Porte d'Ishtar
Modèle:Infobox Monument La porte d'Ishtar est une des huit portes de la cité intérieure de la ville de Babylone, dans la Mésopotamie antique. Située au nord-est de la ville, elle est traversée par la voie processionnelle qui est l'artère principale de la ville et la plus importante sur le plan cérémoniel. Sa date de création est inconnue, elle est connue par son état final, dû à une restauration vers Modèle:Date (empire néo-babylonien) sur ordre du roi Nabuchodonosor II. Cette porte est dédiée à la déesse éponyme Ishtar. Elle a été dégagée lors des fouilles de la ville du début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, à la suite desquelles elle a été partiellement reconstruite au musée de Pergame de Berlin.
Localisation et phases de construction
La porte d’Ishtar est l’aboutissement de la voie processionnelle au nord de la ville intérieure de Babylone. Son nom cérémoniel est Ištar-sakipat-tebiša, ce qui peut être traduit par « Ishtar est victorieuse de ses ennemis » ou « Ishtar renverse ses assaillants ».
Elle est attestée pour la première fois dans la tablette V du texte topographique TINTIR = Babilu, daté du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, qui comprend une description de la géographie sacrée de Babylone, et donne les noms cérémoniels de ses principaux édifices. La Porte d'Ishtar n'est pas attestée dans les textes de la première dynastie de Babylone (v. 1900-1600 av. J.-C.). À cette époque la ville pourrait couvrir un espace plus réduit que par la suite, auquel cas ses murailles ne s'étendraient pas jusqu'à l'emplacement de la porte, mais ce point est débattu. On ne sait pas exactement quand le tracé définitif de la ville intérieure de Babylone est établi : il serait au moins en place sous la dynastie kassite (v. 1500-1155 av. J.-C.), puisque le mur intérieur de Babylone (Imgur-Enlil) semble attesté à la fin de cette période ; ou alors juste après sous la seconde dynastie d'Isin, en tout cas avant la rédaction de TINTIR qui est écrit au plus tard vers Modèle:Date- si on suit la proposition d'A. George. Le plan de la ville de Babylone qui ressort de ce texte ne semble pas altéré durant les siècles suivants et est repris lors des reconstructions de l'époque de domination assyrienne (747-626 av. J.-C.) puis celles de l'empire néo-babylonien (626-Modèle:Date-)<ref>Sur ces questions : Modèle:Ouvrage.</ref>.
Quoi qu'il en soit les états de la porte d'Ishtar antérieurs à la fin du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle ne sont pas connus par l'archéologie. La porte est reconstruite sous le règne de Nabuchodonosor II (604-Modèle:Date-), en même temps que d'importants travaux d'aménagement modifient le secteur de la ville où elle se trouve, qui comprend deux palais royaux. Ces aménagements s'accompagnant d'une surélévation de ces constructions dont les fondations anciennes semblent avoir été à cette époque très érodées par la nappe phréatiqueModèle:Sfn. Plusieurs reconstructions ont lieu sous Nabuchodonosor. Dans un premier temps la porte est reconstruite avec une façade en briques crues non émaillées comprenant des taureaux et dragons. Mais les réaménagements du palais voisin entraînent une modification du tracé des fortifications, qui sont avancées vers l’extérieur et surélevées, ce qui oblige par suite à relever également la voie processionnelle, et donc la porte d'Ishtar. Cette surélévation se fait en prenant appui sur la porte de la phase précédente. C'est à ce moment que l'édifice reçoit son parement en briques à glaçure, qui n'est jamais achevé. On en profite également pour dégager une esplanade d'une trentaine de mètres de long à l'entrée de la villeModèle:Sfn. De nouveaux aménagements du secteur palatial conduisant à une nouvelle élévation de la voie processionnelle, la porte d'Ishtar doit être aménagée une troisième fois, sous le même modèle que précédemment. C'est son état finalModèle:Sfn.
Plan
Comme l'indique le texte précédent la porte est construite selon le principe de la double porte, car Babylone est défendue par une double enceinte contenant un mur extérieur (Nimit-Enlil) et un mur intérieur (Imgur-Enlil), chacun d'eux disposant d'une porte. Cette organisation se retrouve sur les trois autres portes de la ville fouillées, elles aussi situées dans la partie orientale de la ville (portes de Marduk, de Zababa et d'Urash). L'ensemble de la porte fait une cinquantaine de mètres de long. La première porte (intérieure) fait Modèle:Unité de large, Modèle:Unité de long et est flanquée de deux tours de part et d’autre du passage. La seconde porte (extérieure) est la plus grande ; elle est encastrée dans le rempart intérieur et est flanquée de deux tours qui ont pu s'élever jusqu'à une trentaine de mètres. Entre les deux tours se trouve un passage allongé (Modèle:Dunité). Les entrées des portes sont étroites, environ Modèle:Unité, et fermées par des battants en bois de cèdres couverts de bronze<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Décors
Sur les murs des portes se trouvent des rangées de taureaux et de dragons, censés assurer une protection symbolique à la porte, invoquant le pouvoir apotropaïque de ces créatures et peut-être aussi celui des dieux auxquels elles sont associées. Le taureau (rīmu) est représenté la tête légèrement baissée, comme s'il voulait charger un ennemi ; il symbolise le dieu Adad, le dieu de l’Orage. Le dragon (mušhuššu) est une créature hybride : une queue et un corps de serpent, les pattes arrière en serres d’aigle ; il est représenté avec la langue apparente, la tête et la queue relevées ; il symbolise Marduk, le dieu tutélaire de Babylone, et également son fils Nabû. La voie processionnelle est quant à elle ornée de représentations de lions (nēšu), animal-attribut d'Ishtar, qui ne se retrouve pas sur la porte à son nom. D'après des inscriptions commémoratives de Nabuchodonosor II, on sait que des représentations sur briques glaçurées de taureaux et dragons se trouvaient également sur les autres portes de la ville qui n'ont pas été fouillées, et que des statues en bronze de ces mêmes animaux étaient disposées sur leurs rebords<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} C. E. Watanabe, « The Symbolic Role of Animals in Babylon: A Contextual Approach to the Lion, the Bull and the Mušḫuššu », dans Iraq 77, 2015, p. 215–224</ref>.
Sur la porte on peut également noter la présence d’une inscription de Nabuchodonosor II signifiant les détails de la construction, comme sur la voie processionnelle.
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Dragons et taureaux sur la porte d'Ishtar. Musée de Pergame.
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Taureau.
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Brique non glaçurée de l'avant-dernière phase de la porte, représentant une tête de mušḫuššu.
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Inscription commémorative de Nabuchodonosor II sur la porte d'Ishtar.
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Reconstitution de la Voie processionnelle sur le site de Babylone.
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Décor de la Voie processionnelle reconstitué au musée de Pergame.
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Lion.
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Autre lion.
Fouilles et restauration
L'ensemble daté d'environ Modèle:Unité, qui a été entièrement reconstitué à partir de briques vernissées originales<ref>Modèle:Lien web.</ref>, est conservé au musée de Pergame de Berlin. La porte d'Ishtar a pu être reconstruite à partir de fragments trouvés sur place par l'archéologue allemand Robert Koldewey qui menait des fouilles dans la métropole mésopotamienne depuis 1899. En 1927, Modèle:Unité contenant des centaines de milliers de fragments de briques furent envoyés vers la capitale de la République de Weimar. Le successeur de Koldewey, l'archéologue allemand Walter Andrae, a fait reconstruire une partie de la porte à partir des fragments collectés, correspondant à la porte intérieure.
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La porte d'Ishtar reconstituée au musée de Pergame.
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Vue générale des ruines depuis le nord.
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Ruines de tours orientales de la porte.
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Dessin représentant une partie de la porte : les briques glaçurées surmontent les parties anciennes non glaçurées, qui sont enterrées et réemployées comme fondations.
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Photographie de la section précédente.
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Proposition d'élévation des tours par Koldewey, à partir des ruines restantes.
Le musée archéologique d'Istanbul dispose également de fragments de bas-reliefs de la porte d'Ishtar.
Bibliographie
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- Modèle:Ouvrage (également disponible en version anglaise chez le même éditeur)