Agroterrorisme
L'agroterrorisme est une forme de terrorisme qui prend pour cible les productions agricoles. Restreint au bioterrorisme anti-cultures et à l'emploi d'armes biologiques contre des végétaux (bien qu'incluant également le bioterrorisme anti-bétail), le concept peut être défini comme l'utilisation délibérée et malveillante de bioagresseurs (agents phytopathogènes ou insectes phytophages) par un individu, une organisation ou un État, dans le but de provoquer des dommages aux plantes (cultures, arbres, denrées agricoles) ou d'affecter l'emploi qui pourrait en être fait (production, commercialisation, transformation, consommation). En 2010, on ne comptait aucun cas avéré d'agroterrorisme<ref name = "quae">Modèle:Ouvrage, accès libre.</ref>.
Des programmes de recherche mais aucun cas avéré
Pendant la Guerre froide, les États-Unis et l'URSS ont tous deux financé des programmes de lutte microbiologique pouvant viser l'agriculture de pays ennemis<ref name = "quae"/>; l'abandon de ces programmes est constaté parallèlement à la signature de la Convention sur l'interdiction des armes biologiques<ref name = "quae"/>. Dans les années 1990 ont également été menés des programmes ciblant le pavot et la coca afin de lutter contre les narcotrafiquants, ces programmes n'ont jamais été mis en œuvre<ref name = "quae"/>.
Aucun cas avéré d'usage d'agroterrorisme n'est connu<ref name = "quae"/>. L'introduction de la chrysomèle des racines du maïs en Europe a parfois été qualifiée comme telle mais sans aucune preuve sérieuse<ref name = "quae"/>.
Perception du risque
L'étude et la protection contre l'agroterrorisme ont connu un regain d'intérêt à la fin des années 1990<ref name = "quae"/>. La réalité et l'importance de la menace sont cependant débattues dans la communauté scientifique<ref name = "quae"/>. L'agroterrorisme a cependant pu servir de prétexte pour d'autres motifs : cette perspective a pu être utilisée aux États-Unis pour renforcer son système d'épidémiovigilance ou pour imposer des règles avantageuses sur les importations agricoles<ref name = "quae"/>. Un autre exemple de perception erronée du risque d'attaque agroterroriste est donné par l'envoi à grande échelle en 2020 de colis non sollicités de graines expédiées de Chine à des foyers principalement américains ; il s'agissait en fait d'un type particulier d'arnaque aux plateformes de vente en ligne, le Modèle:Lien<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
En tout état de cause, étant donné le caractère hasardeux de la diffusion de maladies et la présence d'institutions de veille sanitaire, l'agroterrorisme peut difficilement être considérée comme une «arme du pauvre»<ref name = "quae"/>.
Évolution du terme
Dans le contexte particulier de la France, qui voit une opposition frontale sur la gestion de l'eau et celle des terres agricoles, le terme commence à être employé, surtout depuis 2023, pour désigner des syndicats agricoles (ou des groupes autonomes) qui, selon leurs opposants, détruisent l'environnement, la biodiversité, la société, soit par leur action professionnelle soit par leurs agissements militants <ref>L’agression de Paul François, l’agriculteur qui a fait condamner Monsanto, suscite la colère des écolos, article Huffingtonpost 10/02/2023 : https://www.huffingtonpost.fr/environnement/article/l-agression-de-paul-francois-l-agriculteur-qui-a-fait-condamner-monsanto-suscite-la-colere-des-ecolos_213924.html</ref>,<ref>Le lien entre les agro-terroristes de l'UIPP et de ceux de la FNSEA, billet Facebook sur la page Faucheurs Volontaires, 19/07/2017 : https://www.facebook.com/groups/faucheursvolontaires/posts/10155327254880631/</ref>, non volontairement mais délibérément.. Le mot "agro-terroristes" est symétrique à celui d'"éco-terroristes" employé par Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur, pour désigner des militants écologistes tenants de la désobéissance civile.
Références
Bibliographie
- Latxague E, Sache I, Pinon J, Andrivon D, Barbier M, Suffert F. 2007. A methodology for assessing the risk posed by the deliberate and harmful use of plant pathogens in Europe. EPPO Bulletin, 37(2), 427-435.
- Suffert F, Barbier M, Sache I, Latxague E. 2008. Biosécurité des cultures et agroterrorisme. Une menace, des questions scientifiques et une opportunité : réactiver un dispositif d'épidémiovigilance. Le Courrier de l'Environnement, 56, 67-86.
- Suffert F, Latxague E., Sache I. 2009. Plant pathogens as agroterrorist weapons: assessment of the threat for European agriculture and forestry. Food Security, 221-232 Modèle:Pdf