Tchéka

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Emblème de la Tchéka puis du KGB : l'épée et le bouclier.

La Tchéka (en Modèle:Lang-ru, Modèle:IPA2) est la police politique créée le Modèle:Date (Modèle:Date selon le calendrier julien alors utilisé localement) en Russie sous l'autorité de Félix Dzerjinski pour combattre les ennemis du nouveau régime bolchevik. Son organisation était décentralisée et devait seconder les soviets locaux. En Modèle:Date, elle fut renommée « Guépéou » (puis Oguépéou fin 1923), et fut absorbée en 1934 par le NKVD.

Dénomination

Tchéka est l'acronyme de « Commission extraordinaire » (en Modèle:Lang-ru), forme abrégée de « Commission extraordinaire panrusse pour la répression de la contre-révolution et du sabotage » (en Modèle:Lang-ru).

Formation

Les circonstances

Le Modèle:Date, Lénine revient clandestinement à Pétrograd : le Comité central vote le projet d'une insurrection par dix voix contre deux et un bureau politique est créé pour conduire l'insurrection prévue pour le Modèle:Date-. Deux jours après la prise de pouvoir, Lénine applique le décret du gouvernement Kerensky du Modèle:Date- sur la liberté de presse contre sept journaux appelant à l'insurrection armée contre le nouveau pouvoir<ref name="JR">John Reed, Dix Jours qui ébranlèrent le monde, 1919.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Ce décret entérine une occupation des presses par les ouvriers des imprimeries. Cette mesure est souvent présentée comme le prélude à la terreur "rouge" par certains historiens, mais contesté par d'autres. Ainsi Marc Ferro : « contrairement à la légende, la suppression de la presse bourgeoise ou des feuilles SR n'émane ni de Lénine ni des sphères dirigeantes du parti bolcheviks » mais « du public, en l'occurrence des milieux populaires insurgés »<ref name="MF">Marc Ferro, La Révolution de 1917, 1997, Albin Michel.</ref>.

Les bolchéviks et leurs alliés Socialistes-Révolutionnaires de gauche s’efforcent de réduire par la négociation tous les soulèvements, même armés (les soldats rouges ont ordre de ne pas tirer les premiers). Les bolcheviks entendent ainsi démontrer à tous qu’ils ne veulent pas la guerre civile. Des officiers et junkers faits prisonniers, et même des généraux comme Krasnov, sont libérés aussitôt contre leur parole de ne pas reprendre les armes contre les soviets. C'est la même attitude qui opère dans l'ensemble des villes russes insurgées, y compris à Moscou où les Blancs ont fusillé sans autre forme de procès les ouvriers d'entretien du Kremlin»<ref name="VS">Victor Serge, L'an I de la révolution russe,Modèle:P., 2007, Agone .</ref>. Mais la plupart, à peine libérés, trahiront leur parole et formeront les cadres de l’armée blanche dans les mois suivants.

C'est ce qui fait dire à Lénine : « Est-il impossible de trouver parmi nous un Fouquier-Tinville qui dompterait la violence des contre-révolutionnaires ? » Les dirigeants du parti KD (cadets), qui appellent à la contre-révolution armée, sont arrêtés.

La première force armée bolchevique fut le comité révolutionnaire du soviet de Pétrograd, qui réunissait l'ensemble des gardes rouges de la ville et des marins de Cronstadt. Il organisa l'insurrection armée avec le soutien du congrès pan-russe des Soviets réuni à Petrograd au même moment. Animée, entre autres, par Trotsky celui-ci déclare plus d'un mois plus tard, une semaine avant la création de la Tchéka : « Vouloir renoncer à toutes les répressions en pleine guerre civile signifie renoncer à la guerre civile »<ref>E. H. Carr, La révolution bolchevique, 3 vol., 1969-74, Éd. minuit.</ref>, marquant ainsi un changement de perspective face aux premiers raids blancs dans le sud.

Création

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Moïsseï Ouritski, officier de la police politique.

Dès les 26-Modèle:Date-, le comité révolutionnaire du soviet de Pétrograd devient un sous-comité du Comité central exécutif et assure les emplois de sécurité comme la « lutte contre les actions contre-révolutionnaires » définies comme « le sabotage, le recel de vivres, le pillage délibéré des cargaisons ». Chargée d'interroger les suspects, une section spéciale est créée sous la responsabilité de Félix Dzerjinski, qui était chargé de la sécurité à Smolny. Puis la section se transforme en « Commission extraordinaire de toutes les Russies », la Tchéka, dont la mission est de combattre la contre-révolution et le sabotage.

Le 7/Modèle:Date, le Conseil des commissaires du peuple, après avoir examiné le projet de Dzerjinski écrivit dans sa décision : Modèle:Citation

Le Modèle:Date, Modèle:Qui donnait l'instruction : Modèle:Citation bloc Modèle:Refnec.

Fondée à Pétrograd, la Tchéka compte Modèle:Unité en Modèle:Date- quand elle s'installe à Moscou, un millier en Modèle:Date-<ref>Orlando Figes, La Révolution russe : 1891-1924 : la tragédie d'un peuple, Modèle:P., Denoël, 2007.</ref>, 40 000 hommes fin 1918, et 280 000 début 1921<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Par comparaison, la police secrète impériale, l'Okhrana, qui passait pour être l'organisation la plus importante de ce genre dans l'ancien monde, comptait 1 500 agentsModèle:Référence souhaitée.

La vitesse à laquelle la Tchéka s'élargit est stupéfiante : Modèle:Citation<ref>Paul Johnson, op. cit., p. 80.</ref>. Alors que sous l'Empire, l'Okhrana devait remettre ses prisonniers pour jugement par les tribunaux ordinaires, la Tchéka contrôle les tribunaux spéciaux et influe sur leurs verdicts<ref>Paul Johnson, op. cit., Modèle:P..</ref>Modèle:Source insuffisante. Par ailleurs, dès ses premiers mois de formation, la Tchéka va tester ses premiers camps de concentration et de travail. Les bourgeois, hommes et femmes doivent être rassemblés et envoyés à Pétrograd creuser des tranchées pour la défense<ref>Carr, op. cit., I, Modèle:P..</ref>. Ils vivent dans des camps sous surveillance permanente, et lorsque la Tchéka obtient le contrôle du travail obligatoire, les camps commencent à proliférer aux abords des villes, dans tout le pays.

Le siège central de la Tchéka est situé à Moscou dans le bâtiment de la Loubianka (rue Grande-Loubianka) qui a abrité toutes les polices politiques de l'URSS jusqu'en 1991. D'abord situé à Pétrograd et dirigé par Moïsseï Ouritski, assassiné le Modèle:Date dans un attentat, l'édifice se situe sur la place nommée alors Dzerjinski, en l'honneur du premier et unique directeur de la Tchéka.

Activités

Modèle:Article général Selon Nicolas Werth, la première opération de la Tchéka consiste à briser la grève des fonctionnaires de Pétrograd. Dzerjinski justifie l'opération : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Officiellement, la Tchéka est chargée de la contre-subversion et du contre-espionnage. Dans les faits, elle s'attaque également aux partis de gauche (mencheviks, socialistes-révolutionnaires, anarchistes<ref>Répression de l'anarchie en Russie soviétique, notice 44, Libertaire, années 1924-1926, Notes D. Dupuy.</ref>,<ref>Paul Avrich, « The Russian anarchists and the Civil War », The Russian Review, volume 27, 1968.</ref>,<ref>Voline, La Révolution inconnue 1917-1921 & « note sur la répression politique » {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}, Berlin, 1923.</ref>) et aux couches populaires : les citadins affamés qui tentent d'échanger quelques produits dans les campagnes contre de la nourriture sont arrêtés pour « spéculation », les ouvriers en grève, les déserteurs de la toute récente Armée rouge, les paysans rétifs aux réquisitions… La peine de mort est réintroduite en juin 1918 mais les exécutions arbitraires sont courantes<ref>Sabine Dullin, Histoire de l'URSS, éd. La Découverte, 2003, Modèle:P..</ref>.

Selon Pierre Broué, c'est à partir de Modèle:Date-, au moment de l'offensive allemande, que la Tchéka commence vraiment à frapper<ref>Modèle:Citation, Pierre Broué, « La guerre civile et le communisme de guerre », dans Le parti bolchévique (1963).</ref>. La répression s'aggrave en juillet, après l’assassinat de V. Volodarski par des socialistes-révolutionnaires. Mais c'est au cours de l'été 1918, que le cours des choses prend un tour brutal, avec l’insurrection des SR de gauche de Moscou et une série d’attentats contre les dirigeants bolcheviques : Moïsseï Ouritski est assassiné le Modèle:Date- et Lénine grièvement blessé par Fanny Kaplan, elle-même sommairement exécutée peu après.

Disant s'inspirer de l'exemple des jacobins de la Révolution française, les dirigeants bolcheviques déclarent opposer à la « terreur blanche » la « terreur rouge ». Selon la Tchéka elle-même, il y a 22 exécutions dans les six premiers mois de 1918, mais 6 000 pour les six derniers. Bien que ces chiffres soient probablement largement sous-estimés, ils montrent l'intensification de la répression à partir du début de la guerre civile.

Thierry Wolton déclare que la Tchéka est quasiment toute puissante, sans possibilité de critique, d'où les nombreux abus dans ses rangs. Bon nombre de criminels de droit commun ont rejoint la Tchéka, qui permet de procéder à des réquisitions en toute impunité mais aussi d’obtenir de meilleures rations alimentaires et l'assurance de ne pas être envoyé au front<ref>Histoire Mondiale du Communisme. T. 1 : Les Bourreaux</ref>.

La constitution des armées blanches de Krasnov, Denikine ou Koltchak en Modèle:Date-, la révolte de la Légion tchèque à l'est, l'intervention étrangère dans les ports de Russie, enfin l'éclatement de la guerre civile russe en juillet-août, ainsi qu'une insurrection des SR de gauche à Moscou le Modèle:Date- suivie d'une vague d'attentats, mettent la Russie rouge dans une situation d'encerclement complet. Le Modèle:Date-, la Tchéka met la « terreur rouge » à l'ordre du jour. Les massacres de milliers de prisonniers, d'otages et de suspects ont déjà commencé à travers les villes de Russie bolchevique. Pendant ces équivalents russes des massacres de septembre 1792 français, la Tchéka exécute environ 13 000 personnes, majoritairement des nobles et des ecclésiastiques<ref>Sabine Dullin, Histoire de l'URSS, op. cit., Modèle:P. : « La Terreur rouge ».</ref>, soit deux fois plus que le nombre d'exécutés (6 321 personnes) sous le régime tsariste durant les 92 ans précédant la révolution d'Octobre (1825 à 1917)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:Date-, le Comité central du parti bolchevique discuta d'un nouveau statut de la Tchéka. Boukharine, Olminski et Petrovski, commissaire du peuple à l'Intérieur, demandèrent que fussent prises des mesures pour limiter les Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Mais bientôt, le camp des partisans inconditionnels de la Tchéka reprit le dessus. Y figuraient, outre Dzerjinski, les dirigeants du parti Sverdlov, Staline, Trotsky et Lénine. Le Modèle:Date, sur proposition de Lénine, le Comité central adopta une résolution interdisant à la presse bolchevique de publier des « articles calomnieux sur les institutions, notamment sur la Tchéka, qui accomplit son travail dans des conditions particulièrement difficiles ». Ainsi fut clos le débat.

La Tchéka est dissoute en février 1922 et laisse place à la GPU.

La répression des anarchistes

Une partie des anarchistes, favorables à la destruction de l'ordre établi par la violence, participèrent au renversement du tsarisme et même du gouvernement d'Alexandre Kerensky. Mais dès 1918, la Tchéka commença la répression à leur encontre, notamment à la suite de projets d'attentats anarchistes et d'actions contre le pouvoir bolchevik<ref>Dictionnaire du communisme, Larousse à présent, Modèle:P..</ref>.

Espionnage extérieur

Le Département étranger (INO) de la Tchéka près le soviet des commissaires du peuple (SNK) – gouvernement de la république socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR) a été créé dès le printemps 1920<ref>Article par Serguei Jirnov : « Qu'est-ce que les espions de Yassénévo fêtent le 20 décembre ? Что шпионы из Ясенево празднуют двадцатого декабря? »</ref>, d’abord au sein du Département spécial de Tchéka. En été 1920, il fonctionnait déjà, mais son travail était jugé insuffisant par le Politburo (décision de Modèle:Date-). Une réorganisation a commencé dès septembre. Une commission a été créée pour cela. Le Modèle:Date-, Dzerjinski signe le premier ordre de réorganisation. C’est la date de son deuxième ordre no 169 du Modèle:Date- que les partisans de la Tché-Ka ont retenu comme le jour de naissance de l’espionnage politique soviétique.

Les opérations à caractère d'espionnage avaient déjà été pratiquées par la Tchéka dès 1918, mais la création officielle de l’INO a donné à l’espionnage politique une existence administrative officielle .

Dans les arts et la culture

Littérature

Filmographie

Cinéma

Télévision

Documentaire

Notes et références

Modèle:Références

Bibliographie

Modèle:Légende plume

  • E. Pierremont (traducteur), Tche-Ka. Documents et témoignages de 1922 sur la liquidation bolchevique de l'opposition socialiste, Ressouvenances, 2004 Modèle:Isbn (fac-similé de l'édition originale parue en 1922 à Paris).
  • Sergueï Melgounov, La Terreur rouge en Russie, 1918-1924, Paris, Éditions des Syrtes, 2004, 361 p. Modèle:Isbn (fac-similé de l'édition française parue en 1927, à Paris).
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} George Leggett, The Cheka: Lenin's political police: the All-Russian extraordinary commission for combating counter-revolution and sabotage, December 1917 to February 1922, New York, Oxford University Press, 1981, 534 p.
  • Nicolas Werth, « Qui étaient les premiers tchékistes ? », Cahiers du monde russe et soviétique, Modèle:Vol., no 4, octobre-Modèle:Date-, Modèle:P..
  • Modèle:Ouvrage. Modèle:Plume

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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