Homme de Kennewick

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Infobox Fossile

L’Homme de Kennewick est le nom donné à un squelette fossile d'Homme moderne trouvé en 1996 au bord du fleuve Columbia, près de la ville de Kennewick, dans l'État de Washington, dans le Nord-Ouest des États-Unis. Avant que la génétique vienne clarifier la situation en 2015, son interprétation faisait l'objet de controverses. Certains scientifiques comme l'anthropologue Modèle:Lien considéraient qu'il présentait des traits anatomiques le rapprochant des Européens plutôt que des Asiatiques, et qu'il pouvait donc traduire une vague ancienne de peuplement de l'Amérique depuis l'Europe.

En Modèle:Date-, une étude génétique menée par une équipe américano-danoise a établi que l’ADN du squelette était plus étroitement lié aux populations amérindiennes qu’à n’importe quelle autre population dans le monde<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref>,<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref>. En 2016, il fut décidé que les restes humains de l'Homme de Kennewick auraient une sépulture amérindienne. Le 17 février 2017, le Burke Museum a restitué à une délégation amérindienne ces restes qui ont été inhumés le lendemain.

Découverte

Le squelette fut mis au jour à la suite d'un éboulement de la rive du fleuve Columbia. Il fut trouvé le Modèle:Date-, lors de la course annuelle d'hydroglisseurs, par deux jeunes spectateurs qui avaient trébuché sur ce qu'ils ont pris initialement pour un « galet rond » et qui était en fait un crâne humain.

James Chatters, l'anthropologue local convoqué sur les lieux, constata aussitôt que le crâne, manifestement ancien, présentait des caractères caucasoïdes comme les Européens<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il décida alors de fouiller plus avant et d'extraire les 350 fragments du squelette pratiquement complet appartenant à un même individu. L'os du bassin réservait une surprise : une pointe de lance en pierre taillée, presque entière, y était restée enfoncée. Il n'était pas mort de la blessure causée par la lance, et avait vécu encore une vingtaine d'années, l'os s'étant ressoudé autour de ce fragment.

Interprétations des années 1990-2000

Datation

Les datations par le carbone 14 ont permis d'établir que l'Homme de Kennewick a vécu entre 7600 et Modèle:Date- De nombreux fossiles humains plus anciens ont été découverts sur le continent américain.

Caractère caucasoïde

Les observations anatomiques laissaient alors penser à des caractères physiques caucasiens et non amérindiens, notamment un crâne dolichocéphale. Pour certains, cette découverte aurait pu remettre en cause la théorie du peuplement asiatique du continent américain.

Son découvreur le décrivait ainsi : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>. Selon ses analyses, cet homme ne ressemblait pas aux autres hommes peuplant la région à cette époque : sa morphologie crânienne aurait été de type « caucasoïde », c’est-à-dire proche de celle des Européens, et non « mongoloïde » comme celle des Asiatiques et des Amérindiens.


Fichier:Richland Pasco Kennewick.JPG
Le fleuve Columbia et la ville de Kennewick.

Controverse scientifique

Un peuplement ancien

L'interprétation de l'Homme de Kennewick s'inscrivait dans le débat sur le premier peuplement de l'Amérique. Modèle:Référence nécessaire, Modèle:Référence nécessaire

Selon la théorie solutréenne, un groupe aurait pu arriver entretemps d'Europe de l'Ouest au début du Tardiglaciaire, il y a entre Modèle:Nb. Les hommes du Solutréen auraient pu caboter le long de la banquise, qui descendait alors en hiver jusqu'à la latitude de l'Espagne actuelle.

Les limites de ces interprétations

La pertinence des classifications anatomiques basées exclusivement sur des indices céphaliques a été contestée. L'anthropologue Franz Boas a démontré dès 1913 l'influence des facteurs environnementaux sur l'indice céphalique<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.

Les arguments basés sur les similitudes entre outils de pierre des sites Clovis et du Solutréen ont également été contestés. Le Solutréen est l'une des cultures du Paléolithique supérieur européen, présent dans le Sud-Ouest de la France et en Espagne de Modèle:Nb avant le présent. Il est notamment connu pour avoir livré des pointes foliacées bifaciales très fines, nommées « feuilles de laurier », présentant des analogies morphologiques avec les pointes retrouvées sur les sites Clovis. Les tenants d'une migration des groupes solutréens vers l'Amérique perdent toutefois de vue que plus de Modèle:Nb séparent les dernières expressions du Solutréen en Europe des premières pointes Clovis<ref>Modèle:Article</ref>. La production de pointes foliacées bifaciales est connue dans de nombreux contextes géographiques (Australie, Afrique du Sud) et une convergence morpho-technique est possible entre outillages solutréens et Clovis.

Polémique concernant les droits des minorités amérindiennes

Une polémique est apparue lorsque les tribus amérindiennes (dont les Umatillas, les Colvilles, les Walla Walla, les Yakamas et les Nez-Percés) ont souhaité, quelques jours après la découverte, récupérer les ossements de l'homme de Kennewick, qu’ils nomment « le grand ancêtre », pour le rendre à la terre.

Ils ont d'abord eu gain de cause, en application d'une loi fédérale de 1990, le Native American Graves Protection and Repatriation Act. Début Modèle:Date-, le corps du génie de l'armée, unité du génie militaire chargée des aménagements hydrauliques de l’État, a enseveli l'emplacement où avait été découvert le squelette.

Les Amérindiens satisfaits présidaient la cérémonie, tandis qu'un hélicoptère de l'armée déversait des tonnes de terre et de pierre sur le site, interdisant toute recherche future. Les ossements eux-mêmes ont été mis sous séquestre au musée Burke d'histoire naturelle et de culture, à Seattle, dans l'État de Washington.

C'est alors que, privés de leur objet d'étude, Robson Bonnichsen, Douglas W. Owsley ainsi que six autres anthropologues ont intenté un procès au gouvernement fédéral. Le Modèle:Date-, la Cour d'appel des États-Unis pour le neuvième circuit rejeta l'appel lancé par le génie militaire américain et les tribus des Umatillas, des Colville, des Yakamas, des Nez-PercésModèle:Etc. estimant que les plaignants étaient incapables de prouver leur parenté avec l'homme préhistorique en question<ref name = "Bonnichsen">Cf. le jugement Modèle:Lien web.</ref>,<ref name = "BBC_2005-07-06">Modèle:Lien web.</ref>. Le juge démontra en outre que le gouvernement fédéral avait agi de mauvaise foi et il accorda aux chercheurs le remboursement des Modèle:Unité de frais occasionnés par le procès<ref name=Preston>Modèle:Lien web.</ref>. C'est ainsi que les études génétiques purent reprendre.

Fin de la controverse et de la polémique

Selon une étude génétique, menée par l'équipe du chercheur danois Modèle:Lien, de l'université de Copenhague, et par l'École de médecine de l'université Stanford, publiée en juin 2015 dans la revue Nature, Morton Rasmussen, un des chercheurs, affirme Modèle:Citation. Il a ajouté Modèle:Citation. L'haplogroupe du chromosome Y (transmis de père en fils) de l'Homme de Kennewick est Q-M3 et son haplogroupe de l'ADN mitochondrial (transmis par la ligne maternelle) est X2a, deux marqueurs uniparentaux qui se trouvent presque exclusivement chez les Amérindiens<ref name=":0" />,<ref name=":1" />,<ref name="Rasmussen201507">Modèle:Article</ref>. D'après cette étude génétique, l'Homme de Kennewick est très proche des populations de la tribu Colville de l'État de Washington, et des Algonquins<ref name="Rasmussen201507"/>.

En 2016, le Corps du génie de l'armée des États-Unis puis la Smithsonian Institution ont annoncé qu'après deux décennies d'argumentations scientifiques et juridiques, les restes de l'Homme de Kennewick auraient une sépulture amérindienne<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>, ce qui fut mis en œuvre en février 2017.

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Portail