François Truffaut
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2
François Truffaut, né le Modèle:Date de naissance à Paris [[17e arrondissement de Paris|Modèle:17e]] et mort le Modèle:Date de décès à Neuilly-sur-Seine, est un cinéaste français, figure majeure de la Nouvelle Vague et auteur de vingt-et-un longs-métrages qui ont contribué à révolutionner la narration cinématographique.
Initialement critique à Arts-Lettres-Spectacles et aux Cahiers du cinéma, il passe, dès l'âge de vingt-deux ans, de l'écriture à une carrière de scénariste et réalisateur autodidacte, suivant la politique du cinéma d'auteur qu'il défendait dans ses écrits. Il s'est fait acteur pour plusieurs films et a été aussi un producteur favorisant, contre un cinéma de divertissement purement commercial, la Modèle:Citation espérée par Marcel L'Herbier.
Biographie
L'enfance des quatre cents coups
Enfant non désiré (1932-1942)
François Truffaut naît le Modèle:Date de père inconnu chez une sage-femme, rue Léon-Cogniet<ref name=Express>Modèle:Article</ref> dans le [[17e arrondissement de Paris|Modèle:17e de Paris]]. Au terme d'une grossesse qu'elle a cachée, sa mère, Jeanine de Monferrand, secrétaire au journal L'Illustration, confie le bébé à une nourrice, à Montmorency puis à Boissy-Saint-Léger. La position de fille-mère, dans le milieu bourgeois et catholique dont elle est issue, est un objet de scandale.
Le Modèle:Date, sa mère épouse Roland Truffaut<ref group="note">Ils divorceront en 1962.</ref>, dessinateur<ref name="bauchart400c">P. Bauchart, « Les 400 coups : recherche des origines », in Educiné, Académie de Strasbourg, Molsheim.</ref> dans un cabinet d'architecte-décorateur, qu'elle a rencontré au Club alpin, dont son père est vice-président, et qui a reconnu l'enfant à l'état civil le 24 octobre précédent. Au printemps, moins de neuf mois après le mariage, elle met au monde un petit René, qui ne survit pas plus de huit semaines. Le deuil de l'enfant légitime inscrit définitivement le petit François dans la position d'enfant rejeté<ref>Bernard de Monferrand, cité in L'Express, op. cité.</ref>.
À l'âge de trois ans, François est retiré de chez sa nourrice mais, le plus souvent, il est confié à ses grands-parents, Jean et Geneviève de Montferrand, qui habitent 21 rue Henry-Monnier<ref>Modèle:Harvsp</ref>, dans le [[9e arrondissement de Paris|Modèle:9e]]. Ses parents habitent à quarante mètres, dans un immeuble moins bourgeois. Ils gagnent peu, même si Roland Truffaut a trouvé un emploi stable aux Éclaireurs de France, rue de la Chaussée d'Antin, où il est chargé de concevoir l'aménagement des locaux utilisés pour les activités de scoutisme, tels que des chalets. L'enfant va à l'école maternelle 12 rue Clauzel<ref name="auzel">Modèle:Article</ref>, puis à l'école élémentaire du lycée Rollin, où il est bien noté.
Dès 1939, le jeune François Truffaut, qui a pris goût à la lecture auprès de sa grand-mère, fréquente aussi les cinémas, le soir et souvent pendant les heures de classe. Il collectionne près de trois cents dossiers constitués d'articles de journaux découpés et de photographies volées dans les cinémas<ref name="bauchart400c"/> sur les cinéastes, Renoir, Gance, Cocteau, Vigo, Clair, Allégret, Clouzot, Autant-Lara… Quand la guerre éclate, celui qu'il croit son père est mobilisé et il reste un an avec ses grands-parents à Ty Rosen, la maison que chaque été ceux-ci louent à Binic.
En 1942, sa grand-mère maternelle meurt de tuberculose. Il retrouve le deux pièces de ses parents, 33 rue de Navarin. Cinquante mètres plus haut dans la rue, au 22, dans un restaurant qui en novembre 1943 sert de cache à Mélinée Manouchian, habite un jeune homme, Charles Aznavour. Dix-huit ans plus tard, il sera la vedette de Tirez sur le pianiste. Le jeudi, les Truffaut soupent avec Robert Vincendon, qui est en fait l'amant de la mère du petit François. Roland Truffaut, membre du Comité de direction du Club alpin depuis 1939, est devenu vice-président de la section Paris-Chamonix. Il consacre tous ses loisirs à l'alpinisme, en particulier à la revue du Groupe de haute montagne La Montagne et Alpinisme ainsi qu'à l'intendance des refuges, raison pour laquelle il s'absente souvent.
Décrochage scolaire et école buissonnière (1943-1945)
En juin 1943, François Truffaut n'est pas admis en classe de sixième mais il est inscrit à l'examen de rattrapage. En vacances à Juvisy chez les parents de celui qu'il croit son père, il écrit aux siens de venir le chercher le dimanche précédant le jour de l'examen. Ils ne viennent pas<ref>F. Truffaut, Lettre à son beau-père, 1959, cité in Alexandre Moix, François Truffaut, l'insoumis, Arte, Strasbourg, 2 novembre 2014.</ref>. Il est orienté vers le cours complémentaire de l'école communale, 5 rue Milton, mais cesse d'être appliqué. Il trouve un complice de ses premiers « 400 coups » dans le Paris sous Occupation en son voisin de classe, Robert Lachenay<ref name="bauchart400c" />, cancre redoublant qui a un an de plus que lui et habite un grand appartement à trois pâtés de maisons de chez lui, 10 rue de Douai<ref>Robert Lachenay, cité in Jérémie Couston, « Que reste-t-il du Paris des "Quatre Cents Coups" ? », in Télérama, Paris, 16 octobre 2014.</ref>.
Le vendredi soir ou le samedi, ses parents partent habituellement à bicyclette s'entraîner à l'escalade sur les rochers de la forêt de Fontainebleau, sans lui<ref>Modèle:Harvsp</ref> désormais. La mère de Claude Véga, autre camarade, l'héberge alors le temps du week-end<ref>C. Véga, cité in A. Moix, François Truffaut, l'insoumis, Arte, Strasbourg, 2 novembre 2014.</ref>. La découverte du livret de famille au début de l'année 1944, un de ces jours de varappe, lui apprend qu'il n'est pas le fils biologique de Roland Truffaut<ref name="bauchart400c" />, mais il ne découvrira l'identité de son père biologique qu'en 1968<ref name=":0">Modèle:Article</ref>. Fugueur, il se précipite sans payer dans les salles de cinéma de Pigalle ou de la Nouvelle Athènes avec son ami Robert Lachenay dès que ses parents s'absentent<ref name="docu">« François Truffaut, une vie. », Arte.</ref>.
Son oncle Bernard de Montferrand participe en lien avec le maquis du Vercors à l'acheminement clandestin de courriers entre Amsterdam et Genève pour l'ORA. Il est arrêté gare de Lyon le Modèle:Date-.
À la Libération, François Truffaut a douze ans mais n'a toujours pas de chambre et continue de dormir dans le couloir. Il entre en cinquième à l'école primaire supérieure de son quartier, 35 rue Milton. En septembre 1945, il est inscrit à l'école privée Notre Dame de Lorette, 8 rue Choron, et découvre les camps de concentration nazis sur l'écran du Cinéac-Italiens. Il fait souvent l'école buissonnière, pour s'évader par la lecture de romans classiques ou dans les salles de cinéma. Modèle:Citation bloc
Misère adolescente de l'après-guerre (1945-1947)
Entre 1945 et 1946, François Truffaut voit douze fois Le Roman d'un tricheur au cinéma Champollion. Le héros de Sacha Guitry, parricide, asocial, voleur, devient son idéal incarnant une morale Modèle:Citation<ref>F. Truffaut, « Préface. Sacha Guitry cinéaste. », in S. Guitry, Le Cinéma et moi, Modèle:P., Ramsay, Paris, 1977.</ref>. Le 13 juin 1946, François Truffaut, en classe de quatrième de l'enseignement primaire supérieur, obtient son certificat d'études primaires et arrête sa scolarité.
À la fin du mois de Modèle:Date-, il est embauché par un grainetier<ref name="bauchart400c"/> grossiste, 16 avenue de l'Opéra. Magasinier et homme à tout faire, il circule dans Paris entre les différents dépôts. Il reverse à ses parents les deux tiers de son salaire mais habite le plus souvent dans la chambre de bonne où Robert Lachenay s'est installé quand le père de celui-ci, secrétaire du Jockey Club poursuivi pour avoir participé durant l'Occupation à des activités de marché noir, a divorcé. C'est alors<ref>Modèle:Harvsp</ref>, à seize ans, qu'il connait son premier amour, Geneviève S.<ref name=Geneviève>Modèle:Harvsp</ref>. Toutes les fins de mois sont difficiles et, plutôt que de solliciter leurs parents, les deux jeunes gens, privés de gaz et d'électricité, préfèrent jeûner jusqu'à trois jours. Ils se prêtent les vêtements présentables pour aller travailler à tour de rôle<ref>R. Lachenay, Le Roman de François Truffaut, Modèle:P., Cahiers du cinéma, Paris, décembre 1984.</ref>.
En Modèle:Date-, François Truffaut déménage ses dossiers cinématographiques dans le grand appartement de la mère de Robert Lachenay, 10 rue de Douai. C'est leur bibliothèque cinématographique. Ensemble, ils découvrent le cinéma américain et fréquentent assidûment les cinéclubs, dont Ciné Art, 33 [[avenue Pierre-Ier-de-Serbie|avenue Pierre-{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}-de Serbie]]<ref name=Moix>A. Moix, François Truffaut, l'insoumis, Arte, Strasbourg, 2 novembre 2014.</ref>. Ouvert par une association fondée en Modèle:Date-<ref>Armand J. Cauliez, Lettre à Jean Epstein, 24 février 1946, in Fonds Epstein, cote 420B94, Cinémathèque française, Paris.</ref> par Armand Jean Cauliez, La Plaque tournante, Ciné Art, qui qualifie sa revue homonyme de Modèle:Citation<ref>Modèle:BNF.</ref>, est, dans une démarche bien particulière, consacré à des films tirés de la vie quotidienne<ref>« Ciné Art », in Paris-Cinéma, Paris, 24 septembre 1946, cité in Fonds Epstein, cote 432B97, Cinémathèque française, Paris.</ref>. Gilbert Cohen-Séat, enseignant de l'IDHEC, et Jean Epstein, théoricien de la transformation de la civilisation par le cinéma, y viennent faire des présentations<ref>Laurent Le Forestier, « Entre cinéisme et filmologie : Jean Epstein, la plaque tournante. », in Cinémas. Revue d'études cinématographiques., Modèle:Vol. Modèle:N°, Modèle:P., Département d'histoire de l'art et d'études cinématographiques de l'université de Montréal, Montréal 2009. https://doi.org/10.7202/037550ar Modèle:DOI Modèle:ISSN.</ref>.
Première prison (1948-1949)
En mai 1948, François Truffaut démissionne de son emploi, par lassitude ou à cause d'une prime de départ. Il travaille à la librairie papeterie La Paix chez soi, à proximité de la Comédie-Française. En octobre 1948, il ouvre lui-même, malgré les avertissements bienveillants d'Henri Langlois, un cinéclub, Le Cercle Cinémane<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Il dispose des douze mille francs de son indemnité de licenciement. Avec Robert Lachenay, il loue à la séance la salle 71 boulevard Saint-Germain<ref name="bauchart400c"/>, le Cluny-Palace<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Dès la seconde séance, Cinémane souffre de la concurrence du cinéclub voisin, où André Bazin donne des conférences. André Bazin, chrétien de gauche proche des personnalistes, anime un Centre d'initiation cinématographique dans le cadre du programme gouvernemental de diffusion du cinéma Travail et Culture, TEC<ref>TEC, sur data.bnf.fr.</ref>. En parallèle du programme de formation permanente Peuple et culture et avec l'appui de la CGT, ce sont des séances de cinéma, des achats groupés de billets et des créations de cinéclubs visant le public des ouvriers. François Truffaut va rencontrer le critique à son bureau, rue des Beaux-Arts, pour lui demander de décaler ses conférences du dimanche matin. C'est leur première rencontre.
François Truffaut publie sa première critique dans la revue Cités, que Jacques Enfer<ref>Modèle:BNF.</ref> vient de fonder.
Cependant Cinémane, sans existence légale, a accumulé les dettes. Le 2 décembre 1948, le beau-père de François Truffaut, par un des prêteurs qui est de ses amis, découvre ces dettes et que, pour y faire face, une machine à écrire lui a été volée. En échange d'une confession écrite humiliante, il les règle sur le champ, soit un peu plus d'un mois de son salaire qu'il avait économisé pour une expédition sur le Kilimandjaro. Le samedi 4 décembre, François Truffaut et Robert Lachenay empruntent de nouveau des films pour leur séance du dimanche, s'engageant à payer cinq mille francs le lendemain. La recette est inférieure à deux mille francs. Roland Truffaut est aussitôt averti. Une violente dispute entre beau-père et beau-fils finit au poste, 7 rue Ballu, où l'adolescent est détenu du 7 décembre au soir jusqu'à l'aube du 10. Le 12 décembre 1948, après deux jours de détention supplémentaires au dépôt de la Préfecture, le juge pour enfants ordonne, en vertu de la Modèle:Citation, c'est-à-dire à la demande du tuteur légal, de placer l'adolescent dans le Centre d'observation des mineurs délinquants de Villejuif<ref name="bauchart400c"/>.
C'est une unité de la protection judiciaire de la jeunesse conçue sous le régime de Vichy et mise en place par une ordonnance de 1945 au sein de l'hôpital psychiatrique de Villejuif. Dirigée par Raymond Clarys, elle dépend du tribunal pour enfants et adolescents de la Seine. Les mineurs y sont soumis à des évaluations normatives et sont destinés à être placés dans des fermes agricoles. Les éducateurs sont des adeptes de la baguette. C'est là qu'il est diagnostiqué à François Truffaut une syphilis, aussitôt traitée. Le jeune homme passera durant l'hiver trois fois une semaine à l'infirmerie. Au début de février 1949, le tribunal du IXe arrondissement ordonne son placement en foyer jusqu'à sa majorité avec possibilité de travailler à l'extérieur. Le « délinquant Truffaut » tente de s'évader et passe quatre jours à l'isolement. Il est suivi en psychothérapie par Rassa Rikkers, psychologue proche de Daniel Lagache et de Pierre Mâle qui travaille dans une orientation freudienne à l'écoute du patient<ref>René Apellaniz & Rassa Apellaniz-Rikkers, « Étude de l’entretien clinique. A propos de l’examen psychologique des jeunes délinquants », in Rééducation. Revue française de l'Enfance Délinquante, déficiente et en danger moral., Modèle:N°, Modèle:P., Ministère de la justice, Paris, octobre 1962.</ref> et repère Modèle:Citation d'Modèle:Citation, loin de la stigmatisation initiale de l'Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Le cinéaste transposera les épisodes de cette enfance, où la littérature aura été une évasion salutaire, dans son premier long métrage Les Quatre Cents Coups, à travers le personnage autobiographique d'Antoine Doinel. Quand celui-ci sèche son cours de gymnastique pour lire La Recherche de l'absolu<ref>Dictionnaire des films, Larousse, 1990, Modèle:P. Modèle:ISBN</ref>, c'est le jeune Truffaut, grand lecteur de Balzac, qui resurgit. De même dans Baisers volés, le héros nourrit un amour de roman pour le personnage de Fabienne Tabard, jusqu'à ce que celle-ci le rappelle à une réalité moins bourgeoise et plus subversive : Modèle:Citation, dit-elle, Modèle:Citation<ref>Dictionnaire des films, Larousse, 1990, Modèle:P. Modèle:ISBN</ref>.
Les Illusions perdues
Un asocial dans le milieu du cinéma (1949)
Rassa Rikkers obtient du juge pour enfants la sortie anticipée de son patient et, après avoir consulté Robert Lachenay, convoque André Bazin, qui se souvient à peine d'un sympathique cinéphile. Le 18 mars 1949, après trois mois de maison de redressement, François Truffaut est admis au Centre d'action éducative pour jeunes gens, non mixte, de Versailles. Appelé « foyer Guynemer », c'est un internat privé abrité au sein du Centre hospitalier de Versailles, 65 rue Berthier, géré par l'Association familiale et sociale de Seine-et-Oise et animé par les Filles de la charité, qui proposent également un orphelinat et travaillent en coordination avec les lazaristes du lycée Saint-Vincent-de-Paul ainsi que la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Chaque dimanche, François Truffaut se rend chez Rassa Rikkers, rue du Pot-de-Fer, auprès de laquelle il continue sa psychothérapie.
Le jeudi, il se rend de nouveau à Paris, où il espère retrouver un travail. Ses relations avec sa mère, Modèle:Citation<ref>F. Truffaut, Lettre à son beau père, Versailles, 2 avril 1949, cité in A. de Baecque & S. Toubiana, François Truffaut, Modèle:P., Gallimard, Paris, 1996.</ref>, sont épouvantables, quand elles existent. Elle l'« accuse » d'entretenir une relation homosexuelle<ref>J. Truffaut, Lettre à son fils, Paris, mars 1949, cité in Antoine de Baecque & Serge Toubiana, François Truffaut, Modèle:P., Éditions Gallimard, Paris, 1996.</ref> avec Robert Lachenay. En fait, les deux amis, s'ils ont visité des prostituées ensemble, passent leur temps en concours de colles, par exemple Modèle:Citation<ref name="docu"/>. Ils se lancent des records de séances à battre, cinquante films dans l'année 1948, puis cent, deux cents. L'aspirant critique revoit plusieurs fois les films, les analyse, scrute les moindres détails. Il compte les plans, regarde une image sans le son, puis écoute le son sans l'image.
André Bazin le reçoit et le recommande auprès de Jacques Becker. Il l'envoie au cinéclub Objectif 49, ouvert le 1er décembre 1948 au studio des Champs-Elysées, rencontrer les critiques qui, autour de Jean Cocteau, refusent l'embrigadement communiste de L'Écran français. Du 30 juillet au 7 août 1949, il assiste à Biarritz au premier (et avant-dernier) Festival du film maudit<ref>Arnaud Gourmelen, « Le "festival du film maudit" et le "rendez-vous de Biarritz" Biarritz, 1949 et 1950. », 1895, revue d'histoire du cinéma., Modèle:N°, Modèle:P., AFRH, Paris, 1999 Modèle:ISSN, Modèle:Doi.</ref> organisé par Objectif 49. Dans les soirées festives, il est présenté à Jean Cocteau, qui lui fait mauvaise impression, et à Éric Rohmer, alors professeur de français à Lakanal. La nuit, dans le dortoir mis à disposition par la municipalité, il fait la connaissance de Jacques Rivette, Claude Chabrol, Charles Bitsch, Jean Douchet. La bande se soude dans un dénigrement systématique et ingrat de leurs aînés<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Le 13 septembre 1949, François Truffaut est exclu du foyer Guynemer et rendu à sa famille, à cause d'une Modèle:Citation et d'un chahut qu'il a mené à son retour de Biarritz, provoquant des dégâts matériels que son beau-père doit régler, soit, pension comprise, de nouveau l'équivalent d'un mois de salaire. Le juge pour enfants a donné son accord parce qu'André Bazin accepte de l'embaucher au poste de secrétaire de la section cinématographique de Travail et Culture<ref name="auzel"/>. La moitié de son salaire paie la chambre que son beau-père, le 16 septembre, a accepté de louer pour lui au cinquième étage d'un immeuble de la rue des Martyrs, près de chez Claude Véga.
Autour de Jacques Rivette et des camarades de Biarritz, François Truffaut s'attache au groupe des jeunes cinéphiles qui se retrouvent régulièrement à la Cinémathèque et dans les cinéclubs parisiens, le mardi, au Studio Parnasse animé par Jean-Louis Chéray, le jeudi après-midi au Ciné Club du Quartier latin d'Éric Rohmer, à l'Artistic, au Cinéac-Ternes, au Broadway, qui appartient à Léonide Keigel, aux Reflets. Il y a là Jean-Luc Godard, Suzanne Klochendler, Jean Gruault, Paul Gégauff, Alain Jeannel, Louis Marcorelles, Jean-José Richer, Jean-Marie Straub. Le secrétaire personnel d'André Bazin est le plus jeune. Desservi par ses outrances, il est aussi le moins écouté, mais son érudition finit par lui valoir une certaine estime.
Première tentative de suicide (1950)
Quand, à la Noël 1949, André Bazin prend un congé pour soigner une tuberculose dans un sanatorium des Alpes, Robert Lachenay trouve à son ami un poste d'apprenti soudeur à l'acétylène dans une usine<ref name="auzel"/> de Pontault-Combault. Le samedi 19 janvier 1950, François Truffaut se rend à la Cinémathèque, 7 avenue de Messine. À la fin de la séance de seize heures, il aborde une lycéenne de son âge souvent présente et très courtisée, alors qu'elle ne pense que camaraderie. Liliane Litvin est celle qui deviendra le personnage de Colette. Elle accepte de le revoir et devient aussitôt l'obsession de François Truffaut. Dès lundi, celui-ci renonce à retourner à l'usine. Il est reçu à table par les parents de la jeune fille, 24 rue Dulong, comme d'autres. Elle ne montre que de l'indifférence. Il l'épie pendant des heures à sa porte.
Le mardi Modèle:Date- 1950, il accompagne les parents de Liliane à un débat organisé par le Club du Faubourg au Villiers-Cinéma. Lors des séances suivantes, il prend la parole avec témérité, passion et assurance, et stupéfie les personnalités présentes. Le sénateur Marc Rucart, franc-maçon promoteur de l'abolition du bagne, est positivement impressionné par la sauvagerie de ses prises de positions anticonformistes. Ses admiratrices Louise de Vilmorin, prototype du personnage de Fabienne Tabart, et Aimée Alexandre<ref>Modèle:BNF.</ref>, une élève de Gaston Bachelard, lui resteront des soutiens fidèles.
Le Modèle:Date-, il est émancipé par son beau-père. À court d'argent, il rédige deux articles, les plus anciens qui ont été conservés, pour le Bulletin du CCQL, le cinéclub du quartier latin qu'anime tous les jeudis Éric Rohmer. Il se brouille avec Robert Lachenay, pour une histoire d'argent. En Modèle:Date-, lors d'un concours d'éloquence organisé par le Club du Faubourg, il est remarqué par Pierre-Jean Launay, directeur littéraire de Elle. À partir de mai, le magazine lui achète des « photos-flash » sur des vedettes du monde ou du cinéma. Le reporter en vend aussi à Ciné-Digest, Lettres du monde, France-Dimanche. Le Modèle:Date-, il emménage dans un hôtel meublé en face de chez Liliane Litvin, qui s'en amuse en faisant visiter la chambre par ses parents. Le Modèle:Date-, celle-ci reçoit pour ses dix-huit ans le tout-Paris de la critique cinématographique. Elle connait les infidélités de François Truffaut<ref name=Geneviève/>. Présent, celui-ci se sent snobé. Le lendemain à onze heures, elle le découvre dans sa chambre, inanimé, le poignet droit tailladé de vingt-cinq coups de rasoir.
C'est en envoyé spécial de Elle qu'il participe en Modèle:Date- à Biarritz au second (et dernier) Festival du film maudit, mais il est lassé de sa vie factice. Ses amours compulsives, entre femmes mariées, veuves, adolescentes et prostituées<ref>F. Truffaut, « Ma Vie », I, inédit, 31 mai 1952, in Archives, Les Films du Carrosse, Paris, cité in Antoine de Baecque & Serge Toubiana, François Truffaut, Modèle:P., Éditions Gallimard, Paris, 1996.</ref>, ne le consolent plus de son échec auprès de Liliane Litvin.
Dépit militaire (1950-1951)
À l'automne 1950, François Truffaut découvre le Journal du voleur et L'Enfant criminel de l'ex-légionnaire Jean Genet. Il en tire deux critiques, qui sont refusées par la revue Lettres du monde.
Le Modèle:Date-, il entreprend les démarches pour devancer l'appel. Le 19 décembre, il adresse ses deux critiques à Jean Genet. Le Modèle:Date-, il signe un engagement de trois ans dans l'idée de se faire tuer en Indochine<ref name="bauchart400c"/>. Les deux mois de peloton d’élèves-gradés passés au Modèle:8e du [[32e régiment d'artillerie|Modèle:32e d'artillerie]], à Wittlich, lui révèlent ses incapacités physiques ne serait-ce qu'à remonter un fusil. Les manœuvres dans la boue, les gardes sous la neige, les marches forcées avec un paquetage de trente kilogrammes le guérissent de son enthousiasme initial, mais il conserve son admiration pour l'armée, ses polytechniciens, sa technique<ref>F. Truffaut, Lettre à Robert Lachenay, Wittlich, 16 février 1951, in F. Truffaut, Correspondance, Modèle:P., Le Livre de poche, Modèle:N°, Paris, octobre 1993 Modèle:ISBN.</ref>. Le bruit du canon lui cause une perte auditive définitive de l'oreille droite. Il se réconforte en découvrant À la recherche du temps perdu, qui l'émerveille et qu'il relit.
Parce qu'il est volontaire pour mourir, en Indochine, il reçoit des témoignages d'estime de la part des officiers, mais le Modèle:Date-, plutôt tire-au-flanc, il termine sa formation très mal classé. Désormais brigadier, il est affecté le Modèle:Date- à un poste de secrétariat qui lui laisse le loisir de correspondre avec Jean Genet, dont il a enfin reçu ce même mois une réponse inespérée. Lors d'une mission de transport de fusils, le camion verse et le chef de convoi Truffaut est puni pour négligence. Les premiers jours d'arrêt se passent à l'hôpital d'Idar-Oberstein, pour soigner ses côtes cassées.
De la mi-mai à la mi-juillet 1951, il est le plus souvent en permission à Paris, où il est hébergé par Geneviève S. Il a de longues conversations avec Jean Genet, qui lui apprend à analyser ses lectures un crayon à la main<ref name=Corr97>F. Truffaut, Lettre à Robert Lachenay, Coblence, [octobre 1951], in F. Truffaut, Correspondance, Modèle:P., Le Livre de poche, Modèle:N°, Paris, octobre 1993 Modèle:ISBN.</ref>. Il se voit romancier plutôt que critique<ref>F. Truffaut, Lettre à Robert Lachenay, Coblence, [octobre 1951], in F. Truffaut, Correspondance, Modèle:P., Le Livre de poche, Modèle:N°, Paris, octobre 1993 Modèle:ISBN.</ref>. Petite vengeance<ref name=Corr87>F. Truffaut, Lettre à Robert Lachenay, Paris, 8 juin 1951, in F. Truffaut, Correspondance, Modèle:P., Le Livre de poche, Modèle:N°, Paris, octobre 1993 Modèle:ISBN.</ref>, il suscite la jalousie de Liliane Litvin en l'accompagnant au cinéma. Elle l'invite à la campagne et lui demande de rompre avec Geneviève<ref name=Geneviève/>.
Désertion romantique (été 1951)
À Paris du 1er<ref name=Corr68>F. Truffaut, Lettre à Robert Lachenay, Wittlich, 21 juin 1951, in F. Truffaut, Correspondance, Modèle:P., Le Livre de poche, Modèle:N°, Paris, octobre 1993 Modèle:ISBN.</ref> au 18 juin<ref name=Corr87/> 1951, François Truffaut emploie son séjour à préparer sa désertion, s'équiper en vêtements civils, trouver un emploi et des amis pour le cacher<ref name=Corr68/>. Certains lui offrent de garder durant la basse saison leur villa à Cannes<ref name=Corr68/>.
Le 13 juillet 1951, il est envoyé seul en train de Wittlich pour Fréjus, où il doit le lendemain commencer un mois de préparation militaire avant d'embarquer de Marseille pour Saïgon et intégrer le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient. Il a une aventure avec une jeune allemande durant le trajet de nuit qui le conduit de Strasbourg à Paris. Gare de l'Est, il retrouve par hasard son maître en insoumission, Jean Genet. Le 14 juillet au soir, il se trouve chez Jacques Rivette, 118 rue de Clignancourt, pour faire la fête avec Robert Lachenay, Chris Marker, Alexandre Astruc et Liliane Litvin.
Entouré par celle-ci, André et Janine Bazin, il se rend à la prévôté des Invalides le soir du samedi 28 juillet. Comme il n'a pas été absent plus de quinze jours révolus, il n'est pas encore considéré comme déserteur. Il attend quatre heures de plus, jusqu'à minuit, pour se présenter de nouveau et jouir d'être tenu pour un véritable insoumis<ref>F. Truffaut, Lettre à Robert Lachenay, Paris, 15 août 1951, in F. Truffaut, Correspondance, Modèle:P., Le Livre de poche, Modèle:N°, Paris, octobre 1993 Modèle:ISBN.</ref>. Il est incarcéré à la prison militaire du quartier Dupleix. Submergé par l'humiliation, il obtient, seule consolation, que les menottes soient desserrées pour qu'il puisse lire les Cahiers du cinéma<ref>Dudley Andrew, André Bazin, Modèle:P., Cinémathèque française, Paris, 1978.</ref>.
Internement psychiatrique (automne 1951)
Le Modèle:Date- 1951, François Truffaut est extrait de la prison militaire du quartier Dupleix et transféré en fourgon cellulaire à Kehl puis en train à Wittlich, où il est mis au cachot pour douze jours, mais le 15, il est admis à l'Modèle:Lien, à Andernach, pour traiter sa syphilis. Le 25, il est incarcéré à Coblence, où sont désormais regroupés les différents bataillons du [[32e régiment d'artillerie|Modèle:32e]]. Unique détenu d'une sinistre prison militaire gardée par quelques gendarmes détachés d'un escadron prévôtal, il lit Blaise Pascal<ref>F. Truffaut, Lettre à Robert Lachenay, Coblence, [septembre 1951], in F. Truffaut, Correspondance, Modèle:P., Le Livre de poche, Modèle:N°, Paris, octobre 1993 Modèle:ISBN.</ref>. Le 29 septembre, il s'enivre avec ses geôliers. Le lendemain matin, on le découvre le visage balafré par un rasoir qu'en infraction avec le règlement il lui a été complaisamment laissé<ref name=Corr97/>.
Il simule la folie dans l'espoir d'être réformé<ref>F. Truffaut, Lettre à Robert Lachenay, Coblence, [décembre 1951], in F. Truffaut, Correspondance, Modèle:P., Le Livre de poche, Modèle:N°, Paris, octobre 1993 Modèle:ISBN.</ref> mais il éprouve une réelle souffrance morale, qui est une remise en cause personnelle<ref name=Quisehait>F. Truffaut, « Ma Vie », II, Modèle:P., inédit, 31 mai 1952, in Archives, Les Films du Carrosse, Paris, cité in Antoine de Baecque & Serge Toubiana, François Truffaut, Modèle:P., Éditions Gallimard, Paris, 1996.</ref>. Un mois plus tard, il est interné dans le service de neuropsychiatrie de l'Modèle:Lien<ref>F. Truffaut, Lettre à Robert Lachenay, Coblence, 25 décembre 1951, in F. Truffaut, Correspondance, Modèle:P., Le Livre de poche, Modèle:N°, Paris, octobre 1993 Modèle:ISBN.</ref> d'Andernach parmi une dizaine de patients souffrant de psychoses graves<ref name=Quisehait/> à une époque où le traitement neuroleptique n'existe pas. Les infirmiers, des appelés, sont brutaux<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Les médecins ne sont pas dupes d'un simulateur de plus<ref>F. Truffaut, Lettre à Robert Lachenay, Andernach, 7 novembre 1951, in F. Truffaut, Correspondance, Modèle:P., Le Livre de poche, Modèle:N°, Paris, octobre 1993 Modèle:ISBN.</ref>.
De retour le Modèle:Date- à la Modèle:Lien, à Coblence, il est affecté au service de la cantine, où il a une aventure passionnée avec une jeune employée allemande, Laura. Alerté par André Bazin, qui multiplie les démarches, le sénateur Marc Rucart, qui a cerné le personnage Truffaut et deviné des souffrances remontant à l'enfance<ref>M. Rucart, Lettre à François Truffaut, 26 décembre 1950, cité in Antoine de Baecque & Serge Toubiana, François Truffaut, Modèle:P., Éditions Gallimard, Paris, 1996.</ref>, obtient que celui-ci, servi par le dossier rédigé deux ans et demi plus tôt par Rassa Rikkers, soit [[SIGYCOP|réformé pour Modèle:Citation]] doublée de Modèle:Citation. Il est dégradé.
Reconstruction chez les Bazin (1952)
Dès sa libération, le 20 février 1952, François Truffaut est hébergé par les Bazin, à Bry-sur-Marne, dans une mansarde du trois pièces cuisine que ceux-ci occupent avec leur fils de deux ans et de nombreux animaux au deuxième étage d'une maison entourée d'un parc. Ponctuées de moments de bonheur familial partagé<ref>J. Bazin, Lettre à François Truffaut, février 1965, citée in R. Lachenay, Le Roman de François Truffaut, Modèle:P., Cahiers du cinéma, Paris, décembre 1984.</ref>, les disputes interminables entre André Bazin et son hôte, qui refuse un cinéma réaliste, engagé mais conçoit l'art comme une critique subversive voire une reconstruction imaginaire<ref>Eila Suleiman, « Le spectateur engagé », Modèle:P., Ciné Croisette, Draguignan, 2012.</ref>, sont si violentes que Janine Bazin ne se sent plus chez elle<ref>D. Andrew, André Bazin, Modèle:P., Cinémathèque française, Paris, 1978.</ref>.
François Truffaut se remet difficilement. Il songe de nouveau au suicide mais avec calme et s'interroge sur son caractère<ref>F. Truffaut, Lettre à Robert Lachenay, Bry, 19 avril 1952, in F. Truffaut, Correspondance, Modèle:P., Le Livre de poche, Modèle:N°, Paris, octobre 1993 Modèle:ISBN.</ref>. Le samedi 3 mai, il invite Liliane Litvin à dormir à Bry. Elle passe la nuit dans ses bras, chastement. C'est pour lui annoncer qu'elle est enceinte et qu'elle va épouser le père de son enfant.
Modèle:Citation<ref>F. Truffaut, « Ma Vie », II, Modèle:P., inédit, 31 mai 1952, in Archives, Les Films du Carrosse, Paris, cité in Antoine de Baecque & Serge Toubiana, François Truffaut, Modèle:P., Éditions Gallimard, Paris, 1996.</ref> que François Truffaut vient de vivre, change définitivement son jugement sur le cinéma qu'il a admiré durant sa jeunesse. Les drames sociaux qui y sont dénoncés, dénonciations qui lui plaisait tant, lui paraissent faux, les personnages, des allégories abstraites, sans rapport avec l'expérience vécue de leurs créateurs<ref>F. Truffaut, « Ma Vie », II, Modèle:P., inédit, 31 mai 1952, in Archives, Les Films du Carrosse, Paris, cité in A. de Baecque & S. Toubiana, François Truffaut, Modèle:P., Gallimard, Paris, 1996.</ref>, leur psychologie, caricaturale<ref>F. Truffaut, « Ma Vie », II, Modèle:P., inédit, 31 mai 1952, in Archives, Les Films du Carrosse, Paris, cité in Antoine de Baecque & Serge Toubiana, François Truffaut, Modèle:P., Éditions Gallimard, Paris, 1996.</ref>, les scénarios, théâtraux.
Entre écriture et cinéma
Critique à l'école de Bazin (1953-1954)
François Truffaut, fort de son expérience chez Elle, envisage une carrière de journaliste de la presse généraliste. Louise de Vilmorin organise une réunion avec Françoise Giroud, qui est sur le point de lancer L'Express, et ne donne pas suite. Au début de l'année 1953, André Bazin lui trouve un poste au service cinématographique du ministère de l'Agriculture. Le contrat de quelques mois n'est pas renouvelé<ref name="auzel"/>.
À partir de mars, André Bazin fait publier des critiques rédigées par François Truffaut dans les Cahiers du cinéma<ref name="auzel"/>. De plus en plus nombreuses, certaines sous pseudonymes, elles louent le cinéma américain et le tournage en extérieur naturel, si absent du cinéma français. À la fin de l'année 1953, François Truffaut est embauché par la revue au poste de rédacteur. Le numéro de janvier publie un article de lui, exceptionnellement long, préparé depuis plus d'un an. « Une certaine tendance du cinéma français » est un texte pamphlétaire contre les cinéastes de « qualité française » et le « cinéma de papa » empêtré dans les lourdeurs du trio producteur-scénariste-réalisateur<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. L'article vise notamment les scénaristes Jean Aurenche et Pierre Bost, et le réalisateur Claude Autant-Lara<ref>Modèle:Article</ref>,<ref name = "daney">Modèle:Article</ref>. Il est soutenu par Claude Mauriac mais divise la rédaction et cause un scandale d'une violence imprévue tant parmi les réalisateurs que dans le lectorat.
Au sein de la revue, François Truffaut forme avec les autres rédacteurs, Claude Chabrol, Jacques Rivette, Jacques Demy, Éric Rohmer, Jean-Luc Godard, la jeune garde autour d'un André Bazin habitué à plus d’aménité et dépassé<ref>Eila Suleiman, « Le spectateur engagé », Modèle:P., Ciné Croisette, Draguignan, 2012.</ref>. Le plus assassin est François Truffaut, qui n'hésite pas à manipuler l'insulte personnelle<ref>Eila Suleiman, « Le spectateur engagé », Modèle:P., Ciné Croisette, Draguignan, 2012.</ref>. Il défend le cinéma d'auteur contre le cinéma de consommation<ref>Modèle:Harvsp</ref> avec une grande intransigeance, dogmatisme de jeunesse qu'en 1984 il confiera regretter<ref name = "cardullo"/>. Dans les vingt mètres carrés du 146 Champs-Élysées, l'ambiance est très libre mais avec le temps François Truffaut régente de plus en plus le travail de ses collègues.
Affirmation de soi et de ses choix (1954-1955)
André Bazin introduit son protégé auprès de Maurice Bessy, qui dirige Cinémonde, revue plus rémunératrice que les Cahiers du cinéma. François Truffaut s'y montre peu assidu et sa collaboration avec Michel Aubriant, rédacteur chargé de lui apprendre le métier, n'est pas prolongée au delà de deux piges. Il consacre son temps disponible à réaliser un bout d'essai, Une visite, son premier film. Il conçoit un scénario, qu'il renonce à réaliser et qui deviendra À bout de souffle. Jacques Laurent remarque son style et lui ouvre les seize pages de son hebdomadaire Arts-Lettres-Spectacles, vitrine des « Hussards ». Les piges y sont payées cinq fois plus qu'aux Cahiers du cinéma et mettent François Truffaut à l'abri des privations.
À la fin de l'année 1954, il rencontre Roberto Rossellini dans le cadre de son travail. Avec Éric Rohmer, il l'invite au cinéma et s'en fait l'ami. Le cinéaste italien est en décalage avec le public habitué à un cinéma de divertissement et ne connait que des échecs commerciaux. L'année suivante, en 1955, François Truffaut réalise ses premières interviews d'Alfred Hitchcock, qui sont aussi parmi les premiers entretiens enregistrés de cinéastes amenés à s'exprimer longuement autrement qu'à travers leurs films.
Il publie, à côté d'un hommage dévot à Jean Cocteau, deux nouvelles dans la revue hussarde La Parisienne<ref name="auzel"/> de Jacques Laurent. Il est ulcéré par l'éloge moralisateur et mensonger des maisons de redressement, qu'il a connues, dressé par Jean Delannoy dans Chiens perdus sans collier<ref>F. Truffaut, Arts, Paris, 1955, cité in Antoine de Baecque & Serge Toubiana, François Truffaut, Modèle:P., Éditions Gallimard, Paris, 2001.</ref>, film sorti cette année là. Il s'en souviendra trois ans plus tard en dénonçant la maltraitance institutionnelle dans son premier long métrage, Les Quatre Cents Coups.
Roché et l'assistant de Rossellini (1956)
Après avoir été récusé par un producteur, Ralph Baum, pour assister son ami Max Ophuls, François Truffaut est embauché en 1956 comme assistant du réalisateur Roberto Rossellini, « l'homme le plus intelligent que j'ai connu », pour trois films<ref name="auzel" /> qui n'aboutissent pas<ref name="bauchart400c" />.
Il est déjà un lecteur assidu des romans policiers traduits en français de William Irish quand Henri-Pierre Roché, qui le connaît par les Hussards de la revue La Parisienne<ref>C. Fumaroni, Écritures et réécritures dans l'œuvre de François Truffaut, Ch. IV, note 2, Edizioni Esordienti, Turin, avril 2012 Modèle:ISBN.</ref>, l'invite dans sa maison de Meudon. Le collectionneur et scénariste, ami d'Abel Gance, de Jean Cocteau et de Jean Renoir dont l'espoir de faire un film a été contrarié par la guerre, a remarqué un des articles<ref name="arts559">François Truffaut, Arts no 559, Paris, 14-20 mars 1956.</ref> du critique où celui-ci parle, en termes pertinents et élogieux, de son livre Jules et Jim, premier roman alors sans succès. Le jeune homme de vingt-quatre ans est fasciné par l'écriture cinématographique de l'élève de Peter Altenberg.
De son côté, l'ex Dada, proche des surréalistes, est à la recherche d'un héritier spirituel par lequel il puisse transmettre une « morale neuve » affranchie des contraintes morales et sociales. Le romancier a commencé de tirer un scénario de son Jules et Jim et projette d'en faire autant de ses Deux Anglaises et le continent. Il cherche son cinéaste et incite le jeune homme à réaliser des films d'après ses deux romans. Truffaut s'y emploiera après la mort de l'écrivain, à partir des archives manuscrites prêtées par la veuve<ref>C. Fumaroni, Écritures et réécritures dans l'œuvre de François Truffaut, Ch. IV, note 8, Edizioni Esordienti, Turin, avril 2012 Modèle:ISBN.</ref>,<ref group="note">Denise Roché, née Renard, âgée de soixante-cinq ans à la mort de son mari.</ref>.
Les deux hommes, à une génération d'écart, partagent la même expérience adolescente d'une amitié gémellaire fondée sur l'échange des femmes<ref name="Baecque05">A. de Baecque, « Lachenay, l'ami dans l'ombre. », in Libération, Paris, 28 novembre 2005</ref>, avec Jo Samarin pour Roché, Robert Lachenay pour Truffaut. Pour l'un et l'autre, cette éducation sentimentale a donné lieu à un travail d'écriture<ref name="Baecque05"/>. L'un et l'autre ont été brièvement jetés en prison par l'armée. Une amitié exceptionnelle naît entre eux autour de l'expérience de l'enfance, des femmes, de l'écriture. Elle sera interrompue trois ans plus tard par la mort de l'écrivain.
Cette rencontre conforte l'apprenti cinéaste dans la position qu'il défend avec violence contre le cinéma français de l'époque, dans les Cahiers du cinéma, celle qui prône le cinéma d'auteur et, dans la lignée des idées d'André Bazin<ref name="bauchart400c"/>, la narration subjective qui jette un regard objectif, en usant de la profondeur de champ et du plan séquence, tout en respectant la continuité du cours de la vie. Truffaut trouve dans l'écriture impressionniste de Roché l'idéal littéraire dont il fera son propre procédé cinématographique, celui de l'ellipse jusqu'au vif essentiel tel qu'il saura l'exprimer en 1973 dans son art poétique qu'est La Nuit américaine : Modèle:Citation bloc
Cette conception de l’œuvre d'art comme une sublimation de la vie privée, un raccommodage voire un remontage, est plus qu'une esthétique, celle de la Nouvelle Vague<ref>Roselyne Quémener, « Mur murs et Documenteur », in Antony Fiant, Roxane Hamery, Éric Thouvenel, Agnès Varda : le cinéma et au-delà., Modèle:P., Coll. Spectaculaire, PUR, Rennes, 2013 Modèle:ISBN.</ref>, partagée avec Roché qui dès avril 1917 promouvait au côté de Marcel Duchamp le ready-made. Elle est une morale surgie des déchirements de la vie et des ratages du désir. À la suite du Modèle:Citation<ref>H. P. Roché, Deux Anglaises et le continent, Modèle:P., NRF, Paris, mars 1979.</ref> du freudien Roché, Truffaut fera dire, comme un prolongement naturel, à un de ses personnages dans la même réplique Modèle:Citation<ref>Anne Brown, in F. Truffaut, Les Deux Anglaises et le Continent, Les Films du carrosse, Paris, 1971.</ref>. Jules et Jim, roman de la révolution sexuelle, restera son livre de chevet, relu au moins deux fois par an.
Producteur de cinéma (1957-1958)
François Truffaut se marie le 29 octobre 1957 avec Madeleine, fille d'Ignace Morgenstern, propriétaire de la société de distribution cinématographique Cocinor<ref name="auzel"/>. Il l'a rencontrée treize mois plus tôt à la Mostra de Venise. Il en aura deux filles, Laura, née le 22 janvier 1959, qui enseignera le français à Berkeley, et Éva, née le 28 juin 1961, qui deviendra actrice. Avec les fonds de son beau-père, il se lance dans la réalisation et fonde une société de production, Les Films du Carrosse, ainsi nommée en hommage à Jean Renoir et son film Le Carrosse d'or.
Comme par un renoncement à la carrière d'écrivain, qu'il ne cessera d'envier et de célébrer à travers ses films, il adapte une nouvelle d'un autre collègue de la revue La Parisienne, le jeune Maurice Pons. Les Mistons<ref name="auzel"/>, court-métrage narrant l'errance d'une bande d'adolescents qui regardent et tracassent un couple d'amoureux<ref>Modèle:Harvsp</ref>, sort en 1958.
Comme la plupart de ses camarades de la Nouvelle Vague, c'est sans expérience professionnelle que Truffaut se lance dans la réalisation. Son expérience d'assistant réalisateur de Rossellini ne l'a guère formé. L'assistant réalisateur est en effet le plus souvent cantonné à des taches subalternes et est constamment empêché de voir comment le film se fait<ref name = "cardullo">Modèle:Harvsp</ref>. Sa conception du métier est moins celle d'un technicien du cinématographe que celle d'un auteur, à l'instar de Cocteau, s'exprimant par images et scènes dialoguées. Selon lui, il est possible d'apprendre plus en regardant des milliers de films et en rédigeant des critiques à leur propos qu'en étant assistant d'un réalisateur. À la différence d'un Jean-Luc Godard, il ne prétend pas faire une révolution dans le cinéma et conserve une conception classique de la manière de faire des films. Il prétend surtout faire des films personnels et sincères<ref name = "cardullo"/>.
En 1958, il est interdit de festival de Cannes, sans doute à cause des critiques virulentes qu'il a publiées.
La Nouvelle Vague
Le début de la saga Doinel (1959)
En 1959, Truffaut tourne Les Quatre Cents Coups. Le film avait d'abord été imaginé comme un court métrage d'une vingtaine de minutes qui se serait intitulé La Fugue d'Antoine. L'intrigue était alors centrée sur l'épisode où Antoine, après avoir fait l'école buissonnière, raconte à son instituteur que sa mère est morte et prend la fuite après que ses parents ont découvert son mensonge. Pour le scénario du long métrage, Truffaut collabore avec Marcel Moussy<ref name = "cardullo"/>. Il recrute Jean-Pierre Léaud dans le rôle d'Antoine Doinel après avoir passé une annonce dans le quotidien France-Soir<ref name = "cardullo"/>.
Le film remporte le prix de la mise en scène au Festival de Cannes la même année et reçoit la reconnaissance de la critique. L'événement ouvre la porte au mouvement de la Nouvelle Vague et à sa carrière mondiale. Avec trois millions six cent mille entrées, le film connaît un immense succès auprès du public<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Le personnage d'Antoine Doinel réapparaîtra en 1962 avec Antoine et Colette, court métrage réalisé dans le cadre du film collectif L'Amour à vingt ans. Le film montre Antoine Doinel en adolescent timide, qui aime maladroitement une jeune fille, Colette, jusqu'à ce qu'il s'aperçoive qu'elle en aime un autre<ref name = "collet693">Modèle:Harvsp</ref>.
Dans Baisers volés, sorti en 1968, Antoine Doinel, toujours joué par Jean-Pierre Léaud, a une vingtaine d'années. Avec Claude de Givray et Bernard Revon, François Truffaut imagine la vie du jeune homme qui rentre du service militaire, se cherche un métier, tombe romantiquement amoureux d'une jeune fille de son âge, Christine, personnage que joue Claude Jade, mais est fasciné par une femme mariée, Fabienne Tabard, jouée par Delphine Seyrig<ref name = "cardullo"/>.
Dans Domicile conjugal, sorti en 1970, Truffaut racontera la vie conjugale du couple Antoine et Christine Doinel.
Truffaut réalisera le dernier épisode de la saga « Antoine Doinel », l'Amour en fuite en 1979. Le film, qui raconte la séparation d'Antoine et Christine, contient en flashback des scènes issues des films précédents. Truffaut exploite ici le privilège rare d'avoir pu filmer le même acteur à différents âges de la vie<ref name = "cardullo"/>. L'accueil par le public est mitigé.
Des succès et un échec (1960-1967)
Le succès des Quatre Cents Coups en 1959 permet à Truffaut l'année suivante de venir, via Les Films du Carrosse, au secours de Jean Cocteau, à court de producteur durant le tournage du Testament d'Orphée<ref name="auzel"/>. En septembre de cette même année 1960, il signe le « Manifeste des 121 »<ref name="auzel"/>. Lancé par Jean-Paul Sartre, c'est un appel à l’insoumission des hommes du contingent engagés dans la guerre d’Algérie, un soutien aux déserteurs et aux Français arrêtés pour avoir aidé les « terroristes » du FLN. L'ex délinquant déserteur s'attend de nouveau à être jeté en prison et en privé proclame Modèle:Citation<ref>F. Truffaut, Lettre à Helen Scott, septembre 1960, cité in A. Moix, François Truffaut, l'insoumis, Arte, Strasbourg, 2 novembre 2014.</ref>.
S'il ne se passionne guère pour la politique, il reste vivement opposé à la politique culturelle du régime gaulliste, ce qu'il exprime notamment dans une lettre adressée à son amie Helen Scott à la veille du référendum de 1962<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref>. En 1967, il refuse la Légion d'honneur que lui propose Malraux<ref name=":1" />.
Après Les Quatre cents coups, Truffaut filme Charles Aznavour et Marie Dubois dans Tirez sur le pianiste, adaptation d'un roman noir de David Goodis. Il y fait le portrait d'un pianiste raté et ravagé par le doute<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Pour la musique, il s'adresse au compositeur Georges Delerue, élève de Darius Milhaud qui a écrit la musique de Hiroshima mon amour et écrira pour d'autres, en particulier les musiques du Mépris et de Diên Biên Phu. Entre eux naît une grande complicité, qui s'entend à l'écran et se traduira par une collaboration renouvelée.
Comme souvent dans sa carrière, Truffaut réalise un nouveau film en réaction à son film précédent. Alors que Les Quatre Cents Coups était un film très « français », Tirez sur le pianiste est plus influencé par le cinéma américain. Le film est aussi fait en réaction à sa nouvelle notoriété. Truffaut, qui vient de passer brutalement de l'ombre à la lumière avec le succès fulgurant des Quatre Cents Coups, raconte ici l'histoire d'un homme qui passe de la célébrité à l'anonymat<ref name = "cardullo"/>. Le succès de son précédent film a paradoxalement déçu Truffaut qui voit son film apprécié par des gens qui n'aiment pas vraiment le cinéma. En réaction, il souhaite faire un film pour cinéphiles<ref name = "anzalone"/>. Le résultat est un échec commercial et Truffaut cesse de soutenir Modèle:Citation<ref name="Baecque05"/>. La rupture et les insultes l'affectent profondément<ref name="Baecque05"/>.
Son troisième film, Jules et Jim, adapté du roman homonyme d'Henri-Pierre Roché, raconte pudiquement l'histoire d'un amour à trois<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le film est un nouveau grand succès. À partir de là, ses films sont vendus à l'étranger par Alain Vannier. Avec ses trois premiers longs métrages, François Truffaut s'est déjà imposé comme un grand réalisateur<ref>Modèle:Harvsp</ref>. En 1963, Les Films du Carrosse coproduisent Mata Hari, agent H 21, et Truffaut participe à la rédaction des dialogues et du scénario<ref name="auzel"/>.
Il a avec l'actrice Liliane David une liaison, dont il s'inspire en 1964 pour le film La Peau douce même si le rôle principal féminin est confié à Françoise Dorléac. Il divorce la même année de Madeleine Morgenstern. Séducteur compulsif dès le soir tombé, comme il s'est trouvé décrit dans le journal d'Henri-Pierre Roché qui lui inspirera l'idée de L'Homme qui aimait les femmes<ref group="note">Le scénario original n'est pas tiré du journal lui-même mais d'expériences personnelles diverses montées en scénario par Michel Fermaud.</ref>, Truffaut est en effet amoureux de ses vedettes féminines<ref group="note">Seule Isabelle Adjani, vedette de L'Histoire d'Adèle H., n'a pas sacrifié au Modèle:Citation.</ref> comme autant d'icônes : Modèle:Citation bloc
La célébrité redoublée par Jules et Jim lui vaut, en 1965, d'être le sujet exclusif d'une émission de télévision, Cinéastes de notre temps<ref name="auzel"/>. L'année suivante, il réalise en Angleterre péniblement, après quatre ans de tractations, Fahrenheit 451, film de science-fiction et apologie de la littérature adapté du célèbre roman de Ray Bradbury<ref>Modèle:Harvsp</ref> qu'il a découvert en août 1960 et dont le rôle principal a un temps été prévu pour Paul Newman ou Terence Stamp.
En avril 1967, la radio lui offre dix heures d'antenne pour un sujet de son choix. Ce sera la maltraitance des enfants, sujet tabou et seule cause pour laquelle il est prêt à s'engager. Il n'hésite pas à incriminer la même logique sociale concentrationnaire qui, avec le soutien du peuple, a conduit en temps de guerre vers des camps d'extermination des individus rendus vulnérables et se retourne en temps de paix au sein même des familles contre les enfants.
C'est en tant que producteur que François Truffaut rachète in extremis les droits d'exploitation et sauve Au feu, les pompiers !, le film de Miloš Forman, réfugié à Paris, que la censure tchécoslovaque a interdit.
Révolution personnelle et scission (1968-1970)
En février 1968, Truffaut prend la défense d'Henri Langlois, que les autorités veulent démettre de ses fonctions de directeur de la cinémathèque française<ref name = "baecque98"/>,<ref name="auzel"/>. Il se retrouve à la tête du Comité de défense de la Cinémathèque<ref name = "baecque98"/>.
Truffaut demande au patron de l'agence Dubly, Albert Duchenne, de retrouver son père biologique<ref name = "baecque98">Modèle:Article</ref>. L'enquête d'un détective privé lui apprend qu'il s'agit de Roland Lévy, un dentiste né à Bayonne en 1910 de Gaston Lévy et de Berthe Kahn<ref name=Express/>. C'est un descendant, du côté paternel, d'une famille séfarade portugaise réfugiée à Bayonne dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les Lévi Alvarès. Durant l'entre deux guerres, Roland Lévy poursuit des études à Paris, où il habite rue de la Tour-d'Auvergne. C'est là qu'il fréquente Janine de Montferrand, qui met au monde leur fils hors mariage. À l'arrivée des troupes allemandes, il part pour Troyes et échappe aux décrets contre les juifs. Il épouse Andrée Blum en juillet 1949. En 1954, il ouvre un cabinet dentaire dans le centre-ville de Belfort, boulevard Carnot<ref name=Express/>. En 1959, le couple se sépare après avoir eu deux enfants<ref>Truffaut avait interrogé une belfortaine dans Le Pays.</ref>.
Au moment où il découvre ses origines, printemps de cette même année 1968, Truffaut fait une demande en mariage à la famille de son actrice préférée et sa cadette de seize ans (donc encore matrimonialement mineure), Claude Jade, « la petite fiancée du cinéma », qui a tourné dans Baisers volés. Il prend tardivement conscience de la différence d'âge et renonce peu de temps avant la cérémonie, prévue pour juin, fuyant un second mariage dans ses activités professionnelles et politiques liées à l'affaire Langlois<ref>Modèle:Lien web</ref>. La question de l'engagement politique du cinéaste lors de mai 68 est l'occasion d'une scission entre les anciens amis de la Nouvelle Vague. François Truffaut défend la position modeste d'un homme accomplissant sans hypocrisie son métier à l'adresse du spectateur plutôt qu'au service d'une cause que celui-ci n'a pas achetée avec son billet. Il soutient en revanche l'annulation du festival de Cannes en solidarité avec les manifestations étudiantes et les ouvriers en grève<ref name=":1" />.
Il restera ami avec Claude Jade. Il la fera tourner dans Domicile conjugal en 1970 et L'Amour en fuite en 1979. La mort de sa mère le 22 août 1968 le plonge dans ses souvenirs. Il récupère les documents liés à son enfance, l'école, les lettres, la maison de redressement, et retourne à ses journaux intimes. À la fin de l'année, à la demande de Jean-Paul Sartre dont il admire tout particulièrement Réflexions sur la question juive<ref>J. Gruault, cité in A. Moix, François Truffaut, l'insoumis, Arte, Strasbourg, 2 novembre 2014.</ref>, il met sa notoriété au service du journal la Cause du peuple en butte à la censure pompidolienne en participant lui-même à sa distribution dans la rue, non qu'il soutienne le maoïsme, bien au contraire, mais parce qu'il considère qu'il est du devoir d'un artiste de défendre la liberté d'opinion<ref>F. Ttruffaut, in A. Sinclair, L'Invité du jeudi, Antenne 2, Paris, 18 décembre 1980.</ref>. Il reconnait en Sartre un modèle de cohérence politique, « un homme à l'engagement quotidien et placide »<ref name=":1" />.
Il s'engage surtout sur l'enfance maltraitée. Ainsi, il utilise sa notoriété pour faire entrer cette thématique dans le débat public à la fin des années 1960 et réclamer plus de sévérité pour les parents violents. Il est également membre des comités de parrainage du Secours populaire et des bienfaiteurs de SOS Villages d'enfants<ref name=":1" />.
En 1969, il réalise La Sirène du Mississipi avec Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo. Le public est à nouveau au rendez-vous. À partir de ce tournage, le cinéaste entretient avec sa vedette féminine, qu'il appelle Kathe, comme la blonde héroïne de Jules et Jim, une vie de couple discrète. Il réalise alors L'Enfant sauvage, Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. La rupture avec Catherine Deneuve à la fin de l'année 1970 plonge l'homme à femmes qu'est François Truffaut dans une dépression grave<ref>Modèle:Lien web</ref>. Le second roman d'Henri-Pierre Roché, Deux Anglaises et le continent, est le seul livre qu'il emporte à la clinique, où il est soigné par une cure de sommeil.
Gloire interrompue
Les films de la maturité (1971-1976)
En avril 1971, François Truffaut fait partie des hommes qui cosignent le paragraphe du « Manifeste des 343 » appelant à la dépénalisation de l'interruption volontaire de grossesse dans lequel ceux-ci se déclarent complices d'avortements. Il a retrouvé l'œuvre d'Henri-Pierre Roché, dans laquelle la question de la liberté sexuelle et donc celle de l'IVG, subies à plusieurs reprises par Helen Hessel, sont centrales, et porte à l'écran le second roman de l'auteur, Les Deux Anglaises et le continent, qui sort en novembre en 1971. Le succès est moins grand auprès du public.
À la suite de la censure de l'une des émissions de télévision de Janine Bazin et André Labarthe, Vive le cinéma, François Truffaut boycotte les Dossiers de l'écran du 5 juillet, au cours desquels il devait participer à un débat sur la liberté de penser illustré par son film Fahrenheit 451. En septembre sort Une belle fille comme moi. Il y raconte l'histoire d'un sociologue, incarné par André Dussollier, qui est fasciné par son objet d'étude, la criminelle Camille Bliss, jouée par Bernadette Lafont. À l'encontre de toute morale, Camille Bliss, pour échapper à la prison, fait accuser du meurtre de son compagnon le sociologue, qui est condamné à sa place.
Avec La Nuit américaine, François Truffaut réalise un film sur le cinéma à l'ancienne. Il y montre un film en train de se faire et incarne lui-même le rôle du réalisateur tandis que Jean-Pierre Léaud incarne l'acteur principal du film. En 1973, à l'occasion de la sortie du film, il se brouille définitivement avec Jean-Luc Godard par lettres interposées<ref name = "diatkine">Modèle:Article</ref>,<ref>Voir le film Deux de la vague (2011)</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Il soutient François Mitterrand lors de l'élection présidentielle de 1974<ref name=":1" />.
En 1975, il réalise L'Histoire d'Adèle H. avec Isabelle Adjani dans le rôle-titre. Il est fasciné par la comédienne de dix-sept ans qu'il a vue à la télévision jouer L'École des femmes et a obtenu de la Comédie-Française qu'elle démissionne pour son seul plaisir voyeuriste de l'admirer à travers l’œil de sa caméra, au point de créer une situation ambigüe et embarrassante<ref name=Blottière>Mathilde Blottière, « Comment Truffaut tombait-il amoureux de ses actrices ? », Télérama, 6 octobre 2014.</ref>.
Après Les Quatre Cents Coups et L'Enfant sauvage, il revient en 1976 au thème de l'enfance avec L'Argent de poche. Le film rencontre un grand succès public.
Fasciné par le journal intime d'Henri-Pierre Roché, François Truffaut demande à Michel Fermaud de lui confier des anecdotes pour le scénario de L'Homme qui aimait les femmes. Le film sort en 1977.
Il réalise ensuite un film sur la mort, La Chambre verte, adapté du roman L'Autel des morts de l'écrivain américain Henry James. Il y incarne un personnage étrange et hanté par la mort, qui préfère la compagnie de ses amis morts à celle des vivants. Le film déroute le public
Le cinéaste populaire (1977-1982)
En 1977, François Truffaut accède à la demande de Steven Spielberg de jouer dans Rencontres du troisième type le rôle du scientifique français Lacombe, qui est un personnage inspiré par l'ufologue Jacques Vallée. Spielberg est un grand passionné de la filmographie de Truffaut et veut absolument ce dernier dans son film. Comme Truffaut n'est pas parfaitement bilingue, Spielberg accepte qu'il parle en français et que les répliques soient traduites par un collègue dans la version originale.
Deux ans plus tard, en 1979, le dernier volet de la saga Doinel, L'Amour en fuite, réunit Jean-Pierre Léaud et Claude Jade une dernière fois.
Truffaut écrit avec Suzanne Schiffman Le Dernier Métro (1980), film qui inscrit une histoire d'amour dans le Paris de l'occupation telle que le réalisateur l'a vécue. Le film est notamment inspiré par Margaret Kelly (la danseuse Miss Bluebell), qui avait caché pendant des mois son mari Marcel Leibovici durant la guerre. Truffaut est en proie à un doute permanent sur le film<ref name=":0" />. C'est un immense succès populaire : il fera trois millions trois cent mille entrées<ref>Modèle:Lien web</ref> et sera salué par dix César, dont ceux du meilleur scénario, du meilleur film, du meilleur reálisateur.
Truffaut revient ensuite dans La Femme d'à côté, inspiré d'un fait divers comme l'avait été Le Rouge et le Noir, à une histoire intime, une relation de couple d’apparence banale, avec un parti pris de recul et de neutralité. Le personnage de Bernard montre un homme apparemment monolithique, sûr de lui, responsable, avec une vie de famille et un métier. L’apparition de Mathilde ressuscite en lui une passion ancienne dont la puissance possessive va inexorablement l'entraîner jusqu’à remettre en cause tous ses masques, familiaux, sociaux, professionnels, et en faire la victime, peut-être consentante, d'un désir absolu et impossible.
L'actrice principale, Fanny Ardant, avec qui il aura une fille, sera le dernier amour de François Truffaut. Modèle:Référence souhaitée
Au début des années quatre-vingt, il a le projet d'adapter avec son scénariste Jean Gruault le roman de Paul Léautaud Le Petit Ami, récit de la tentation incestueuse entre un fils et sa mère. Le projet est finalement abandonné, mais le travail avec Jean Gruault se prolonge dans l'écriture d'une saga, la Belle Époque<ref>Modèle:Article</ref>, Cette période heureuse, déjà évoquée dans les deux adaptations de Roché, est représentée à travers le parcours de personnages de la France du début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Le film sera réalisé par Gavin Millar en 1995 pour la télévision sous la forme d'une mini-série<ref group="note">Le scénario a été publié chez Gallimard en 1996 sous le titre Belle Époque.</ref>.
Après l'élection en 1981 à la présidence de la République de François Mitterrand, que le réalisateur avait soutenu sans ferveur, Jack Lang invite celui-ci à rencontrer le président des États-Unis, Ronald Reagan, à Yorktown. Truffaut refuse à la dernière minute en raison d'un problème de planning, ce qui provoque l'ire du ministre de la Culture<ref name="Baecque">Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Mitterrand-Reagan, sur le site de l'INA</ref>,<ref>Truffaut, sur Google Livres</ref>.
La maladie (1983-1984)
Le Modèle:Date sort le dernier film de François Truffaut. Vivement dimanche !, avec la même Fanny Ardant, est un nouveau succès.
Peu auparavant, en juillet, le cinéaste loue la maison que possède en bordure de la ville de Honfleur, en Normandie, Michel Berger, lui-même en pleine composition de la bande originale du film Rive droite, rive gauche de Philippe Labro (1984). Il doit y passer tout l'été avec Fanny Ardant, enceinte de luiModèle:Refnec, et travailler sur ses scénarios, notamment La Petite Voleuse et Belle Époque, mais il est pris d'une attaque violente qui le conduit aux urgences : il vient d'avoir la première manifestation de sa tumeur cérébrale<ref name="Baecque"/>.
En avril 1984, il apparaît, marqué par la maladie, dans l'émission Apostrophes que Bernard Pivot lui consacre à l'occasion de la réédition, sous le titre Hitchcock/Truffaut, du livre qu'il avait publié sur son maître dix-huit ans plus tôt, en 1966.
L'intervention chirurgicale ayant été trop tardive, il meurt le Modèle:Date de décès à l'hôpital américain de Paris de Neuilly-sur-Seine, une trentaine d'idées de films à faire en tête<ref>F. Truffaut, cité in A. Moix, François Truffaut, l'insoumis, Arte, Strasbourg, 2 novembre 2014.</ref>. Il est incinéré au cimetière du Père-Lachaise et ses cendres sont déposées au cimetière de Montmartre (division 21)<ref>Cimetières de France et d'ailleurs</ref> à Paris.
Fanny Ardant accouche d'une petite Joséphine après la mort de François Truffaut<ref>Modèle:Lien Web</ref>.
Célébration
Hommages
En octobre 2014, la Cinémathèque française dédie à François Truffaut une importante exposition rétrospective. À proximité, la rue François-Truffaut lui rend hommage.
Consécrations de lieux de publics
Plusieurs rues, divers cinémas sont baptisés François Truffaut.
Des lycées portent ce nom, à Challans (Vendée), à Beauvais (Oise) et dans le [[3e arrondissement de Paris|Modèle:3e arrondissement de Paris]]. Des collèges également, comme à Charly-sur-Marne, Strasbourg, Chef-Boutonne ou Asnières-sur-Seine.
Analyse de l'œuvre
Méthodes de travail
Comme la plupart des protagonistes de la Nouvelle Vague, François Truffaut n'aime pas les studios et a préféré tourner ses films en décors réels, à l'exception de Fahrenheit 451, son film de science-fiction<ref name = "cardullo"/>.
Cependant, il a presque reproduit les conditions du tournage en studio pour le Dernier Métro et Vivement dimanche !.
Cinéma et littérature
François Truffaut n'est pas seulement un grand cinéphile ; il est aussi un grand lecteur. Les personnages de ses films lisent souvent, comme Antoine Doinel plongé dans la lecture du Lys dans la Vallée, dans Baisers volés.
Sa correspondance, publiée en 1988 par Claude de Givray et Gilles Jacob, révèle de très nombreuses références littéraires ; il semble que l'enfant Truffaut, quand il faisait l'école buissonnière, allait voir de très nombreux films mais passait également de nombreuses heures à lire. Dans sa correspondance avec son ami d'enfance Robert Lachenay, il cite régulièrement Honoré de Balzac, Marcel Proust, Jean Giraudoux, Jacques Audiberti, Jean Genet et Georges Bernanos<ref name = "anzalone">Modèle:Harvsp</ref>. Il s'est lié et a correspondu avec de nombreux écrivains, dont, très tôt, Jean Cocteau, Jacques Audiberti et Jean Genet<ref>Voir sur zone-critique.com.</ref>.
Dans son attaque contre le cinéma de « qualité à la française » publiée dans les Cahiers du cinéma en 1954, François Truffaut s'en prend notamment à la manière dont les scénaristes Jean Aurenche et Pierre Bost adaptent les grandes œuvres de la littérature française au cinéma<ref name="anzalone" />.
En tant que metteur en scène, il a lui-même adapté de nombreux romans au cinéma (Tirez sur le pianiste, Jules et Jim, La Mariée était en noir, Les Deux Anglaises et le continent, La Sirène du Mississipi, Une belle fille comme moi, etc.). À l'exception des deux romans d'Henri-Pierre Roché que Truffaut considérait comme un écrivain supérieur à Jean Cocteau, qu'il admirait aussi, Truffaut n'a jamais porté à l'écran de grands classiques de la littérature française. Au contraire, la majorité de ses adaptations sont issues de la littérature anglo-saxonne, plus particulièrement, du roman noir<ref name="anzalone" />.
Pour son deuxième film, Tirez sur le pianiste, Truffaut s'inspire de Down there de David Goodis. À la différence des scénaristes qu'il critiquait, il adapte un roman appartenant à un genre considéré comme mineur plutôt qu'un chef-d'œuvre de la littérature<ref name = "anzalone"/>.
Concernant les films réalisés à partir de l'œuvre de Roché, il ne les considère pas comme des Modèle:Citation à un écrivain qu'il admire<ref name = "anzalone"/>.
Personnages et acteurs récurrents
Les personnages masculins de François Truffaut sont souvent isolés et renfermés sur eux-mêmes. Charlie Kohler, dans Tirez sur le pianiste, finit seul à son piano. Montag, dans Fahrenheit 451, est isolé du reste de la société. Pierre Lachenay dans La Peau douce, se retrouve aussi abandonné, par sa maîtresse comme par sa femme, laquelle ne le retrouve que pour l'assassiner. Antoine Doinel est un inadapté. C'est aussi le cas d'Alphonse dans La Nuit américaine ou de Claude dans Les Deux Anglaises et le Continent, qui se retrouve isolé à la fin du film, et de Julien Davenne dans La Chambre verte<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
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Jean-Pierre Léaud est l'acteur fétiche de Truffaut. Il incarne notamment Antoine Doinel dans Les Quatre Cents Coups, Antoine et Colette, Baisers Volés, Domicile conjugal et L'Amour en fuite. Il est aussi Alphonse dans La Nuit américaine et Claude dans Les Deux Anglaises et le Continent.
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Claude Jade est révélée par François Truffaut. Elle était sa fiancée et son actrice fétiche dans Baisers volés, Domicile conjugal et L'Amour en fuite. Truffaut fait une demande en mariage, mais refuse au dernier moment. Ils restent amis et il l'appelle « ma troisième fille ».
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Bernadette Lafont débute au cinéma dans Les Mistons (1957). Elle retrouve François Truffaut pour Une belle fille comme moi (1971).
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Jeanne Moreau incarne Catherine dans Jules et Jim.
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Catherine Deneuve incarne Marion Vergano dans La Sirène du Mississipi (1969) et Marion Steiner dans Le Dernier Métro (1980).
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Fanny Ardant est la dernière compagne et la dernière égérie de François Truffaut.
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Marie-France Pisier est révélée par François Truffaut dans Antoine et Colette. Elle retrouve ensuite le réalisateur pour L'Amour en fuite, dont elle contribue aussi au scénario.
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Nathalie Baye fait ses débuts avec François Truffaut dans La Nuit américaine. Elle le retrouve ensuite dans L'Homme qui aimait les femmes et La Chambre verte.
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Jean-François Stévenin fut son assistant et joua dans L'Argent de poche et La Nuit américaine ;
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Georges Delerue, très grand ami, joue le rôle d'un notaire dans Les Deux Anglaises et le Continent et sa musique, notamment le célèbre Grand choral de La Nuit américaine, est un acteur majeur de la plupart des films de Truffaut.
Cinéaste très attentif aux acteurs et à leurs personnages<ref>Dictionnaire du cinéma, Larousse, Paris, 1998. Modèle:P..</ref>, François Truffaut a offert à plusieurs comédiens des rôles qui ont fait date dans leurs carrières :
- Jean-Pierre Léaud fut révélé par Truffaut ; il tourna avec lui un moyen et six longs métrages (Les Quatre Cents Coups, Antoine et Colette, Baisers volés, Domicile conjugal, Les Deux Anglaises et le Continent, La Nuit américaine et L'Amour en fuite) ;
- Claude Jade fut révélée par François Truffaut et fut « Christine Darbon » dans Baisers volés, Domicile conjugal et L'Amour en fuite ; Truffaut la demanda en mariage en 1968, mais renonça au dernier moment. Ils restèrent amis et il l’appelait « ma troisième fille » ;
- Nathalie Baye fit ses débuts dans le rôle de la scripte de La Nuit américaine et fut l'interprète féminine principale de La Chambre verte. Elle eut aussi un petit rôle dans L'Homme qui aimait les femmes ;
- Dorothée, chanteuse et animatrice de télévision, dont le premier rôle au cinéma était celui de Sabine dans L'Amour en fuite ;
- Isabelle Adjani prêta son talent à L'Histoire d'Adèle H. ;
- Jacqueline Bisset fut la star de La Nuit américaine ;
- Catherine Deneuve joua dans le sombre film, à l'issue mélodramatique, La Sirène du Mississipi aux côtés de Jean-Paul Belmondo et interpréta la directrice du théâtre Montmartre dans Le Dernier Métro, aux côtés de Gérard Depardieu ;
- Françoise Dorléac, sœur de la précédente, interpréta le premier rôle féminin de La Peau douce. Truffaut lui apprit à calmer son jeu et à débiter son texte plus lentement. C'est notamment grâce à ce rôle qu'elle accéda au rang d'actrice de talent et de star incontestée du cinéma français à cette époque ;
- Bernadette Lafont participa au premier court métrage de Truffaut, Les Mistons et fut le rôle-titre de Une belle fille comme moi ;
- Jean-François Stévenin fut lui aussi révélé par Truffaut. Il fut son assistant et joua dans L'Argent de poche et La Nuit américaine ;
- Jeanne Moreau, qui fit une apparition dans Les Quatre Cents Coups, passa à la postérité dans Jules et Jim et incarna l'implacable vengeresse dans La mariée était en noir ;
- Marie-France Pisier débuta à 17 ans dans Antoine et Colette (court métrage) et fit une très courte apparition dans Baisers volés et reprit son rôle de Colette dans L'Amour en fuite ;
- Fanny Ardant, dernière compagne de François Truffaut, fut révélée quant à elle dans La Femme d'à côté.
Compositeurs des musiques des films de François Truffaut
Thématiques
L'enfance maltraitée
Truffaut a une sensibilité particulière pour les enfants. Trois de ses longs métrages sont centrés sur des personnages enfants, Les Quatre Cents Coups, L'Enfant sauvage et L'Argent de poche<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Les trois évoquent la maltraitance, la cruauté des adultes mais aussi la bienveillance de ceux qui savent s'adresser à l'enfant comme à eux-mêmes. Comme Roché, Truffaut plaide pour une morale éducative.
La femme fatale
La relation aux femmes, l'impossible entre éros et thanatos, est le sujet central de la plupart des films de Truffaut quand il ne s'agit pas de l'enfance. Sept d'entre eux brossent le portrait d'une femme dont la victime est un héros emprisonné dans une relation pathologique. L'héroïne est folle d'amour, folle jusqu'au meurtre, dans La Peau douce, La Mariée était en noir et La Femme d'à côté. Dans La Sirène du Mississipi, c'est le héros qui est conduit par sa sirène fatale au crime passionnel. Dans Une Belle fille comme moi, l'homme, sociologue, est encore la victime de l'objet féminin, mais sujet manipulateur, qui le fascine, comme Empédocle du volcan qu'il étudie de trop près. Dans L'Histoire d'Adèle H., l'érotomanie de l'héroïne se retourne contre elle-même. Seule la grande amoureuse jouée par Fanny Ardant dans Vivement dimanche ! manipule le héros pour son salut.
Le donjuanisme
Modèle:... Modèle:Citation bloc
Influences
Truffaut revendique l'influence de Jean Renoir. Il dit avoir vu Le Carrosse d'or (1953) et La Règle du jeu (1939) une quinzaine de fois chacun<ref name = "cardullo"/>.
C'est à Alfred Hitchcock qu'il emprunte le procédé dramatique d'une intrigue nouée autour d'une figure féminine qui fascine autant la caméra que le héros.
Il revendique également l'influence de Roberto Rossellini. Il admire notamment chez Rossellini la manière de filmer les enfants<ref name = "cardullo"/>.
Vingt-six films
- Trois courts-métrages : Une visite, Les Mistons, Une histoire d'eau,
- Cinq films de la série autobiographique Doinel : Les Quatre Cents Coups, Antoine et Colette, Baisers volés, Domicile conjugal, L'Amour en fuite,
- Trois films inspirés par Roché : Jules et Jim, Les Deux Anglaises et le Continent, L'Homme qui aimait les femmes,
- Six adaptations de romans noirs ou de science-fiction : Tirez sur le pianiste, Fahrenheit 451, La Mariée était en noir, La Sirène du Mississipi, Une belle fille comme moi, Vivement dimanche !,
- Trois adaptations d'œuvres littéraires singulières : L'Enfant sauvage, L'Histoire d'Adèle H. et La Chambre verte,
- Deux films inspirés par les crimes passionnels de la rubrique des faits divers : La Peau douce et La Femme d'à côté,
- Trois scénarios originaux : La Nuit américaine, L'Argent de poche et Le Dernier Métro.
François Truffaut dit que ces films sont à environ vingt pour cent autobiographiques, à vingt pour cent pris dans les journaux, à vingt pour cent pris dans la vie des gens de son entourage et à vingt pour cent de fiction pure<ref name="docu"/>.
Filmographie
Réalisateur
Courts et moyens métrages
- 1954 : Une visite
- 1957 : Les Mistons
- 1958 : Une histoire d'eau, coréalisé avec Jean-Luc Godard
- 1962 : Antoine et Colette (moyen métrage du film à sketches L'Amour à vingt ans)
- 1962 : Los 4 Golpes
Longs métrages
Acteur
Cinéaste autobiographique, François Truffaut apparaît comme acteur de plusieurs de ses films. Il tient le rôle principal dans L'Enfant sauvage (1970), La Nuit américaine (1973) et La Chambre verte (1978), et apparaît en caméo dans la plupart de ses autres films.
Il dit à ce propos : « Je ne peux pas faire une chose qui soit très loin de moi, c’est vrai. J’ai besoin de m’identifier, de me dire : « j’ai été dans des circonstances comme ça ou je pourrais être dans des circonstances comme ça », j’ai besoin de ce critère tout le temps pour travailler ».
Toutefois, il interprète un des personnages principaux dans le film Rencontres du troisième type de Steven Spielberg à la demande de ce dernier qui lui voue une grande admiration. Modèle:Colonnes
Truffaut apparaît également dans le documentaire I'm a Stranger Here Myself (1974) de David Helpern et James C. Gutman.
Innocents: The Dreamers (The Dreamers) de Bernardo Bertolucci (2003) contient des images d'archives qui montrent Truffaut prenant la parole lors de la manifestation des réalisateurs devant la Cinémathèque Française en 1968.
Producteur
Scénariste
Dialoguiste
- 1959 : Les Quatre Cents Coups de François Truffaut
- 1964 : Mata Hari, agent H 21 de Jean-Louis Richard
- 1969 : La Sirène du Mississipi de François Truffaut
Notoriété cinématographique
Audience à la sortie
Prix et sélections
Publications
Essai
Recueils d'articles critiques
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Chroniques d'arts-spectacles 1954-1958, Gallimard, 2019.
Scénarios et dialogues
- Avec Marcel Moussy, Les 400 Coups, Éditions Gallimard, 1960.
- Les Aventures d'Antoine Doinel, Mercure de France, 1970.
- Jules et Jim, Éditions du Seuil, 1971.
- La Nuit américaine et le Journal de Fahrenheit 451, Éditions Seghers, 1974.
- L'Argent de poche, Flammarion, 1976.
- L'Homme qui aimait les femmes, Flammarion, 1977.
- Avec Jean Gruault, Belle Époque, Gallimard, 1996.
Nouvelles
- « Les Seins silicieux », in La Parisienne, Paris, novembre 1954.
- « Antoine et l'Orpheline », in La Parisienne, Paris, mai 1955.
Correspondance
- Modèle:Ouvrage. Modèle:Commentaire biblio
- Correspondance François Truffaut-Fernand Deligny, éd. Bernard Bastide, 1895, Modèle:N°, 2004.
- Modèle:Article.
- Claude Gauteur, François Truffaut en toutes lettres, La Tour verte, Modèle:Coll, 2014.
- François Truffaut, Bernard Bastide (éd.), Correspondance avec des écrivains : 1948-1984, Gallimard, Paris, 2022.
- François Truffaut et Helen Scott, Mon petit Truffe, ma grande Scottie. Correspondance, 1960-1965, édition établie et commentée par Serge Toubiana, Denoël, 2023.
Apocryphe
- É. Butterfly, Le Journal d'Alphonse, Gallimard, Paris, 2004 Modèle:ISBN, 124 p. Modèle:Commentaire
Notes et références
Notes
Références
Annexes
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage. Modèle:Commentaire biblio
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage. Modèle:Commentaire biblio
- Modèle:Ouvrage.
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- Modèle:Ouvrage
Entretiens
- Propos de François Truffaut recueillis par Jean-Pierre Chartier lors de l'émission Cinéastes de notre temps du 26 janvier 1970, « cinéastes de notre temps : François Truffaut (II) », Téléciné no 160, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), Modèle:Date, Modèle:Page, Modèle:ISSN.
- C. de Givray & F. Truffaut, Le Scénario de ma vie, début juillet 1984.
Revue de presse
- Modèle:Article
- Modèle:Article
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- Modèle:Article
- Modèle:Article
Films sur François Truffaut
- 1965 : François Truffaut ou l’esprit critique de Jean-Pierre Chartier, dans la série Cinéastes de notre temps, 64 min
- 1970 : François Truffaut, dix ans dix films de Jean-Pierre Chartier, dans la série Cinéastes de notre temps, 58 min
- 1981 : La Leçon de cinéma de François Truffaut : entretiens avec J.-M. Berzosa, Jean Collet, Jérôme Prieur. 2 x 60 min. Modèle:1re diff. TF1, mai 1983
- Un livre en est tiré : La Leçon de cinéma, Denoël, 2021, 272 p.
- 1993 : François Truffaut : Portraits volés de Serge Toubiana et Michel Pascal, sorti au cinéma en 1993
- 2011 : Deux de la vague d'Antoine de Baecque et Emmanuel Laurent, sorti au cinéma le 12 janvier 2011
- 2012 : François Truffaut, une autobiographie d'Anne Andreu Modèle:Commentaire
- 2014 : François Truffaut, l'insoumis d'Alexandre Moix Modèle:Commentaire
- 2020 : Les Secrets de François Truffaut de Grégory Draï et Jérôme Bermyn ; diffusé sur France 5 le 8 juillet 2020.
Article connexe
Liens externes
- « Truffaut par Truffaut » sur le site de la Cinémathèque française
- Exposition virtuelle de la Cinémathèque française : « Le Cinéma à quatre mains »
- Fiche du ciné-club de Caen