Brahmane

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Fichier:Le défilé du Char de Ganesh (Paris) (2814368866).jpg
Un brahmane.
Fichier:The Americana; a universal reference library, comprising the arts and sciences, literature, history, biography, geography, commerce, etc., of the world (1908) (14765427265).jpg
Jeunes brahmanes.

Un brahmane (Modèle:MSAPI ; en sanskrit : Modèle:Langue Modèle:Langue, « lié au sacré »<ref>Gérard Huet, Dictionnaire Héritage du Sanscrit, version DICO en ligne, entrée « brāhmaṇa », lire: [1]. Consulté le Modèle:Date.</ref>) est un membre d'une des quatre castes (Modèle:Langue) définies par l'hindouisme, regroupant notamment les prêtres, les sacrificateurs, les professeurs et les hommes de loi Modèle:Incise (du moins, tous ceux qui ont fait vœu d'Ahimsâ). Le brahmane a pour devoir principal d'incarner le dharma, de le défendre, et de le faire respecter par les autres castes sacrées, afin de maintenir le bon ordre cosmique<ref name="Biardeau"/>. La caste des brahmanes représente environ 6 % de la population de l'Inde<ref name="DCI">Modèle:Source Frédéric DCI.</ref>.

La vie du brahmane se divise en quatre stades (ashrama). Lors de son enfance, il reçoit une initiation (upanayana) qui représente une deuxième naissance, il devient alors dvija, Modèle:Citation<ref name="DCI"/> (cette seconde naissance concerne aussi, en théorie, le kshatriya et le vaishya).

Il n'y a jamais eu de tentation politique pour les brahmanes<ref>Ralph Stehly, Les quatre classes</ref>. Néanmoins, en tant qu'hommes de lettres, et donc d'idéologues, les chefs « historiques » du communisme indien ainsi que les dirigeants socialistes sont, en grande majorité, des brâhmanes <ref>Guy Deleury, Le modèle indou, éditions Kailash, page 278 Modèle:ISBN</ref>,<ref group="note">« Si, en tant que jâti [caste], les brâhmanes sont trop peu nombreux (...) face aux paysans que la démocratie a portés au pouvoir, en tant que penseurs et chefs des partis d'opposition, ils pourront à l'occasion se concilier une caste suffisamment nombreuse, ou une coalition de jâti, pour réussir à prendre, dans tel ou tel État, la direction du gouvernement. Ils y resteront tant que cette jâti ou cette coalition leur assureront un support. » Guy Deleury, Le modèle indou, éditions Kailash, page 279 Modèle:ISBN</ref> ; en effet, selon la tradition hindoue, un brâhmane doit thésauriser au minimum, et tout honnête homme doit donner un tiers de sa richesse au dharma, un second tiers étant pour la croissance de son bien et le dernier tiers pour ses plaisirs « bons et sains » <ref>La légende immémoriale du Dieu Shiva, Le Shiva-purâna, traduit du sanskrit, présenté et annoté par Tara Michaël, éditions Gallimard, page 118, 119 Modèle:ISBN</ref>.

Plus généralement, un brahmane est un homme de lettres disposant de connaissances importantes sur le monde ; il peut ainsi être appelé Pandit, qui est le titre le plus glorieux que peut avoir un brahmane du fait de sa large connaissance philosophique, scientifique ou artistique.

On trouve notamment les brahmanes nambutiri au Kerala en Inde, dont les pratiques varient de celles des autres branches brahmanes<ref>The A to Z of Hinduism par B.M. Sullivan publié par Vision Books, page 140, Modèle:ISBN</ref>.

Hypothèses historiques

Selon Michel Angot : Modèle:Citation

Néanmoins, le pôle de l'orthodoxie brahmanique se situe, encore aujourd'hui, dans le Sud de l'Inde, où la brahmanité est beaucoup plus rigoureuse, dans le Tamil Nadu, par exemple, que dans les États du Nord de l'Inde. L'orthodoxie brahmanique de l'Inde méridionale va bien au-delà d'une observance scrupuleuse du végétarisme hindou et de connaissances de mantras, comme c'est le cas dans le Nord de l'Inde, mais va jusqu'à une discipline de vie où chaque acte doit être sacralisant et lié au Karma Yoga <ref>L'Inde. Un million de révoltes. V. S. Naipaul, éditions 10/18</ref>.

Époque védique

Originellement, le brahmane est un officiant du sacrifice védique. Il surveille en silence le déroulement du sacrifice alors que l’udgātar est le chanteur et que l’adhvaryu est l'officiant manuel, tous trois représentants la pensée (silencieuse), la parole (chantée) et l'action (matérielle)<ref>Jean Haudry, La Triade pensée, parole, action, dans la tradition indo-européenne, Archè, Milan, 2009, p.69</ref>. Leur nom dérive du mot brahman « la parole »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Upanishad

Les Upanishad, le Rig-Veda (X, 125, 5), indiquent que le pouvoir de la Parole védique peut transformer n'importe qui en brahmane : un « brahmane » de naissance, qui est né dans une famille de brahmanes sans y conformer sa conduite, est ainsi appelé un brahmabandu, tandis qu'un « connaisseur de Brahman » est appelé un brahmavit (familiarisé avec le sens du Véda et qui y conforme sa conduite, issu ou non d'une famille de brahmanes)<ref>Yoga, immortalité et liberté, Mircea Eliade, éditions Payot.</ref>.

La Chandogya Upanishad (IV, 4, 9) affirme à ce titre :

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Ainsi, dans l'Antiquité, il existe deux façons de devenir brahmane, par hérédité à la suite d’une initiation, ou par adoption. Le brahmane pouvant conférer l’initiation brahmanique à un esprit qu'il jugeait apte<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Lois de Manu

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Brâhmane du Tamil Nadu (Sud de l'Inde) appartenant à la lignée Dikshitar (தீக்ஷிதர்), liée au Dieu Shiva Natarâja.

Le brahmane est garant du bon ordre (dharma). Or l'épouse de Dharma personnifié est Ahimsâ<ref>Mythes et dieux de l'Inde : le polythéisme hindou Alain Danélou, éd. Flammarion.</ref>, la non-violence, qui est selon les Lois de Manu, le devoir premier de toutes les castes hindoues. Il appartient à la classe sacerdotale de se maintenir en tant que telle uniquement par la science sacrée : Modèle:Citation bloc

Un brahmane, ne connaissant qu'une seule prière védique, mais qui s'évertue à la maîtrise de soi et à la purification intérieure, est supérieur à un brahmane connaissant tous les Véda mais qui n'est ni compatissant, ni végétarien, ni honnête. La pratique purificatrice, basée sur une science védique même ténue, est plus importante qu'un savoir védique complet mentalement appris mais qu'on est incapable d'incarner :

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Hiérarchie au sein du corps des Brâhmanes

Par ordre d'importance dans le domaine du sacré, les Brâhmanes incarnent différentes fonctions (séparées ou réunies), qui sont, de la moins à la plus prestigieuses pour les Hindous <ref>D'après एक और नीलांजना, de Vîrendra Kumar Jaïn, éditions Bharatiya Jnanpith, Modèle:ISBN</ref>:

  1. Poudjari/ministre du culte (dans un temple, etc.), astrologue<ref group="note">« Le calendrier indien [...] est lunaire ; les jours et les mois sont groupés selon les phases de la lune. Mais l'année et la mousson exigent un calendrier solaire, fondé sur la position du soleil parmi les constellations du zodiaque. La position réelle n'est jamais perçue, puisque les étoiles sont invisibles quand le soleil brille. Il faut donc être en mesure de calculer les positions, et d'observer la course du soleil, de la lune et des planètes dans le ciel. (...) Les étoiles ne marquent pas seulement le début et la fin des saisons, mais passent pour déterminer la mousson et donc la récolte de l'année. [...] La personne qui avait les moyens intellectuels d'étudier l'astronomie – c'est-à-dire le prêtre – se consacrait tout naturellement à l'astrologie. (...) Derrière le personnage bien connu du brâhmane lettré, connaisseur des rituels et des écritures, il ne faut jamais oublier sa fonction essentielle, au niveau du village, qui est d'être l'homme du calendrier. » Guy Deleury, Le modèle indou, éditions Kailash, page 230 et 231 Modèle:ISBN</ref> ;
  2. Juge, ministre d'un chef d'État (d'un roi, etc.) ;
  3. Artiste (peintre, sculpteur, musicien, acteur, etc., mais ayant une éthique basée sur l'Ahimsâ et une connaissance védique) ;
  4. Pandit, savant (philosophe védique, grammairien du sanskrit, etc.) ;
  5. Kavi, poète (Rishi, etc.) ;
  6. Sannyaçin, ascète itinérant (fonction sacrée suprême réservée en théorie au seuls brâhmanes, et qui sont déjà grand-père : ce faisant, un sannyaçin est forcément un brâhmane, mais un brâhmane n'est pas forcément un sannyaçin, un pèlerin renonçant).

De manière générale, et jusqu'à une époque récente où l'analphabétisme était largement partagé en Inde, un brâhmane était une figure honorifique du village, car il était avant tout un domestique du culte, mais lettré (et végétarien) ; l'hindouisme étant une tradition d'abord orale, les brâhmanes furent en premier lieu les transmetteurs des connaissances védiques apprises par cœur en sanskrit (sans forcément en connaître le sens littéral), tout en véhiculant une « brahmanitude » consistant à s'affirmer en tant que connaisseurs des sciences sacrées et profanes, liés à des rituels et à une morale voulus immémoriaux, sans que cette brahmanitude soit organisée par une Église, mais plutôt de « bouche à oreille », car chapeautée par les corps d'ascètes itinérants eux-mêmes gardiens de l'interprétation du savoir védique et représentants vivants de l'ascèse qui attend le brâhmane grand-père, lorsque celui-ci est prêt à renoncer à ses rituels de maître de maison pour se consacrer à l'errance mendiante et à la méditation yoguique, sommets de l'existence censés conduire au moksha, à l'union libératrice avec le Brahman <ref>Le modèle indou, Guy Deleury, éditions Kailash, 1993, Modèle:ISBN</ref>.

Brahmanes et bouddhistes

Modèle:Refnec Entre le Modèle:S mini- et le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le bouddhisme disparaît au nord de l'Inde, alors que se maintient la position des brahmanes<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Selon Gerhard J. Bellinger, le bouddhisme serait disparu d'Inde du fait de l'enrichissement des monastères bouddhistes qui perdirent ainsi le message d'une vie de pauvreté du Bouddha et de la sorte virent la population indienne préférer soutenir le mode de vie des sadhu itinérants et des brahmanes<ref>Encyclopédie des religions, Gerhard J. Bellinger, La Pochothèque, page 85 : « Les moines [bouddhistes] deviendront trop riches, leur message perdra de sa cohérence ».</ref>, ces derniers considérant Bouddha comme étant un Avatar du dieu Vishnou combattant les rituels sanglants.

Une querelle conceptuelle oppose les brahmanes et les bouddhistes : Modèle:Citation

Dans Hindouisme et bouddhisme, Ananda Coomaraswamy conteste cette opposition entre bouddhistes et brahmanes et entre doctrine du Soi des brahmanes et du non-Soi des bouddhistes, et écrit à ce propos :

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Brahmanité et pauvreté

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Si le statut de brâhmane est celui du « savant » cultivé dans les sciences sacrées, et par là même celui de l'homme le plus élevé dans la hiérarchie sociale selon l'hindouisme, il n'en reste pas moins que la population brahmanique est généralement pauvre : ne rien thésauriser pour son propre profit, vivre au jour le jour de dons, et en faire la charité avec le surplus, est l'idéal de vie brahmanique ; d'autant plus que c'est surtout le brâhmane qui est chargé, après la naissance de son petit-fils, de devenir sadhu, ascète (ou yogi) en pèlerinage permanent sans possession ou demeure aucune<ref>Madeleine Biardeau, L'hindouisme, anthropologie d'une civilisation, éditions Flammarion.</ref>.

L'aisance socio-économique, et le fait d'appartenir à une caste élevée, n'ont par conséquent aucun lien : vivre sans nul luxe et chichement est une caractéristique brahmanique, et on peut très bien être riche matériellement et extrêmement bas dans la hiérarchie sociale hindoue, du fait de pratiques impures et de l'absence de connaissance sacrée liée à l'hindouisme : tel était le cas des empereurs musulmans moghols, richissimes mais ne respectant ou ne cultivant aucune valeur brahmanique et, de ce fait, considérés (par les hindous) comme étant des Chandala (« mangeurs de chiens » ou hors caste)<ref>L'Inde, un milion de révoles, Naipaul.</ref>.

Ainsi, l'ouvrage de J. Radhakrishna Brahmins of India révèle que tous les purohits (brahmanes officiants) vivent en dessous du seuil de pauvreté en Inde<ref name="youtube.com">Modèle:Lien web</ref>. L'étude de D. Narayana, Perception, poverty and health : a contribution, démontre que 53,9 % de la population de caste supérieure vit en dessous du seuil de pauvreté<ref name="youtube.com"/>. Néanmoins, ils ne bénéficient d'aucune aide de l'État indien, dont la constitution oblige d'aider socialement les communautés indiennes répertoriées (dites « intouchables »), et non des individus selon leur pauvreté effective.

Personnalités liées

  • Nidhi Razdan (1978-), journaliste et une célébrité de la télévision.

Brahmane et islam

Sous la plume des théologiens médiévaux musulmans, mais aussi juifs<ref name=":2">Modèle:Article</ref>, le terme brahmanes (barāhima) désigne ceux qui nient l'authenticité des prophètes<ref name=":0">Modèle:Chapitre</ref>. L'opinion qui leur est prêtée est que la révélation est inutile parce que la raison suffit à découvrir les vérités de foi. Cette tradition, qui donne du brahmanisme une vision réductrice, semble avoir pris naissance avec al-Hudhail ou ibn al-Rawandi<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>. Ce dernier aurait attribué aux brahmanes les vues qui étaient en réalité les siennes, par prudence<ref name=":2" />. Cette tradition persiste chez Ibn Hazm<ref name=":0" />, al-Juwayni<ref name=":1" /> et jusqu'à al-Ghazali<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Références

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Notes

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Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

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