Abu Lahab
`Abd al-`Uzza ibn `Abd al-Muttalib ibn Hicham al-Qurachî<ref>arabe : `abd al-`uzzā ben `abd al-muṭṭalib ben hišam al-qurašīy, Modèle:Langue</ref> (mort en 624) est l'un des demi-oncles paternels de Mahomet, surnommé Abû Lahab.
Une figure traditionnelle
Abu Lahab est une figure citée dans la sourate CXI du Coran, intitulée Al-Massad (La Corde torsadée en fibres). Certains théologiens mu'tazilites trouvaient « répréhensible » la présence de cette sourate et de certains versets dans le Coran contenant des malédictions. Pour eux, cela montre un caractère trop humain et non divin au Coran<ref name="M._Bar-asher">Bar-Asher M., "Abu Lahab", Dictionnaire du Coran, 2007, Paris, p.18-19.</ref>,<ref>Voir aussi : Gilliot, Claude. « Origines et fixation du texte coranique », Études, vol. tome 409, no. 12, 2008, pp. 643-652.</ref>.
Les savants musulmans font souvent le lien entre "Abou Lahab" et la traduction "Le père de la flamme". Cependant, "Lahab" ne signifie pas forcément la flamme. En effet, "Lahab" (لهب) est composé d'un "Lam" (ل) et de "Hab" (هب). "Hab" (هب) signifie "qui donne" et le "Lam" placé avant un nom signifie "plus que". Exemple : "Il (Salomon) dit: «Seigneur, pardonne-moi et fais-moi don d'un royaume tel que nul après moi n'aura de pareil. C'est Toi le grand Dispensateur» - قَالَ رَبِّ اغْفِرْ لِي وَهَبْ لِي مُلْكًا لَّا يَنبَغِي لِأَحَدٍ مِّن بَعْدِي إِنَّكَ أَنتَ الْوَهَّابُ" (Sourate Sad (38) - Verset 35). Un passage dans le Coran utilise le "Lam" de cette manière : "إِنَّ اللَّهَ لَقَوِيٌّ عَزِيزٌ - Allah est certes (plus que) Fort et Puissant" (Sourate Le Pèlerinage (22) - Verset 74). "Lahab" signifierait donc "Celui qui plus que donne", en référence à sa générosité et sa richesse. Dans la sourate La corde de fibres, le Coran mentionne que ses richesses et sa générosité ne lui serviront à rien face à l'Enfer car il était un ennemi acharné de Mahomet et de son message. Pour la plupart des savants qui suivent encore l'interprétation traditionnelle<ref name="P._Neuenkirchen_sourate111" />, il s'agit d'un surnom donné à l'oncle de Mahomet<ref name="M._Bar-asher" />. Celui-ci est l'un des opposants "les plus féroces du prophète de l'islam". Son nom serait 'Abd al-Uzzâ b. 'Abd al-Muttalib. Selon les traditions musulmanes, Mahomet aurait entretenu avec lui de bonnes relations avant sa mission prophétique. Deux de ses fils auraient été mariés (ou fiancés) à des filles de Mahomet. Les relations se seraient détériorées lors de l'exclusion de Mahomet par le clan de Banû Hashim. Selon ce qui ressort des sources et d'allusions coraniques, Abu Lahab serait un notable qui craignait que la réforme de Mahomet ne brise la stabilité sociale et économique de La Mecque<ref name="M._Bar-asher" />. Selon des traditions divergentes, il aurait jeté des pierres sur Mahomet, ou l'aurait maudit<ref name="P._Neuenkirchen_sourate111" />. Abu Lahab est mort peu après la bataille de Badr menée contre Mahomet<ref name="M._Bar-asher" />. Pour Lohmann, le surnom apparaît avec cette sourate : elle ne lui est pas antérieure<ref>Modèle:Article</ref>.
Interprétations du texte coranique
Néanmoins, pour Neuenkirchen, ce texte peut être interprété comme une malédiction contre des personnes historiques, si l'on suit la lecture traditionnelle, ou contre l'homme pécheur en général si l'on s'attache seulement au Coran<ref name="P._Neuenkirchen_sourate111" />. Cette forme "père+nom" est récurrente dans la langue arabe pour désigner un objet ou une qualité (Abu-Jabir, "père qui restaure", signifie "le pain"). Cela permettrait d'y reconnaître une portée générale<ref name="P._Neuenkirchen_sourate111" />. Pour Dye, Modèle:Citation<ref name="I._DEPRET_G._DYE" /> Pour Prémare, les Circonstances de la Révélation ont pour but d'expliquer a posteriori cette sourate qui reste énigmatique<ref name="P._Neuenkirchen_sourate111" />. Van Reeth considère le cas d'Abu Lahab comme « énigmatique » et son existence discutable<ref>Van Reeth J., "Sourate 33", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, p.1119 et suiv.</ref>.