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L'école juridique hanafite est formée sous l'Empire des Abbassides et se développe à partir de la Turquie. C'est le système juridique de l'Empire Ottoman. C'est le rite officiel de l'empire abbasside<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. À l'époque de la régence d'Alger (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle – 1830), il y avait à Alger un mufti malikite, mais aussi un mufti hanafite, qui bénéficiait de l'appui des autorités turques<ref>Charles-André Julien, Histoire de l'Algérie contemporaine 1. La conquête et les débuts de la colonisation (1827-1871), Paris, PUF, 1964 (Modèle:3e édition, 1986 Modèle:ISBN, p. 16).</ref>. Le hanéfisme s'est répandu en Perse, en particulier dans la province du Khorasan<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
L'œuvre d'Abū Hanifa étant en grande partie perdue, sa doctrine nous est connue principalement par le biais de son disciple ach-Chaybānī (m. 805), auteur en particulier de Zāhir ar-riwaya « Le meilleur de la tradition »)<ref name=":1" />.
Doctrine
Sources et méthodologie
Les sources sont, par ordre d'importance :
Le Coran : c'est la source première et les sources suivantes sont vues sous l'angle de celle-ci. Elles ne peuvent contredire le livre saint de l'islam.
La sunna : le hadith pris en compte doit non seulement être authentique (sahîh) mais aussi être très répandu (mash'hour). Cette disposition sert à se protéger des hadiths faussement attribués à Muhammad, qui furent très présents là où peu de compagnon de Mahomet (sahaba) importants s'établirent, tels que Ali ou Ibn Mas'ud.
Le consensus (Ijma') des compagnons : l'opinion unanime des sahaba sur un point donné non mentionné dans une source précédente prend le dessus sur toute opinion personnelle de tout juriste. Ce madhhab reconnaît aussi le consensus des savants musulmans comme valide en tout temps, fondé sur le hadith connu que la oumma ne se mettra jamais d'accord sur une erreur<ref>Modèle:Lien web</ref>. Ahmad rapporte un autre hadith qui fonde la légitimité du consensus : « J'ai demandé à Dieu de ne pas laisser ma communauté s'accorder sur une erreur, et Il m'a accordé cela »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
L'opinion individuelle d'un compagnon : si des sahabas diffèrent sur un point, on se réfère à l'opinion qui convient le plus pour émettre la fatwa.
Le Qiyas ou le raisonnement par analogie : dans les domaines où il n'y avait aucune preuve claire disponible, l'imam Abou Hanifa considérait son raisonnement égal à l'opinion d'un tabi'i, raisonnement fondé sur le qiyas que lui et ses élèves avaient établi.
L'Istihsân (la préférence) : c'est en substance la préférence donnée à une preuve sur une autre car elle apparaît plus conforme à la situation, même si elle est en apparence moins pertinente qu'une autre. Ceci peut concerner le fait de donner préférence à un hadith spécifique sur un hadith général.
La coutume locale ('Urf) : les coutumes locales entrent en jeu quand il n'y a pas d'injonctions religieuses disponibles. C'est ce principe qui est à l'origine de l'inclusion de certaines pratiques culturelles vues comme religieuses par un observateur extérieur.
Aussi appelée école de la libre opinion ou « rationaliste » (ashâb al-râ'y, par opposition aux traditionalistes, ashâb al-hadîth<ref> François-Paul Blanc, Modèle:Opcit, Modèle:P. 21. </ref>), c'est la plus libérale des quatre écoles dans le sens où elle a recours à l'analogie (qiyas) pour déduire des règles non explicitées dans les sources premières et de son habitude à discuter des problèmes hypothétiques de fiqh (résoudre un problème avant qu'il ne se pose). Ce rite a été « manifestement influencé par les règles du droit romain de la tutelle et de la curatelle. »<ref> François-Paul Blanc, Modèle:Opcit, Modèle:P. 104. </ref> Le hanéfisme peut être vu comme plus libéral aussi dans la mesure où il considère que Dieu ne peut pas imposer l'impossible : un commandement divin ne peut être au-dessus des forces du croyant<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
C'est ainsi que les légistes de l'école hanafite ne récusent pas le talion entre Musulmans et dhimmisModèle:Ancre, alors que les autres écoles posent que le délit du sang ne peut être infligé au Musulman si sa victime est un esclave, un Juif ou un Chrétien. Arguant de l'infériorité des dhimmis, les autres écoles exigent « que le coupable ne soit pas d'une position sociale supérieure à celle de la victime ; c'est pourquoi le Musulman ne saurait être mis à mort pour avoir tué un infidèle, même si l'infidèle est le sujet [dhimmi] d'un prince musulman » (Nawawi)<ref>Bat Ye'or, Juifs et chrétiens sous l’islam : les dhimmis face au défi intégriste, Berg international, 1994, p. 69.</ref>.
À l’inverse, d’autres savants critiquent la méthode d'Abu Hanifa, à l'instar de l'Imam Bukhari (auteur du Jâmi'ul Sahih) qui critique en de nombreuses occurrences abu Hanifa pour s'éloigner des hadiths au profit de son raisonnement propre, ce qui vaudra plusieurs siècles après le savant chaféiste spécialiste du hadith des débats savants houleux entre ibn Hajar al-Asqalani et Badruddine Ayni<ref>Doçent Doktor, Talat Sakallı, Hadis tartışmaları : ibn Hacer-Bedruddin Aynî. éditions Diyanet Vakfı yayınları. Modèle:ISBN. (Ankara, 1996)</ref>. Selon eux, le rite hanafite est celui qui se marginalise le plus dans ses différentes approches ; cela associé au manque des détails des raisonnements des ijtihadat (cas de jurisprudence) de ces derniers a conduit les hanafistes plus tardifs à conclure qu'Abu Hanifa adoptait des principes fondamentalement différents dans l'usage des hadiths, dont voici deux des hypothèses savantes des plus parlantes :
Un hukm khâs (cas particulier) ne peut pas abroger un hukm 'âmm (règle en général).
Un Khabar ahad (hadith isolé) ne peut pas contrevenir à un hukm qiyasi (opinion déduite à partir du Coran ou d'un hadith mutawatir soit un hadith parvenu par plus de 10 voies de transmission orale ininterrompues et strictement distinctes de la compilation de ce hadith jusqu'au Prophète)<ref>Pr. Muhammed Ebû Zehra, Ebû Hanîfe, pages 300 à 322. édition diyanet Vakfı yayınları . Modèle:ISBN (Istanbul, Turquie 2005). Traduit de l'arabe vers le turc par Osman Keskioğlu.</ref>.
Du fait que le quatrième calife, 'Ali, transféra la capitale du califat à Koufa et que de nombreux sahaba (compagnons) s'y installèrent, l'on trouve beaucoup de hadiths transmis par ces derniers si bien que cette école allait être appelée l'« école de Koufa » ou bien l'« école d'Irak ».
Ainsi Ali ibn Abi Talib et Abdullah ibn Mas'ud sont les compagnons auxquels les hanafites se réfèrent le plus, de même que les gens de la maison (Ahl al-Bayt) avec qui Abu Hanifa put étudier comme Muhammad al-Baqir, Ja'far al-Sadiq, ou Zayd ibn 'Ali.
L'école hanafite a des dispositions spécifiques en ce qui concerne le mariage, par exemple :
en ce qui concerne la dot dans le cadre du mariage par compensation, shigâr<ref> François-Paul Blanc, Modèle:Opcit, Modèle:P.47 </ref>
ainsi que pour ce qui concerne l'obligation d'entretien du foyer par le mari, ou nafaka: contrairement aux autres écoles, les hanafites écartent la possibilité pour l'épouse de réclamer le divorce en cas de non-respect de la nafaka ; toutefois, les codifications contemporaines des pays hanafites ont écarté cette règle, adoptant la règle générale autorisant la femme à requérir le divorce dans ce cas<ref> François-Paul Blanc, Modèle:Opcit, Modèle:P.58</ref>.
De plus, les hanafites considèrent que les femmes chrétiennes et juives mariées à des musulmans ne peuvent être soumises au li'ân, le serment d'anathème qui permet d'établir l'adultère de la femme. Pour celles-ci, l'adultère doit être prouvé par les déclarations de quatre témoins mâles, les hanafites s'appuyant ici sur le Coran (IV, 5)<ref> François-Paul Blanc, Modèle:Opcit, Modèle:P.76-77.</ref>.
Le hanafisme est un peu plus indulgent que les autres maḏâhib dans la mesure où, en cas de récidives, le voleur ne peut pas subir plus de deux amputations<ref name=":1" />.