Land art
Le land art est une tendance de l'art contemporain utilisant le cadre et les matériaux de la nature (bois, terre, pierre, sable, eau, rocher, etc.). Le plus souvent, les œuvres sont en extérieur, exposées aux éléments et soumises à l'érosion naturelle ; ainsi, certaines œuvres ont disparu et il ne reste que leur souvenir photographique et des vidéos.
Les premières œuvres ont été réalisées dans les paysages désertiques de l'Ouest américain à la fin des années 1960. Les œuvres les plus imposantes, réalisées avec des équipements de construction, portent le nom d’earthworks (« terrassements »).
Caractéristiques
Avec les artistes du land art, la nature n'est plus simplement représentée : c'est au cœur d'elle-même (in situ) que les créateurs travaillent. Ils veulent quitter les musées et les galeries avec leurs tickets d'entrée et heures d'ouverture afin de véritablement « sortir des sentiers battus ». L'œuvre doit être non plus une valeur marchande vouée à une élite mais une véritable expérience liée au monde réel. Les œuvres sont souvent gigantesques, comme Double Negative de Michael Heizer, où 244 800 tonnes de roches sont déplacées dans le désert du Nevada. Spiral Jetty de Robert Smithson (1970) était une longue jetée de Modèle:Unité de long et de cinq mètres de large environ au bord du Grand Lac Salé<ref name="Larousse872">Collectif, Histoire de l'art, du Moyen Âge à nos jours, Baume-les-Dames, Larousse, 2006, Modèle:Isbn, Modèle:P.</ref>. Elle fut engloutie par une brusque montée des eaux en 1972. Outre les productions des artistes américains, qui forment le cœur du mouvement, il convient de citer la peinture des montagnes du Tibesti par Jean Vérame.
Les artistes utilisent les matériaux de la nature (bois, terre, pierres, sable, rocher, etc.) et creusent, déplacent, transportent, accumulent, griffent, tracent, plantent… Ils introduisent aussi des produits manufacturés : 400 poteaux en acier inoxydable dans le désert du Nouveau-Mexique (Walter De Maria, The Lightning Field), 2 700 parasols jaunes ou bleus simultanément sur la côte californienne et au Japon (Christo et Jeanne-Claude, The Umbrellas<ref>Cependant, Christo et Jeanne-Claude ne se réclament pas du land art, selon leur site web.</ref>), ou de gigantesques nénuphars de tissu rose autour des îles de Floride (Christo et Jeanne-Claude, Surrounded Islands).
Les artistes travaillent souvent dans des lieux éloignés des centres urbains et l'usage de la photographie leur permet de faire connaitre leurs œuvres. Des croquis, reportages et vidéos sont présentés au public et permettent à l'artiste de vivre et de réaliser d'autres œuvres. C'est ainsi que dans les années 1970, certaines œuvres intègrent les musées et expositions, d'abord par l'image puis par des installations dans les espaces intérieurs, comme Ligne d'ardoises de Richard Long au Centre d'arts plastiques contemporains de Bordeaux (CAPC). Ainsi cette aventure renouvelle-t-elle la longue tradition du paysage.
Si les « earthworks » sont des altérations durables du paysage, la plupart des œuvres du land art relèvent plutôt de l'art éphémère, vouées à plus ou moins longue échéance à la disparition sous l'effet des éléments naturels.
Histoire
L'histoire du land art débute en Modèle:Date- avec l'exposition intitulée Earth Works<ref>Visuels et documentation, sur Leftmatrix</ref>, à la Dwan Gallery à New York. Avec la publication de son essai The Sedimentation of the Mind: Earth Projects en 1968, Robert Smithson s'impose comme le théoricien du land art et devient la figure emblématique de cette tendance artistique, aux côtés de Robert Morris, Nancy Holt, Dennis Oppenheim, Walter De Maria, Christo et Jeanne-Claude et Michael Heizer. En Modèle:Date-, une autre exposition, Earth Art<ref>Visuel du catalogue, sur Leftmatrix</ref>, organisée par Willoughby Sharp au Andrew Dickson White Museum of Art (Ithaca, New York), confirme l'importance du land art sur la scène de l'art. Deux mois plus tard, le Modèle:Date-, le vidéaste Gerry Schum organise sur la chaîne Sender Freies Berlin (SFB) de la télévision allemande une exposition télévisuelle intitulée Land Art<ref>Visuel du catalogue, sur Leftmatrix</ref>, réunissant cette fois Richard Long, Barry Flanagan, Dennis Oppenheim, Robert Smithson, Marinus Boezem, Jan Dibbets, Walter De Maria et Michael Heizer (ce dernier, en désaccord avec Schum, se désistera finalement).
Les motivations premières du land art étaient de se débarrasser de l'art de chevalet et des grands principes du modernisme prônés par le critique d'art Clement Greenberg. Comme la plupart des mouvements nés dans les années 1960, le land art cherchait à lier l'art et la vie, à arrêter de produire des œuvres destinées à être seulement admirées dans des musées.
Cette tradition s'est perpétuée chez plusieurs artistes contemporains qui travaillent directement dans la nature. Les œuvres sont souvent éphémères et ne deviennent durables que via la photographie : feuilles, fleurs, neige, glace par Andy Goldsworthy ou Nils-Udo ainsi que la plupart des œuvres de Richard Long.
Earthwork
Le terme anglais « earthwork » (« terrassement ») désigne une œuvre d'art créée dans la nature et dont le matériau de base est la terre. Alors que land art désigne l'ensemble du courant artistique qui utilise la nature comme matériau, earthworks s'applique surtout aux œuvres des artistes américains qui ont profité des déserts du Sud-ouest pour lancer des projets utilisant de gros moyens techniques et laissant une empreinte permanente dans le paysage.
Selon Robert Smithson, l'un des principaux artistes du land art américain, le terme earthworks aurait été inspiré par le titre d'un roman éponyme, paru en 1967, de l'auteur de science-fiction britannique Brian Aldiss<ref>Maxence Alcalde, « L'Imaginaire science-fictif de Robert Smithson », puv, Marges, Modèle:N°, 2012 : Modèle:Citation.</ref>. Le mot earthworks est utilisé pour la première fois lors d'une exposition du même nom organisée à New York en 1968 ; l'année suivante, c'est l'expression Earth Art qui s'impose pour l'exposition présentée au White Museum de Ithaca. La dénomination Land Art est forgée par l'artiste Walter De Maria qui nomme ainsi ses propres projets<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Artistes
Galerie
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Cercles de galets sur la plage des Ponchettes, quai des États-Unis à Nice (France).
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La Sphère déversée, œuvre de Joe Smith, à Knockan Crag, en Écosse.
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La Vague, œuvre de Jean-Bernard Métais, cercles d'agrégats blancs et de mottes de gazon, 150 x 100 m, 2007, au Luxembourg.
Notes et références
Modèle:Crédit d'auteurs Modèle:Références
Voir aussi
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Bibliographie
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} John Beardsley, Earthworks and Beyond: Contemporary Art in the Landscape, Abbeville Press, New York, 1984 Modèle:ISBN]
- Gilles A. Tiberghien, Land Art, Carré, Paris, 1993. Modèle:ISBN]
- Colette Garraud, L'idée de nature dans l'art contemporain, Flammarion, Paris, 1994 Modèle:ISBN]
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Gilles A. Tiberghien, Land Art, Princeton Architectural Press, 1995 Modèle:ISBN]
- Gilles A. Tiberghien, Land Art travelling, École Régionale des Beaux-Arts, Valence, 1996 Modèle:ISBN]
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Jeffrey Kastner, Brian Wallis, Land & Environmental Art, Phaidon, 1998 Modèle:ISBN]
- Anne-Françoise Penders, En chemin. Le Land Art (T1: partir), La Lettre Volée, Bruxelles, 2000 Modèle:ISBN]
- Anne-Françoise Penders, En chemin. Le Land Art (T2: revenir), La Lettre Volée, Bruxelles, 2000 Modèle:ISBN]
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Suzaan Boettger, Earthworks: Art and the Landscape of the Sixties, University of California Press, Berkeley, 2003 Modèle:ISBN]
- Jean-Paul Brun, Un sociologue sur les terres du Land Art - Journal de voyages et de recherche 1996-2000, Harmattan, Paris, 2004 Modèle:ISBN]
- Colette Garraud, avec la collaboration de Mickey Boël, L'Artiste contemporain et la nature - Parcs et paysages européens, Hazan, Paris, 2007 Modèle:ISBN]
- Michael Lailach, Land Art, Taschen, Cologne, 2007 Modèle:ISBN]
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Bill Gilbert, Chris Taylor, Land Arts of the American West, University of Texas Press, Austin, 2009. Modèle:ISBN]
- Gilles A. Tiberghien, Land Art, Carré, Paris, Modèle:Date- présentation
- Modèle:Ouvrage.
- Gilles A. Tiberghien, Land Art travelling, Fage, Lyon, 2018 (réédition revue et augmentée Modèle:ISBN]
Articles connexes
Liens externes
- Centre d'art et nature (CDAN) de la Fondation Beulas à Huesca (nord de l'Espagne)