Abbaye de Cîteaux

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Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Abbaye cistercienne

L’abbaye Notre-Dame de Cîteaux est l'abbaye fondatrice de l'ordre cistercien. Elle est située sur le territoire de la commune de Saint-Nicolas-lès-Cîteaux, canton de Nuits-Saint-Georges, dans le département de la Côte-d'Or, en Bourgogne-Franche-Comté. Sa construction est de style gothique et d'architecture classique du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Elle fut fondée en 1098 dans le duché de Bourgogne par Robert de Molesme, abbé de l'abbaye Notre-Dame de Molesme, dédiée à Marie, mère du Christ, et placée sous la protection des ducs de Bourgogne.

Dépendant directement des États pontificaux par droit pontifical, l'Ordre cistercien est officiellement approuvé le Modèle:Date par la Carta Caritatis (Charte de charité et d’unanimité) du pape bourguignon Calixte II, pour répandre et faire appliquer la Réforme grégorienne dans tout l’Occident chrétien, durant la [[Renaissance du XIIe siècle|Renaissance du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle]], en faisant de Cîteaux l'abbaye mère fondatrice de plus de deux mille monastères dans le Royaume de France mais aussi dans tout l'Occident chrétien, jusqu'en Transylvanie, où le monastère de Cârța était la plus orientale des abbayes cisterciennes médiévales d'Europe. L'abbaye de Cîteaux est un centre spirituel majeur qui influence profondément durant plus de sept siècles la vie spirituelle, économique et sociale de l’Occident chrétien au Moyen Âge, avec un retour au respect plus rigoureux de la règle de saint Benoît, par rapport à celle appliquée par le puissant ordre de Cluny, notamment à l'abbaye voisine de Cluny. Ce nouvel ordre monastique connait un essor considérable dans toute l'Europe grâce au moine bourguignon emblématique Bernard de Clairvaux (1090-1153).

À la suite de la Révolution française, lors de la confiscation des biens du clergé et de la noblesse, l’abbaye, ses biens et son domaine terrien de plus de 13 000 hectares sont confisqués et en grande partie détruits ou vendus à titre de bien national en 1791. Depuis 1898, une vingtaine de Cisterciens-Trappistes de l'Ordre cistercien de la stricte observance (OCSO), l’occupent à nouveau et lui ont redonné sa vie spirituelle. Elle a à ce jour retrouvé son rang d'abbaye tête de l'ordre des Cisterciens-Trappistes, et perpétue sa longue histoire et sa tradition. Elle est classée aux monuments historiques depuis 1978.

Historique

Fondation

Selon la tradition, l’histoire de Cîteaux commence le Modèle:Date- de l’année 1098, jour doublement symbolique (fête de saint Benoît et dimanche des Rameaux)<ref>Selon Modèle:Harvsp, Robert arrive à cet endroit au cours de l’été 1098 et ce n’est que par la suite que la date de fondation fut placée au 21 mars 1098. Ce déplacement est mentionné dans une inscription citée par Jean Marilier et il est indiqué dans l’article de Karine Berthier Les aménagements hydrauliques de l’abbaye, p. 67 r. 9 de l'ouvrage Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux.</ref>.

Ayant quitté ce jour-là l'abbaye Notre-Dame de Molesme avec l’autorisation du légat Hugues de Die, archevêque de Lyon, un petit groupe de vingt-et-un moines, conduit par Robert de Molesme, apparenté à la grande famille des sires de Maligny<ref>Modèle:Harvsp</ref>, novice de l'Abbaye Saint-Pierre de Montier-la-Celle, abbé de l'abbaye Saint-Michel de Tonnerre, prieur de l'Église Saint-Ayoul de Provins, abbé fondateur de l'Abbaye Notre-Dame de Molesme..., arrive dans l’alleu de Cîteaux pour y appliquer la Réforme grégorienne, et vivre dans l’esprit de prière et de pauvreté originelle de la règle écrite par Benoît de Nursie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

L’étymologie de Cîteaux

La toponymie de l’alleu Cistercium, Cîteaux, qui remplaça le nom de novum monasterium dans les chartes vers 1120<ref>Vers 1120, le nom de Modèle:Citation cède la place à celui de Cîteaux. Modèle:Harvsp.</ref>, est incertaine et pourrait trouver trois explications ; celle du latin cisterna, qui signifie marais ou terrain marécageux et renvoie à la nature géographique du site où s'installe l'abbaye<ref>Les abbayes cisterciennes sont peu ou pas décorées : quelques feuilles d'eau lovées aux retombées des voûtes et des arcades dans l'échancrure des chapiteaux rappellent peut-être cette origine marécageuse.</ref> ; celle du site qui se trouvait « en deçà de la troisième borne milliaire » cis tertium lapidem miliarium, sur la vieille voie romaine qui reliait Langres à Chalon-sur-Saône, ou celle qui viendrait du nom de « cistels », roseaux qui selon la légende poussent en abondance sur le site marécageux<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Selon la légende, Robert et ses disciples trouvent dans le bas-pays dijonnais, entre la Côte de Nuits<ref>La côte de Nuits est une zone étroite qui se situe dans le département de la Côte-d'Or, au nord et au sud de la ville de Nuits-Saint-Georges. Voir : Vignoble de la côte de Nuits</ref> et le Val de Saône, dans une contrée peu peuplée, boisée, aux eaux dormantes, un lieu inculte, peu accueillant, hostile même, mais permettant la construction de bâtiments. En réalité, ce domaine cultivé est un petit village de serfs doté d'une église : propriété du vicomte Renard de Beaune (un cousin de Robert) provenant du patrimoine de sa femme Hodierne, elle est concédée par cette famille qui renonce à ses droits laïcs pour la rémission de ses péchés et ceux de ses ancêtres<ref name="Arabeyre">Modèle:Ouvrage</ref>.

Les terres peuvent assurer la subsistance des moines, tout en leur offrant l’isolement et le silence propices au recueillement et à la paix monastique. Ce lieu que le Grand Exorde<ref>Le Grand Exorde (Exordium Magnum) ou Récit des débuts de l’Ordre cistercien, texte en partie légendaire, rédigé sans doute dans les dernières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par Conrad, moine de Clairvaux, devenu abbé d'Eberbach, raconte la fondation de Cîteaux en ces termes : « l’an 1098 de l’incarnation du Seigneur, Dom Robert […] et avec lui les religieux sortirent de Molesme et se dirigèrent vers le lieu qu’ils avaient jugé convenable. C’était un désert du nom de Cîteaux… Ainsi le douzième jour avant les calendes d’avril (21 mars 1098, le dimanche des Rameaux), prit naissance le monastère de Cîteaux et par la suite l’Ordre qui porte ce nom ». Deux autres manuscrits apportent des connaissances sur l’origine de Cîteaux : l’Exordium Cistercii, qui aurait été écrit aux environs de 1130 et l’Exordium Parvum (Le Petit Exorde), d’auteur inconnu, et dont l’origine serait un peu plus tardive. Modèle:Harvsp, r. 22 et r. 26.</ref> a qualifié du nom de « désert »<ref>L’abbaye est située à proximité d’une voie antique, désignée comme la Strata publica salinaria, ou voie salinière, ou encore via salnericia (route du sel), qui devait joindre la grande route de Beaune à Dijon aux gisements de sel du Jura. Cette voie serait l’actuelle D 116. Modèle:Harvsp, article d'Alain Saint-Denis, « L'évolution du paysage autour de l'abbaye », p. 54 et 59 r. 63, et article de Karine Berthier « Les aménagements hydrauliques de l'abbaye », p. 69, r. 14.</ref> est ainsi une concession de Renard qui se réserve toutefois des terres labourables. Le duc de Bourgogne [[Eudes Ier de Bourgogne|Eudes {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] (ou Borrel), confirme la donation à Robert de Molesme et apporte son concours financier pour la construction au lieu-dit de la Petite Forgeotte, non loin du Puits Saint-Robert, d’un novum monasterium et de ses dépendances. Bien modeste est à l’origine l’habitat des fondateurs de ce « Nouveau Monastère », fait de fragiles constructions de bois, qui ne sont entreprises qu’après que Gauthier, évêque de Chalon-sur-Saône, accorde à Robert toute juridiction sur les lieux<ref name="Arabeyre"/>.

Première période

Fichier:Foundersofciteaux.jpg
Les trois fondateurs de Citeaux : Robert, Aubry, et Étienne Harding. Cette peinture commémore et décrit la fondation en 1098, montrant les trois fondateurs vénérant la Vierge Marie.

Les premiers moments des fondateurs sont difficiles. Les forces nécessaires à la mise en valeur des terres dépassent celles qu’ils ont à offrir. Les disciples de Robert souffrent d’une pauvreté extrême et suscitent par leur total dénuement charité et miséricorde. [[Eudes Ier de Bourgogne|Eudes {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] fait preuve de générosité et le pape Pascal II, par la bulle Desiderium quod du Modèle:Date- de l’année 1100, accorde sa protection au nouveau monastère. Le duc de Bourgogne fournit aux moines de grands biens pour la construction et cède de nouveaux fonds pour la nourriture et l’entretien des religieux.

Ce soutien permanent l’a fait regarder comme le fondateur de cette abbaye<ref>Courtépée et Béguillet, Histoire générale et particulière du Duché de Bourgogne t. 1, p. 145 et 146.</ref>.

Mais les difficultés d’approvisionnement en eau du site initialement choisi<ref>Dom Martene et Dom Durand, Voyage littéraire de deux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, Paris, 1717-1724. Selon une inscription présente dans l’abbaye de Cîteaux au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Modèle:Citation. Modèle:Harvsp, chapitre de Karine Berthier : « Les aménagements hydrauliques de l'abbaye », p. 67, r.13.</ref> obligent Aubry<ref>C’est à Aubry qu’on doit l'institution des frères convers, « pour leur donner le temps d’entremêler, au travail prescrit par le législateur, le chant régulier de l’office divin ».</ref>, († Modèle:Date-<ref name=alberic>Le R.P. Othon Ducourneau et M. le chanoine Marilier donnent la date du 26 janvier 1108. Modèle:Harvsp.</ref>), successeur de Robert après Modèle:Date-<ref>Robert ne resta qu’un an à Cîteaux avant de reprendre le chemin de Molesme : il y eut une convocation d'un synode à Port-d'Ancelle en juin 1099 où il est décidé le retour de l'abbé à Molesmes. Modèle:Harvsp.</ref>, et sa communauté à s’installer deux kilomètres plus au sud, où ils construisent, sans doute toujours grâce à la générosité d’Eudes, de nouveaux bâtiments dont une chapelle, qui prendra plus tard le nom de chapelle Saint-Edme<ref>C’est dans cette chapelle que Bernard y reçut la coule en 1114 et que les abbés Aubry et Étienne Harding furent enterrés jusqu’au transfert de leurs restes en 1533. Cette chapelle survécut jusqu’à la Révolution. Elle fut détruite en 1791. Modèle:Harvsp, chapitre de Martine Plouvier : L'abbaye médiévale, p. 142.</ref>. Construite en pierre, elle est dédiée à Notre-Dame par Gauthier, évêque de Chalon-sur-Saône, le Modèle:Date-.

Plus tard, une basilique est construite à une date que l’on place entre 1130 et 1150. Les érudits émettent l’hypothèse que la mise en place, dans une châsse, en 1124, du cœur du pape Calixte II pourrait marquer le début des travaux<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Cette basilique est consacrée à la Vierge le Modèle:Date- par Robert, évêque de Chalon-sur-Saône. Les destructions révolutionnaires n’en ont rien laissé.

En 1109, Étienne Harding<ref>Étienne Harding, qui ne voulait pas que simplicité fût confondue avec indigence, Modèle:Citation. Modèle:Harvsp, chapitre de Marie-Françoise Damongeot, La bibliothèque de l'abbaye au Moyen Âge, p. 227.
En fin de l'année 1119, on termine au Nouveau Monastère la fameuse bible dite de Saint-Étienne qui, peut-être, avait été commencée avant le départ de Molesmes. Modèle:Harvsp.</ref>, (1060-1134) moine d’origine anglaise, homme intelligent, érudit, habile organisateur et administrateur expérimenté, qui fut du groupe des fondateurs de 1098, est élu troisième abbé du Nouveau Monastère à la mort de l’abbé Aubry (Modèle:Date-<ref name=alberic />). Aux problèmes de pauvreté auxquels il doit faire face, s’ajoutent les trop rares vocations, découragées par une réputation de trop grande austérité. La communauté voit fondre ses effectifs : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp, chapitre de Martine Plouvier, L'abbaye médiévale p. 130.</ref>. Harding comprend qu’il doit accepter un quotidien moins extrême pour attirer de nouveaux postulants.

Bernard et les quatre filles de l’Ordre

Fichier:Bernhard von Clairvaux (Initiale-B).jpg
Bernard de Clairvaux, manuscrit du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

C’est en 1112 que Bernard de Clairvaux (1090-1153), alors âgé de vingt-deux ans, de noble famille, né au château et basilique de Fontaine-lès-Dijon, près de Dijon décide d’aller à la rencontre de Dieu et de vivre dans l’ascèse monastique la plus rude. Il choisit de prendre l’habit de moine à Cîteaux. Trente compagnons, parents ou amis, le suivent dans sa retraite. Dès son arrivée, la communauté connait un prodigieux essor grâce à son extraordinaire rayonnement et à son action. La personnalité charismatique de Bernard, le maître spirituel incontesté de Cîteaux, marquera l'histoire de l'Ordre durant la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et attirera de nombreux convertis. La communauté devient florissante et l’espace manque pour y loger les religieux. Il faut essaimer.

Quatre colonies sont créées presque en même temps aux extrémités de la Bourgogne :

La Ferté, Pontigny, Clairvaux et Morimond seront les quatre « filles de Cîteaux » dont sortiront les rameaux de l’Ordre cistercien. L'influence de Bernard dans l'expansion de l'Ordre est décisive. Les quatre filles de Cîteaux ont leurs filiations, mais de Clairvaux naît le plus grand rameau de l’Ordre. À la mort de Bernard, trois cent quarante-et-une maisons, filiales de Clairvaux sont établies. L’Ordre de Cîteaux gagne toute l'Europe : dans les provinces françaises, en Angleterre, en Allemagne, en Bohême, franchissant les Alpes et les Pyrénées. L'Ordre comptera jusqu'à sept cent quarante-deux monastères (ce nombre, fondé sur l'ouvrage de Leopold Janauschek Originum Cisterciensum, ne prend pas en compte les monastères féminins, et est donc au minimum à doubler).

La Charte de Charité

Modèle:Article détaillé

Afin de retrouver dans toutes les fondations la même interprétation de la règle bénédictine du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Incise d'une part, et de promouvoir l’union des nombreuses abbayes cisterciennes d'autre part, Étienne Harding, en collaboration avec les quatre abbés des premières filles et ses moines, rédige le texte constitutionnel fondamental de l’Ordre de Cîteaux, la Carta Caritatis, la Charte de charité<ref>En 1116, entre 1116 et 1120, au plus tard. Modèle:Harvsp.</ref>. Ce document établit un lien de charité et d'entraide entre chaque maison et inclut diverses mesures d'observance.

Le pape clunisien Calixte II, de passage à Saulieu, approuve le Modèle:Date- ce texte présenté par Étienne Harding<ref>Calixte II confirma aussi l'Exordium cistercii par sa bulle Ad hoc in apostolici. Modèle:Harvsp.</ref>. La Modèle:Citation étrangère, plusieurs fois remaniée par la suite, prévoit que le pouvoir suprême n’appartient pas à l’abbé de Cîteaux, mais au Chapitre général, qui se réunit chaque année autour de la fête de la Sainte Croix (le Modèle:Date-) à Cîteaux, ce qui se tiendra effectivement pendant plusieurs siècles. Placés sous la présidence de l’abbé de Cîteaux<ref>L'abbé de Cîteaux, de tous les abbés de l'Ordre, possède seul le droit de présider le chapitre général. Modèle:Harvsp.</ref>, les abbés y décident de la conduite des affaires de l’Ordre.

Elle n’empêchera cependant pas les querelles entre les membres de l’Ordre. Dès 1215, une première querelle naît entre les Premiers Pères et l’abbé de Cîteaux pour une question de préséance. La première manifestation de ces querelles intestines à l’Ordre est l’élection en 1262 de Jacques II abbé de Cîteaux ; elle se fait sans consulter les quatre Premiers Pères<ref>Les quatre Premiers Pères, termes souvent employés, sont les abbés des quatre premières filles de Cîteaux : La Ferté, Pontigny, Clairvaux et Morimond. Modèle:Harvsp.</ref>. Le pape Clément IV confirmera la validité de cette pratique, qui permettra aux moines de Cîteaux d’élire seuls leurs abbés. Au sein même de Cîteaux, des discordes apparaissent et l’élection d’un nouvel abbé est souvent un moment de compétition qui n’améliore pas la situation.

En 1150, Gérard II, comte de Vaudémont, fait appel aux pères de l'ordre de Cîteaux qui viennent s'installer à Chaligny en un lieu nommé Ferrière<ref>Modèle:Article</ref>. Ils en sont chassés par les habitants en 1159 et s'installent à Clairlieu où ils fondent une abbaye sur un terrain qui leur est donné par [[Mathieu Ier de Lorraine|Mathieu {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]], duc de Lorraine.

Le Chapitre général cistercien

Fichier:Meister der Harding-Bibel 001.jpg
Folio de la Bible d'Étienne Harding, 1110, Modèle:Dunité, Dijon, bibliothèque municipale.

Le premier Chapitre général<ref>Modèle:Citation. Modèle:Harvsp.</ref> a lieu en 1119. Il se tient sous la présidence d’Étienne Harding, qui continue à les présider jusqu’en 1134. Le nombre croissant de capitulants atteste de la rapide croissance de l’ordre, même si, dans les débuts, les abbés des maisons éloignées sont dispensés de s'y rendre chaque année. S’ils ne sont que dix abbés<ref>Modèle:Harvsp.</ref> en 1119, ils s'en compte soixante-dix en 1134 et deux cents en 1147. Aux {{#switch: XIII

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}} le nombre de capitulants aurait pu être de l’ordre de trois cents. Le nombre de six cents participants dut être atteint en comptant maîtres et familiers en 1605, quatre cents en 1609, deux cents en 1667. Pour l'année 1699, le détail suivant est donné dans l’article de Martine Plouvier : 116 maîtres, 187 familiers et 240 chevaux, et enfin pour 1738 : 130 maîtres, 160 familiers et 180 chevaux<ref>Modèle:Harvsp</ref>. La durée des sessions n’excède pas cinq jours. Le Chapitre général joue un rôle déterminant dans la conduite des affaires. Il gère le présent et pense l’avenir. Ses délibérations portent sur les grands intérêts généraux de l'ordre, et il doit souvent intervenir pour rappeler le principe de l'uniformité. Le gouvernement de l’ordre, qui s'étend du Portugal à la Suède, de l'Irlande à l'Estonie et de l'Écosse jusqu'en Sicile, devient une affaire complexe. Il est nécessaire de mettre en place un comité exécutif restreint, le Modèle:Citation étrangère, institué par le Chapitre général de 1197. Sa composition et l’étendue de ses pouvoirs sont à l’origine de graves dissensions entre l’abbé de Cîteaux et les abbés de La Ferté, de Pontigny, de Clairvaux et de Morimond, les quatre premiers pères. En 1265, au plus fort du conflit, le pape Clément IV doit intervenir pour mettre un terme à cette lutte de pouvoir, en proclamant la bulle Modèle:Citation étrangère, plus connue chez les cisterciens sous le nom de Modèle:Citation étrangère. Les dispositions proposées par le pape pour la désignation et le choix de ses membres ne satisfont pas les premiers abbés, qui estiment qu’elles accordent trop de pouvoirs à l’abbé de Cîteaux. Il faut la médiation du légat pontifical, le cardinal-prêtre de San Lorenzo, ancien abbé de Cîteaux, pour parvenir à un compromis appelé : l’Modèle:Citation étrangère (ordonnance du cardinal de San Lorenzo), proposant de nouvelles modalités de désignation des membres, et accepté par le Chapitre général et le pape. En 1265, la composition officielle du Modèle:Citation étrangère est fixée à vingt-cinq membres appelés les définiteurs. Les décisions prises lors de ces assemblées sont rapportées dans des registres appelés Modèle:Citation étrangère.

Les difficultés inhérentes à l'éloignement des participants, les conjonctures difficiles — dissensions et querelles internes (guerre des Observances, par exemple) ou à des événements externes à l’ordre —, font que le Chapitre général perd une partie de son intérêt et connaît une forte désaffection de la part des abbés dès la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. L'abstentionnisme est alors de mise.

Fichier:Abbaye de Cîteaux La Bibliothèque.JPG
La bibliothèque en brique du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

La tenue des chapitres est même suspendue pendant les grands événements, tels le Grand Schisme (1378-1417) opposant le pape d'Avignon au pape de Rome, les guerres, les épidémies ou autres fléaux. Il perd sa périodicité annuelle. Les réunions s'espacent régulièrement à partir de 1546 ; on n'en compte que six de 1562 à 1601. Treize chapitres ont lieu au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et cinq seulement au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Le dernier précédent la Révolution se tient en 1785<ref>Il n’y eut aucun abbé étranger. On y compta vingt abbés et six prieurs titulaires. Modèle:Harvsp, Article de Martine Plouvier Un chantier permanent, p. 167, r. 1 dit ceci : Modèle:Citation</ref>.

Les débats se tiennent dans la salle capitulaire, grande salle carrée de Modèle:Unité de côté, pouvant accueillir environ trois cents sièges.

Le Chapitre général n’attire pas que les abbés. Les puissants désireux d’exprimer leur attachement et leur dévouement à l’ordre rendent visite aux abbés lors de leurs assemblées. Des papes, des rois, des princes, des prélats y siègent. Louis le Gros assiste au Chapitre général de 1128, le pape Eugène III préside celui de 1147 ou 1148. Louis VII dit le jeune et le duc de Bourgogne Hugues III sont à Cîteaux en 1164. Le Modèle:Date-, l’abbé général reçoit Louis IX, la reine, sa mère la reine Blanche de Castille, ses frères dont le comte de Poitiers Alphonse, le comte de Flandre Thomas II de Piémont, le duc Hugues IV de Bourgogne et six comtes de France.

Le chapitre de l’ordre de Saint-Michel, du Modèle:Date-, est présidé par [[François Ier de France|François {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]], le roi étant accompagné de sa mère, Louise de Savoie, et de nombreux chevaliers. Le roi Louis XIV honore le monastère de plusieurs visites. D’abord en 1648 (ou 1649) où, reçu par dom Vaussin, il assiste au Chapitre général, puis le Modèle:Date- accompagné d’Anne d’Autriche, du cardinal Mazarin et d'autres seigneurs, et à nouveau en 1683, accompagné de la reine Marie-Thérèse, alors qu’il visite le camp retranché de Saint-Jean-de-Losne. C’est à cette occasion qu’il fait don de la plus grosse des huit cloches de la basilique<ref>Martine Plouvier « L'abbaye médiévale » in Modèle:Harvsp.</ref>.

La tenue des Chapitres généraux à Cîteaux confirme l'abbaye dans sa position à la tête de l’ordre. En 1491, l’abbé de Cîteaux est reconnu comme chef d’ordre par 3 252 monastères. Il est le seul à posséder le droit de présider le Chapitre général. C'est aussi le plus grand personnage du clergé régulier en Europe et l'un des plus grands de l'Église de France. L'abbé Jean de Cirey, Modèle:46e de Cîteaux, est élevé par Louis XI en 1477 à la dignité perpétuelle de premier conseiller né en son parlement de Bourgogne, en remerciement de sa célérité à se rallier au nouveau maître de la Bourgogne.

La « guerre des observances »

Fichier:Abbaye de Cîteaux - Bâtiment Lenoir.jpg
Bâtiment Lenoir Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Le respect de l’idéal prôné par la charte n'est pas un obstacle à la volonté des cisterciens de s’adapter selon les circonstances et à réviser leurs statuts. À maintes reprises, l’idéal primitif est même quelque peu « bafoué ». Le temps fait son œuvre et l’Ordre s’éloigne progressivement de l’idéal de perfection qui est le moteur de son rayonnement. L’Ordre se laisse finalement corrompre par sa puissance.

Sa décadence commence au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. L’abbé Conrad d'Urach, élu en remplacement d'Arnaud II démissionnaire, amorce un mouvement de réforme. En 1493, à son tour, le pape Innocent VIII tente de lutter contre la décadence. Il ordonne à l’abbé de Cîteaux de travailler dans cette voie en collaboration avec les abbés. Les mesures préconisées ne sont cependant pas confirmées par le Chapitre général. Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le Concile de Trente décide d’une réforme entre les monastères réformés qui veulent suivre la règle de l’« Étroite Observance » et ceux non réformés de la « Commune Observance ». La mise en application de cette réforme se fait dans un climat de querelles entre communautés. Entre les partisans de la réforme et les anti-réformistes s’engage une lutte sévère appelée « guerre des observances »<ref>Modèle:Citation. Modèle:Harvsp.</ref>, qui commence vers 1606. Vers 1620, Louis XIII intervient et demande au pape Grégoire XV de prendre les mesures pour la réforme de l’Ordre.

En 1622, le pape nomme le cardinal François de La Rochefoucauld, ancien évêque de Clermont, pour prendre en main la réforme. En 1634, au plus fort de la discorde, Richelieu est appelé par les supérieurs de l’Ordre et pressé d’accepter le titre de « cardinal-protecteur de l’Ordre<ref name="Richelieu">Voulant se débarrasser à tout prix de La Rochefoucauld, les premiers supérieurs de l'Ordre font appel au cardinal de Richelieu, lui déclarant qu'Modèle:Citation. Ils le supplient de s'appliquer au règlement de leur Ordre et d'accepter le titre de « chef d'ordre ». Sœur Marie-Noël précise : Modèle:Citation. Modèle:Harvsp, Précision de sœur Marie-Noël, et Modèle:Harvsp, chapitre L'accueil du chapitre général au Moyen Âge de Thomas Coomans, p. 157 r. 17.</ref> ». Richelieu accepte la proposition et reçoit le Modèle:Date- les lettres patentes de confirmation du roi. Le Modèle:Date-, Richelieu envoie le sieur Froissard, docteur en Sorbonne, pour prendre, en son nom, possession du siège de Cîteaux. Les supérieurs de l’Ordre, qui avaient déclaré qu’ Modèle:Citation, trouvent en Richelieu un ardent défenseur de la réforme. Sa mort le Modèle:Date fait perdre aux partisans de la réforme leur plus puissant et fidèle soutien, même si, dans son testament, le cardinal demandait à Louis XIII de veiller à ce que l'abbé de Cîteaux soit un religieux de l'Étroite Observance. La guerre des observances s'apaise à partir de 1666, quand le pape Alexandre VII promulgue la bulle Modèle:Citation étrangère destinée à rétablir la paix dans l’Ordre. Cette bulle est toutefois rejetée par le Chapitre Général du Modèle:Date-.

L’abbaye face aux calamités

Fichier:Cîteaux petit cloitre 1613.png
Le petit cloitre en 1613 (Étienne Martellange).

Toute l’abbaye, hormis l’église, brûle en 1297<ref>Martine Plouvier, « L'abbaye médiévale », Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.

Les saccages se succèdent de siècle en siècle. En 1350 et 1360, sévissent les routiers, et cinq ans plus tard routiers ou Grandes Compagnies réapparaissent.

Chaque fois les moines trouvent refuge à Dijon. Le rattachement du duché de Bourgogne à la couronne de France coûte, en 1476, une nouvelle dévastation de l’abbaye par les troupes du duc Maximilien, qui occupent Beaune.

Les guerres de religion font de l’abbaye la cible des colonnes de militaires : à la fois un objectif religieux, mais aussi une source de richesses.

En 1574<ref>ou 1576 selon certains auteurs</ref>, l’abbaye connaît le pillage des huguenots avec, à leur tête, le prince Henri de Condé et le duc de Bavière Jean Casimir. Il en coûte Modèle:Unité de rançon à l’abbé pour éviter une ruine complète. En 1589, les soudards du duc de Charles de Mayenne, chef des ligueurs et gouverneur de Dijon, passent par Cîteaux et s’en prennent à l’abbaye. Ils sont suivis de près par ceux du comte de Tavannes, le chef du parti huguenot. Ils emportent les cloches de la basilique, pour être transformées en canons, ainsi que les chevaux, les juments, les bœufs, les moutons, les meubles, le linge, la vaisselle, le vin et autres denrées. En 1595 la guerre fait rage entre Henri IV et le duc de Mayenne. Un détachement du maréchal Biron, duc et pair, compagnon d’Henri IV, chargé de prendre aux ligueurs des places fortes de Bourgogne, dont celle de Beaune, passe par Cîteaux, qui est une nouvelle fois saccagée. La couverture de plomb qui recouvre la basilique est arrachée. L’abbaye possède alors un haras de juments comptant cent mères portantes. Après leur départ, il n’en reste plus que cinq ou six.

Pour relever les ruines, les moines vendent quelques-unes de leurs propriétés : Pommard, Ouges, etc. Par lettres patentes, Henri IV reconnait à Modèle:Unité le montant des dégâts subis par l’abbaye de 1590 à 1595.

Un demi-siècle plus tard, en 1636, les troupes de Gallas font une intrusion dévastatrice dans une Bourgogne laissée sans défense par le départ des troupes de Condé, après le siège manqué de Dole. L’abbaye est pillée et les archives détruites en partie. Richelieu pourtant « cardinal-protecteur de l’Ordre<ref name=Richelieu /> » ne fait rien pour relever la Maison-mère de ses ruines.

L’abbé dom Vaussin fait lever des contributions sur les autres monastères de l’ordre pour restaurer le monastère fondateur.

Le temporel de Cîteaux

Fichier:Abbaye de Cîteaux Galerie du cloître.JPG
- }}Modèle:S mini- siècle }}). Bâtiment classé monument historique. (Restauré).

Déployant de grands efforts, les premiers Cisterciens prouvent leur capacité à affronter un milieu naturel hostile, à apprivoiser l’eau et à modeler le paysage afin d’assurer leur subsistance. Le concours de généreux donateurs (des princes, des seigneurs, des bourgeois, mais aussi des hommes plus simples qui prennent l’habit de convers) est précieux. L’idéal de la Carta caritatis les privant des revenus classiques, (cens, dîme…), le bénéfice des dons qu’ils reçoivent leur permettent de constituer un vaste espace territorial nécessaire à la solidité de leur économie.

Les granges du monastère

L’éloignement de certains domaines — indispensables à l’obtention d’une diversité des productions : vignobles, terres céréalières, pâturages, bois — étant un obstacle à une exploitation directe, les moines créent de petites unités territoriales dispersées, appelées granges, dont la mise en valeur est confiée aux frères convers. Il s'agit de domaines ruraux cohérents avec bâtiments d'exploitation et d'habitations, regroupant des équipes de convers spécialisés dans une tâche et dépendants d'une abbaye mère<ref name="tes55">Philippe Testard-Vaillant, Agriculture, des travaux en bonne règle, les cahiers de Science & Vie, Modèle:N°, décembre 2003 : {{#switch: e

 | e | er | = 
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}} : la révolution des monastères-Les cisterciens changent la France, p. 55.</ref>. Cîteaux en est l’illustration. Les moines ont créé une première couronne d’exploitations à proximité immédiate de l’abbaye : les granges de La Forgeotte, Saule, la Grange Neuve, La Borde, La Loge, Bretigny, Folchétif, Tarsul ; puis plus éloignées, se trouvent les granges de Rosey, Gergueil, Crépey, Meursault, Moisey, Aloxe, Détrain, Gilly-lès-Cîteaux, Ouges, Tontenans. Certaines sont à vocation purement viticole dont le célèbre Clos de Vougeot, fondé avant 1110 sur un terrain en friche donné par les chevaliers de Vergy.

Modèle:Citation étrangère. Un secteur de l’agriculture où les moines ont particulièrement brillé est celui de la viticulture. Elle est l’une des réussites les plus importantes qui n'appartiennent pas seulement aux cisterciens mais à toutes les communautés monastiques. Portés par un intérêt particulier à la vigne qui s’inscrit naturellement dans la doctrine spirituelle de l’Église pour différentes raisons dont les plus évidentes sont que la communion exige le vin et que saint Benoît lui-même donna son accord, agrémenté, il est vrai, de quelques réserves : « une hémine de vin par jour peut suffire »<ref>La Bible regorge de textes relatifs au vin, au vignoble, au pressoir, au vigneron, pratiquement tous élogieux et positifs. Les mises en garde contre le vin sont l’exception. Citons : « Le vin et les femmes pervertissent les hommes sensés ». (Si 19,2), mais l’avertissement s’adresse au moins autant aux femmes qu’au vin. Le plus souvent ce sont les excès qui sont condamnés. John-Henry Newman, L’Europe des monastères, chapitre de Léo Moulin, Zodiaque, 1946, 1985 pour l’édition française</ref>, les moines sont les maîtres incontestés de la viticulture pendant des siècles et la diffusent partout où ils s’installent. Leur rôle est dominant dans la sélection des cépages et le perfectionnement de la vinification.

La vigne de Meursault<ref>Philippe Testard-Vaillant, Crus de légende ou légendes de crus, les Cahiers de Science & Vie, Modèle:N°, décembre 2003 : Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle-Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : la révolution des monastères-Les cisterciens changent la France, p. 63.</ref>, reçue au moment de leur établissement en 1098 de leur donateur, Eudes {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }} de Bourgogne, ne couvrant pas leurs besoins, les moines de Cîteaux ont recours à de nombreuses acquisitions et reçoivent d’autres donations de vignes sur la Côte.

Fichier:Abbaye de Cîteaux le définitoire.jpg
Abbaye de Cîteaux : le définitoire du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, classé monument historique.

La production est à l'époque très différente des standards actuels en œnologie. Ainsi, le vin produit par les vignes que possèdent les moniales cisterciennes de l'abbaye de Tart sur la Côte, à Morey à Dijon à Beaune et peut-être à Bouze, est « pour l'essentiel du vin blanc, acide et vert, faible en degré alcoolique, aidant à la digestion des viandes rôties et faisandées consommées alors par les riches. Ces vins qui ne tiraient sans doute pas plus de 6° ou 7° ne se conservaient pas longtemps et voyageaient difficilement<ref>Claude Chapuis Cahiers du CEREN 13 (2005), Le Clos de Tart, Le Patrimoine viticole des Dames de Tart, p. 32.</ref>».

Les granges cisterciennes optimisent les capacités de production agricole et viticole en introduisant une spécialisation de la main-d'œuvre. Chaque grange est exploitée par cinq à vingt frères convers, au besoin aidés d'ouvriers agricoles salariés et saisonniers. Les phases de développement se succédant, le temporel de Cîteaux devient un ensemble aux dimensions exceptionnelles et confèrera à l’abbaye une réelle puissance économique. Un siècle après la fondation de Cîteaux, l'ordre compte plus de mille abbayes, plus de six mille granges réparties dans toute l'Europe et jusqu'en Palestine.

Le génie hydraulique à Cîteaux

Fichier:Le pont aqueduc des Arvaux.JPG
Le pont-aqueduc des Arvaux, commune de Noiron-sous-Gevrey. La Varaude coule sous les deux arches, la Sansfond canalisée coule au-dessus.

La règle bénédictine veut que chaque monastère doive disposer d'eau et d'un moulin. L'eau permet de boire, de se laver et d'évacuer ses déchets<ref name="mon70">Emmanuel Monnier, Des cours d'eau sous bonne conduite, les Cahiers de Science & Vie, Modèle:N°, décembre 2003 : {{#switch: e

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}} : la révolution des monastères-Les cisterciens changent la France, p. 70.</ref>. C'est pourquoi les monastères sont en général placés le long d'un cours d'eau. Quelquefois établis en des points où le précieux liquide fait défaut ou n'existe pas en quantité suffisante, ils doivent se spécialiser dans le génie hydraulique et construisent barrages et chenaux pour amener l'eau jusqu'à leurs moulins.

Les moines de Cîteaux se sont initialement installés près du ru du Coindon, insuffisant pour couvrir leurs besoins. Sous l'abbatiat d'Albéric, ou Aubry, (1099-1108), cette difficulté d'approvisionnement en eau oblige à déplacer l'abbaye de Modèle:Unité pour s'établir au confluent du Coindon et de la Vouge<ref name="mon70"/>,<ref>Modèle:Harvsp, chapitre de Martine Plouvier. Les aménagements hydrauliques de l'abbaye, p. 66 et Joséphine Rouillard, L'hydraulique cistercienne, histoire Médiévale thématique Modèle:N° : Les cisterciens, février-mars-avril 2008, p.12.</ref>. En 1206, il faut encore augmenter le débit hydraulique et un bief long de Modèle:Unité est creusé sur la Vouge, mais cette dérivation se révèle toujours insuffisante. Les moines, après avoir négocié le passage au duc de Bourgogne et au chapitre de Langres, s'attaquent alors, non sans difficultés, au chantier du détournement de la Sansfond (ou Cent-Fonts), qui leur assurera un débit régulier de Modèle:Unité par seconde<ref name="mon70"/>. Le chantier est considérable : en plus de creuser un canal long de Modèle:Unité à partir du village de Saulon-la-Chapelle, les moines doivent réaliser le pont des Arvaux, un pont-aqueduc de Modèle:Unité de haut, permettant le passage du canal au-dessus de la rivière Varaude<ref name="mon70"/>. Vers 1221, l'eau du canal arrive dans le monastère, et le résultat est à la hauteur des efforts engagés. Les travaux augmentent considérablement le potentiel énergétique de l'abbaye : avec une chute d'eau de Modèle:Nombre<ref>Joséphine Rouillard, L'hydraulique cistercienne, histoire Médiévale thématique Modèle:N°: Les cisterciens, février-mars-avril 2008, p.13</ref>, au moins un moulin et une forge sont installés sur le nouveau bief<ref>Philippe Testard-Vaillant, Des moulins en série, les Cahiers de Science & Vie, Modèle:N°, décembre 2003 : Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle-Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : la révolution des monastères-Les cisterciens changent la France, p. 66.</ref>. Ces eaux, renforcées par les eaux du bief de la Vouge et du ru du Coindon, circulent au moyen de canalisations souterraines sous l’ensemble des bâtiments : logis ducal, bâtiment des convers, réfectoire, cuisine, et noviciat pour alimenter ensuite un canal à ciel ouvert.

L’économie du monastère

L’économie du monastère n'est pas toujours florissante et connaît des périodes difficiles. En 1235, l’abbaye est couverte de dettes. En 1262, le monastère fait à nouveau face à une grave crise financière, la tenue des réunions annuelles du Chapitre général étant source de grandes dépenses. Le Chapitre général autorisera l’abbé de Cîteaux à mettre à contribution les autres monastères de l’Ordre.

À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les cisterciens, à la tête d’un domaine de quelque Modèle:Unité, ont jeté les bases du temporel. Le grand atlas de Cîteaux, conservé aux archives départementales de Dijon (11H138), permet de connaître le détail des propriétés de Cîteaux en 1718. Elles se décomposaient alors comme suit :

Soit au total Modèle:Unité.

En 1726 l’abbaye de Cîteaux comptait Modèle:Monnaie de revenu.

Cette expansion assurera aux Cisterciens une place prépondérante, non seulement au sein du monachisme européen, mais aussi dans la vie culturelle, politique et économique.

Les bâtiments de l’abbaye au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

Fichier:Abbaye.Citeaux.png
e }}Modèle:S mini- siècleXVI }}, par Eugène Viollet-Le-Duc, 1856.
Fichier:Antiquité expliquée Montfaucon Dijon 82103.jpg
Livre aux armes de l'abbaye provenant de la bibliothèque du monastère, saisie révolutionnaire.

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Cîteaux se présente comme une petite ville enserrée à l'intérieur d'un vaste mur d'enceinte. Ses bâtisseurs ont mis en œuvre cette solution comme une réponse architecturale à l’observance du vœu de stabilité selon la Règle de saint Benoît<ref>Modèle:Harvsp, préface de Dom Olivier Quenardel, abbé de Cîteaux, p. 12.</ref> : Modèle:Citation bloc Cette règle veut que tout le nécessaire se trouve à l’intérieur du monastère, le mur d’enceinte protégeant du monde extérieur de vastes constructions qui étonnent par leur importance. Mais Cîteaux, chef d’Ordre, n’est pas une abbaye quelconque.

Elle se doit de recevoir décemment, non seulement les délégués du chapitre annuel, leurs familiers, les chevaux, mais aussi la famille ducale, et d'héberger les novices. Ces obligations ont influé sur l'infrastructure d'accueil qui doit répondre à ces besoins.

Au nord, la porterie s’ouvre sur une première cour appelée « basse-cour », fermée sur son pourtour par de vastes bâtiments destinés aux hôtes et aux étrangers. À son extrémité sud, une seconde porte, dont l’étage était réservé au logement des duchesses de Bourgogne, donne accès à une grande cour d’honneur fermée sur sa partie sud par le logis des ducs de Bourgogne. Cette cour comprend des dépendances qui ne sont utilisées qu’au moment du Chapitre général.

Les bâtiments conventuels s’organisent principalement autour de trois cloîtres ; le grand Cloître, le cloître du Colloque et le cloître saint Edme. Autour de chacun de ces trois espaces clos s’ordonnent les lieux réguliers : église, salle capitulaire ayant la fonction de salle d'assemblée législative et de tribunal, parloir, chauffoir, réfectoire, cuisine et dortoir.

De l’église érigée au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, centre de la vie spirituelle du monastère, longue de cent deux mètres et dont la nef mesurait onze mètres cinquante de large, il ne reste déjà plus rien en 1807. À l'est du cloitre saint Edme, le logement de l'abbé général, qui était éloigné de sa communauté. Il est par la suite transféré dans le logement des ducs de Bourgogne. La fin de la période médiévale est marquée par l'achèvement, en 1509, de la construction de la bibliothèque, seul bâtiment de cette époque encore existant sur le site.

Modèle:Boîte déroulante/début

Cette énumération des différents lieux et constructions répertoriés sur une vue cavalière de l'abbaye dressée en 1674 donne une idée de son importance.
Gravure de P. Brissart sur un dessin d’Étienne Prinstet (1674) et comportant les armoiries de l’abbé Jean Petit (1670-1692) .
  • Ferme appelée la Forgeotte
  • Sanctuaire de saint Robert où fut fondé le premier Cîteaux
  • Première entrée, porte de Cîteaux
  • Hôtellerie
  • Chapelle de la porte
  • Porte principale et au-dessus logis des duchesses de Bourgogne
  • Maison du prêtre portier
  • Écuries
  • Écuries du temps des chapitres généraux.
    Le nombre du millier de chevaux présents dans ces écuries dut être atteint.
  • Granges
  • Greniers et au-dessous, les moulins
  • Logis des ducs de Bourgogne
  • Portique
  • Église.
    Dédiée à la Vierge en 1193. Elle pouvait accueillir lors des offices du Chapitre général le millier d’âmes. Le clocher haut de Modèle:Unité était posé à la croisée du transept. La nef, le chœur, le transept et la flèche étaient couverts de plomb. C'est cet édifice religieux qui fut englouti le premier dans la bourrasque révolutionnaire. En Modèle:Date-, on finissait de le détruire. L'orgue, dont la construction avait été entreprise sous l’abbatiat de dom Jean Loisier et que l’on considérait comme un des plus beaux de France, avait connu la destruction dès 1791, l'étain avait été vendu, le buffet était parti en bois de chauffage.
  • Dortoir
  • Définitoire
  • Le chapitre ou salle capitulaire
    Située en contrebas du cloître, elle se présentait comme une grande pièce carrée de Modèle:Unité de côté environ, comprenait trois nefs de trois travées. Sa superficie est estimée à quelque Modèle:Unité dans laquelle trois cents personnes pouvaient prendre place
  • Dortoir des novices
  • Oratoire de saint Bernard
  • Grand cloître
  • Chauffoir
    Il occupait une surface de Modèle:Unité et était chauffé par deux cheminées
  • Réfectoire.
    Ce bâtiment implanté à la galerie méridionale du cloître avait une surface de Modèle:Unité.
  • Cuisine
  • Cordonnerie
  • Dortoir des convers et au-dessous la cave à vin
  • Petit cloître ou cloître des copistes ou de la bibliothèque
  • Grande bibliothèque
  • Petite bibliothèque
  • Maison du prieur
  • Maison du sacriste
  • Cimetière
  • Petit dortoir
  • Maison du pharmacien
  • Réfectoire commun des infirmes
  • Chambre des infirmes
  • Grande infirmerie
    Grande salle longue de Modèle:Unité et large de Modèle:Unité, d'une superficie de Modèle:Unité
  • Chapelle saint Edme ou chapelle saint Bernard. Le nom de chapelle saint Edme est plus tardif.
  • Logis abbatial
  • Cour du logis abbatial
  • Colombier
  • Jardin du logis abbatial
  • Porte arrière
  • Petite maison du portier
  • Ruche
  • Grand bosquet
  • Grand jardin
  • Viviers
  • Maison des tailleurs et vestiaire
  • Grand étang
Modèle:Boîte déroulante/fin

Les bâtiments n'ont cessé d'évoluer au fil des siècles pour s'adapter aux besoins. C’est à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, sous l’abbatiat de Dom Jean Petit, qu'est achevé le bâtiment, appelé aussi le nouveau définitoire, comportant des salles voûtées au rez-de-chaussée. L’étage est affecté au nouveau dortoir des novices. Ce bâtiment long de quatre-vingts mètres et large de seize, sauvé des destructions révolutionnaires, n’est parvenu jusqu’à nous que dénaturé par les installations industrielles du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle qu’il dut abriter.

D’importants et nécessaires travaux de restauration sont conduits sur l’ensemble des bâtiments dans la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avec les crédits dégagés par la vente des réserves de bois, mais il parait nécessaire à Dom François Trouvé, dernier abbé de Cîteaux, de demander l’autorisation d’une nouvelle vente d’une réserve de bois de 945 arpents<ref>Selon cet article, un arpent vaut un acre français, valant Modèle:Unité. 945 arpents représentent donc près de 500 hectares.</ref>, qui se fait en 1762, afin de pallier les nouveaux besoins. Les architectes Nicolas Lenoir dit « le Romain » et Jean Caristie établissent un projet grandiose de reconstruction. Le projet n'est réalisé que partiellement, ce qui est réalisé ne représentant finalement qu’une partie de l’immense projet. Le bâtiment de Modèle:Unité de long sur Modèle:Unité de large, dit « bâtiment Lenoir » ou encore « logis abbatial », est terminé pour le chapitre de 1771. C'est un des trois bâtiments épargnés par la Révolution, affecté aujourd'hui à la communauté.

La langue des signes dans la vie monastique

Il règne au sein du monastère une vie austère, ritualisée et réglée par le son des cloches. Prières liturgiques, pratique des vertus monacales, travail et silence, telle est la vocation du moine selon la règle de saint Benoît. Le silence en est un des principes fondamentaux, mis en avant par les premiers pères du monachisme. C'est un élément jugé indispensable pour aider les moines à surmonter le péché qu’ils s’étaient engagés à vaincre. Pour Basile le Grand (329, Césarée - 379), le respect de la règle du silence permet aux novices de développer la maîtrise de soi tout en contribuant aux progrès de l'étude ; pour Benoît de Nursie, c’est « l’instrument des bonnes œuvres ». Pourtant, pour la bonne marche de leurs occupations quotidiennes ponctuées par le travail, la méditation et le repos, les religieux ont à échanger des informations.

Ils ont élaboré un moyen qui ne perturbe pas le silence des autres en utilisant un langage qui semble remonter au tout début du monachisme<ref>Le premier témoignage d’un système organisé de signes visuels remonte à la fondation de Cluny. Saint Odon (879-942) imposa d’utiliser des gestes pour quasiment tous les échanges. Une liste de 296 signes fut d’ailleurs établie par un moine de Cluny nommé Bernard.</ref> : la langue des signes monastique.

Il est probable que Robert de Molesmes avait adopté, et adapté, l’un de ces systèmes à Molesmes, système ensuite transmis au nouveau monastère de Cîteaux<ref name="John-Henry Newman 1946">John-Henry Newman, L’Europe des monastères, chapitre de Léo Moulin, Zodiaque, 1946, 1985 pour l’édition française</ref>.

Ce système doit permettre la transmission d’informations pratiques en silence plutôt que d’être un outil de communication. Une liste de Clairvaux répertorie 227 signes, qui couvrent les domaines de la vie monastique : la nourriture, la boisson, les objets liturgiques et ecclésiastiques, les membres de la communauté, les bâtiments, les ustensilesModèle:Etc. Des lexiques de ce type, plus ou moins longs, sont également utilisés tous les jours dans les autres monastères de l’Ordre<ref name="John-Henry Newman 1946"/>. La rigueur de la règle rend son application difficile et les moines se montrent réticents à l’appliquer. Ainsi, le Chapitre général met plusieurs fois la communauté en garde contre ce langage également utilisé pour les conversations plus futiles voire les plaisanteries. L’application de la règle, se relâchant au fil des siècles, entraîne la disparition de ce système de langage par signes : au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, pratiquement plus aucun monastère ne l'applique significativement. La réforme de la Stricte Observance, du père Armand de Rancé de l'abbaye de La Trappe à partir de 1664, lui redonnera un nouvel élan.

La nécropole de Cîteaux

L’outrage fait aux sépultures
Récit d’un témoin contemporain

Modèle:Citation
Pour une histoire monumentale de l’Abbaye de Cîteaux, chapitre écrit par Marie-Françoise Damongeot et Martine Plouvier : Cîteaux-nécropole : la « saint-Denis bourguignonne »<ref>Modèle:Harvsp, chapitre de Marie-Françoise Damongeot et Martine Plouvier Cîteaux-nécropole : la « saint-Denis bourguignonne », Modèle:Pp..</ref>

Fichier:Philippe Pot Tomb 2006.jpg
Tombeau de Philippe Pot et ses pleurants, Paris, musée du Louvre.

La renommée du monastère est telle que les ducs de Bourgogne de la première génération, les descendants d’Hugues Capet, choisissent ce haut-lieu de la chrétienté pour sépulture<ref>Voir Histoire de l'Académie Royale des Inscriptions et des Belles Lettres, T. 9, Paris, 1736, p. 193-232, 9 fig., pour une Description Historique des principaux monuments de l'abbaye de Cîteaux et des épitaphes des tombeaux de l'abbaye, par Philibert-Bernard Moreau de Montour. La description donnée dans ce document est la description des tombeaux dans la situation avant la Révolution.</ref>. Plus de soixante membres de la Maison de Bourgogne y seront ensevelis. Parmi la longue liste citons : [[Eudes Ier de Bourgogne|Eudes {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]], mort en 1102 en Palestine, qui, transporté, est inhumé en 1103, son fils Hugues II († 1143), son fils Henri de Bourgogne († 1178), évêque d’Autun, Eudes II († 1162) ainsi que son fils Hugues III, mort en 1192, à Tyr, Eudes III mort en 1218 à Lyon, et citons également le dernier de la lignée des ducs capétiens, Philippe de Rouvres († 1361).

Ainsi que des personnages célèbres et moins célèbres tels : le bienheureux Alain de Lille, docteur universel, convers de Cîteaux († 1202 ou 1203), Bernard de Clairvaux, Guy de Bourgogne, archevêque de Vienne et légat du pape, devenu lui-même pape sous le nom de Calixte II, († le Modèle:Date-), Robert de Bourgogne, comte de Tonnerre († 1315), Agnès de France, fille de Louis IX, Perrenot de Champdivers († 1348) bourgeois de Dijon, Philippe de Vienne, († 1303), seigneur de Pagny, Philippe Pot, († 1494) sénéchal de Bourgogne, et bien sûr prélats, prieurs et religieux.

Durant des siècles, les plus précieux monuments et les sanctuaires les plus chers ont offert aux vénérables une paix éternelle en ce lieu. Mais l'abbaye est vendue sous la Révolution. L'adjudicataire en a fait son profit : tombeaux et pierres tombales sont saccagés : (Voir encart : L’outrage fait aux sépultures). Seul vestige rescapé, le célèbre tombeau de Philippe Pot, exclu de la vente comme bien national, est aujourd’hui visible au musée du Louvre.

Dom François Trouvé, dernier abbé de l’Ancien Régime

Fils du président du grenier à sel de Champagne-sur-Vingeanne, dom François Trouvé nait en ce lieu en 1711. Après avoir quitté Cîteaux, François Trouvé se retire chez son neveu Barthélemy Trouvé à Vosne-Romanée. C’est là qu’il trouve la mort le Modèle:Date de décès-. Ancien moine de Cîteaux et alors qu’il était prieur de l’abbaye de la Clarté Dieu, il est élu le Modèle:Date-, à l’âge de trente-sept ans, abbé de Cîteaux par les religieux de l’abbaye ayant droit au vote, et 45 prieurs ou abbés de l’Ordre.

Martine Plouvier dans le chapitre « Un chantier permanent<ref>Modèle:Harvsp</ref> » nous livre des témoignages de contemporains de François Trouvé, repris ci-après, qui laissent entrevoir un personnage contrasté. Parmi les qualités reconnues par ses proches et les anciens de Vosne-Romanée, l’abbé dom F. Trouvé était décrit comme un homme charmant et d’une grande bonté. Mais, comme L.B. Baudot l’a écrit<ref>Baudot, vol. éloge de Cirey, f° 305 sq. Cité par Martine Plouvier, Pour une histoire monumentale de l’abbaye de Cîteaux, p. 179 r. 17.</ref>, reprenant les propos de Dom Deprenier, gouverneur du Petit-Cîteaux, s'il Modèle:Citation, Modèle:Citation. Selon l’abbé Piot, curé de Corcelles-lès-Cîteaux, c’était Modèle:Citation

Un religieux de la maison rapporte qu’après son élection, F. Trouvé craignait d’être empoisonné, comme cela arriva en 1671 à dom Jean Petit, l’un de ses prédécesseurs, au moment des querelles de la réforme, et qu’il prendrait longtemps des antidotes.

D’autres propos ou témoignages dévoilent une facette plus inquiétante du personnage. Une lettre du nonce<ref name="Martine Plouvier 1998, p. 180">Modèle:Harvsp, chapitre de Martine Plouvier, Un chantier permanent, p. 180.</ref> à Rome du Modèle:Date- parle de lui en ces termes :

Modèle:Citation bloc

Les journaux révolutionnaires de l’époque qui révélèrent qu’il fit enfermer en 1783 Dom Patouillot pendant 18 mois dans une cage de bois de Modèle:Unité nous le montrent sous un jour impitoyable et cruel<ref name="Martine Plouvier 1998, p. 180"/>.

Les mauvais traitements<ref>Modèle:Harvsp, chapitre de Martine Speranza, La bibliothèque sous l’ancien Régime, p. 263, r. 69, Martine Speranza cite ses sources : Arch. Abbaye de Cîteaux, Louis-Bénigne Baudot, ms. Cîteaux-Molaise, p. 86-89.</ref> de moines à la forte personnalité pouvant menacer l’autorité de l’abbé ne sont pas des cas si isolés.

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}}

}}, il y eut Dom Duchemin enlevé, Dom Larcher mis en prison, et Dom Cotheret exilé.

Enfin, l’abbé Piot reconnait qu’il avait du mal à gouverner une communauté très indisciplinée qui comptait à cette époque 51 religieux, dont 27 prêtres, 13 non prêtres et 11 convers.

L'abbaye pendant la Révolution française

Le lieutenant Napoléon Bonaparte à Cîteaux ?

Louis-Bénigne Baudot, (Modèle:Date- – Pagny (C.O.) † Modèle:Date-), fut un observateur direct et attentif des évènements qui se déroulèrent à Cîteaux, avec Jean-Baptiste Peincedé, l’archiviste du département. Il nous laisse une correspondance datée du Modèle:Date-, adressée à un abbé du monastère d’Aiguebelle, dans laquelle il relate les circonstances dans lesquelles il fut mis en possession du crâne de l’abbé Guy de Paré (ou Paray) et la manière dont il arriva à soustraire son larcin à la sagacité de Bonaparte, alors lieutenant en second dans le régiment de La Fère. Modèle:Citation

BM Dijon, ms. 2304, Louis-Bénigne Baudot, Abbaye de Cîteaux.



Ce document pourrait être versé au dossier de la controverse développée afin de savoir si Bonaparte était ou non présent à Cîteaux lors de la révolte des moines. La date retenue pour fixer son départ d’Auxonne lors de son deuxième séjour est le Modèle:Date-. L.B. Baudot date du Modèle:Date- sa rencontre avec Bonaparte à Cîteaux.

Fichier:Abbaye de Cîteaux La Bibliothèque.JPG
au }}Modèle:S mini- siècle }}. Classée monument historique.

Dans la situation tumultueuse qu’installe la Révolution, Talleyrand, évêque d’Autun, député aux États généraux, membre du Comité de Constitution de l'Assemblée nationale, donne le Modèle:Date- sa « Motion sur la nationalisation des biens ecclésiastiques ». Cette proposition, adoptée par les députés le Modèle:Date-, met tous les biens ecclésiastiques à la disposition de la nation française. Le Modèle:Date- sonne l’heure de la chute ; l’Assemblée décrète l'abolition des congrégations et ordres religieux, et ordonne de procéder à la vérification des comptes de toutes les maisons religieuses.

À Cîteaux, le climat interne devient aussi tumultueux que celui qui règne dans le monde extérieur. Les relations entre les religieux et Dom Trouvé, à l’autorité déjà fortement contestée, se tendent. Les moines se réunissent au chapitre et exigent de l’abbé, afin de garantir leurs droits, qu’il rende ses comptes et qu’il présente l’inventaire exigé par le décret. Dom Trouvé leur oppose un refus. La révolte gronde parmi les moines à Cîteaux. Le Modèle:Date-, il faut l’intervention du gouverneur de Bourgogne, de Bourbon-Busset, pour rétablir la paix. Le Modèle:Date-, les moines décident de faire appel à des avocats de Dijon pour faire répondre Dom Trouvé de la vente de mobilier, bétail et linge qu’il aurait effectuée en secret.

« Les religieux ne le reconnaissaient plus comme supérieur et voulaient s’emparer de tout. Certains religieux avaient même essayé de soustraire les objets précieux en démolissant la voûte du trésor<ref>Modèle:Harvsp, chapitre de Martine Plouvier, Un chantier permanent, p. 189.</ref> ». « L’abbaye était en état de guerre<ref>Modèle:Harvsp, chapitre de Martine Plouvier, Un chantier permanent, p. 189. Martine Plouvier cite ses sources : p. 189, r. 27 : AD Côte d’Or, Q 822 à Q 825.</ref>».

Le Modèle:Date-, un détachement de quatorze artilleurs du Régiment de La Fère en garnison à Auxonne, envoyé sur décision du Directoire du District, arrive sur place pour rétablir et maintenir l’ordre.

Les 2 et Modèle:Date-, les religieux sont invités à faire part de leur choix entre le maintien à la vie commune ou le retour à la vie privée : sur les quarante-cinq religieux recensés, (auxquels il faut ajouter Modèle:Nombre), trente-et-un religieux optent pour la vie privée et 14 pour la vie commune.

Le Modèle:Date-, Dom Trouvé, face à cette révolte, préfère quitter Cîteaux pour l’abbaye de La Bussière. Lorsque le Modèle:Date-, il veut reparaître au monastère ; craignant pour sa sécurité, il se fait accompagner de deux commissaires du district. Du 4 au Modèle:Date- a lieu un ensemble d’inventaires. Le Modèle:Date-, les moines se livrent au pillage des objets précieux que les commissaires du district ont entreposés. Le 12, jour où éclate une querelle entre les moines, arrivent les commissaires chargés de faire l’inventaire des objets volés. Les estimations et ventes de matériels divers ont lieu les Modèle:Date-, Modèle:Date-, 7 et Modèle:Date-.

À la veille de la vente du Modèle:Date- concernant 207 instruments aratoires, un nouveau recensement dénombre 15 religieux et 5 convers, tous quittent Cîteaux autour du Modèle:Date-. Les 24 février et 13 mars 1791, les bâtiments et seulement 800 hectares de terre, non compris mobilier et objets précieux, sont estimés à une somme de Modèle:Unité.

Les 10 353 volumes qui trouvent place dans la bibliothèque sont enlevés les 29, Modèle:Date-, puis les 3 et Modèle:Date- dans quatorze voitures chargées avec l’aide des canonniers de La Fère, — parmi lesquels, d’après le témoignage de L.B. Baudot, se trouvait peut-être le lieutenant Bonaparte — pour être déposés dans la salle des Festins, (aujourd’hui salle de Flore au Palais des États de Dijon), lieu de dépôt des livres nationaux du district<ref>Modèle:Harvsp, chapitre de Martine Speranza, La bibliothèque sous l’Ancien Régime, p. 254.</ref>.

Le Modèle:Date-, Cîteaux est acquis par la société formée à dessein par les nommés Duleu, Dardelin, Bossinot, Latey et Gentils de Dijon contre la somme de Modèle:Unité, mais la société est rapidement déclarée en faillite.

Le Modèle:Date-, Jean-François-Xavier Fromme d’Amance, tuteur onéraire des trois petits-enfants<ref>Jean-Baptiste Tavernier de Boullongne (1749-1794) (le fils de Philippe-Guillaume Tavernier de Boullongne — l’acquéreur de Cîteaux —), épousa en 1773 Louise-Jeanne Walckiers de Tronchienne (1755-1796). L’union ne dura guère, tout en produisant néanmoins trois enfants : Auguste (1773), Herminie (1775) qui se maria avec Chauvelin en 1792 et résida à Cîteaux et Juliette (1778).</ref> de Philippe-Guillaume Tavernier de Boullongne (1712-1791), (connu sous le nom de Boullongne de Magnanville) est mis en possession de l’abbaye pour le compte des enfants. Il fait aussitôt commencer la démolition systématique des bâtiments pour tirer parti des matériaux. L’orgue, qui datait de l'abbatiat de Jean XI Loisier (1540-1559) et qui était placé au-dessus de la grande porte d'entrée de l'église, connaît aussitôt un sort funeste : l’étain est vendu et le buffet utilisé comme bois de chauffage.

Liste des abbés de Cîteaux de 1098 à 1797

Modèle:Article détaillé Les abbés de Cîteaux sont également conseiller-nés au Parlement de Dijon<ref>Le Parlement de Bourgogne depuis son origine jusqu'à sa chute, Élisabeth-François de Lacuisine, Dijon, Tome I, p 88.</ref>.

Modèle:Boîte déroulante/début

Début de l'abbatiat Fin de l'abbatiat Nom de l'abbé
1 Modèle:Date- Modèle:Date- saint Robert de Molesmes
2 Modèle:Date- Modèle:Date- saint Albéric
3 1108 Modèle:Date- saint Étienne Harding
4 1133 Début 1134 Guy de Trois-Fontaines
5 1134 Modèle:Date- Raynaud de Bar-sur-Seine
6 Début 1151 Modèle:Date- Goswin de Bonnevaux
7 Modèle:Date- Modèle:Date- Lambert de Morimond
8 Modèle:Date- Modèle:Date- Bhx Fastrède de Cambron
9 Modèle:Date- Modèle:Date- saint Gilbert le Grand
10 Modèle:Date- Modèle:Date- Alexandre de Cologne
11 Modèle:Date- Modèle:Date- Guillaume de Toulouse
12 Début 1181 mars/Modèle:Date- Pierre de Pontigny
13 Modèle:Date- Modèle:Date- Bernard de Fontaines
14 Début 1186 Modèle:Date- Guillaume II de la Prée
15 Modèle:Date- Modèle:Date- Thibaut, abbé de Cîteaux
16 Modèle:Date- Modèle:Date- Guillaume III, abbé de Cîteaux
17 Modèle:Date- mars/Modèle:Date- Pierre II, abbé de Cîteaux
18 Avril/Modèle:Date- 1200 Guy II de Paray
19 Modèle:Date- Modèle:Date- Arnaud Amaury
20 mars/Modèle:Date- mars/Modèle:Date- Arnaud II
21 Modèle:Date- Modèle:Date- saint Conrad d'Urach, ancien abbé de Clairvaux
22 Début 1219 1236 Gauthier d'Orchies
23 Modèle:Date- 1238 Jean de Boxley
24 1238 1243 Guillaume IV de Montaigu
25 Modèle:Date- 1257(date incertaine) Boniface, abbé de Cîteaux
26 1257 1258 Modèle:Date- Guy III de Bourgogne
27 Mai/Modèle:Date- 1266 Jacques de Cîteaux
28 1266 Modèle:Date- Jean II de Ballon
29 Modèle:Date- Modèle:Date- Thibaut II de Saucy
30 Modèle:Date- Modèle:Date- Robert II de Pontigny
31 Modèle:Date- Modèle:Date- Rufin de la Ferté
32 Fin 1299 1303 Jean III de Pontissier de Pontoise
33 Milieu 1303 Modèle:Date- Henri, abbé de Cîteaux
34 Modèle:Date- Modèle:Date- Conrad II de Metz
35 Modèle:Date- Modèle:Date- Guillaume V, abbé de Cîteaux
36 Modèle:Date- Modèle:Date- Jean IV de Chaudenay
37 Modèle:Date- Modèle:Date- Jean V le Gentil de Rougemont
38 Fin Modèle:Date- Modèle:Date- Jean VI de Bussières
39 Début 1376 Modèle:Date- Gérard de Bussières
40 Modèle:Date- Modèle:Date- Jacques II de Flogny
41 1405 Modèle:Date- Jean VII de Martigny
42 1429 Modèle:Date- Jean VIII Picart d'Aulnay
43 1440 Modèle:Date- Jean IX Vion de Gevrey
44 Fin 1458 Modèle:Date- Guy IV d'Autun
45 1462 Modèle:Date- Humbert-Martin de Losne
46 Fin Modèle:Date- Modèle:Date- Jean X de Cirey
47 1501 Modèle:Date- Jacques III Theuley de Pontailler-sur-Saône
48 1516 Modèle:Date- Blaise Légier de Ponthémery
49 Modèle:Date- Modèle:Date- Guillaume V du Boissey
50 Modèle:Date- Modèle:Date- Guillaume VI Le Fauconnier
51 Modèle:Date- Modèle:Date- Jean XI Loysier
52 Modèle:Date- Modèle:Date- Louis I de Baissey
53 1/Modèle:Date- Modèle:Date- Jérôme de la Souchère. Né en 1508 en Auvergne, refusa le cardinalat en 1567, accepta la nomination par le pape Pie V le Modèle:Date-. Mort à Rome le Modèle:Date-<ref>G.-L. Hémerel, L'énigme du Cardinal Jérome de la Soucgère, in "L'Auvergne Littéraire", pp.33-36, Modèle:N°, Modèle:3e trim. 1958.</ref>.
54 Modèle:Date- Modèle:Date- Nicolas I Boucherat. C'est lui qui fit élever le mur de séparation de la chapelle mortuaire des ducs, à la fin de son abbatiat.
55 Modèle:Date- Modèle:Date- (date incertaine) Edmond de la Croix
56 Modèle:Date- Début Modèle:Date- Nicolas II Boucherat
57 Modèle:Date- Modèle:Date- Pierre III
58 Modèle:Date- Modèle:Date- Armand Jean du Plessis, cardinal de Richelieu
59 Modèle:Date- Modèle:Date- Claude Vaussin
60 Modèle:Date- Modèle:Date- Louis II Loppin
61 Modèle:Date- Modèle:Date- Jean XII Petit
62 Modèle:Date- Modèle:Date- Nicolas III Larcher
63 Modèle:Date- Modèle:Date- Edmond II Perrot
64 Modèle:Date- Modèle:Date- Andoche Pernot des Crots
65 Modèle:Date- Modèle:Date- François Trouvé

Modèle:Boîte déroulante/fin

Religieux célèbres

(liste non exhaustive)

L’abbaye livrée au profane

Le temps des Boullongne

Les enfants Boullongne conservent quelques bâtiments. Il leur faut tenir une noble vie à Cîteaux et comme l’abbatiale construite par Dom Trouvé répondait à ce besoin, elle échappe au marteau destructeur. Elle devient le château d'Herminie de Boullongne.

Mariée en 1792 à Bernard-François de Chauvelin<ref>Né à Paris le 29 novembre 1766, décédé probablement à Cîteaux où il rentra début avril 1832, (le 8 ou 9), pour y mourir d’une atteinte du choléra contracté lors d’un séjour à Paris.</ref>, ce dernier se retrouve, par sa femme, propriétaire de cet imposant complexe qu’il convertit en une demeure prestigieuse appelée le château de Cîteaux. À côté du château, Chauvelin fait encore construire en 1814 une grande orangerie.

La bibliothèque du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle perd la moitié de ses voûtes lors de sa transformation en 1804 en un théâtre de Modèle:Nombre. Le bâtiment du définitoire, édifié sous l’abbatiat de Dom Jean Petit (1685) et achevé en 1699, est transformé en sucrerie entre 1824 et 1839 ; elle reçoit les honneurs d’une visite de Casimir Perier en 1829.

Cet endroit est le théâtre d'une nouvelle du Mis de Foudras " Retraite aux flambeaux " in Gentilshommes Chasseurs.

L’entente entre les trois enfants Boullongne ne durera pas. L’an VI (1797-1798), un premier partage met la fille cadette, émigrée, hors de la propriété. En l’An X (1801-1802), Auguste et Herminie Tavernier, malgré la signature d’accords concernant l’indivision, se mettent à se faire des procès qui s’étireront sur plus de trente années. Après 1832, elle parvient à se défaire de l’indivision et son frère doit se contenter du domaine séparé de La Forgeotte. Après la mort sans postérité de Chauvelin, son mari, devenue seule propriétaire du domaine, elle décide en 1841 de s’en séparer et cherche un acheteur.

Le rêve fouriériste

Le Modèle:Date-, Herminie Félicienne Tavernier de Boullongne remet les clés de sa propriété de Cîteaux à Arthur Young, un commerçant anglais. Le nouveau propriétaire doit débourser la somme de Modèle:Unité. Riche idéaliste, converti à la doctrine de Charles Fourier et aux idées sociales et généreuses qu’elle développe, il n'acquiert Cîteaux que dans l’intention de mettre en application, en grandeur nature, une communauté sociétaire qu’il dirigera avec la féministe belge Zoé de Gamond et qui fonctionnera selon les principes fouriéristes.

Malgré le scepticisme, la méfiance, l’inquiétude, les difficultés rencontrées, et la surveillance dont il fait l’objet, Young parvient toutefois à donner vie à son projet et à « créer une société dans la société », qui porte le nom de phalanstère. Sa réalisation n’emportera pas le succès escompté, tant s’en faut : sur les Modèle:Nombre qu’il attend, il n’en accueille tout au plus 167 au début de 1843.

Le modèle économique de sa société, tel qu’il l’envisage — selon les idées de Fourier — s’avère non viable, et les difficultés financières ne tardent pas à se faire sentir. Fin 1845, Young est menacé d’une licitation judiciaire. En Modèle:Date-, la débâcle prononcée amène la mise en vente sur saisie du domaine à la demande de deux débiteurs, dont Herminie Tavernier de Boullongne, qui n’avait pas dû recevoir le produit de la vente de 1841.

La colonie pénitentiaire du père Rey

Le Modèle:Date-, Joseph Rey, supérieur des Frères de Saint-Joseph, devient le nouveau propriétaire de trois cents hectares de Cîteaux et des bâtiments. Le retour d’une vie ecclésiastique à Cîteaux fait la joie du curé du village voisin de Prémeaux, qui ne s’en n'est pas caché<ref>Modèle:Citation. Modèle:Harvsp, article de Cécile Souchon, Un nouveau monde pour Cîteaux, p. 205.</ref>.

L’abbé, confronté à Lyon aux problèmes sociaux de pauvreté et à l’état d’abandon dans lequel se trouvaient certains enfants, se sentait investi de la mission de leur venir en aide, de reprendre leur éducation pour en faire des « citoyens utiles ».

Trop heureux de trouver dans la formule proposée par le père Rey une solution médiane entre le tout répressif et une coupable mansuétude devant la délinquance des enfants, les pouvoirs publics choisissent d’aider le père Rey dans son entreprise de création d’une colonie agricole pénitentiaire pour enfants. Ils lui accordent une aide financière pour chacun des jeunes gens recueillis, qui permit à la colonie de subsister. Délinquants, orphelins vagabonds y trouvent leur place. Le nombre des pensionnaires accueillis, bien que variable selon les années, atteint le nombre de 1863 en 1874, l’année de la mort du père Rey. Les méthodes éducatives s’apparentent aux méthodes militaires : discipline, ordre, travail, mais respect des jeunes, reconnaissance et récompense. Bâtiments et autres constructions nécessaires à leurs activités sont construits ou adaptés avec les moyens limités dont ils disposent. Le plus gros chantier auquel le père Rey décide de s’atteler est l'élévation d'une nouvelle église, qui prend sa place au sein de la colonie en 1861. Cependant, à partir de 1883, à la suite de rapports qui révèlent de mauvaises conditions d'hygiène, de nutrition et d'enseignement, le Ministère de l'Intérieur n'envoie plus de détenus dans cette colonie<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Cistercian Studies Quarterly, Volume 35, 2000, p. 328</ref>.

L'arrêt de la colonie pénitentiaire de Cîteaux intervient à la suite d'un scandale révélé par les journaux anticléricaux Le Progrès de Lyon et Le Petit Bourguignon qui relatent la plainte d'un colon évadé accusant différents frères de crimes pédophiles<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Ce scandale de mœurs est évoqué devant l'Assemblée nationale en Modèle:Date- et entraîne en Modèle:Date- le retrait de la reconnaissance d’utilité publique à la Société des frères de Saint-Joseph décrétée depuis le Modèle:Date-. Le domaine de Cîteaux, abandonné de ses occupants, passe donc aux mains de l’État qui veut en faire uniquement un orphelinat mais il tombe rapidement en déclin.

La renaissance de l’abbaye

Fichier:Abbaye de Cîteaux intérieur de l'église.jpg
Abbaye de Cîteaux. Intérieur de l'église inaugurée le Modèle:Date-. Architecte Denis Ouaillarbourou.

En 1895, alors que la colonie installée par le père Rey approche de son terme Modèle:Incise, dom Sébastien Wyart, alors abbé de Sept-Fons, et Frédéric Oury, évêque de Dijon, nourrissent le dessein de restaurer la vie spirituelle de Cîteaux.

Le Modèle:Date-, madame Marie de Rochefort<ref>Veuve Bernon de la Rochetaillée, baronne de la Rochetaillée, demeurant au château de Contençon, commune de Saint-Just en Chevalet (Loire). Modèle:Harvsp, chapitre de Cécile Souchon Un nouveau monde pour Cîteaux, p. 222.</ref> devient la propriétaire du domaine et de ses dépendances qu’elle achète à la Société de Saint-Joseph<ref>D’une contenance de Modèle:Nombre Modèle:Nombre et Modèle:Nombre et du matériel d’exploitation. Modèle:Harvsp, chapitre de Cécile Souchon Un nouveau monde pour Cîteaux, p. 223.</ref> pour une somme de Modèle:Monnaie, dans le but d’y réinstaller les cisterciens, moyennant une rétribution annuelle.

Elle le loue aussitôt par un bail notarié du Modèle:Date- pour Modèle:Nombre, contre une rétribution annuelle de Modèle:Monnaie<ref>Modèle:Harvsp, chapitre de Cécile Souchon Un nouveau monde pour Cîteaux, p. 222.</ref> aux cisterciens-trappistes.

Une refondation laborieuse

Dès le Modèle:Date-, les premiers moines pionniers, au nombre de quatre, arrivent de Sept-Fons, et le Modèle:Date- a lieu l’élection abbatiale.

Dom Sébastien Wyart devient abbé général. Il le reste jusqu’au Modèle:Date-. Stalles et jubé sont rapidement mis en place dans l’église du père Rey, pour y permettre l’exercice de la vie spirituelle. Le Modèle:Date-, la nouvelle communauté y célèbre la messe.

L’état du temporel de l’abbaye trouvé par les nouveaux arrivants exige la mobilisation de toute leur énergie. La désolation est partout : l’ancienne église Saint-Nicolas convertie en vacherie, le définitoire incendié, la bibliothèque de 1509 à moitié détruite.

Les premières années sont particulièrement laborieuses. La communauté d’une trentaine de membres, formée d’éléments hétérogènes, n’est pas soudée et sa direction se révèle si délicate que le père supérieur, Stanislas Biesse, préfère quitter Cîteaux le Modèle:Date-. La lourde charge de la refondation de Cîteaux revient à l’abbé auxiliaire, le père Robert Lescand. Il arrive à Cîteaux le Modèle:Date-.

Lors de l'expulsion des congrégations en 1903, les Trappistes furent une des cinq congrégations catholiques masculines autorisées à poursuivre leur activité en France<ref>Voir l'article : Histoire des congrégations chrétiennes en France.</ref>.

En 1913, l’abbaye compte environ vingt-cinq personnes, moines et convers, et fait face à de sérieuses difficultés financières, qui la contraignent à mettre en vente Modèle:Nombre du domaine sur les Modèle:Nombre dont elle dispose depuis sa réinstallation.

Arrivent ensuite les réquisitions de la Première Guerre mondiale, qui réduisent la communauté à une vingtaine de moines. Une partie des bâtiments de l’abbaye est offerte par le père supérieur, pour y installer un hôpital militaire d’une capacité d’environ Modèle:Unité.

En 1921, la communauté retrouve un effectif de Modèle:Nombre.

L’abbaye prend son essor

Sous la direction du père Fabien Dütter, la restauration du monastère va bon train. Les bâtiments inutiles sont démolis, on aménage et on modernise le presbytère, l’hôtellerie, la buanderie, l’étable pour plus de quatre-vingts bêtes, une nouvelle fromagerie, le jardin. Mais l’effectif de la communauté ne s’accroît pas pour autant.

Il faut attendre les premières années de la direction de l’abbaye par le père Godefroid Bélorgey (1932-1952), pour que la communauté connaisse un accroissement notable des effectifs avec une importante arrivée de novices. Si la pauvreté règne encore, un effort est fait pour améliorer le confort des moines. L’abbaye, qui compte Modèle:Nombre, convers et novices à la veille de la guerre 1939-1945, voit une quarantaine de ses membres mobilisés pour le conflit, et ses locaux servirent d'hôpital militaire aux Allemands, qui s’installent dans l’hôtellerie.

La période de 1899 à 1963 voit se succéder six abbés généraux<ref>La liste est donnée par Modèle:Harvsp : Dom Sébastien Wyart (9 février 1899 au 18 août 1904), Dom Augustin Marre (8 octobre 1904 au 18 septembre 1922), Dom Ollitrault de Keryvallan (13 décembre 1922 au 25 février 1929), Dom Herman-Joseph Smets (16 juillet 1929 au 4 janvier 1943), Dom Dominique Nogues ([[1er mai|Modèle:Abréviation discrète mai]] 1946 au 14 septembre 1951), Dom Gabriel Sortais (7 novembre 1951 au 15 janvier 1963).</ref> et quatre abbés auxiliaires, supérieurs de Cîteaux<ref>La liste est donnée par Modèle:Harvsp : Dom Robert Lescand (6 novembre 1899 au 25 octobre 1923), Dom Fabien Dütter (25 octobre 1923 au 17 novembre 1932), Dom Godefroy Bélorgey ([[1er novembre|Modèle:Abréviation discrète novembre]] 1932 au 9 novembre 1952), Dom Jean Chanut (16 novembre 1952 au 19 mars 1963).</ref>.

Le Modèle:Date-, faisant suite à une demande du Chapitre général de 1962, le pape concéda un indult modifiant le statut de Cîteaux. Ce document donne le droit à la communauté de Cîteaux d’élire son abbé, comme dans tous les autres monastères. Cet abbé porte désormais le titre d’abbé de Cîteaux et l’abbé général reçut le titre honorifique d’archi-abbé de Cîteaux<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

L’église construite en 1861, héritée de la colonie du père Rey, est l’objet d’une rénovation et elle reçoit la consécration de l’archevêque de Dijon le Modèle:Date-.

Vingt-cinq ans plus tard, sous l’abbatiat de Dom Olivier Quenardel, l’église rénovée en 1970 se révèle inadaptée à la prière monastique, cela d’autant plus qu’elle doit être ouverte aux fidèles ; un double accès parait indispensable. Pour y remédier, la communauté confie à l’architecte Denis Ouaillarbourou la tâche de construire une nouvelle église monastique. Le chantier commence en Modèle:Date- et l’inauguration de la nouvelle église a lieu le Modèle:Date-, jour du Modèle:900e de la fondation de l’abbaye<ref>Modèle:Harvsp, chapitre de Denis Ouaillarbourou, Martine Plouvier et f. Placide Vernet Une nouvelle église pour les moines de Cîteaux — 1998, pp. 371-372.</ref>.

L’abbaye a conservé trois bâtiments de la période ancienne. Le plus ancien, la bibliothèque achevée en 1509, en voûte d’ogives<ref>Restaurée par Éric Pallot, Architecte des Monuments historiques. Modèle:Harvsp, chapitre d'É. Pallot : La restauration de l'abbaye de Cîteaux, Modèle:P.333.</ref>. Le « définitoire », en voute d’arêtes, qui comprend plusieurs salles dont une grande à colonnes centrales, et le dortoir à l’étage et enfin le dernier bâtiment, dit bâtiment Lenoir achevé en 1771. Ces trois bâtiments ont été classés au titre des monuments historiques par arrêté du Modèle:Date-<ref>Modèle:Base Mérimée</ref>,<ref>Modèle:Harvsp, chapitre de Martine Plouvier, Petite chronique d'une histoire monumentale, p. 14 et chapitre d'É. Pallot La restauration de l'abbaye de Cîteaux Modèle:P.350.</ref>.

Fichier:Abbaye de Cîteaux 094.jpg
Fromages de la marque Abbaye de Citeaux.

Les visites sont autorisées pour faire connaître la tradition cistercienne, son histoire et sa réalité actuelle. Outre les séjours ordinaires à l'hôtellerie, la communauté organise Modèle:Incise une retraite de six jours, appelée « Aventuriers du bonheur » et destinée aux 18-35 ans. Elle a pour but de faire découvrir un pan de la vie des moines et d'initier ceux qui le souhaitent à leur façon de prier : liturgie, oraison, lectio divina.

Une trentaine de moines sont présents en 2010 à Cîteaux. L'économie repose principalement sur la production du fromage Abbaye de Citeaux, notamment vendu au magasin de l'abbaye. Ce magasin vend aussi des livres et objets religieux, ainsi que des produits d'autres monastères. Des bonbons au miel sont également produits à l'abbaye.

Le Modèle:Date-, la vie monastique a commencé à Munkeby Mariakloster, pré-fondation en Norvège (dans la commune de Levanger, près de Trondheim), où Cîteaux a envoyé quatre moines.

Lieu de tournage

En 2018, une équipe de l'émission Secrets d'Histoire a tourné plusieurs séquences à l'abbaye dans le cadre d'un numéro consacré à Blanche de Castille, intitulé Blanche de Castille, la reine mère a du caractère..., diffusé le Modèle:Date sur France 2<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Héraldique

Les armes de l'abbaye de Cîteaux se blasonnent : D’azur semé de lys d’or, sur le tout, bandé d’or et d’azur à la bordure de gueules.<ref>Modèle:Lien brisé.</ref> La fleur de lys est un symbole marial, puissant protecteur chrétien des rois de France, des ducs de Bourgogne, de l'abbaye de Cîteaux, et de l'Ordre cistercien.

Notes et références

Modèle:Références nombreuses

Annexes

Modèle:Autres projets

Bibliographie

Modèle:Légende plume

Modèle:Colonnes

Articles connexes

Modèle:Arbre

Liens externes

Modèle:Liens

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