Belle du Seigneur

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Fichier:Belle du Seigneur.jpg
Première édition de Belle du Seigneur d'Albert Cohen (Gallimard 1968), dans la collection du Musée juif de Suisse.

Belle du Seigneur est un roman de l'écrivain suisse francophone Albert Cohen publié en 1968.

Belle du Seigneur, dont la rédaction commencée dans les années 1930<ref>Modèle:Article</ref> a été interrompue par la Seconde Guerre mondiale, a longuement été reprise, corrigée, augmentée. Le roman a été finalement publié par les éditions Gallimard en 1968 à contre-courant des œuvres de l'époque. Certaines scènes burlesques ont été retirées du livre à la demande de l'éditeur Gaston Gallimard puis publiées séparément sous le titre Les Valeureux en 1969<ref name="Schaffner">Alain Schaffner, « Belle du Seigneur », in Encyclopædia Universalis, DVD, 2007.</ref>.

Troisième volet d'une tétralogie qui commence avec Solal (1930) et Mangeclous (1938), ce roman-fleuve a reçu le grand prix du roman de l'Académie française. L'auteur y entrecroise et superpose les voix des personnages et dans les cent six chapitres se mêlent la passion et la drôlerie, le désespoir et les exaltations du cœur. Le roman raconte la passion morbide d’Ariane et de Solal, mais aussi d'une certaine façon l'amour de Cohen pour la langue française et pour l’écriture<ref name="Encarta">[http ://fr.encarta.msn.com/encyclopedia_741538532/Belle_du_Seigneur.html#102686109 Belle du Seigneur], Encarta.</ref>.

Belle du Seigneur est considéré comme l'un des grands romans de langue française du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, qualifié de Modèle:Citation (Joseph Kessel), Modèle:Citation (François Nourissier)<ref>« Dossier de presse », in Pléiade, Modèle:P..</ref>. Il connaît aussi un succès public de très grande ampleur et demeure la meilleure vente de la collection Blanche des éditions Gallimard<ref>Modèle:Nombre vendus, soit la meilleure vente depuis la création de la collection en 1911, qui représente environ 6 500 titres différents. Site Internet des éditions Gallimard. Ce record est cependant en partie dû au refus exprimé par Albert Cohen de voir Belle du Seigneur publié en poche, qui ne fut résolu que par la décision de sa veuve Bella en 1998 [1].</ref>.

L'édition de référence choisie pour cet article est l'édition Folio de 2007. L'absence de ponctuation et la présence de fautes d'orthographe dans certaines citations correspondent à la volonté de l'auteur.

Plan du livre

Le livre se compose de sept parties et cent six chapitres, organisé comme suit<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> :

  • première partie (Modèle:Chap. à 9) : la mise en place de l'intrigue (naissance de l'amour de Solal envers Ariane) ;
  • deuxième partie (Modèle:Chap. à 37) : la conquête d'Ariane par Solal ;
  • troisième partie (Modèle:Chap. à 52) : l'amour à ses débuts (mort d'Isolde, ex-amante de Solal) ;
  • quatrième partie (Modèle:Chap. à 80) : l’enlèvement d'Ariane (tentative de suicide d'Adrien, son mari) ;
  • cinquième partie (Modèle:Chap. à 91) : l'amour et l'ennui ;
  • sixième partie (Modèle:Chap. à 102) : la dénégation de l'amour ;
  • septième partie (Modèle:Chap. à 106) : la mort des amants.

La trame romanesque

Le récit commence en Suisse, à Genève au milieu des années 1930.

  • Dans la première partie (le Modèle:Date-), Solal s'introduit chez Ariane Deume, une belle jeune femme qui l'a ébloui lors d'une soirée, et lit son journal intime. Déguisé en vieillard juif, il se déclare avec lyrisme et passion. Mais Ariane, effrayée de l'intrusion de ce vieillard hideux, le repousse. Solal jure alors de la séduire, comme il séduit toutes les autres femmes. Ariane perd donc sa seule chance d'être séduite de manière non vile. Le même jour, Solal accorde au mari d'Ariane, Adrien Deume, un fonctionnaire aussi paresseux qu'ambitieux, la promotion dont il rêvait. Adrien est tout heureux de l'inviter au premier « grand » dîner.
  • La deuxième partie se déroule entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date-. Elle présente d'abord les Valeureux, cousins orientaux de Solal, qui arrivent à Genève. Le Modèle:Date-, Adrien prépare avec l'aide de sa mère un dîner que Solal doit honorer de sa présence<ref name="Schaffner" />. Mais celui-ci ne vient pas. Quelques jours plus tard, il envoie Adrien en mission à l'étranger pour douze semaines avec de vagues instructions<ref group=A>Modèle:P..</ref>. Le soir de son départ, Adrien est invité à dîner avec Ariane par Solal à l'hôtel où ce dernier habite à l'année. Dans son ivresse, Solal annonce à Deume vouloir séduire une « Himalayenne ». Deume ne se doutant pas qu'il s'agit de sa femme, s'éclipse discrètement lorsque celle-ci, après avoir dans un premier temps refusé le dîner, se rend finalement au Ritz afin de ne pas entraver par ses refus de mondanité la carrière de son mari. Solal parie alors avec Ariane qu'il la séduira dans les trois heures et parvient à conquérir le cœur de la Belle. Commence alors une passion amoureuse fusionnelle. Mais Solal est à la fois amoureux d'Ariane et dépité de l'avoir conquise par ses « babouineries » de mâle dominant.
  • La troisième partie couvre la période entre juin et le début d'Modèle:Date-. La vie des amants se remplit du bonheur de Modèle:Citation : Modèle:Citation. La troisième partie finit par une réflexion nostalgique sur l'écoulement du temps, et sur les regrets que laissent transparaître la vieillesse et l'approche de la mort.
  • La quatrième partie montre Ariane dans l'attente de Solal qui est parti pour une mission, puis annonce son retour imprévu le Modèle:Date- au lieu du 9 septembre. À Modèle:Heures, il doit rejoindre sa belle. La journée du 25 est consacrée à la longue préparation d'une prêtresse de l'amour pour son Dieu. Mais, sans prévenir Ariane, Adrien décide lui aussi d'avancer son retour au Modèle:Date-. Il pense pouvoir être chez lui vers Modèle:Heures. Le roman se fait l'écho des deux voix intérieures, celle d'Adrien, impatient de revoir sa femme pour assouvir son « devoir conjugal » et de lui conter les honneurs dont il a été l'objet durant son voyage, se superpose la voix d'Ariane mélangeant souvenirs et joie frénétique de revoir son amant. Et lorsque entendant la sonnerie, elle s'élance pour ouvrir la porte Modèle:Citation. Aidé des Valeureux, Solal enlève Ariane pendant la nuit ; le lendemain, le mari délaissé tente de se suicider.
  • La cinquième partie retrace la période du début d'Modèle:Date- jusqu'à la fin de Modèle:Date-. Elle se déroule d'abord dans un hôtel d'Agay dans le sud de la France, puis dans une villa appelée Belle-de-Mai où Mariette les a rejoints. Cette partie couvre une année de la vie des deux amants qui vivent isolés, repliés sur eux-mêmes et exclus de la bonne société. L'ennui gagne rapidement Solal. Il a perdu son poste à la SDN, mais il n'a pas osé avouer la vérité à sa compagne, inventant un congé de longue durée pour l'amour de sa belle.
  • Le premier arrière-plan de la sixième partie, qui se déroule entre le Modèle:Date- et le mois de Modèle:Date-, est Paris. Solal essaie, en vain, de faire jouer ses anciennes relations pour retrouver sa nationalité française. Il essuie le même échec à Genève dans sa tentative de réintégrer la SDN. Lorsqu'il apprend qu'Ariane a eu un autre amant avant lui, sa fureur et sa jalousie entraînent le couple, qui est au bord de la rupture, d'hôtel en hôtel à Marseille.
  • La septième partie est un épilogue. Elle nous montre les deux amants, drogués à l'éther. Ils ont connu durant toute l'année une inexorable déchéance physique et morale. Le Modèle:Date-, ils se suicident à l'hôtel Ritz de Genève.

Les personnages

Solal des Solal

Solal des Solal, naturalisé français, est né dans une famille juive de l'île de Céphalonie, au large des côtes grecques. Fils de rabbin, il a connu une ascension sociale vertigineuse Modèle:Citation<ref group=A>Modèle:P..</ref>. Il est aussi devenu riche grâce à de judicieux placements. Au début du roman, il est sous-secrétaire général de la Société des Nations, à Genève. Beau, cynique et manipulateur, il n'a aucun mal à séduire les femmes qui l'entourent. Le roman révèle une personnalité ambivalente qui connaît de profonds changements psychologiques. À travers le roman, il évolue de Don Juan cynique et sûr de lui à un amoureux passionné et dominateur. Solal rêve ensuite d'un amour « maternel » avant de devenir un amoureux blessé, destructeur et auto-destructeur.

La première facette révélée par Cohen est celle du séducteur. Au cours d'une soirée en compagnie d'Adrien Deume (chapitre {{#if:

 | Modèle:Abréviation discrète
 | XXXIV

}}<ref group=A>Modèle:P..</ref>), il laisse éclater son mépris et son amertume à l'égard des femmes « vertueuses » : Modèle:Citation Solal, qui doit une grande partie de son ascension sociale à son charme, souhaite être aimé pour autre chose que son physique : Modèle:Citation Mais lui qui déteste voir les femmes soupeser ses avantages physiques, « sa viande », n'a qu'une seule vraie amitié avec une femme, une naine difforme. Ce n'est pas le moindre paradoxe du personnage que de vouloir être aimé pour son esprit, et non pas pour son physique ou pour n'être attiré physiquement que par les belles femmes. Le donjuanisme et la misogynie de Solal explosent dans une conversation téléphonique qu'il a avec Deume, en présence d'Ariane qu'il s'apprête à séduire : Modèle:Citation. Après avoir raccroché, il dénonce la nature humaine qui a une Modèle:Citation. Les hommes face à leurs supérieurs dans le travail, les femmes face à la beauté masculine et la position sociale : Modèle:Citation Il démonte ainsi les rapports dominants-dominés de la société mais se place sans conteste dans le camp des dominants.

Solal se transforme ensuite en amant « sublime ». Mais bien que très épris d'Ariane, il est incapable de s'abandonner totalement à son bonheur. Il ne peut s'empêcher de temps à autre de penser que l'amour d'Ariane est dû à sa beauté, de démonter les naïfs jeux de séduction de la belle et d'utiliser même parfois les ficelles du Don Juan.

Le lecteur est donc surpris quand Solal quitte tout pour partir vivre avec Ariane une passion « absolue » dans le Sud de la France. Ce n'est que peu à peu qu'il apprend la vérité. Solal a été chassé de la SDN et a perdu sa nationalité française pour une insuffisance de durée de séjour préalable<ref group="A" name="ref_auto_1">Modèle:P..</ref>. Il est devenu un apatride, un juif errant comme les autres quoique fortuné. Il n'y a que dans les yeux d'Ariane qu'il est resté un seigneur. Il déteste pourtant la vacuité de sa vie, écouter de la musique classique, parler littérature, se promener dans la nature. Il se sent prisonnier des habitudes et du désir sexuel d'Ariane mais ne cherche jamais à faire évoluer la situation, lui le dominant à l'origine de toutes les initiatives. Il n'ose pas lui dire qu'il n'est plus rien de peur de la décevoir et peut-être même d'être quitté. Le lecteur ne peut s'empêcher de se demander si Solal aurait « enlevé » Ariane, s'il avait gardé sa belle situation à la SDN.

Un soir, il reproche même violemment à Ariane de ne l'aimer que pour son physique, sa force. Acculée, elle répond à la question : Modèle:Citation

La fin du roman nous montre un Solal devenu fou de jalousie. Solal, le Don Juan, l'infidèle, ne supporte pas que la Belle du Seigneur ait pu avoir un amant avant lui, qu'un autre homme lui ait donné du plaisir, qu'elle ait pu mentir à son mari pour un autre lui est intolérable. Excès, violence désespérée parfois tournée contre lui-même révèlent une nouvelle facette du personnage, rejeté par ses relations, son travail, son pays d'adoption, qui n'avait plus que l'amour pur et mythique d'Ariane, son « innocente » pour trouver un sens à sa vie. Il n'est plus l'homme exceptionnel, le Messie qu'Ariane attendait.

Sur le plan idéologique et politique, Solal est le porte-parole de Cohen. Tout au long du roman, Solal méprise les pauvres. Modèle:Citation Modèle:Citation Le lecteur en apprend ensuite un peu plus sur les raisons de son renvoi, « une gaffe généreuse » à la Société des Nations. Modèle:Citation Solal a donc été l'instrument actif de la perte de sa nationalité, lui aimant tant la France. Ce n'est que vers la fin du livre que le lecteur apprend pourquoi, Solal a perdu son poste à la SDN. Oubliant la retenue du diplomate, il a mis en accusation au nom du Modèle:Citation les nations refusant d'accueillir les Juifs allemands persécutés.

Solal qui méprisait la danse des subalternes de la SDN souffre tellement de sa mise à l'écart et de son isolement, il envie maintenant ceux qui peuvent se dire fatigués par le trop-plein de relations qui les entourent mais refuse de fréquenter des gens d'un niveau inférieur à son ancien milieu. Il va jusqu'à Genève supplier Cheyne, le secrétaire général de la SDN, de le reprendre à n'importe quel poste, allant même jusqu'à lui proposer toute sa fortune.

Avant de quitter Paris, il suit un groupe de Juifs de stricte observance dans lequel il reconnaît son peuple. Et ce cynique « roi solitaire » se met à chanter seul, devant la vitrine d'un restaurant où ses coreligionnaires se sont attablés, un vieux cantique à l'Éternel en hébreu<ref group=A>Modèle:P..</ref>. Mais il ne fait pas le choix de revenir vers sa famille, ses origines. Cet amoureux de son peuple, fils de rabbin, est devenu trop cynique, trop distant envers les manières de bigotes pour croire au ciel, comme Cohen qui ne croyait pas en Dieu<ref group=N>Cohen se définit lui-même comme un athée qui vénère Dieu, cité in Modèle:Harvsp.</ref>. Il se dit : Modèle:Citation.

Ariane d'Auble

Ariane Corisande d'Auble, l'épouse de Deume, est issue d'une famille de la vieille noblesse calviniste de Genève. Orpheline de bonne heure, elle a été élevée par une tante rigoriste, Valérie d'Auble qui ne fréquente que le cercle très restreint des vieilles familles calvinistes de la ville. Ses seuls compagnons de jeux ont été son frère Jacques et surtout sa sœur cadette Éliane, morts à l'adolescence dans un accident de voiture. Étudiante, Ariane a noué une amitié amoureuse avec une jeune révolutionnaire russe Varvara pour qui elle a rompu tout lien avec sa famille et la haute société genevoise. À la mort de son amie, elle se retrouve isolée et sans le sou. Après une tentative de suicide, elle est sauvée par Adrien Deume qui vit dans le même petit hôtel qu'elle. Adrien est le seul alors à se soucier d'elle, si bien qu'elle accepte de l'épouser, Modèle:Citation<ref group=A>Modèle:P..</ref>. Le lecteur la découvre solitaire, musicienne, aspirant à devenir écrivain, s'enthousiasmant pour tous les animaux. Elle vit dans son monde imaginaire. Elle soliloque, s'inventant une vie de princesse himalayenne et des discussions avec des personnages célèbres. La mort de sa tante, qui lui lègue toute sa fortune, fait d'elle une femme riche. Dans un étonnant monologue, l'héroïne s'identifie à Diane chasseresse, la déesse vierge et libre qui attend l'arrivée d'un seigneur divin à qui, telle Marie-Madeleine, elle pourrait laver les pieds avec ses cheveux en signe d'adoration pure.

L'amour qu'elle porte à Solal transforme la Diane solitaire en Modèle:Citation, Modèle:Citation solaire et sensuelle. C'est aussi une enfant pleine de joie démonstrative malgré ses efforts pour passer pour une grande dame toute en retenue aristocratique, une midinette passant ses journées à attendre la venue de son amant, une divine icône soucieuse de la perfection de chaque détail. Elle s'abandonne entièrement à son amour. Sa vieille domestique, Mariette, de retour d'un long séjour à Paris, la trouve heureuse, épanouie, pleine de vie et de joie<ref group=A>Modèle:Abréviation discrète {{#if:

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}}.</ref>. Elle qui n'aimait pas les choses du sexe se retrouve tout étonnée d'être enflammée par les baisers de Solal Modèle:Citation ; et les baisers de Solal deviennent pour elle Modèle:Citation<ref group=A>Modèle:P..</ref>.

Toutes ses pensées tournent autour de Solal, des souvenirs des moments passés et de l'attente des moments futurs, de son désir de le séduire encore : Modèle:Citation.

Toute préoccupée de plaire à son seigneur, Ariane n'échappe pas à l'aliénation de la condition féminine de son époque, aliénation de l'apparence physique, des bonnes manières figées. Ainsi, lorsqu'elle doit revoir Solal, absent depuis une quinzaine de jours en août, elle est obsédée par son élégance. Elle est obligée de vendre une partie des actions composant son patrimoine pour pouvoir payer de nouvelles tenues choisies chez un couturier<ref group=A>Modèle:Abréviation discrète {{#if:

 | Modèle:Abréviation discrète
 | LX

}}.</ref>, tenues qui cependant lui déplaisent lorsqu'elle en prend livraison et qu'elle finit par jeter sans les mettre.

Le même désir de perfection l'obsède quand les deux amants entament une vie commune. Ne jamais être vue dans une situation où elle ne serait pas parfaite, c'est-à-dire se mouchant, allant aux toilettes, ayant des gargouillis intestinaux, en train de s'affairer à la bonne marche de la maison, non coiffée… En présence de Solal, elle s'efforce d'effacer toute spontanéité, étudie chacun de ses gestes pour qu'il soit parfait. Sa vieille domestique, Mariette, qui l'a connue petite fille, s'en étonne. il y a désormais deux Ariane : en l'absence de Solal, une jeune femme pleine de vie, réglant avec entrain les problèmes quotidiens, se régalant de plats simples, prenant le café en papotant avec Mariette dans la cuisine ; puis une altière dame du monde dînant en robe du soir, dégustant des mets raffinés et ignorant la pauvre Mariette, au grand dam de celle-ci. Ce sont pourtant ces enthousiasmes de petite fille qui attendrissent le plus Solal maintenant que le feu des débuts est passé. Mais Ariane s'est enfermée dans un amour hiératique, élevé au rang de mythe. Il est à noter qu'aucun chapitre de la cinquième partie n'est présenté de son point de vue. Le lecteur ne voit plus Ariane que dans le regard de Solal. Il apprend ainsi qu'après le départ de Mariette, Ariane s'efforce de tenir seule la Belle de Mai, en parfaite maîtresse de maison. Aux yeux de son amant, Ariane a comme objectif d'être une compagne parfaite dans une maison tenue parfaitement pour un homme qu'elle ne veut voir que parfait et qui lui fait parfaitement l'amour tous les jours même s'il pense que sans se l'avouer Ariane s'ennuie dans son couple.

Le coup de théâtre final oblige le lecteur à reconsidérer tout ce qu'il a appris d'Ariane. Ariane est peut-être une femme ordinaire ayant succombé au démon de l'infidélité par ennui, comme dans n'importe quelle histoire d'adultère bourgeois. La réticence envers les choses du sexe qu'elle manifestait avant de connaître Solal devient suspecte. De manière implacable, Solal oblige Ariane à tout révéler de sa liaison passée : les nuits qu'elle passait avec son amant au nez et à la barbe de son mari grâce à la complicité d'une relation, une escapade en amoureux à Marseille… autant de faits qui ravalent, aux yeux de Solal, Ariane au niveau de personnage de vaudeville à la Feydeau. Il se sent humilié, diminué par le fait qu'elle ait pris comme amant un homme beaucoup plus âgé qu'elle mais extrêmement cultivé — il est chef d'orchestre. Sa déchéance finale est certainement le résultat de cette révélation. Ayant rompu tout lien avec la bienséance de la bourgeoisie genevoise, elle ne pouvait qu'être sublime, c'est-à-dire au-dessus de la norme, ou déchue, c'est-à-dire en deçà. C'est ainsi qu'elle finit, maquillée comme une grue, droguée…

Les Deume

Adrien Deume est un jeune fonctionnaire belge à la SDN. Il ne rêve que d'ascension sociale dans le monde diplomatique de la Société des Nations, ne fréquente les gens que par rapport au réseau relationnel qu'ils peuvent lui apporter. Paresseux, peu motivé par son travail et empli de l'auto-satisfaction des médiocres, il ne s'étonne guère de voir Solal lui proposer une promotion importante, l'inviter à un dîner avec sa femme et l'envoyer en mission à l'étranger pendant trois mois. Seule, la vie de luxe que ces voyages occasionnent occupe ses pensées. Chez cet homme tout est calcul. Il semble incapable d'un sentiment vrai même avec Ariane, son épouse à laquelle il semble cependant très attaché. Sa beauté et son origine aristocratique sont pour lui des éléments de standing.

Trois mois de voyage au nom de la SDN ne font qu'accentuer sa fatuité. Dans le train qui le ramène à Genève le 25 août, il n'a que deux idées en tête : satisfaire son appétit sexuel Modèle:Citation, appétit bridé depuis trois mois, décrire à Ariane les hôtels de luxe dans lesquels il a logé, les gens importants qu'il a rencontrés, les perspectives de carrière qui en découlent selon lui. Hélas, Ariane se dérobe à lui et lorsqu'il se réveille le 26 au matin et monte lui apporter son thé matinal, sa Modèle:Citation est partie. Dans les chapitres {{#if:

 | Modèle:Abréviation discrète
 | LXXIX

}} et {{#if:

 | Modèle:Abréviation discrète
 | LXXX

}}, Cohen s'attache à décrire, de manière fort émouvante, le désarroi qui envahit alors Adrien. Le lecteur le suit, qui tourne en rond dans sa maison s'accrochant à des détails anodins et dérisoires comme le bruit d'une chasse d'eau qui fonctionne bien. S'ensuit alors une très jolie description du bonheur simple de la vie conjugale : Modèle:Citation Modèle:Citation Et voilà que le plus ridicule des Modèle:Citation révèle une profonde humanité échappant ainsi au total mépris de l'auteur et du lecteur<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Toute la journée, Adrien navigue entre désespoir total et volonté de continuer à vivre, bravement. Fasciné par l'idée du suicide, il met son pistolet contre sa tempe, pour voir. Le coup part<ref group=A>Modèle:P..</ref>.

Antoinette et Hippolyte Deume forment un couple à l'ancienne mais inversé. C'est madame qui porte la culotte et monsieur qui obéit et craint sa femme.

Antoinette Deume née Leerberge est une petite bourgeoise belge, qui a épousé sur le tard un rentier suisse, Hippolyte Deume. Elle a adopté son neveu Adrien, avec qui elle vit, elle et son époux, dans une maison genevoise. Elle soutient l'ambition de son fils. Très dévote, Modèle:Citation celle qu'Ariane appelle un Modèle:Citation de chrétien pense recevoir pendant ses prières des « directions » qui vont toujours dans le sens des conventions petite-bourgeoises. Sa mesquinerie est parfaitement révélée par ce cours de charité chrétienne sur l'usage qu'elle fait de ses caleçons de laine usés : Modèle:Citation.

Hippolyte Deume, petit rentier suisse est un bon bougre un peu naïf affublé d'un fort zézaiement et mal à l'aise en société. Houspillé par sa femme qu'il admire cependant, il ne rêve que de plaisirs simples. Il sert celle-ci quand elle reçoit des amis, fait le ménage, prépare les bagages. Le lecteur sent l'affection de l'auteur pour ce personnage<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Les autres personnages

Les cinq valeureux sont les membres de la famille de Solal des Solal vivant encore à Céphalonie et rendant visite à leur neveu. Dans la Genève classieuse des diplomates, ils forment un quintette haut en couleur, délicieusement décalé, anachronique et roublard, que ce soit par ses atours, son comportement ou ses expressions.

  • Saltiel des Solal, Modèle:Citation, a élevé Solal. Le lecteur le découvre habillé d'une culotte et de bas gorge-de-pigeon
  • Pinhas des Solal, dit Modèle:Citation, est un Modèle:Citation, avide d'honneurs et des rétributions qui vont avec. Il ne songe qu'à soutirer de l'argent et emploie pour cela une rhétorique comique qui n'abuse personne.
  • Mattathias des Solal dit Modèle:Citation, un veuf sec manchot avec un bras se terminant par un crochet est le plus discret des valeureux. Il est très avare et on le dit millionnaire.
  • Michaël des Solal, est huissier du grand rabbin de Céphalonie mais aussi amateur de femmes. En l'absence de Saltiel, c'est à lui que Solal accorde sa confiance. En attendant d'enlever la belle pour le compte de son neveu, il fait un récit plein de verdeur des amours de Solal et d'Ariane. Modèle:Citation.
  • Salomon des Solal, les plus jeune des valeureux est un Modèle:Citation très pudique.

Mariette, ancienne domestique de Valérie d'Auble, la tante qui a élevé Ariane, est passée au service de celle-ci et de la famille Deume à la mort de Valérie. Elle n'apparait qu'à partir de la partie quatre du roman dont le début est écrit de son point de vue, dans un style quasi-parlé : Modèle:Citation Elle est très attachée à sa patronne qu'elle rejoint à la Belle de Mai, mais lassée des simagrées de perfection des deux amants elle finit par partir à Paris rejoindre sa sœur.

Agrippa d'Auble est un vieux garçon, oncle d'Ariane. Ce vieux genevois, calviniste ardent, médecin de métier est l'incarnation de la bonté. Bien que médecin de réputation internationale, il choisit de partir en Afrique pour soigner les habitants du Zambèze par amour de son prochain. il a certes hérité de la somptueuse villa de Valérie d'Auble mais il vit simplement car il n'a pas de gros besoins. Sa voiture date de 1912, ses costumes sont rapés. Toujours disponible pour son prochain, il se retrouve à son retour à Genève à s'occuper d'une vieille servante qui voulait retourner à son service. Lorsque sa nièce l'appelle à quatre heures du matin pour parler de sa « chère amie » israélite Solal, il se dépêche de venir à ses côtés précisant que les Juifs sont le peuple de Dieu<ref group=N>Il ne faut pas oublier que les calvinistes qui lisent beaucoup l'Ancien Testament sont plutôt philosémites, contrairement aux disciples de Martin Luther de tradition plutôt antisémite.</ref>. Par contrecoup, l'attitude d'Ariane ne peut apparaitre que superficielle, elle la femme d'un seul homme, et Agrippa, le bienfaiteur de l'humanité.

Les thématiques du livre

Belle du seigneur est une condamnation de la passion, mais le livre explore d'autres thèmes : à travers la description mordante des mœurs de la SDN et de la mentalité bien-pensante de la bourgeoisie, Cohen esquisse une critique sociale tout en ironie. L'antisémitisme et l'attachement de l'auteur au peuple juif sont des thèmes secondaires permettant d'expliquer en partie le comportement de Solal.

La critique sociale

Les lecteurs gardent souvent de Belle du Seigneur le souvenir d'un grand texte comique. Le roman fait preuve d'une ironie sarcastique à l'égard de la médiocrité d'Adrien, et les faux dévots (Antoinette Deume et ses amies). Cette même ironie déjoue aussi les actions des institutions internationales inefficaces comme la SDN<ref name="Schaffner"/>.

La Société des Nations dans Belle du Seigneur

Céline et Cohen se sont tous les deux intéressés à la Société des Nations. Le premier l'a décrite dans la pièce de théâtre L'Église publié en 1933. Cohen l'a représentée dans Mangeclous en 1938 avant d'en faire une description décapante dans Belle du Seigneur. Dans Mangeclous, comme la scène d'une farce italienne où se mêlent personnages réels et imaginaires<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. L'expérience de l'ancien diplomate de la SDN et l'ONU se transforme ainsi en une description cynique d'un monde qu'il connaît bien.

Le lecteur y découvre la vacuité du travail d'Adrien. La description devient par la force d'accumulation de détails, une charge satirique très puissante contre l'inutilité de certains fonctionnaires internationaux qui ne voient que carrière et privilèges et ne se soucient aucunement des dossiers et des peuples dont ils ont la charge. Le chapitre {{#if:

 | Modèle:Abréviation discrète
 | XXVIII

}}<ref group=A>Modèle:P..</ref> est une parodie des réunions de haut niveau où les directeurs de services font assauts de formules creuses formulées dans le jargon bureaucratique. Il faut dire que l'ordre du jour prête à l'exercice : Modèle:Citation, buts et idéaux qui sont restés de véritables mystères pour ces hauts fonctionnaires. Le débat aboutit à l'idée Modèle:Citation, à savoir : Modèle:Citation.

Une courte mais violente critique de la SDN et de l'hypocrisie des États réapparaît vers la fin du roman ; cette fois-ci plus d'ironie mais une accusation lancée par un Solal indigné : Modèle:Citation On ne saurait stigmatiser avec plus de précision l'impuissance et la lâcheté de la SDN et des démocraties face à Hitler et l'antisémitisme larvé des autorités de ces dernièresModèle:Ref sou.

La petite bourgeoisie

La description du snobisme de la petite bourgeoise ignorante que représente Antoinette Deume produit des moments savoureux comme celui où elle parle de Homard zermidor au lieu de Thermidor, car elle croit que Thermidor est un mot anglais. La description de la préparation de la première soirée avec une Modèle:Citation et de l'attente de celle-ci est une occasion saisie par le narrateur pour décrire minutieusement les manières de petits bourgeois singeant l'art de vivre de la haute société par laquelle ils aspirent à être reconnus.

Le long chapitre {{#if:

 | Modèle:Abréviation discrète
 | XXXV

}}<ref group=A>Modèle:P..</ref> contient une charge de Solal contre le fonctionnement du petit monde snob de la SDN. S'adressant à Ariane, il dit : Modèle:Citation Kafka, très en vogue dans les milieux intellectuels des années trente, semble être la bête noire de Cohen, puisqu'il fait dire à son héroïne : Modèle:Citation. Il est difficile de décrier un auteur porté aux nues par les leaders d'opinion.

Dans la cinquième partie, la critique sociale resurgit dans le petit monde de l'hôtel d'Agay, au détour d'une rencontre entre Ariane et la femme du consul anglais à Rome racontée dans le Modèle:Nobr<ref group=A>Modèle:P..</ref>. Après avoir invité Ariane à venir jouer au tennis avec elle, madame Forbes annule ce rendez-vous ayant appris la situation adultérine d'Ariane et la tentative de suicide d'Adrien Deume. Elle conseille à madame de Sabran, épouse d'un général, rencontrée le lendemain, de fuir Modèle:Citation Ariane, Modèle:Citation. Mais ce qui est le plus grave aux yeux de ces nantis bien-pensants, c'est le scandale causé à Genève par la révélation publique de l'affaire. En effet, le consul anglais fréquente sans état d'âme son neveu Huxley, ancien chef de cabinet et protégé de Solal, Modèle:Citation mais en toute discrétion et surtout sans scandale.

Madame Forbes, sensible à la position sociale de madame de Sabran, entreprend un numéro de flatterie, Modèle:Citation, pour ajouter à son carnet d'adresses un nom prestigieux. Modèle:Citation Après des propos vipérins sur les Juifs, madame de Sabran se propose d'organiser un grand bal de charité qui réunirait la bonne société présente sur la Côte d'Azur car Modèle:Citation

L'exploration de la passion amoureuse

La passion amoureuse est le deuxième thème abordé par le roman. Pour Alain Schaffner et Philippe Zard, spécialistes de Cohen, Ariane et Solal ont une place dans le panthéon de la littérature amoureuse<ref>Modèle:Harvsp.</ref> aux côtés de Roméo et Juliette et de Saint-Preux et Julie<ref group=N>Saint-Preux et Julie sont les deux héros de Julie ou la Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau.</ref>. Belle du Seigneur paraît en pleine révolution sexuelle. Le roman s'insère donc au sein de la question du couple contemporain<ref name="Schaffner237">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le temps des débuts

Alors qu'il parle avec Ariane pour la seconde fois (troisième rencontre) et qu'il a parié qu'il réussira à la séduire en trois heures, Solal entreprend de donner à la belle une leçon de séduction d'un machiavélisme digne de Valmont dans Les Liaisons dangereuses, qu'il est possible de résumer ainsi : Modèle:Citation. Tous les artifices et les pièges du Don Juan sont dévoilés, de même que le plaisir des femmes à être séduites par un homme qui a eu dans ses bras tant de femmes. Contre toute attente, Ariane est subjuguée, elle a rencontré son seigneur. De fait, le couple Ariane Solal est basé sur l'inégalité entre les deux amants, inégalité d'abord voulue et revendiquée par Ariane mais qui finira par causer l'échec du couple<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

La transe amoureuse des premiers instants, l'éblouissement de l'autre est rendu avec beaucoup de justesse dans le style lyrique qu'Albert Cohen avait déjà employé dans Le Livre de ma mère. Modèle:Citation La relation entre les deux protagonistes se définit aussi par cette phrase : Modèle:Citation. Ariane soumise à son aimé Solal. Dès le début, Cohen montre le décalage existant entre Ariane et Solal, elle totalement abandonnée à l'ivresse du sentiment amoureux qu'elle connaît pour la première fois, lui gardant une distance intérieure : Modèle:Citation Des chapitres {{#if:

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 | XXVI

}} à {{#if:

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 | XLII

}}, l'auteur sait parfaitement transcrire la frénésie intérieure, l'exaltation amoureuse qui s'empare de l'héroïne. Le lecteur est transporté au cœur de son ivresse amoureuse.

Belle du Seigneur s'offre ainsi comme le récit d'une passion tout à fait déraisonnable, prise d'un tourbillon qui pourrait sembler anti-conformiste. Les amants semblent être affranchis des pesanteurs sociales, des soucis quotidiens, des problèmes d'argent, ou d'enfants<ref name="Schaffner237"/>. Pendant toute la troisième partie, la description de la passion des deux héros est intemporelle. L'auteur parle du temps des débuts. Chaque jour semble ressembler à l'autre si bien que le lecteur ne sait pas si l'extase amoureuse dure un mois, six mois ou plus. Le temps s'est arrêté : Modèle:Citation, nous dit Cohen au début du chapitre {{#if:

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 | LII

}}, le dernier de la troisième partie<ref group=A>Modèle:P..</ref>, Modèle:Citation, poursuit-il. Il se laisse alors aller à mélancolie de l'homme d'âge mur, regrettant l'ardeur et la force des passions de sa jeunesse : Modèle:Citation. Et voilà comme le vieil homme, plein de tendresse et de nostalgie nous dit que les passions sont mortelles. Cohen fait de la tendresse et de la pitié le pivot de sa refondation éthique, tendresse seule apte à désarmer les haines<ref name=schaffner221>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le couple des Modèle:Citation

Lorsqu'Adrien revient de voyage, Ariane le quitte et part vivre avec Solal, à la demande de celui-ci. Le couple s'installe dans un hôtel à Agay, dans le Sud de la France et vit pendant deux mois un amour fusionnel total sans aucune vie sociale ou professionnelle, hors du temps. Le couple s'est fixé comme idéal de vivre une passion parfaite. Un rituel amoureux, à la fois cérémonial et immuable s'est instauré rapidement. Solal est ému par Ariane, Modèle:Citation. Mais au bout de trois mois, Solal commence à s'ennuyer. C'est avec une amertume désobligeante qu'il évoque sa relation avec Ariane : Modèle:Citation. Solal subit alors un curieux dédoublement de personnalité, entre cynisme et remords de son cynisme, tendresse et rancœur envers Ariane. Peu à peu la passion n'est plus vécue mais mise en scène. Ariane et Solal sont comme des vedettes de cinéma. Ils se livrent l'un à l'autre une image lisse et sans faille, toujours heureux, du moins en apparence, toujours policés. Leur passion les étouffe à force de vivre en vase clos. Pauvres pestiférés aux amours adultérines scandaleuses, ils ne peuvent plus fréquenter le milieu qui était le leur.

Après une scène terrible, Solal décide d'en Modèle:Citation. Le couple quitte l'hôtel et loue alors une maison avec vue sur la mer, la Belle de Mai. Mariette les rejoint alors. Mais le rituel de perfection instauré à l'hôtel continue. La vieille domestique livre alors une analyse fort pertinente sur le ridicule des relations des Modèle:Citation : Modèle:Citation. Elle énumère alors toutes les sonneries différentes qu'elle doit apprendre pour faire face à chaque situation : Modèle:Citation. Et Mariette de conclure : Modèle:Citation.

Un an après le début de leur relation, ce rituel de perfection continue. Modèle:Citation. C'est ce que Solal appelle Modèle:Citation, Modèle:Citation, que Solal se dit prêt à jouer jusqu'à la fin de ses jours pour l'amour d'Ariane<ref group=A>Modèle:P..</ref>, Modèle:Citation. Solal se trouve toutes les bonnes raisons pour ne pas faire évoluer le couple vers autre chose<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Solal refuse de communiquer avec Ariane. D'ailleurs pendant le roman il lui impose souvent le silence. Il tente de trouver des subterfuges pour retrouver la flamme ardente des débuts car il pense que c'est ce que veut Ariane. Et le voilà, comme Adrien Modèle:Citation à s'attendrir sur les petits moments de faiblesse de la Modèle:Citation. Mais il n'ose pas lui dire<ref group=A>Modèle:P..</ref>. Il refuse de lui montrer sa tendresse, Modèle:Citation et continue à jouer les amants parfaits et éthérés, aidant Ariane en cachette à tenir la maison. Ceci montre que la hiérarchie homme-femme est indiscutable pour Cohen<ref name=schaffner221/> : Modèle:Citation. L'auteur justifie donc ainsi la domination de la femme : c'est elle qui le veut<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

La fin d'une passion

C'est alors qu'Ariane avoue à Solal qu'elle a eu un autre amant avant lui. Solal ne peut supporter qu'elle ait pu connaître le plaisir avec un autre. Il se sent cocu, lui, le séducteur, qui a, à plusieurs reprises trompé Ariane. La liberté d'Ariane lui est insupportable<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Fou de jalousie, il se montre odieux, lui demande de partir alors qu'il voudrait qu'elle reste mais ne peut pas lui dire. Finalement le couple quitte la Belle de Mai et s'installe dans un hôtel à Marseille. Mais là il continue à la torturer de sa jalousie, l'obligeant à l'appeler Modèle:Citation. Solal devient complètement irrationnel. Il l'attrape par les cheveux et la frappe car elle refuse de dire du mal de son ancien amant, l'insulte. Puis pris de remords, il se dit qu'il est odieux, se frappe pour se punir : Modèle:Citation.

Face à la jalousie et à la folie de Solal, Ariane n'a qu'une réponse, la soumission, l'obéissance. Et quand, dans son délire, Solal va jusqu'à ordonner à Ariane de retourner à Genève pour coucher avec son ancien amant, elle accepte<ref group=N>Le roman ne dit pas si, de retour à Genève, elle s'est exécutée.</ref>. Solal devenu amoureux fou et bourreau. S'ensuit un an de déchéance physique et morale. Pour réanimer la flamme de son couple, Ariane emploie l'érotisme le plus sordide. Chacun vit dans la nostalgie du temps des débuts, des émois fusionnels. La seule issue semble la mort.

Pour Schaffner, la raison de l'échec des amants reste mystérieuse. Le héros semble se condamner à l'échec en cherchant dans la passion amoureuse l'équivalent de l'amour absolu d'une mère. Le roman se voit ainsi relié, sur le plan autobiographique de l'œuvre (Le Livre de ma mère, 1954 ; Ô vous, frères humains, 1972 ; Carnets 1978, 1979). Schaffner pense que toute interprétation purement réaliste de l'action est impossible car la passion d'Ariane et de Solal se déroule aussi sur un plan mythique, rejouant à des titres divers l'histoire de Tristan et Iseut, celle d'Ariane et de Thésée, celle encore des amants du Cantique des Cantiques et pour Solal celle de Don Juan, du Christ et de Faust<ref name="Schaffner"/>. De ce fait, le couple échoue à passer de l'amour-passion des amants à l'amour-amitié des époux, c'est-à-dire de l'émerveillement des débuts à l'attendrissement de voir l'autre dans ses petits travers quotidiens et de l'absence de relations avec l'extérieur<ref name="Schaffner237"/>. Coupés du monde, ils ne parviennent à insérer leur amour dans un quotidien naturellement ordinaire. Certes, à plusieurs reprises Solal exprime sa lassitude de vivre dans la comédie du couple sublime, mais jamais il ne cherche à modifier la situation, changement qu'Ariane si soumise à son seigneur aurait accepté. Il refuse d'avoir des enfants. Il garde le secret sur sa situation, son argent et maintient le couple dans l'isolement afin qu'Ariane ne connaisse pas la vérité sur son éviction de la SDN. Il décide le huis clos, cause de l'échec du couple. De son côté, Ariane vit depuis trop longtemps hors du monde et dans un besoin d'exaltation mystique pour imaginer être autre chose que l'adoratrice de son Solal et l'adorée de celui-ci. D'ailleurs le titre n'est pas La Belle et le Seigneur, signe d'égalité, mais Belle du Seigneur, signe de possession de la Belle par son Seigneur<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Cohen ne tient pas compte de la profonde inégalité qui règne dans le couple pour expliquer l'échec final. Solal impose toujours son point de vue, qu'Ariane suit toujours et n'a aucune autonomie de décision<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. L'amour-passion est un legs de la chevalerie, c'est l'autre face de l'esprit de conquête que dénonce Cohen dans son œuvre. Mû par l'orgueil, il conduit à la bestialité et au trépas. Le lien qui unit Solal et Ariane est donc lien de mort<ref name="Valbert">Gérard Valbert, « Albert Cohen », Encyclopædia Universalis, DVD, 2007.</ref>. En 2021, dans son ouvrage Réinventer l'amour (Zones), Mona Chollet, essayiste et journaliste, considère Belle du Seigneur comme l'une des œuvres célèbres qui reflètent le Modèle:Cita que constitue l'amour passionnel, reprenant l'analyse de Denis de Rougemont. Selon elle, Ariane et Solal Modèle:Cita, tandis que le roman fait transparaître Modèle:Cita d'Albert Cohen à travers Modèle:Cita<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

L'antisémitisme

Cohen a été fortement marqué par les tragédies de la Seconde Guerre mondiale. Son roman se fait l'écho du fort antisémitisme des années trente, même si ce thème n'y occupe pas une place centrale. Dans les première et seconde parties, il ne surgit qu'occasionnellement et pour exprimer les rancœurs que suscitent le comportement plein de morgue de Solal. Ainsi, avant que Solal ne propose à Adrien une promotion, celui-ci ne voit dans le sous-secrétaire général qu'un youpin parvenu. Quand Solal se dérobe à l'invitation à un « grand » dîner des Deume, les remarques antisémites resurgissent dans la bouche d'Antoinette Deume. Dans un long monologue intérieur<ref group=A>Modèle:Abréviation discrète {{#if:

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}}, Modèle:Pp..</ref>, Solal démonte un des ressorts de l'antisémitisme, qui n'est que le fait de reprocher à l'ensemble des Juifs les défauts d'un seul d'entre eux : Modèle:Citation. Le sentiment de supériorité que les protestants genevois ont développé par rapport aux Juifs est palpable dans la remarque qu'Ariane se fait à elle-même : Modèle:Citation.

À partir de la quatrième partie du roman, l'antisémitisme resurgit avec force. Quand Solal a perdu sa position sociale, il entend davantage les échos de la haine du Juif. Ainsi à Agay, il surprend une conversation où madame de Sabran, femme de militaire, parle des Juifs : Modèle:Citation Et en évoquant aussi l'éviction de Solal de la SDN : Modèle:Citation Cette remarque rappelle au lecteur que beaucoup d'officiers supérieurs n'ont jamais cru en l'innocence de Dreyfus. Lorsque, plus tard dans la conversation, monsieur Forbes évoque l'appel d'Albert Einstein afin que les Juifs allemands puissent être accueillis favorablement par les autres nations lorsqu'ils quittent l'Allemagne, l'épouse du militaire se cabre : Modèle:Citation

En septembre 1936 (Modèle:Nobr), alors qu'il se promène dans Paris, la ville bruit de propos antisémites : graffitis sur les murs, conversations dans les rues, dans les cafés, journaux vendus à la criée, il semble à Solal que la ville soit devenue une caisse de résonance de la haine de juif. Haine à laquelle Solal répond dans un murmure : Modèle:Citation Cet épisode fait penser à ce qui est arrivé véritablement à Albert Cohen à Marseille alors qu'il avait dix ans. Un camelot de la Canebière l'a alors insulté. Le jeune garçon écrit alors sur un mur des toilettes de la gare Saint-Charles dans lesquelles il s'était réfugié : « Vive les Français »<ref name="Poirot">Bertrand Poirot-Delpech, Modèle:Citation, in Le Monde, no  du 20 octobre 1981, p. 16.</ref>. Les mêmes propos haineux circulent dans les cafés genevois. L'Europe semble gangrénée par l'antisémitisme en ce début d'automne 1936.

Mais dans les années trente, la plus violente forme d'antisémitisme est bien sûr le nazisme. Refusant de raconter le sort des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, Cohen fait des Juifs allemands les prophètes de la destruction future. Ainsi dans le chapitre LIV, Solal, en visite à Berlin, a été rossé par des nazis puis recueilli dans la cave de Jacob Silberstein, auparavant le plus riche antiquaire de Berlin, qui s'y est caché pour échapper aux persécutions nazies. Sa fille Rachel, une naine sans cou, annonce à Solal que les Allemands tueront tous les Juifs : Modèle:Citation Le Modèle:Nobr se termine par une terrible confrontation. Dans la cave, Solal priant tend vers le soupirail les rouleaux de la Loi, alors que, Modèle:Citation.

La naine Rachel Silberstein compare les nazis à des bêtes. Solal reprend cette comparaison à son compte. Les Allemands représentent pour lui l'homme à l'État de nature, mais pas au sens du bon sauvage, au sens bestial : Modèle:Citation Il fait parler la nature comme l'aimée du Cantique des Cantiques. Paraphrasant ce livre poétique de la Bible, il fait dire à la nature : Modèle:Citation Pour lui les Juifs sont le peuple de l'antinature, ce qui explique la haine dont ils sont l'objet de la part des Allemands : Modèle:Citation. Cohen reprend ainsi les thèses de Hermann Rauschning qui dépeignait Hitler comme un anti-Moïse, un Antéchrist<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

L'amour du peuple juif

Belle du seigneur est aussi, comme les autres romans, un hymne d'amour d'Albert Cohen à son peuple. Solal, si cynique, voit avec tendresse les bouffonneries de cinq valeureux, même s'il s'est éloigné de son milieu. Mais c'est au moment où la persécution surgit que la fierté de la judéité est portée au plus haut. La naine Rachel est un puits de connaissance et d'intelligence. À elle seule, elle est le symbole de l’ensemble du peuple juif reclus dans des cachettes pour échapper à la menace hitlérienne<ref name="Levy">Clara Levy, Le double lien entre écriture et identité : le cas des écrivains juifs contemporains de langue française, Société contemporaine, no 44, 2001/4.</ref>. Solal est submergé par une grande tendresse pour la naine bossue dont il comprend qu’elle est la dépositaire de tous les malheurs passés et de tous les espoirs à venir. Elle est à l'origine d'une scène à la fois fantasmagorique et émouvante dans la cave où la famille de Rachel a trouvé refuge et accumulé objets de valeur et souvenirs. Alors qu'elle et Solal discutent, Rachel revêt Solal d'un châle de prière, lui donne les rouleaux de la Loi : « Alors sortie de l'ombre, elle apparut, haute et merveilleuse de visage, Jérusalem vivante, beauté d'Israël, espoir dans la nuit »<ref group=A>Modèle:P..</ref>. Survient alors dans la rue un défilé des jeunesses nazies. « Et voici, debout, sous le soupirail devant qui défilaient les bottes allemandes, revêtu de l'ample soie de prière, soie barrée de bleu, soie venue d'un auguste passé, couronné de tristesse, le roi au front sanglant<ref group=N>Solal a été molesté par des nazis.</ref> leva haut la Sainte Loi, gloire de son peuple, la présenta aux adorateurs de la force, de la force qui est le pouvoir du meurtre, l'appuya contre les barreaux […] Inlassable, fils de son peuple, il tenait haut levée la Loi vêtue d'or et de velours, couronnée d'argent, glorieusement élevait et présentait la lourde Loi emprisonnée. Loi de justice et d'amour, honneur de son peuple »<ref name="p 575" group=A/> pendant le défilé des assassins. La cave devient le lieu de proclamation de la loi hébraïque, Solal un rabbin de carnaval<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pour Cohen, face à l'adversité, seule la foi dans les valeurs d'Israël<ref group=N>Dans ce sens le peuple et la foi juifs.</ref> peut permettre aux Juifs de tenir<ref group=N>Ce faisant, Cohen prend le contre-pied du père du narrateur du roman Le Temps des prodiges d'Aharon Appelfeld (1978). Celui-ci renie totalement sa judéité et accuse les Juifs d'être à l'origine des persécutions dont il est la victime de la part des nazis.</ref>. Face à la barbarie nazie, la Loi mosaïque incarne la foi dans les valeurs de vie et même de civilisation. Solal, si bien intégré à la société du monde occidental, se retrouve juif priant face aux tueurs de juifs. La beauté de la loi juive transforme la difforme Rachel en beauté d'Israël. On ne peut pas faire plus belle déclaration d'amour et de foi envers le judaïsme et son peuple.

À Paris où il est isolé, abandonné de ses anciennes relations, en butte à l'antisémitisme grandissant d'une France en crise, Solal appelle sa chambre à l'hôtel George V le « petit ghetto ». Il croise ensuite sur le boulevard Diderot des groupes de Juifs. « Il les reconnaît, reconnaît ses bien-aimés pères et sujets, humbles et majestueux, les pieux et de stricte observance, les inébranlables, les fidèles à barbes noires et pendantes mèches temporales, pléniers et absolus, étranges en leur exil, fermes en leur étrangeté, méprisés et méprisants, indifférents aux moqueries, eux-mêmes fabuleusement, allant droit en leur voie, fiers de leur vérité, méprisés et moqués, les grands d'entre son peuple, venus de l'Éternel et du mont Sinaï, porteurs de sa Loi […] va et murmure que tes tentes sont belles, ô Jacob, tes demeures, Israël, va derrière ses bien aimés et noir sacerdoces, pères et fils de prophètes, derrière son peuple élu et s'en emplissant le cœur, Israël, son amour<ref group=A>Modèle:P..</ref>. »

Et si Solal se livre un instant à une caricature d'un Rosenfeld imaginaire, juif ashkénaze envahissant et vantard pour pouvoir se démarquer de ses coreligionnaires, lui « un Juif exceptionnel […] différent des honnis »<ref group=A>Modèle:P..</ref>, c'est pour mieux réaffirmer la gloire de son peuple, sa persévérance à garder sa foi à travers des siècles de persécutions et son amour pour ce Rosenfeld. « Je veux tout aimer de mon peuple »<ref group=A>Modèle:P.</ref> dit-il. Il continue en lançant un vibrant appel pour le retour des Juifs en Israël. On retrouve ainsi dans le discours de Solal l'engagement sioniste de Cohen<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Solal continue en célébrant la gloire du judaïsme qui, grâce à la Loi mosaïque, a comme objectif de « transformer l'homme naturel en enfant de Dieu »<ref group=A>Modèle:P..</ref>. Cohen montre ainsi son admiration pour la contribution de son peuple à l'humanisation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

L'écriture de Cohen

La volonté affichée de réalisme et de réflexion constante sur la psychologie amoureuse font de Cohen le continuateur de la tradition littéraire française explorée avec bonheur par Stendhal ou Proust. En 1980, Albert Cohen tiendra cependant à affirmer le caractère unique de son écriture romanesque. De fait, il rappelle son intention d’avoir voulu, dans un souci de vérité, associer le sublime de la passion amoureuse à la réalité la plus crue : « Dans aucun roman, vous ne lirez jamais que l’héroïne urine ! Moi, je suis le premier qui ait fait uriner Ariane dans mes pages<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.» En cela, il se distingue de ces « ignobles romanciers, bande de menteurs qui embellissaient la passion, en donnant l'envie aux idiotes et aux idiots » (Chap. CI).

Le recours massif au monologue intérieur (douze monologues, les quatre d'Ariane, les cinq de Mariette et les trois de Solal, répartis en autant de chapitres sur cent-quarante-huit pages représentant plus de dix pour cent du texte du romanModèle:Sfn) constitue une des grandes originalités du roman<ref name="Schaffner" />. La plupart des monologues n'ont aucune ponctuation et ne sont découpés en aucun paragrapheModèle:Sfn, ce qui n'est pas sans évoquer l'influence de William Faulkner, de Virginia Woolf et de l'Ulysse de James JoyceModèle:Sfn. Sans repère, le lecteur doit se concentrer pour voir émerger la pensée du narrateur derrière ce flot chaotique de mots, redoutable piège à sens. Impossible de lire en diagonale sous peine de ne plus rien comprendre. Chaque mot devient essentiel.

On pense aussi à Rabelais, pour le débit torrentiel et de certaines boulimies, à un Paul Claudel hébraïque ; à Proust, évidemment, vu l'égotisme répandu, et le beau linge des ambassades autour. Le burlesque est à fleur de plume<ref name="Poirot" />. Empruntés à la comédie bourgeoise, les personnages ont un destin tragique. Le poème de Tristan et Iseut renaît dans les beautés de l'écriture de Cohen pour se dissoudre presque aussitôt dans le rire de la caricature<ref name="Valbert" />. Qu'il s'épanche dans le lyrisme sensuel de la troisième partie ou dans l'exubérance orientale des Valeureux, l'art de Cohen apparaît à la fois comme un art du contrepoint et de l'excès<ref name="Schaffner" />. Cependant, les personnages du livre gardent une profonde humanité et l'écrivain conserve de la sympathie pour les victimes de son ironie.

Les critiques

Parmi les nombreux articles qui ont été publiés sur Belle du Seigneur, on rapporte les commentaires suivants :

Dans Le Nouvel Observateur, numéro de décembre 1968, Jean Freustié pense que ce roman est Modèle:Citation

François Nourissier, quant à lui, critique le roman Belle du Seigneur dans Les Nouvelles Littéraires, numéro de septembre 1968, par le biais des chiffres :Modèle:Citation

Paul Creth commente ainsi le roman dans le numéro de novembre 1968 de la Voix du Nord : Modèle:Citation

Adaptation

Modèle:Article détaillé Le livre a été adapté au cinéma par le réalisateur Glenio Bonder, avec Natalia Vodianova et Jonathan Rhys-Meyers dans les rôles titres<ref>Photos de tournage.</ref>, Marianne Faithfull dans celui de Mariette et Ed Stoppard dans celui d'Adrien. Le tournage du film s'est achevé à la fin de 2011 au Luxembourg.

Le film, dont la sortie a été retardée en raison du décès du réalisateur en cours de montage<ref>Annonce du décès.</ref>, est sorti en France le Modèle:Date<ref>Fiche du film, sur Première.fr.</ref>. Il a été mal accueilli par le public et la critique, qui a souligné son incapacité à rendre justice au roman.

Notes et références

Notes

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Références au livre

  • Albert Cohen, Belle du seigneur, Folio, 2007.

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Autres références

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Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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