Pulsion (psychanalyse)

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}
Révision datée du 11 mars 2023 à 23:15 par 2a01:cb11:8002:65b2:5661:2d13:e587:ab9b (discussion)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Modèle:Autre La pulsion (du latin Modèle:Lang : action de pousser, Modèle:Lang) est un concept majeur de la psychanalyse, dont le nom est la traduction de l'allemand Modèle:Lang (substantif de genre masculin, issu du verbe Modèle:Lang d'origine germanique).

La théorie des pulsions évolue chez Sigmund Freud tout au long de son œuvre, ponctuée de plusieurs moments et d'ouvrages décisifs, des Trois essais sur la théorie sexuelle de 1905 jusqu'au tournant de 1920, que signifie Au-delà du principe de plaisir et où apparaît la pulsion de mort, en passant par l'instauration du narcissisme (Pour introduire le narcissisme, 1914) et les textes métapsychologiques de 1915.

La pulsion est surtout un processus dynamique. La théorie freudienne maintient un dualisme quasiment constant : à la pulsion sexuelle s'opposent d'autres pulsions. Au cours du premier dualisme, les pulsions d'auto-conservation ou du Moi s'opposent aux pulsions sexuelles. La dernière théorie des pulsions oppose les pulsions de vie (Éros) et les pulsions de mort (Thanatos).

Le concept de pulsion

Historique

Fichier:Drei Abhandlungen Freud tp.jpg
Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle (1905)

Selon Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, le choix de la traduction en français de l'allemand Modèle:Lang par « pulsion » (mot dérivé du latin pulsio qui apparaît en 1625 et désigne l'action de pousser) permettait d'éviter la confusion avec « instinct » et « tendance »Modèle:Sfn. Il s'agissait de dégager la spécificité du psychisme humain pour Freud, par rapport à Modèle:Lang qui qualifiait le comportement animalModèle:Sfn.

D'après Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis, Modèle:Cita, mais Modèle:Cita: les Modèle:Cita, à côté desquelles Modèle:Cita qui apportent Modèle:Cita du Modèle:Cita<ref name="L&P pulsion">Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse (1967), PUF, Modèle:8e éd.: 1984, entrée: « Pulsion », Modèle:P..</ref>. Les auteurs du Vocabulaire de la psychanalyse confirment que ce sont effectivement les Trois essais sur la théorie de la sexualité (Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie, 1905), qui Modèle:Cita<ref name="L&P pulsion" />.

Définition et caractéristiques de la pulsion

C'est en 1915 que Sigmund Freud donne la définition de la pulsion comme concept limite entre le psychique et le somatique dans son écrit métapsychologique Pulsions et destins des pulsionsModèle:Sfn : Modèle:Citation bloc

Après avoir donné sa définition de la pulsion, Freud énumère et définit dans le même texte de 1915, Pulsions et destins des pulsions, les quatre caractéristiques de la pulsionModèle:Sfn :

  • la « poussée » constitue Modèle:Citation, considérée comme Modèle:CitationModèle:Sfn ;
  • le « but », c'est-à-dire la satisfaction, permet la suppression de l'excitation à l'origine de la pulsion. Il y a des pulsions, dit Freud, Modèle:CitationModèle:Sfn ;
  • l'« objet » de la pulsion est le moyen pour la pulsion d'atteindre son but, l'objet n'étant pas lié originellement à la pulsionModèle:Sfn ;
  • la « source » de la pulsion correspond à un processus somatique localisé dans une partie du corps et qui provoque une excitation, laquelle est représentée par la pulsionModèle:Sfn.

La pulsion sexuelle (Modèle:Lang)

Le terme Modèle:Lang<ref group=note>À propos du Modèle:Cita, Jean Laplanche explique en 1989, dans Traduire Freud, le choix de traduction des OCF.P pour Modèle:Lang par « pulsion sexuée » par rapport à « pulsion sexuelle » pour Modèle:Lang, en opérant la distinction suivante du point de vue grammatical : la série en sexual dérivant de l'adjectif Modèle:Cita ; la série en Geschlecht, Modèle:Cita (comme c'est le cas pour Geschlechtsunterschied, la « différence des sexes »). L'équipe des nouvelles traductions considère que Freud utilise ces termes Modèle:Cita.</ref>,<ref>Modèle:Chapitre.</ref>,<ref group=note>Dans Comprendre Freud (2007), le psychanalyste Jacques Sédat propose de traduire Modèle:Lang par « pulsion de genre » en indiquant que ce terme désigne à ses yeux Modèle:Cita.</ref>,<ref>Jean-Pierre Lehmann, « Jacques Sédat, Comprendre Freud. Paris, Armand Colin, Collection Cursus Psychanalyse, 2007 », Che vuoi, 2007/2 (N° 28), Modèle:P.. DOI : 10.3917/chev.028.0153. Modèle:Lire en ligne.</ref> apparaît en 1894, en même temps que « libido », relève Michèle Porte, et Freud publie en 1895 la critique d'une conférence intitulée « Der Geschlechtstrieb »Modèle:Sfn. Il dénonce Modèle:Cita et repère Modèle:CitaModèle:Sfn. En 1905, avec les Trois Essais sur la théorie sexuelle, paraissent Modèle:CitaModèle:Sfn.

Freud écrit en 1908 dans La morale sexuelle civilisée et la maladie nerveuse des temps modernes : Modèle:CitationModèle:Sfn. Pour Michèle Porte, elle est le paradigme de la pulsion, si centrale en psychanalyse que toutes les autres notions en dépendent et que contester son importance revient à refuser la psychanalyse, ainsi que Freud le signifia au moment de sa séparation d'avec Carl Gustav Jung en 1913Modèle:Sfn. Reproduction et sexualité se trouvent dissociées ; Freud précise que la pulsion sexuelle a pour but Modèle:Citation, et ceci dès l'enfance, non seulement dans les organes génitaux, mais aussi dans d'autres lieux corporels dits « zones érogènes » : au cours du développement de la pulsion sexuelle, cela va du stade de l'auto-érotisme à celui de l'amour d'objet, et de l'agencement ensuite des zones érogènes Modèle:CitationModèle:Sfn.

Du point de vue économique, la libido est, selon Laplanche et Pontalis, l'énergie unique, dont Freud postule l'existence Modèle:Citation<ref name="L&P pulsion sexuelle">Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse (1967), PUF, Modèle:8e éd.: 1984, entrée: « Pulsion sexuelle », Modèle:P..</ref>. Du point de vue dynamique, la pulsion sexuelle est l'un des pôles du conflit psychique : c'est sur elle que s'exerce l'action du refoulement dans l'inconscient<ref name="L&P pulsion sexuelle"/>.

Évolution de la théorie des pulsions chez Freud

Freud aurait distingué trois « pas » successifs dans la théorie des pulsions : Modèle:Citation, Modèle:Citation et Modèle:CitationModèle:Sfn. Michèle Porte cite les ouvrages majeurs permettant de repérer ces trois moments importants de l'évolution de la théorie des pulsions chez Freud : les Trois essais sur la théorie sexuelle (1905); Pour introduire le narcissisme (1914) et les articles métapsychologiques de 1915; enfin Au-delà du principe de plaisir (1920)Modèle:Sfn.

On a pu parler d'une première théorie des pulsions et à partir de 1920 d'une seconde théorie des pulsions, tandis qu'au cours même de son évolution, et comme l'observent Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis, Modèle:Citation<ref name="L&P pulsion" />.

Première théorie des pulsions

Le premier dualisme est celui des pulsions sexuelles et des pulsions du moi ou d'auto-conservation, lesquelles « pulsions d'auto-conservation » correspondent, selon Laplanche et Pontalis, à des grands besoins comme la faim et la nécessité de s'alimenter : la pulsion sexuelle se détache des fonctions d'autoconservation sur lesquelles elle s'étaye d'abord<ref name="L&P pulsion" />.

1905: les Trois essais

Modèle:Voir Dans le premier pas de Freud que représente son écrit de 1905, Trois essais sur la théorie sexuelle, on assiste, selon Michèle Porte, à une décomposition de la pulsion sexuelle en Modèle:Citation en même temps qu'à une démonstration de l'importance de la sexualité infantileModèle:Sfn.

Laplanche et Pontalis recourent à la notion d'étayage, qu'ils estiment être Modèle:Cita<ref name="L&P étayage">Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse (1967), PUF, Modèle:8e éd.: 1984, entrée: « Étayage », Modèle:P..</ref>.

Le narcissisme et la métapsychologie de 1915

Modèle:Voir Tandis que, dans les écrits métapsychologiques de 1915, va se trouver précisée la notion de poussée pour la pulsion et ses représentants psychiquesModèle:Sfn, c'est aussi autour de 1914-1915 que Freud passe à des formations psychiques non élémentaires et de grande dimension comme le Moi et le narcissismeModèle:Sfn. Avec l'introduction du narcissisme, une difficulté dans la théorie freudienne se présente vis-à-vis du dualisme pulsionnelModèle:Sfn. L'analyse du cas Schreber (1911) a en effet amené Freud à observer que l'investissement libidinal du Moi semble Modèle:Citation : en prenant pour objet, au lieu des objets extérieurs, le Moi propre, les pulsions d'auto-conservation se révèlent être des pulsions sexuelles qu'on appelle désormais Modèle:CitationModèle:Sfn. Plutôt que de parler d'un conflit entre pulsions sexuelles et pulsions du Moi, mieux vaut parler dès lors Modèle:CitationModèle:Sfn.

Fichier:Sigmund Freud LIFE.jpg
Sigmund Freud en 1921.

Seconde théorie des pulsions

D'après Michèle Porte, le troisième pas, par lequel Freud continue d'élargir son domaine jusqu'à un dualisme de vaste dimension, — sans toutefois abandonner les acquis antérieurs d'une dimension moindre — consiste en l'instauration des pulsions de vie et de mortModèle:Sfn.

Pulsions de mort

Dans la genèse de l'idée d'une pulsion de mort chez Freud, Jacques Sédat note qu'il faut remonter plus haut dans les travaux de Freud, jusqu'aux années 1907-1909, c'est-à-dire au moment du débat avec Jung sur la question de la libido auquel participait aussi la psychanalyste Sabina Spielrein, auteur d'un texte paru en 1912 sur « La destruction comme cause du devenir » (Die Destruktion als Ursache des Werdens)<ref>Sabina Spielrein, « Die Destruktion als Ursache des Werdens », in Jahrbuch der Psychoanalyse, IV, 1912.</ref>,<ref name="Sédat">Jacques Sédat, « La pulsion de mort : hypothèse ou croyance ? », Cliniques méditerranéennes, vol. 77, no. 1, 2008, Modèle:P. Modèle:Lire en ligne</ref>. Sédat constate qu'on retrouvera Modèle:Citation<ref name="Sédat"/>.

Fichier:Freud 1921 Jenseits des Lustprinzips.djvu
Freud 1921, Jenseits des Lustprinzips (Au-delà du principe de plaisir)

Freud évoque donc la pulsion de mort (« Thanatos », terme qui reste toutefois absent du texte freudien lui-même<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>) pour la première fois en 1920 dans Au-delà du principe de plaisir ; selon Pierre Delion, il l'évoque Modèle:Citation en l'opposant à la pulsion de vie (Éros), il écrit : Modèle:CitationModèle:Sfn. Il s'agit à ce moment-là de comprendre que la contrainte de répétition va au-delà du principe de plaisir, comme c'est le cas dans les rêves post-traumatiques, dans certains jeux compulsifs de l'enfant (Fort-da), voire dans les résistances des analysés au transfert dans la cureModèle:Sfn. L'hypothèse de la pulsion de mort est déconcertante, car elle présuppose, comme le dit Freud, que Modèle:Citation et que Modèle:CitationModèle:Sfn.

Dans l'alliage d'Éros et de Thanatos, la pulsion de mort correspondrait dans toute pulsion à une tendance dominante, la Modèle:Citation ou Modèle:Citation, c'est-à-dire la dissociationModèle:Sfn. Lorsqu'elle se trouve en partie Modèle:Citation, elle se fait pulsion de destruction ; elle apparaît sous forme de pulsion d'emprise ou de volonté de puissance : c'est le sadisme proprement dit, tandis que Modèle:Citation reste pour sa part Modèle:CitationModèle:Sfn.

Pulsions de vie

La « pulsion de vie » (Modèle:Lang) ou « Éros » est, selon Isaac Salem, l'une des deux pulsions fondamentales décrites par Freud dans Au-delà du principe de plaisir en 1920, elle s'oppose à la pulsion de mort Modèle:Sfn.

D'après le Vocabulaire de la psychanalyse, les pulsions de vie, qui correspondent à une grande catégorie de pulsions, tendent à Modèle:Citation : elles englobent les pulsions sexuelles ainsi que les pulsions d'auto-conservation<ref name="L&P pulsions de vie">Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse (1967), PUF, Modèle:8e éd.: 1984, entrée: « Pulsions de vie », Modèle:P..</ref>. Parmi les pulsions sexuelles, précise Salem, il faut compter aussi les Modèle:CitationModèle:Sfn.

En fait, pulsions de vie et de mort ne prennent sens que l'une par rapport à l'autre, pense Salem : l'intrication se fait par l'intermédiaire de l'objet, et pour avoir un bon fonctionnel pulsionnel, il faut que la pulsion de vie soit employée à Modèle:CitationModèle:Sfn. Comme le relèvent Laplanche et Pontalis, Freud indique effectivement dans ses dernières formulations (Abrégé de psychanalyse, 1938) que Modèle:Citation<ref name="L&P pulsions de vie"/>.

Après Freud

Melanie Klein et la dernière théorie des pulsions

Élisabeth Roudinesco et Michel Plon observent chez Melanie Klein un Modèle:CitationModèle:Sfn freudien. Par rapport à la relation d'objet, Klein considère en effet que Modèle:CitationModèle:Sfn, de même que du côté de l'organisme et dans le registre de l'angoisse, elles aident le sujet à s'installer dans la position dépressiveModèle:Sfn.

Les pulsions chez Lacan

En 1964, Jacques Lacan considère la pulsion comme Modèle:CitationModèle:Sfn. Pour lui, la pulsion Modèle:Citation, le terme de « pulsion partielle » étant à entendre dans un sens plus général que chez Freud : selon Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, Lacan adopte en l'occurrence le terme d'objet partiel qui provient de Karl Abraham et des kleiniens, et il introduit dès lors les deux nouveaux objets pulsionnels que sont la voix et le regard en plus des fèces et du sein, en les nommant Modèle:CitationModèle:Sfn.

Jean Laplanche : la pulsion et son objet-source

En 1984, à la suite d'une étude du concept de pulsion en psychanalyse chez Freud, et aussi chez Melanie Klein dont il critique l'Modèle:Cita (fantasme et pulsion sont étroitement liés chez Melanie Klein), Jean Laplanche donne sa propre définition de la pulsion en ces termes : Modèle:Cita<ref name="Lp/po-s">« La pulsion et son objet-source. Son destin dans le transfert », dans La pulsion, pour quoi faire?, Paris, APF, Modèle:Date-, Modèle:P.,« La pulsion et son objet-source. Son destin dans le transfert », Annuel de l'APF, 2014/1 (Annuel 2014), Modèle:P.. DOI : 10.3917/apf.141.0201. Modèle:Lire en ligne ; et dans Jean Laplanche, La révolution copernicienne inachevée — Travaux 1967-1992, Paris, Aubier, 1992, Modèle:P..</ref>. Pour Laplanche, explique Udo Hock, ce qui caractérise la pulsion est lié à son origine dans la scène de séduction : elle émerge là comme le résultat d’un processus de refoulement, dans lequel Modèle:Citation<ref name="Hock"> Udo Hock, « Laplanches Trieb », traduit de l’allemand par Josef Ludin et Jean-Claude Rolland, Libres cahiers pour la psychanalyse, 2007/1 (N°15), p. 73-84. DOI : 10.3917/lcpp.015.0073. Modèle:Lire en ligne</ref>.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

Textes de référence

  • Sigmund Freud :
  • Sabina Spielrein, « La Destruction comme cause du devenir » (Die Destruktion als Ursache des Werdens, in: Jahrbuch für psychoanalytische und psychopathologische Forschungen, IV. Bd., Leipzig / Wien, 1912) [avec Paul Federn, « Compte rendu de l'article de Sabina S. », in Sabina Spielrein, entre Freud et Jung. Dossier découvert par Aldo Carotenuto et Carlo Trombetta (édition originale sous le titre: Diaro di una segretta simetria, Sabina Spielrein tra Jung e Freud, Astrolabio, Roma, 1980). Édition française de Michel Guibal et Jacques Nobécourt, Traduit par Mathilde Armand, Marc B. de Launey et Pierre Rusch, Paris, Aubier Montaigne, 1981 ; réédition 2004 Modèle:ISBN
  • Jacques Lacan, Le Séminaire, livre XI, Les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse (1963-1964), Paris, Seuil, 1973.

Études

Modèle:Colonnes

Bibliographie complémentaire

Modèle:Boîte déroulante/début (Par ordre alphabétique)

Articles connexes

Modèle:Palette Modèle:Portail

bg:Психосексуално развитие he:המודל הפסיכוסקסואלי