Phonologie du gotique

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Cet article traite du système phonologique et phonétique de la langue gotique.

Malgré les conventions, mais pour des raisons de lisibilité, on notera les transcriptions phonologiques entre crochets droits, qui sont normalement réservés à la transcription phonétique. Les barres obliques, en effet, ne sont pas insécables puisqu'elles pourraient être rejetées à la ligne.


Le gotique a connu la première mutation consonantique du germanique commun (ou loi de Grimm) ainsi que la loi de Verner ; il est trop ancien pour avoir subi la seconde mutation consonantique, propre au vieux haut-allemand.

L'on peut déterminer avec plus ou moins de précision la façon dont les mots gotiques de Wulfila se prononçaient grâce à la phonétique comparée, principalement. De plus, Wulfila ayant cherché à suivre de près le texte grec qu'il a traduit, on sait qu'il a utilisé pour son alphabet des conventions identiques à celles du grec de cette époque, ce qui permet par recoupement d'en deviner la prononciation, vu que celle du grec est très bien connue. Enfin, la comparaison entre la manière de transcrire les nombreux noms étrangers de la Bible dans son alphabet et dans leur graphie grecque commune est très instructive.

Voyelles

Simples

  • [a], [i] et [u] peuvent être brèves ou longues <ref>Voir aussi Fausto Cercignani, The Development of the Gothic Vocalic System, in Germanic Dialects: Linguistic and Philological Investigations, sous la direction de Bela Brogyanyi and Thomas Krömmelbein, Amsterdam et Philadelphia, Benjamins, 1986, ps. 121-151.</ref>. L'écriture ne distingue la quantité que pour [i], écrit Modèle:Lang / i pour la brève et Modèle:Lang / ei (fausse diphtongue) pour la longue, à l'imitation des usages grecs de l'époque ; [a], [i] et [u] sont longues principalement après la chute d'une nasale devant [h] (cas d'allongement compensatoire) : ainsi, le prétérit du verbe / Modèle:Lang / briggan [ˈbriŋgan] (« porter », cf. allemand bringen, anglais to bring) est Modèle:Lang / brahta [braːxta] (cf. allemand bracht, anglais brought), évolution de *braŋk-ta. Dans une translittération détaillée, qui tend vers la transcription, on note les quantités longues par le macron (ou, à défaut, le circonflexe) : Modèle:Lang / brāhta ; brâhta ; Modèle:Lang / ubils (« mauvais », « mal », cf. allemand übel, anglais evil) ; [uː] se rencontre aisément dans d'autres positions : Modèle:Lang / brūks, « utile » ;
  • [e] et [o] sont longues et fermées ; l'écriture les note simplement au moyen de Modèle:Lang / e et Modèle:Lang / o : Modèle:Lang / neƕ [neːʍ] (« près de », cf. allemand nach, anglais near), Modèle:Lang / fodjan [ˈɸoːdjan] (« nourrir », cf. anglais to feed) ;
  • [ɛ] et [ɔ] sont brèves et ouvertes <ref>Pour les voyelles brèves du gotique voir aussi Fausto Cercignani, The Development of the Gothic Short/Lax Subsystem, in «Zeitschrift für vergleichende Sprachforschung», 93/2, 1979, ps 272-278.</ref> ; l'écriture les note au moyen de fausses diphtongues (comme pour Modèle:Lang / ei = [iː]), respectivement Modèle:Lang / ai et Modèle:Lang / au : Modèle:Lang / taihun [tɛhun] (« dix », cf. anglais ten), Modèle:Lang / dauhtar [ˈdɔxtar] (« fille », cf. anglais daughter, allemand Tochter) ; en transcription, on écrit les fausses diphtongues et  : taíhun, daúhtar ; [ɛ] et [ɔ] apparaissent principalement devant [r], [h] et [ʍ] <ref>Voir aussi Fausto Cercignani, The Enfants Terribles of Gothic "Breaking": hiri, aiþþau, etc., in «The Journal of Indo-European Studies», 12/3-4, 1984, ps 315-344.</ref> ; dans le redoublement au parfait (prés. Modèle:Lang / háit-an (« nommer » → prétérit Modèle:Lang / haí-háit (« j'ai nommé ») Modèle:Lang / ai est probablement prononcé [ɛ] <ref>Voir aussi Fausto Cercignani, The Reduplicating Syllable and Internal Open Juncture in Gothic, in « Zeitschrift für vergleichende Sprachforschung », 93/1, 1979, pp. 126-132.</ref>.
  • [y] (de français une), phonème d'origine grecque utilisé dans les mots d'emprunts, est rendu par [w] en position de voyelle : Modèle:Lang / azwmus [azymus] (« pain azyme », du grec Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang) ; il représente un Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang ou un Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang, qui se prononçaient à l'époque tous deux [y] ; en transcription, on utilise souvent y pour Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang : ázymos. Il est probable que ce phonème, absent du système phonologique de la langue, ait effectivement valu [i] ;
  • la lettre Modèle:Lang / w semble, dans les mots qui ne sont pas empruntés au grec après une consonne et non suivie d'une voyelle, représenter aussi un [u] ; la raison de l'utilisation de w en position de voyelle à la place de u n'est pas claire : Modèle:Lang / saggws [saŋgus] (« chanson »), cf. anglais song) ;
  • il faut ajouter à cette liste (pour des raisons étymologiques) les phonèmes [ɛː] et [ɔː], limités à quelques mots et toujours devant voyelle ; la translittération comme la transcription les notent par ai et au, qui s'opposent ainsi, mais seulement dans la transcription, à ái / et áu /  : Modèle:Lang / waian [ˈwɛːan] (« souffler »), Modèle:Lang / bauan [ˈbɔːan] (« construire », cf. allemand bauen) Modèle:Lang / aíƕs (« cheval »).

Diphtongues

  • [ai] et [au] n'offrent aucune difficulté ; elles sont cependant notées dans l'écriture de la même manière que les fausses diphtongues : Modèle:Lang / ains [ains] (« un », cf. allemand eins), Modèle:Lang / augo [auɣoː] (« œil », cf. allemand Auge) ; pour différencier les vraies diphtongues des fausses, on transcrit les vraies par ái et áu : Modèle:Lang / áins, Modèle:Lang / áugo ; les fausses sont transcrites par et . ai et au notent les sons [ɛː] et [ɔː].
  • [iu] est une diphtongue descendante comme les autres ; on la réalise donc [iu] et non [iu] : Modèle:Lang / diups [diups] (« profond », cf. anglais deep) ; Modèle:Lang / þiuh [θiux] (« cuisse », cf. anglais thigh) ;
  • diphtongues grecques : à l'époque de Wulfila, toutes les diphtongues du grec ancien ont été éliminées dans la prononciation et rendues par des voyelles simples (monophtongaison), sauf Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang et Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang, qui valent vraisemblablement [aɸ] / [eɸ] devant une consonne sourde et [aβ] / [eβ] devant une consonne sonore (plus tard [af] / [av] et [ɛf] / [ɛv] selon les mêmes règles) ; Wulfila les note, dans les emprunts au grec, par Modèle:Lang / aw et Modèle:Lang / aiw (ce dernier transcrit aíw puisque le digramme ai représente [ɛ]), rendus soit par [au], [ɛu] soit par [aw], [ɛw] : Modèle:Lang / Pawlus [paulus] (« Paul »), du grec Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang, Modèle:Lang / aíwaggelista [ˈɛwaŋgeːlista] (« évangéliste »), du grec Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang via le latin evangelista ;
  • les voyelles simples et les diphtongues (vraies ou fausses) peuvent être suivies d'un [w], qui devait vraisemblablement se prononcer comme un second élément de diphtongue de timbre [u] ; il semble qu'il s'agisse plus de diphtongues par coalescence que de diphtongues phonologiques insérées dans le système de la langue (à la manière, mutatis mutandis, de [aj] dans le français paille [paj], qui n'est pas une diphtongue [ai] mais la suite d'une voyelle et d'un yod) : Modèle:Lang / alew [aleːw] (« huile d'olive », du latin oleum), Modèle:Lang / snáiws [snaiws] (« neige », cf. anglais snow), Modèle:Lang / lasiws [lasiws]; « fatigué »).

Sonantes vocalisées

Les sonantes [l], [m], [n] et [r] peuvent jouer le rôle de sommet de syllabe (cas de vocalisation), de même qu'en indo-européen (et en sanskrit pour [l] et [r]). De fait, après consonne à la fin du mot ou entre des consonnes, ces sonantes sont prononcées comme des voyelles. C'est encore le cas dans une langue germanique comme l'anglais, par exemple, où bottle « bouteille », est prononcé normalement [bɒtl̩]. Ainsi Modèle:Lang / tagl [ta.ɣl̩] (« chevelure », cf. anglais tail, « queue »), Modèle:Lang / máiþms [mai.θm̩s] (« don »), Modèle:Lang / táikns [tai.kn̩s] (« signe », cf. allemand Zeichen, anglais token) et Modèle:Lang / tagr [taɣr̩] (« larme », cf allemand Träne, anglais tear).

Consonnes

En règle générale, les consonnes sont dévoisées en fin de mot. Le gotique est riche en fricatives (à moins que ce ne soient des spirantes, mais il n'est pas possible de trancher) issues des modifications décrites par la loi de Grimm et celle de Verner propres aux langues germaniques. C'est une des rares langues de ce groupe à posséder un [z] (issu de [s]) qui ne soit pas passé à [r] par rhotacisme. De plus, il semble que le redoublement écrit des consonnes à l'intervocalique indiquât bien qu'il existait pour elles une quantité longue ou une gémination : Modèle:Lang / atta [ˈatːa] (« papa » ; mot hypocoristique comparable au grec homérique Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang et au latin atta, de même sens), Modèle:Lang / kunnan [ˈkunːan] (« connaître », cf. allemand kennen).

Occlusives

  • [p], [t] et [k] n'offrent aucune difficulté et sont régulièrement notés par Modèle:Lang / p, Modèle:Lang / t et Modèle:Lang / k : Modèle:Lang / Paska [ˈpaska] (« Pâque », du grec ancien Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang), Modèle:Lang / taska [ˈtaska] (« poche », cf. allemand Tasche), Modèle:Lang / tuggo [ˈtuŋgoː] (« langue », cf. allemand Zunge, anglais tongue), Modèle:Lang / kalbo [kalboː] (« veau », cf. anglais calf) ; Modèle:Lang / tuggo [ˈtuŋgoː] (« langue », cf. allemand Zunge, anglais tongue) ; Modèle:Lang / tunþus [ˈtunθus] (« dent », cf. allemand Zahn, anglais tooth) ; Modèle:Lang / tuggo [ˈtuŋgoː] (« langue », cf. allemand Zunge, anglais tongue) ; Modèle:Lang / kláiþs (« vêtement », cf. allemand Kleid, anglais cloth) ;
  • [kʷ] est une occlusive complexe à appendice labiovélaire, comparable au latin qu ; elle est translittérée par q : Modèle:Lang / qiman (« venir », cf. allemand kommen, anglais to come) ; Modèle:Lang / qino (« femme », au sens d'« être humain femelle ») ; Modèle:Lang / qens (« femme », au sens d'« épouse ») ; elle poursuit étymologiquement un ancien * indo-européen ;
  • [b], [d] et [g] : sauf entre voyelles, les consonnes notées par les lettres Modèle:Lang / b, Modèle:Lang / d et Modèle:Lang / g dans l'alphabet gotique sont des occlusives sonores. Au contact d'une sourde, il est vraisemblable que les occlusives sonores sont dévoisées : Modèle:Lang / blinds [blind̥s] (« aveugle », cf. allemand blind, anglais blind), Modèle:Lang / broþar (« frère », cf. allemand Bruder, anglais brother), Modèle:Lang / badi (« lit », cf. allemand Bett, anglais bed); Modèle:Lang / dags [dag̊s] (« jour », cf. anglais day, allemand Tag), Modèle:Lang / gras [gras] (« herbe », cf. anglais grass, allemand Gras), Modèle:Lang / grundus (« fond », cf. allemand Grund « sol ») ; [b] et [d] en fin de mot, à moins d'être passés à [ɸ] et [θ], ce qui est un traitement possible, sont probablement sourds : Modèle:Lang / lamb [lamp] (« agneau », cf. anglais lamb), Modèle:Lang / band [bant] (« [il / elle] lia », cf. anglais bound, allemand band) Modèle:Lang / galigri (« rapport sexuel »).

Fricatives

  • [s] et [z] sont régulièrement notés par Modèle:Lang / s et Modèle:Lang / z ; [z] ne se trouve pas en fin de mot. Ainsi : Modèle:Lang / saíhs [sɛxs] (« six », cf. allemand sechs), Modèle:Lang / aqizi [ˈakʷizi] (« hache », cf. anglais axe, allemand Axt) ; Modèle:Lang / sibun (« sept », cf. allemand sieben, anglais seven) ; Modèle:Lang / swistar (« sœur », cf. allemand Schwester, anglais sister) ; Modèle:Lang / sunus (« fils », cf. allemand Sohn, anglais son) ; Modèle:Lang / skuggwa (« miroir ») ; Modèle:Lang / skaúns (« beau », cf. allemand schön) ; Modèle:Lang / skaúnei (« beauté », cf. allemand Schönheit) ; Modèle:Lang / slepan (« dormir », cf. anglais to sleep) ; Modèle:Lang / saggws (« chanson », cf. anglais song) ; Modèle:Lang / siggwan (« chanter », cf. anglais to sing) ; Modèle:Lang / swaihra (« beau-père », cf. allemand « Schwäher ») ; Modèle:Lang / swaihro (« belle-mère », cf. allemand « Schwieger »)
  • [ɸ] et [θ] (ce dernier traditionnellement transcrit par þ), notés Modèle:Lang / f et Modèle:Lang / þ, sont en correspondance directe avec [p] et [t] ; il est probable que [ɸ], relativement instable, soit passé à la labiodentale [f] ; f et þ sont aussi le résultat de Modèle:Lang / b et Modèle:Lang / d en fin de mots, qui sont assourdis et spirantisés : Modèle:Lang / gif [giɸ] (« donne ! »), impératif de Modèle:Lang / giban (« donner », cf. allemand geben, anglais to give), Modèle:Lang / miþ [miθ] (« avec », de *mid, cf. vieil anglais mid et allemand mit) ; Modèle:Lang / faúhō (« renard », cf. allemand Fuchs, anglais fox), Modèle:Lang / fidwor (« quatre », cf. allemand vier, anglais four), Modèle:Lang / fimf (« cinq », cf. allemand fünf, anglais five) Modèle:Lang / fráuja (« seigneur », cf. vieux saxon frao, vieil anglais frēa) ; Modèle:Lang / fráujō (« dame », cf. allemand Frau) ; Modèle:Lang / finþan (« trouver », cf. anglais to find), Modèle:Lang / þahsus (« blaireau », cf. allemand Dachs), Modèle:Lang / þreis (« trois », cf. allemand drei, anglais three) ; Modèle:Lang / þiudans (« roi ») Modèle:Lang / fadar (« père », cf. allemand Vater, anglais father) ; Modèle:Lang / friusa (« gel », cf. anglais frost) ; Modèle:Lang / þagks (« merci », cf. anglais thanks) ; Modèle:Lang / þiufs (« voleur », cf. allemand Dieb, anglais thief) ;
  • [x] (en phonétique germanique, le symbole χ est préféré) peut être écrit de diverses manières :
  • [h] est noté par Modèle:Lang / h et ne se rencontre qu'à l'initiale ou à l'intervocalique ; c'est un allophone de [x] : Modèle:Lang / haban (« avoir », cf. allemand haben, anglais to have), Modèle:Lang / hups (« hanche », cf. anglais hip), Modèle:Lang / hrabns (« corbeau », cf. allemand Rabe, anglais raven), Modèle:Lang / ahtáutehund [axtauteːhunt] (« onze », cf )
  • [β], [ð] et [ɣ] sont des fricatives sonores qu'on ne rencontre qu'à l'intervocalique ; ce sont des allophones de [b], [d] et [g] et l'écriture ne les distingue pas. Il est possible que [β] soit passé à [v], forme labiodentale plus stable (cas de renforcement articulatoire). En phonétique des langues germaniques, ces phonèmes sont le plus souvent transcrits par ƀ, đ et ǥ : Modèle:Lang / haban [ˈhaβan] (« avoir », cf. allemand haben, anglais to have), Modèle:Lang / þiuda [θiuða] (« peuple », cf. allemand Deutsch, anglais Dutch, noms de peuples. L'italien tedesco signifiant allemand vient de ce radical), Modèle:Lang / áugo [ˈauɣoː] (« œil ») ; Modèle:Lang / goþs (« bon », cf. allemand gut, anglais good)
  • [xʷ] est la variante labiovélarisée de [x] et le résultat du phonème indo-européen * ; il est probable qu'il ait abouti à [ʍ] (soit un [w] sourd), comme en anglais, du reste, dans certaines variantes dialectales (prononciation écossaise, par exemple), phonème invariablement noté par wh et de même origine étymologique ; la translittération du gotique le note par la ligature ƕ ; l'on peut ainsi établir les comparaisons suivantes : Modèle:Lang / ƕan [ʍan] = angl. when [ʍen] (« quand »), Modèle:Lang / ƕar [ʍar] = angl. where [ʍɛǝɹ] (« où »), Modèle:Lang / ƕeits [ʍiːts] = angl. white [ʍaɪt] (« blanc »), etc.

Nasales

Les nasales, comme dans la majorité des langues, sont homorganiques, c'est-à-dire qu'elles suivent le point d'articulation de la consonne qui les précède ou les suit (on parle d'assimilation du point d'articulation). Des suites [md] ou [nb] sont donc impossibles. Il existe trois nasales, dont une n'est qu'un allophone des autres en distribution complémentaire.

  • [n] et [m] sont en distribution libre, sauf en contact avec une occlusive, auquel cas ils sont neutralisés : [n]devant une occlusive bilabiale devient [m] tandis que [m] devant une occlusive dentale passe à [n] (cas d'assimilation du point d'articulation) ; devant une occlusive vélaire, les nasales passent à [ŋ] ; [n] et [m] sont régulièrement notés par Modèle:Lang / n et Modèle:Lang / m et l'écriture indique les processus de neutralisation : Modèle:Lang / sniumundo [sniumundoː] (« rapidement ») ; Modèle:Lang / niun (« neuf », cf. allemand neun, anglais nine), Modèle:Lang / naqaþs (« nu », cf. allemand nackt, anglais naked) ; Modèle:Lang / naqadei (« nudité », cf. allemand Nacktheit, anglais nudity), Modèle:Lang / manna (« homme », cf. allemand Mann, anglais man), Modèle:Lang / miliþ (« miel ») ; Modèle:Lang / modar (« mère », cf. allemand Mutter, anglais mother) ; Modèle:Lang / mus (« souris », cf. allemand Maus, anglais mouse), Modèle:Lang / mustriggs (« chauve-souris ») ; Modèle:Lang / munþs (« bouche », cf. allemand Mund, anglais mouth)
  • [ŋ] n'a pas le statut de phonème libre, il n'est que le résultat de la neutralisation d'une nasale devant une occlusive vélaire ; il est en distribution complémentaire avec [n] et [m] et n'apparaît pas dans d'autres contextes ; l'écriture le note, à la manière du grec, par un Modèle:Lang / g devant une autre vélaire : Modèle:Lang / þagkjan [θaŋkjan] (« penser », cf. anglais to think), Modèle:Lang / tuggo [tuŋgoː] (« langue »), Modèle:Lang / sigqan [siŋkʷan] (« couler », cf. anglais to sink) ; cependant, la séquence Modèle:Lang / ggw peut aussi noter un [gː] suivi de [u], comme dans Modèle:Lang / triggws [trigːus] (« vrai », cf. anglais true). Parfois, un Modèle:Lang / n placé devant une vélaire doit être interprété comme un [ŋ] : Modèle:Lang / þankeiþ pour Modèle:Lang / þagkeiþ [θaŋkiːθ] (« il pense »).

Spirantes et autres phonèmes

  • [w] est noté par Modèle:Lang / w devant voyelle : Modèle:Lang / weits [wiːts] (« blanc »), Modèle:Lang / twái [twai] (« deux », cf. allemand zwei, anglais two) ; Modèle:Lang / wulfs (« loup », cf. allemand Wolf, anglais wolf) ; Modèle:Lang / wisan (« être ») ; Modèle:Lang / waddjus (« mur ») ; Modèle:Lang / wein (« vin », cf. allemand Wein, anglais wine) ; Modèle:Lang / woþeis (« doux », cf. allemand weich, anglais sweet) ; Modèle:Lang / Walha (« Celte », « Latin », cf. anglo-saxon Wealh), Modèle:Lang / walhisks (« celte », « latin », cf. anglo-saxon wilisc) ; Modèle:Lang / Winida (« Slave », cf. allemand Wende), Modèle:Lang / winidisks (« slave », cf. allemand wendisch)
  • [j] est écrit au moyen de la lettre Modèle:Lang / j : Modèle:Lang / jer [jeːr] (« année », cf. allemand Jahr, anglais year), Modèle:Lang / Jiula (« Noël »), Modèle:Lang / sakjo [ˈsakjoː] (« dispute ») ;
  • [l] n'offre aucune difficulté : Modèle:Lang / laggs [laŋɡs] (« long », cf. allemand lang), Modèle:Lang / mel [meːl] (« heure ») ; se rappeler que la même lettre peut noter la sonnante vocalisée [l̩] ;
  • [r] est une vibrante [r] ou une battue [ɾ] ; il n'est pas possible de trancher ; ainsi : Modèle:Lang / raíhts [rɛxts] (« droit », cf. anglais right, allemand recht), Modèle:Lang / afar [ˈaɸar] (« après ») ; la même lettre peut aussi noter la sonnante vocalisée [r̩].

Tableaux synoptiques

La notation suit ici celle de l'API.

Voyelles

Simples
Fichier:Gothic vowel chart.png
Diphtongues
Fichier:Gothic diphthong chart.png

Consonnes

Fichier:Phon gotique.png

Accentuation

L'accent du gotique peut être assez facilement restitué par la phonétique comparée et la connaissance des lois de Grimm et de Verner. On sait qu'il était nécessairement tonique, et non de hauteur, au contraire de l'indo-européen et de certaines de ses langues-filles, comme le sanskrit ou le grec ancien. En effet, les caractéristiques propres à l'accent d'intensité se démontrent aisément dans cette langue, par l'étude de l'origine de certaines voyelles longues (comme [iː], [uː] et [eː]) et les phénomènes de syncope (disparition d'une voyelle atone) principalement. L'accent de hauteur de l'indo-européen a été entièrement remplacé par l'accent tonique, et sa place a été modifiée de même : à l'instar des autres langues germaniques, l'accent frappe la première syllabe (cela se constate aisément en anglais : la plupart des mots qui n'ont pas un accent initial sont des emprunts à une autre langue). L'accent ne se déplace pas au cours de la flexion. Dans les mots composés, tout dépend de la nature du second élément :

  • second élément nominal (substantif, adjectif) : l'accent reste sur la première syllabe ;
  • second élément verbal : l'accent se place sur la première syllabe de l'élément verbal ; le préfixe, le cas échéant, est toujours atone, sauf en cas de tmèse (séparation du préfixe et du radical d'un mot, entre lesquels un autre mot peut être introduit) : là, le préfixe est tonique.

Exemples (choisis de telle sorte que la comparaison avec une autre langue germanique permette de vérifier la place de l'accent) :

  • mots simples : Modèle:Lang / marka [ˈmarka] (« frontière », « marche », cf. anglais march et, indépendamment de l'accent français, marquis, hérité du francique) ; Modèle:Lang / aftra [ˈaɸtra] (« après », cf. anglais after), Modèle:Lang / bidjan [ˈbidjan] (« prier », cf. néerlandais bidden, allemand bitten) ;
  • mots composés :
    • second élément nominal : Modèle:Lang / guda-láus [ˈguðalaus] (« sans dieu », cf. anglais godless, néerlandais goddeloos),
    • second élément verbal : Modèle:Lang / ga-láubjan [gaˈlaubjan] (« croire », cf. néerlandais geloven, allemand glauben, issu du vieux haut-allemand g(i)louben par syncope de i atone). Modèle:Lang / ga-ligan [gaˈliɡan] (« faire l'amour », cf. vieux saxon giliggian, vieil anglais gelicgan, néerlandais geliggen).

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Articles connexes

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