Népotisme
Le népotisme est la tendance de certains supérieurs ecclésiastiques, évêques et papes, et par extension de certains dirigeants d'autres institutions, à favoriser l'ascension des membres de leur famille, ou plus généralement de leur cercle rapproché, dans la hiérarchie qu'ils dirigent, au détriment des processus de sélection ordinaires basés sur le mérite.
Par extension, le terme désigne une tendance à accorder des avantages à des relations, des amis proches, voire à des membres d'un groupe d'origine, ethnique ou religieux commun<ref>https://www.aed-france.org/nigeria-notre-terre-est-maintenant-une-mare-de-sang/</ref>, indépendamment de leurs qualités <ref>Modèle:Lien web</ref>. Il est alors synonyme de favoritisme ou de copinage.
Étymologie
Le terme a été emprunté en 1653 à l'italien nepotismo, lui-même dérivé de nipote qui signifie « neveu », par référence au favoritisme accordé par un pape à l'un de ses neveux par la cession indue de titres ecclésiastiques ou de donations réservés au Vatican<ref>Le Robert - Dictionnaire historique de la langue française, T2, 1998 Modèle:P. - </ref> (cf. cardinal-neveu). Mais souvent à cette époque, le terme est un euphémisme et les « neveux » sont les propres enfants des ecclésiastiques ; Savonarole prêchait ainsi contre l'Église de Rome en 1497 : « autrefois, si les prêtres avaient des fils, ils les appelaient leurs neveux ; maintenant on n'a plus de neveux ; on a des fils, des fils tout court. »<ref>Sermon de Carême 1497, cité par Louis Pastor, Histoire des papes, trad. française Furcy Raynaud, t.6, Paris, 1924, Modèle:P.</ref>
Papes
Dans le contexte de la curie romaine, le népotisme a trouvé sa réalisation la plus emblématique dans le phénomène des cardinaux-neveux<ref name=Marche>Modèle:Lien web</ref>.
Parmi les papes ayant pratiqué le népotisme, on peut citer :
- [[Calixte III|Calixte Modèle:III]] (1455-1458) : Borgia qui nomma cardinal son neveu et fils adoptif, le futur [[Alexandre VI|Alexandre Modèle:VI]] ;
- [[Sixte IV|Sixte Modèle:IV]] (1471-1484) ; nomma cardinal de nombreux jeunes gens, parmi lesquels son neveu Raphaël Riario, âgé de Modèle:Nombre ;
- [[Alexandre VI|Alexandre Modèle:VI]] (1492-1503) : Borgia qui nomma son fils César Borgia cardinal à l'âge de Modèle:Nombre ;
- [[Clément VII (pape)|Clément Modèle:VII]] (1523-1534) ;
- Paul III (1534-1549) qui crée le duché de Parme et de Plaisance pour son fils Pierre Louis Farnèse, il nomme deux petits-fils cardinaux, Alexandre Farnèse et Guido Ascanio Sforza di Santa Fiora ;
- Pie IV (1559-1565), qui nomme cardinal le cousin de son gendre, Alfonso Gesualdo, âgé de Modèle:Nombre ;
- [[Urbain VIII|Urbain Modèle:VIII]] (1623-1644) qui éleva trois de ses neveux au rang de cardinal ;
- Innocent X (1644-1655), qui nomma son neveu Camillo Pamphilj comme cardinal.
L'historiographie distingue traditionnellement deux périodes :
- grand népotisme, avant le concile de Trente : les faveurs accordées à la famille consistent en des aliénations du patrimoine de Saint Pierre ;
- petit népotisme, après ce concile, consistant en des avantages révocables ou viagers.
Politique
En politique, le népotisme est caractérisé par les faveurs qu’un homme ou une femme au pouvoir montre envers sa famille ou ses amis, sans considération du mérite ou de l'équité, de leurs aptitudes ou capacités. On distingue généralement le népotisme de la transmission héréditaire du pouvoir ou de l'hérédité des offices. L'ONG Transparency International l'assimile à la corruption<ref>Corruption et népotisme: la France rongée par la colère anti-élus</ref>.
Selon Max Weber, les structures bureaucratiques doivent permettre de faire disparaître le népotisme des gouvernements de type traditionnel<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
La pratique népotique peut être totalement légale ou interdite selon les pays ou les législations. Au-delà du cadre légal, elle peut être aussi d'ordre culturel<ref>Le népotisme, une vieille habitude française</ref>,<ref>Le népotisme : des papes aux élus de la République</ref>. Selon la politologue Armelle Le Bras-Chopard, cette pratique peut être motivée par l'aspect financier ou par la meilleure confiance et efficacité d’une relation de travail avec un proche mais elle « traduit la trop grande collusion et le trop grand népotisme qui règnent dans la classe politique »<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Notes et références
Annexes
Bibliographie
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- Madeleine Laurain-Portemer, « Absolutisme et népotisme. La surintendance de l'État ecclésiastique », Bibliothèque de l'école des chartes, 1973, tome 131, Modèle:P.. Modèle:Lire en ligne
- Wolfgang Reinhard, Papauté, confessions, modernité, Paris, Éditions de l’EHESS, 1998.
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