La Liberté guidant le peuple

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Modèle:Infobox Art La Liberté guidant le peuple est une huile sur toile d'Eugène Delacroix réalisée en 1830, inspirée de la révolution des Trois Glorieuses. Présenté au public au Salon de Paris de 1831 sous le titre Scènes de barricades<ref group=note>Delacroix a envisagé un temps d'intituler sa toile La Barricade et elle a été annoncée sous le nom de Scènes de barricades lors de sa première exposition le 28 juillet.</ref>, le tableau est ensuite exposé au musée du Luxembourg à partir de 1863 puis transféré au musée du Louvre en 1874 où il fut l'un des plus fréquentés<ref>William Kidd, « Les Caprices anglais de Marianne », in La République en représentation : autour de l'œuvre de Maurice Agulhon, Paris, Publications de La Sorbonne, 2006.</ref>. En 2013, il est la pièce majeure de l'exposition La Galerie du temps au Louvre-Lens.

Devenu un symbole de la république triomphante, le tableau repose sur un contresens car ce n'était pas l'intention de Delacroix dont l'œuvre ne s'est imposée dans l'imaginaire collectif français que sous la Troisième République. Par son aspect allégorique et sa portée politique, il a été fréquemment choisi comme symbole de la République française, de la liberté ou de la démocratie dans le monde. Il demeure au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle une Modèle:Lien au fil de ses détournements, emprunts et appropriations de différentes expressions artistiques.

Description

Le tableau représente une scène de barricade effondrée, franchie par les émeutiers du peuple de Paris qui s'est soulevé contre le roi Charles X. À l'arrière-plan, sortant de la fumée qui entoure Notre-Dame, on peut apercevoir les baïonnettes d'un bataillon d'infanterie attaqué par des tirs venant des fenêtres. Sur l'une des deux tours de la cathédrale, flotte le drapeau tricolore, ce qui situe la scène sur la rive droite de la Seine, probablement à proximité de l'hôtel de Ville, mais aucune topographie précise n'est identifiable car Delacroix a imaginé cette vue<ref group=note>Le paysage comportant la cathédrale est en effet imaginé par Delacroix qui la situe place de Grève, comme l'atteste l'orientation du beffroi de la cathédrale, mais aucune barricade ne pouvait obstruer cette grande place. En 1830, les tours de la cathédrale ne peuvent être vues, sous cet angle, d'aucun endroit. Cependant, le peintre a pu assister à une scène de barricade depuis son atelier du 15, quai Voltaire. De plus, le drapeau de la tour indique la volonté de Delacroix de situer l'action le 28 juillet, date à laquelle les révolutionnaires l'ont hissé. Enfin, il n'omet pas un détail réaliste : Modèle:Citation. Cf Modèle:Harvsp.</ref>,<ref group=note>De son atelier, Delacroix a pu assister à la participation des femmes aux combats des barricades qui sont construites dans chaque quartier : elles rechargent les fusils, soignent les blessés, ravitaillaient les émeutiers, et jettent des objets lourds (meubles, casseroles, pots de chambre) depuis les fenêtres, comme l'atteste la fréquence des blessures chez les forces de l'ordre (fractures crâniennes bien plus nombreuses que les blessures par balle), due aux jets venus des toits ou des fenêtres des maisons voisines de la rue où est montée la barricade. Le peintre qui n'a pas participé activement à cette deuxième Modèle:Page h', a pu être influencé par ces figures féminines pour peindre des révolutionnaires à la tête desquels on trouve une femme du peuple, de même qu'il a pu s'inspirer d'une figure de la résistance beauvaisienne, Jeanne Hachette, et du tableau Jeanne Hachette au siège de Beauvais en 1472, peint par Barbier l’aîné en 1781, bien que le jeu soit toujours un peu vain de chercher un modèle iconographique. Cf Modèle:Harvsp.</ref>. La composition pyramidale s'inspire directement de celle du tableau de Géricault Le Radeau de La Méduse ainsi que celle d'un autre tableau de Delacroix, Scènes des massacres de Scio<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Cette construction géométrique repose sur deux triangles dans lesquels s'inscrivent les principaux protagonistes<ref>Les deux triangles en jaune. Cf Modèle:Lien web.</ref>. Modèle:Citation.
Au premier plan, associés aux matériaux – pavés et poutres – qui forment cette barricade, les corps de soldats morts apparaissent tordus et désarticulés : à gauche l'un d'eux gît en chemise blanche et dénudé<ref group=note>Avec la Liberté, il s'agit de la seconde figure académique du tableau, celle du personnage antique d'Hector. Pour la figurer, Delacroix s'est inspiré de l'Hector par David (1778)] et de l'homme à la chaussette du Radeau de la méduse pour lequel il a posé (figure du naufragé qui se trouve la face contre l'embarcation, le bras gauche étendu par-dessus une poutre) et dont il a d'ailleurs fait une copie. La chaussette bleue de ce cadavre pourrait être aussi un clin d'œil à Géricault qui, peinant à dessiner correctement les pieds, préférait les recouvrir. Cf Modèle:Harvsp.</ref> alors qu'à droite sont étendus un membre des Gardes suisses (avec son shako qui a roulé au sol) et, face contre terre, un cuirassier identifiable par son épaulette blancheModèle:Sfn. Ils forment la base horizontale des deux triangles. Les différents insurgés qui accompagnent la Liberté sont des archétypes sociaux : un paysan<ref group=note>Sa tenue d'ouvrier qui rappelle les couleurs du drapeau, évoque les paysans qui, par manque de travail dans les champs, forment une main d'œuvre temporaire dans les usines des faubourgs. Cf Modèle:Harvsp.</ref> blessé, foulard noué sur la tête, émerge des décombres, le corps et le regard tendus vers une femme du peuple, coiffée d'un bonnet phrygien dont s'échappent des mèches. Celle-ci, représentée en pied, occupe de fait la place principale. Elle brandit du bras droit par la hampe un drapeau tricolore qui occupe l'axe médian de la toile, et tient dans sa main gauche un fusil à baïonnette. Sa poitrine est en partie découverte. On distingue quatre autres personnages aux abords de la barricade : deux enfants des rues : l'un, à droite, giberne en bandoulière, coiffé d'un béret, et brandissant des pistolets de cavalerie, la bouche ouverte sur un cri ; l'autre, à l'extrême gauche, coiffé d'un bonnet de police des voltigeurs de la Garde nationale (probablement récupéré sur l'un d'entre eux) s'agrippant au pavé ; un homme armé d'un tromblon à deux canons parallèles, en redingote et cravate, coiffé d'un haut-de-forme, laissant penser que c'est un bourgeois, mais portant le pantalon et la ceinture des ouvriers, les genoux sur la barricade, Delacroix jouant sur cette ambiguïté pour symboliser le rassemblement des classes socialesModèle:Sfn ; et un manufacturier portant un tablier, un pantalon à pont, un béret, un sabre briquet à la main, un pistolet retenu par un foulard rouge et sa banderole sur l'épaule<ref group=note>La cocarde blanche sur son béret et le foulard qui évoque le mouchoir rouge de Cholet, sont des emblèmes des royalistes et probablement des symboles choisis par Delacroix pour montrer que les royalistes vendéens peuvent très bien se rallier à cette révolte. Ils sont tempérés par le nœud rouge sur le béret, symbole des libéraux. Cf Modèle:Harvsp.</ref>. La lumière du soleil couchant se mêle aux fumées des canons pour engendrer une aura à la figure féminine et au gamin à droiteModèle:Sfn. Derrière, on peut voir les étudiants, dont un élève de l'École polytechnique portant le traditionnel bicorne, et un détachement de grenadiers en tenue de campagne et capote grise.

Les couleurs dominantes, le bleu, le blanc et le rouge, émergent des teintes grises et brunes. La lumière semble provenir du côté gauche. Les couleurs chaudes dominent le corps des émeutiers. La répartition des accents colorés concourt à l'ordonnance du tableau. Modèle:Citation.

Modèle:Gallery

Situation historique

Modèle:Loupe

Fichier:Révolution de 1830 - Combat de la rue de Rohan - 29.07.1830.jpg
Hippolyte Lecomte, Combat de la rue de Rohan le 29 juillet 1830, musée Carnavalet.

Le peintre a fait connaître sa toile comme une allégorie inspirée par l'actualité la plus brûlante<ref>Lettre à Thoré du 18 janvier 1836, Correspondance générale d'Eugène Delacroix, A. Joubin, Paris, 1936.</ref>. Elle a pour cadre les trois journées du soulèvement populaire parisien contre Charles X, les 27, 28 et Modèle:Date-, connues sous le nom des Trois Glorieuses.

Le 25 juillet, Charles X publie quatre ordonnances dans le but d'écraser l'opposition libérale. Ces mesures comprenaient la suspension de la liberté de la presse périodique, la dissolution de la Chambre des députés des départements, la réforme du suffrage censitaire favorable à l'aristocratie et convocation des collèges électoraux pour le mois de septembre. L'opposition appelle à la désobéissance. Les classes moyennes et le peuple de Paris se révoltent. La capitale se couvre de drapeaux tricolores et de barricades. Le peintre a nommé sa toile 28 juillet, date cruciale de la prise de l'hôtel de ville par les émeutiers. À la faveur de trois jours d'émeutes, Charles X abdique. Louis-Philippe prête fidélité à la Charte révisée le 9 août, inaugurant la monarchie de juillet.

Contexte de la réalisation et genèse de l'œuvre

Quand Delacroix livre la Liberté guidant le peuple, il est reconnu comme le chef de file de l'école romantique française. Il rejette l'idéal classique et les canons de l'art académique de son temps. Le peintre, dandy parisien, libéral certes mais tout autant conservateur, est un bonapartiste et un antirépublicain déclaré. Son tableau ne vise donc pas à symboliser la république triomphante mais l'avènement du nouveau régime monarchique qui, dès 1832, voudra effacer le paradoxe de ses origines révolutionnaires. Pour s'attribuer les faveurs du roi, Delacroix, cyniquement, loue comme les autres, l'union des Français derrière Louis-Philippe, sa carrière dépendant des commandes officielles à une époque où la demande des collectionneurs reste encore faible. Cependant, son tableau a aussi une portée politique. Romantique porté par un sentiment philhellénique et qui s'est engagé pour la cause de l'indépendance grecque, il est sensible à l'autodétermination du peuple françaisModèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Réalisée à partir d'esquisses tracées par l'auteur dès le 20 septembre 1830, l'œuvre achevée en trois mois n'est plus une « peinture d'histoire ». Eugène Delacroix en fait part à son frère le Modèle:Date : « J'ai entrepris un sujet moderne, une barricade, et si je n’ai pas vaincu pour la patrie, au moins peindrai-je pour elle »Modèle:Sfn. L'artiste témoigne ici de la ferveur romantique qui lui fait traduire les événements révolutionnaires dont il est contemporain. Car si Delacroix appartient à une longue lignée de grands révolutionnaires qu'a produite le « pays des révolutions », il n'est pas un révolutionnaire convaincu<ref>F. Hamon et P. Dagen, Époque contemporaine {{#switch: e

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}}, coll. Histoire de l'Art, Flammarion, 1995, Modèle:P..</ref> à l'image de son ami Adolphe Thiers. Comme pour la cause grecque, sa bataille est avant tout d'atelier<ref>Yves Sjöberg, Pour comprendre Delacroix, Beauchesne, 1963.</ref>. De son propre aveu, il a traversé les événements de juillet 1830 comme « un simple promeneur »<ref group=note>« Le simple promeneur comme moi avait la chance d'attraper une balle ni plus ni moins que les héros improvisés qui marchaient à l'ennemi avec des morceaux de fer, emmanchés dans des manches à balai ». Lettre à son neveu Charles de Verninac, Modèle:Date-. Il est cependant établi qu'il s'est rendu au Louvre pour protéger les collections des combats.</ref>. Difficile pour le peintre de prendre parti contre le pouvoir qui a été l'un de ses principaux commanditaires. Cependant, la violence de la rue et le patriotisme réinventé enflamment son imagination picturale. À en croire Alexandre Dumas, ce serait la vue du drapeau flottant sur Notre-Dame – ce qui explique la présence dans le coin droit supérieur des tours de Notre-Dame – qui l'aurait fait basculer :

Modèle:Citation bloc


Ces scènes de combat font aussi écho chez Delacroix à celle du geste de 1789. Au moment de la réalisation de la toile, il travaille parallèlement sur deux tableaux inspirés de la Révolution française pour décorer la nouvelle Chambre des Députés. Mais la « vraisemblance poétique devait l'emporter sur la véracité d'un simple reportageModèle:Sfn » et l'œuvre dépasse la seule évocation d'une scène d'émeute.

Sa Liberté a sans doute été inspirée d'une lecture des poèmes La Curée d'Auguste Barbier et de Casimir Delavigne Une semaine à Paris, publié en 1830 dans La Revue de Paris qui décrit la foule des émeutiers guidée par une femme du peuple, allégorie de la Liberté<ref>« C'est que la Liberté n'est pas une comtesse / Du noble faubourg Saint-Germain » mais une « forte femme aux puissantes mamelles ».</ref>. Au-delà, l'œuvre multiplie les références picturales notamment au Radeau de la Méduse.

Signification et portée

Fichier:Wounded Amazon Sosicles type Louvre Ma552 n2.jpg
Amazone blessée du type de Sôsiklès. Copie romaine d'après un original grec du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle

Le personnage central féminin attire tous les regards. La Liberté emprunte autant à la statuaire antique – drapé, pieds nus, poitrine offerte – qu'aux représentations de la femme du peuple à la lourde musculature et à la peau hâlée<ref group=note >Balzac y voit d'ailleurs une icône populaire qui devait inspirer le personnage de Catherine dans son roman Les Paysans (1855) : « Catherine, grande et forte, en tout point semblable aux filles que les sculpteurs et les peintres prennent, comme jadis la République, pour modèle de la Liberté, charmait la jeunesse de la vallée d’Avonne par ce même sein volumineux, ces mêmes jambes musculeuses, cette même taille à la fois robuste et flexible, ces bras charnus, cet œil allumé d’une paillette de feu, par l’air fier, les cheveux tordus à grosses poignées, le front masculin, la bouche rouge, aux lèvres retroussées par un sourire quasi féroce, qu’Eugène Delacroix, David d’Angers ont tous deux admirablement saisis et représentés. Image du peuple, l’ardente et brune Catherine vomissait des insurrections par ses yeux d’un jaune-clair, pénétrants et d’une insolence soldatesque. ».</ref>. Elle emprunte de même aux allégories sereines et hiératiques de la Liberté et de la République qui voient le jour après 1789, comme celles d'Antoine-Jean Gros ou de Nanine Vallain. Elle est ici tant une idée qu'une personne réelle, à mi-chemin entre le tangible et l'idée. C'est cette superposition de références et cette incertitude qui marque Heinrich Heine qui donne un long commentaire littéraire de l’œuvre : « une douleur impudente se lit dans ses traits, au total bizarre mélange de Phryné, de poissarde et de déesse de la liberté <ref>Heinrich Heine, De la France, Paris, Eugène Renduel, 1833, Modèle:P..</ref>». Curieusement, cette figure allégorique se mêle aux hommes et participe directement aux combats. Elle rassemble le peuple, les faubourgs et la bourgeoisie déclassée dans un même lyrisme révolutionnaire, portée par la construction pyramidale.

Pour l'historien Jean-Clément Martin, le sein dénudé n'est pas simplement un code artistique calqué sur le modèle antique de Niké (déesse personnifiant la Victoire) mais représente la femme comme mère nourricière, ce qui précisément limitait sa liberté<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Pilier et piédestal, le peuple, dont la misère est sublimée par l'action héroïque, y est représenté comme un élément actif de la révolution. Cette lecture des événements de 1830 a, d'ailleurs, indisposé le premier public bourgeois, qui reproche à la Liberté la pilosité de son aisselle (montrée dans l'ambiguïté du jeu allégorique de Delacroix, elle choque plus que la nudité), et aux protagonistes leur « saleté », transgression des codes de la peinture académiqueModèle:Sfn.

Delacroix joue sur un registre patriotique en restreignant volontairement sa palette de couleur et disséminant dans le tableau par un « motif conducteur » (leitmotiv) les trois couleurs du drapeau national. Il produit un effet d'identification : le public se sent appelé, sent qu'il fait partie du peuple – même si ce dernier est dépeint sous des traits ambigus.

Delacroix compose la scène à l'encontre des principes de la peinture de guerre auxquels les scènes de combats des révolutions de 1830 et 1848 se sont conformés<ref group=note >C'est le cas des toiles du Salon de 1831 qui traitent des Journées de Juillet. La comparaison de la Liberté avec La Barricade rue Soufflot d'Horace Vernet qui bien que postérieure de dix-huit ans traite d'un thème voisin, met en lumière le parti pris de Delacroix.</ref>. Les insurgés font face au spectateur, le dominent et marchent sur lui. Les adversaires ne sont que peu visibles, perdus dans les fumées de l'arrière-plan. Enfin, les assaillants forment une troupe disparate, dont chaque membre semble emprunter plusieurs directions.

Réception, conservation et exposition

Le lyrisme et la violence à l'œuvre dans la toile ont tout d'abord surpris le public. Mais c'est surtout l'image qu'il est donné de la populace et plus généralement de combattants des journées de juillet qui a scandalisé la critique. « Vraiment, M. Delacroix a peint notre belle révolution avec de la boue<ref>Journal des artistes, Modèle:Date- cité par Dominique Massonaud (sous la direction de), Le Nu moderne au salon (1799-1853) : revue de presse, Grenoble, 2005, Modèle:P..</ref>. » Les détails morbides, les représentations sans concession du sale (peau laiteuse, pieds sales, ongles noirs, poils pubiens du cadavre à gauche) choquent les partisans d'un nouveau régime qui souhaite apaiser les classes populaires et donner une image idéalisée des combatsModèle:Sfn.

Louis-Philippe ne le fait pas directement acheter par la Couronne mais indirectement par le ministère de l'Intérieur, en octobre, pour la somme modeste de 3 000 francs. Il fait brièvement exposer la toile, non pas dans la Salle du Trône aux Tuileries, mais au musée Royal (le palais du Luxembourg), puis à Versailles, avant qu'elle ne soit décrochée en 1832, le gouvernement d'Adolphe Thiers refusant que ce tableau soit exposé, de peur qu'il n'incite à d'autres émeutes populaires, telle que l'insurrection républicaine à Paris en juin 1832. En échange de deux toiles moins dérangeantes de Delacroix, le tableau est rendu à l'artiste, probablement en juillet 1839, par son ami Edmond Cavé, directeur des Beaux-Arts. Il est conservé dans des conditions précaires à Frépillon, chez sa tante Félicité Riesener, jusqu'à la mort de celle-ci. Delacroix récupère le tableau en 1848 à la suite de la révolution de février, et, à sa demande, la toile reprend le chemin du musée du Luxembourg, où elle est rapidement remisée dans ses réserves. Il obtient la permission de la faire figurer à l'exposition universelle de 1855, sa première présentation à un large public, moyennant des retouches au bonnet phrygien dont le rouge vif est jugé trop subversif. De nouveau transférée au musée du Luxembourg (refuge des artistes vivants, d'où les plus dignes, après leur mort, doivent s'acheminer vers le Louvre), la toile n'y est exposée qu'en 1863 avant d'être finalement accueillie dans les collections du Palais du Louvre en 1874, sous la Troisième République, où elle est exposée depuis de manière permanente et abondamment reproduite par les manuels d'histoire pro-républicains. Cette absence pendant de nombreuses années a ainsi contribué à son statut d'œuvre mythiqueModèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Postérité

Modèle:Média externe La scène a probablement inspiré à Victor Hugo sa barricade dans Les Misérables et plus particulièrement son personnage de Gavroche<ref>A. Sérullaz et V. Pomarède, Eugène Delacroix : La Liberté guidant le peuple, collection Solo, Paris, 2004.</ref>,<ref>CRDP de Montpellier, page "quelques liens remarquables, Delacroix et Hugo".</ref>.

La Liberté guidant le peuple figure parmi les œuvres du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle les plus mobilisées au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle que ce soit pour un usage officiel, publicitaire ou scolaireModèle:Sfn. En France, elle prend valeur d'emblème. Son ancrage patriotique lui vaut de devenir un symbole républicain à partir de 1848, voire une icône de la République : Modèle:Citation. L'œuvre illustre les billets de banque de cent francs de 1978 à 1995. La Liberté se meut en Marianne pour la série de timbres d'usage courant gravé par Pierre Gandon, « Liberté » de 1982 à 1990, ou pour La Marianne de Mai 68 de Jean-Pierre Rey<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

L'œuvre incarne l'idéal révolutionnaire et le combat pour la liberté et pour cela a suscité de nombreuses relectures, appropriations, citations et imitations. Sa forte charge politique lui vaut d'être mobilisée pour envoyer des messages forts. En 1936, John Heartfield l'insère dans son photomontage, La liberté même se bat dans leurs rangs. Elle est détournée en 1995-1996 par l'artiste chinois Yue Minjun qui l'associe à la révolte de Tian'anmen<ref>La Liberté guidant le peuple de Yue Minjun, cf Modèle:Ouvrage.</ref>. Le photographe français Gérard Rancinan en propose son interprétation contemporaine et photographique – La Liberté dévoilée (2008) – sous une forme volontairement provocatrice<ref group=note>Il y Modèle:Citation. Cf Modèle:Lien web.</ref>. Dans le domaine musical, le tableau illustre en 2008 la pochette de l'album Viva la Vida or Death and All His Friends du groupe Coldplay. Dans le domaine politique et médiatique, la silhouette allégorique a inspiré les logos du groupe politique Debout la République ainsi que celui de l'hebdomadaire politique Marianne. En 2009, l'affiche de la fête de l'Humanité<ref group=note>Affiche de la fête de l'Humanité à gauche et couverture de The Economist à droite, en 2009</ref> comporte, au premier plan, la Liberté noire, porteuse d'un drapeau rouge et d'une guitare électrique, avec la poitrine couverte<ref>Modèle:Article.</ref>. Andy Singer revisite l'œuvre en 2015 pour dénoncer le pouvoir des firmes transnationales<ref group=note>A corporate revolution par Andy Singer</ref>. En 2019, le street artist Pascal Boyart réalise sur un mur rue d'Aubervilliers à Paris, une fresque inspirée de Delacroix représentant une Marianne guidant des Gilets jaunes<ref>Modèle:Lien web.</ref>.L'artiste afro-américain engagé Kadir Nelson fait référence au tableau pour illustrer en 2020 la lutte antiraciste dans une couverture du moi de juillet du magazine Modèle:Langue<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Sa valeur patrimoniale<ref group=note>La valeur déclarée du tableau est de 450 millions de francs en 1999. Cf Modèle:Lien web.</ref> lui vaut d'inspirer de nombreuses caricatures de presses et la rend sujettes aux détournements publicitaires. L'œuvre est ainsi pastichée en 1999 par le collectif La Brigade sur la pochette du maxi Libérez. En 2008, elle illustre la pochette du quatrième album de Coldplay, Viva la Vida or Death and All His Friends, référence au tableau de Frida Kahlo. Dans le film Mustang, lorsque l'oncle des adolescentes (héroïnes du film) veut les rééduquer moralement, la grand-mère retire une photo de La Liberté guidant le peuple de leur chambre.

En tant qu'œuvre remarquable dans l'histoire de l'art occidental, elle fait l'objet d'un hommage dans le tableau George Sand dans l'atelier de Delacroix avec Musset, Balzac et Chopin<ref>Modèle:Lien web</ref> réalisé par le peintre péruvien Herman Braun-Vega à la demande des Musées de Châteauroux, en 2004, à l'occasion du bicentenaire de la naissance de George Sand. Au delà de l'hommage à George Sand, ce tableau est pour Braun-Vega, l'occasion de souligner la filiation artistique entre Goya et Delacroix et la similitude entre La liberté guidant le peuple et deux tableaux: 2 de mayo de 1808 et 3 de mayo de 1808 peints par Goya<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Le tableau hommage de Braun-Vega est exposé pour la première fois en 2004-2005 au Couvent des Cordeliers de Châteauroux.

L'œuvre a plusieurs fois été censurée, sa nudité étant jugée indécente. Prêtée par le Louvre au Musée national de Tokyo pour y être exposée du 26 février au 28 mars 1999, la toile est transportée par un Airbus Beluga sur le fuselage duquel est imprimée une photographie du tableau. Pour ne pas heurter la population du Bahreïn où l'avion fait escale, Airbus Industrie a masqué les seins par un stick<ref name="Caron">Modèle:Article.</ref>. En 2006, elle est considérée comme « undignified or improper » par essence (« manquant de dignité ou indécent »). Elle illustre l’étiquette de la bière des Sans-Culottes (brasserie La Choulette) et sa commercialisation a donné lieu à un débat sur la liberté d'expression dans le Maine et dans quatre autres États des États-Unis<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Maine Civil Liberties Union Foundation.</ref>. La même année, le ministère de l'Éducation nationale turc censure des manuels scolaires comportant une reproduction du tableau<ref>Modèle:Article.</ref>. Il a connu également en mars 2018  la censure de Facebook qui, invoquant « une image de nudité », a temporairement bloqué sa diffusion<ref name="Caron"/>.

Au moins deux photographies prises le Modèle:Date à Paris lors de la grande manifestation hommage aux victimes des attentats, ont été a posteriori nommées Le Crayon guidant le peuple, du fait de leur similitude esthétique et symbolique avec le tableau. Les photographies représentent des manifestants montés sur le groupe monumental du Triomphe de la République de Jules Dalou, place de la Nation à Paris.

Déplacements

Fichier:Airbus Transport International A300-608ST Beluga (F) (F-GSTC 765 3) (4375277382).jpg
En 1999, le tableau d'Eugène Delacroix La Liberté guidant le peuple est transporté par un Beluga.

Située dans la salle Mollien, au musée du Louvre, l'œuvre est plusieurs fois déplacée pour être prêtée à des expositions temporaires. En 1956, une tournée de l'œuvre dans le bloc de l'Est est projetée, notamment à Varsovie, Moscou et Leningrad, mais ce projet n'aboutit pasModèle:Refsou. En 1999, le tableau est transporté par un Beluga d'Airbus, qui est décoré avec une reproduction de l’œuvre constituée de panneaux adhésifs. Les dimensions du tableau, sa valeur et sa fragilité imposaient ce type de transport, en raison de la taille du caisson créé spécialement pour le protéger : destiné à annuler les vibrations et les variations climatiques, il est équipé de capteurs et mesure Modèle:Dunité<ref name=depeche>Site ladepeche.fr, article "La décoration du Beluga est signée.... Delacroix", consulté le 13 janvier 2020.</ref>,<ref name= "Monde">Modèle:Article.</ref>. Deux restaurateurs sont également intervenus sur le tableau afin de le préparer à l'épreuve de ce voyage<ref name= "Monde"/>. À Tokyo, le tableau a été vu par Modèle:Nombre en moins d'un mois<ref name= "Monde"/>.

Le tableau est déplacé une seconde fois à Strasbourg en 2004Modèle:Refsou. En 2012, il est prêté à l'antenne du musée à Lens, pour l'exposition La Galerie du temps. Le Modèle:Date-, une visiteuse vandalise la toile au marqueur<ref>Modèle:Article</ref> ; l'inscription du TAG<ref>Le tag « AE911 » fait référence à « Modèle:Langue », association qui regroupe des architectes et des ingénieurs tenant de la théorie du complot autour des attentats du 11 septembre 2001. Cf Modèle:Lien web.</ref> étant superficielle et restée en surface du vernis sans atteindre la couche picturale, elle est nettoyée le jour suivant<ref>Modèle:Article.</ref>. Le tableau est retourné dans les murs du musée du Louvre le Modèle:Date-<ref>Déclaration vocale du directeur des collections du Musée du Louvre, Enregistré sur l'application Bobler, 10 décembre 2013.</ref>.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Bibliographie

Modèle:Légende plume

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Liens

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