littéraire en particulier, les années 1924 à 1933 comptent parmi les plus fécondes de l'écrivain. De Berlin à Prague et Zurich, des centaines de ses petites proses, poèmes et scènes dialoguées paraissent sous forme de feuilleton dans la plupart des grands journaux du monde germanophone, notamment le Berliner Tageblatt et la Modèle:Lien. Durant ces années d'intense productivité, il développe une méthode d'écriture en deux temps, les « microgrammes ». Un dernier recueil de proses, La Rose (Die Rose), paraît en 1925. La grande masse des textes de Walser reste éparpillée, et est rassemblée après la mort de l'écrivain.
Fin de vie
En 1929, il entre spontanément dans la clinique psychiatrique de la Waldau, à Berne<ref name=DHS/>, où il poursuit son travail de « feuilletoniste ». Il cesse d'écrire en 1933, après avoir été transféré contre son gré dans la clinique psychiatrique d'Herisau dans le demi-canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures. Dans cet établissement il est très lié avec la lingère, Frieda Mermet, avec laquelle il correspond et qui est sa fidèle amie-amoureuse<ref>Isabelle R. Robert Walser, l'écrivain qui adressait ses lettres "au monde entier", Le Temps, 23 XI 2012 [1]</ref>, muse et confidente<ref>Robert Walser, Lettres de 1897 à 1949, traduction Marion Graf, Éditions Zoé [2]</ref>.
Il reste hospitalisé dans cette clinique psychiatrique jusqu'à son décès en 1956. Son ami Carl Seelig (son représentant légal depuis 1944<ref name=DHS/>) a rendu compte des conversations menées avec l'écrivain pendant ces années de silence dans ses Promenades avec Robert Walser.
Les manuscrits de Robert Walser ont été déménagés de Zurich à Berne, et sont aujourd'hui conservés au sein des Archives littéraires suisses, à la Bibliothèque nationale suisse. Au cœur de la vieille ville, le Centre Robert Walser est ouvert aux chercheurs et au public.
Œuvres
- Les Rédactions de Fritz Kocher (Fritz Kochers Aufsätze, 1904), Gallimard Modèle:ISBN
- Les Enfants Tanner (Geschwister Tanner, 1907), traduit par Jean Launay, Gallimard Modèle:ISBN
- Der Gehülfe, 1908 — première traduction par Walter Weideli aux éditions L'Âge d'Homme<ref>Note du traducteur., postface à L’Homme à tout faire de Robert Walser (1970). In : revue Agone 43/2010.</ref> sous le titre L'Homme à tout faire Modèle:ISBN Modèle:Commentaire
- L'Institut Benjamenta (Jakob von Gunten, 1909), traduit par Marthe Robert, Grasset, 1960
- Au bureau. Poèmes de 1909, Zoé, 2010 (Gedichte, 1909) Modèle:ISBN
- Histoires (Geschichten, 1914)
- Petits textes poétiques (Kleine Dichtungen, 1914), Gallimard Modèle:ISBN
- Morceaux de prose, Zoé, 2008 (Prosastücke, 1916) Modèle:ISBN
- La Promenade (Der Spaziergang, 1917), Gallimard, 1987 Modèle:ISBN
- Petite Prose, Zoé, 2010 (Kleine Prosa, 1917) Modèle:ISBN
- Vie de poète, Zoé, 2006 (Poetenleben, 1917)
- Livre lu : Vie de poète - lu par Gilles Tschudi, Éditions Zoé, 2012, coll. « La voix du livre » Modèle:ISBN
- Cendrillon (Aschenbrödel, 1919) Modèle:ISBN
- Seeland, Zoé, 2005 (1920) Modèle:ISBN
- La Rose (Die Rose, 1925), Gallimard Modèle:ISBN
- Le Brigand (Der Räuber, 1925, publié 1972), traduit par Jean Launay, Gallimard, 1994.
- Sur quelques-uns et sur lui-même (recueil de textes extraits de diverses revues et publications, 1902-1932, Gallimard, 1994)
- Félix (publié 1986), Zoé, 1997 Modèle:ISBN
- Rêveries et autres petites proses (extraits de Kleine Dichtungen et Traümen) Modèle:ISBN
- Retour dans la neige : proses brèves I, Zoé, 1999 Modèle:ISBN
- Nouvelles du jour : proses brèves II, Zoé, 2000 Modèle:ISBN
- Cigogne et porc-épic : scènes dialoguées I, Zoé, 2000 Modèle:ISBN
- Porcelaine : scènes dialoguées II, Zoé, 2000 Modèle:ISBN
- La Dame blanche et autres petites proses Modèle:ISBN
- Blanche-Neige, bilingue, José Corti, 2001 Modèle:ISBN
- Histoires d'images, Zoé, 2006 Modèle:ISBN
- Poèmes (choisis et traduits par Marion Graf, édition bilingue, Zoé, 2008) Modèle:ISBN
- Robert Walser, l'écriture miniature : microgrammes, Zoé 2008 Modèle:ISBN
- Le Territoire du crayon : microgrammes, Zoé, 2013 Modèle:ISBN
- Lettres de 1897 à 1949, Zoé, 2012 Modèle:ISBN
- L'Étang Modèle:ISBN
- L'Enfant du bonheur et autres proses pour Berlin, Zoé, 2015
Adaptations
Au cinéma
- L'Homme à tout faire<ref>Voir sur koerferfilm.com.</ref>, Suisse, réalisé par Thomas Koerfer (1976)
- Institut Benjamenta<ref name=eddistr>Présentation sur le site du distributeur (eddistribution.com) à l'occasion de la ressortie en 2019.</ref>, 105 min, Grande-Bretagne, réalisé par les Frères Quay (1995)
- Blanche-Neige (Branca de Neve), Portugal, réalisé par João César Monteiro (2000)
Au théâtre
- L'Institut Benjamenta, mis en scène par Bérangère Vantusso (Compagnie trois-six-trente, Lille, 2016).
- Ainsi se laissa-t-il vivre, mis en scène par Guillaume Delaveau (Théâtre national de Strasbourg, 2014)<ref>Ainsi se laissa-t-il vivre, TNS.</ref>
- Le Projet RW (adapté de la nouvelle La Promenade), créé par le Collectif Quatre Ailes en 2008 et tourné jusqu'en 2012
- L'Étang (d’après l’œuvre originale Der Teich, un court texte de jeunesse, destiné à sa sœur, à partir de la traduction allemande de Klaus Händl et Modèle:Lien, Suhrkamp Verlag, 2014), mis en scène par Gisèle Vienne, créé en résidence au Théâtre national de Bretagne en novembre 2020. Interprètes : Adèle Haenel et Ruth Vega Fernandez<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Adaptations musicales
- Schneewittchen (Blanche-Neige), opéra de Heinz Holliger (1997-1998), livret de Heinz Holliger
- Liebe, poème mis en musique par Jeanne Added sur son Modèle:1er EP (Carton Records, 2011)<ref>Liebe, poème écrit avant 1900, traduction Amour par Marion Graf dans Poèmes (Zoé, 2008) reproduite dans Robert Walser poète germanophone.</ref>
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Robert Walser, Paris/Lausanne, Éditions L'Âge d'Homme, coll. « dossiers pro helvetia », 1987
- Marie-Louise Audiberti, Le Vagabond immobile (Robert Walser), Paris, Éditions Gallimard, 1996
- Modèle:Ouvrage
- Catherine Sauvat, Robert Walser, Paris, Éditions du Rocher, 2002 Modèle:ISBN
- Robert Walser, Europe, n° 889, mai 2003. Études et textes de Marion Graf, Peter Utz, Jochen Greven, Jean-Bernard Vuillème, Claudio Magris, Dominik Müller, Marie-Louise Audiberti, Heinz Schafroth, Marion Gees, Wolfram Groddeck, Claude Mouchard, Fernand Cambon, Fleur Jaeggy, Daniel de Roulet, François Debluë.
- Marion Graf, Robert Walser, lecteur de petits romans sentimentaux français, Éditions Zoé, 2015 Modèle:ISBN
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article.
Articles connexes
Liens externes
- Robert Walser et la peinture (thèse de doctorat)
- Un court extrait de Retour dans la neige sur le site des éditions Zoé
- Robert Walser ou la détresse du lion
- Exposition et livre sur les « microgrammes » de Robert Walser
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Robert-Walser-Zentrum, Berne
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