Philibert Commerson
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Scientifique
Philibert Commerson (Modèle:Date, Châtillon-les-Dombes<ref name="Cap">Modèle:Article</ref> - Modèle:Date de décès, île Maurice<ref name="Cap" />) est un médecin, explorateur et un naturaliste français. Son nom est parfois écrit par ses contemporains<ref group="N">comme on peut le voir dans les citations ci-dessous de Bougainville et Sonnerat</ref> Commerçon, conformément à la prononciation.
Il est connu pour avoir accompagné Bougainville comme naturaliste dans son voyage autour du monde, et pour avoir secrètement aidé Jeanne Barret à participer au voyage et devenir ainsi la première femme botaniste à avoir fait le tour du monde. Ensemble, ils collectèrent des milliers d'espèces de plantes nouvelles, d'insectes, de poissons et d'oiseaux qui furent offerts au Jardin du roi. Une mort précoce, à l'âge de 45 ans, ne lui laissa pas le temps de publier ses travaux. En 2011, 42 genres décrits par Commerson sont valides et plus de 100 espèces végétales portent son nom<ref name=dab/>.
Jeunesse 1727-1754
Philibert Commerson est le fils de Georges-Marie Commerson, notaire et conseiller du prince de Dombes, et de Jeanne-Marie Moz. Il vit le jour le Modèle:Date- à Châtillon-les-Dombes (actuellement Châtillon-sur-Chalaronne), une petite commune à une quarantaine de kilomètres au nord de Lyon. Il reçut de la part de son père une éducation très stricte.
Alors qu'il était en classe de 3e, à Bourg-en-Bresse, un professeur lui fait découvrir lors de promenades, les joies de la botanique<ref name="Cap"/>. Après deux années de rhétorique à Bourg, il poursuit ses études au collège bénédictin de Cluny. Bien que destiné par son père au métier de notaire, Philibert Commerson ne l'entend pas ainsi et part en 1748 étudier la médecine à la Faculté de Médecine de Montpellier où il obtiendra le grade de docteur<ref name="Cap"/> en 1754<ref name="Pelt">* Jean-Marie Pelt, "Philibert Commerson, sa travestie et ses bougainvilliers" dans La Cannelle et le panda : les grands naturalistes explorateurs autour du Monde, Modèle:Éd. Fayard 1999 Modèle:ISBN</ref>. Il exercera peu son métier de médecin mais sa passion dévorante pour les plantes guidera toute sa vie. Voilà comment le décrit, quelques années après sa mort, François Beau, son beau-frère Modèle:Citation (cité dans Allorge<ref name=al>Modèle:Ouvrage</ref>, 2003).
Sa passion pour la botanique est telle, qu'il n'hésite pas à chaparder des plantes et fruits dans le Jardin des plantes de Montpellier de feu Richer de Belleval, au point où son professeur de botanique de l'université lui en interdit l'accès<ref name="Cap"/>. Ses frasques d'étudiant lui seront pardonnées, car ses talents de collecteur et descripteur de plantes sont reconnus. À l'époque, la botanique constituait une part importante du cursus de médecine et il put s'y investir avec la frénésie de la jeunesse. Il préférait l'observation précise de la Nature aux discours pompeux et creux des Diafoirus brocardés par Molière. Plutôt que de s'incliner pieusement devant le mystère de Dieu, la botanique permet de construire pas à pas, une image ordonnée du monde, validable par l'observation de chacun et pouvant être organisée par la raison<ref group="N">De Théophraste à Dioscoride, les Grecs de l'Antiquité avaient accompli des percées considérables dans la connaissance des plantes. L'ouvrage de Dioscoride fut abondamment recopié au Moyen Âge et l'objet de quelques exégèses, sans qu'il soit jamais porteur d'un progrès notable dans l'analyse botanique. Les progrès s'opèrent à partir de la Renaissance, quand les botanistes commencèrent à faire des enquêtes de terrain, à dessiner les plantes et à prendre leur autonomie vis-à-vis de l'autorité des Anciens.</ref>.
De cette époque, reste un herbier de la flore du Languedoc.
Un médecin naturaliste de la Bresse 1754-1764
Son diplôme en poche, il quitte Montpellier le Modèle:Date- et part herboriser dans les Cévennes, en Savoie puis en Suisse. Sur la route, il va rendre visite à Voltaire à Ferney, près de la frontière suisse. Le philosophe des Lumières ne lui propose pas moins que de devenir son secrétaire mais Commerson décline l'offre et préfère reprendre ses herborisations vagabondes vers sa Bresse natale. Il déclara malicieusement que l'homme avait l'air d'un filou et était en proie à des terreurs nocturnes<ref name=role>Modèle:Article</ref>. Toutefois, toute sa vie sera guidée par l'esprit des Lumières.
À plus de trente ans, Commerson semblait toujours dépendre de ses parents. Il crée dans sa ville natale un petit jardin botanique et se rend en visite dans les autres jardins botaniques de la région. Il se constitue un réseau de correspondants « à graines » qui s'étend jusqu'à Rouen, Genève, la Grande Chartreuse. Sa réputation de naturaliste va jusqu'aux oreilles de Carl von Linné qui le charge de décrire les plantes marines, les poissons et les coquillages de la Méditerranée. On ne sait rien du voyage qu'il fit à cette occasion mais on a quelques notes manuscrites conservées au Muséum et une très belle collection de poissons de la Méditerranée conservée à Stockholm. Un éditeur lui propose de publier un ouvrage d'ichtyologie mais il ne lui donne pas suite. Commerson était un perfectionniste toujours insatisfait de son travail et ne publia jamais rien<ref name=al/>.
Sa passion de la collecte de spécimens naturalistes était sans limite. Modèle:Citation<ref name=al/>.
En 1760, à 33 ans, il épouse la fille d'un notaire, Antoinette Vivante Beau. Le couple s'installe dans un village du Charolais, à Toulon-sur-Arroux, où il ouvre un cabinet de médecin. Son beau-frère, François Beau, est le curé du village.
Après deux années d'union heureuse, sa femme meurt en couches en 1762, en donnant naissance à un fils, Anne François Archambault Commerson (1762-1834)<ref name="Cap"/>. Philibert Commerson très affecté, sombre dans le désespoir.
Il lui faudra deux ans pour accepter la perte de l'être cher. Il s'investit encore plus dans son travail pour oublier sa douleur. Son beau-frère nous indique qu'Modèle:Citation. Plus tard, il dédia à la mémoire de sa bien-aimée Antoinette Beau, un arbre observé à l'île Maurice, sous le nom de Pulcheria commersonia qui rassemblait leurs deux patronymes (en latin pulcher « beau »), tout comme le fruit renfermait deux semences en forme de cœurs unis<ref name=dab/>. Mais le genre Pulcheria ne restera pas dans la postérité car il ne l'a pas publié. La plante s'appelle maintenant Polycardia phyllanthoides<ref>Tropicos</ref> (Lam.) DC. (famille des Celastraceae). Par contre, Lamarck a publié le nom Boea Comm. ex Lam. (1785) (Gesneriaceae), dédié à François Beau par Commerson, pour une plante trouvée au détroit de Magellan.
Paris et le monde scientifique 1764-1766
Commerson va être tiré de sa réclusion par un jeune astronome, Jêrome de Lalande, comme lui originaire de la Bresse, qui mène une brillante carrière à Paris. Il écrivait souvent à cet ami d'enfance des lettres empreintes du plus vif enthousiasme pour la botanique<ref name=Cap/>. Lalande qui admirait son courage et sa passion, le convainc de « monter à la capitale » pour élargir ses perspectives. En Modèle:Date-, Commerson s'installe dans un appartement sis au 13 de la rue des Boulangers, tout près du Jardin du Roy, le futur Jardin des Plantes. Son fils est confié à son oncle maternel, l'abbé Beau.
Pour tenir sa maison, Commerson fait venir de Bourgogne, une jeune servante de 24 ans, Jeanne Barret qu'il avait probablement employée comme gouvernante après la mort de son épouse<ref name=al/>. D'origine très modeste, son père était un saisonnier agricole, mais très curieuse, elle apprend vite au contact du naturaliste comment classer les herbiers et autres collections d'histoire naturelle<ref name="chan">Modèle:Ouvrage</ref>. Elle deviendra une botaniste avertie, comme en témoignera plus tard Bougainville. Une grande complicité va s'établir entre eux et probablement beaucoup plus bien qu’il fût de 13 ans son ainé. Plusieurs ouvrages romancés ont brodé sur ces amours secrètes<ref group="N">voir la bibliographie de l'article Jeanne Barret</ref>.
À cette époque, Commerson fréquente le monde scientifique de la capitale. Il rencontre les naturalistes de la famille de Jussieu, Michel Adanson et Buffon. Lalande l'introduit aussi auprès des mathématiciens et astronomes qui gravitent autour de l'Observatoire et du Palais du Luxembourg où la belle et brillante mathématicienne, Nicole-Reine Lepaute, tient salon et à qui il dédiera plus tard une plante (l'hortensia).
C'est aussi grâce à Lalande et surtout aux recommandations du médecin académicien Poissonnier que Commerson sera nommé « médecin naturaliste du Roy » pour accompagner Bougainville dans son voyage autour du monde.
Le voyage autour du monde avec Bougainville (1767-1768)
Le Modèle:Date-, le roi Louis XV donne instructions au Sieur de Bougainville de restituer les îles Malouines aux Espagnols et de passer le détroit de Magellan pour effectuer un tour du monde<ref name=voyage>Modèle:Ouvrage</ref>. Les deux vaisseaux envoyés iront « à la Chine », en reconnaissant au passage les terres intéressantes. Le voyage doit durer deux ans.
Commerson sembla un moment hésiter à partir pour l'aventure dans les terres inconnues. Modèle:Citation<ref name=al/>. Mais il n'en fait rien en raison dit-il d'Modèle:Citation.
Alors que la frégate La Boudeuse commandée par Bougainville navigue déjà, Commerson embarque à Rochefort, le Modèle:Date-, dans la flûte L'Étoile avec son « valet de chambre, gagé et nourri par le Roy », un certain Jean Baret ou Barret. La métamorphose de Jeanne en Jean Barret<ref>Sophie Miquel, Nicolle Maguet, « Du nouveau sur Jeanne Barret aux Archives nationale de l'île Maurice », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 2020, tome 147, Modèle:2e livraison, Modèle:P..</ref> s'est faite apparemment à l'insu de tous.
Commerson, très incommodé par le mal de mer, obtint du capitaine La Giraudais de partager sa cabine avec son fidèle valet pour qu'il puisse lui porter secours « de jour comme de nuit ».
L’Amérique du Sud (Modèle:Date- - Modèle:Date-)
Après trois mois de navigation, L'Étoile aborde les îles Malouines. Bougainville qui est déjà sur place remet l'île à l'Espagne le Modèle:Date-, comme prévu<ref group="N">d'après la chronologie précise de Bideaux et Faessel (2001), qui ont donné une édition critique du Voyage autour du Monde très bien documentée, voir les références ci-dessous</ref>. Ils mettent ensuite la voile pour le Brésil pour un nouveau rendez-vous.
La rencontre des deux navires se fera Modèle:Date- à Rio de Janeiro. Lors de cette escale brésilienne, Commerson s'empressera d'aller herboriser à terre. Et comme tout naturaliste Européen découvrant pour la première fois l'exubérance de la flore tropicale, il s'extasie devant la générosité de la nature : Modèle:Citation.
Au cours d'une de leur exploration, ils tombent en arrêt devant une liane flamboyante<ref name=dab>Modèle:Article.</ref> Modèle:Citation. Elle sera baptisée Bougainvillea spectabilis Willd. en hommage au capitaine de l'expédition, Louis Antoine de Bougainville, qui se montre un capitaine exemplaire, féru de sciences naturelles et de mathématiques, inspiré de l'esprit des Lumières. L'échantillon collecté par Commerson existe toujours. L'holotype est conservé dans l'herbier national français au Muséum de Paris et est visible en ligne<ref>HERBARIUM MUSEI PARISIENSIS</ref>. Parfois, ils motivent plus malicieusement leurs dénominations, comme le Colletia cruciata, un arbuste aux épines imposantes, en dédicace à un botaniste et magistrat Philibert Collet, un Châtillonais comme Commerson mais qu'il n'apprécie pas outre mesure. Autres isotypes récoltés : Machaerium punctatum (Poir.) Pers., un bel arbuste de la famille des Fabaceae, ou Cleome rosea Vahl ex DC, une Capparaceae. Lors de leur séjour sud américain, les deux infatigables explorateurs, auront collecté et mis en herbier Modèle:Unité végétales<ref name=dab/>.
Après une escale d'un mois à Rio de Janeiro, les deux navires feront voile vers l'estuaire du Río de la Plata entre Montevideo et Buenos Aires où ils resteront quatre mois.
Commerson et sa complice Barret en profitent pour aller souvent à terre herboriser. D'après Antoine-Laurent de Jussieu<ref name=car>Modèle:Article</ref>, à Buenos Aires et Montevideo, Commerson aurait décrit des plantes appartenant aux genres Capellia, Geranium, Collettia, Ciallea, Solanum, Molinea, Tropaeolum, Aenothera, Bipinnula, Berberis, Eryngium etc. Quelques années plus tard, en 1803, ce même A-L. Jussieu établira le nouveau genre Petunia sur la base de deux plantes récoltées par Commerson <ref>Modèle:Article</ref> autour de l'embarcadère de Montevideo, le Petunia parviflora Juss., et le Petunia nyctaginiflora Juss. (deux isotypes).
Bougainville attendit les accalmies de l'été austral pour franchir le détroit de Magellan en Modèle:Date- et Modèle:Date-. L’Étoile qui prend l'eau et La Boudeuse qui se révèle peu manœuvrante, obligent à faire de nombreux arrêts que les deux naturalistes mettent à profit pour se livrer à un inventaire de la flore et de la faune de la Terre de Feu. Plus tard, dans le récit de son voyage, Bougainville<ref name=voyage/> fera l'éloge de Modèle:Citation.
Les Patagons vont à la rencontre des explorateurs avec de grands témoignages d'amitié. Ce ne sont pas des géants comme les Anglais en avaient répandu la légende. Ils sont de belle stature, certes, Modèle:Citation comme l'écrit Commerson<ref name=al/> qui se livre à une description minutieuse de leurs coutumes, de leurs vêtements et de leurs pirogues. Les Patagons servent de guides aux deux collecteurs dans leurs explorations. Le Jardin botanique de Lyon conserve deux échantillons de plantes collectées à cette occasion : une fougère et la violette maculée (Viola maculata Cav.) à fleurs jaunes<ref>Modèle:Article</ref>. Autre plante recueillie par Commerson dans le détroit de Magellan, un arbuste, la Philesia buxifolia Juss. (ou Philesia magellanica J.F. Gmel.) à l'origine du genre Philesia Comm. ex Juss., 1789 (famille des Philesiaceae).
La collecte dans le Détroit de Magellan (Chili) sera fructueuse, puisqu'on trouve aussi plusieurs isotypes<ref>Récoltes botaniques</ref> répétoriés au Catalogue des récoltes botaniques du Muséum<ref group="N">Parmi les Asteraceae : Senecio smithii DC, Erigeron vahlii Gaudich., Taraxacum magellanicum Comm. ex Sch.Bip. ; les Valerianaceae : Valeriana sedifolia d'Urv., etc.</ref>
Tahiti ou la Nouvelle-Cythère (du 6 au Modèle:Date-)
Après avoir essuyé les bourrasques de vent glacial, de pluie et de neige du détroit de Magellan et s'être apitoyés sur la misère sordide des peuples Fuégiens qui peuplent la côte, si peu conformes au modèle rousseauiste du « bons sauvages », les navigateurs abordèrent l'océan Pacifique en gardant l'espoir de découvrir le cas échéant le jardin d'Éden où devaient vivre à l'état naturel, des hommes "naturellement bons".
Les navigateurs épris de l'ouverture d'esprit des Lumières et rejetant le dogmatisme moral dominant, ne seront pas déçus par l'étape de Tahiti. Bougainville nous conte avec une délectation à peine contenue, dans un passage célèbre de son récit Voyage autour du monde, comment les premières pirogues chargées de femmes dénudées les abordèrent et comment Modèle:Citation<ref name=voyage/>. Plus loin, il nous dit Modèle:Citation.
Dans une lettre adressée à Lalande et que celui-ci publiera dans le Mercure de France en Modèle:Date-, Commerson donnera une vision rousseauiste de Modèle:Citation encore plus idéalisée que celle de Bougainville : Modèle:Citation bloc<ref group="N">la lettre de M. de Commerson se trouve dans l'appendice de l'édition critique du Voyage autour du monde de Bideaux et Faessel, 2001, voir Références</ref>. On peut supposer que cette vue idéalisée avait à voir avec l'idéal moral et philosophique de Commerson.
Ces premiers jugements sur la société tahitienne furent ensuite très tempérés par les informations plus précises que les explorateurs obtinrent de Aotourou, un Tahitien embarqué sur la frégate La Boudeuse. Dans son récit Voyage autour du monde écrit à son retour, Bougainville divise son récit en deux parties : dans un premier chapitre, il raconte au jour le jour l'émerveillement de la découverte d'insulaires affables, hospitaliers, aux femmes charmeuses et dans un second chapitre, il donne une description ethnographique plus nuancée de cette société. Et là, il reconnait s'être trompé sur le caractère égalitaire des rapports sociaux ou sur leur pacifisme puisqu'Modèle:Citation. Il ne s'agit plus de la découverte de « bons sauvages » puisque ces hommes lui apparaissent ni bons ni sauvages<ref>Modèle:Ouvrage</ref> mais différents et dignes de respects. Bougainville s'insurgera contre la dénomination de « sauvage » et en interdira l'usage par l'équipage.
Ces récits inspirèrent à des philosophes comme Diderot quelques réflexions audacieuses sur les fondements des lois morales, l'hypocrisie des sociétés policées et sur l'autonomie de l'individu qui n'a pas à se soumettre à un Dieu mais ne doit s'en remettre qu'à la Raison<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Durant ce bref séjour de 9 jours, Commerson n'eut guère le temps d'herboriser et quand il s'y essaya, la prospection tourna court comme le raconte Bougainville<ref group="N">M. de Bougainville a une orthographe variable des noms propres, comme on peut le voir ici</ref> : Modèle:Citation (Voyage<ref name=voyage/> 1771). Toutefois, dans son Journal, Bougainville avait daté bien plus tard, le Modèle:Date-, au large de Vanuatu, la découverte du travestissement de Jeanne, tout en laissant entendre l'existence d'une rumeur bien antérieure.
Ces événements avaient de quoi troubler l'esprit des explorateurs qui s'intéressèrent dès lors plus à la population qu'aux plantes, si bien qu'on ne trouve pas une seule plante tahitienne dans la Base de données de collections du Muséum, ni dans la base Tropicos<ref>TROPICOS</ref>. Commerson nous a laissé par ailleurs, des dessins ethnographiques avec des notes manuscrites constituant un témoignage très précieux de la culture Tahitienne au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle (A. Lavondès<ref name=ird>IRD </ref>).
Nous lui devons la première illustration d'une pirogue tahitienne de lagon ou va'a motu. Il a aussi représenté les ornements des chefs de guerre ou divers outils comme une herminette taillée en roche volcanique dense, car à cette époque les Polynésiens n'utilisaient pas de métal. Bougainville et Commerson emportèrent beaucoup de coquillages, de plantes, d'objets de mobiliers comme des tapa qu'ils avaient reçu en cadeau ou en échange de haches, de clous, de perles. Malheureusement ces pièces de collection ont été dispersées au moment de la Révolution.
D'après Pierre Sonnerat<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, un collègue naturaliste qu'il rencontra à l'île Maurice, Commerson a découvert un arbre qu'il appelle evia (ou evi) et Modèle:Citation. Cet arbre décrit précisément par Sonnerat est appelé évi à La Réunion, fri siter<ref>Modèle:Ouvrage</ref> (fruit de Cythère) à l'île Maurice, de pom (/prin) sitè aux Antilles françaises. Il recevra finalement le nom de Evia dulcis puis de Spondias dulcis par Sydney Parkinson<ref>Journal of a voyage to the South Seas 39. 1773.</ref>.
Un autre arbre ramené par Commerson, est le « bonnet carré », ou « bonnet d’évêque » en raison de son gros fruit de forme carrée évoquant un bonnet d'ecclésiastique. Bougainville avait suggéré le nom de Commersonia mais l'intéressé préféra le nom de Peissoniera du docteur Peissonier (ou Poissonnier), le médecin ministre de la Marine qui avait facilité son voyage. Finalement, l'arbre sera dénommé Barringtonia asiatica par Kurz dans une publication<ref>Preliminary Report on the Forest and other Vegetation of Pegu App. A: 65. 1875</ref> de 1875. Le genre Commersonia existe toutefois, il a été créé en par Forster un naturaliste Allemand et adopté par Linné, pour désigner des arbres de la famille des Malvaceae.
Vanuatu, Nouvelle-Guinée, Nouvelle-Irlande, Bourou, Batavia (mai - septembre 1768)
Après l'épisode mémorable de Tahiti, les deux navires font voile vers Samoa (baptisé Petites Cyclades par Bougainville) puis Vanuatu (nommé Grandes Cyclades) et approchent la barrière de corail de l'Australie (ou Nouvelle-Hollande). Ils remontent ensuite le long de la côte nord de la Nouvelle-Guinée et comme ils n'avaient plus ni eau, ni bois, ils font une escale de 18 jours en Nouvelle-Irlande, à Port-Praslin (Kambotorosch). Les contacts avec les populations insulaires sont nettement plus difficiles. Leurs traditions guerrières empêchent de faire du troc. Toutefois, Bougainville indique à plusieurs reprises qu'il ordonne à ses soldats de ne pas abuser de leur supériorité militaire. Tant que leurs vies ne sont pas menacées par des attaques à coup de pierres et de flèches, ils ont ordre de ne pas riposter violemment et il dit même, à la suite d'une riposte, Modèle:Citation (Voyage Modèle:P., Modèle:P.). Admirable esprit de tolérance des Lumières, capable de respect de l'autre ! Tous ces voyageurs des Lumières ne se sentent pas investis d'une mission civilisatrice comme allaient le penser les colons et missionnaires plus hautains de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
À Port-Praslin, suivant l'inventaire de Jussieu, Commerson récolta 86 espèces de plantes<ref name=al/> dont des espèces types<ref group="N">comme Cordia subcordata Lam. une Boraginaceae, ou Polygala longifolia Poir. une Polyalaceae</ref>.
L'expédition avait pris beaucoup de retard en Amérique du Sud, Bougainville voyant qu'il n'avait plus le temps d'aller en Chine, se dirigea vers l'archipel des Moluques à l'ouest. C'est le domaine où les Hollandais imposent leur monopole sur la production et le négoce des épices. La noix de muscade et le clou de girofle étaient les plus recherchés.
À bout de vivres, très affamés, victimes du scorbut, ils mouillent du 2 au Modèle:Date- à Bourou, une île des Moluques. Le résident Hollandais les accueille correctement le temps de se ravitailler et de constater que les épices ne sont pas cultivés sur l'île. Le Modèle:Date-, ils arrivent à Batavia, sur l'île de Java, où les Hollandais ont installé le siège de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Dans les Collections des récoltes botaniques du Muséum, on trouve quelques spécimens de plantes collectées en Indonésie par Commerson.
Les Mascareignes et Madagascar
Après la traversée de l'océan Indien, l'expédition arrive à l'île de France (aujourd'hui l'île Maurice) le Modèle:Date-. Bougainville repartira un mois plus tard pour la métropole mais laissera Commerson et sa fidèle compagne Baret à l'île de France. Commerson est accueilli chaleureusement par Pierre Poivre, une vieille connaissance qui est maintenant l'intendant des îles de France et de Bourbon<ref>Dans une lettre, il dit : Arrivé à l’isle de France, Monsieur Poivre y réalisa la menace honneste qu’il m’avoit faitte à Paris de m’arrêter à mon passage, pour m’engager à défricher l’histoire naturelle du pays de Commerson à Lemonnier</ref>. L'intendant lui offre d'excellentes conditions de travail : un immense jardin botanique, le Jardin de Pamplemousses, le premier jardin botanique de plantes tropicales créé au monde, et en outre une augmentation de 30 % de son traitement et un logement de fonction dans une superbe dépendance de l'Intendance, à Mon Plaisir<ref name=role/>.
Commerson reprit ses herborisations. Des dizaines d'herbiers de l'île Maurice ont été retrouvées<ref name=morel>Modèle:Article</ref> dans ses caisses. Il entreprit aussi de recenser les palmiers. Il eut tout de suite un coup de cœur pour un coco de mer rapporté des Seychelles par l'ingénieur Barré, et nommé coco-fesses en raison de sa ressemblance frappante avec cette partie de l'anatomie humaine. Le découvreur de la Nouvelle-Cythère le dessinera et le fera dessiner par Paul Philippe Sanguin de Jossigny dans une série de 15 planches conservées au Muséum<ref name=al/>. Il baptisera ce palmier Lodoicea callipyge<ref>the plant list</ref>,<ref>Modèle:IPNI</ref>, avec pour nom de genre Lodoicea afin d'évoquer la plus belle des filles du roi Priam, Laodice et pour épithète spécifique callipyge du grec ancien Modèle:Langue, kallípugos (« qui a de belles fesses »), épithète d’Aphrodite. Le nom retenu par la nomenclature est Lodoicea maldivica (même si cet arbre, endémique des Seychelles, est absent des Maldives).
Commerson part ensuite explorer la grande île de Madagascar, située à Modèle:Unité à l'ouest. Il sera accompagné de Pierre Sonnerat, neveu de Pierre Poivre et excellent naturaliste dessinateur<ref name=lenoble>Modèle:Article</ref>, mais Jeanne Baret ne fait pas partie du voyage. Il s'émerveille de la spécificité de la flore de Madagascar Modèle:Citation écrit-il. En moins de deux mois, le naturaliste aura le temps de récolter 495 échantillons<ref>voir aussi les 55 plantes collectées par Commerson qui sont référencées dans Tropicos TROPICOS</ref> et de faire des observations utiles sur les plantes à usage médicinal, notamment dans le traitement des blessures, de la dysenterie et des fièvres. C'est là qu'il découvrira l'arbre déjà évoqué plus haut, qu'il dédiera à sa défunte épouse, sous le nom de Pulcheria commersonia (ou Polycardia phyllantoides). Il découvre aussi l’arbre du voyageur, aux vastes feuilles disposées en éventail qui retiennent l'eau à leur base dans un réservoir. Il écrit à ce sujet<ref name=dab/>Modèle:Citation. Il est possible que Commerson soit à l'origine de cette croyance qui est toutefois peu vraisemblable, car cette eau est contaminée par de nombreux insectes et végétaux en décomposition et que de plus il pousse dans des zones très humides où l'eau ne manque pas. Commerson le baptise Dalembertia uranoscopa pour honorer l'académicien, mathématicien et encyclopédiste, Jean le Rond D'Alembert. Le nom retenu par la nomenclature sera celui que lui donna Pierre Sonnerat : Ravenala madagascariensis<ref>TROPICOS</ref>.
Sur le chemin du retour, le navire subit un fort coup de vent et doit faire une escale à l'Isle Bourbon (maintenant La Réunion) pour réparer les dégâts<ref name=dab/>. Bien sûr, Commerson en profite pour aller herboriser par monts et par vaux. Dans l'île, il récolta 607 échantillons<ref name=lenoble/>. C'est là qu'il se décide à faire un hommage appuyé à sa fidèle compagne, Jeanne Baret, en lui dédiant un arbre, "le bois de quivi", avec le nom de Baretia quivia. Modèle:Citation. Mais encore une fois un nom différent sera retenu par l'histoire de la nomenclature : Turraea heterophylla Sm.
Commerson découvre aussi ce qu'on appellera plus tard l' Hydrangea macrophylla, probablement apporté par les navigateurs hollandais. Il lui attribue d'abord le nom de Peautia coelestina en hommage à Modèle:Mme Lepaute, une amie astronome<ref>Modèle:Article</ref>,<ref name=coin>Modèle:Ouvrage</ref> (Peautia renvoie à Lepaute et coelestina à l'astronomie). Il se ravise ensuite quand il s'aperçoit qu'il a déjà utilisé le nom de Peautia et choisit le terme de Hortensia, probablement parce que Modèle:Mme Nicole-Reine Lepaute se faisait appeler Hortense dans l'intimité<ref name=coin/>. En 1789, il envoie un spécimen sec à Paris où Lamarck le décrit sous le nom de Hortensia opuloides (Lamarck, 1789).
À l'île Bourbon (La Réunion), Commerson participe à une grande expédition au « Volcan de Bourbon » (Piton de la Fournaise). À lui, se sont joints son dessinateur, le jeune Paul Sanguin de Jossigny (21 ans) et Lislet-Geoffroy (16 ans) qui est son herboriste attitré pour cette mission ainsi que trente-deux porteurs noirs, en tout pas moins de quarante-cinq personnes. Dans des conditions météorologiques difficiles, ils peuvent observer le volcan en éruption et rapporter des échantillons de lave<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Commerson revient à l'île de France en Modèle:Date- et meurt prématurément le Modèle:Date- à Flacq, à l'âge de 45 ans, avec à ses côtés sa fidèle Jeanne Baret.
Une semaine plus tard, l'Académie des Sciences, qui n'est pas au courant de son décès, l'élit membre associé.
Toute sa vie, Philibert Commerson n'eut de cesse d'herboriser, d'établir des herbiers, de décrire des insectes, poissons et autres animaux. Mais sa mort prématurée ne lui a pas laissé le temps de publier le moindre de ses travaux.
Ses collections et papiers sont rassemblés dans 34 caisses<ref name=morel/> et embarquées sur le vaisseau La Victoire en Modèle:Date- pour la métropole. Elles rassemblent :
- des herbiers de Maurice, La Réunion, Madagascar, des Philippines, des cocos de mer
- des reptiles, des dépouilles d'oiseaux, des coquillages, des crabes, des insectes, des poissons, des éponges, des madrépores, des laves
- des documents manuscrits, des dessins.
Toutes ces collections seront remises au Jardin du Roi.
Postérité
Philibert Commerson laisse de nombreux manuscrits et un très important herbier au Muséum national d'histoire naturelle ainsi qu'à l'herbier de l'Institut de Botanique de Montpellier. Mais l'histoire ne peut pas rendre véritablement justice à son œuvre car une grande partie d'entre elle a été soit perdue (une grande partie des plantes qu'il récolta en Amérique du Sud n'est jamais arrivée), soit utilisée à leurs propres comptes par d'autres naturalistes. Jussieu ne mit pas d'ordre dans les papiers de Commerson, qu'il devait publier mais qui resteront dans une caisse retrouvée dans un grenier de la maison de Buffon<ref name=voyage/>. Une partie de ses manuscrits sont intégrés par Lacépède (1756-1825) dans ses propres œuvres. Quant à ses poissons, ils sont retrouvés près de 70 ans plus tard, rangés dans une caisse dans le grenier de Buffon (1707-1788), et seront enfin décrits par André Duméril (1774-1860). Son destin n'est pas sans rappeler celui de Johann Reinhold Forster (1729-1798).
Son herbier, constitué dans sa jeunesse vers 1754, est déposé au Muséum et est estimé à plus de Modèle:Unité représentant plus de Modèle:Unité<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Son nom a été donné
- À un cratère du massif du Piton de la Fournaise, le cratère Commerson à La Réunion, un massif qu'il a visité avec Jean-Baptiste Lislet Geoffroy comme guide ;
- À un oiseau de la famille des strigidae, le petit-duc de Commerson (Mascarenotus sauzieri) ;
- À un petit cétacé, le dauphin de Commerson (Cephalorhynchus commersonii) ;
- À un genre de plantes australiennes de la famille des malvacées, Commersonia ;
- À plus d'une centaine d'espèces de plantes<ref>International Plant Names Index</ref> ;
- À plusieurs espèces d'insectes ;
- À une avenue du jardin botanique de Pamplemousses ;
- Au bateau semi-rigide de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises<ref>Modèle:Article</ref>.
Le voyage de Philibert Commerson et Jeanne Barret autour du monde est raconté dans le Passage de Vénus, bande dessinée inachevée de Jean-Pierre Autheman, Tomas Bergfelder et Jean-Paul Dethorey éditée chez Dupuis<ref>En deux tomes, collection Aire Libre, Modèle:ISBN et Modèle:ISBN. François Bourgeon terminera les dessins du second tome laissé inachevé par la mort de Jean-Paul Dethorey, et la série s'arrêtera au moment où Commerson pénètre dans le Pacifique.</ref>. Son histoire a été également romancée dans le livre de Fanny Deschamps intitulé La Bougainvillée<ref>Édité au Livre de poche en deux tomes : Le Jardin du roi Modèle:ISBN et Quatre-Épices Modèle:ISBN</ref>, et dans celui de Jean-Jacques Antier : La Prisonnière des mers du Sud.
Bibliographie
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Les dessins de Philibert de Commerson et la culture tahitienne au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
Notes et références
Notes
Références
Comm. est l’abréviation botanique standard de {{#if:|{{{2}}}|Modèle:Titre sans précision}}.
Consulter la liste des abréviations d'auteur en botanique ou la liste des plantes assignées à cet auteur par l'IPNI
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