Koulak
Modèle:Confusion Modèle:Homon Modèle:Sources secondaires
Koulak (en Modèle:Lang-ru, « poing », c'est-à-dire « tenu fermement dans la main ») désignait, de façon péjorative, dans l'Empire russe, un fermier possédant de la terre, du bétail, des outils et faisant travailler des ouvriers agricoles salariés. Avec l'avènement du régime soviétique, le terme est devenu synonyme d'« exploiteur » et d'« ennemi du peuple » et son sens a été élargi à tout paysan possédant une vache ou des volailles<ref>Sergueï Melgounov, La terreur rouge en Russie 1918-1924, Payot 1927.</ref>.
Histoire
Avant la révolution russe
L'abolition du servage en Russie en 1861 a permis la vente et l'achat des propriétés foncières et des terres agricoles. Dans la Russie du Modèle:S mini et du début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, les paysans ayant pu acquérir des terres (souvent à tempérament ou à crédit) atteignirent un certain niveau d'aisance (possédant du gros bétail et des terrains suffisamment grands pour produire des excédents agricoles qui étaient ensuite vendus) tandis que d'autres paysans, appauvris par les guerres, les sécheresses ou autres aléas climatiques, sont restés ouvriers agricoles et exposés aux disettes ou famines. L'un des objectifs avérés du Premier ministre Piotr Stolypine (1862-1911) en vue de stabiliser le monde paysan était la création d'une importante classe de koulaks. Son assassinat en septembre 1911 mit fin à cette politique.
En Union soviétique
Après la révolution russe de 1917, les koulaks deviennent des boucs émissaires de tous les problèmes de la paysannerie et le sens du mot est fortement élargi : les bolcheviks au pouvoir qualifient de « koulak » tout paysan possédant même seulement une vache, de la volaille et des outils ou tout paysan réfractaire à la collectivisation<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Grigori Zinoviev déclarait en 1924 : Modèle:Citation.
Dékoulakisation
Pendant la collectivisation prévue dans le premier plan quinquennal (1928-1932), une campagne de dékoulakisation (en Modèle:Lang-ru), expropriation de la propriété privée des koulaks au profit des kolkhozes, a mené aux déportations, incarcérations, voire à la mort, 5 millions de paysans (notamment par extermination par la faim), particulièrement en Ukraine et dans le Kouban.
La loi du Modèle:Date, surnommée la « loi des cinq épis »<ref name=":0" />, prévoyait la peine de mort ou le Goulag pour Modèle:Citation. En relation, pendant la période 1930-1932, 2 millions de paysans (soit 380 000 foyers) ont été déportés dans des villages d’exilés<ref>Collectif, Le Livre noir du communisme, 1998, Modèle:P.14.</ref>, 100 000 dans les camps du Goulag<ref>Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, Modèle:P.84.</ref>. On évalue ainsi à 10 % par an la mortalité chez ces « déplacés spéciaux »<ref>Nicolas Werth, « Goulag : les vrais chiffres », L'Histoire, Modèle:N°.</ref>.
En 1935, le régime déclare officiellement que les koulaks ont cessé d'exister.
Néanmoins, l'anéantissement se poursuivit : notamment, « l’opération koulak », définie par l'ordre opérationnel no 00447 du Modèle:Date, fit également un grand nombre de victimes. Elle visait les Modèle:Citation et Modèle:Citation, autrement dit les ex-koulaks enfuis cherchant du travail (les sources policières relevaient 600 000 ex-koulaks assignés à résidence). Pour cette opération, des quotas par régions et des catégories (la première catégorie désignant ceux voués à une exécution sommaire, la seconde ceux destinés à une peine de dix ans de camp) furent établis par Staline et diffusés auprès des dirigeants du Parti. Mais les quotas furent largement dépassés par les responsables locaux voulant afficher leur zèle, et les suppléments demandés furent souvent ratifiés par le Politburo. Dans ces conditions, devant l'engorgement des prisons et des camps, la catégorie no 1 « bénéficia » d'un supplément de quota, et au lieu des 4 mois prévus, l'opération ne put se réaliser qu'en 15. Les quotas initiaux furent ainsi largement dépassés : 387 000 personnes furent fusillées et non pas 75 950, et l'on dénombra 380 000 déportés au lieu des 193 500 prévus initialement. Selon les chiffres du NKVD qui sont en cohérence avec ce qui vient d'être énoncé (mais inférieurs pour la catégorie no 2 des déportés), entre Modèle:Date- et Modèle:Date-, des opérations de la nature de celles citées enregistrèrent l'arrestation de 335 513 personnes, dont 75 % destinées à la catégorie no 1<ref>Nicolas Werth, « Repenser la Grande Terreur », Le Débat, Modèle:N°, nov-déc 2002, extraits ici</ref>.
De nos jours
Ce mot est encore utilisé par allusion, pour désigner les petits propriétaires, en tant que style de vie, électorat, cible marketing, etc.Modèle:Refnec.
Dans la littérature
- Boris Mojaev, Les Koulaks, (traduit du russe par Anne de Peretti), Alinea, Messidor, Paris, 1991 Modèle:Isbn
Dans la bande dessinée
- Les Cahiers Ukrainiens - Mémoires du temps de l'URSS - Un récit-témoignage d'Igort - 2010 - Édition Futuropolis - Modèle:ISBN
- " Les Cahiers Russes - La guerre oubliée du Caucase" - Un récit-témoignage d'Igort - 2012 - Édition Futuropolis - Modèle:ISBN
Notes et références
Bibliographie
- Robert Conquest, Sanglantes moissons, Éditions Robert Laffont, Modèle:Coll., Paris, 2011 (Modèle:1re 1987) 372 p. Modèle:ISBN
- Modèle:Ouvrage