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Joseph Mallord William Turner, plus connu sous le nom de William Turner ou de ses initiales J. M. W. Turner<ref group="alpha">Turner était connu par son prénom, William, au cours de sa vie. Cependant, il est maintenant généralement désigné par ses initiales au Royaume-Uni, afin d'éviter toute confusion avec un autre artiste du nom de William Turner (1789-1862).</ref>, est un peintre, aquarelliste et graveurbritannique, né vers le Modèle:Date à Londres, où il est mort le Modèle:Date.
Renommé pour ses huiles, Turner est également un des plus grands maîtres anglais de paysages à l'aquarelle. Il y gagne le surnom de « peintre de la lumière »<ref name="nationalgallery">Modèle:Lien web.</ref>. La plus grande partie des œuvres de Turner est conservée à la Tate Britain<ref name="SaussetFaucon106" />.
William Turner a une telle manie du secret que sa date de naissance est incertaineModèle:Sfn. Lui-même revendique la date du Modèle:Date de naissance, le jour de la fête de saint Georges et l'anniversaire supposé de William Shakespeare, mais cette affirmation n'a jamais pu être vérifiée<ref group="alpha" name="naissance">Turner serait né entre la fin avril et le début du mois de Modèle:Date- mais sa date de naissance exacte est inconnue. La première date vérifiable est donc son baptême le Modèle:Date-. Avec le taux de mortalité infantile élevé, les parents baptisaient généralement leurs enfants peu après la naissance.</ref>. Son testament indique aussi le souhait qu'à cette date un dîner commémoratif soit donné à la Royal AcademyModèle:Sfn. La première date dont les historiens sont sûrs est donc son baptême le Modèle:Date- à l'église Saint-Paul dans le quartier de Covent Garden à Londres<ref name="Meslay14">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="chronology" />. Il est né au 21 Maiden Lane à Covent Garden<ref name="chronology">Modèle:Lien web.</ref> et ses trois prénoms sont ceux de son oncle maternel<ref name="Meslay14" />.
William Turner est le fils d'un barbier-perruquier<ref name="Bockemühl9" />, William Gay Turner (1745-1829), qui a sa boutique près de l'église Saint-Paul, au rez-de-chaussée de sa maison au Modèle:N° d'une sombre venelle appelée Maiden Lane<ref name="Meslay14" />. Sa mère, Mary Marshall, est issue d'une famille de bouchers<ref name="Meslay14" />. Neurasthénique<ref name="Bockemühl9">Modèle:Harvsp.</ref>, elle perd progressivement la raison et entre en 1799 au St Luke's Hospital for Lunatics, puis au Bethlem Royal Hospital l'année suivante<ref name="tatebio">Modèle:Lien web.</ref>. Elle y meurt en 1804<ref name="tatebio" />. L'une des raisons de sa folie est probablement le décès de la jeune sœur de William, Mary Ann, née en Modèle:Date- et morte en Modèle:Date- avant ses Modèle:Nobr<ref name="Bailey8">Modèle:Harvsp.</ref>. Si les relations avec sa mère sont difficilesModèle:Sfn, il semble que, malgré ce contexte, l'enfance de Turner ait été Modèle:Citation<ref name="Meslay14" />. Il observe les bateaux qui accostent sur la Tamise, et côtoie les nombreux artistes qui vivent dans le quartier populaire de Covent Garden<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Parce qu'on lui suppose une santé fragile à la suite de la mort de sa sœur Mary Anne, et parce que la maladie de sa mère s'aggrave<ref name="Meslay14" />,Modèle:Sfn, le jeune Turner est envoyé à ses Modèle:Nobr en 1785 chez un oncle maternel à Brentford, petite ville sur les rives de la Tamise, dans le Middlesex, à l'ouest de Londres<ref name="tatebio" />. Il y va à l'école<ref name="chronology" />. C'est probablement à Brentford que son intérêt pour le dessin et la peinture s'éveille<ref name="Meslay14" />. L'exercice artistique connu le plus ancien de Turner est de cette époque ; il s'agit d'une série de coloriages simples de gravures issues du livre Picturesque View of the Antiquities of England and Wales d'Henry Boswell<ref name="Wilton14">Modèle:Harvsp.</ref>.
L'année suivante, en 1786, il suit son oncle et est envoyé à Margate, dans le Kent, au bord de la mer du Nord<ref name="Meslay15" />,<ref name="SaussetFaucon116">Modèle:Harvsp</ref>. Il y est également scolarisé<ref name="chronology" />. À partir de cette époque, il commence à produire des dessins que son père expose à la vitrine de son commerce<ref name="tatebio" />,<ref name="Meslay15">Modèle:Harvsp</ref> et vend pour quelques shillings<ref name="Bockemühl9" />. C'est aussi à partir de ce moment qu'il signe ses œuvres<ref name="chronology" />. À Margate, il produit une série de dessins de la ville et de la zone environnante préfigurant son travail plus tardif. En 1789, Turner habite de nouveau chez son oncle, lequel a pris sa retraite à Sunningwell, à l'époque dans le Berkshire<ref name="tatebio" />. Un carnet de croquis de cette période ainsi qu'une aquarelle d'Oxford attestent de sa poursuite artistique. L'utilisation de croquis au crayon sur place, comme le fondement préliminaire de peintures achevées plus tard, constitue la base de la manière de travailler que Turner conservera toute sa carrière<ref name="Wilton14" />.
Grâce au soutien de son père, il a l'occasion de travailler à Covent Garden comme coloriste d'estampes chez le graveur John Raphael Smith et l'éditeur Colnaghi<ref name="Meslay15" />. Son père est étonnamment<ref group="alpha">Le choix d'une carrière artistique, notamment dans une famille d'employés et d'artisans depuis plusieurs générations, est toujours plus difficile et peu d'artistes peuvent s'enorgueillir du soutien de leur famille. Il soutiendra par la suite directement son fils en préparant ses toiles et ses couleurs dans son atelier et en devenant son « manager » (les deux possèdent le sens des affaires). Modèle:Ouvrage.</ref> fier des facultés artistiques de son fils<ref name="Bockemühl9" />. Il se vante même à l'artiste Thomas Stothard que son Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cependant, ses centres d'intérêt se fixent sur l'architecture puis le paysage<ref name="Meslay15" />.
À presque Modèle:Nobr, il obtient son premier emploi de dessinateur chez l'architecte Thomas Hardwick<ref name="Meslay16" />. Il y réalise notamment des aquarelles de la reconstruction de l'église Saint-Marie de WansteadModèle:Sfn. Marquant un vif intérêt pour l'architecture, il prend également des cours de perspective et de topographie auprès du dessinateur en architecture Thomas Malton le Jeune<ref name="Meslay16">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Bockemühl9" />, son Modèle:Citation selon lui<ref name="Meslay16" />,<ref name="chronology" />. Il se passionne alors pour le « paysage topographique » qui est en vogue en Grande-Bretagne<ref name="Meslay16" /> et il en fait le cœur de sa technique<ref name="Meslay17">Modèle:Harvsp.</ref>.
Incité par l'artiste John Francis Rigaud, il entre le Modèle:Date-Modèle:Incise à l'école de la Royal Academy après un essai<ref name="Bockemühl9" /> et une épreuve technique<ref name="Meslay17" />. Ce parcours est classique pour les artistes de son tempsModèle:Sfn, même s'il se démarque par la suite par la précocité de l'ascension de l'artiste. La Royal Academy offre un enseignement gratuit et de haute qualité<ref name="SaussetFaucon24">Modèle:Harvsp.</ref>. Il y côtoie Joshua Reynolds, premier président de la Royal Academy, et son influence, au moins théorique, est telle qu'il en fera mention dans son testament<ref name="Meslay18" />.
Turner réside alors avec sa famille, qui occupe un logement au Modèle:Nobr<ref name="chronology" />, à Covent Garden, à quelques numéros de sa maison natale.
C'est à cette période, au cours de premiers voyages hors de Londres comme chez l'ami de son père John Narraway<ref name="chronology" /> à Bristol en 1791, puis à Bath et à Malmesbury<ref name="chronology" />, qu'il réalise l'importance de dessiner des croquis préliminaires avant de poursuivre ses œuvres en atelier<ref name="tatebio" />. Il développe ainsi l'habitude de prendre des idées à l'extérieur en été pour travailler en atelier en hiver<ref name="tatebio" />. En 1792, Turner rend de nouveau visite à la famille Narraway et voyage dans le Sud du pays de Galles<ref name="chronology" />.
En 1792, il rencontre l'architecte John Soane et Modèle:Nobr, deux hommes qui resteront proches de l'artiste<ref name="chronology" />.
En 1793, Turner reçoit le prix de la « Greater Silver Palette » par la Royal Academy<ref name="chronology" />. Il profite de l'été pour visiter Hereford et Tintern<ref name="chronology" /> et de l'automne pour le Kent et le Sussex<ref name="chronology" />.
En 1794, il voyage dans les Midlands et le Nord du pays de Galles<ref name="chronology" />. La même année, il fait la rencontre de l'artiste Thomas Girtin<ref name="tatebio" />.
D'un style alors plutôt rigoureux, il expose en 1796 sa première peinture à l'huile, Pêcheurs en mer, à la Royal Academy. Cette peinture de marine d'une scène nocturne au large des Needles de l'île de Wight est à la fois réaliste par l'effet de Lune et de ses reflets sur la mer et romantique par son atmosphère. Elle marque également par son fort contraste. Selon le conservateur Andrew Wilton, ce tableau est Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref> et montre une forte influence d'artistes tels que Horace Vernet, Philippe-Jacques de Loutherbourg, Peter Monamy ou encore Francis Swaine. L'huile sur toile est saluée par les critiques contemporaines et installe la réputation de Turner, à la fois comme un peintre à l'huile et peintre de marine.
C'est aussi à partir de cette année, 1796, qu'il expose chaque année à la Royal Academy<ref name="Meslay11" />, et ce jusqu'à la fin de sa vie. En tout, deux cent soixante aquarelles et peintures seront exposés par Turner à cet événement<ref name="SaussetFaucon23" />. Toujours en 1796, il se rend à Brighton<ref name="chronology" />.
En 1798, il visite le Kent avec le révérend Robert Nixon et Stephen Peter Rigaud, puis le pays de Galles à nouveau<ref name="chronology" />. Toujours en 1798, il décide de tout faire pour devenir membre de la Royal Academy<ref name="Meslay10" />. Si son talent est déjà reconnu, sa jeunesse est un frein<ref name="Meslay10" />. Il doit alors faire une véritable campagne pour obtenir les faveurs des membres de l'institution<ref name="Meslay10" />,<ref name="SaussetFaucon23" />.
En 1799, il est recommandé au diplomate Thomas Bruce pour être son dessinateur en Grèce, mais Turner n'accepte pas les conditions et l'Italien Giovanni Battista Lusieri est choisi à sa place<ref name="chronology" />. En août et septembre, il travaille pour l'écrivain William Thomas Beckford qui lui achète plusieurs œuvres topographiques de son abbaye de Fonthill<ref name="chronology" />,<ref name="tatebio" />, puis en octobre, il visite de nouveau le Nord du pays de Galles, puis le village de Knockholt<ref name="chronology" />. La même année<ref name="chronology" />, il est finalement élu membre associé le Modèle:Date<ref name="Meslay10" />, à Modèle:Nobr<ref name="SaussetFaucon23">Modèle:Harvsp.</ref>. Au-delà du prestige, c'est l’occasion pour lui de donner ses lettres de noblesse à la peinture de paysage, alors un courant mineur, à l'inverse de la tradition de la peinture d'histoire<ref name="Meslay11">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="SaussetFaucon23" />.
Un appui important pour son travail vient de Walter Fawkes, de Farnley Hall près d'Otley dans le Yorkshire, dont il devient un ami proche. Turner avait rendu visite à Otley en 1797, lorsqu’il avait Modèle:Nobr, alors qu'il devait peindre des aquarelles de la région. Il aime tellement Otley et sa région qu'il va y revenir régulièrement le long de sa carrière. La toile de fond de Hannibal traversant les Alpes est réputée comme ayant été inspirée par une tempête sur le Chevin à Otley, alors qu'il se trouvait à Farnley Hall.
Les années 1790 sont marquées par l'influence du travail sur le paysage de Richard Wilson, lui-même inspiré par Claude Gellée<ref name="Meslay11" />. Le tableau Château de Dolbadarn, nord du pays de GallesModèle:Incise ou encore Paysage avec le père de Psyché sacrifiant à Apollon en reprennent des caractéristiques<ref name="Meslay11" />.
Exemples d'œuvres de Turner au début de sa carrière
Ses tableaux, paysages et marines d'Angleterre, permettent à Turner d'avoir obtenu rapidement une grande réputation et donc cette consécration. Le Modèle:Date-<ref name="chronology" />, Turner obtient le titre d'académicien royal<ref name="tatebio" /> et son talent lui apporte une reconnaissance et un confort<ref name="tatebio" />. De juillet à Modèle:Date-, après la paix d'Amiens, il est financé pour visiter la France, la Savoie et la Suisse<ref name="chronology" />. À Paris, il visite le musée du Louvre<ref name="tatebio" /> et étudie de nombreuses toiles de maîtres dont Claude Gellée et Nicolas Poussin<ref name="Meslay11" />.
En 1803, l'influent critique et peintre amateur George Beaumont défend une peinture académique et devient l'un des critiques les plus véhéments du style de Turner<ref name="tatebio" />.
À partir d'Modèle:Date-, Turner ouvre sa galerie, au coin de Harley Street et de Queen Anne Street<ref name="tatebio" />. Il y place un judas lui permettant d'observer les réactions du public devant ses œuvres<ref name="artmatters" />. Quelques jours avant l'ouverture, sa mère meurt à l'asile<ref name="tatebio" />.
L'année suivante, il séjourne à la Syon Park House Estate d'Isleworth, en grande banlieue de Londres, et visite par bateau la Tamise, esquissant des aquarelles et huiles de la nature environnante<ref name="tatebio" />. En décembre, il travaille sur une esquisse du Modèle:HMS quand il revient dans le Medway après la bataille de Trafalgar<ref name="tatebio" />. La victoire des Britanniques est l'un des tournants des guerres napoléoniennes qui conforte également la suprématie britannique sur les mers. L'artiste traitera de cette bataille dans plusieurs œuvres restées célèbres.
En 1806, il se rend à Knockholt dans le Kent<ref name="tatebio" /> et travaille, en collaboration avec le graveur en manière noireCharles Turner (avec qui il n'entretient aucun lien de parenté), sur un recueil d'estampes, Liber Studiorum, duquel les premières planches sont publiées en 1807<ref name="SaussetFaucon116" />.
Il est élu en 1807 professeur de perspective à la Royal Academy of Arts<ref name="tatebio" />. Jusqu'en 1828, il y présente plusieurs conférences par an<ref name="SaussetFaucon24" />. Il recherche notamment à transmettre son goût pour les peintures de paysage aux élèves<ref name="SaussetFaucon23" />. Il s'appuie sur une série de "diagrammes", tels que le diagramme no 26 qui montre l'Intérieur de la grande salle de Somerset House<ref>Diagramme 26, Tate Britain</ref>, et le diagramme no 76 qui représente l'intérieur du mausolée de Brocklesby Park, près de Crowle, Lincolnshire<ref>Diagramme 76, Tate Britain</ref>.
Turner achète un terrain à Twickenham en 1807 et y fait construire la Sandycombe Lodge à partir de 1812<ref name="tatebio" />. Entretemps, en 1810, il déménage dans une maison qu'il a fait construire au 47 Queen Anne Street<ref name="SaussetFaucon69">Modèle:Harvsp.</ref>. Maison, studio et galerie, il y habite jusqu'en 1846<ref name="SaussetFaucon69" />. Vers les dernières années, la maison Modèle:Incise est remarquée pour être dans un état particulièrement vétuste<ref name="SaussetFaucon69" />.
En 1819, il intègre le conseil d'administration de la Royal Academy of Arts<ref name="SaussetFaucon116" />.
La même année 1819, il visite l'Italie, il étudie des œuvres de Titien, Raphaël ou encore Canaletto<ref name="Meslay11" />. Venise, où il séjourne à trois reprises (en 1819, 1829 et 1840), lui est une importante source d'inspiration. Ses expositions se transforment en performance où il n'est pas rare de le voir peindre et reprendre ses tableaux alors même qu'ils sont exposés, le tout devant un public médusé<ref name="Meslay97">Modèle:Harvsp.</ref>.
Il avait déjà séjourné en 1809, à Petworth House, à l’intérieur des terres de Chichester dans le West Sussex, invité par le comte d'Egremont qui avait commencé une importante collection de ses peintures. Il y revient en 1827 et souvent jusqu'à la mort du comte en 1837, se voyant même attribuer une chambre pour son atelier. Il y travaille à une série de quatre tableaux sur un format double carré dans la salle sculptée de Petworth, donnant sur le lac<ref>Notice Chichester, Tate Britain</ref>.
Lors de son voyage en Italie en 1828, il retourne à Rome et travaille cette fois à la peinture à l'huile. Il s'installe dans un atelier Piazza Mignanelli, avec un peintre de ses amis, Charles Eastlake<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Celui-ci a dit à Thornbury que Turner « y avait peint la « Vue d'Orvieto », le « Regulus » et la « Médée »<ref>Notice Southern landscape, Tate Britain</ref>.
En 1838, Turner réalise sa peinture la plus célèbre<ref>Modèle:Harvsp</ref> : Le Dernier Voyage du Téméraire<ref name="Meslay102">Modèle:Harvsp.</ref>. Le tableau, exposé pour la première fois à la Royal Academy of Arts en 1839<ref name="Meslay102" />, dépeint l'un des derniers navires de ligne de deuxième rang qui a joué un rôle capital dans la bataille de Trafalgar, le Modèle:HMS, tracté par un remorqueur à vapeur muni de roues à aubes vers Rotherhithe pour y être détruit. Ici, Turner peint la fin d'une ère, celle de ce navire de ligne vétéran des guerres napoléoniennes. Cette œuvre, avec d'autres, témoigne de la fascination de Turner pour le monde moderne et la révolution industrielle tout en montrant son talent pour la mise en scène, puisqu'il n'a pas assisté au remorquage du Temeraire<ref name="Meslay102" />. La peinture, qui pourrait également représenter le déclin de la marine britannique<ref>Modèle:Lien web.</ref>, est saluée par la critique et reçoit les honneurs de John Ruskin et William Makepeace Thackeray<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. C'est aussi l'une des œuvres préférées du peintre : il la prête une fois puis refuse de le faire à nouveau. Il refuse de la vendre pour, à sa mort, la léguer à la nation britannique<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Turner peint en 1840 l'un de ses tableaux les plus engagés : Le Négrier, lequel traite du sort des esclaves et la façon dont ils étaient traités à cette époque<ref name="Meslay100">Modèle:Harvsp.</ref>. Le thème de l'œuvre s'inspire du massacre du Zong et est un pendant artistique possible à l'autre peinture Fusées et signaux bleus<ref name="Meslay101">Modèle:Harvsp.</ref>.
En 1842, Turner réalise Paix - Funérailles en mer dont le sujet est « l'enterrement » en mer d'un de ses amis, l'artiste David Wilkie<ref name="Meslay104">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="tate" />. Le tableau contraste avec sa palette de noirs saturés avec son pendant, Guerre. L'Exilé et l'Arapède<ref name="tate">Modèle:Lien web.</ref>. Les deux œuvres sont à l'époque critiquées pour leur manque de finition<ref name="tate" />.
Pluie, Vapeur et Vitesse est peint en 1844 et montre une autre image du progrès et de l'industrie moderne. La toile représente en effet une locomotive passant sur le Maidenhead Railway Bridge, un pont de chemin de fer enjambant la Tamise, à Maidenhead. Turner est à l'époque l'un des rares artistes à s'intéresser au train<ref name="Meslay104" />.
En 1845, il devient président de la Royal Academy mais son enthousiasme est freiné par la charge qui accompagne cette nouvelle fonction<ref name="SaussetFaucon24" />. Dans la même période, Turner réalise un groupe de tableaux inachevés ou expérimentaux. Il ne souhaitait pas les montrer, en tout cas en l’état et ils représentent son dernier style, où son art grandit en richesse, vivacité et audace<ref>Notice du Louvre</ref>.
En 1846, il se retire de la vie publique, vivant discrètement à Cheyne Walk sous le pseudonyme de « Mr Booth » ou « amiral Booth », du nom de sa compagne Sophia Caroline Booth (1798–1875), alors que ses amis pensent qu'il habite toujours dans sa maison au 47, Queen Ann Street<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il expose une dernière fois à la Royal Academy of Arts en 1850, un an avant sa mort.
Turner demeure attaché à son identité londonienne et conservera l'accent cockney toute sa vie<ref name="tatebio" />. Il est décrit comme rustre<ref name="Meslay10" /> ou avare<ref name="SaussetFaucon106" /> et, avec l'âge, devient de plus en plus excentrique et taciturne. Il est aussi un grand buveur<ref name="artmatters">Modèle:Lien web.</ref> et un amateur de chats<ref name="artmatters" />.
Il a peu d'amis et de proches à l'exception de son père, qui travaille pour son fils comme assistant et habite avec lui jusqu'à sa mort en 1829. Son décès affecte beaucoup Turner, qui est dès lors sujet à des accès de dépression.
Il ne se mariera jamais mais a une relation avec la veuve d'un musicien, Sarah Danby, plus âgée que lui. Il est soupçonné d'être le père de ses deux filles, Evelina et Georgiana, nées en 1801 et 1811<ref name="tatebio" />, même si des recherches plus récentes indiqueraient qu'elles sont les filles de son père, et donc ses demi-sœurs<ref name="tatebio" />. Plus tard, à partir de 1833, il a une relation avec Sophia Caroline Booth, après la mort du second mari de celle-ci et vit pendant environ dix-huit ans dans sa maison à Chelsea<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Turner voyage beaucoup tout au long de sa carrière, d'abord en Angleterre et en Écosse, puis en 1802, en France<ref name="Meslay11" />, en Belgique<ref name="Meslay11" />, en Suisse<ref name="Meslay11" />, aux Pays-Bas<ref name="Meslay11" />, dans l'empire d'Autriche (Prague et Vienne<ref name="SaussetFaucon116" />). Cette vie de voyage le démarque d'un peintre comme John Constable, plus sédentaire<ref name="Meslay11" />. Dans ce Grand Tour qui culmine avec les voyages en Italie en 1819, 1828, 1833 et 1840, il se Modèle:Citation.
Comme de nombreux contemporains, Turner est un amateur de tabac à priser. En 1838, le roi des Français, [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]], lui offre une boîte de tabac à priser en or<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Exemples de peinture de marine de Turner et l'évolution de son style
À sa demande, il est enterré dans la crypte de la cathédrale Saint-Paul de Londres où il repose aux côtés du peintre Joshua Reynolds<ref name="Meslay18" />. L'architecte Philip Hardwick, fils de son tuteur Thomas Hardwick, est chargé des arrangements funéraires<ref name="SaussetFaucon106" />. Une statue de marbre du sculpteur Patrick MacDowell y est érigée en 1862<ref name="tatebio" />, la même année de la publication de la première biographie de l'artiste par Modèle:Lien<ref name="tatebio" />.
Turner lègue dans son testament la totalité de ses œuvres à l'État britannique. Un de ses exécuteurs testamentaires, le poète et critique d'art John Ruskin qu'il a rencontré en 1840 (Ruskin est à l'origine d'un travail de recensement, de classement et de sauvegarde qui a beaucoup fait pour la postérité de l'artiste<ref name="SaussetFaucon116" />) donnera ainsi la majeure partie du legs (le fond de son atelier ainsi que toutes les huiles, dessins, aquarelles et gravures dans cet atelier, pour la plupart encore inconnues) à la National Gallery, future Tate Britain<ref name="SaussetFaucon106" />. Le musée a pour charge de les exposer en créant des salles<ref name="SaussetFaucon106" />.
Il souhaite aussi qu'une grande partie de sa fortune soit utilisée pour la construction d'un hospice pour les peintres âgés<ref name="SaussetFaucon106" />, projet qui ne verra pas le jour<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Une somme est aussi prévue pour un monument<ref name="tatebio" />. Il donne une rente annuelle à sa gouvernante et une autre pour la création d'une chaire d'enseignement de l'art paysager à la Royal Academy<ref name="SaussetFaucon106" />. Ses autres biens sont partagés entre les membres de sa famille<ref name="SaussetFaucon106" />. Sa générosité tranche ainsi avec sa personnalité supposée d'avare<ref name="SaussetFaucon106" />.
Il travailla d'abord la gravure avant l'aquarelle puis la peinture. D'après ses propres souvenirs, il fut marqué par une suite de 16 pièces gravées en clair-obscur d'Elisha Kirkall (1722) d'après Van de Velde le Jeune<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Andrew Wilton, Turner in his time, Londres, Thames & Hudson, 2006, Modèle:P..</ref>.
À partir de 1802, l'envie de voyager l'emmène sur le continent européen, principalement en France et en Suisse, d'où il rapporte, évidemment, des aquarelles mais aussi le goût pour certains artistes, comme le Lorrain et ses représentations de la mythologie. Turner peint ainsi des fresques antiques comme Didon construisant Carthage en 1815. Il s'inspire aussi du Liber Veritatis du Lorrain en ce qui concerne son ouvrage, Liber Studiorum, établissant ainsi une classification des différents types de paysages : Marine, Montagne, Pastorale, Historique, Architecturale et Pastorale épique<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Comparaison de tableaux de Turner avec des œuvres d'autres artistes
Il n'hésite pas à tester des combinaisons étranges d'aquarelle et d'huile ainsi que de nouveaux produits dans ses toiles<ref name="artmatters" />. Parfois, il utilise même des matériaux inhabituels comme le jus de tabac et la bière vieillie, avec pour conséquence la nécessité des restaurations régulières de ses œuvres<ref name="artmatters" />. Le peintre et critique d'art George Beaumont qualifie Turner et ses suiveurs comme Callcott de « peintres blancs » car ils mettent au point dès le début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle l'utilisation d'un fond blanc pour donner à leurs tableaux la fraîcheur des couleurs et la luminosité, permettant le passage direct des effets de l'aquarelle dans la peinture à l'huile, Modèle:Citation.
Son passage d'une représentation plus réaliste à des œuvres plus lumineuses, à la limite de l'imaginaire (Tempête de neige en mer), se fait après un voyage en Italie en 1819 (Campo Santo de Venise). Turner montre le pouvoir suggestif de la couleur, ainsi, son attirance pour la représentation des atmosphères le place pour des critiques d'art comme Clive Bell, comme un précurseur de la modernité en peinture et de l'impressionnisme<ref name="Note">Dès après avoir découvert l’œuvre de Turner à Londres, Claude Monet s’est immédiatement mis à utiliser ses techniques de lumière et de couleur dans ses propres œuvres. Voy. Ron H. Pahl, Breaking Away from the Textbook : Creative Ways to Teach World History, Lanham, Rowman & Littlefield, 2011, 286Modèle:Nb p., Modèle:ISBNModèle:P..</ref> jusqu'à devenir « le peintre des incendies ». Mais il peint rarement sur le motif contrairement aux impressionnistes, qui feront de cette pratique une règle. Il préfère en effet recomposer en atelier les nuances des paysages, aidé de sa grande mémoire des couleurs<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. D'autres critiques préfèrent pousser plus loin encore leur analyse en voyant dans l'absence de lignes et de points de fuite ou la dissolution de la forme dans la couleur, notamment dans les Modèle:Lien de Turner, les prémices de l'abstraction lyrique<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, voire de l'action painting en gestation<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Turner fixe les prix de ses œuvres lui-même<ref name="SaussetFaucon94">Modèle:Harvsp</ref>. Il poursuit néanmoins le fonctionnement en place à la Royal Academy qui fixe le prix en fonction de la taille de la toile<ref name="SaussetFaucon94" />. Ainsi vers 1800, une œuvre type, de Modèle:Dunité, vaut Modèle:Unité<ref name="SaussetFaucon94" />. La renommée de Turner évoluant, le prix de ses œuvres s'adapte, mais il en conserve certaines malgré des prix très élevés, à l'exemple de Lever de soleil dans la brume (vers 1844) ou du Dernier Voyage du Téméraire (1838)<ref name="SaussetFaucon94" />. Du vivant de l'artiste, ce sont les toiles Pas de Calais et Bateaux de pêcheurs avec des négociants qui sont les mieux vendues avec Modèle:Unité en 1851, soit Modèle:Unité<ref name="SaussetFaucon94" />. L'inflation importante du prix des œuvres de Turner est aujourd'hui liée au fait que l'essentiel d'entre elles sont invendables, puisque propriétés de l'État britannique<ref name="SaussetFaucon94" />.
Turner a peu l'habitude de signer ses œuvres<ref name="SaussetFaucon102">Modèle:Harvsp.</ref>. Selon la période, les signatures « W Turner », « W m Turner » ou même « William Turner » se retrouvent<ref name="SaussetFaucon102" />. Après son élection à la Royal Academy, il signe « JMW Turner » avec généralement la mention « RA » ajoutée, de même que « PP » lorsqu'il devient professeur de perspective<ref name="SaussetFaucon102" />. Les signatures se font beaucoup plus rares à partir de 1840, probablement parce que le style de l'artiste est tellement reconnaissable qu'il peut s'en dispenser<ref name="SaussetFaucon102" />. Certaines œuvres comme Dogana et Madonna della Salute, Venise (1843) comportent ses initiales en trompe-l'œil<ref name="SaussetFaucon102" />. Par facétie, il signe aussi par un vol d'oiseaux ou un canard, son deuxième prénom Mallord ressemblant au mot mallard qui désigne le canard colvert en anglais<ref name="SaussetFaucon102" />. Modèle:Pas clair.
1803 : Fête pour l'ouverture des vendanges à Mâcon, Modèle:Dunité, Graves Art Gallery (Sheffield)<ref>Source : Pierre-Aimé Bargaud, Deux tableaux exposés dans des musées anglais qui intéresseront les Mâconnais, revue « Images de Saône-et-Loire » Modèle:N° (hiver 1978-1979), Modèle:P..</ref>
La diffusion du travail de Turner passa en premier lieu par la production d'estampes interprétant ses toiles. Parmi les premiers et talentueux graveurs, on compte Robert Wallis (1794-1878)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Dans l'épisode Un indice de trop de la série Hercule Poirot (1991), le célèbre détective souhaite inviter la comtesse Vera Rossakoff à visiter la collection Turner.