Ricardo Flores Magón
Modèle:Voir paronymes Modèle:Confusion Modèle:Infobox Biographie2
Ricardo Flores Magón, né le Modèle:Date de naissance à San Antonio Eloxochitlán (Oaxaca) et mort le Modèle:Date de décès au pénitencier de Leavenworth (Kansas, États-Unis), est un réformateur du Mexique et anarchiste, considéré comme l'un des précurseurs intellectuels de la révolution mexicaine<ref name=britannica>Encyclopædia Britannica : Ricardo Flores Magón.</ref>.
« Apôtre de la révolution sociale mexicaine » selon Diego Abad de Santillan, il est aussi le précurseur<ref name=Larousse>La Grande Encyclopédie Larousse en ligne : notice biographique.</ref> et est à l'origine de sa tendance la plus radicale, le magonisme. À la tête du Parti libéral mexicain (PLM), il est l'une des figures de proue de l'opposition au régime de Porfirio Díaz.
Son mot d’ordre était « Tierra y Libertad », souvent attribué à l'étranger et par erreur à Emiliano Zapata qui ne l'a jamais utilisé<ref>le slogan de Zapata était : Reforma, Libertad, Justicia y Ley (Réforme, Liberté, Justice et Loi.)[1].</ref>,<ref>[2].</ref>,<ref>[3].</ref>.
En 1900, il fonde, avec ses frères Enrique et Jesús, le journal Regeneración.
En Modèle:Date-, il fuit la répression et s'exile aux États-Unis où il participe à la création du Parti libéral mexicain. Il manifeste alors son adhésion à l'idéal libertaire. Ennemi acharné de l'autorité, du capitalisme et de l'Église, il consacre sa vie à la lutte contre ce qu'il pense être l'oppression du peuple mexicain et, par extension, de l'humanité dans son ensemble<ref name="Doillon2"/>.
En Modèle:Date-, il planifie l'invasion du territoire de Basse Californie du Nord, dans l'objectif d'en faire une république socialiste libertaire indépendante du Mexique et des États-Unis.
Réfugié aux États-Unis, il y publie, le Modèle:Date-, un manifeste contre la guerre. Inculpé de « défaitisme », accusé de saboter l'effort de guerre des États-Unis engagés dans la Première Guerre mondiale, il est condamné à 20 ans de bagne.
Incarcéré et gravement malade, il meurt le Modèle:Date-, « dans des conditions suspectes »<ref name=Doillon>David Doillon, Ricardo Flores Magón et le magonisme : itinéraire et trajectoire, À contretemps, Modèle:N°, janvier 2006, texte intégral.</ref>.
Sa dépouille mortelle repose à Mexico, à la Rotonda de las Personas Ilustres, équivalent du Panthéon français.
Biographie
Son père, Modèle:Lien, était un métis et a fait une carrière militaire. Sa mère, Margarita Magón, est d'origine espagnole.
Le Modèle:Date-, étudiant en droit à Mexico, il participe à une manifestation contre la dictature du président Díaz. Il est arrêté et condamné à cinq mois de prison<ref name=Anarlivres>Anarlivres : notice biographique.</ref>,<ref name="britannica"/>.
Il contribue à la publication d'opposition Le Démocrate.
En 1895, il est admis au barreau comme avocat<ref name="Anarlivres"/>,<ref name=Ephemeride>L'Éphéméride anarchiste : notice biographique.</ref>.
Regeneración
Il rejoint un petit groupe de réformateurs libéraux (dont ses frères Enrique et Jesús), avec qui il fonde, le Modèle:Date-, Regeneración<ref name="britannica"/>.
Le Modèle:Date-, il est condamné à un an de prison pour « insulte au président »<ref name="Ephemeride"/>.
En 1901, il participe au premier congrès des Clubs libéraux à San Luis Potosí, où il attaque rudement le gouvernement en place. S'ensuit l'interdiction du journal et une deuxième incarcération<ref name="britannica"/>.
En 1902, il reprend avec son frère Enrique le journal satirique El Hijo del Ahuizote, fondé en 1885 par Daniel Cabrera et Manuel Pérez Bibbins. Il est à nouveau condamné.
En 1903, après une troisième arrestation pour s'être opposé au gouvernement Díaz, avec plusieurs autres radicaux, il fuit aux États-Unis<ref name="britannica"/>.
Parti libéral mexicain
En 1904, après une nouvelle arrestation, il s'exile à Laredo au Texas. Le gouvernement mexicain met sa tête à prix Modèle:Nombre<ref>Magon, Ricardo Flores, 1873-1922, Libcom, lire en ligne.</ref>. Il s'installe, avec le reste du groupe, à Saint-Louis (Missouri), où il reprend la publication de Regeneración<ref name="britannica"/> dont la diffusion au Mexique est faite clandestinement.
En 1906, il est parmi les fondateurs du Parti libéral mexicain (Partido Liberal Mexicano - PLM).
En Modèle:Date-, les premières insurrections du PLM éclatent dans plusieurs villes du Mexique. À Los Angeles, il fait paraître clandestinement le journal Revolución, mais est arrêté, le Modèle:Date-, avec Librado Rivera et Villarreal. Il n'est libéré que le Modèle:Date-. Il reprend alors la parution de Regeneración (avec une page en anglais). La devise en devient « Tierra y Libertad »<ref name="Anarlivres"/>.
Radicalisés par la répression, c’est à ce moment qu’il prend contact avec des membres de l'Industrial Workers of the World (IWW, Travailleurs Industriels du monde, syndicat révolutionnaire américain fondé en 1905)<ref name="labouchedefer.free.fr">Modèle:Lien web.</ref>. Il restera lié aux anarcho-syndicalistes des IWW<ref>Alain Rouquié, Le Mexique : Un État nord-américain (Biographies Historiques), Fayard, 2013, lire en ligne.</ref>.
Il devient alors la figure de proue du PLM<ref name="britannica"/>.
La Révolution mexicaine
Ricardo Flores Magón est souvent considéré comme un précurseur de la Révolution mexicaine<ref>Nicole Fourtané, Michèle Guiraud, L'identité culturelle dans le monde luso-hispanophone, Presses Universitaires de Nancy, 2006, page 274.</ref>.
Au début de la Révolution mexicaine, Francisco I. Madero l'invite à entrer dans le mouvement, mais Ricardo Flores Magón rejette l'offre : il considère que la lutte dirigée par Madero est une rébellion de la bourgeoisie et des classes moyennes, sans proposition de changement social.
Lors de la guerre civile entre révolutionnaires qui suit la chute de Díaz, Ricardo a quelques contacts infructueux avec Francisco Villa (Villa et Magón se détestaient)) et aurait peut-être essayé d'en lier avec Emiliano Zapata mais aucune trace d'une éventuelle correspondance entre eux n'a jamais été retrouvée.
Zapata se méfie des « lettrés » et de ceux qui cherchent à l'endoctriner. Villa se méfie des intellectuels et déteste les soutiens anarchistes américains de Ricardo. Villa n'a aucune sympathie pour lui et est un fidèle partisan de Madero<ref>Jésus Silva Herzog, La révolution mexicaine, Maspero, 1977, chapitres 9-10-11.</ref>.
C'est Ricardo Flores Magón qui popularise le slogan « Tierra y Libertad » (Terre et Liberté), inspiré de l’œuvre d'Alexandre Herzen, et souvent attribué à tort à Emiliano Zapata.
La Commune de Basse-Californie
Le Modèle:Date-, il planifie l'invasion du Territoire de la Basse Californie du Nord, qui comprend alors que le nord de la Basse-Californie actuelle qui n'existait pas encore en tant qu'état mexicain, elle ne le deviendra qu'en 1974, pour en faire une base opérationnelle du PLM dans la guerre révolutionnaire.
Après plusieurs escarmouches, les rebelles prennent Mexicali (300 habitants) et Tijuana (100 habitants) qui n'étaient que peu ou pas défendues<ref>Chronologie et cartographie de la campagne de Basse-Californie, Alternative libertaire, Modèle:N°, décembre 2010, texte intégral.</ref>, soutenus par des anarchistes de diverses nationalités, dont une centaine d'internationalistes de l'Industrial Workers of the World. C'est le principal reproche que lui font les autres révolutionnaires qui sont très nationalistes. Le gouvernement les considère comme des « flibustiers» (voir les Constitutions de 1824, 1857 et 1917).
Durant cinq mois, ils vont cependant faire vivre sur quelques kilomètres carrés la Commune de Basse-Californie expérience de communisme libertaire (abolition de la propriété, travail collectif de la terre, formation de groupes de producteurs, etc.) avant d'être battus militairement, ce qui marque la fin de leur rêve d'établir une république socialiste libertaire.
Incarcération aux États-Unis
Réfugié aux États-Unis, le Modèle:Date-, il cosigne un « Manifeste de la junte du PLM au peuple du Mexique » qui affirme la nécessité pour la révolution de socialiser les terres et les industries, et confirme son tournant communiste libertaire de la junte du PLM<ref>Manifeste du 23 septembre 1911, texte intégral en français.</ref>.
Le Modèle:Date-, il est à nouveau condamné à deux ans de prison aux États-Unis. À sa libération, il s’installe dans une communauté près de Los Angeles<ref name="Anarlivres"/>.
Le Modèle:Date-, il publie dans Regeneración, avec Librado Rivera<ref>L'Éphéméride anarchiste : Librado Rivera.</ref>, un manifeste contre la guerre. Inculpés pour « défaitisme », accusés de saboter l'effort de guerre des États-Unis engagés dans la Première Guerre mondiale, il est condamné à 20 ans de bagne<ref name=Schoumacher>Florent Schoumacher, Ricardo Flores Magón. Propos d'un agitateur, Revue électronique Dissidences, Bibliothèque de comptes rendus, 2011, texte intégral.</ref> (15 ans pour Librado Rivera)<ref>Chronologie, Ricardo Flores-Magon et la révolution mexicaine, Éditions Rupture, 2004, page 23.</ref>.
Mort suspecte au bagne de Leavenworth
Ricardo est conduit à la prison de McNeil Island, dans l'État de Washington puis, gravement malade, transféré à celle de Leavenworth au Kansas, où il meurt le Modèle:Date-.
Les causes de la mort de Flores Magon ont été contestées. Certains pensent qu'il a été délibérément tué par des gardiens de la prison. D'autres affirment qu'il est mort à la suite de la détérioration de sa santé causée par sa longue détention, peut-être accentuée par la négligence médicale des autorités pénitentiaire de Leavenworth. Magón a écrit plusieurs lettres à des amis pour se plaindre de ses problèmes de santé qu'il percevait comme une négligence délibérée du personnel de la prison<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
D'après Librado Rivera, il aurait été assassiné le Modèle:Date- dans sa cellule<ref name="Ephemeride"/>,<ref name="Anarlivres"/>. Il aurait été étranglé<ref name="Schoumacher"/>,<ref name=Ragon>Michel Ragon, Dictionnaire de l'Anarchie, Albin Michel, 2008, lire en ligne.</ref> par un geôlier dans le pénitencier de Leavenworth. Son assassin, « El Toro », aurait été exécuté par les compagnons de cellule de Ricardo<ref name="labouchedefer.free.fr"/>.
Rotonda de las Personas Ilustres
Le Modèle:Date-, la Chambre des députés du Mexique adopte une résolution demandant le rapatriement du corps de Magón<ref>Mexico's Martyr, The Nation, Vol. CV Modèle:Numéro avec majuscule, 18 décembre 1922, Modèle:P..</ref>.
Les autorités américaines rejettent la demande et Magón est enterré à Los Angeles.
Ses restes sont finalement rapatriés en 1945 et reposent à la Rotonda de las Personas Ilustres, l'équivalent du Panthéon français à Mexico<ref name=Gale>Ricardo Flores Magón, Dictionary of Hispanic Biography, Gale, Detroit, 1996.</ref>.
Auteur dramatique
Dans son œuvre d'éducation populaire, Ricardo Flores Magón a également utilisé le théâtre pour dénoncer les travers de la société et exposer les grandes lignes du « programme » libertaire. Il est l'auteur de deux pièces : « Verdugos et victimas » et « Tierra y Libertad »<ref>Madeleine Cucuel, Théâtre et discours politiques, Tierra y Libertad de Ricardo Flores Magón, Rouen, Cahiers du Centre de recherches ibériques et ibéro-américaines, Modèle:N°, 1981, texte intégral.</ref>. Il est aussi l'auteur de nombreux contes, publiés dans le journal Regeneración<ref name=Doillon2>David Doillon, Portrait de l'anarchiste dans l’œuvre littéraire de Ricardo Flores Magón, Belphégor, Littérature populaire et culture médiatique, vol. VI, Modèle:N°, juin 2007, texte intégral.</ref>.
Ricardo Flores Magón et le « magonisme »
« Apôtre et martyr de la révolution mexicaine »<ref>Robert Paris, Claudie Weill, Pèlerins et missionnaires : les militants itinérants, Matériaux pour l’histoire de notre temps, 4/ 2006, Modèle:N°, Modèle:P., note 1.</ref>, chantre de la révolte, anti-autoritaire, illégaliste, révolutionnaire, critique du mendiant acceptant sa misère contre le voleur qui veut renverser le système, adepte d'une théorie de la barricade, Flores Magón est avant-tout un révolutionnaire en acte plutôt qu'un penseur en fait<ref name="Schoumacher"/>.
Contre sa volonté, le terme de « magonisme » est utilisé d’abord par la presse et les services de police, puis repris ensuite par les études qui lui sont consacrées. Désormais, même les anarchistes désignent ainsi l’organisation et le courant politique dont il est l’initiateur<ref name="Doillon"/>.
L’une des particularités du magonisme réside dans son évolution politique. Avant de se déclarer partisan du communisme libertaire d’influence « kropotkinienne », il connaît de nombreuses mutations. D’idéologie libérale dans un premier temps, dans la continuité de la « Réforme » mexicaine du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, il intègre progressivement un certain nombre de concepts socialistes, avant de prôner l’instauration du communisme libertaire. À la liberté politique revendiquée par le libéralisme, il ajoute l’émancipation économique et sociale du prolétariat. Ainsi le Parti libéral mexicain, au départ parti politique classique et légaliste, se transforme peu à peu, sous son impulsion, en organisation révolutionnaire adepte de la lutte armée. D’abord opposant démocratique à la dictature de Porfirio Díaz, il devient ensuite la faction la plus radicale de la Révolution mexicaine<ref name="Doillon"/>.
Cette évolution politique et idéologique n'est pas sans conséquences. De nombreux libertaires mettent en doute le fait que Flores Magón soit un véritable « anarchiste »<ref>Au sujet de cette polémique, dont Jean Grave, directeur des Temps nouveaux, est l’un des protagonistes, voir Heiner Becker, Les Temps nouveaux, controverses et débats, in Itinéraire, Ricardo Flores Magón, Paris, Modèle:N°, Modèle:1er 1992, Modèle:P..</ref>. Nombreux sont également ceux qui pendant la Révolution mexicaine l’accusent de « flibusterie » et de connivence avec les États-Unis, en particulier pendant l’invasion de la Basse-Californie.
Le magonisme connut des problèmes d’interprétation, de dénigrement, d’oubli ou de récupération, suivant les tendances et les époques, tant de la part de ses opposants que de ses « alliés ». Parfois les critiques les plus dures viennent de son propre camp<ref>Diego Abad de Santillán, Ricardo Flores Magón, el apóstol de la revolución social mexicana, Mexico D. F, Centro de estudios históricos del movimiento obrero mexicano (Cehsmo), 1978, Modèle:P..</ref>.
En réalité, plus qu’une idéologie, le magonisme représente avant tout une attitude de révolte et de résistance face à l’oppression, tout comme un espoir de libération : « Le Ricardo qui se revendiqua anarchiste resta le même Ricardo qu’auparavant : la même abnégation, le même patriotisme, la même absence d’ambitions personnelles […]. Il n’a changé en rien, mis à part sur le point de l’expérience. En effet, le Ricardo de 1893, celui de 1901, celui de 1906 et du programme de Saint Louis, Missouri, celui de Regeneración, celui de sa correspondance, révolutionnaire et intime, reste identique : toujours la même conduite, toujours la même éthique, toujours la même disposition à montrer à son peuple le chemin de l’émancipation, de son droit à une vie de bien-être, de dignité et de progrès »<ref name="Doillon"/>.
Jusqu'à l'époque contemporaine, des collectifs libertaires mexicains se réclament de son héritage politique<ref>Groupe de recherche "Culture et histoire dans le monde luso-hispanophone", Mémoire et culture dans le monde luso-hispanophone : Espagne, Portugal (Vol.1) et Amérique Latine, Université de Nancy II, Presses universitaires de Nancy, 2008, page 113.</ref>.
Ricardo Flores Magón et Emiliano Zapata
Les partisans de Florés Magón avaient une vue très idéalisée de l'action d'Emiliano Zapata, action qui se limitait très exactement au Modèle:Lien. La restitution des terres nationalisées par le gouvernement libéral de Benito Juárez en vertu de la (Modèle:Lien) et vendues par l'État mexicain aux hacendados<ref>Propriétaires fonciers.</ref> à son village natal, San Miguel Anenecuilco au Morelos, est l'objectif de sa rébellion.
Il ne cherchait pas de changements pour tout le pays et n'avait pas d'idéaux abstraits : démocratie, liberté, etc. Son but concret était la restitution des terres, et uniquement celles qui selon les titres de propriété collectives obtenus du temps de la colonisation espagnole (reconnus par les gouvernements conservateurs mais pas par les libéraux arrivés au pouvoir après la Guerre de Réforme) appartenaient à son village.
Cependant, sur la base du Plan d'Ayala, rédigé par l'un de ses conseillers Modèle:Lien (qu'il fit fusiller en 1917 car accusé d'être un anarchiste et de vouloir l'assassiner) certains l'identifient comme un précurseur de la réforme agraire (qui fut mise en pratique principalement sous les gouvernements de Plutarco Elías Calles et de Lázaro Cárdenas del Río)<ref>Luis Pazos, História sinóptica de México de los Olmecas a Salinas, page 112, Modèle:ISBN.</ref>.
Flores Magón adopte une attitude très critique vis-à-vis des autres factions engagées dans la lutte. Une seule, celle d’Emiliano Zapata, attire son attention et suscite son estime. L’Armée du Sud (entendre armée du sud de la ville de Mexico où se situe l’État de Morelos et non de tout le sud du pays) Modèle:Refnec. Zapata a rencontré des gens et des négociateurs de tous les partis et factions, les émissaires magonistes n’aboutissent à aucun accord concret avec lui. Malgré les différences idéologiques et les buts poursuivis qui les séparent, Ricardo Flores Magón perçoit Zapata comme un vrai révolutionnaire. Selon lui, ses partisans, « même s’ils ne sont pas anarchistes, agissent comme des anarchistes, car ils exproprient les richesses (en fait ils ne cherchaient pas à exproprier les terres appartenant aux haciendas, ils ne cherchaient qu'a récupérer les terres qu'elles leur avaient prises). La preuve en est que, dans tout le territoire où opèrent les forces révolutionnaires du Sud, les travailleurs reprennent possession de leur terre, des maisons, des forêts et de tout ce qui est nécessaire pour produire les richesses. Ils travaillent pour leur propre compte, sans maîtres qui leur dérobent le fruit de leur labeur. Les révolutionnaires du Sud méritent toute notre sympathie et notre soutien »<ref name="Doillon"/>. Considérant le mouvement zapatiste comme une des forces de la révolution sociale, Regeneración publie (depuis les États-Unis), tout au long du conflit, des articles de soutien, ainsi que des informations concernant les révolutionnaires du Morelos. Les colonnes du journal leur sont ouvertes à plusieurs reprises. Enfin, une correspondance, bien qu’irrégulière, aurait été échangée entre les deux camps<ref>Dans Biografía de Enrique Flores Magón, Jenaro Amezcua affirme qu'à travers José María Rangel (magoniste) et Genovevo de la O (zapatiste), Flores Magón et Zapata était en correspondance, selon les déclarations de Flores Magón en 1943. Historia Obrera Modèle:N°, Centro de Estudios Históricos del Movimiento Obrero Mexicano, Segunda Época, Vol. 5, 17 septembre 1979.</ref>,<ref name="Doillon"/>. La correspondance complète (de 1904 à 1922) de Ricardo Flores Magón a été publiée par l'Université autonome de Puebla, on n'y trouve aucune trace de correspondance avec les partisans de Zapata.
Ricardo Flores Magón et Voltairine de Cleyre
Au printemps 1911, Voltairine de Cleyre soutient l'action de Ricardo Flores Magón, « l'anarchiste mexicain le plus important de l'époque », selon Paul Avrich. Elle rassemble des fonds pour aider la Révolution mexicaine et commence à donner des conférences pour expliquer ce qui se passe et l'importance de la solidarité internationale. Elle devient la correspondante et la distributrice du journal Regeneración à Chicago<ref name=Crass>Chris Crass, Courte biographie de Voltairine de Cleyre, suivi de Traditions américaines et défi anarchiste, traduit par Yves Coleman, lire en ligne.</ref>.
Citations
- « Je ne suis pas magoniste, je suis anarchiste. Un anarchiste n’a pas d’idole. »<ref name="Doillon"/>,<ref>Ricardo Flores Magón, Verdugos y víctimas, México D. F., Ediciones del Grupo Cultural « Ricardo Flores Magón », 1924, Modèle:P..</ref>.
- « Le gouvernement n'est rien d'autre que le gendarme du Capital, l'épouvantable flic qui garde les coffres forts des vautours des banques, du commerce et de l'industrie. Pour le Capital il a du respect et lui est entièrement soumis ; pour le peuple, il a les prisons, les casernes et le gibet. » - Regeneración, Modèle:Date-<ref name="Ephemeride"/>.
- « Instinctivement, le peuple mexicain exècre l’autorité et la bourgeoisie [...]. L’entraide mutuelle était la règle dans ces communautés [...], il n’y avait ni juges, ni maires, ni gardiens de prisons, ni aucun être nuisible de cette espèce. Tous avaient droit à la terre, à l’eau pour l’irrigation, aux forêts pour se procurer du bois pour se chauffer et pour construire les huttes. [...] Il est donc évident que le peuple mexicain est capable de parvenir au communisme car il a fonctionné sur ce mode, tout du moins en partie, depuis des siècles. » - Regeneración, Modèle:Date-<ref name="Doillon"/>.
- « Je dois avant tout souligner que tous les gouvernements, sans exception, me répugnent. Je suis fermement convaincu qu’il n’y a, ni ne peut y avoir, de bon gouvernement. Ils sont tous nuisibles, qu’ils se nomment monarchies absolues ou constitutionnelles, ou encore républiques. Tout gouvernement est tyrannique, par essence parce qu’il s’oppose à la libre initiative de l’individu et ne sert qu’à maintenir un état social impropre à la réalisation totale de l’être humain. Les gouvernements sont des chiens de garde des classes possédantes, nanties et instruites, et les bourreaux des droits intangibles du prolétariat. » - Regeneración, Modèle:Date-<ref name=Antony>Michel Antony, Utopie : anarchistes et libertaires, 1995, 377 pages, texte intégral, lire en ligne.</ref>.
Hommage
Dans le cadre du programme de commémoration 1810-1910-2010 (guerre d'indépendance 1810 et Révolution 1910), le gouvernement mexicain a fait frapper, entre 2008 et 2010, une série de 37 pièces de monnaie de 5 pesos de circulation courante dont une est à l'effigie de Ricardo Flores Magón<ref>Harry Miller & Thomas Michael, North American Coins & prices, David C. Harper, Editor, 21 st. edition, Iola, WI, Modèle:ISBN.</ref>.
Œuvres
- La révolution mexicaine de Ricardo Flores Magón, Éditions Spartacus, 2004, Modèle:BNF, 2006Modèle:ISBN, notice.
- Propos d'un agitateur (recueil de textes), Éditions Libertalia, 2008Modèle:ISBN, Modèle:BNF.
Bibliographie
- Collectif, Ricardo Flores-Magon et la révolution mexicaine, Éditions Rupture, 2004, texte intégral.
- Américo Nunes, Ricardo Flores Magón, une utopie libertaire dans les révolutions du Mexique. Essai politique (67 illustrations), Paris, Éditions Ab irato, 2019, 274 p. https://abiratoeditions.wordpress.com/2019/04/01/americo-nunes-ricardo-flores-magon-une-utopie-libertaire-dans-les-revolutions-du-mexique/.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Diego Abad de Santillán, Ricardo Flores Magón, el apóstol de la revolución social mexicana, Mexico D. F., Ediciones del grupo cultural « Ricardo Flores Magón », 1925, 131 p.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Diego Abad de Santillán, Ricardo Flores Magón, el apostol de la Revolución social mexicana, Mexico, Grupo cultural Ricardo Flores Magón, 1925 ; Mexico, éditions Antorcha, 1988, 144 p.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Javier Torres Parés, La Revolución sin frontera, Mexico, Unam, Ediciones Hispánicas, 1990.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Robert Graham, Anarchism : A Documentary History of Libertarian Ideas, From Anarchy to Anarchism (300 CE to 1939), volume I, Black Rose Books, 2005, texte intégral.
Revues
- Ricardo Flores Magón, Itinéraire : une vie, une pensée, Modèle:N°/10, Modèle:1er 1992, 104 pages, couverture en ligne, présentation en ligne, notice.
- • W.C. Owen, Ricardo est mort • David Poole, Un mouvement anarchiste méconnu • David Poole, Le Mexique au début du siècle • Pietro Ferrua, Du réformisme à l'anarchisme • Jesus Silva Herzog, De la révolution politique... à la révolution sociale (Manifeste du PLM) • Octavio Alberola, Insurrections en Basse-Californie • Omar Cortés, Militant, journaliste et combattant • Heiner Becker, Controverses et débats • Pietro Ferrua, Pour un théâtre populaire • OLT, La Casa del Obrero Mundial • Éditions Partage noir, Terre et Liberté.
- Ricardo Flores Magón, À contretemps, Modèle:N°, Modèle:Date-, sommaire.
Articles
- Madeleine Cucuel, Théâtre et discours politiques, Tierra y Libertad de Ricardo Flores Magón, Rouen, Cahiers du Centre de recherches ibériques et ibéro-américaines, Modèle:N°, 1981, texte intégral.
- David Doillon, Ricardo Flores Magón et le magonisme : itinéraire et trajectoire, À contretemps, Modèle:N°, Modèle:Date-, texte intégral.
- Americo Nunes, « Ricardo Flores Magón : utopie et mythe du communisme au Mexique (1908-1922) », L'Echaudée, no 2, hiver 2012. Modèle:Lire en ligne
- Israël Renov, Les anarchistes et la révolution mexicaine, Noir & Rouge, Modèle:N°, mai-Modèle:Date-, texte intégral.
- David Doillon, Portrait de l'anarchiste dans l’œuvre littéraire de Ricardo Flores Magón, Belphégor, Littérature populaire et culture médiatique, vol. VI, Modèle:N°, Modèle:Date-, texte intégral.
Notices
- Modèle:Autorité
- Modèle:Dictionnaires.
- Modèle:Bases littérature
- Modèle:Bases recherche
- Modèle:Bases art
- L'Éphéméride anarchiste : notice biographique.
- La Grande Encyclopédie Larousse en ligne : notice biographique.
- Fédération internationale des centres d'études et de documentation libertaires : carte postale.
- Hélène Strub et Collectif, Catalogue des périodiques anarchistes (1871-2000), Institut français d'histoire sociale, anarlivres : notice biographique.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Anarchist Archives : Ricardo Flores Magón.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Libcom : Magon, Ricardo Flores, 1873-1922.
Articles connexes
Liens externes
- Hélène, Ricardo Flores Magon et Emiliano Zapata : la communauté indienne comme base d'une société future, L'Affranchi, Modèle:N°, printemps-été 1997, texte intégral.
- Ricardo Flores Magon et le communautarisme paysan Augusto Patrini Menna Barreto Gomes (en portugais)
- Modèle:Lien web.