Murray Bookchin

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Murray Bookchin, né le Modèle:Date de naissance et mort le Modèle:Date de décès, est un philosophe, militant et essayiste écologiste libertaire américain. Il est considéré aux États-Unis comme l'un des penseurs marquants de la Nouvelle gauche (New Left).

Il est le fondateur de l'écologie sociale, école de pensée qui propose une nouvelle vision politique et philosophique du rapport entre l’être humain et son environnement, ainsi qu'une nouvelle organisation sociale par la mise en œuvre du municipalisme libertaire.

L'influence de ses idées sur le dirigeant kurde Abdullah Öcalan a conduit à l'élaboration du confédéralisme démocratique, modèle adopté par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à partir de 2005, puis par le Parti de l'union démocratique (PYD) en Syrie, où il connait un début de mise en œuvre dans les cantons du Rojava.

Biographie

Né en 1921 à New York, Murray Bookchin a grandi dans le Bronx, ainsi qu'il le décrit lui-même, comme un « bébé en couche-culotte rougeModèle:Sfn », imprégné de l'espérance soulevée par la révolution russe dans une population locale d'immigrés et d'ouvriers et, en même temps, des idéaux anarchisants de sa grand-mère maternelle, qui avait été membre des Socialistes révolutionnaires sous le régime tsaristeModèle:Sfn. Quant à ses parents, Juifs russes comme la majeure partie du voisinageModèle:Sfn, ils avaient appartenu à un mouvement anarcho-syndicaliste avant de gagner les États-Unis lors de la répression de la révolution de 1905Modèle:Sfn.

Comme le rappelle Peter Einarsson en introduction de son entretien avec l'écrivain : Modèle:Citation En réponse, Murray Bookchin précise : Modèle:Citation

Politiquement, les bolcheviks bénéficiaient aux yeux de sa famille du crédit d'avoir renversé le tsarModèle:Sfn. En 1930, à l'âge de Modèle:Nombre, le jeune Murray entrait dans les mouvements de jeunesse communistes : il milita d'abord au sein des Modèle:Lien, puis de la Ligue des jeunes communistes (YCL)Modèle:Sfn, à partir de 1936Modèle:Sfn. Dans la rue, où il vendait le quotidien du PartiModèle:Sfn, il apprit la prise de parole ; il participa aux grèves des loyers et à l'organisation des chômeurs, et finit par prendre en charge le programme de formation de son groupeModèle:Sfn.

En désaccord avec la ligne de « Modèle:Page h' » adoptée en 1935 sous la direction de Staline, mais très engagé dans la mobilisation antifasciste autour de la guerre d'Espagne, il resta dans le mouvement jusqu'à son exclusion en Modèle:Date-, à la suite du pacte germano-soviétique, pour « déviationnisme trotsko-anarchiste »Modèle:Sfn. Il se tourna alors vers le trotskisme, rejoignant le Parti socialiste des travailleurs, et à 18 ans trouva à s'embaucher comme ouvrier dans une fonderieModèle:Sfn où il resta quatre années, découvrant l'engagement syndical au sein du Congrès des organisations industrielles (CIO)Modèle:Sfn. Après avoir servi dans l'armée, il entra chez General Motors, à temps pour voir les négociations de 1948 mettre fin à la grande grève de l'automobileModèle:Sfn. Il commença alors à remettre en question la croyance au rôle « hégémonique » ou « d'avant-garde » de la classe ouvrière et à prendre ses distances avec les trotskistes, qui partageaient à ses yeux l'autoritarisme du bolchevismeModèle:Sfn.

Dans les années 1950, Murray Bookchin reprit des études et rompit avec le trotskisme pour s'orienter vers l'anarchismeModèle:Sfn. Dès 1952, il publiait un article (« The Problem of Chemicals in Food »Modèle:Sfn) qui dénonçait les effets des pesticides, en établissant dès le départ entre système de production capitaliste et destruction écologique un lien qu'il s'est ensuite attaché à démontrer à travers toute son œuvre (de Our Synthetic Environment, en 1962, jusqu'à Social Ecology and Communalism, paru en 2007). Convaincu de la nécessité d'un travail de conscientisation, il s'est consacré de façon croissante à l'éducation populaire. Au cours des années 1960, tout en enseignant dans des universités « alternatives », il milita au Congress of Racial Equality, au sein du mouvement des droits civiques, puis cofonda la Fédération new-yorkaise des anarchistes. À la même époque, il posait les bases de ce qu'il a appelé l'écologie sociale (article « Ecology and Revolutionary Thought », 1964Modèle:Sfn) et commençait à s'intéresser aux villes et à l'urbanisme (Crisis in our Cities, 1965). Alors plutôt technophile et optimiste sur la possibilité d'une utilisation émancipatrice de la technologie (« Towards a Liberatory Technology », 1965Modèle:Sfn), il se plaçait dans la perspective de l'« après-rareté » (Modèle:Langue), s'attachant à dessiner les contours d'une « utopie réalisable ». En 1969, il fit paraitre un pamphlet, Listen, Marxist! (traduit sous le titre Écoute, camarade !), qui rejetait le communisme autoritaire et le marxisme lui-mêmeModèle:Note.

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Murray Bookchin en 1999.

À partir des années 1970, établi dans le Vermont, il continua d'enseigner tout en développant des projets personnels ; il participa à la création d'un café-restaurant autogéré, milita dans le mouvement antinucléaire et fonda l'Institut pour l'écologie sociale, qui devait devenir au cours de la décennie suivante un haut lieu de l'écologie radicaleModèle:Note. Après avoir mis en garde dans plusieurs essais contre les progrès d'un environnementalisme réformiste et étatiste au sein du mouvement écologiste, il approfondit au cours des années 1980 sa réflexion sur l'écologie et les hiérarchies sociales (The Ecology of Freedom: The Emergence and Dissolution of Hierarchy, 1985)Modèle:Sfn. Se plaçant dans l'optique d'une révolution structurelle, inscrite dans le temps long, et d'une action politique centrée sur la ville, renouant notamment avec l'inspiration de la Commune de Paris, il élabora un modèle, le municipalisme libertaire, où des communes libres, se gouvernant selon les principes de la démocratie directe, s'associent dans une confédération communale, destinée à terme à se substituer aux États-nationsModèle:Sfn (The Rise of Urbanization and the Decline of Citizenship, 1986Modèle:Sfn).

Alors que la seconde moitié des années 1980 le vit mettre en question les positions défendues par l'écologie profonde, dont il jugeait les implications politiques réactionnaires, les années 1990 et 2000 furent celles d'une prise de distance progressive à l'égard des anarchistesModèle:Sfn, parmi lesquels son adhésion affirmée à des principes comme le vote majoritaire ou la participation aux élections locales suscitait des controverses croissantesModèle:Sfn. Après avoir critiqué l'anarchisme « style de vie »Modèle:Note (Social Anarchism or Lifestyle Anarchism: An Unbridgeable Chasm, 1995Modèle:Sfn), il rompit formellement avec l'anarchisme dans son ensemble, s'affirmant simplement communalisteModèle:Sfn (« The Communalist Project », 2002Modèle:Sfn).

Murray Bookchin est mort le Modèle:Date-, à son domicile de Burlington, d'une défaillance cardiaqueModèle:Sfn.

Positions

Écologie sociale

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Murray Bookchin.

Modèle:Article détaillé Murray Bookchin s'oppose à la vision productiviste d'une intelligence humaine séparée d'une nature qu'elle ne vise qu'à transformer en ressources, conception propre à un humanisme progressiste dans lequel le capitalisme et le capitalisme d'État se rejoignent. Mais il rejette aussi celle, caractéristique de l'écologie profonde, de la résorption dans la nature d’une humanité réduite au statut d'espèce animale parasite, notamment parce que cette perspective ne tient aucun compte de la polarisation interne aux sociétés humaines. Il récuse tout autant celle de l'environnementalisme, qui partage avec les précédentes une approche globalisante, tendant en l'occurrence à faire porter à chaque individu la culpabilité de la crise écologiqueModèle:Sfn.

Dans sa vision d'une écologie sociale, même si les facteurs démographiques ou proprement environnementaux entrent en ligne de compte, la clé de la domination et de l'exploitation de la nature se trouve dans les rapports de domination et d'exploitation qui s'exercent à l'intérieur de la société humaine. La cause première de la crise écologique n'est rien d'autre que la logique du « toujours plus », qui est celle du capitalismeModèle:Sfn.

Selon Murray Bookchin, la séparation de l'esprit humain d'avec la nature est un processus parallèle à la constitution des sociétés hiérarchisées, et ces deux dimensions de nos modes de socialisation imprègnent profondément les mentalitésModèle:Sfn. Pour s'en dégager, il faut étudier les communautés « organiques » et concevoir de nouveaux modes de socialisation inspirés des pratiques anciennes d'entraide, en vue de réconcilier l'humanité avec la nature et de la réinscrire dans le processus naturel de l'évolution. Est en effet postulée une nature humaine : l'homme est la nature prenant conscience d'elle-même ; l'humanité représente l'émergence dans l'évolution, à un niveau jamais atteint auparavant, de la rationalité, de la réflexivité et de l'aide mutuelleModèle:Sfn.

Ce postulat, irrecevable pour une pensée déconstructionnisteModèle:Sfn, s'inscrit dans une conception d'ensemble qui voit dans la nature elle-même une dynamique tendant vers la liberté par la coopération. En s'appuyant sur une relecture des apports de la biologie qui souligne les phénomènes d'association, d'entraide et de symbiose, et non exclusivement de concurrence et de sélectionModèle:Sfn, elle permet de replacer dans la continuité d'une nature non hiérarchique la perspective d'une société non hiérarchisée, elle-même posée comme le cadre le mieux adapté au développement d'une personnalité singulière dans un tissu communautaireModèle:Sfn.

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Municipalisme libertaire

Modèle:Article détaillé Le projet d'organisation sociale conçu par Murray Bookchin est un confédéralisme démocratique à base de municipalisme libertaireModèle:Sfn, où le passage aux niveaux plus larges se fait sous mandat impératifModèle:Sfn. La taille des villes devient un paramètre crucial dans un modèle où les communes sont appelées à gérer en leur sein le rapport entre ville et campagne et l'usage approprié des technologiesModèle:Sfn.

Fichier:Graffiti d'une citation de Murray Bookchin.jpg
Graffiti de cette citation de Murray Bookchin sur la porte d'une université.

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Opposition à l'individualisme

Dans Social Anarchism or Lifestyle Anarchism, Murray Bookchin analyse l’anarchisme individualiste dans son incarnation la plus moderne, le « lifestyle anarchism » (« anarchisme comme mode de vie »), apparu au cours des années 1980 et 1990, période de reflux des mouvements révolutionnaires, aux États-Unis comme ailleurs. Il analyse notamment les travaux de L. Susan BrownModèle:Sfn.

Dans la revue canadienne Relations, Claude Rioux explique ainsi les craintes de Bookchin : Modèle:Citation bloc

Rioux ajoute que Modèle:CitationModèle:Sfn.

Influence

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Portrait de Murray Bookchin (dessin de 2007).

Modèle:Article détaillé Rapidement connu pour la facilité avec laquelle il adressait des critiques dévastatrices au marxisme en utilisant le langage marxiste lui-même, Murray Bookchin est resté un anticapitaliste radical et un défenseur de la décentralisation de la société. Son idée d'une écologie sociale a exercé une influence notable sur le mouvement des « Verts », tant dans le domaine de l'écologie politiqueModèle:Sfn que dans celui de la décroissanceModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Durant les dernières années de sa vie, et à la demande de celui-ci, il entretint une correspondance soutenue avec Abdullah Öcalan, dirigeant historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), détenu en Turquie sous le coup d'une peine d'emprisonnement à vie. Ajoutés à la lecture de son œuvre, ces échanges eurent une influence majeure sur le dirigeant kurde et sur la ligne de son parti, qui se référait initialement au marxisme-léninismeModèle:Sfn.

À partir de 2005, le PKK adopte le confédéralisme démocratique, un programme qui rejette le nationalisme et la prise de pouvoir en tant qu'objectif du parti<ref name="apa.online.free.fr">APA - déclaration finale de la Modèle:3e Assemblée Générale du KONGRA GEL, Modèle:1er juin 2005 http://apa.online.free.fr/article.php3?id_article=677</ref>. Ses grandes lignes sont définies par un modèle de démocratie assembléiste proche du municipalisme libertaire, une économie de type collectiviste, un système de fédéralisme intégral entre communes et une coopération paritaire et multiethnique dans des systèmes organisationnels et décisionnels autogérés<ref>Abdullah Ocalan, Confédéralisme démocratique Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref>Kurdish Question -WHICH SYRIA? Modèle:Lire en ligne</ref>,<ref>Le Courrier de l'Atlas, actualité du Maghreb en Europe - Kurdistan syrien : la réussite d'une administration autogérée, 14 octobre 2014 Modèle:Lire en ligne</ref>.

En 2006, à la mort de Murray Bookchin, l’assemblée du PKK s'engage à fonder la première société basée sur le confédéralisme démocratique, nouveau modèle de socialisme démocratique inspiré des réflexions du théoricien de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire<ref>Organisation communiste libertaire, Le Confédéralisme démocratique, la proposition politique de libération de la gauche kurde, 17 septembre 2013 Modèle:Lire en ligne</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,Modèle:Sfn.

Ce projet internationaliste, qui vise à rassembler les peuples du Proche-Orient dans une confédération de communes démocratique, multiculturelle et écologiste, est repris en Syrie par le Parti de l'union démocratique (PYD), proche du PKKModèle:Sfn. L'autonomie acquise par les Kurdes dans le nord de la Syrie en 2012 lui donne le cadre d'un début de concrétisation<ref>FranceTV info, Géopolis - Pourquoi les Kurdes sont-ils mollement soutenus à Kobané ?, 21 octobre 2014 Modèle:Lire en ligne</ref>,<ref name="theguardian.com">The Guardian - Why world ignoring revolutionary kurds of syria Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref>Kurdish Question - THE CONSTITUTION OF THE ROJAVA CANTONS Modèle:Lire en ligne.</ref>. Le Modèle:Date-, les cantons du Rojava, dans le Kurdistan syrien, se fédèrent en communes autonomes. Celles-ci adoptent un contrat social qui établit une démocratie directe et une gestion égalitaire des ressources, sur la base d’assemblées populairesModèle:Sfn.

Écrits

Écrits originaux en anglais

Écrits traduits en français

Notes et références

Modèle:Références

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

En français

En anglais

En italien

Liens externes

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