Plan-séquence
Au cinéma, un plan-séquence est un plan qui consiste en une prise de vues unique se déroulant en plusieurs endroits d'un même lieu ou successivement en plusieurs lieux reliés l'un à l'autre. Cette dimension d'ubiquité fait que le plan-séquence comprend forcément de nombreux mouvements de caméra, panoramiques et travellings (sinon, il s'agit d'un plan long situé dans un même décor, voir ci-dessous).
Son utilisation la plus fréquente consiste à suivre un personnage pendant le temps de son déplacement au travers d'un décor ou plusieurs décors. Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref> Le plan-séquence peut être introduit tel quel dans le film, sans être morcelé par le montage et sans être mélangé avec d'autres plans ; il reste techniquement un plan unique, d'où son nom. Cependant, un plan-séquence peut aussi devenir un Modèle:Lang ; il est alors, au montage, entrecoupé d'autres plans dits de coupe, de grosseur différente, ou morcelé en plusieurs tronçons montés « cut ».
Modèle:Citation comme dans le film de Chantal Akerman, Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles, dans lequel la réalisatrice utilise ce genre de plans pour confiner encore plus le personnage principal dans son univers mental clos et répétitif.
Durée
Un plan-séquence peut durer de quelques dizaines de secondes à plusieurs minutes, la limite technique (avant l'ère numérique) étant celle de la durée d'une bobine de Modèle:Unité au format Modèle:Unité, soit moins de Modèle:Unité. Aujourd'hui, les différents supports numériques offrent cependant beaucoup plus de possibilités puisque certaines caméras peuvent tourner plus de deux heures sans arrêt<ref>Victoria (2015, Sebastian Schipper) est constitué d'un seul plan-séquence long de Modèle:Unité.</ref>. Modèle:Citation
Maîtrise
Pour La Corde (1948), Alfred Hitchcock décide de donner l'impression que le film dure le temps de l'action Modèle:Incise et envisage de tourner le film en un seul plan-séquence, mais il sait que cela est impossible à l'époque, les magasins des caméras disponibles ne pouvant pas contenir plus de Modèle:Unité (approximativement Modèle:Unité) de pellicule Modèle:Unité. De ce fait, le film doit être morcelé en plusieurs segments de Modèle:Nobr au plus. Pour masquer le passage d'un segment à un autre, chaque plan tourné prend fin sur un objet, par exemple, un travelling avant sur le dos d'un personnage. Le plan suivant repart dans un même travelling sur le même dos, le raccord est permis par le fond neutre. Ce peut être aussi le passage de la caméra derrière un obstacle du décor (colonne, cloison). La totalité du film ne consiste donc pas en un plan-séquence, mais en une suite de onze plans différents qui s'enchaînent en produisant peu ou prou l'impression d'être un seul plan.
Le plan-séquence est souvent difficile à maîtriser, notamment à cause des mouvements de caméra qui accompagnent ce type de plan, car il faut surveiller de près le champ de la caméra et ses variations (moments précis où les acteurs entrent et sortent du champ, nécessité de ne pas voir les accessoires du tournage tels les micros et projecteur). D'où l'obligation de le répéter plus que toute autre prise de vues, pour que tous les intervenants (acteurs et techniciens) s'accordent dans leur jeu. L'apparition du steadicam dans les années 1970 a facilité l'enregistrement des plans-séquences, l'opérateur steadicam pouvant contrôler et modifier plus facilement le déplacement de la caméra. En revanche, pour le plan-séquence de plus de Modèle:Unité qui ouvre le film de Brian de Palma, Snake Eyes, Modèle:Citation
À cause de sa difficulté et en conséquence de son manque de productivité, le plan-séquence était rarement utilisé à la télévision. Une des rares exceptions fut l'épisode Triangle de la série X-Files (saison 6, épisode 3), réalisé (et écrit) par le créateur de la série Chris Carter : les 44 minutes de l'épisode sont filmées en 4 plans-séquences de 11 minutes chacun enchaîné. Carter cite d'ailleurs La Corde comme référence. Autre exemple : l'épisode Who goes there (saison 1, épisode 4) de la série True Detective, dont le final est un plan-séquence de 6 minutes. Depuis la généralisation des tournages caméra à l'épaule, le plan-séquence est désormais utilisé abondamment en télévision, non pas en tant qu'effet de style, mais pour gagner du temps de tournage en bénéficiant d'une mise en place plus rapide (et parfois très improvisée) du jeu des comédiens.
Plans-séquences célèbres ou remarquables
Cinéma
Télévision
- Daredevil : on peut y voir dans la saison 1, épisode 2, un plan-séquence long de 3 minutes où le personnage (Daredevil) se bat contre une douzaine de voyous<ref>Modèle:Lien web</ref>. Cette technique est réitérée dans la saison 2 épisode 3, durant 4 minutes, ainsi que dans l'épisode 4 de la saison 3.
- Better Call Saul : le pré-générique de l'épisode Fifi (saison 2, épisode 8) est une scène de Modèle:Heure, sans interruption, montrant le passage d'un camion frigorifique, utilisé par les trafiquants pour faire passer de la drogue, à la frontière américano-mexicaine et son inspection par les douaniers. Il s'agit cependant de deux plans-séquences qui ont été fusionnés en postproduction<ref name="Over The Border: Better Call Saul Writer Tom Schnauz Deconstructs Episode 208's Epic Opening Shot">Modèle:Lien web.</ref>,<ref name="Better Call Saul - Episode 208 Fifi - Visual Effects Breakdown [at 4:24]">Modèle:Lien web.</ref>.
- Mr. Robot : l'épisode 5 de la saison 3 semble être un plan-séquence de près de Modèle:Unité. En réalité, il y a plusieurs coupes cachées qui relient plusieurs plans-séquences, ce qui laisse donc l'illusion d'un épisode fait en un seul plan.
- The Haunting of Hill House : l'épisode 6 est monté de manière à donner l'impression d'être composé de trois grands plans-séquences.
- L'Effondrement : chacun des huit épisodes de la série est entièrement réalisée en un seul ou plusieurs plans-séquences.
- My Country: The New Age : la première scène de bataille de l'épisode 3 comporte un plan-séquence de 2 minutes 12<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Réalisateurs adeptes du plan-séquence
Vidéo-clips
Le plan-séquence a également été beaucoup utilisé dans l'univers du vidéo-clip. L'intérêt (et le défi) est alors de pouvoir tourner l'intégralité du clip en un seul plan.
Citons par exemple les clips réalisés par Michel Gondry, notamment pour Kylie Minogue (Come Into my World), Lucas (Lucas With the Lid Off), Massive Attack (Protection et Unfinished Sympathy) ou encore Cibo Matto (Sugar Water). De même, le clip Wannabe des Spice Girls en 1996, Feist (1 2 3 4), ou Fresh des Daft Punk. Paul Thomas Anderson utilise aussi le plan-séquence pour le clip Try interprété par Michael Penn. Les clips du groupe OK Go sont tournés en plan-séquence. Le clip de Bruno Mars, The Lazy Song, est aussi un plan-séquence.
Plus récemment on peut aussi citer 15h02 Regarde comme il fait beau dehors, ainsi que Inachevés, des Casseurs Flowters ou bien Me Gusta du groupe DTF. Bien entendu, les effets spéciaux numériques viennent au secours de l'imagination des réalisateurs en permettant de relier en douceur des plans séparés.
Le plan-séquence est également utilisé dans la K-pop, comme le clip de Growl du groupe EXO ou celui de 1, 2, 3! du chanteur Seungri.
Jeux Vidéo
God of War (2018) propose un plan séquence pendant toute la durée du jeu<ref>Modèle:Lien web</ref>, les temps de chargements des voyages rapides étants justifiés par un passage sur les branches de l'Arbre Monde Yggdrasil. Cette prouesse est considérée comme une des grandes innovations de la franchise.
Notes et références
Annexes
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Bibliographie
- Baptiste Roux, « Regards braqués sur le plan-séquence », Positif no 681, Institut Lumière-Actes Sud, Paris, Modèle:Date, Modèle:Page, Modèle:ISSN