Adi Shankara

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}
Révision datée du 20 juillet 2023 à 16:11 par >GLec (→‎Transmission des connaissances : Amélioration du paragraphe pour plus de clarté.)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Philosophe Adi Shankara (sanskrit : Ādi Śaṅkara, devanagari : आदि शङ्कर ; parfois appelé Ādi Śaṅkarācārya ; de Śaṅkara ou Śaṃkara<ref name=":0" />, Modèle:Citation, une des épithètes de Shiva), est, au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref group="n">Pas de certitude sur les dates : la datation « traditionnelle » est (788 - 820), mais Hajime Nakamura propose (700 - 750) et François Chenet la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.</ref>, un des plus célèbres maîtres spirituels de l'hindouisme, philosophe de l'école orthodoxe Advaita Vedānta, et commentateur des Upanishad védiques, du Brahma Sūtra et de la Bhagavad-Gita<ref name=":1" />. Il eut pour maître Govindanātha et mena une vie de renonçant itinérant (saṃnyāsin) allant d'un monastère ou d'un temple à un autre, d'une communauté à une autre. Ce fut un « réformateur religieux » qui chercha à créer une entente entre les divers courants et écoles religieuses de son époque<ref name=":1">Michel Angot, L'inde classique, Éd. Les Belles Lettres, 2007, Modèle:P. et 130. Modèle:ISBN</ref>.

Sa vie

Étant considéré comme un saint, incarnation (Avatar) de Shiva, les récits de sa vie sont souvent hagiographiques, avec des faits légendaires. Śaṅkara est un Tamoul. Ses écrits sont en sanskrit<ref>Jacques Dupuis, Histoire de l'Inde, Modèle:2e éd., Éditions Kailash, 2005, p.169.</ref>.

Modèle:Référence nécessaire

Enfance et origine de sa vocation

On raconte que Śiva apparut à ses parents, leur laissant le choix entre une progéniture nombreuse mais peu brillante, et un seul enfant dont la vie serait courte mais admirable. Le couple ayant opté pour la seconde proposition, Ādi Śaṅkara vint au monde<ref name="Life">Modèle:Lien web</ref>. Il naquit dans le petit village de Kaladî, dans le Kerala, au sud de l'Inde. Ses parents appartenaient à la caste des brahmanes nambûdiri<ref name="Dupuis p173">Jacques Dupuis, ibid., 2005, p.173.</ref>. Malgré la mort précoce de son père, Śaṅkara reçoit l'initiation brahmanique à 5 ans et commence dès lors l'étude des textes sacrés. On rapporte de nombreux miracles effectués dès cette époque et une mémoire hors du commun (il aurait mémorisé en trois ans l'ensemble des quatre Veda)<ref name="Astier">Modèle:Harvsp, Modèle:P..</ref>. Naturellement poussé vers l'ascétisme, Śaṅkara renonce à toute vie familiale lorsqu'un crocodile manque de lui arracher la jambe, ce qu'il interprète comme un signe de la brièveté de sa vie qu'il décide alors de consacrer à la recherche de la vérité<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Shivananda, Lives of Saints Modèle:Lire en ligne</ref>. Il devient alors renonçant à l'âge de 8 ans<ref name="Astier"/>.

Quête spirituelle et voyages

Śaṅkara se mit ensuite à la recherche d'un guru apte à le guider dans sa recherche spirituelle. Il partit pour le centre de l'Inde au bord de la rivière Narmada, où il rencontra un disciple du grand Gauḍapāda, auteur de la Māṇḍūkyakārikā<ref name=":0">Gérard Huet, Dictionnaire Héritage du sanscrit.</ref>, commentaire fameux de la Māṇḍūkya Upaniṣad. Ce disciple, nommé Govinda, l'initia à l'ordre le plus ascétique qui puisse se trouver alors en Inde. Dès lors, Śaṅkara voyagea à travers le pays, composant des commentaires des textes sacrés de l'hindouisme.

Prédications et débats

Lors de ses rencontres avec de nombreuses autorités de différentes écoles, Śaṅkara se révèle être un brillant orateur et prédicateur<ref name="Astier"/> capable de contrer les spéculateurs hétérodoxes et tout contradicteur en général, y compris d'écoles āstika (orthodoxes).

Il a notamment eu un débat philosophique avec Kūmarila Bhaṭṭa<ref>François Chenet, « SHANKARA », Encyclopædia Universalis en ligne, consulté le 6 septembre 2014</ref> de l'école traditionnelle Mīmāṃsā, dont il sortit vainqueur<ref name=":1" />.

Śaṅkara, qui était suivi par de nombreux disciples, se rendit au Cachemire, où se trouvait un trône dédié à Sarasvatī, et sur lequel seul celui qui remportera tous les débats entre les brahmanes présents pourra s'asseoir, chose qui n'était jamais arrivée. Il n'eut pas de mal à contrer ses adversaires et put prendre place en ce lieu sacré sous les auspices de la déesse<ref name="Life"/>.

Réformes

Refus des rituels sanglants

Ādi Śaṅkara purifia considérablement le rituel tantrique<ref name=PMD/>. Il exhorta les desservants des temples à remplacer les offrandes de boissons alcoolisées (madya), de viande (māṃsa) et de poisson (matsya) par des offrandes de riz, de fleurs et de laitages<ref name="PMD">Paul Martin-Dubost, çankara et le védânta, maîtres spirituels, éditions du Seuil, 1973.</ref>. Dans certaines régions de la péninsule, le sang tant humain qu'animal coulait à flots<ref name=PMD/>. Shankara fut très ferme : le vrai sens du sacrifice est intérieur ; il faut l'âme à l'Âme, et non barbouiller de sang les idoles<ref name=PMD/>.

Transmission des connaissances

Adi Shankara a établi six critères pour transmettre la connaissance sacrée : Être un étudiant en voie de réalisation spirituelle (brahmacari), être généreux (dhanadayi), être érudit (medhavi), respecter les prescriptions védiques (notamment le principe de l'ahimsa, la non-violence), être digne d'affection (priya), et être capable d'enseigner par le biais de la connaissance acquise (vidyaya va vidyam)<ref>Les upanisad, textes traduits du sanskrit présentés et annotés par Alyette Degrâces, éditions Fayard, p.138.</ref>.

Selon Adi Shankara, le disciple doit être aussi doté de quatre qualités pour être considéré apte à la recherche du Brahman<ref>La distinction entre l'observateur et l'observé, Drig-Drishya-Viveka, Shankara, traduction par José Le Roy, éditions Almora, page 11.</ref> :

  1. La capacité de distinguer (entre l'éternel et l'éphémère)
  2. L'absence de passion (absence de peur, de colère, de jalousie, etc.)
  3. Être équanime (voir du même œil tous les êtres)
  4. Le désir de libération du cycle des réincarnations.

Sur le panthéon des divinités

Modèle:Article détaillé Il proposa de réorganiser le panthéon de l'hindouisme comprenant de nombreuses divinités, en le réduisant à cinq principales : Vishnu, Shiva, Durga, Surya, Ganesha. L'adoration de ces cinq dieux se fait encore de nos jours par les brahmanes de la tradition Smarta<ref name="Astier"/>.

Maturité et mort

Pour propager ses enseignements, il écrivit de nombreux ouvrages, dont des commentaires, et fonda dix ordres monastiques ainsi que quatre monastères (cf. #Postérité). Il accomplit cette réforme des ordres monastiques sur le modèle des ordres bouddhistes<ref name="Dupuis p173" />. Il serait mort à 32 ans, près du mont Kailash dans l'Himalaya<ref name="Astier"/>.

Doctrine

La non-dualité

Modèle:Article détaillé La doctrine enseignée par Śaṅkara est connue sous l'expression de « non-dualité », c'est-à-dire la considération de la divinité dans sa totalité, au-delà de toute Modèle:Page h', y compris entre Être et Non-Être. Il s'agit par la connaissance (jñāna) de sortir de l'illusion (māyā) que Brahman est séparé de l'Ātman. La libération (moksha) se fait par le dépassement de cette illusion fondamentale qui se traduit au niveau individuel par l'ignorance (avidyā).

Cette doctrine, enseignée de tout temps par le Vedānta, se retrouve dans les commentaires de Śaṅkara, ainsi que dans son « Traité aux mille enseignements » Modèle:Lien : Modèle:Citation

Si Śaṅkara a vigoureusement combattu le bouddhisme, sa conception de la māyā s'est beaucoup inspirée du bouddhisme mahāyāna qui ne fait plus de la réalité du monde qu'un fantasme<ref name="Dupuis p173" />.

Le plus beau fleuron de la discrimination

Modèle:Citation bloc

Les différents corps et le Soi

Mention est faite de plusieurs Modèle:Citation, (kośa) ou Modèle:Citation (śarīra) qui enveloppent le Soi (ātman). Le Vedānta, avec Śaṅkara qui a commenté la Taittirīya Upaniṣad, en distingue cinq<ref>Shankara ({{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | VIIIe{{#if:|  }} }} s.), Le plus beau fleuron de la discrimination (Viveka-chûdāmani).</ref> :

Modèle:Citation bloc

Postérité

Penseur de premier ordre, Śaṅkara eut une influence considérable sur la philosophie non dualiste et l'hindouisme en Inde. Les Européens ont commencé à le connaître par l'œuvre de René Guenon. On trouve cependant trace de sa doctrine dans des commentaires intégrés au texte de l'Oupnek'hat traduit en latin à partir du Persan par A. H. Anquetil-Duperron<ref>Modèle:Ouvrage</ref> en 1801. Au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, l'expérience, la vie et la doctrine de Ramana Maharishi (1879 - 1950) ainsi que l'enseignement direct et non conventionnel tout en restant traditionnel de Nisargadatta Maharaj (1897 - 1981) sont considérés par beaucoup comme les meilleurs exemples contemporains de la vitalité de la pensée de Ādi Śaṅkarācārya et de l'Advaita Vedānta. Parmi d'autres, Richard De Smet propose une nouvelle approche, plus théologique, de Shankara.

Monastères

Ādi Śaṅkara a fondé quatre Maṭha<ref>Les quatre Math (Amnaya Peethams) fondés par Ādi Śaṅkara</ref> (Monastères ou ordres monastiques) (sanskrit devanāgarī: Modèle:Langue)<ref name=":0" /> encore appelée école (Vidyāpīṭha)<ref>A Tradition of Teachers: Sankara and Jagadgurus Today. William Cenkner. Éd. Motilal Banarsidass Publ., 1995, page VII. Modèle:ISBN</ref>, pour maintenir la tradition védique.

Etablis aux quatre points cardinaux de l'Inde, les Maṭha sont :

La tradition commente qu’il plaça à la tête de ces Maṭha ses quatre principaux disciples : respectivement Sureshwaracharya (Śṛṅgeri: de 820 à 834), Hastamalakacharya, Padmapadacharya, et Totakacharya<ref>A Tradition of Teachers: Sankara and Jagadgurus Today. William Cenkner. Éd. Motilal Banarsidass Publ., 1995, page 85. Modèle:ISBN</ref>. Les responsables de ces quatre Maṭha prennent le titre de śaṃkarācārya ou Shankaracharyas.

Ordres monastiques

Śaṅkara est le fondateur des Modèle:Lien, dix ordres monastiques dont les moines portent généralement le nom après leur nom propre : Bhâratî, Sarasvatî, Sâgara, Tîrtha, Purî, Âshrama, Giri, Parvata, Aranya et Vana.

Les brahmanes qui se réclament de sa tradition sont appelés Smârtava et pratiquent un rituel non sectaire qui intègre le rituel domestique védique et des aspects de dévotion hindoue. La pancâyatana pûjâ (quintuple adoration), caractéristique des Smârtava, est un culte dédié à Shiva, Vishnu, Shakti, Ganesha et Sûrya, en tant qu'aspects du saguna brahman, le Divin personnel ou doué de qualités, par opposition au nirguna brahman, le Divin sans attribut, impersonnel et ineffable de la philosophie.

Réformateur

On lui donne le titre de "shanmatasthâpanacharya" (shan=six, mata=croyances, sthâpana=qui préserve, qui rétablit, âchârya=le maître, celui qui connaît les règles) Modèle:Refnec

Successeurs

Les principaux successeurs qui ont poursuivi les thèses de Ādi Śaṅkara sont<ref>Eliot Deutsch, Qu'est-ce que l'Advaita Vedanta ?, Èd. Les Deux Océans, 1980, page 10.</ref> :

Modèle:Début de colonnes

Modèle:Fin de colonnes

Adi Shankara et les Occidentaux

En Europe

Adi Shankara et certaines de ses œuvres sont connues, étudiées et analysées par certains missionnaires jésuites comme Roberto de Nobili<ref>Orientalism and Religion: Post-Colonial Theory, India and "The Mystic East". Richard King. Éd. Routledge, 2002, page 241. Modèle:ISBN</ref>, orientalistes<ref>Sir William Jones: A Bibliography of Primary and Secondary Sources. John Benjamins Publishing Company, 1979, page 2. Modèle:ISBN</ref> et universitaires européens depuis le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Par ailleurs Adi Shankara et l'advaita vedanta doivent à René Guénon et Romain Rolland leur reconnaissance en Europe et particulièrement en France<ref name="Pouillon837">François Pouillon, Dictionnaire des orientalistes de langue française, Éd. KARTHALA, 2008, page 837. Modèle:ISBN</ref> dans la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle en dehors des milieux spécialisés: Jean Herbert expliqua, en effet, que la connaissance de l'Inde jusqu'en 1920 se limitait aux « déformations » de la société théosophique et aux travaux des orientalistes. Il déclara que ce sont « ces deux hommes de génie » (Guénon et Rolland) qui permirent de sortir de cette impasse et firent connaître « l'esprit de l'Inde » et l'advaita vedanta aux Français entre 1920 et 1925 par des voies en apparence contradictoires.

Aux États-Unis

En 1893, Vivekananda fit connaître aux États-Unis à un public non averti, lors de l'exposition universelle de Chicago, l'hindouisme et plus particulièrement l'enseignement de Rāmakrishna, lequel repose sur l'advaita vedanta et l'œuvre de Adi Shankara. S'ensuivit une série de conférences pendant trois ans dans ce pays, puis en Europe<ref name="Pouillon837"/>.

Bibliographie

Œuvres principales de Shankara

Grand commentateur, Shankara en a fait sur les Brahmasūtra (Brahmasūtrabhāshya), sur les principales et plus anciennes Upanishad et sur la Bhagavad-Gītā<ref>Modèle:Source Filliozat PI.</ref>.

  • Âtma-bodha. La conscience du Soi, trad. Marc Alain Descamps [1]. Ou trad. Félix Nève, 1866 [2].
  • Les Mille Enseignements (Upadeśasāhasrī), traduit par Anasuya d'après l'édition de A. J. Aston, précédé d'une préface par A. J. Alston et de la Vie de Shankara par T. M. P. Mahadevan, collection "Ombre", Éditions Arfuyen, Paris-Orbey, 2013, 265 p.
  • Prolégomènes au Védânta de Louis Renou (1951, Rééd. Almora, 2011). Il s'agit du début de son commentaire des Brahma Sūtra.
  • Le plus beau fleuron de la discrimination, Librairie d'Amérique et d'Orient, Jean Maisonneuve successeur, 1998.
  • Comment discriminer le spectateur du spectacle ?, trad. Marcel Sauton, Librairie d'Amérique et d'Orient, Jean Maisonneuve successeur, 2000.
  • Hymnes à Shiva, trad. du sanskrit Jean Herbert, Lyon, Derain, 1944, 110 p.
  • Mundapanisadbhâsya. Commentaire sur la Mundaka Upanishad, trad. Paul-Martin Dubost, Dervy, 1978, 86 p.
  • Pañcīkaraṇam (पञ्चीकरण), trad. an., Ramakrishna Mission Sevashrama, 1962, 80 p.
  • La guirlande précieuse des demandes et des réponses, trad. Ph.-Éd. Foucaux, 1867.
  • "La Taittiriya-Upanisad et le commentaire de Śaṃkara", Michel Angot, Collège de France, 2007.

Anthologies

  • Œuvres de Ādi Śaṅkara dans Râmana Maharshi, Œuvres réunies, Paris, Éditions traditionnelles, 1988, Modèle:P. : Hymne dédié à Dakshinamûrti, Hymne à la louange du Guru (Guru Stuti), Hymne de Hastâmalaka, Connaissance de Soi (Atmâ-Bodha), Le plus beau fleuron de la discrimination (Vivéka-chûdâmani), Comment discriminer le spectateur du spectacle (Drik-Drishya-Vivéka).
  • Choix de textes dans Paul Martin-Dubost, Çankara et le Vedânta, Seuil, coll. "Maîtres spirituels", 1973, p. 113-142.

Études sur Shankara

  • Olivier Lacombe, L'Absolu selon le Védânta : Les notions de Brahman et d'Atman dans les systèmes de Çankara et Râmânoudja, Paris, 1937, (ASIN B0017ZP1GU), réed. P. Geuthner (1966) (ASIN B0014UYDXU)
  • Richard De Smet, The theological method of Shankara, Rome, 1954.
  • Paul Martin-Dubost, Çankara et le Védânta, Seuil, Paris, 1973
  • Bruno Hapel, Râmana Maharshi et Shankara : La Tradition primordiale, Trédaniel, 1990
  • Michel Hulin, Shankara et la non-dualité, Bayard, 2001.
  • Reza Shah-Kazemi, Shankara, Ibn Arabi et Maître Eckhart: La Voie de la Transcendance, éd. L'Harmattan, Paris, 2010.
  • Michel Angot, Samkara, La quête de l'être , Seuil, Paris, 2009.

Film sur la vie de Ādi Śaṅkara

Notes et références

Sources

Notes

<references group="n" />

Références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Portail