Cesare Beccaria

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}
Révision datée du 14 octobre 2023 à 10:19 par >BimBe93 (Révocation des modifications de 77.197.2.170 (retour à la version précédente de Vlaam) : Non sourcé)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2 Cesare Beccaria Bonesana, marquis de Gualdrasco et Villareggio<ref>Le nom de marquis de Beccaria – que l'on trouve dans de très nombreuses sources (dont l'Encyclopædia Universalis) – semble erroné : on reprend ici la dénomination adoptée par Maria G. Vitali-Volant (Cesare Beccaria, 1738-1794 : cours et discours d'économie politique, Paris, L'Harmattan, 2005, Modèle:P.) et par Philippe Audegean ("Introduction", dans Cesare Beccaria, Des délits et des peines. Dei delitti e delle pene, Lyon, ENS Éditions, 2009, Modèle:P.). Dans sa biographie de Beccaria, Renzo Zorzi (Cesare Beccaria. Il dramma della giustizia, Milan, Mondadori, 1995, Modèle:P.) a en effet rappelé que, comme l'ont établi des recherches récentes, le grand-père de Beccaria a obtenu son titre de noblesse en acquérant en 1711 les deux fiefs de Gualdrasco et de Villareggio : Cesare est donc le troisième marquis du nom.</ref> (né le Modèle:Date de naissance à Milan où il est mort le Modèle:Date de décès), est un juriste, criminaliste, philosophe, économiste et homme de lettres italien rattaché au courant des Lumières. Dans Des délits et des peines, il fonde le droit pénal moderne et se signale notamment en développant la toute première argumentation contre la peine de mort.

Biographie

Cesare Beccaria, fils de Giovanni Saverio di Francesco et de Maria Visconti di Saliceto, subit d'abord, selon ses propres dires, « huit années d'éducation fanatique et servile » de 1747 à 1755 dans un collège jésuite pour jeunes aristocrates à Parme. Il obtient ensuite en 1758, à l'âge de 20 ans, son doctorat en droit à l'université de Pavie. Il rompt avec sa famille après sa rencontre avec Teresa Blasco, qu'il épouse en 1761. Le père de Beccaria considère ce mariage comme une mésalliance. Peut-être en souvenir du roman de Jean-Jacques Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, qui paraît l'année même de leur mariage et dont l'histoire d'amour socialement impossible évoque leurs propres mésaventures, les jeunes époux donnent le nom de Giulia à leur premier enfant, qui deviendra la mère du grand romancier Alessandro Manzoni.

Fichier:DSC02897 - Milano - Piazza Beccaria - Monumento a Cesare Beccaria - Foto di Giovanni Dall'Orto - 29-1-2007.jpg
Monument en l'honneur de Cesare Beccaria, par Giuseppe Grandi, à Milan.

Très influencé, selon sa propre expression, par Modèle:Citation Montesquieu<ref>C. Beccaria, Des délits et des peines, introduction (trad. Philippe Audegean, Lyon, ENS Éditions, 2009), Modèle:P..</ref>, ainsi que par Helvétius et les encyclopédistes français, Beccaria s’intéresse très tôt aux questions liées à l’équité du système judiciaire. Il signe son chef-d’œuvre à 26 ans avec Des délits et des peines (1764-1766)<ref>Titre italien : Dei delitti e delle pene. La première édition est de 1764 ; une deuxième édition, modifiée et augmentée de nouveaux chapitres, paraît en 1765 ; une troisième édition encore augmentée paraît en 1766.</ref>, qui pose les bases de la réflexion moderne en matière de droit pénal et amorce le premier mouvement abolitionniste<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Certains des arguments avancés sont déjà anciens, mais Beccaria en fait une parfaite synthèse d’autant plus neuve qu’il se dégage de tout modèle religieux. Il y établit les bases et les limites du droit de punir et recommande de proportionner la peine au délit. Beccaria pose aussi en principe la séparation des pouvoirs religieux et judiciaire. Dénonçant la cruauté de certaines peines comparées au crime commis, il juge « barbare » la pratique de la torture et la peine de mort, et recommande de prévenir le crime plutôt que de le réprimer.

Désireux de réduire les sources du droit à la seule loi du souverain, il développe une théorie (sans doute excessive et d'ailleurs inapplicable) de l'herméneutique judiciaire, dite « théorie du syllogisme ». Le juge criminel ne doit en effet pas interpréter la loi pénale, mais seulement l'appliquer de manière purement syllogistique (« Pour chaque délit le juge doit faire un syllogisme parfait<ref>C. Beccaria, Des délits et des peines, § 4, Modèle:P..</ref> ») : le prévenu a accompli telle action, or cette action est punie par telle peine, donc le prévenu doit être condamné à cette peine.

Très rapidement traduit en français (1765), en allemand (1766), en anglais (1767), en suédois (1770), en polonais (1772), en espagnol (1774), cet ouvrage provoque un vif débat auquel participent des intellectuels de renom comme Voltaire ou Diderot. Beccaria met au monde le débat qui sévit depuis plus de deux siècles entre les partisans de la répression et ceux de la prévention, que Beccaria appelle de ses vœux. Très hostile à la peine de mort, il pose une démonstration, la première du genre, qui amène l’auteur à qualifier la peine capitale, qui n'est « ni utile, ni nécessaire<ref>C. Beccaria, Des délits et des peines, § 28, Modèle:P..</ref> », d'« assassinat public ».

Fichier:Dei delitti e delle pene 1764.jpg
Couverture de Des délits et des peines

En 1768, on crée pour lui à Milan une chaire d’économie politique où il enseigne pendant deux ans, de 1769 à 1770. Il s’était proposé de rédiger un grand ouvrage sur la législation en général ; mais il ne mit jamais ce projet à exécution.

À partir de 1770, il devient haut fonctionnaire dans l’administration milanaise alors sous domination autrichienne; il occupera ce poste jusqu’à sa mort.

Il inspire les réformes judiciaires menées en Suède (1772) et en France (1780 et 1788) instaurant l’abolition de l’emploi de la torture. Beccaria est publié en 1777 aux États-Unis, où il inspire Thomas Jefferson. L'ouvrage de Beccaria sera à la base de la réforme menée par le prince Pierre-Léopold du Code pénal du grand-duché de Toscane, qui deviendra le premier État au monde à abolir totalement la peine de mort et la torture<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Quelques principes posés par Beccaria dans Des délits et des peines (1764) :

Ces principes sont aujourd’hui des piliers de la justice et le traité Des délits et des peines demeure une référence incontournable dans le cursus universitaire en droit pénal.

Ses leçons d'économie n’ont été imprimées qu’après sa mort, en 1804, sous le titre Elementi di economia pubblica. Membre de l'Accademia dei Pugni, Beccaria avait participé, en 1764 et 1765, à une publication périodique analogue au Spectateur, et produite par l'Académie, il Café (1764-1766), où étaient traités divers sujets de littérature et de philosophie.

Peine de mort

C’est dans son ouvrage Des délits et des peines (Dei delitti e delle pene), édité anonymement en 1764 à Livourne qu’il s’oppose au principe de la peine de mort : Modèle:Début citation Il me paraît absurde que les lois, qui sont l’expression de la volonté publique, qui détestent et punissent l’homicide, en commettent un elles-mêmes, et que pour éloigner les citoyens de l’assassinat, elles ordonnent un assassinat public<ref>C. Beccaria, Des délits et des peines, § 28, Modèle:P. (en italien : « Parmi un assurdo che le leggi, che sono l’espressione della pubblica volontà, che detestano e puniscono l’omicidio, ne commettono uno esse medesime, e per allontanare i cittadini dall’assassinio, ordinino un pubblico assassinio. »)</ref>.Modèle:Fin citation Modèle:Début citation Ce n'est pas le spectacle terrible mais passager de la mort d'un scélérat, mais le long et pénible exemple d'un homme privé de liberté, qui, transformé en bête de somme, rétribue par son labeur la société qu'il a offensée, qui est le frein le plus fort contre les délits<ref>C. Beccaria, Des délits et des peines, § 28, Modèle:P..</ref>.Modèle:Fin citation

C'est pourquoi Beccaria propose comme substitut à la peine de mort « l'esclavage perpétuel » (et non la prison à perpétuité comme on l'entend souvent, le mot italien pour esclavage étant bien « schiavitù », celui pour la perpétuité étant « ergastolo »<ref>http://www.letteraturaitaliana.net/pdf/Volume 7/t157.pdf p.72 et suivantes du texte d'origine en italien</ref>), dont l'impression de durée s'inscrit plus fortement dans les esprits que la peine de mort, « que les hommes voient toujours dans un obscur éloignement ». C'est donc bien une peine continuelle que prône Beccaria, car les « passions violentes » s'effacent avec le temps.

Dans le chapitre 28 sur la peine de mort, Beccaria admet la peine de mort dans certains cas (sédition ou complot contre la sûreté de l'État, ou bien lorsque la mort est « le seul véritable frein pour détourner les autres de commettre des délits »). Selon certains auteurs, cette interprétation est inexacte<ref>Voir l'édition de 2009 des Délits et des peines citée dans la bibliographie, note 198, Modèle:P..</ref> : le premier cas ne concernerait que des situations d'anarchie ou de guerre civile étrangères au cours normal de la vie d'un État de droit, et le second serait une hypothèse prétendument invalidée dans toute la suite du chapitre. Toutefois, il ne fait aucun doute, selon le professeur Michel Porret, que Cesare Beccaria souhaitait maintenir la peine de mort pour les crimes "menaçant l'Etat"<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Victor Hugo, également abolitionniste, montre dans ses œuvres politiques une forte admiration pour Beccaria, qu'il met au rang des grands éducateurs de l'humanité. Dans Choses vues, le même Victor Hugo mentionne que la peine de mort fut « abolie de fait » sous Louis-Philippe, qui usait systématiquement de son droit de grâce sur tous les condamnés. Qu'il ait lu ou non Beccaria, Robespierre militera au début de sa carrière pour l'abolition de la peine de mort.

Partout en Europe, les cas passibles de peine de mort commençaient à décroître. Mais c'est bien sous l'influence des Délits et des peines que, pour la première fois au monde, la peine de mort est officiellement et réellement abolie dans le grand-duché de Toscane en 1786, par Léopold d'Autriche, franc-maçon, qui devint en 1790 empereur germanique sous le nom de Léopold II. Le livre de Beccaria a plus tard servi et sert encore de référence aux luttes abolitionnistes engagées depuis le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (la peine de mort est ainsi abolie par le jeune État italien en 1889). Certains de ses arguments ont été repris par Robert Badinter dans son combat pour l’abolition de la peine de mort en France (1981), que Jacques Chirac a fait inscrire dans la constitution de la République française (art. 66-1, 26 février 2007), et aujourd’hui encore par des abolitionnistes américains comme Modèle:Lien.

Moyen de lutter contre le crime

Modèle:Citation<ref>C. Beccaria, Des délits et des peines, § 45, Modèle:P..</ref>.

Œuvres

Des délits et des peines a été traduit en français aux {{#switch: e

 | e | er | = 
   {{#switch: e
 | e | er | = 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: et|-| – | et }}Modèle:S mini- siècles
 | 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: e|-| – | e }}Modèle:S mini- siècleXIX

}}

 | 
   {{#switch: et
 | e | er | = 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: e|-| – | e }}Modèle:S mini- siècle
 | 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: et|-| – | et }}Modèle:S mini- siècles

}}

}} par :

Il a été notamment commenté par Voltaire, Diderot, Joseph-Michel-Antoine Servan et Jacques-Pierre Brissot de Warville, Faustin Hélie<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, ainsi que par Michel Foucault dans Surveiller et punir, Paris, Gallimard, 1975.

Il a également publié, en 1770, des Ricerche intorno alla natura dello stile (Recherches concernant la nature du style).

  • Cesare Beccaria, Des délits et des peines. D’après la traduction de l’Italien par M. Chaillou de Lisy, bibliothécaire, et publiée à Paris en 1773], hébergé par le fonds documentaire de l'UQAC.
  • Cesare Beccaria, Des délits et des peines, traduction de l'italien par Maurice Chevalier ; introduction par Franco Venturi, Genève, Droz, 1965 (plusieurs fois réédité), XLVI, 80 et (2)Modèle:Nb p. (Les Classiques de la pensée politique, no 1).
  • Cesare Beccaria, Des délits et des peines. Dei delitti e delle pene, texte italien établi par Gianni Francioni, introduction, traduction et notes par Philippe Audegean, Lyon, ENS Éditions, 2009, Modèle:ISBN.
  • Cesare Beccaria, Des délits et des peines, traduction et notes d'Alessandro Fontana et Xavier Tabet. Préface de Xavier Tabet, Paris, Gallimard, 2015 (Bibliothèque de Philosophie) Modèle:ISBN.
  • Cesare Beccaria, Recherches concernant la nature du style, traduit de l'italien par Bernard Pautrat, Paris, Éditions rue d'Ulm, 2001.


Liens vers équipes de recherche:

UNIGE, DAMOCLES : https://unige.ch/lettres/istge/damocles/

Notes et références

Modèle:Références

Annexes

Bibliographie

 | e | er | = 
   Modèle:S mini{{#ifeq: -|-| – | - }}Modèle:S mini siècle
 | 
   Modèle:S mini{{#ifeq: e|-| – | e }}Modèle:S mini siècleXXI

}}; préface de Robert Roth; postface de Vincent Milliot, Rennes, PUR, 2015, 349 p. Modèle:ISBN (table des matières en ligne).

  • Michel Porret, « Des délits et des peines de Cesare Beccaria », L'Histoire, Modèle:N°, septembre 2015, section "Classique", p. 84
  • Michel Porret, « Cesare Beccaria e il diritto penale dell'Illuminismo », Archivio Storico Ticinese, Rivista di cultura, Modèle:N°, dicembre 2014, Modèle:P., Modèle:ISSN.
  • Michel Porret, Beccaria. Il diritto di punire, Bologne, Il Mulino, Universale Paperbacks, 2013, 110Modèle:Nb p., Modèle:ISBN.
  • Michel Porret, Beccaria. Le droit de punir, Paris, Michalon, 2003, 126Modèle:Nb p. Modèle:ISBN.
  • Michel Porret (direction), Beccaria et la culture juridique des Lumières, Genève, Droz, 1997, Modèle:ISBN
  • Michel Porret, « Publication de l'ouvrage de Cesare Beccaria, Des délits et des peines », Commémorations nationales, 2014, Paris, Ministère de la culture et de la communication, 2013, Modèle:P..
  • Michel Porret, « Les Lumières du pénal. Cesare Beccaria », Choisir. Revue culturelle, 652, avril 2014, Modèle:P., Modèle:ISSN.
  • Michel Porret, « L’Humanisme pénal de Cesare Beccaria », Le Temps, 20 octobre 2013, Modèle:P., lire en ligne.
  • Michel Porret, « Beccaria, une révolution des Lumières », L'Histoire, 357, numéro spécial : La Peine de mort, octobre 2010, Modèle:P..
  • Michel Porret, « Cesare Beccaria : contre la peine de mort », Le Point. Références, Les Textes fondamentaux, Penser la mort, octobre 2010, Modèle:P..
  • Michel Porret, « Voltaire : justicier des Lumières », Cahiers Voltaire (Revue annuelle de la Société Voltaire), 8, Ferney-Voltaire, 2009, Modèle:P..
  • Michel Porret, « Un Échafaud romantique contre la peine capitale. Anne Bignan L’Échafaud Paris, 1832 », Critique. L'Europe romantique, juin-juillet 2009, no 745-746, Modèle:P..
  • Modèle:Lien web
  • Elisabeth Salvi, « L'abolitionniste Beccaria a reçu un bel et prompt accueil en Suisse », Passé simple, Mensuel romand d'histoire et d'archéologie, avril 2015, 4 - Dossier: La réforme pénale au temps des Lumières. De l'ère des supplices à celle des prisons, Modèle:P..
  • Maria G. Vitali-Volant, Cesare Beccaria (1738-1794). Cours et discours d'économie politique, Paris, L'Harmattan, 2005, 136Modèle:Nb p. Modèle:ISBN

Colloques internationaux

  • Philippe Audegean (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Christian Del Vento (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Pierre Musitelli (École normale supérieure, Paris), Xavier Tabet (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis). Les cultures de Beccaria. Modèle:250e anniversaire de l'ouvrage Dei delitti e delle pene, Livorno, 1764, Paris, 4-6 décembre 2014 (http://beccaria2014.com)
  • Michel Porret (UNIGE-DAMOCLES)- Elisabeth Salvi (UNIGE-DAMOCLES) : Cesare Beccaria: réception et héritage. Du temps des Lumières à aujourd’hui, Genève, 21-23 février 2013 lire en ligne
  • Michel Porret (org.), Cesare Beccaria et la culture juridique des Lumières, Université de Genève, Genève, 1994.

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Autres projets

Modèle:Portail