Suite récurrente linéaire

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Modèle:À sourcer En mathématiques, on appelle suite récurrente linéaire d’ordre p toute suite à valeurs dans un corps commutatif K (par exemple ou  ; on ne se placera que dans ce cas dans cet article) définie pour tout <math> n \geq n_0</math> par une relation de récurrence linéaire de la forme

<math>\forall n\ge n_0\quad u_{n+p} = a_0u_n + a_1u_{n+1} + \cdots + a_{p-1}u_{n+p-1}</math>

où <math>a_0</math>, <math>a_1</math>, …<math>a_{p-1}</math> sont p scalaires fixés de K (<math>a_0</math> non nul).

Une telle suite est entièrement déterminée par la donnée de ses p premiers termes et par la relation de récurrence.

Les suites récurrentes linéaires d’ordre 1 sont les suites géométriques.

L'étude des suites récurrentes linéaires d'ordre supérieur se ramène à un problème d'algèbre linéaire. L'expression du terme général d'une telle suite est possible pour peu qu'on soit capable de factoriser un polynôme qui lui est associé, appelé polynôme caractéristique ; le polynôme caractéristique associé à une suite vérifiant la relation de récurrence ci-dessus est :

<math>P(X) = X^p - \sum_{i = 0}^{p-1}a_iX^i=X^p-a_{p-1}X^{p-1}-a_{p-2} X^{p-2}-\dots-a_1 X-a_0.</math>

Son degré est ainsi égal à l'ordre de la relation de récurrence. En particulier, dans le cas des suites d'ordre 2, le polynôme est de degré 2 et peut donc être factorisé à l'aide d'un calcul de discriminant. Ainsi, le terme général des suites récurrentes linéaires d'ordre 2 peut être exprimé en utilisant seulement les deux premiers termes, quelques valeurs constantes, quelques opérations élémentaires de l'arithmétique (addition, soustraction, multiplication, exponentielle) et les fonctions sinus et cosinus (si le corps des scalaires est le corps des réels). Une des suites de ce type est la célèbre suite de Fibonacci, qui peut s'exprimer à partir de puissances faisant intervenir le nombre d'or.

Suite récurrente linéaire d’ordre 1

Les suites récurrentes linéaires d'ordre 1 sont les suites géométriques.

Si la relation de récurrence est <math>u_{n+1}=qu_n</math>, le terme général est <math>u_n = u_{n_0}q^{n-n_0}</math>.

Suite récurrente linéaire d’ordre 2

a et b étant deux scalaires fixés de K avec b non nul, la relation de récurrence est

<math>u_{n + 2} = au_{n+1} + bu_n\quad(R).</math>

Les scalaires r tels que la suite <math>(r^n)_{n \in\N}</math> vérifie Modèle:Math sont les solutions de l’équation du second degré <math>r^2- ar - b = 0</math>. Le polynôme <math>X^2- aX - b</math> est alors appelé le polynôme caractéristique de la suite. Son discriminant est <math>\Delta = a^2 + 4b</math>. Il faudra alors distinguer plusieurs cas, selon le nombre de racines du polynôme caractéristique.

Modèle:Théorème

Le cas 1 se produit par exemple si <math>K=\R</math> et si le discriminant <math>\Delta = a^2 + 4b</math> est strictement positif, ou si <math>K=\Complex</math> et <math>\Delta\ne0</math>. De plus, si les deux racines <math>r_1,r_2</math> du polynôme <math> X^2 - aX - b</math> sont deux complexes conjugués <math>\rho\mathrm e^{\mathrm i\theta}</math> et <math>\rho\mathrm e^{-\mathrm i\theta}</math>, alors le terme général d'une telle suite s'écrit également<ref name=Wikiversité/> :

  • <math>\rho^n(A\cos(n\theta) + B\sin(n\theta))</math> avec A et B paramètres dans K (<math>=\R</math> ou <math>\Complex</math>, selon qu'on s'intéresse aux suites réelles ou complexes) déterminés par les deux premières valeurs de la suite.

Le cas 2 se produit lorsque <math>\Delta=0</math> et alors, la racine double est <math>r_0=\frac a2</math>.

On ne perd rien à la généralité de la suite en supposant que celle-ci est définie sur tout et pas seulement à partir de <math>n_0</math>. En effet, l'étude d'une suite Modèle:Math qui n’est définie qu’à partir de <math>n_0</math> se ramène à celle de la suite Modèle:Math définie sur ℕ par <math>v_n = u_{n + n_0}</math>.

Identités remarquables

Si une suite Modèle:Math vérifie

<math>\forall n\in\N\quad u_{n+2}=au_{n+1}+bu_n\quad(R)</math>

alors, elle peut être étendue aux indices négatifs et reliée aux puissances de la matrice (appelée matrice compagnon du polynôme caractéristique)

<math>P:=\begin{pmatrix}a&b\\1&0\end{pmatrix}</math>

(inversible puisque Modèle:Math) par :

<math>\forall n\in\Z\quad\begin{pmatrix}u_{n+1}\\u_n\end{pmatrix}=P^n\begin{pmatrix}u_1\\u_0\end{pmatrix}</math>.

Ceci permet de montrer que pour Modèle:Math égale à Modèle:Math ou à toute autre suite vérifiant la même relation de récurrence Modèle:Math et pour tous entiers Modèle:Math, Modèle:Math, Modèle:Math, Modèle:Math et Modèle:Math<ref>Modèle:Lien web (A.10).</ref>,<ref>Modèle:Note autre projet</ref> :

<math>i+j=k+l\Rightarrow u_{i+r}v_{j+r}-u_{k+r}v_{l+r}=(-b)^r(u_iv_j-u_kv_l)</math>.

En particulier :

<math>\text{si }u_0=0\text{ alors}\quad\forall m,n,r\in\Z\quad u_nv_{m+r}-u_rv_{m+n}=(-b)^ru_{n-r}v_m</math>.

Suite récurrente d’ordre Modèle:Math

Sous-espace vectoriel de dimension Modèle:Math

Si l'on appelle <math>(R_p)</math> la relation de récurrence :

pour tout entier n, <math> u_{n+p} = a_0u_n + a_1u_{n+1} + \cdots + a_{p-1}u_{n+p-1}</math>

et si l'on note <math> E_{R_p}</math>, l’ensemble des suites à valeurs dans K et vérifiant <math>(R_p)</math>, on démontre que <math> E_{R_p}</math> est un sous-espace vectoriel de l'espace des suites à valeurs dans K. Cela tient à la linéarité de la relation de récurrence.

De plus, ce sous-espace est de dimension p. En effet, il existe un isomorphisme d'espaces vectoriels entre <math> E_{R_p}</math> et <math>K^p</math> : à chaque suite Modèle:Math de <math> E_{R_p}</math>, on associe le p-uplet <math>(u_0, u_1, \cdots,u_{p-1})</math>. Il suffit alors de connaître une famille libre de p suites vérifiant <math>(R_p)</math>, l’ensemble <math> E_{R_p}</math> est alors engendré par cette famille libre.

Terme général

La recherche du terme général et des suites particulières s’effectue en travaillant sur <math>K^p</math>. À chaque suite <math>(u_n)_{n \in\N}</math> on associe la suite <math>(U_n)_{n \in\N}</math> définie par

<math>U_n =\begin{pmatrix}u_n\\u_{n + 1}\\\vdots\\u_{n+p-1}\end{pmatrix}.</math>

La relation de récurrence sur <math>(u_n)_{n \in\N}</math> induit une relation de récurrence sur <math>(U_n)_{n \in\N}</math>

<math> U_{n+1} = AU_n</math> où
<math> A =

\begin{pmatrix} 0 & 1 & 0 & \cdots & 0 \\ 0 & 0 & 1 & \cdots & 0 \\ \vdots & \ddots & \ddots & \ddots & \vdots \\ 0 & \cdots & \cdots & 0 & 1 \\ a_0 & a_1 & \cdots & \cdots & a_{p-1} \end{pmatrix} </math> (A est la matrice compagnon du polynôme caractéristique de la suite).

Le terme général de la suite U est alors déterminé par<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>

<math> U_n = A^nU_0.</math>

Le problème semble alors terminé. Mais la réelle difficulté consiste alors à calculer <math>A^n</math>… On préfère déterminer une base de <math>E_{R_p}</math>.

Recherche d'une base

Le polynôme caractéristique de la matrice A est <math>P(X) = X^p - \sum_{i = 0}^{p-1}a_iX^i</math>. Ce n'est pas un hasard si on le retrouve pour caractériser les suites <math>u = (u_n)_{n \in\N}</math> vérifiant <math>R_p</math>.

On note f la transformation linéaire qui, à une suite <math>u = (u_n)_{n \in\N}</math> associe la suite <math>v = (v_n)_{n \in\N}</math> définie par <math> v_n = u_{n+1}</math>. La condition « Modèle:Math vérifie <math>R_p</math> » se traduit alors par P(f)(Modèle:Math) = 0. L'ensemble <math>E_{R_p}</math> est donc le noyau de P(f). Si le polynôme P est scindé sur K (ce qui est toujours vrai si K = ℂ), il s'écrit <math>P = \prod_{i=1}^k(X - r_i)^{\alpha_i}</math>, où <math>r_1,r_2, \dots,r_k</math> sont les racines de P et <math>\alpha_1,\alpha_2,\dots,\alpha_k</math> leurs ordres de multiplicité respectifs. Le noyau de P(f) est alors la somme directe des noyaux des <math>(f - r_i\mathrm{Id})^{\alpha_i}</math>. Il suffit donc de trouver une base de chacun de ces noyaux pour déterminer une base de <math>E_{R_p}</math> .

On peut montrer que toute suite de terme général <math>Q(n)r_i^n</math> est élément du noyau de <math>(f - r_i\mathrm{Id})^{\alpha_i}</math> pour peu que le degré de Q soit strictement inférieur à <math>\alpha_i</math>. Cette démonstration se fait par récurrence sur <math>\alpha_i</math>. Comme les suites <math>(n^jr_i^n)_{n \in\N}</math>, pour j = 0 à <math>\alpha_i-1</math>, forment une partie libre de <math>\alpha_i</math> éléments<ref>En réalité, ce résultat n'est vrai que si <math>r_i\ne0</math>, mais le cas d'une racine nulle se traite aisément par décalage d'indice.</ref>, les suites <math>(n^jr_i^n)_{n\in\N}</math>, pour j de 0 à <math>\alpha_i - 1</math> et i de 1 à k, forment une famille libre de <math>\alpha_1+\alpha_2+\cdots+\alpha_k=p</math> éléments de <math>E_{R_p}</math> (de dimension p) donc une base de <math>E_{R_p}</math>. Les éléments de <math>E_{R_p}</math> sont donc des sommes de suites dont le terme général est <math>Q(n)r_i^n</math> avec degré de Q strictement inférieur à <math>\alpha_i</math>.

Retour à la récurrence d'ordre 2

Si le polynôme caractéristique se scinde en <math>(X - r_1)(X - r_2)</math> alors les polynômes Q sont de degré 0 et les éléments de <math>E_{R_2}</math> sont des suites dont le terme général est <math>\lambda_1r_1^n + \lambda_2r_2^n</math>.

Si le polynôme caractéristique se scinde en <math>(X - r_0)^2</math> alors les polynômes Q sont de degré 1 et les éléments de <math>E_{R_2}</math> sont des suites dont le terme général est <math>(\lambda_1n +\lambda_2)r_0^n</math>.

Notes et références

Modèle:Références

Articles connexes

Modèle:Portail