Écu (monnaie)
L'écu est une monnaie française créée au Moyen Âge, d'abord en or puis en argent, et qui fut utilisée jusqu'à l'époque moderne : à l'origine, elle était ornée d'un motif représentant les armes du royaume de France inscrites dans un bouclier stylisé.
Le terme « écu », à l'usage, finira par désigner dans le langage courant, la pièce de 5 francs français, et ce, jusqu'au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.
Étymologie
En français, l'étymologie de ce mot est commune avec l′escudo que l'on trouve au Portugal et en Espagne, à savoir le bouclier, sur lequel étaient peintes les armes du prince, aussi bien qu'avec les mots français « écu », « écusson » ou « écuyer ».
En France, où ce type de pièce apparaît en 1263, le nom d'écu est initialement attribué à des monnaies en or d'une valeur de trois livres tournois puis, à partir de la fin du règne de Modèle:Souverain2, l'édit de 1640 institua le terme « écu blanc » pour désigner une grande pièce d'argent, toujours d'une contre-valeur de trois livres (ou soixante sols) et inspirée du thaler. En France, le terme de pistole désignait d'abord l'écu espagnol. La création de l'écu d'or sous le règne de Louis IX est, en termes économiques, une réponse à la suprématie du sequin vénitien et du fiorino d'oro de Florence.
Une nouvelle série de réformations furent instituées sous Modèle:Souverain-. La valeur de l'écu d'argent passa à quatre livres puis, sous Modèle:Souverain2, sa valeur monta à six livres. La refonte monétaire de 1795 réduisit de près de 5 g le poids d'argent initial pour frapper la nouvelle pièce de cinq francs.
Par la suite, le terme « écu » se perpétua et désigna communément toutes les pièces de type cinq francs en argent (production arrêtée en 1878) et tomba en désuétude dans les années 1920.
Lors des discussions sur la création d'une monnaie fiduciaire européenne en 1979, le premier terme choisi, European Currency Unit, dont les initiales étaient ECU, rappela de vieux souvenirs aux francophones mais, finalement, à l'initiative du chancelier allemand Kohl, le nom de l'unité monétaire européenne retenu fut euro car en Allemagne, le nom de cette monnaie se serait prononcée « Modèle:Langue », proche homophoniquement de « Modèle:Langue » (en français : « une vache »).
Histoire de l'écu
En 1262, la réforme monétaire de Modèle:Souverain2 unifie les différents monnayages du Royaume. Elle affirme la suprématie de la livre tournois sur la livre parisis et étend le cours légal de la livre tournois à tout le royaume. Les monnaies féodales n'ont plus cours que sur le territoire de leur émetteur. La livre tournois vaut alors 20 sous ou gros tournois de Modèle:Nobr d'argent à 958/1000e soit 20 x 4,044 = Modèle:Nobr d'argent fin (ou environ Modèle:Nobr d'or au cours de l'or variant à l'époque autour de Modèle:Nobr d'argent pour Modèle:Nobr d'or<ref>Wailly, Mémoire sur les variations de la livre tournois, p. 222.</ref>).
En 1263, il fait frapper le denier d'or à l'écu, d'un poids moyen de Modèle:Nobr d'or<ref>Description des monnaies du Cabinet des Médailles.</ref>, la première émission d'or depuis plus de 250 ans, dont le nom fut abrégé en écu. Avec sa représentation de l'écu de France, symbole de l'unification du Royaume, cette monnaie devint l'étalon de référence. En effet, l'écu en or a continué à être frappé sous les différents rois de France (de Modèle:Souverain- jusque Modèle:Souverain-), mais aussi par de nombreux seigneurs français et étrangers (en Aquitaine par Modèle:Souverain-, en Béarn par Gaston de Foix, en Navarre par Henri d'Albret, en Flandre par Philippe le Hardi, par Philippe le Bon, par les évêques de Cambrai, par les papes d'Avignon…).
Modèle:Souverain2 décida de réformer le système monétaire en 1640. Ce nouveau système était basé sur trois pièces :
- le louis d'or qui remplaça le franc en circulation depuis l'époque de Modèle:Souverain- le Bon ;
- le louis d'argent ou écu d'argent ;
- le liard, monnaie de cuivre, à partir de 1656 (démonétisation en 1856) ;
Ce système perdura globalement jusqu'à la Révolution.
Sur l'avers des écus figuraient les armoiries du royaume de France avec les fleurs de lis : d'abord un « semé » de fleurs de lis, sur l'écu d'or de Saint Louis, les écus d'or à la chaise de Modèle:Souverain- et de Jean le Bon, par après un blason aux trois lis sur l'écu d'or de Modèle:Souverain- en 1385 puis des écus écartelés aux armes de France et de Dauphiné de Modèle:Souverain- à Modèle:Souverain-.
À partir de 1610, Modèle:Souverain2, les écus frappés en Béarn et en Navarre portaient un écu écartelé aux armes de France et de Béarn-Navarre ou Navarre seule. Dans le Dauphiné, le Dauphin. En Bretagne, à la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, l'hermine.
Sous Modèle:Souverain- apparaît la série d'écus d'argent « de Flandre », frappés à Lille après son annexion par Modèle:Souverain-, avec un écu aux armes de France et de Bourgogne et inspiré du thaler du Saint-Empire romain germanique. Pendant le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, les armes de France symbolisées par le motif en écu devinrent ronde ou ovale, ornées de palmes et de lauriers.
L'écu de France était initialement surmonté d'une couronne, parfois d'un heaume au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, avec différents motifs, fleur de lis, moucheture d'hermine sur les pièces bretonnes, emblème du roi comme le porc-épic de Modèle:Souverain-, la salamandre de Modèle:Souverain-, le croissant d'Modèle:Souverain-), attributs de la royauté (sceptre et main de justice à partir du règne de Modèle:Souverain-, initiale du roi, K au Moyen Âge (Karolus en latin médiéval, puis C au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle).
Les différents types d'écu en or
Description de l'écu d'or de Modèle:Souverain- (1263 à 1270)
L'écu d'or de Modèle:Souverain2 présente un diamètre de 24 à Modèle:Nobr et poids moyen de Modèle:Nobr d'or. Cette émission est la première monnaie d'or française depuis plus de Modèle:Nobr.
- Avers : écu semé de six fleurs de lis posées 3, 2 et 1, dans un polylobe (8 lobes) aux angles rentrants fleuronnés. Légende circulaire : (croix) LVDOVICVS . DEI . GRACIA . FRANCOR . REX (ponctuation par double annelet).
- Revers : croix aux bras fleuronnés et feuillus, avec quadrilobe à quatre lobes et quatre pointes anglé en cœur, cantonnée de quatre fleurs de lis posées verticalement. Légende circulaire : (croix) XPC . VINCIT . XPC . REGNAT . XPC . IMPERAT (ponctuation par annelet) Le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande.
Description de l'écu d'or à la chaise de Modèle:Souverain- de Valois (1328 à 1350)
L'écu réapparut près d'un siècle plus tard, en 1346. L'écu d'or à la chaise de Modèle:Souverain2 a connu six émissions de 1337 à 1349. Son poids resta stable 4,53 grammes, mais sa valeur passa de 20 à Modèle:Nobr tournois.
- Sur son avers, Modèle:Souverain- assis dans une stalle gothique, couronné, vêtu du haubert et de la cotte d'armes, tenant de la main droite l'épée levée et de la gauche l'écu de France aux lis sans nombre, dans un polylobe cantonné de petits trèfles. Avec la légende « PHILIPPVS : DEI - .GRA. - FRANCORVM : REX », Philippe, roi des Francs par la grâce de Dieu.
- Sur son revers, une croix quadrilobée et fleuronnée, dans un quadrilobe orné de feuilles et cantonnée de quatre trèfles sans queue. Avec la légende « XPC VINCIT XPC REGNAT XPC IMPERAT », Le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande.
Description de l'écu d'or à la couronne de Modèle:Souverain- (1380 à 1422)
L'écu d'or à la couronne de Modèle:Souverain2 fut créé le Modèle:Date-. Huit émissions sont connues. Le poids de ce écu en or était de Modèle:Unité et sa valeur de Modèle:Nobr tournois.
- À l'avers, l'écu de France timbré d'un heaume couronné et la légende « KAROLVS DEI GRACIA FRANCORVM REX », Charles, roi des Francs par la grâce de Dieu.
- Sur le revers, une croix fleurdelisée et feuillue, avec étoile à cinq rais dans un losange curviligne en cœur, le tout dans un quadrilobe cantonné de quatre couronnelles et la légende « XPC VINCIT XPC REGNAT XPC IMPERAT », Le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande.
Sous le règne de Modèle:Souverain-, on frappa aussi le petit écu couronné et le demi-écu heaumé.
Description de l'écu d'or à la couronne de Modèle:Souverain- (1422 à 1461)
L'écu à la couronne, ainsi qu'un demi-écu à la couronne du même type fut également fabriqué sous le roi Modèle:Souverain2 le Victorieux. Cette monnaie d'or pesait Modèle:Unité.
- L'avers représente l'Écu de France couronné accosté de deux lis couronnés avec la légende « KAROLVS DEI GRACIA FRANCORVM REX », Charles, roi des Francs par la grâce de Dieu.
- Le revers représente une croix feuillue avec quadrilobe anglé en cœur, cantonnée de quatre couronnes, dans un double quadrilobe. Avec la légende « XPC VINCIT XPC REGNAT XPC IMPERAT », Le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande.
Description de l'écu d'or au soleil de Modèle:Souverain- (1461 à 1483)
Modèle:Souverain2 créa l'écu au soleil ou écu sol. L'écu sol avait un poids de Modèle:Nobr et valait Modèle:Nobr Modèle:Nobr tournois. Le Modèle:Date-, par ses lettres patentes, le roi ordonna la modification de valeur de neuf écu, pour Modèle:Nobr Modèle:Nobr, au lieu de Modèle:Nobr auparavant<ref>Lettres patentes de Modèle:Souverain-, Plessis-du-Parc-lèz-Tours, le Modèle:Date- (1472 avant Pâques).</ref>. Il modifia encore la valeur des monnaies, le Modèle:Date-<ref>Lettres patentes de Modèle:Souverain-, abbaye Notre-Dame-de-la-Victoire-lèz-Senlis, le 2 novembre 1475.</ref>. En effet, à cette époque-là, une meilleure qualité des monnaies françaises provoquait une considérable fuite des devises.
- L'avers représente l'Écu de France couronné sommé d'un soleil avec la légende « LVDOVICVS DEI GRA FRANCORVM REX », Louis, par la grâce de Dieu, roi des Francs.
- Le revers est composé d'une croix fleurdelisée avec quadrilobe en cœur et la légende « XPC VINCIT XPC REGNAT XPC IMPERAT », Le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande.
Description de l'écu d'or au soleil de Modèle:Souverain- (1483 à 1498)
L'écu d'or au soleil de Modèle:Souverain2 connut deux émissions pendant son règne. Sur la première émission figure une couronne avec initiales, tandis que sur la deuxième figure un lis avec initiales. À signaler les écus du Dauphiné (avec un dauphin et initiales) et de Dijon (avec une coquille et initiales). Les deux émissions ont gardé le même poids (Modèle:Unité) et la même valeur.
- L'avers représente l'Écu de France couronné sommé d'un soleil avec la légende « KAROLUS DEI GRA FRANCORVM REX », Charles, par la grâce de Dieu, roi des Francs.
- Le revers est composé d'une croix fleurdelisée avec quadrilobe en cœur et la légende « XPC VINCIT XPC REGNAT XPC IMPERAT », Le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande.
Description de l'écu d'or au soleil de Provence de Modèle:Souverain- (1498 à 1515)
L'écu d'or au soleil de Provence a la particularité d'avoir été frappé à Aix-en-Provence (voir marque de maître) pendant la période 1506-1515. La légende reprend le numéro ordinal du roi Modèle:Souverain2, c'est-à-dire Modèle:XII, et mentionne le titre de comte de Provence. La pièce pèse Modèle:Unité.
- L'avers représente l'écu de France couronné sous un soleil avec la légende « LVDOVICVS XII D G F REX PVIE COME », Louis, par la grâce de Dieu, roi des Francs et comte de Provence.
- Le revers est composé d'une croix fleurdelisée avec quadrilobe en cœur et la légende « XPC VINCIT XPC REGNAT XPC IMPERAT », Le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande.
Description de l'écu d'or de Béarn de François Fébus (1479 à 1493)
- L'avers est composé de l'écu de Béarn sommé d’un besant, accosté de deux épées, surmonté de la légende « FRANCISCVS FEBVS D G DNS BEARI », François Fébus, par la grâce de Dieu, seigneur de Béarn.
- Le revers reprend une croix fleuronnée cantonnée au 2 d’une épée, au 3 d’une F avec la légende « DOMINVS ILLUMINATIO MEA ET SAL », Le Seigneur est ma lumière et mon salut.
Description de l'écu d'or au soleil de Modèle:Souverain- (de 1515 à 1547)
- Type au soleil du Dauphiné, poids de 3,439 g.
- Type au soleil de Bretagne, poids de 3,41 g.
Description de l'écu d'or de Modèle:Souverain- (1560 à 1574)
- L'avers représente l'écu de France couronné avec la légende « CAROLVS VIIII D G FRANCO REX MDLXV », soit Modèle:Souverain2, par la grâce de Dieu, roi des Francs.
- Le revers est composé d'une croix fleurdelisée avec différent d'atelier dans un losange incurvé en cœur avec la légende « + CRISTVS REGNAT VINCIT ET IMPERAT », soit Le Christ règne, vainc et commande.
- Poids de 3,375 g.
Description de l'écu d'or de Modèle:Souverain- (de 1574 à 1589)
- En 1577, sous Modèle:Souverain2, l'écu vaut Modèle:Nobr, donc Modèle:Nobr tournois, et pèse Modèle:Unité d'or. En 1602, sous Modèle:Souverain-, il vaut Modèle:Nobr donc Modèle:Unité, pour le même poids.
Les différents types d'écu en argent
L'écu blanc
À partir de 1580<ref>Jean Dérens, « Écu d'argent » dans Encyclopædia universalis, en ligne.</ref>, le Conseil des monnaies décide la frappe d'un écu en argent qui vaut le 1/4 de celui en or, soit Modèle:Nobr. Ces frappes durèrent jusque sous le règne de Modèle:Souverain2.
Le Modèle:Date-, à la suite de la création du louis d'or (de fait le demi-louis, valant Modèle:Nobr ou Modèle:Nobr, et pesant Modèle:Nobr et Modèle:Nobr, soit Modèle:Nobr d'or à Modèle:Nobr), on appela les nouvelles pièces d'argent écu ou louis d'argent ou écu blanc d'une valeur de Modèle:Nobr, soit Modèle:Nobr.
L'écu de Modèle:Nobr
Modèle:... En 1689, le cours de l'écu blanc, une pièce en argent pesant 27,45 g, monta à Modèle:Nobr et Modèle:Nobr. En 1709, le cours passa à Modèle:Nobr, avant de se stabiliser aux alentours de six livres au milieu du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, après la faillite du système de Law (1720) et la réforme monétaire de 1734. La pièce en argent pèse désormais 29,488 g.
L'écu de 5 francs
Modèle:... Sous la Révolution, la réforme monétaire de 1795 fit remplacer l'écu blanc, alors d'une valeur de six livres par une pièce en argent d'une valeur de 5 francs de type Hercule pesant 25 g.
Le terme écu continua à qualifier dans le langage courant les pièces de cinq francs en argent (qu'on appelait également « pièce de 100 sous ») jusque dans les années 1930, avant de tomber en désuétude.
Articles connexes
- Franc français
- Italie : Scudo
- Espagne : voir Escudo espagnol, Doublon, Pièce de huit
- Portugal : voir Escudo portugais