Joseph Meister

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Modèle:Infobox Biographie2 Joseph Meister, né le Modèle:Date de naissance à Paris<ref name="Amicale">Joseph Meister Premier humain sauvé de la rage - Amicale des Alsaciens et Lorrains de Rueil-Malmaison.</ref> et mort le Modèle:Date de décès dans la même ville, est un Alsacien qui, à l'âge de neuf ans, après avoir été mordu 14 fois par un chien, fut vacciné contre la rage par le Professeur Grancher.

Ce fut le premier cas de vaccination antirabique d'un sujet humain que Pasteur publia. Joseph Meister ne développa jamais la rage et Pasteur estima que c'était le vaccin qui l'avait sauvé.

Biographie

Joseph Meister naît à Paris de parents alsaciens. Son père Antoine Meister, boulanger natif du Sundgau, et sa mère Marie-Angélique Sonnefraud, une passementière originaire du Val-de-Villé (Albé), s'étaient installés dans la capitaleModèle:Laquelle six ans auparavant, peu avant le début de la guerre franco-allemande de 1870. Ils s'y étaient connus, s'y étaient mariés et résidaient au no 22, rue Pajol dans le [[18e arrondissement de Paris|Modèle:18e]]. Les Meister avaient déjà trois filles lorsque le jeune Joseph vint au monde au no 42, rue de Torcy, situé également dans le Modèle:18e. Un an après la naissance de Joseph, la famille repart en Alsace, où Antoine Meister s'installe comme boulanger-pâtissier dans le village d'origine de son épouse, à Steige, devenu allemand après la guerre de 1870. La naissance de deux autres garçons viendra agrandir la famille<ref name="Amicale" />.

Vaccination

Fichier:Joseph Meister.png
Joseph Meister vers 1885.

C'est le Modèle:Date- que Joseph Meister, alors âgé de neuf ans, est mordu sur le chemin de l'école par le chien de Théodore Vonné, l'épicier de Maisonsgoutte, un village voisin<ref>Louis Pasteur, Écrits scientifiques et médicaux, « Méthode pour prévenir la rage après morsure », Les Livres qui ont changé le monde, Flammarion, 2010, Modèle:P. : « [...] inopinément, se présentèrent dans mon laboratoire, le lundi 6 juillet dernier, trois personnes arrivant d'Alsace : Théodore Vone, marchand épicier à Meissengoti, près de Schlestadt, mordu au bras, le 4 juillet, par son propre chien devenu enragé ; Joseph Meister, âgé de neuf ans, mordu également le 4 juillet, à 8 heures du matin par le même chien. Cet enfant, terrassé par le chien, portait de nombreuses morsures, à la main, aux jambes, aux cuisses, quelques-unes profondes, qui rendaient même sa marche difficile. Les principales de ces morsures avaient été cautérisées, douze heures seulement après l'accident, à l'acide phénique, le 4 juillet, à 8 heures du soir, par le Dr Weber, de Villé ; La troisième personne, qui, elle, n'avait pas été mordue, était la mère du petit Joseph Meister. À l'autopsie du chien abattu par son maître, on avait trouvé l'estomac rempli de foin, de paille et de fragments de bois. Le chien était bien enragé. Joseph Meister avait été relevé de dessous lui couvert de bave et de sang. M. Vone avait au bras de fortes contusions, mais il m'assura que sa chemise n'avait pas été traversée par les crocs du chien. Comme il n'y avait rien à craindre, je lui dis qu'il pouvait repartir pour l'Alsace le jour même, ce qu'il fit. Mais je gardai auprès de moi le petit Meister et sa mère. [...] La mort de cet enfant paraissant inévitable, je me décidai, non sans de vives et cruelles inquiétudes, on doit bien le penser, à tenter sur Joseph Meister la méthode qui m'avait constamment réussi sur des chiens. »</ref>. L'animal attaqua également son maître. Considéré comme enragé, il fut abattu par des gendarmes. L'enfant fut amené à Villé chez le docteur Weber, qui nettoya puis cautérisa ses nombreuses plaies à l'acide phénique, et conseilla à sa mère Angélique de l'emmener à Paris. Les médecins qui examinent Joseph le Modèle:Date- à Paris, Alfred Vulpian et Jacques-Joseph Grancher, estiment que l'enfant va contracter la rage. Le docteur Grancher procède à la vaccination de Joseph<ref>Modèle:Lien web</ref>. Pasteur accepte d'expérimenter son vaccin sur Meister et lui administre un traitement qui dure 10 jours (du 6 au 16 juillet)<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref> avec chaque jour une injection plus forte. Le garçon ne développa pas la maladie. Son traitement fut le premier cas de vaccination antirabique d'un sujet humain que Pasteur publia – il avait déjà essayé vainement le vaccin dans un cas de rage déclarée, celui de la fillette Poughon<ref>Patrice Debré, Louis Pasteur, 1994, Modèle:P. ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} G. L. Geison, The Private Science of Louis Pasteur, Princeton University Press, 1995, Modèle:P. ; Pierre Madeline, « La Première Vaccination antirabique de Pasteur », Anne-Marie Moulin, L’Aventure de la vaccination, éd. Frison-Roche, 1996, Modèle:P. ; A. Cadeddu, Les Vérités de la science, Florence, Olschki, 2005, Modèle:P., qui renvoie notamment aux notes de laboratoire de Pasteur.</ref>.

Estimant que le vaccin avait sauvé Meister, Louis Pasteur et son équipe réalisent dans l'année qui suit plus de Modèle:Unité, qui ne sont pas toutes efficaces. La renommée de la vaccination de Meister permet de lancer une souscription et la création de l'Institut Pasteur.

Un vaccin est généralement préventif et non curatif (contrairement à un sérum), mais la lenteur de dissémination dans l'organisme du virus de la rage lui laisse cependant ici le temps d'agir après infection.

Gardien de l'Institut Pasteur

Reparti en Alsace, Joseph Meister fait à 20 ans son service militaire dans l'armée allemande. Quand il revient à la vie civile, son frère a pris sa place au sein de la boulangerie familiale et il ne peut donc pas travailler avec son père. Il est embauché par un boulanger de Villé, dont il épouse bientôt la fille, Elisa Klein, le 24 novembre 1903<ref name=":0" />. En 1908, il reçoit le commerce en héritage, mais l'affaire décline. En 1912, à la recherche d'un travail, il sollicite l'Institut Pasteur qui lui procure un emploi dans un de ses laboratoires parisiens. En 1914, la Première Guerre mondiale éclate, et Joseph Meister échappe à l'enrôlement dans l'armée allemande. La paix revenue en 1918, il devient gardien de l'Institut<ref name="Amicale" />.

Mort

Le Modèle:Date-, Joseph Meister se donne la mort chez lui<ref name="woll">Eugène Wollman, Archives de l'Institut Pasteur, Fonds Eugène Wollman, cote WLL1.A.1, "Journal d’Eugene Wollman”, 1940.</ref>,<ref>Journal des débats politiques et littéraires, 16-17 août 1940.</ref>,<ref name="marn">Hubert Marneffe, Archives de l'Institut Pasteur, Fonds Hubert Marneffe, cote MRF.ARC.13, note d'Hubert Marneffe : "Mort de Joseph Meister".</ref>,<ref name="mijo">Blog de Mijo Demouron, 21 janvier 2008.</ref> à l'aide de son fourneau à gaz<ref name="woll" />,<ref name="marn" />. Le Modèle:Date-<ref name="marn" />, les Allemands approchant Paris, Joseph Meister avait poussé sa femme et ses deux filles à partir, contre leur gré, se mettre à l'abri<ref name="mijo" />,<ref name="vet">Veterinary Medicine 35, Modèle:P., 1940.</ref>. Une dizaine de jours plus tard, alors que la capitulation de la France a été actée par l'armistice, de fausses nouvelles lui font croire que sa femme et ses filles sont mortes par suite de bombardements ennemis<ref name="mijo" />,<ref name="vet" />. Profondément affecté par la défaite française et se jugeant responsable de la disparition de sa famille, il met fin à ses jours. Le soir même, Modèle:Mme Meister et ses filles rentrent à l'Institut Pasteur<ref name="woll" />,<ref name="vet" /> où elles apprennent sa mort. Eugène Wollman note dans son journal : Modèle:Citation

Depuis au moins 1950<ref>H. D. Dufour et S. B. Carroll, « Great Myths Die Hard », Nature 502, Modèle:P., 2 octobre 2013, consultable en ligne.</ref> une version mythique de sa mort a largement circulé. En 1940, sous l'Occupation, alors âgé de 64 ans, il aurait refusé aux hommes de la Wehrmacht l'entrée de la crypte dans laquelle reposaient le savant et son épouse. Ne pouvant empêcher les soldats d'entrer, il serait retourné chez lui au no 25, rue du Docteur-Roux, et se serait suicidé avec son revolver de service, qu'il détenait depuis la Première Guerre mondiale<ref>Patrick Deville, Peste et Choléra, éditions du Seuil, collection « Fiction & Cie », 2012, Modèle:P..</ref>. Il est maintenant établi que Joseph Meister s'est suicidé au gaz<ref name="woll" />,<ref name="marn" />. De plus, souvent répétée, l’histoire de la confrontation avec des soldats allemands n'est cependant pas étayée. Les sources contemporaines<ref>Eugène Wollman, Archives de l’Institut Pasteur, Fonds Eugène Wollman, cote WLL1.A.1, "Journal d’Eugene Wollman”, 1940.</ref>,<ref>Journal des débats politiques et littéraires, 16-17 aout 1940.</ref>,<ref name="vet" />,<ref>Journal of the American Medical Association, 21 septembre 1940, Modèle:P..</ref> ainsi que le récit familial rapporté par sa petite-fille, Marie-José Demouron<ref name="mijo" />, ne font aucune mention d'un incident avec la Wehrmacht. À la date de son suicide, des représentants de l'armée allemande sont d'ailleurs déjà venus plusieurs fois à l'Institut Pasteur<ref name="woll" />, l'Institut étant, en particulier, devenu le centre de référence médical en matière de maladies vénériennes pour les troupes d'occupation<ref>« Recherches microbiologiques effectuées pour les autorités allemandes », Archives de l'Institut Pasteur, DIR ETR 1.</ref>.

Scepticisme sur la vaccination de Meister

La valeur de preuve de la célèbre vaccination de Meister laisse sceptiques certains spécialistes. Le chien qui l'avait mordu était considéré comme enragé parce que Modèle:Citation, mais aussi en raison des « nombreuses morsures » infligées à Joseph Meister, « couvert de bave », et au propriétaire du chien, Théodore Vonné. Aucune inoculation de substance prélevée sur le chien ne fut faite. Dans une communication à l'Académie de médecine, le Modèle:Date-, Peter, principal adversaire de Pasteur et grand clinicien, rappela que le diagnostic de rage par la présence de corps étrangers dans l'estomac était caduc<ref>Modèle:Citation Peter, dans le Bulletin de l'Académie de Médecine, Modèle:2e, Modèle:T.17, 1887, séance du 11 janvier 1887, Modèle:P. ; cité par Ph. Decourt, Les Vérités indésirables, 1989, Modèle:P.145.</ref>. Victor Babeș, disciple de Pasteur, confirmait en 1912 que Modèle:Citation. Le diagnostic de rage chez le chien qui avait mordu Meister est également considéré comme incertain dans un traité sur la rage de 1991<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} I. Vodopija et H. F. Clark, « Human vaccination against rabies », dans G. M. Baer (dir.), Modèle:Langue, Modèle:2e Modèle:Éd., 1991, CRC Press, Modèle:P..</ref>. Dans un livre de 2001<ref>Louise Robbins, Louis Pasteur and the Hidden World of Microbes, Oxford University Press, USA, 2001, p. 97, passage consultable sur Google livres.</ref>, l'auteur note que Pasteur décida le traitement sans qu'il fût certain que le chien était enragé. En 2012, dans un article de Modèle:Langue, le chien est qualifié de Modèle:Citation étrangère (« supposément enragé »)<ref>Kendall A. Smith, « Louis Pasteur, the father of immunology? », Modèle:Langue, Modèle:Date-, en ligne.</ref>. Dans un livre de 2008<ref>Hervé Bazin, Histoire des vaccinations, John Libbey Eurotext, 2008, p. 235, partiellement consultable sur Google Livres.</ref>, le professeur Hervé Bazin dit : Modèle:Citation En 2013<ref>Hervé Bazin, « L’histoire des vaccinations, Modèle:2e : des vaccins pastoriens aux vaccins modernes », Bulletin de la Société française d'histoire de la médecine et des sciences vétérinaires, 2013, 13, p. 51-52, en ligne sur le site de la société.</ref>, le même auteur atténue son scepticisme, sans apporter de preuves nouvelles toutefois : Modèle:Citation

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

  • Guy Strassbach, Pasteur et Joseph Meister : la première vaccination antirabique humaine (1885), Thèse de médecine de l'université de Strasbourg, 1990, Modèle:OCLC.

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Liens

  • Biographie de Joseph Meister
  • Récit (tardif) par Joseph Meister dans une lettre conservée à l'Institut Pasteur, reproduite partiellement sur le site de l'Amicale des Alsaciens et Lorrains de Rueil-Malmaison. (Selon le blog de Mijo Demouron, petite-fille de Meister, ce récit fut publié dans l'Annuaire de la société d’histoire du Val de Villé.)
Écouter aussi

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