J. M. G. Le Clézio

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Jean-Marie Gustave Le Clézio, plus connu sous la signature de J. M. G. Le Clézio<ref>L'intéressé utilise avec constance, depuis sa première œuvre publiée en 1963, cf. notice bibliographique du Procès-verbal dans le catalogue général de la Bibliothèque nationale de France, un nom de plume composé des initiales de ses prénoms et de son nom de famille non abrégé. L'ensemble de ses ouvrages, livres, articles, préfaces, sont ainsi signés J. M. G. Le Clézio. Ce nom de plume est fréquemment typographié sans espace entre les initiales des prénoms, et ne comporte jamais de trait d'union entre les deux premières initiales, alors que les deux prénoms correspondants sont reliés par un trait d'union, dans leur forme non abrégée.</ref>, né le Modèle:Date à Nice, est un écrivain de langue française, comme il se définit lui-même<ref name=mae/>,<ref>Le Clézio détient la double nationalité franco-mauricienne ; source : entretien du 9 octobre 2008, en soirée, sur France Inter.</ref>. De nationalités française et mauricienne<ref name=Maurice>Modèle:Lien web</ref>,<ref name=LeMonde2014>Modèle:Lien web</ref>, il est fortement imprégné par la culture mauricienne<ref name=Maurice/> et bretonne de sa famille.

Il connaît très vite le succès avec son premier roman publié, Le Procès-verbal (1963). Jusqu’au milieu des années 1970, son œuvre littéraire porte la marque des recherches formelles du Nouveau Roman<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Par la suite, influencé par ses origines familiales, par ses incessants voyages et par son goût marqué pour les cultures amérindiennes, Le Clézio publie des romans qui font une large part à l'onirisme et au mythe (Désert et Le Chercheur d’or), ainsi que des livres à dominante plus personnelle<ref>Marina Salles, Le Clézio peintre de la vie moderne, L’Harmattan, 2007, p. 9.</ref>, autobiographique ou familiale (L'Africain). Il est l'auteur d'une cinquantaine d'ouvrages de fiction (romans, contes, nouvelles) et d'essais. Le prix Nobel de littérature lui est décerné en 2008, en tant qu’Modèle:Citation. Son œuvre est traduite en 36 langues<ref>Consacré par le prix Nobel, Le Clézio exprime encore ses "doutes" par Raphaëlle Rérolle dans le journal Le Monde du 8 décembre 2008.</ref>.

Biographie

Jeunesse

Jean-Marie Gustave Le Clézio est le fils de Raoul Le Clézio (chirurgien) et de Simonne Le Clézio<ref name=WhosWho_2000>Who's Who in France 2000</ref>. Le nom de famille est d'origine bretonne et rurale, « kleuzioù, ar c'hleuzioù » (« talus en bord de chemin - avec ou sans fossé<ref>Chanson bretonne, Modèle:P.</ref> »). Ses parents sont cousins germains (tous les deux ont les mêmes grands-parents paternels, Sir Eugène Le Clézio et Camille Accary) et sont issus d’une famille bretonne émigrée à l’île Maurice au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Généalogie de la famille Le Clézio sur le site d’Euréka, « La Maison créole » (propriété de la famille Le Clézio à Maurice).</ref>, où ils acquièrent la nationalité britannique<ref name=LeMonde2014/> à la suite de l’annexion de l’île par l'Empire britannique. Le Clézio se considère lui-même comme de culture mauricienne<ref name=Maurice/> et de langue française<ref name=mae/>. Il écrit ses premiers récits à l’âge de Modèle:Unité, dans la cabine du bateau qui le conduit avec sa mère au Nigeria où il va retrouver son père, qui y est resté pendant la Seconde Guerre mondiale. L’écriture et le voyage resteront dès lors indissociables dans son œuvre. Il effectue ses études au lycée Masséna, puis au collège littéraire universitaire à Nice, à Aix-en-Provence, puis à Londres et à Bristol. En 1964, il rédige un mémoire pour l’obtention du diplôme d’études supérieures sur le thème : Modèle:Citation.

Premières publications

Dès 23 ans, J. M. G. Le Clézio devient célèbre lorsque paraît Le Procès-verbal, récit esthétiquement proche de L'Étranger d’Albert Camus et des recherches narratives du Nouveau Roman, baigné par le climat de la guerre d’Algérie finissante<ref>Le Clézio, entretien avec Jacques-Pierre Amette, cité par Pascale Arguedas, in « Le Procès-verbal de Le Clézio », sur le site « Calou, Livre de lecture ».</ref>, et couronné par le prix Renaudot en 1963<ref>Jean-Claude Lamy, « Le Clézio, un timide rattrapé par la gloire », Le Figaro, 3 juillet 2008 ; P. K., « En 1963, une brillante entrée en littérature », Le Monde, 11 octobre 2008.</ref>.

En 1967, il fait son service national en Thaïlande en tant que coopérant, et est rapidement expulsé pour avoir dénoncé le tourisme sexuel<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il a pensé à devenir moine bouddhiste près de Songkhla. Il est envoyé au Mexique afin d’y finir son service. Il participe à l’organisation de la bibliothèque de l'Institut français d'Amérique latine (IFAL), et commence à étudier le maya et le nahuatl à l’université de Mexico, études qui le conduiront au Yucatán<ref name="JORNADA">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Montaño Garfias, « Confieren el Nobel a Le Clézio, caminante del mundo marginal », 10 octobre 2008. Consulté le 11 octobre 2008</ref>. Pendant quatre ans, de 1970 à 1974, il partage la vie des Indiens Emberás et Waunanas, au Panama. La découverte de leur mode de vie, si différent de celui qu'il connaissait jusqu'alors, constitue pour lui une expérience qu'il qualifiera plus tard de « bouleversante<ref name="mae">« La langue française est peut-être mon véritable pays », entretien avec Tirthankar Chanda, Écrivains d'aujourd'hui no 45, 2001.</ref> ». En 1977, Le Clézio publie une traduction des Prophéties du Chilam Balam, ouvrage mythologique maya, travail qu'il effectue au Yucatán<ref name=JORNADA/>. Spécialiste du Michoacán (centre du Mexique), il soutient en 1983 une thèse d’histoire sur ce sujet à l’Institut d'études mexicaines de Perpignan. Il enseigne entre autres aux universités de Bangkok, de Mexico, de Boston, d’Austin et d’Albuquerque, mais en 1978, il ne peut accéder au poste de chercheur au CNRS.

Changement d’écriture

À la fin des années 1970, Le Clézio Modèle:Ref nec, où les thèmes de l’enfance, de la minorité, du voyage, passent au premier plan. Modèle:Ref nec. En 1980, Le Clézio est le premier à recevoir le Grand prix de littérature Paul-Morand, décerné par l’Académie française, pour son ouvrage Désert. En 1990, Le Clézio fonde en compagnie de Jean Grosjean la collection « L’Aube des peuples », chez Gallimard, dédiée à l’édition de textes mythiques et épiques, traditionnels ou anciens. Son intérêt pour les cultures éloignées se déplace dans les années 2000 vers la Corée, dont il étudie l’histoire, la mythologie et les rites chamaniques, tout en occupant une chaire de professeur invité à l’Université des femmes Ewha<ref>Philippe Pons, « Avec la Corée, une relation privilégiée, Le Monde, 10 octobre 2008</ref>.

En Modèle:Date-, il est l’un des quarante-quatre signataires du manifeste intitulé Pour une littérature-monde en français, qui invite à la reconnaissance d’une littérature de langue française qui ne reléguerait plus les auteurs dits « francophones » dans les marges ; et à retrouver le romanesque du roman en réhabilitant la fiction grâce notamment à l'apport d'une jeune génération d'écrivains sortis de « l’ère du soupçon<ref>« Pour une « littérature-monde » en français », dans Le Monde des livres, 15 mars 2007.</ref>. » Dans un entretien paru en 2001, Le Clézio déplorait déjà que « l’institution littéraire française, héritière de la pensée dite universelle des Encyclopédistes, [ait] toujours eu la fâcheuse tendance de marginaliser toute pensée de l’ailleurs en la qualifiant d’"exotique"<ref>Entretien avec Tirthankar Chanda, in article cité.</ref>. » Lui-même se définit d'ailleurs comme un écrivain « français, donc francophone », et envisage la littérature romanesque comme étant « un bon moyen de comprendre le monde actuel<ref>Cité par Christine Rousseau, « Le Clézio : « Il faut continuer de lire des romans » », Le Monde, 9 octobre 2008.</ref>. »

Prix Nobel de littérature

En octobre 2008, alors que paraît Ritournelle de la faim, inspiré par la figure de sa mère, il se voit décerner le prix Nobel de littérature. Sa première réaction est d’affirmer que la récompense « ne changera rien » à sa manière d’écrire<ref>L'auteur écrira désormais « apaisé », Le Parisien? 10 octobre 2008.</ref>. L'écrivain italien Pietro Citati rejette vigoureusement le Modèle:Citation de l'Académie de Suède, qualifiant même Le Clézio d'Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Citation étrangère</ref>.

En 2010, l'ordre de l'Aigle aztèque mexicain lui est accordé en tant que « spécialiste des civilisations antiques mexicaines ». Le président Felipe Calderón décrit à cette occasion l'écrivain français comme « un prix Nobel français très mexicanisé, et si j'ose dire, très michoacanisé »<ref>Bulletin d'information de l'ambassade du Mexique en France, Le Mexique aujourd'hui, no 135, octobre 2010.</ref>.

Depuis très longtemps, Le Clézio parcourt de nombreux pays dans le monde, sur les cinq continents, mais vit principalement à Albuquerque, et en France, à Nice et à Paris. Il a publié une quarantaine de volumes : contes, romans, essais, nouvelles, deux traductions de mythologie indienne, ainsi que d'innombrables préfaces et articles et quelques contributions à des ouvrages collectifs<ref>Pascale Arguedas, « Biographie de Le Clézio », sur le site « Calou, L'ivre de lecture ».</ref>.

Le Clézio est membre du jury du prix Renaudot quand ce dernier est attribué à Gabriel Matzneff en 2013. L'écrivain a affirmé qu'il s'était opposé "avec force" à l'attribution du prix à Matzneff en 2013. "On ne m'a pas écouté", a-t-il déploré<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En 2011, J.-M. G. Le Clézio est le « grand invité »<ref>Modèle:Lien brisé sur le site officiel du musée du Louvre.</ref> du musée du Louvre. Il pose un nouveau regard sur les collections du musée à travers le thème « Les musées sont des mondes » associé à une programmation pluridisciplinaire : exposition, conférences, concerts, cinéma, théâtre… Il met à l’honneur des artistes et auteurs comme Georges Lavaudant, Dany Laferrière, Camille Henrot, Dupuy-Berberian, Souleymane Cissé, Danyèl Waro, Jean-François Zygel

Dans l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle de 2017 qui oppose Marine Le Pen à Emmanuel Macron, il déclare : « Si Le Pen gagne, je rendrai mon passeport français »<ref>Thomas Romanacce, « Sattouf, Torreton, Le Clézio,... Ils montent au front contre Marine Le Pen », lefigaro.fr, 27 avril 2017.</ref>.

Œuvre littéraire

Recherches formalistes des premières années

À la parution des premiers volumes publiés par Le Clézio dans les années 1960 (Le Procès-verbal, La Fièvre, Le Déluge), le jeune écrivain est rapproché des recherches formalistes du Nouveau Roman, en particulier de Georges Perec, Michel Butor et Nathalie Sarraute<ref name=Westerlund>Frank Westerlund, Jean-Marie Gustave Le Clézio</ref>,<ref name=rfi>Elisabeth Bouvet, « Le Clézio Prix Nobel de Littérature ou l’éloge d’une littérature-monde », 9 octobre 2008</ref>. Les thèmes abordés – la douleur, l’angoisse, la douleur dans le milieu urbain – font surtout de lui l’héritier des questionnements et dénonciations existentialistes<ref name=nobel>Notice biobibliographique sur le site des prix Nobel</ref>, et plus encore d'Albert Camus. Le Procès-verbal rappelle ainsi irrésistiblement L'Étranger, quoiqu'il puisse également évoquer le Nexus de Henry Miller<ref>René-Maril Albérès, Le Roman d'aujourd'hui. 1960-1970, Paris, Albin Michel, 1970, p.119</ref>.

Influence des voyages et l’exploration culturelle

Le Clézio élabore dès la fin des années 1960 des œuvres plus personnelles, moins marquées par le formalisme, sans perdre sa capacité de révolte. Ses publications sont dominées par l’exploration de l’ailleurs et par les préoccupations écologiques (Terra Amata, Le Livre des fuites, La Guerre), et de plus en plus influencées par les voyages de l’auteur et son séjour chez les indiens du Mexique. Les essais de Le Clézio mettent en évidence son cheminement méditatif nourri par la culture des indiens Embera, dirigé vers le panthéisme (L'Extase matérielle), la culture indienne, l'onirisme et l'expérience des drogues<ref>Dutton 2003, p.146, à consulter sur Google Books</ref> (Mydriase, Haï), et toujours la recherche d'une échappatoire à la société occidentale et urbaine contemporaine<ref>Dutton 2003, p.125, à consulter sur Google Books</ref>.

La réflexion culturelle de Le Clézio s’étend par ailleurs à d'autres influences. Lui-même cite parmi ses lectures les poètes John Keats et W. H. Auden<ref name=vantroys>« Je suis un peu sauvage », entretien avec Carole Vantroys, Lire, novembre 1994, p.26-30</ref>. Il admet surtout l'influence de J. D. Salinger, qu'il relit le plus souvent<ref name=vantroys/>, de William Faulkner et d'Ernest Hemingway<ref>« Lire c'est s'aventurer dans l'autre », entretien avec Jean-Pierre Salgas, La Quinzaine Littéraire, 435, 1-15 mars, p. 6-8</ref>. Du premier, Le Clézio retient la confrontation entre l'individu et la société<ref>Lhoste 1971, p.36</ref>. Du second le lyrisme (de plus en plus évident) et l'influence du monologue intérieur, du « flux de conscience »<ref>Typiquement dans Le Chercheur d'or. Le Clézio lui-même établit un parallèle entre conscience et flux, par une comparaison avec le cinéma. Voir Real et Jiménez, p.136, à consulter sur Google Books</ref> ; du troisième la démarche de l'écrivain voyageur. Il se montre également influencé<ref>Waelti-Walters 1977, p.147-158</ref> par le mysticisme de Lautréamont, sur lequel il écrit une thèse<ref>Le Nobel « intranquille », Jacques-Pierre Amette, Le Point 16 octobre 2008</ref> et publie de nombreux articles et préfaces<ref>La plupart sont listés sur la bibliographie établie par Fredrik Westerlund</ref> ; par certaines idées d'Henri Michaux (hostilité envers la société, usage de la drogue comme expansion de la conscience), auquel il consacre un mémoire d'études<ref name=Ateba/> ; ou encore par la démarche de rupture spirituelle d'Antonin Artaud qu'il salue comme précurseur de Modèle:Citation. Le Clézio se révèle un insatiable lecteur, passionné par la découverte de nouveaux horizons, comme il le montre en rédigeant des préfaces pour des auteurs d'origines variées : Margaret Mitchell, Lao She, Thomas Mofolo, V.S. Naipaul et d'autres encore<ref>La plupart sont recensées sur la bibliographie établie par Fredrik Westerlund]</ref>. Cette évolution débouche sur des œuvres de fiction exploitant ces thèmes du voyage, de l'onirisme et de la méditation, qui trouvent un écho favorable auprès du public à partir de Mondo et autres histoires, en 1978 et surtout de Désert, en 1980<ref name=rfi/>. Le Clézio est dès lors volontiers décrit comme inclassable<ref name=mae/>, et poursuit l'exploration des thèmes de l'ailleurs dans Le Chercheur d'or, Onitsha ou encore Poisson d'or.

Capacité de révolte

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En 1980, Désert devient le premier livre à succès de Le Clézio.

La contestation est un caractère permanent de l’œuvre de Le Clézio. Après la dénonciation de la société urbaine et de sa brutalité dans les premières œuvres publiées, c’est une remise en cause plus générale du monde occidental qu’il élabore dans ses romans ultérieurs. Nourri par son expérience personnelle, Le Clézio dénonce ainsi la « guerre » cynique du monde mercantile (La Guerre)<ref>Voir notamment Salles 2007, Modèle:P. 109, à consulter sur Google Books</ref>, le scandale de l'exploitation des enfants (Hasard)<ref>Salles 2007, Modèle:P. 265-266, à consulter sur Google Books</ref> et des cultures minoritaires (à partir de la fin des années 1980, il soutient l’ONG Survival International, dont il devient membre du Comité d’honneur)<ref>Celui que l'Académie suédoise a qualifié d’« explorateur d'une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante» avait écrit, à la fin des années 1980 ces propos en forme de soutien à Survival International : « Comme vous le savez, je suis très sensible à l’action que vous menez pour défendre la liberté et la survie des Amérindiens, si menacés par l’extension du monde industriel, et devenus, aux yeux de beaucoup, le symbole de la lutte des civilisations naturelles contre la spoliation et la destruction des sociétés prétendument modernes. Partout où j’ai rencontré des Amérindiens, j’ai été touché par cet exemple donné simplement, sans ostentation au reste du monde, cette volonté d’affirmer les valeurs traditionnelles, non parce qu’elles sont anciennes, mais parce qu’elles correspondent le mieux à l’équilibre entre l’homme et la nature, c’est-à-dire au bonheur. » Les nouvelles de Survival, no 69, oct. 2008, p.3.</ref>. Les préoccupations touchant à l’environnement et à la pollution apparaissent également comme récurrentes chez Le Clézio, ce qui amène l’Académie suédoise à le qualifier comme Modèle:Citation : on la retrouve dès les années 1960-1970 avec Terra Amata, Le Livre des fuites, La Guerre, Les Géants.

Cette révolte demeure sensible dans les romans plus populaires des années 1980 : haine de l’impérialisme colonial (Désert) et du système qui en découle (Onitsha), rejet de la guerre destructrice (première Guerre mondiale dans Le Chercheur d’or, guerre du Biafra dans Onitsha), des nouvelles formes d'exploitation (prostitution, trafics humains, dans Désert). L’ensemble de ces engagements aboutissent dans les années 2000 à des œuvres plus nettement amères et critiques envers l’évolution occidentale moderne, en particulier le roman Ourania (2005), histoire du rejet catégorique du monde moderne par un groupe de chercheurs dans une vallée mexicaine perdue, ou Raga. Approche du continent invisible (2006), défense ardente des peuples insulaires d’Océanie, menacés par la mondialisation.

Thème familial et autobiographique

Au milieu des années 1980, Le Clézio commence à aborder au sein de ses œuvres des thèmes plus personnels, en particulier à travers l’évocation de la famille. Ses intrigues et personnages s’inspirent de ses proches. Alexis, le narrateur du Chercheur d’or (1985), est ainsi inspiré à l'auteur par son grand-père Léon, auquel le roman est dédié, et qui habite également le récit Voyage à Rodrigues<ref>Voir notamment Alessandra Ferraro, « Espaces réels, espaces rêvés dans Le Chercheur d'or et Voyage à Rodrigues », in Kumari R. Issur, Vinesh Y. Hookoomsing (dir.), L’Océan Indien dans les littératures francophones, Karthala, 2001, p. 485-494.</ref>. Cette tendance se renforce avec Onitsha, en 1991, hommage à l’Afrique de l’enfance de Le Clézio. Puis, son grand-père est de nouveau au centre d’un ouvrage avec La Quarantaine en 1995. Le penchant autobiographique est ensuite clairement assumé dans Révolutions, en 2003. Puis c’est au tour de la figure du père d'être célébrée dans L'Africain en 2004, avant que Le Clézio ne s'inspire de sa mère pour le personnage d'Ethel Brun, dans Ritournelle de la faim.

Accueil critique et public

Le Clézio connaît un succès indéniable dès ses premières parutions (prix Renaudot 1963). Il rencontre plus tard un véritable succès public, à partir de Mondo et autres histoires et surtout de Désert, livre à succès en 1980<ref>Claire Devarrieux, « « Le Clézio noble Nobel » », Libération, 10 octobre 2008.</ref>. Cette reconnaissance du public se vérifie en 1994, lorsque les lecteurs du magazine Lire le désignent « plus grand écrivain francophone vivant », le préférant à ses aînés Nathalie Sarraute, Claude Simon, Françoise Sagan, Michel Tournier ou encore Julien Gracq.

Le Clézio est l'un des auteurs de langue française les plus traduits dans le monde (allemand, anglais, catalan<ref>Voir sur dbalears.cat et llibres.cat.</ref>, chinois, coréen, danois, espagnol, grec, italien, japonais, néerlandais, portugais, russe, suédois<ref>Raga. Approche du continent invisible, sorti en 2008.</ref>, turc<ref name=mae/>).

Depuis le prix Nobel de littérature en 2008, une revue internationale publiée par les éditions Complicités à Paris, Les Cahiers Le Clézio<ref>Voir sur editions-complicites.com.</ref>, publie chaque année un numéro thématique qui rassemble des articles critiques signés par des spécialistes de l’œuvre. Depuis 2015, la revue est publiée par les éditions Passage(s). Les premiers numéros de cette revue portent sur les thèmes suivants :

  • À propos de Nice (2008) ;
  • Contes, nouvelles et romances (2009) ;
  • Migrations et métissages (2011, numéro double) ;
  • La tentation poétique (2012) ;
  • Voix de femmes (2013) ;
  • Le goût des langues, les langues à l'œuvre (2014) ;
  • La Philosophie (2015) ;
  • La violence dans les premières œuvres (2016).

En Modèle:Date-, Le Clézio intervient dans les polémiques soulevées par un essai du polémiste et éditeur Richard Millet intitulé Langue fantôme, suivi de Éloge littéraire d'Anders Breivik. Il qualifie le texte d'« élucubration lugubre » et de « répugnant »<ref>« La lugubre élucubration de M. Millet », J.M.G. Le Clézio, bibliobs.nouvelobs.com, 5 septembre 2009.</ref>. Richard Millet considère, de son côté, J.M.G. Le Clézio comme un exemple de la « postlittérature » qu'il dénonce et avance que « son style est aussi bête que naïve sa vision manichéenne du monde et ses romans dépourvus de ressort narratif<ref>« Millet cœur de sniper », Jérôme Dupuis, L'Express, 29 août 2012.</ref>. » Il précise dans un entretien : « Je ne suis pas anti-Le Clézio. Je trouve que sa syntaxe est bête, c'est-à-dire qu'elle est un peu gnan-gnan, qu'elle est le parfait reflet de sa pensée qui va dans le sens de la propagande, pensée multiculturaliste facile, manichéenne. Les Blancs, les Occidentaux sont tous épouvantables, mais les Indiens, etc., sont magnifiques… Le Clézio est le parfait représentant de cet effondrement du style…». L'émission Le Masque et la plume diffusée le 5 février 2023<ref>https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-masque-et-la-plume/le-masque-et-la-plume-du-dimanche-05-fevrier-2023-4279833</ref> évoque le recueil de nouvelles Avers. La critique Elisabeth Philippe dénonce une "littérature de cartes postales, sans aucune aspérité, extrêmement lisse", "une littérature ONG." "Ce qui me fascine, chez Le Clézio, c'est l'absence d'écriture", ajoute Nelly Kapriélian, qui parle d' "une enfilade de clichés". Jean-Claude Raspiengeas et Arnaud Viviant défendent au contraire vivement ce livre.

Prix, distinctions et hommage

Prix

Distinctions

Hommage

L'astéroïde (19132) Le Clézio a été nommé en son honneur.

En 2013, à la suite de la venue de Jean-Marie Gustave Le Clézio au Vanuatu, le Lycée français de Port-Vila est renommé « Lycée J.M.G. Le Clézio ».

Vie privée

Après un premier mariage en 1961 avec Rosalie Piquemal (avec qui il a une fille, Patricia), il se marie en 1975 avec Jémia Jean<ref name="WhosWho_2000" />,<ref name=JFeyereisen>Modèle:Article</ref>, marocaine d'ascendance sahraouia Aroussia <ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name=EMudimbe>Modèle:Ouvrage</ref> du Sahara occidental<ref name=JFeyereisen/> (de Saguia el-Hamra)<ref name=EMudimbe/> et mère de ses deuxième et troisième filles Alice et Anna<ref>Modèle:Lien web</ref>. Ensemble, ils écrivent Sirandanes (recueil de devinettes proverbiales courantes à Maurice) et Gens des nuages<ref name="Ateba" />,<ref name=EMudimbe/>.

J. M. G. Le Clézio se déclare proche de l'Islam et en particulier du soufisme<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Fille cadette de J. M. G. Le Clézio, Anna, créditée sous le nom Modèle:Citation, a fondé le groupe de musique Juniore en 2013<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Œuvres

Romans, nouvelles et récits

Essais et idées

Éditions de textes

Ouvrages de littérature d'enfance et de jeunesse

Discours et conférences

Articles

Préfaces

Notes et références

Modèle:Références nombreuses

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Bibliographie

Livres

  • Pierre Lhoste, Conversations avec J. M. G. Le Clézio, Paris, Mercure de France, 1971
  • Jennifer R. Waelti-Walters, J.M.G. Le Clézio, Boston, Twayne, « Twayne’s World Authors Series » 426, 1977
  • Jennifer R. Waelti-Walters, Icare ou l'évasion impossible, éditions Naaman, Sherbrooke, Canada, 1981
  • Elena Real, Dolores Jiménez (dir.), J.M.G. Le Clézio. Actes Du Colloque International, Valence, Universitat de València, 1992
  • Georges Molinié, Alain Viala, Approches de la réception : sémiostylistique et sociopoétique de Le Clézio, Paris, PUF, 1993
  • Miriam Stendal Boulos, Chemins pour une approche poétique du monde : le roman selon J. M. G. Le Clézio, Copenhague, Museum Tusculanum press, coll. « Études romanes », 1999
  • Michelle Labbé, Le Clézio, l’écart romanesque, Paris/Montréal/Turin, L'Harmattan, 1999
  • Sophie Jollin-Bertocchi, "JMG Le Clézio : l'érotisme, les mots", Paris, Kimé, 2001.
  • Jacqueline Dutton, Le chercheur d’or et d’ailleurs : l’utopie de J. M. G. Le Clézio, Paris/Budapest/Turin, l’Harmattan, 2003
  • Nicolas Pien, Le Clézio, la quête de l’accord originel, Paris/Budapest/Turin, l'Harmattan, 2004
  • Bruno Thibault, Sophie Jollin-Bertocchi (dirs), J.M.G. Le Clézio: Intertextualité et interculturalité, Nantes, Editions du Temps, 2004
  • Abdelhaq Anoun, J.-M.G. Le Clézio. Révolutions ou l'appel intérieur des origines, Paris, L'Harmattan, coll. « Approches littéraires », 2005
  • Bruno Thibault, Bénédicte Mauguière (dirs), J.M.G. Le Clézio, la francophonie et la question coloniale, Nouvelles Études Francophones, numéro 20, 2005
  • Margareta Kastberg Sjöblom, L'écriture de J. M. G. Le Clézio : des mots aux thèmes, Paris, Champion, 2006
  • Marina Salles, Le Clézio peintre de la vie moderne, Paris, L’Harmattan, 2007
  • Isabelle Roussel-Gillet (dir.), Le Clézio aux lisières de l’enfance, Arras, P. Université d'Artois, « Cahiers Robinson », 2008
  • Raymond Mbassi Atéba, Identité et fluidité dans l'œuvre de Jean-Marie Gustave Le Clézio. Une poétique de la mondialité, Paris, L’Harmattan, 2008
  • Claude Cavallero, Le Clézio témoin du monde, essai, Paris, Calliopées, 2009, 359 p.
  • Bruno Thibault, J.M.G. Le Clézio et la métaphore exotique, Amsterdam/New York, Rodopi, 2009
  • Claude Cavallero (dir), Le Clézio, revue Europe, Paris, no 957-958, janvier-Modèle:Date-
  • Thierry Léger, Isabelle Roussel-Gillet, Marina Salles, (dir), Le Clézio, passeur des arts et des cultures, Presses Universitaires de Rennes, coll. Interférences, 2010
  • Isabelle Roussel-Gillet, J.M.G. Le Clézio, écrivain de l'incertitude, Ellipses, 2011
  • Bruno Thibault, Keith Moser (dirs), J.M.G. Le Clézio dans la forêt des paradoxes, Paris, Editions de l'Harmattan, 2012
  • Sabrinelle Bedrane et Isabelle Roussel-Gillet, Dossier consacré à JMG Le Clézio, nouvelliste des fièvres aux fantaisies, Revue Roman 20 50, numéro 55, 2013
  • Émile Kerjean, Jean-MarieLe Clézio et la Bretagne, Skol-Vreizh, Morlaix, 2014
  • Émile Kerjean, Le Clézio est univers, Skol-Vreizh, Morlaix, 2015
  • Olivier Salazar-Ferrer et Martin Bronwen (dir.), « Le Clézio et la philosophie », Cahiers J.M.G. Le Clézio n°8, 2015. Paris, Editions Passage(s), 2015.
  • Isabelle Roussel-Gillet, J.M.G. Le Clézio, l'œuvre féconde. Certitudes, pays et musées imaginaires. Paris, Editions Passage(s), 2016. 400 p.
  • Marc Alpozzo, J.M.G. Le Clézio, coll. "Duetto", Paris, Nouvelles Lectures, 2017. 50 p.
  • Martine Arrigo-Schwartz, Le Clézio et le pays de Nice, éd. Baie des anges, Nice, 2020, 221 p.

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